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 [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV

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Toison d'or
Baron Guilhem de La Tour
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Toison d'or
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyVen 18 Fév 2011 - 2:14

Brionne sentait retomber son agitation. Sans doute sous l'effet de la fatigue, il avait pris un très (trop ?) grand risque. Il soupira :
- Assurément, le risque est grand, mais il ne peut l'être beaucoup plus que celui que nous avons encouru cette nuitée passée. Pour dire le vrai, il semble que l'attaque des peaux vertes tombe diantrement bien pour les affaires du sire de Clairac. Pour moi, le chevalier félon sait que nous sommes à ses trousses, et les gobelins sont partie de son engeance. Nul doute que l'accueil en la baronnie de la Tour sera mouvementé et agir vistement évitera qu'il soit trop préparé. Ne nous reste plus qu'a faire confiance en le jugement du baron Fulcrand ; les documents du bon abbé pourraient permettre d'argumenter en l'occurrence ...
Il se tut un temps avant de reprendre, songeur
- Les choses seraient plus simples si nous convoyions discrètement. Quel dommage que nous ne puissions "emprunter" quelques robes de bure à nos hôtes d'un jour.
Ce disant, il lança un regard appuyé, mais sans grand espoir, en direction de Marius...

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Mes titres : Toison d'or, chevalier à l'épée de bois, roi d'armes du Très-Noble et Respectable Ordre Chevaleresque des Gros Glands Incapables de Terminer leurs Figs à Temps pour les Concours du Foroume ; chevalier du slip sur la tête -première promotion- ; également connu comme "Très-Haut et Très-Saint Prince des Barbouilleurs de Figs" ou comme "Toison de Vinci" ; admis à siéger parmi les illustrissimes et révérendissimes membres du conseil de cet auguste forum, j'ai même bénéficié autrefois des super pouvoirs d'administrateur  ...mais, s'il vous plait, continuez de m’appeler "Toison".
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyLun 28 Fév 2011 - 22:05

« Je dois avouer que cette idée ne m’enchante pas. » intervint Armand. « Bien sûr, on nous a commandé le secret, et nous n’avons plus d’escorte pour nous garder, aussi chevaucher sous pareil déguisement pourrait être un moyen de parvenir sains et saufs à La Tour. Cependant, malheur à nous si nous étions confondus en chemin par nos armes ou nos paroles. Les campagnes sont en émois et les paysans prompts à brûler les voyageurs de passage comme hérétiques et sorciers, convaincus qu’ils sont que les malheurs du duché sont signe du courroux des dieux. En outre, vous savez bien ce qui se dit : les signes et symboles de Morr sont funestes à qui les exhibe sans nécessité. Je ne suis pas un vilain pour prêter oneille à toutes les superstitions qui ont cours, mais… »


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Armand10

« Vous en faites pas tant, allez. » le coupa sans façon Onésime. « Pissemerdre, c’est une idée formidable, voilà c’que j’en dis. »

Avec une discrétion surprenante même pour un si petit être, le gnome s’était assez approché d’eux pour surprendre leur conversation. Il était difficile de deviner ce qu’il en avait saisi, mais son enthousiasme pour le projet de Brionne ne faisait guère de doute, à en juger par le regard enjoué qu’il adressait à Marius.

« Cornes-à-merdre, ça d’vrait pas être bien sorcier de trouver ousque les bons moines planquent leurs fripes pour deux gaillards qu’en ont dans l’crâne comme nous deux, mon gars. »

Ne pouvant atteindre l’épaule de Marius, il lui tapota le bas du dos en guise d’encouragement. Alors que le herrimault, une expression vaguement embarrassée sur le visage, s’efforçait de s’écarter discrètement du gnome et de ses mains aux manières un peu trop familières, la porte de la salle s’ouvrit, mettant fin à la discussion, et deux moines de rang inférieur entrèrent, portant pichets, écuelles et chaudrons. Les ventres commençaient à crier famine après cette rude nuit passée avec les peaux-vertes aux trousses, et chacun mangea de bon appétit. On achevait les derniers morceaux quant l’abbé Rostang reparut pour conduire Brionne à la bibliothèque.

« Quant à vos compagnons, » ajouta-t-il, « s’ils en sentent le désir et ne préfèrent pas prendre quelque repos, ils peuvent visiter les lieux à leur gré. »

À ces mots, Onésime adressa un clin d’œil entendu à Marius.

***
Malgré tout l’intérêt qu’il portait aux affaires de la maison de Clairac, Brionne ressentait un désir vif et croissant d’abréger sa visite de la bibliothèque. C’était une pièce austère, aux murs nus, seulement peuplée de livres décrépits et d’un prêtre qui ne l’était guère moins. Rendu à demi aveugle par l’âge, il devait chercher à tâtons de ses mains noueuses les volumes que l’abbé lui demandait, et en porter la première page jusque sous son nez pour s’assurer qu’il ne s’était pas trompé d’ouvrage. Pendant que sa silhouette rabougrie, cramponnée au sommet d’une échelle, extrayait de lourds registres et chroniques de leur étagère, Brionne se sentait geler sur pied. Les courants d’airs glacés qui traversaient la vaste salle n’avaient que peu à envier à la bise mordante de la montagne gasconnienne.

« Notre bibliothèque est plus accueillante en été. » murmura Rostang d’un ton d’excuse. « En ce pays, nous ne sommes pas bien habitués à si rude hiver que celui-ci. Je crois que c’est le plus froid depuis l’an 1079, quand l’eau de notre petite fontaine a si soudainement gelé que les pierres de la margelle en sont restées toutes fendues. »

« J’ai le dernier volume, messire Rostang. » signala le frère bibliothécaire de sa voix chevrotante, manquant de peu de choir de son échelle sous le poids du livre. « Tous les procès intentés par notre ordre dans le duché s’y trouvent bien clairement mentionnés. Naturellement, il ne s’agit que de comptes-rendus sommaires. Vous pourrez les feuilleter vous-même à tête reposée, si le cœur vous en dit.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Abbaye10

Cependant, je puis vous épargner de la peine en vous contant moi-même l’histoire très-fidèlement. J’ai passé un bon tiers de ma vie entre ces murs, et nos quatre siècles d’archives n’ont guère de secret pour moi. Avec l’âge, je perds souvenance des événements récents, mais la mémoire des vieilles choses est encore là, peut-être plus vivace que jamais. »

Il s’interrompit un instant, le regard vague.

« Avec l’âge, » reprit-il en s’apercevant que Brionne et l’abbé le fixaient du regard. « je perds souvenance des événements récents, mais la mémoire des vieilles choses est encore là, peut-être plus vivace que jamais.

Tout commence au début du siècle dernier, dans les années 1010. En ce temps-là, le chef de la vieille famille de Beaufort, un certain Cathelin, acquit par mariage le petit fief de Clairac, avec pour logis un gros mas fortifié. Dès lors, il prit le nom de Beaufort de Clairac ; c’était le trisaïeul de messire Florian. Il fit quelque peu jaser pour sa passion des sciences alchimiques, surtout quand on apprit qu’il avait fait installer chez lui une foule de cornues et d’alambics, des achats trop peu courants pour demeurer longtemps secrets. Les gens du pays n’aimaient guère ce nouveau seigneur, et regardaient d’un mauvais œil ses lubies, plus encore que les amis de Cathelin, qui n’y voyaient qu’une aimable fantaisie.

On ne prêta pas grand crédit, bien sûr, aux rumeurs l’accusant de tous les maux qui frappaient le domaine, depuis l’empoisonnement des eaux à la dysenterie foudroyante -ce sont là les absurdités communes que le peuple des campagnes rabâche quand la figure de son seigneur n’a pas l’honneur de lui revenir. Il faut sauter jusqu’en 1019 pour trouver trace d’une enquête de la prévôté de Chambrège, la ville voisine, sur des disparitions de cadavres tout frais enterrés dans divers cimetières du fief ; on ne put trouver le coupable et l’on supposa qu’il y avait une goule en maraude, ou bien que c’était le fait d’étudiants en médecine de Quenelles, ou bien encore de mauvais plaisants. C’est à cette date que notre ordre fut prévenu, et c’est la première trace du sieur Cathelin en nos archives : tout soupçon de nécromancie, même léger, est du ressort du clergé de Morr.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Abbaye11

Par la suite, les enquêtes se succédèrent à un rythme soutenu, mais les Beaufort devaient avoir quelques bons amis à la prévôté, et rien ne fut découvert. On parlait à présent d’enlèvements, des démons et de lutins venant gratter aux portes des maisons proches du château de Clairac, et tout à l’avenant. Les propres paysans de Cathelin voulurent le citer à comparaître devant la justice de la baronnie ; il va sans dire qu’ils furent déboutés avec des éclats de rire.

Le temple de Morr de Chambrège, néanmoins, s’en mêla et dépêcha un prêtre sur place en guise d’investigateur. Ce fut notre clergé qui exigea une enquête sérieuse, et qui finit par l’obtenir. En fin de compte, le château de Clairac fut encerclé au soir du vingt-neuvième jour du mois d’Avant-Sorcières 1021 et Cathelin arrêté alors qu’il se mettait à table. »

« C’était donc il y a cent-cinq ans, presque jour pour jour, puisque nous sommes aujourd’hui le vingt-sept d’Avant-Sorcières. » remarqua l’abbé Rostang.

« On trouva chez lui les traces les plus abjectes de ses meurtres et sorcelleries, » reprit le bibliothécaire, « d’où son envoi sur le bûcher qui suivit de peu. Il périt en effet cinq jours plus tard, le premier de l’an, convaincu de nécromancies diverses et adoration des Dieux Sombres, le tout aggravé de meurtres, en particulier de jeunes enfants. Son exécution fut le clou des célébrations du Jour des Sorcières à La Tour ; ce n’est pas tous les ans qu’on a effectivement l’occasion de brûler un sorcier pour marquer le coup.

Sa famille perdit une bonne part de ses terres, dignités et privilèges, et son renom fut entaché pour jamais. Les descendants de Cathelin allèrent jusqu’à abandonner le nom de Beaufort, de sinistre mémoire, et ne furent plus connus que d’après celui de leur seul fief restant, Clairac. Beaucoup d’entre eux s’illustrèrent d’une façon ou d’une autre, sans doute dans le désir de laver l’honneur de la maison. Messire Florian est de ceux-là.

J’en ai fini. » conclut le moine en toussotant, fatigué d’avoir tant parlé. « Bien sûr, il manque le principal à mon récit : pourquoi exactement Cathelin a-t-il été condamné, et qu’a-t-il avoué quand il fut mis à la question ? Aucun détail n’est donné, comme souvent, par peur de propager de périlleux secrets. Il n’y a qu’à La Tour, je le crains, que l’on puisse trouver la réponse. »


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Abbaye12

« Et encore faudrait-il pour cela adresser maintes suppliques au baron et au clergé de Morr local. » fit l’abbé Rostang en se levant de son siège. « Je vais à présent vous laisser. J’ai une foule de questions à régler ces jours-ci, avec le Nouvel An qui approche. Vous n’êtes pas sans savoir, maître Brionne, que la Nuit des Sorcières est pour notre ordre le moment le plus sacré de l’an. Les petites gens ont bien raison de dire qu’alors que les deux lunes sont pleines, le royaume des morts est plus proche du nôtre que jamais. Tout cela exige prières nombreuses et rites très-solennels, ne serait-ce que pour rasséréner l’esprit de la populace en ces temps de malheur. Je vous laisse en compagnie du frère bibliothécaire, qui saura répondre à toutes vos questions mieux que moi. »

***
Avant d’avoir pu émettre la moindre réserve, Marius s’était retrouvé entraîné à travers l’abbaye par Onésime, à la recherche d’une dizaine de robes de bure. Ils erraient tous deux plus ou moins au hasard, faisant mine de visiter les lieux.

« Besoin d’voyager discrets, hein ? » murmurait le gnome, avec un air de comploteur. « Z’avez bien du bonheur d’être tombés sur moi. Je s’rais comme qui dirait la bouche cousue, pissemerdre. »


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Abbaye13

La chance finit par leur sourire lorsqu’un moine vint à passer devant eux, les bras chargés d’un panier rempli d’étoffes trempées. Les deux compères le suivirent de loin jusqu’à une petite salle aux fenêtres grand ouvertes où un autre moine étendait la lessive du jour. Il déposa son panier de linge dans un coin et repartit.

« Plus qu’à piocher là-dedans avant que l’autre ne r’vienne. » souffla Onésime en montrant à Marius les baquets de vêtements humides. « Qui distrait l’moinillon pendant qu’l’autre rafle les robes ? »

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyJeu 10 Mar 2011 - 2:44

- Tant de questions en suspens ! Avant que vous ne retourniez à vos occupations d'importances, digne abbé, oserais-je vous mander une lettre pour votre supérieur en la Tour afin qu'il me fit bonne chère ? J'ai conscience d'abuser ainsi de votre temps précieux, mais mon maitre tient tant à connaitre le fin mot de l'histoire, ...et j'avoue m'être pris au jeu à mon tour : cette histoire me passionne réellement.
L'éclat de son regard ne laissait aucun doute quand à la sincérité de ses paroles.
Brionne se redressa sur son siège. Il ne sentait plus ni le froid, ni la fatigue. Un picotement dans la nuque venait de le rappeler à la vigilance : de nouveau le "sens de l'épée", ce sixième sens propre aux gens de fer. Le danger approchait, tapi dans les paroles du vieil aveugle.
Sept jour ! il ne restait que sept jours avant la survenue de la nuit des sorcières !
Le rejeton dégénéré de Cathelin de Beaufort voudrait sans nul doute y prendre sa revanche sur les années d'humiliations infligées à sa famille. S'il appelait à nouveau une horreur semblable à celle entrevue en Valfons, cette nuit, avec son cortège de superstitions, de débauches et de terreurs serait idéale. Il marquerait ainsi un anniversaire sinistre, tout en bénéficiant d'une aide magique non négligeable.
Brionne s'adressa au vieux bibliothécaire avec plus de brusquerie qu'il n'aurait souhaité :
- Votre mémoire garde-elle trace du nom du courageux prêtre qui sut combattre l'abomination ?
Et d'autres questions, déjà, se pressaient dans sa tête :
- Combien de jour pour atteindre la Tour ?- Et ce château de Clairac, était-il sis loin de la Tour ? Une vision de cauchemar lui fit entrevoir la douce Penthésilée sacrifiée sous le couteau du maudit sorceor ; de ce castel maudit, un torrent de feu et de destruction déferlait sur la Bretonnie.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyMar 15 Mar 2011 - 2:37

Pendant que l’abbé Rostang rédigeait une brève lettre de recommandation, le vieux frère bibliothécaire feuilleta les gros volumes défraîchis qu’il avait extraits à grand peine de leur étagère. Il ne lui fallut qu’un instant pour retrouver le nom qu’il cherchait, perdu au milieu d’un long compte-rendu du procès de Cathelin Beaufort.

« Le prêtre qui fut choisi comme investigateur, si j’en crois ce registre, se nommait Thibaud Roqueviel. » fit-il tout en lisant. « C’était un clerc né cadet d’une famille de petite noblesse. On loue ici son savoir, son ferme courage et sa discrétion qui fit que Cathelin ne sut qu’il était découvert que quand on le vint prendre. N’étant pas connu des gens de Clairac, il put se donner pour un prêtre de bas rang en voyage. Il enquêta d’abord seul avec son novice, puis dirigea les hommes de la prévôté de Chambrège quand il fallut mener le coup de main sur le château de Clairac. On cite également les noms de messires Pons de Champclos et Malagant de Rouvières, les deux chevaliers qui commandaient la troupe ce soir-là. »


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Abbaye14

« Des trois noms, il en est au moins un qui me soit connu. » intervint l’abbé, levant le nez du pupitre où il achevait sa lettre. « Thibaud Roqueviel finit sa vie retiré dans la petite chapelle de Morr d’un hameau bâti au bord de la vieille route de Sombrefeuille. Je m’en souviens bien pour y avoir été hébergé jadis, au cours d’une chevauchée vers La Tour, alors qu’une pluie terrible tombait à verse. On peut encore y voir la grande dalle ouvragée qui recouvre son tombeau. Hélas, il y a belle lurette que cette route n’est plus guère hantée que par les brigands et coupe-jarrets, voire pire, bien qu’à la vérité elle offre un raccourci -mais c’est un raccourci à travers les bois de Sombrefeuille, donc mauvais lorsque les temps sont durs, comme en cet hiver. »

Ce disant, il retira le large sceau qu’il portait au doigt et cacheta le pli qu’il tendit ensuite à Brionne.

« Voici pour monseigneur l’archidiacre du clergé de Morr en la cité de La Tour. Vous devriez le trouver, lui ou l’un de ses proches confrères s’il ne peut vous accorder d’audience, dans le grand temple de la ville, qui se trouve dans les vieux quartiers, non loin de la rivière. On saura vous en indiquer le chemin lorsque vous serez sur place. »

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyMar 15 Mar 2011 - 20:02

Entendant l'abbé, Marius eu un sourire, "un raccourci à travers Sombrefeuille", voila une chose que je connais bien pensa intérieurement le herrimault.
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyDim 20 Mar 2011 - 3:24

En voyant le large sourire sur la face du herrimault, Brionne songea combien ils étaient tout deux dissemblables. La pensée d'une chevauchée à travers ces bois inhospitaliers, par ce froid de loup et avec des hordes de gobelins aux trousses lui inspirait, certes, beaucoup de choses, mais rien qui ressembla à un sourire...
Pourtant..., pourtant examiner, même vistement, la stèle sous laquelle reposait le courageux prêtre était tentant. Qui sait s'ils n'y trouveraient pas quelque indice pour les aider en leur combat ?
Surtout, le temps pressait ! Une journée gagnée, une heure même permettrait peut être de jeter plan la géniture maudite de Cathelin de Beaufort et de libérer enfin Penthésilée.
- Et combien de temps ce passage par Sombrefeuilles nous ferait-il gagner ?

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyLun 21 Mar 2011 - 4:26

Marius se décida à prendre la parole.

"Un gain de temps appréciable, c'est certain m'est avis. Je connais ces bois comme le fond de ma poche. J'y ai vécu nombre d'année. Je serai un guide tout indiqué, et je connais les recoins les moins bien famés. Je vous éviterai les rencontres dangereuses comme l'embuscade des peaux vertes de l'autre soir''
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyJeu 24 Mar 2011 - 23:58

La remarque du hérrimault prit Brionne totalement au dépourvu.
- Par la malemort, Marius, votre cognoissance de ces bois est la première bonne nouvelle depuis que nous avons passé les portes de Valfont. Brisons là et sonnons le boute-selle. Le temps de charger quelques vivres, nous pourrions peut être encontrer le fredain de Clairac avant qu'il n'atteigne La Tour.
Sur le visage des deux hommes s'affichait désormais le même sourire.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyLun 28 Mar 2011 - 3:35

(Je viens de me rendre compte que Marius n’était pas précisément censé se trouver en compagnie de Brionne et de l’abbé… Mais ne nous tracassons pas pour si peu ; disons qu’Onésime et lui ont bel et bien réussi à subtiliser quelques robes de bure, que vos persos pourront utiliser lors du voyage si vous le souhaitez, puis qu’ils sont passés faire un tour à la bibliothèque. Un bon MJ, tel l’habile félin qui hante nos gouttières, retombe toujours sur ses pattes. Laughing )


Lorsque Marius et Brionne s’en furent retournés auprès de leurs compagnons, une brève assemblée se tint dans la petite chambre à coucher commune qu’on leur avait attribuée. Quoiqu’il n’y fût pas véritablement convié, Onésime y prit part avec enthousiasme, perché sur un haut tabouret pour pouvoir regarder ses interlocuteurs dans les yeux sans se tordre le cou.

Chacun avait des nouvelles à rapporter. Le jeune sire Armand avait passé la matinée au chevet du chevalier blessé qui s’était échappé avec eux de la clairière aux gobelins ; la mine sombre, il annonça que l’homme avait fini par succomber à ses blessures malgré les efforts des moines et serait enterré au monastère.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Enlumi10

Le dernier soldat de l’escorte, s’il ne semblait plus en grand péril, devait quant à lui être laissé derrière, de même que le paysan arraché aux peaux-vertes.

« Dans son état, le malheureux ne supporterait pas la chevauchée que nous allons mener. » déclara Armand. « Messire l’abbé va nous fournir les montures qui nous manquent. Il a bien voulu nous céder les meilleurs chevaux qu’il possède dans l’espoir que grâce à eux nous parviendrons à conclure la paix entre La Tour et le marquis de Perbrancas. Puisque l’escorte qui nous devait garder est massacrée, nous devons nous reposer sur notre petit nombre pour cheminer vite et en grand secret. La région est fort sauvage et escarpée, mais si nous choisissons les bonnes routes et que nous ne craignons pas d’épuiser nos bêtes, l’abbé juge que nous avons quelque chance d’être à La Tour dans seulement quatre jours, voire trois si la chance veut bien se décider à nous sourire. »

Lorsque Marius et Onésime eurent conté comment ils avaient fait main basse sur une demi-douzaine de robes sans que le moine chargé de la lessive en soupçonne rien, ce fut au tour de Brionne de dévoiler ce qu’il avait appris grâce à l’abbé et à la mémoire du vieux frère bibliothécaire. Armand ne put que se féliciter de l’audace de Brionne, qui avait permis d’éclairer la lettre jusque-là obscure du seigneur Laurent au sénéchal Marc. La discussion s’orienta bientôt sur l’épineuse question du raccourci par les bois de Sombrefeuille. Les simples mots « raccourci » et « Sombrefeuille » firent naître une moue de défiance sur le visage d’Armand. À la fin, cependant, il convint que si l’affaire était risquée, le jeu en valait la chandelle. Il ne pensait pas que voir la tombe de Thibaud Roqueviel pût leur apporter grand secours, mais se sentait prêt à tout pour hâter la chevauchée ; à la lumière de l’histoire de Cathelin Beaufort, parvenir à La Tour avant le Nouvel An et la Nuit des Sorcières devenait plus important que jamais.

Le hameau dont avait parlé l’abbé se nommait Jouvenargues. Le raccourci consistait, une fois passées les marches de la baronnie, à suivre la grand-route qui menait à la cité de La Tour, puis à bifurquer sur un tronçon de voie délaissé. Ainsi, on traversait Sombrefeuille au lieu de faire un long détour vers l’est pour l’éviter, et l’on se retrouvait presque aux portes de la ville à la sortie des bois. En entendant le nom de Jouvenargues, une certaine inquiétude gagna cependant Marius. Il connaissait parfaitement cette région de la forêt au début de sa carrière de hors-la-loi, mais n’y était plus retourné depuis près de trois ans ; c’était alors, en effet, que les environs de la vieille route de moins en moins fréquentée avaient été investis par l’un de ses plus détestables rivaux, le chef des bandits qui se nommaient eux-mêmes les Coupeurs d’Oneilles, l’infect Quatrezoneille le mutant, dont on disait qu’il était assez hardi ou dément pour traiter à l’occasion avec ses voisins hommes-bêtes.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Gui_qu10

Cette présence avait signé l’arrêt de mort de cette partie de la route, qui n’était plus guère qu’un sentier par endroits, envahie en quelques années par les ronces de la vieille forêt. Marius fit part à ses compagnons de cet accroc dans le plan, mais Onésime l’écarta d’un négligent revers de main. S’il avait moins arpenté les chemins de Sombrefeuille que le herrimault, le colporteur gnome voyageait dans cette région du duché depuis des années et s’était souvent rendu à La Tour. Il conta comment il avait l’année d’avant emprunté ce fameux raccourci avec deux compagnons ; le tout était selon lui d’aller bon train pour ne pas se faire surprendre par la nuit, et ne pas se laisser égarer par les sentiers traîtres.

« Et si qu’on s’y met à nous deux pour vous guider, maître Marius et moi, alors, cornes-à-merdre, c’est pas en trois jours que vous s’rez chez l’baron, mais en deux, ou je suis un vil sac à merdre. » déclara Onésime en guise de conclusion.

Armand finit par se laisser convaincre.

« À bien y regarder, » fit-il, « ce sont toutes les terres du baron Fulcrand qui nous sont périlleuses, d’une façon ou d’une autre. Il ne sera pas facile de chevaucher sur les fiefs de La Tour alors que le pays se prépare à la guerre, surtout pour nous qui venons de Valfons. Et la tête de maître Marius doit toujours être mise à prix ; je doute que les vassaux du baron fassent grand cas du pardon que le sire Laurent lui a accordé. Vraiment, couper à travers bois ne me semble pas moins sûr que traverser les bourgs et villages de la baronnie. »

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyLun 28 Mar 2011 - 11:20

"Allora, andiamo !"
fit Din en s'éveillant d'un rêve délicieux où des portes dorées s'étaient ouvertes sur la terrasse ombragée d'une trattoria au bord de la mer, tandis que l'aubergiste achevait de lui réciter les 123 recettes de pâtes de la maison en concluant par "E oggi è tutto gratis per Monsignore!".

Le regard de ses compagnons lui fit comprendre qu'il avait dû louper quelque chose...
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyVen 1 Avr 2011 - 0:51

Brionne sursauta au cri du tiléen.
- Si, sicuro, andiamo ...
Il s'éclaircit la gorge avant de reprendre :
- Ami Marius, je m'en remets entièrement à vous quand au chemin à suivre. Notre petit nombre pourrait être un atout en la circonstance : peut être parviendrons-nous à passer les bois de Sombrefeuilles sans attirer l'attention de votre Quatrezoneille. Par contre il semble prématuré de nous embronchier sous la bure avant d'avoir passé ces bois : une troupe de prêtres attirera immanquablement les coquins, plus surement que le sac évoqué par Onésime n'attire les mouches...
Son regard se fixa ensuite sur Onésime :
- Avant que nous ne levions le camp, sire gnome, il m'aurait plu de savoir par quel plaisant hasard vous tenez tant à nous assister en notre chemin vers la Tour. Il serait plus sage pour vous d'attendre qu'une troupe plus forte se présente. Je ne dédaigne pas votre aide, bien au contraire, mais à votre place, je serait moins empressé à chercher horions et malencontres que vous ne l'êtes ...
Et Brionne de penser à la paillasse de feuilles sèches qui aurait pu accueillir sa maigre carcasse lors même qu'il s'apprêtait à remonter en selle, somnoler vaille que vaille sur le dos de Mélusine. Même s'il était désormais habitué à prendre son repos bercé par le pas doux de la haquenée, une nuitée réparatrice n'aurait pas été de trop...

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyMar 5 Avr 2011 - 3:25

Onésime s’esclaffa bruyamment en entendant le prudent conseil de Brionne.

« Cornes-au-cul, on voit qu’vous avez point encore pris l’pli local, mon bon. Z’êtes en Gasconnie, de par ma merdre, et j’ai pas peur de dire que c’est dev’nu un foutu sale endroit. La troupe assez nombreuse pour m’tirer hors de c’trou miteux, assez serviable pour bien vouloir s’embarrasser d’moi et pas assez pillarde pour m’trucider sitôt qu’j’aurai l’dos tourné, eh, parti comme c’est, j’l’attendrais encore longtemps ! Les seuls gens d’armes qui battent la campagne, c’est routiers, gaste-blés, chevaliers brigands et compagnie. Et quand bien même il en viendrait à passer une plus convenable, les belles grosses escortes, dans nos vallées, l’arrive que ça disparaisse sans laisser d’traces. Voyez c’qu’il est resté d’la vôtre. »

« Qui vous empêche alors de demeurer ici quelque temps ? » demanda Armand. « Je gage que l’abbé y sera tout disposé. Vous n’aurez qu’à attendre une semaine ou deux après le Nouvel An, et alors la saison sera plus propice aux voyages. »

« Oui, vraiment, ce s’ra l’moment rêvé : j’quitt’rai l’abbaye juste quand l’ost du baron d’La Tour point’ra l’bout d’son nez dans les parages pour s’en aller mettre Valfons à sac, d’après les joyeuses nouvelles que vous donnez. J’resterai pas ici à attendre que la guerre vienne me prendre, merdre et phynance. Quand les peaux-vertes me sont tombés d’ssus, j’ai perdu ma charrette, ma mule et tout mon barda d’colporteur, sans parler d’la r’cette de plusieurs mois. J’ai un ami à La Tour qui m’doit encore pas mal d’argent ; y m’aid’ra à m’refaire une situation. Et vous en faites pas, mes jolis, c’est pas une si mauvaise affaire de m’avoir avec vous. J’connais la ville de La Tour, j’connais les marchands et les soldats du guet, l’nom des rues et les bonnes auberges. Même en habits d’moine, pas dit qu’les gardes aux portes vous laisseront entrer sans histoire, surtout si la baronnie s’arme en guerre et qu’on y d’vient comme qui dirait méfiant ; tandis qu’moi, j’passe à La Tour une fois l’an pour le moins, j’serai votre garant. Ça vous ménag’rait une gentille entrée discrète, sans bruit ni scandale, pissemerdre. »

***
La cloche de l’abbaye n’avait pas encore sonné midi lorsque la compagnie se retrouva devant le grand portail d’entrée. L’abbé Rostang, venu souhaiter bonne route aux voyageurs, échangeait quelques mots d’adieu avec Armand pendant que l’on harnachait en hâte les montures. Din et Leustant, étant gens de qualité, avaient reçu d’assez beaux palefrois ; Beppe et Onésime durent se contenter de chevaux plus trapus, au pas moins confortable, mais alertes et robustes. Le gnome eut quelque peine à grimper sur sa selle aux étriers raccourcis, mais semblait tenir plus ou moins en place.

Lorsque tout fut prêt et qu’Onésime eu cessé de proférer d’horrifiques jurons à l’adresse de sa monture qui l’écoutait d’un air paisible, Armand fit signe à la petite troupe de se mettre en route.

« Adieu, messire abbé ! » dit-il à Rostang tout en s’éloignant. « Nous n’oublierons pas votre hospitalité. Priez Morr pour ceux des nôtres qui sont tombés. »

« Nous n’y manquerons pas. » assura le prêtre. « Que les dieux vous gardent jusqu’aux portes de La Tour et dans Sombrefeuille. Allez, et puisse grâce à vous la guerre nous être épargnée ! »

Les cavaliers s’en furent vivement, et bientôt la sombre silhouette de l’Abbaye Noire ne fut plus qu’une tâche dans la campagne enneigée, loin derrière eux.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Abbaye15


***
Une légère bise sifflait entre les branches nues des arbres. Le crépuscule approchait. À l’entour s’étendait une campagne désolée, rendue humide et grisâtre par une courte averse. Les sept cavaliers faisaient halte sur le bord d’une route boueuse.

« Le ciel est encore couvert, » remarqua Armand, regardant en l’air, « et les bêtes sont en sueur. Nous les avons poussées à bout, je le crains. Quelle distance pour la baronnie de La Tour ? »

« On en verra les marches demain dès avant midi, aussi vrai que j’me nomme Priou. » répondit la voix lasse d’un Onésime bousculé par la chevauché. « On a fait vite, cornes-à-merdre, et sans mauvaise rencontre, encore. Mais la suite du voyage risque d’êt’ moins tranquille. Plus on ira vers le sud, plus mauvaise s’ra la route. »

« Alors trouvons à nous loger dès que possible. » fit Armand. « Je n’ai pas la moindre idée de l’heure qu’il peut être, avec ces nuages qui nous ont suivis tout le jour, mais je gage que nous avons fait bien assez de chemin. Autant se garder de la pluie et laisser les montures au repos. »

Marius et Onésime, les deux seuls de la troupe qui eussent quelque idée de la route, s’entretinrent à voix basse pendant que leurs compagnons mettaient pied à terre pour se dégourdir les jambes. D’après Marius, qui avait assez hanté les bois et les campagnes pour savoir toujours où le soleil en était de sa course, la journée allait sur les six heures après midi. Le gnome et lui tombèrent d’accord pour rallier un village d’une douzaine de maisons, à moins d’une demi-lieue de là, en coupant à travers champs. On y trouverait pour le moins quelque grange où passer la nuit.

La troupe repartit, à pied cette fois et sans hâte, tenant les chevaux par la bride. L’exercice était le bienvenu après si vive et si longue chevauchée, tant pour les cavaliers que les montures. Ils furent bientôt parvenus au village.

Ni Marius ni Onésime ne s’y étaient rendus depuis au moins un an, et tous savaient que l’époque était mauvaise. Ils ne s’attendaient cependant pas à tel spectacle.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Hameau10

« Eh ben, c’est gai. » ricana le gnome, un sourire tordu naissant sous sa barbe. « Un avant-goût d’la guerre entre Perbrancas et La Tour, en somme. Au moins, on n’aura pas à d’mander la permission pour s’nicher dans un coin. »

« Il y a longtemps que la place est à l’abandon. » observa Armand. « Voyez les arbustes qui ont poussé dans les murailles. Que ce soit la sale besogne de routiers ou d’hommes-bêtes, nous ne risquons sans doute pas grand-chose à demeurer ici pour la nuit. Tirons quelques seaux d’eau du puits pour les bêtes et cherchons la moins délabrée de ces bâtisses. »

Il avait à peine achevé sa phrase que Marius levait la main pour inviter les autres au silence. Du doigt, il montra le ciel. Un mince ruban de fumée s’élevait d’une des maisons. Din et Leustant tirèrent l’épée.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyMar 5 Avr 2011 - 11:12

Din fi signe à Beppe de prendre les rênes de son cheval, puis il tira également sa dague.

Il se tourna alors vers Leustant, et vers Marius, pour leur faire part de ses intentions.
"Je propose d'aller jeter un coup d'oeil, compagnons. Tapissez-vous dans quelque recoin, je reviens !"
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyVen 8 Avr 2011 - 19:48

À pas de loup, Din se faufila entre deux maisons aux murs à demi effondrés. L’étroite ruelle était envahie d’herbes folles et encombrée çà et là de débris de tuiles et de vieilles poutres. C’était sans doute un incendie qui avait ruiné le village.

Alors qu’il s’approchait de la bâtisse d’où s’élevait la fumée, l’odeur d’un feu de camp vint chatouiller les narines du Tiléen et il perçut les échos d’une conversation à voix basse. Toujours silencieux, il longea la muraille décrépie de la maison et risqua un regard par une fenêtre. Une bonne demi-douzaine de gens d’armes dépenaillés, à la tenue hétéroclite, étaient assis autour d’un feu, au milieu des ruines, dans ce qui avait été le rez-de-chaussée d’une belle demeure ; le toit et l’étage supérieur s’étaient en partie écroulés, ne laissant débout que quelques pans de mur.

« Oh, compaings, ong dit que le barong boit du vin d’elfe dans des coupes tout eng or. » faisait l’un des soldats, un petit homme à la figure tordue. « Et ong le prétend bong sire et généreux avec les braves qui se mettent dessous sa bannière. Y nous saura bieng bailler florings et ducats tout notre saoul. »

« Pour moi, j’aime encore mieux rançonner le marchand sur les routes et forcer les filles qui s’eng vont faire paître les chèvres aux montagnes. » grogna un archer qui se tenait hors du cercle, adossé à un mur. « Les batailles, je les ai vues, et je suis pas pressé d’y revenir. »

« T’es donc si sot que t’eng a l’air, le Maynard ? » fit un troisième routier. « Eh, le sire capitaine a bieng raisong de nous mener là-bas, où y a de l’emploi pour nous autres. C’est très beau de se faire bandit, mais cette vie-là, c’est la corde, tôt ou tard. »

« Danser sur le gibet dans dix ans ou se faire hacher les tripes menu à coups de vouge dans deux mois, qu’est-ce qui vaut mieux ? » répliqua son compagnon, approuvé par quelques timides hochements de tête dans l’assistance.

Din revenait lentement sur ses pas pour rendre compte de ce qu’il avait vu quand un bruit de pas derrière lui le fit brusquement se retourner. Il se trouvait presque nez-à-nez avec un soldat tout aussi surpris que lui.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Routie10

Sans plus de procès, l’homme tira le coutelas qu’il portait à la ceinture et marcha sur Din avec des intentions manifestement hostiles. Les talents de bretteur du Tiléen, qui de plus avait déjà ses armes toutes prêtes en main, ne laissaient cependant pas grandes chances à un vulgaire routier. Din n’eut aucun mal à lui percer l’épaule alors qu’il se jetait imprudemment sur lui.

« À moi ! » beugla le soudard en s’effondrant. « À moi, compères ! »

À ce cri, cinq soldats de la troupe surgirent des ruines en grande hâte. Din jeta un coup d’œil derrière lui. S’il était assez rapide, il pouvait espérer semer les gens d’armes en courant à travers les ruelles tortueuses du hameau ; sinon, il lui fallait prier les dieux que ses propres compagnons aient eux aussi entendu l’appel du soldat blessé.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Routie11

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptySam 9 Avr 2011 - 18:49

Brionne étendait sa carcasse fatiguée après cette chevauchée épuisante. Il avait à peine somnolé en selle, occupé qu'il était à surveiller Onésime. L'insistance de ce dernier à les accompagner lui semblait toujours suspecte malgré ses explications. Du regard il embrassa le village désolé, cherchant une batisse qui aurait pu abriter une chapelle de Morr. Peut être était-ce céans que reposait Thibaud Roqueviel ?
Ses sens restaient cependant en éveil : le départ de Din en solitaire ne lui plaisait pas. Le cri du soudard "A moi compère" le fit se dresser tout soudain. Il tira l'épée et s'élança.
- Sorvegli i cavalli e attenti al gnomo*
lança t-il à voix basse vers Beppe qui le regardait, surpris ; puis, toujours sur le même ton :
- A moi, de Brahic, rescousse, rescousse.

*Garde les chevaux, attention au gnome

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyLun 18 Avr 2011 - 1:52

Brionne courut du plus vite qu’il le pouvait, tâchant de se guider à travers les venelles du hameau grâce à la fumée qui montait en l’air. Armand, après un instant d’hésitation, lui avait emboîté le pas et le talonnait, la lame nue.

Brionne faillit bousculer Din en accourant brusquement derrière lui, après avoir passé un coin de mur en toute hâte. Le Tiléen se trouvait en fâcheuse posture mais tenait encore bon face aux soldats. L’étroitesse de la ruelle les empêchait de tirer parti de leur nombre. L’arrivée d’un second bretteur de talent en la personne de Brionne força le bandit qui menait ses compagnons à l’attaque à battre maladroitement en retraite ; mesurant sa faiblesse, le héraut exécuta une botte rapide qui le désarma sans peine. Le soldat se réfugia derrière ses camarades, la main droite en sang. Lorsque Armand vint à son tour à la rescousse, la troupe de routiers perdit ses dernières velléités de combat. De toute évidence, ils n’étaient pas habitués à rencontrer si vive opposition -en fait, ils semblaient même habitués à n’en point rencontrer du tout.

Essayant de tenir Din et Brionne en respect, ils reculèrent comme pour abandonner la partie. Les deux hommes remarquèrent cependant que l’un d’eux, s’étant prudemment mis à l’écart, armait à présent une forte arbalète en attendant que le reste de la troupe dégage la voie devant lui. Un autre, plus modestement, tirait une fronde de sa ceinture sans les quitter des yeux.

Armand et ses compagnons s’apprêtaient à devoir se jeter à l’abri à tout instant lorsqu’un juron sonore résonna entre les murs décrépits du hameau. L’arbalétrier dut baisser son arme et le frondeur laisser tomber la pierre qu’il venait de ramasser. Un soldat barbu, vêtu de mailles et casqué d’un chapel de fer, d’aspect nettement plus professionnel que ses confrère, venait de faire irruption dans la ruelle et forçait la troupe à reculer, n’hésitant pas à distribuer de rudes bourrades aux récalcitrants. Il était suivi de deux hommes armés de pied en cap, des chevaliers selon toute apparence, qui devaient être les capitaines de la bande. Pour l’heure, ils regardaient d’un air serein leur lieutenant rétablir l’ordre parmi la ribaudaille en remisant leurs propres épées au fourreau.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Cheval11

« Eh bien, les enfants ? » fit l’un des chevaliers. « On importune les voyageurs ? Et sans nous en toucher mot, qui pis est ? »

« Sire capitaine, » grogna le soldat que Din avait blessé « voyez donc ce que m’a fait ce grand vaurieng, là, alors que je lui demandais ce qu’il faisait à rôder autour de nous. »

« Dis plutôt que tu lui aurais tranché la gorge s’il ne s’était défendu, crétin. » se moqua le second chevalier. « Va, nous vous connaissons assez. Ces gens-là sont un trop beau gibier pour vous autres. Il faudra viser moins haut une prochaine fois. En attendant, laissez-les en paix ou bien Amadoc vous coupera les oneilles. »

Le nommé Amadoc sourit sous sa barbe et tâta le fil de son fauchard, comme pour faire entendre à la bande que la menace du capitaine n’était pas à prendre à la légère. Les soudards, bon gré mal gré, firent profil bas et s’écartèrent du chemin de leurs chefs qui s’avançaient, l’épée au fourreau, à la rencontre de Brionne, Din et Armand.

« Aucun d’entre vous n’est blessé ? Non ? » s’enquit le premier chevalier. « En ce cas, j’espère que vous ne nous tiendrez pas rigueur de la brutalité de nos hommes ; voyez-vous, il nous suffit de les perdre de vue une heure pour les retrouver en train de s’égayer dans la nature ou de mettre une chaumière au pillage. Ce sont de bien tristes sires, mais nous n’avons pas mieux.

Je suis Robert d’Aldernet, capitaine de ce troupeau. » ajouta-t-il en désignant les soldats d’un geste désinvolte par-dessus son épaule. « Mon compagnon se nomme Guérin de Cervas, et voici mon écuyer, Amadoc. »

« Une méchante fortune nous a jeté sur les routes, mais nous savons encore reconnaître les gens de qualité. » fit Guérin. « Partagez donc notre feu pour cette nuit ; vous ne pourrez guère atteindre un meilleur endroit que celui-ci avant la fin du jour. Nous tenons nos hommes en main et il ne vous sera pas fait de tort, j’en réponds. Nous nous échangerons les dernières nouvelles, si vous y êtes disposés -et si par aventure vous cherchez un emploi à vos lames, vous pourriez même vous joindre à notre compagnie. »

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyLun 25 Avr 2011 - 1:13

Par le nombril de Belzébuth !, maudite mémoire qui lui faisait défaut en cet instant crucial. Brionne regardait fixement les armes des chevaliers qui lui faisaient face. Il était presque assuré que feu maitre Bertrand, le héraut du sire de Valfons, lui avait décrit l'une d'elles avant d'aller étudier de très près l'ascendance du dieu Morr. Impossible de se souvenir s'il l'avait associé à une franche crapule ou à un homme d'honneur forcé par ces temps troublés a une vie d'errance ...
Il s'adressa au sire de Brahic à voix basse (mais pas trop ... Wink ):
- Ce me semble, messire, nous pourrions repairer devers notre troupe. Le sénéchal et les gentilshommes de sa suite Guibert, Amaury, Thierry ou Landéric pourraient gouter ce repos mérité en bonne compagnie après la rude chevauchée du jour.
Puis, d'une voix plus forte, à l'attention du chevalier d’Aldernet :
- Nous sommes des enfants perdus* de la troupe du sénéchal Marc de Bussas, il ne devrait tarder à investir ce village. Souffrez que nous retournions auprès de lui afin de l'informer de votre présence ...et de votre proposition amicale. Mr.Red
* Des éclaireurs, quoi.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptySam 30 Avr 2011 - 5:05

En entendant Brionne prononcer le nom de Marc de Bussas, les deux chevaliers échangèrent un regard à la dérobée. Le sénéchal de Valfons était un homme de quelque importance dans la région, et l’annonce qu’il se trouvait non loin de là ne paraissait pas les enchanter. Les soldats, moins discrets que leurs capitaines, se mirent à parler entre eux à voix basse, l’air passablement inquiet. Quelques-uns, renonçant à tout faux-semblant, se dirigèrent vers leurs armes et bagages qui traînaient dans les ruines autour du feu de camp.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Routie10

« Fort bien, fort bien. » répéta Robert d’Aldernet dans une vaine tentative de masquer sa confusion. « Rejoignez-le sans crainte. Mes gens ont compris qu’il convenait de vous laisser en paix. »

À l’évidence, il n’était guère disposé à attendre le sénéchal. Quoiqu’il n’eût donné aucun ordre de vive voix, sa troupe s’apprêtait à vuider prestement la place. Alors que les deux capitaines tournaient les talons après avoir esquissé un salut gêné à Din, Brionne et Armand, le héraut tâcha de rassembler ses souvenirs. Les armes du sire d’Aldernet, deux léopards de sable sur un champ d’argent, ne lui évoquaient rien ; en revanche, il finit par rapprocher celles de Guérin de Cervas, qui portait de gueules au chevron d’argent, accompagné de trois lions d’or, du blason d’un riche seigneur voisin de la baronnie de La Tour, le sire de Leyris. Ledit seigneur portait de gueules aux trois lions d’or. Guérin était sans doute issu d’une branche cadette, sinon cadet lui-même, le chevron pouvant bien être une brisure. Trouver un chevalier de son rang lieutenant d’une vulgaire troupe de soudards laissait entrevoir quelque affreuse déchéance.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyMar 10 Mai 2011 - 0:14

Brionne donna une bourrade amicale à Din qui remettait lentement son épée au fourreau, poussant un soupir de soulagement : la menace de cette bande de coupe-jarrets semblait s'écarter.
Retournant tout trois vers leurs compagnons restés à l'entrée du village, ils évitèrent cependant de tourner le dos à la troupe qui levait le camp. Brionne observait les bâtisses alentour. Peut être l'une d'elles abritait la chapelle de Morr en laquelle reposait Thibaud Roqueviel ?
Il aurait souhaité se recueillir sur la pierre tombale de ce prêtre mort depuis si longtemps et duquel il se sentait si proche : ils affrontaient une semblable menace et le héraut fatigué( Wink) espérait éliminer la maudite coterie ; et définitivement pour cette fois...

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptySam 14 Mai 2011 - 5:16

Lorsque la compagnie entière s’aventura dans le hameau, les soldats avaient depuis longtemps déserté la place sans demander leur reste, comme ils s’y étaient attendus. Un campement sommaire fut établi au milieu des ruines d’une maison moins délabrée que les autres. Ils avaient à peine dessellé les chevaux que la pluie qui menaçait depuis quelques heures se mit à tomber à verse. Où qu’ils soient, Robert d’Aldernet et ses routiers devaient être trempés jusque aux os. Pour ne rien laisser au hasard, et malgré un manque d’enthousiasme certain pour cette tâche, on décida que deux guetteurs surveilleraient en permanence les abords du village, au cas où les gens d’armes reviendraient sur leurs pas.

« C’est un bon tour que vous avez su jouer à cette bande d’écorcheur, maître Brionne. » fit Armand alors qu’ils prenaient leur repas du soir. « J’enrageais déjà d’avoir à passer une nuit blanche en leur compagnie, à craindre d’être égorgé dans mon sommeil. Leurs semblables ont fait tant de tort à nos campagnes que les troupes de chevaliers qui les croisent les pendent à présent sans procès. Ceux-là devaient trop craindre la hart pour prendre le temps de remettre votre parole en question. »

« Ça doit nous rapp’ler d’êt’ prudents, pissemerdre. » fit Onésime, la barbe humide, jetant un regard noir à la toiture percée au-dessus d’eux. « Si on peut tomber sur un pareil tas d’coupe-jarrets en maraude au bord d’une grand route, ça promet pas du bon pour la suite du voyage. D’autant qu’si ces gaillards-là ont dans l’idée d’aller vendre leurs services au baron d’La Tour, on risque bien d’en rencontrer d’autres avant d’y arriver. »

« Tout de même, c’est étrange qu’ils ne se montrent plus. » remarqua Leustant. « Je pensais qu’ils auraient peut-être l’idée d’envoyer un ou deux des leurs guetter l’arrivée des hommes censés nous suivre avant de s’en aller pour de bon. Ils étaient tout de même nombreux, et avaient quelque espoir de venir à bout d’une assez forte troupe à condition de lui tomber dessus par surprise. »

« Gageons qu’ils veulent éviter tout risque inutile. » hasarda Armand. « Et puis messire Din leur a montré de quel bois nous étions faits ; cela les aura sans doute refroidi. Ou bien ils nous préparent en ce moment même quelque vilenie de leur façon. »

***
La nuit se passa sans que les routiers fissent reparler d’eux. La compagnie fut sur pied de bonne heure le lendemain et se remit en route au plus vite. En chevauchant vivement, ils passeraient avant midi les marches de la baronnie de La Tour et atteindraient au plus tard vers cinq heures le hameau de Jouvenargues, lieu où commençait le raccourci tant vanté par Onésime.

Ils ne s’étaient pas écartés de plus de cent toises des ruines du village lorsque Marius remarqua à quelque distance de la route un grand amas de corbeaux voletants et croassants. Les corbeaux s’éloignèrent de mauvaise grâce à leur approche, révélant un sinistre spectacle. Plus d’une vingtaine de cadavres étaient étendus là.

« Je suppose que voilà le fin mot de l’histoire. » murmura Armand. « Messire Robert et ses compains ne devraient plus causer de tort à grand monde. »


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Corbea10

La plupart des soldats avaient été dépouillés de leurs armes, casques et brigandines. Certains avaient été mutilés d’une manière ou d’une autre, comme par jeu. Les cadavres difformes et cornus qui gisaient à leurs côtés ne laissaient aucun doute quant à l’identité des agresseurs : à l’évidence, une bande d’hommes-bêtes.

***
La troupe quitta bientôt la grand route. Il était hors de question de pénétrer dans des terres vassales de La Tour par cette voie-là, même avec tous les sauf-conduits du monde. Dans le meilleur des cas, ils seraient retardés alors que chaque heure comptait ; dans le pire, ils seraient pris et pendus comme gens d’armes de Valfons, et de ce fait ennemis. Marius et Onésime conduisirent leurs compagnons à travers des chemins plus discrets, coupant souvent à travers bois. Peu après dix heures, alors qu’ils faisaient halte sur une crête et observaient les collines boisées tout à l’entour, le herrimault leur annonça qu’ils avaient passé ce qui pouvait être considéré comme la frontière de la baronnie. Le bourg marchand de Chambrège était à quelques lieues à l’ouest ; devant eux, l’orée de la forêt de Sombrefeuille se rapprochait. Ils se retrouvèrent bientôt à chevaucher sur ce qui avait jadis été une voie pavée mais qui n’était plus à présent qu’un sentier défoncé ; au-dessus d’eux, les branches noueuses des chênes verts se rejoignirent pour former une haute voûte. C’était, leur dit Marius, la Vieille Route de La Tour.

Ils arrivèrent à Jouvenargues en début d’après-midi. La forêt autour d’eux se fit moins enchevêtrée et un champ à l’herbe gelée apparut en contrebas du chemin. Une clôture délabrée longeait le sentier qui grimpait vers le village, amas informe de maisons d’aspect misérable, en torchis ou pierres sèches. Alors qu’ils montaient vers les toits biscornus de Jouvenargues, une chèvre à la silhouette osseuse boitilla jusqu’à la barrière et se mit à bêler à leur passage, comme pour chasser de ses terres ces visiteurs indésirables.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Chavre11

Marius et Onésime avaient prévu une courte halte au village, prévoyant des peines et périls pour la suite du voyage. La Vieille Route de La Tour n’allait pas plus loin, avaient-ils expliqué : après Jouvenargues, elle se réduisait à un mauvais sentier de braconniers envahi par les ronces, voire se perdait tout à fait par endroits. Ni le gnome ni le herrimault n’étaient très sûrs du chemin à prendre : l’un évitait d’ordinaire cette route plus fréquentée par les hardes d’hommes-bêtes que par les honnêtes marchands, l’autre ne se rendait pas volontiers en une région de Sombrefeuille aux mains des coupe-jarrets de Quatrezoneilles depuis des années. C’était cependant la seule voie qui permît de couper à travers la forêt pour gagner directement la forteresse de La Tour.

Le plan de Marius et d’Onésime était d’avancer résolument vers le sud pour tâcher de rejoindre un autre tronçon de la Vieille Route de La Tour par lequel ils pourraient chevaucher bride abattue jusqu’au siège de la baronnie. Il y avait de bonnes chances que Florian de Clairac ait fait de même avant eux.

Ignorant les protestations de la chèvre, les cavaliers passèrent sous les branches d’une yeuse tordue qui semblait marquer l’entrée du hameau ; à une branche basse pendait un crâne vaguement humain, mais pourvu de cornes caprines, accroché là sans doute en guise de bienvenue aux honnêtes voyageurs et d’avertissement aux mutants.

Il flottait une forte odeur de pourriture entre les masures de Jouvenargues. Quelques villageois vêtus de nippes regardèrent passer la troupe en murmurant, avec sur le visage un air où se mêlaient la méfiance et la peur. Quoique les gens du cru usassent d’un patois horrifique qui défiait même la compréhension d’un homme de La Tour comme lui, Marius ne tarda pas à comprendre que quelque épidémie avait frappé le village. Il venait d’en faire part à ses compains lorsque déboula d’une ruelle une charrette emplie de corps couverts de bubons.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Jouven10


(Dormir ? Mais c'est pour les manants, ça, dormir ! Laughing )

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyVen 20 Mai 2011 - 0:26

Brionne remonta précipitamment un pan de sa cape sur son visage : trop souvent il avait connu ce triste spectacle en la lointaine Tilée, ce cortège de lamentations et de sanglots. Sa doulce amie, la signora Violetta, sorceresse en la cité de Miragliano, était partie sur une charrette semblable par une belle soirée d'été et aucune potion, aucune incantation n'avait su l'éloigner de son funeste destin.
Vain dieu ! assez d'attendrissement sur son sort, assez pensé à la jolie Violetta, à ses fascinants yeux mauves et à son rire cristallin au fond de la taverne du borgne. Elle, au moins restait fraiche et belle en son esprit, jamais elle ne connaitrait la douleur qui lui sciait le dos après cette chevauchée épuisante ou le malheur de réussir chaque jour un peu moins bien une riposte ou une parade de quarte. Crying or Very sad
- Ami Marius, ne pensez-vous pas qu'il est temps de chevaucher vistement ? l'air empeste comme l'haleine de cent milles diables. Rester céans plus que nécessité nous exposerait au sort de ces malheureux déhaités . Vous semblez entendre le patois de ces cageois, avant de nous ensauver, peut être pourriez-vous vous enquérir du sire de Clairac ?

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyVen 20 Mai 2011 - 11:19

Pendant ce temps, Din vomissait, pendant que Beppe lui tapotait gentiment le dos...
Un estomac fragile.
puker
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyVen 27 Mai 2011 - 4:01

Alors que Marius hélait de loin celui des villageois présents qui lui paraissait le moins malade et que Din achevait de purger son stomac de toute substance superflue, la compagnie resserra les rangs et se tint à bonne distance de la charriote et de son infect chargement.

« Sourtez vos mourrus ! Sourtez vos mourrus ! » criait l’homme manifestement en charge de la collecte des cadavres, rythmant chacun de ses appels d’un coup de triangle.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Jouven11

« Aqué ung mourru ! » fit un villageois qui portait un vieillard sur l’épaule.

« Jou suis point mourru ! » protesta le vieillard d’une voix chevrotante.

« Lou dit qu’est point mourru. » remarqua le collecteur de cadavres. « Jon pous point le mener si qu’est point mourru. »

« J’iras point ou charriou ! » fit désespérément le vieillard. « Jon vas ben, jon vas aller pourmener ! »


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Jouven12

« À c’train-là, d’ici une semaine, y restera plus un vif à une demi-lieue à la ronde. » fit Onésime alors que le collecteur de cadavres, cédant à la demande du villageois, mettait fin à la tirade du vieillard en lui assénant un grand coup sur la nuque. Les deux hommes jetèrent le corps du malheureux sur la pile de défunts et la charrette reprit sa macabre tournée.

« Si c’est la peste qui est cause de ces ravages, » souffla Armand, « cette partie du duché est encore plus mal en point que je ne l’osais croire. Qu’elle vienne à se répandre, et la guerre entre La Tour et Perbrancas sera la plus meurtrière de ce siècle. »

« Quoiqu’il en soit, pas question de mettre seulement pied à terre. » renchérit Leustant. « Hâtons-nous de trouver cette fameuse chapelle de Morr qui nous a mené en ce chemin maudit, puis escampons-nous bien vite. Maître Marius, que dit ce vilain ? Sait-il rien du passage de Florian de Clairac ? »

Le herrimault peinait à obtenir une réponse cohérente du paysan qui, s’il n’était pas encore couvert de bubons, semblait déjà délirer sous l’effet de la fièvre. Très agité, il racontait qu’un mystérieux cavalier à la longue barbe grise et fourchue, le visage disparaissant sous une grande cape de voyage, avait été aperçu chevauchant de nuit sur la route qui traversait Jouvenargues ; au matin, l’épidémie s’était déclarée, foudroyante.

« C’estons lou cabalieu de la mort, bonne mare Shallya ! » s’égosillait le villageois. « Y va et y vient avé lou mal en sa besace, et l’en sème partout ousque va. L’a jesté lou maulvais oil sor nous aultres pouvres pêchors ! Nous v’là mauldits, mauldits des dious. »

« C’maudit coin pue comme trente-six ch’vaux crevés. » cracha Onésime, exprimant le sentiment général. Sa patience épuisé, il fit avancer sa monture jusqu’au paysan. « En v’là bien assez, mange-merdre. Dis-nous donc seulement où se trouve la chapelle, mon gros. Je te donnerai de la phynance. »

L’homme dut se faire répéter la question, mais finit par comprendre ce que lui demandait le gnome.

« Lon mostier l’est sor lon bout la route, près les champs. » répondit-il avec un étrange sourire en coin. Il tendit le doigt vers les dernières masures du hameau. On distinguait en effet dans cette direction un cocher à demi ruiné qui s’élevait au-dessus des cheminées. Laissant les Jouvenarguois à leurs cavaliers mystérieux et à leurs collectes de cadavres, Armand piqua des deux vers la chapelle en faisant signe à la troupe de lui emboîter le pas. Ils n’avaient pas avancé d’une toise sur le chemin qu’un chant lugubre retentit entre les toits crasseux du village.

« Pie Guineforte domine,
Dona eis requiem ! »


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Jouven13

Une procession traversait le village. Les officiants psalmodiaient inlassablement leur antienne tout en se portant à l’unisson de rudes coups sur le front au moyen d’une planche en bois. Un prêcheur au vêtement miteux conduisait la marche en exhortant ses confrères à la mortification ; il était suivi par quatre tonsurés portant avec déférence un chien assis sur un coffre -sans doute un bâtard d’épagneul.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Sainct11

« Faites la pénitence pour les mauvaisetés ! » beuglait le prêtre. « Le duché l’est maudit des dieux ! Les nobles y-z-ont fauté avec des sorcières et des démons, et y-z-ont ramenés le mauvais œil tout dret sus le pauvre peuple ! Tudez la noblesse, coupez les oneilles ! Y nous ont attiré la peste dessus nous ! Faites la pénitence et prosternez-vous bieng eng bas devant messire saint Guinefort revenu sur terre, le bong héraut des dieux d’eng haut dans le ciel ! »

« Sancte Guineforte, ora pro nobis ! » scanda la procession en tendant les bras vers l’épagneul qui les observait d’un œil indifférent.

Un petit attroupement commençait à se former autour des moines. Il devait s’agir d’une procession itinérante et non de religieux des environs, à en juger d’après le parler du prédicateur, nettement plus compréhensible que le patois de Jouvenargues. Armand était sur le point d’ordonner aux moines de faire place nette et de libérer la voie devant la compagnie quand le prêcheur le prit à partie.

« Voyez-les, comment y sont bieng gras et bieng nourris, la panse tendue de s’être gavés sus le labeur du bong peuple ! » éructa-t-il en désignant impudemment le jeune chevalier. « Les voilà devant vous, ceux qui nous ont porté ces malheurs ! Qu’y fassent amende honorable devant le bong messire saint Guinefort, qu’est là de par les dieux pour racheter les fautes du duché ! »

Un murmure timide mais appréciateur salua les invectives enragées du prêtre. Certains vilains commençaient à regarder les étrangers d’un œil ouvertement hostile, sans toutefois oser s’en approcher ni les menacer ; les moines, en revanche, continuaient d’empêcher le passage des cavaliers.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyVen 27 Mai 2011 - 11:49

"Faisons demi-tour et contournons le village, messire Armand. Tout cela ne me dit rien qui vaille !", lança Din, dont l'estomac délicat cherchait encore une contenance...
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyMer 1 Juin 2011 - 2:33

« Tourner les talons devant ces croquants ? » maugréa Armand qui jetait un regard noir au prêtre. « Çà, parlez-moi plutôt de culbuter cette ribaudaille qui nous empêche la voix en psalmodiant de folles hérésies à notre barbe. »

« Vous devrez faire ça tout seul, messire. » fit Onésime qui s’éloignait déjà. « Pissemerdre, quand on a l’malheur de traîner ses souliers dans un hameau perdu de Sombrefeuille peuplé de pestiférés au crâne vide, ce genre d’idées-là, ça n’vaut rien. »

Armand dut se résigner et les cavaliers tâchèrent de faire volte-face. Les voyant battre en retraire, plusieurs vilains s’enhardirent à les huer de loin ; un vieux navet frôla même les naseaux du cheval de Din. Quant au prêtre, il ne se sentait plus de joie.

« Voyez-les, nos beaux sires qui s’escampent devant la très-sainte face du bong Guinefort ! » triomphait-il. « Des lièvres, que c’est, oui ! Et vous verrez, compains, qu’ong saura bieng faire leur affaire aux autres ! Ong ira les chercher par la peau du cou jusque dans leurs châteaux, et y leur faudra plier le genou devant messire saint Guinefort, ou bieng alors ce sera oneilles coupées avec supplice et torsiong du nez ! »


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Jouven15

« Ignorons-les. » fit Armand du ton le plus digne qu’il se pouvait. « Occupons-nous d’atteindre la chapelle. »

Mais le chemin qui traversait le hameau était à présent encombré de manants, dont beaucoup portaient les affreux stigmates de la peste. Armand adressa une brève prière à Shallya la guérisseuse pour qu’elle les garde de mal. Tout en demeurant hors de portée d’épée, les villageois semblaient chercher à encercler les cavaliers. Sous la conduite du prêtre qui poursuivait son réquisitoire délirant contre les nobles, les accusant pêle-mêle de sorcellerie, d’ivrognerie et de diverses perversions sexuelles, les moines se plaçaient délibérément sur le passage d’Armand et de ses compagnons.

« Penitentiam agite ! La pénitence pour les fautes ! » répétaient-ils sans cesser de se heurter le front de leur planchette.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Jouven16

La haquenée de Brionne finit par ne plus supporter le tapage et se cabra brusquement alors qu’un moine venait lui agiter sous le museau une statuette de bois vermoulue à l’effigie de saint Guinefort. L’infortuné moine reçut un rude coup de sabot qui l’envoya rouler à terre sans connaissance pendant que ses compagnons refluaient en désordre. Les cavaliers saisirent l’occasion et s’élancèrent dans la brèche. Ils étaient presque tirés d’affaire lorsque la voix du prêtre retentit à nouveau entre les murs décrépits de Jouvenargues. Dans la bousculade, le chien incarnant Guinefort avait chu de son coffre et s’était quelque peu égratigné. Il n’en fallu pas plus pour plonger la procession entière dans les affres d’une terrible colère. Les légumes avariés commencèrent de voler vers les cavaliers.

« Sus aux impies ! » crachait le prêtre. « Les seigneurs veulent la mort du bong héraut des dieux ! »

« Tudez ! Au bouscher ! » renchérit un villageois.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 Jouven17

Beppe, qui était parmi les derniers à ne s’être pas encore tiré de la nasse, fut agrippé par deux gaillards qui l’arrachèrent à sa monture et le jetèrent au sol avant de le rouer de coups pieds rageurs. La plupart des vilains paraissaient encore craindre les cavaliers, mais le fâcheux exemple des deux hommes risquait fort d’enhardir les autres.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyMer 1 Juin 2011 - 11:05

Le sang de Din ne fit qu'un tour !
Il rebroussa chemin et fonça sur les deux manants. Devant cette charge, les deux bougres virent leur ardeur calmée et prirent quelque distance. Din en profita pour aider Beppe à monter en croupe et s'éloigna aussitôt, non sans lancer quelques investives bien de chez lui :

"Teste di cazzo ! Accidenti ar tegame di tu mà, ghiozzo di bu'a fonda ! Faccia a culo !"
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyVen 3 Juin 2011 - 1:11

Brionne était penché sur l'encolure de Mélusine, tentant de la calmer du geste et de la voix : jamais il ne l'avait connu si rétive. Il s'en était fallu d'un rien qu'il ne soit désarçonné par sa ruade toute soudaine et c'est impuissant qu'il avait observé la superbe volte du signor Din et le sauvetage de l'infortuné Beppe.
Mais la populace semblait de nouveau leur chercher noises. Il devait tenter quelque batelage... S'avançant vers la foule grondante, il se dressa sur ses étriers et tendit un doigt décharné vers le chien que deux adeptes tentaient maladroitement de remettre sur son coffre :
- MIRACLE ! MIRACLE ! c'est un signe : en quittant son panier, saint Guinefort nous accorde sa protection. Craignez la colère de Saint Guinefort !
Sa voix tonnait, habituée à se faire entendre dans le tumulte du bahourd et du tournoi, couvrant maintenant les jérémiades des prêtres, le son sourd des tablettes de bois sur ces cranes vides ...et les insultes que son compagnon tiléen continuait de proférer.
- A genou devant Saint Guinefort ! Craignez sa colère !
Des talons, il fit doucement reculer sa haquenée qui semblait heureusement revenue à une humeur plus douce et conforme à ses us.
- A genou devant le Saint Canin ! PÉNITENCE ! PÉNITENCE !
Il observait attentivement la foule, la main gauche posée sur la garde de son épée, prêt à estriller le premier coquin s'approchant avec des intentions par trop hostiles.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyLun 6 Juin 2011 - 5:28

Ceux des villageois qui avaient compris les paroles de Brionne furent bientôt plongés dans une houleuse discussion, pesant bruyamment le pour et le contre. Il y avait là, en effet, matière à de très-subtils débats théologiques.


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Le concile improvisé tourna court, cependant, car le prêtre et ses fidèles tonsurés, rejetant totalement l’hypothèse du héraut d’armes, restaient tout à fait convaincus que Guinefort avait frappé d’anathème les étrangers. Quelques coups de planchette furent distribués, cette fois-ci sur d’autres têtes que celles des moines, et la plupart des villageois convinrent qu’il fallait sans nul doute couper les oneilles du jeune Armand et de ses compains. Fort heureusement pour ces derniers, le désordre causé par la vigoureuse intervention de Din et les troublantes déclarations de Brionne leur avait permis de se regrouper. Chacun, à la notable exception d’Onésime qui jugea plus opportun de se réfugier derrière Marius, avait à présent l’arme au poing et se tenait prêt à faire bel accueil aux moines guinefortiens et à leurs ouailles pestiférées.


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Des faux et des fourches se dressaient çà et là au-dessus de la foule, et quelques pierres commençaient même à voler en direction des cavaliers. Un vilain plus inconscient que les autres voulut s’en prendre à Brionne, pensant peut-être que le vieux héraut serait une proie facile, mais il ne récolta qu’une profonde estafilade en plein visage, ce qui incita ses compagnons à la prudence.

Les paysans hésitaient encore à porter la main sur les étrangers quand le bruit d’une cavalcade se fit entendre ; plusieurs hommes montés grimpaient la côte boisée qui s’étendait à gauche du chemin. L’instant d’après, une petite douzaine de gens d’armes surgissaient d’entre les arbres, la lance ou l’épée au poing. Le cavalier qui venait en tête, ne semblant guère surpris par la scène singulière qui s’offrait à son regard, se sépara de sa troupe et se mit à vociférer des ordres aux villageois, qui reculèrent de mauvais gré. Il usait apparemment du même patois que les vilains de Jouvenargues.


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« Assurez-vous que chacun rentre paisiblement chez soi et que ces damnés moines me vident la place ! » fit-il en un langage plus intelligible, à l’attention de ses hommes. « Et s’ils tardent à obéir, saisissez ce prêtre de malheur et branchez-le au premier arbre venu. »

Quelques soldats mirent pied à terre et dispersèrent ce qui restait de l’attroupement en flaquant de grands coups de la hampe de leur lance aux récalcitrants. La troupe, sans être d’aussi pauvre aspect que les manants du village, aurait paru misérable à côté des hommes d’armes de Valfons qui escortaient feu le sénéchal Marc. Seuls deux chevaliers portaient un semblant d’armure, le reste était au mieux vêtu d’un gambison, voire d’un vieux chapel de fer. Le chef de la bande lui-même n’avait guère l’allure d’un grand baron.

« Soyez les bienvenus sur mes terres, messeigneurs. » fit-il en chevauchant vers Armand et ses compagnons. « Je me nomme Harland de Tornac et suis, j’ai honte à l’avouer, le sire de ces gueux-là. Croyez-bien que je regrette votre malaventure. Je présume que les moines qui mènent cette grotesque procession s’en sont pris à vous, est-ce bien cela ? C’est leur façon. Ils accusent les étrangers, les marchands, les nobles, tous ceux dont la tête ne leur revient pas d’être les propagateurs de la peste, ou je ne sais quelle autre fadaise. Je leur avais commandé de quitter ma terre, mais ils n’en font qu’à leur tête. Je devrais faire étrangler leur maudit cabot. Mais vous, que faites-vous sur cette route ? Je gage que vous vous êtes fourvoyés, car elle ne mène à rien de bon. »

« Messire, nous chevauchons en grande hâte vers La Tour. » répondit Armand. « Nous croyons qu’il existe encore quelque sentier à travers ces bois-là, et nous allons en tenter l’aventure. Cependant, nous n’avions pas prévu de rencontrer pareils croquants, si vous me permettez d’ainsi les appeler. Le pays est-il donc en jacquerie ? »

« Pas encore tout à fait, non. » fit le vavasseur avec un sourire tordu. « Mais la peste a frappé ce village d’un coup, et ces plaies-là sont une aubaine pour les oiseaux de malheurs ; les moines passaient par mon domaine, et ils ont trouvé des oneilles pour les ouïr. Au reste, ils sont tous imbéciles, tant les moines que mes serfs, et je ne crains guère que leurs discours de révolte et de sédition se répandent. Mais ils commencent à m’échauffer les oneilles, c’est certain. »

Il s’interrompit pour regarder la procession, l’épagneul sacré en tête, s’éloigner piteusement du village.

« Avez-vous jamais entendu parler de saint Guinefort ? » demanda-t-il plus gaiement. « C’est un vieux conte que nous avons chez nous. Guinefort était, dit-on, le chien fidèle du sire de Casteljau, à deux lieues d’ici. Un jour que le chevalier revient d’avoir couru le cerf, il trouve Guinefort la gueule sanglante et le berceau de son enfant nouveau-né vide. De rage, il tire l’épée et tude le chien, puis découvre son nourrisson indemne à côté d’une vipère tranchée en deux morceaux. Inconsolable, il enterre l’animal au pied d’un gros rouvre et fait dire sur sa tombe des prières à Morr. Quelques sottes bonnes femmes croient pouvoir garder un enfant des serpents en le tenant sur son tombeau et en prononçant je ne sais quelles sorcelleries. Or depuis peu, des fous se sont mis en tête de le vénérer comme un saint et d’aller prêcher sa parole par le pays. C’est l’hérésie que vous avez vue à l’œuvre. J’enverrai tantôt mon fils chevaucher jusqu’au château du vicomte de Sabran, mon suzerain, qu’il y mette bon ordre. Il faudrait même peut-être en porter la nouvelle à notre sire le baron Fulcrand.

Quant à votre fameux sentier, je ne l’essaierais pas si j’étais vous. Mon domaine n’est déjà pas bien sûr à la nuit tombée, mais dans cette direction-là, c’est pis que le Moussillon. Il rôde là-bas une bande de coupe-jarrets des plus atroces, les marauds de maître Quatrezoneilles, qu’on dit plus difforme qu’un homme-bête. Je puis vous montrer moi-même où commence le sentier, si vous le souhaitez, en espérant que vous changerez d’idée en voyant comme il est ténu et embroussaillé. Nous pouvons même y aller maintenant, car cela ne vaut rien de demeurer parmi les miasmes du village, à moins que vous n’ayez quelque chose à y faire. »

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyDim 12 Juin 2011 - 0:17

D'un mouvement de genou, Brionne fit avancer sa haquenée vers le nouvel arrivant :
- Sire de Tornac, il me faut vous remercier pour votre prompte appertise qui nous éloigna cette menuaille. La dame en soit louée : le berger vaut mieux que ses moutons !
Il salua le seigneur des lieux d'une inclinaison du chef, seul signe de respect possible sans descendre de sa monture.
- Vous parlez d'or lorsque vous nous invitez à quitter les miasmes qui règnent céans. Mais il semble que votre hameau abrite une chapelle de Morr et j'aimerais l'inspecter fors la continuation de notre périple. Si vous pouviez m'en indiquer le chemin, je m'y rendrai pendant que mes compagnons reconnaitront le début du sentier et feront paître les bêtes qui ont bien mérité un peu de repos.
La pensée de rester en ce village punais ne l'enchantait guère. Mais sa vieille carcasse en avait vu d'autres, et si la visite de cette chapelle permettait de sauver plus surement la jeune Penthésilée, cela valait bien d'être ladre !

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre IV - Page 4 EmptyMer 15 Juin 2011 - 3:13

« La chapelle est un peu à l’écart du village, le long de l’ancienne route qui traversait Sombrefeuille jusqu’à La Tour. » fit le sire Harland. « Je vous y conduis. »

Il piqua vivement des deux et ses hommes lancèrent leurs montures à sa suite ; Armand et les autres leur emboîtèrent le pas, ne tenant pas plus qu’eux à demeurer parmi les masures pestiférées de Jouvenargues. Les cavaliers traversèrent le hameau à vive allure. Sur leur passage, les quelques vilains qui s’attardaient encore sur le seuil de leur maison échangeaient des paroles à voix basse, certains même s’enhardissaient à faire des signes grossiers de la main aux soldats. Ils furent bientôt parvenus devant la vieille chapelle. Le seigneur de Tornac mit pied à terre et invita les étrangers à faire de même.


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« Le moutier saint Grimoald. » annonça le vavasseur en liant la bride de son cheval à un arbre. « Ce sont là, je crois, les plus vieux murs encore debout sur ma terre. J’en ai fait fermer les portes, vous comprendrez bientôt pourquoi. Mais avant, allons voir votre fameux sentier, et vous me direz après cela si vous êtes toujours aussi décidés à en risquer l’aventure. »

Laissant le gros de son escorte garder les chevaux à l’ombre de la vieille église, le sire Harland conduisit Armand et ses compagnons à quelques pas de là, à travers un champ en friche. La terre gelée craquait sous leurs souliers.

« Vous êtes arrivés à la fin de la route. » fit Harland. « Elle se termine avec ce village sordide peuplé de ladres et de quelques chèvres qui valent mieux que ceux qui les gardent. À partir d’ici, vous ne rencontrerez plus âme qui vive -du moins, c’est ce qu’il faut espérer, car vous n’aimeriez pas celles que vous pourriez rencontrer. Le sentier, si toutefois vous arrivez à le suivre, va grimper, serpenter sans fin sur les crêtes et dans les vallons des bois de Sombrefeuille, et vous pourrez passer un jour entier sans voir autre chose qu’un feuillage enchevêtré au-dessus de vos têtes. Bref, voilà tout ce qui reste de la Veille Route de La Tour. »


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Armand regarda le chemin jonché de feuilles mortes d’un air résigné. Marius et Onésime ne levèrent même pas un sourcil.

« C’est moins terrible que c’que j’aurais cru. » fit le gnome en s’avançant. « Ça n’a pas l’air d’avoir tellement changé depuis la dernière fois. »

« Cela empire très vite, rassurez-vous. » fit Harland. « Par endroits, le sentier se perd tout à fait et vous aurez alors du mal à faire passer vos chevaux tant les ronces ont poussé dru. Mais si vous connaissez la forêt, vous serez aux portes de La Tour dans deux jours au plus, en chevauchant avec hâte. À condition bien sûr de ne pas faire de mauvaise rencontre. Mes serfs prétendent qu’il vit dans ces bois d’horrifiques crapauds géants, mais c’est sans doute faux ; à mon avis, ce genre de monstres se trouvent plutôt dans les marais, un peu plus au sud. En revanche, on a vu dans ces parages des araignées grosses comme des mâtins et des hommes-bêtes à ailes et bec d’oiseaux, sans parler des brigands et des loups, qui nous font beaucoup de tort cet hiver. Je ne voudrais pas être de votre compagnie quand vous aurez à passer une nuit au milieu des bois. »

« Pissemerdre ! Suffit d’pas épuiser les ch’vaux le jour, et on n’a pas à s’arrêter la nuit. » rétorqua Onésime en haussant les épaules.

« Le temps nous est compté. » fit Armand. « Nous devons être à La Tour dans les jours qui viennent. D’autant plus que le Nouvel An et la Nuit des Sorcières seront là dans moins d’une semaine ; je n’aimerais pas battre la campagne à ce moment-là. »

Le vavasseur inclina le chef, renonçant à les dissuader.

« Puisque vous êtes décidés à continuer coûte que coûte, je vous engage du moins à prendre une épée de plus avec vous. »

De la main, il fit signe à l’un des cavaliers de sa troupe.

« Venez çà, comte ! »

Le chevalier qui s’avança vers eux était de très loin le plus richement armé des gens du sieur de Tornac. Alors que ses compagnons portaient au mieux de vieux haubergeons de mailles démodés et quelques plaques d’armure du siècle passé, lui était vêtu d’un harnois de plates, fort élégant mais cabossé par endroits et terni par quelque long périple. Il tenait posée sur son épaule une lourde masse d’armes ; un robuste molosse l’accompagnait.


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« Le comte Wilhem nous a rejoints voilà quelques jours et nous avons tout lieu de nous en féliciter, car il a su se montrer brave compagnon alors que ces damnés moines semaient le désordre sur mes terres et excitaient les séditieux. Il ne serait pas de trop en votre affaire, ce m’est avis. »

Le sire Harland se tourna vers le comte.

« Messire, ces voyageurs sont résolus à chevaucher jusqu’à La Tour à travers bois. Puisque vous ne savez précisément où aller, peut-être pourriez-vous cheminer quelque temps avec eux. Quoique vous ne connaissiez guère la région, vous leur serez de bon secours, je n’en doute pas. »


(Gaalk, c’est à toi. Bienvenu dans un duché où il y a décidément quelque chose de pourri. Wink )

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