Din et Brionne se hâtèrent. Marius leur emboîta le pas.
Ils eurent vite rejoint les chevaux. Seule la robuste monture de l’inconnu au capuchon avait disparu. Brionne montait toujours le palefroi du sire de Renans, une superbe bête alezane aux membres vigoureux ; quoique toujours rétif, le cheval ne serait pas de trop après les pertes de l’embuscade de Quatrezoneilles.
Din et Marius furent en selle en un instant et Brionne ouvrit la voie, entraînant sa haquenée derrière lui. Alors qu’ils reprenaient en sens inverse le sentier tordu et encombré de branches basses qui les avait mené jusqu’à l’assemblée des masques, des bruits confus leur parvenaient. La sonnerie rauque d’un cor retentit à leur gauche, et une autre lui répondit depuis la droite.
***
La clairière était déserte quand ils revinrent. Une légère couche de neige avait déjà recouvert les cadavres des chevaux et les corps difformes ou cornus des hommes-bêtes. Ils s’avancèrent avec d’infinies précautions, et deux silhouettes quittèrent l’ombre des arbres pour venir à leur rencontre : Armand suivi d’Onésime. À quelques pas derrière eux, Leustant menait leurs dernières montures par la bride ; Beppe, encore incapable de marcher en raison de ses blessure, était solidement attaché à sa selle, terriblement pâle mais encore bien vivant.
« Il nous a semblé plus sage d’attendre votre retour ailleurs qu’au beau milieu de la clairière, fit Armand. Nous pouvons nous mettre en route dès à présent ; il me tarde de quitter cette détestable forêt. »
Wilhem ne se trouvait pas avec eux. Lorsqu’ils s’enquirent de lui, Armand montra sans dire mot un monticule de terre fraîchement retournée qui faisait une tâche sombre dans la neige. Les blessures du chevalier avaient eu raison de lui.
« Nous l’avons enfoui à l’écart, qu’il ne soit pas mêlé aux bêtes ni aux mutants, dit Armand.
- On avait au moins les habits appropriés, » ajouta Onésime, désignant de la tête les bures de prêtres de Morr dérobées au monastère dont ses compagnons étaient vêtus.
Armand jeta au gnome un regard noir.
L’aube était presque là. Ils abandonnèrent la clairière, suivant Marius qui chevauchait en tête avec Onésime en croupe.
ICI PREND FIN LE CHAPITRE IV
Alors que pèsent encore sur leurs cœurs la mort du chevalier Wilhem et les terrifiques révélations du sire de Renans, les compagnons chevauchent à bride abattue vers La Tour où se jouera le dernier acte de la pièce. Mais y parviendront-ils à temps ? Une fois passées les portes de la ville, quelles embûches ignobles le démoniaque Florian de Clairac leur tendra-t-il pour les empêcher de délivrer leur message ? Qui est ce mystérieux mais éminemment sympathique chevalier encapuchonné qui s’attache à leurs pas ? Sauront-ils faire entendre raison au baron Fulcrand de La Tour ou le verront-ils impuissant marcher en guerre contre le marquis Foulques de Perbrancas, précipitant le pays dans un sanglant chaos ? Arriveront-ils seulement jusqu’à lui ? Le duché de Gasconnie peut-il encore échapper aux griffes du sinistre comte Albéric de Fontanes, le Maître des Masques ?
Vous le saurez dans
LA SARABANDE DU NOUVEL AN
Cinquième et dernier chapitre d’
IL Y A QUELQUE CHOSE DE POURRI DANS LE DUCHÉ DE GASCONNIE
LE TRÈS-HORRIFIQUE ET NÉANMOINS GLORIEUX RP DU FOROUME BRETONNIEN
Vous pourrez dire à vos petits-enfants : « J’y étais, bande de petits cons. »