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 [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III

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Baron Guilhem de La Tour
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptySam 6 Fév 2010 - 18:25

« Il faudra dans ce cas vous préparer à un long voyage. » répondit Gormont. « Mais vous aurez encore du temps pour y réfléchir. Demain ou après-demain, si les dieux nous l’accordent, nous pouvons atteindre Grailhes, un hameau perdu au fond d’une vallée, à quelques lieues au sud-ouest des ruines du château des Espinaux. Il y a là une auberge où nous pourrions faire halte et panser nos plaies. Bien sûr, il se peut qu’Arnaud y envoie quelque troupe, mais… »

Gormont n’acheva pas ses paroles ; en un battement de cil, il fut encerclé par des flammes dévorantes.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 20090130PHOWWW00119

Les destriers d’Urien et de Wolfram, qui se trouvaient le plus près de lui, reculèrent vivement sans attendre d’ordre de leur cavalier. Alors qu’ils jetaient des regards éperdus à l’entour, les chevaliers virent la silhouette désagréablement familière de Philibert du Montet émerger du couvert des arbres, apparemment seul. Il tenait sa main gauche levée, comme pour commander au feu ensorcelé. Ce fut pour ses anciens compagnons l’occasion de la voir sans gant : elle était osseuse et griffue comme quelque hideuse serre de rapace.

La panique se saisit des montures des chevaliers et Philibert put conduire la sienne sans rencontrer de résistance jusqu’à une toise de Gormont, toujours encerclé par les flammes magiques. Le feu sembla soudain faiblir, et Gormont apparut, le tabard noirci, achevant quelque prière. Sans lui laisser le temps de se ressaisir, Philibert se jeta sur lui avec une impressionnante vivacité et les deux hommes se mirent à échanger de terribles coups d’épée.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptySam 6 Fév 2010 - 19:32

(Hrp: Ah merde, mais c'est donc... le barbeuc à Raymond ! Laughing)

« Ce vieux fou est pire qu'un morpion ! » lança Urien.
Dans sa situation, s'employant à calmer sa monture, Urien ne pouvait pas grand chose pour aider Gormont. Parvenant tant bien que mal à remettre sa monture, toujours très agitée, dans la bonne direction pour pouvoir observer le combat, le chevalier de la Quête tira malgré tout son arme courte en espérant pouvoir intervenir avant qu'il ne soit trop tard.
Il n'avait pas de meilleure option, pour le moment, que de tenter d'attirer l'attention de l'usurpateur un instant. Si Gormont était un bon guerrier, il pourrait sans doute en tirer avantage.

« RAYMOOOOOOOOOOOOOOOMND ! LA FLEUR EN BOUQUET FANE... ET JAMAIS NE RENAÎT ! C'EST LA PETEE !!!»

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Dangorn de Castagne
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyDim 7 Fév 2010 - 4:16

Le destrier rua, manquant de jeter son cavalier à terre. Leustant tenta de le maîtriser mais les flammes surnaturelles avaient rendu sa monture folle. Elle se mit à galoper dans une direction au hasard et Leustant et son destrier s'éloignèrent ainsi du combat. Il parvint finalement à maîtriser la course effrénée de Ronhéron au bout de quelques dizaines de mètres.

Puis il hésita... Le chevalier de la quête était clairement suicidaire ou mentalement déficient pour s'être ainsi jeté au secours de Gormont et ce dernier était certes fort bon combattant et d'une grande gentillesse mais un peu naïf. Les aider à tuer le vieux fou avait l'avantage de pouvoir les débarrasser une bonne fois pour toutes de cette épine dans leur pied, mais c'était prendre un risque de mort inconsidéré, Philibert était un puissant sorcier et pouvait les vaincre tous les trois. Wolfram n'était en effet pas en état de combattre, pas plus qu'Hugo, donc il était le seul à pouvoir faire pencher la balance en faveur de Gormont et d'Urien. Mais cela suffirait-il, ou ne valait-il mieux pas, pour rester en bonne santé et vivre vieux, prendre la poudre d'escampette à cet instant précis, avant qu'Urien et Gormont ne se rendent compte de son absence à leurs côtés dans la lutte périlleuse contre le chevalier hérétique ?

Oh que oui ce serait lâche de les abandonner à leur sort, oh que oui il aurait honte... pendant au moins deux minutes après son départ, avant de se satisfaire d'être encore en vie pour rentrer à Castagne et en réclamer la souveraineté. Il n'aurait aucun mal à mentir après tout, il raconterait à son père qu'il avait tué des mutants à foison, ce qui n'était pas tout à fait un mensonge, en omettant juste volontairement qu'il avait été aidé par de valeureux compagnons bien plus courageux et forts que lui, et qu'il les avait laissé se faire tuer pour couvrir sa fuite dès que le danger fût trop grand à son goût.

Il omettrait aussi de dire qu'il aurait contribué à laisser la corruption s'emparer du Duché de Gasconnie, et laissé tomber Massillargues et ses habitants aux mains des sbires du Chaos.

Faisant mine qu'il n'arrivait toujours pas à diriger sa monture affolée - alors qu'en fait c'était lui qui l'éperonnait - il continua à s'éloigner.

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Baron Guilhem de La Tour
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyDim 7 Fév 2010 - 22:30

Le destrier de Wolfram eut tôt fait de suivre l’exemple de celui de Leustant ; blessé comme il l’était, son cavalier devait déjà déployer de grands efforts pour se maintenir en selle, et ne pouvait guère plus maîtriser une bête ainsi prise de panique.

Philibert ne sembla pas prêter la moindre attention au cri d’Urien et continua de faire pleuvoir les coups sur un Gormont fort diminué. Hugo, qui se tenait à l’avant de la selle de Gormont lors de l’attaque, était tombé lourdement à terre et rampait péniblement entre les sabots des destriers furieux pour tenter de se mettre à l’abri. Urien venait de le remarquer quand il sentit soudain sa jument se débattre. Il jeta un regard au sol et vit qu’un buisson de ronces grandissait à vue d’œil pour s’enrouler autour des pattes du destrier. Un plaintif « Messire Urien, sauf votre respect ! » lui fit reporter son attention sur Hugo, qui était déjà pris au piège de racines noueuses d’aspect démoniaque. L’infortuné halfling était trop mal en point pour se défendre contre pareil sortilège et les mains griffues qui poussaient à présent sur le bois n'allaient pas tarder à le mettre en pièces.

Urien avait trop à faire de son côté pour venir en aide à son compagnon. Il avait beau taillader sans cesse les ronces, elles menaçaient d’immobiliser sa jument qui hennissait de panique et de douleur, les pattes écorchées par les épines devenues énormes et acérées. Les arbres alentours se tordaient en des formes sinistres et envoyaient leurs branches pointues en direction de Gormont et d’Urien. Des visages grimaçants et moqueurs apparaissaient sur les troncs avec des rires de déments. Seul Philibert était épargné ; un terrible sortilège avait été déchaîné qui venait de transformer le bosquet où ils se trouvaient en piège mortel.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 Witchtree-2

Avec un dernier « Sauf votre respect ! », Hugo succomba, les membres déchirés par d’affreuses petites gueules garnies d’épines et le torse transpercé par une branche fourchue. Urien parvint à s’éloigner du combat, mais il était à présent poursuivi par d’étranges démons faits de branches griffues qui s’agrippaient à son armure déjà disloquée. Il les tailladait sans cesse mais n’obtenait guère de répit.

La situation était pire pour Gormont, qui était au cœur de la tourmente. Son destrier connut bientôt le sort d’Hugo et fut percé de branches et de ronces de toutes parts. Gormont continuait à lutter, parant aussi bien les arbres enchantés que les assauts de Philibert. Le seul fait qu’il soit encore en vie et poursuive le combat malgré ses blessures était la preuve d’une vigueur extraordinaire.

Alors qu’il semblait sur le point de céder, Gormont porta un terrible coup d’estoc à Philibert, qui parut foudroyé par la blessure. Il se mit à trembler de tout son corps et tomba de sa selle. Les arbres ensorcelés continuaient d’assaillir Gormont, mais paraissaient soudain lents et gauches, comme s’il leur manquait un guide. Gormont tentait à présent de se tirer du bosquet enchanté en appelant Urien à l’aide.

***
Leustant avait perdu de vue ses compagnons, mais tout danger semblait écarté. Il avait retrouvé un chemin sans trop de peine et le suivait à vive allure quand il aperçut sur le flanc de la vallée qui lui faisait face la silhouette d’un vieux château qui devait être la forteresse des Espinaux. Il venait à peine de faire halte quand une voix bien connue l’interpela du haut d’un arbre.

« C’est-y que c’est là qu’y veut aller, le messire ? » demanda d’un ton faussement poli l’inénarrable Plume-au-cul, apparemment en pleine forme et les deux jambes intactes. « Je vous y emmène, si que tu veux, messire. »

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyLun 8 Fév 2010 - 4:15

"M'y emmènerais-tu, vraiment ?" répondit Leustant, "Ou bien est-ce ainsi que tu veux 'm'enculer' ?" demanda-t-il sur un ton empli d'ironie à Plume-au-Cul.

"Dois-je en déduire que c'est un piège qui m'attend dans ce castel ?"

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyLun 8 Fév 2010 - 4:34

« Pour y aller, t’as qu’à me suivre, c’est par là ! » cria l'enfant en s’éloignant à travers les arbres, au-dessus d’une sente étroite. « Ou sinong, ça veut dire que t’as point de couilles ! »

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyLun 8 Fév 2010 - 6:01

Urien se moquait éperdument du sort du malheureux Gormont et n'était en vérité intéressé que par les quelques pièces d'équipement qu'il pourrait récupérer sur son cadavre. Hélas, aller ramasser son corps risquait d'être compliqué dans la situation actuelle.
Il était en vérité bien plus préoccupé par le sort de Raymond. Ce dernier semblait hors combat, en état de faiblesse, et Urien sentait par conséquent le moment plus que propice pour s'en débarrasser proprement et définitivement. S'il laissait passer cette chance, il était sûr de le voir revenir. Les sorciers étaient pleins de surprises et celui-ci avait la fâcheuse habitude de toujours ressurgir lorsque l'on s'y attendait le moins. De plus, il avait déjà tenté de le tuer pas moins de trois fois, par percement de gidouille à Paussan, par chute mortelle lors du voyage jusqu'au Puech puis par sacrifice au grand architecte du changement dans la forêt, quelques heures auparavant. Il méritait donc d'être châtié pour tout celà.
Malheureusement, l'atteindre à cheval serait délicat, surtout avec une bête en si piteux état. Quant à y aller à pieds avec une jambe cassée, Urien n'y songeait même pas.
A quelques mètres de là, le feu magique invoqué par le faux Philibert avait enflammé quelques bosquets. C'était là une fort bonne arme pour qui voulait combattre des arbres, semblait-il... mais les vilaines figures qui apparaissaient et distordaient l'écorce de ces ignobles choses mouvantes qui tentaient de dépecer Gormont l'effrayaient au plus haut point. Il chercha des yeux Leustant et Wolfram et n'en vit aucune trace.
Inutiles jusqu'au bout, ces derniers avaient pris la fuite sans demander leur reste. C'était sans doute le meilleur choix, d'autant que si le sorcier était parvenu à les rattraper, certains de ses sbires avaient pu faire de même.

« Bon courage !» lança Urien à Gormont. « J'espère que d'autres dans ce duché ont autant de valeur et de vertu que vous.»

Le chevalier de la Quête tourna les talons et partit au trot, loin du massacre.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyLun 8 Fév 2010 - 11:09

"Je préfère ne point avoir de couylles que de te suivre dans un guet-apens organisé par tes semblables, pendable va-nu-pieds mutant. Pourquoi m'aiderais-tu à présent, alors que je t'ai tué l'autre soir ? Va rejoindre tes frères Plume-au-cul, moi je vais par là."

Leustant ne pris pas la direction directement opposée à celle qu'indiquait Plume-au-cul, car cela faisait peut-être aussi partie de son plan. Il en choisit une perpendiculaire, et lança sa monture au galop pour semer le jeune mutant et ses jets de pierres.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyLun 8 Fév 2010 - 18:39

Urien sentait le galop de sa jument se faire de plus en plus lourd. Elle était déjà épuisée par leur fuite interminable et la panique constante qu’elle avait endurée, mais Urien n’avait d’autre choix que de la pousser à un ultime effort. Les arbres ensorcelés n’avaient pas renoncé à la poursuite ; ils flottaient à présent à quelques toises du sol, non loin derrière, comme un étrange vol de charognards.

Wolfram chevauchait à ses côtés, presque effondré sur l’encolure de son coursier. Urien était tombé sur lui alors qu’il venait apparemment tout juste de maîtriser sa monture, et l’annonce qu’une nuée d’arbres enchantés étaient à leurs trousses l’avait persuadé de reprendre la route sans tarder.

Une terrible sensation de vertige commençait à envahir Urien, et il savait que Wolfram devait être dans un état pire encore. Il leur fallait trouver au plus vite un endroit sûr où faire halte, hors d’atteinte des arbres ensorcelés du faux Philibert.

***
Le sentier que Leustant avait choisi serpentait à travers les arbres et les rochers couverts de neige ; il était difficile de dire où il menait, mais il semblait descendre vers le fond d’une petite vallée boisée. Leustant n’avait guère d’autre choix que de le suivre en priant pour qu’il n’aboutisse pas dans quelque tourbière ou marais. Seul motif de réjouissance en cette aube brumeuse, l’infâme Plume-au-cul n’avait plus reparu.


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Il remarqua soudain un autre sentier à sa droite. Il paraissait assez large pour un cavalier. Mais avant qu’il ait pu décider s’il allait ou non l’emprunter, le son d’une cavalcade retentit et Urien et Wolfram déboulèrent devant lui, leurs chevaux se cabrant de surprise devant le sien.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyLun 8 Fév 2010 - 18:48

« Ils sont derrière nous ! Gormont est perdu et l'usurpateur vaincu, du moins pour le moment... d'où venez-vous ainsi ? Avez-vu trouvé traces de ce château en ruine que nous devions rallier ?»

Urien jeta un coup d'oeil inquiet derrière lui. Il leur fallait faire vite.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyLun 8 Fév 2010 - 19:06

*Mais jamais ils ne me lâcheront, à la fin ?* pensa Leustant à la seconde où il vit Urien et Wolfram. Puis il vit les arbres flottants derrière eux et il comprit que les problèmes ne faisaient que commencer.

"Je vois que je ne suis pas le seul à avoir eu l'idée d'aller chercher des renforts" clama Leustant en tirant sur un côté de sa bride pour orienter la course de son destrier dans la même direction que les deux autres.

"Nous ne devons point aller à la forteresse des Espinaux, c'est un piège (itch a tchwap !), Plume-au-cul nous y attend avec ses compères."

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyLun 8 Fév 2010 - 19:31

« Piège ou pas, ma monture ne supportera pas une longue chevauchée ce soir. Les Espinaux sont ma seule chance. Continuez par là, avec Wolfram si vous le voulez, moi je monte. Ils ne pourront pas tous nous suivre. YA !»

Sur ces mots, Urien s'élança sur le petit chemin non balisé par lequel Leustant était arrivé. Il lui fallait atteindre les Espinaux rapidement.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyMer 10 Fév 2010 - 21:16

Leustant ne paraissait pas enchanté par la décision d’Urien, mais il dut se résoudre à le suivre ; les arbres ensorcelés n’étaient plus qu’à quelques pas et deux compagnons d’armes, même fort amoindris, ne seraient pas de trop. Les trois chevaliers repartirent au grand galop. Des bruits de branches secouées et brisées derrière eux leur indiquaient qu’ils étaient serrés de près.

Après quelques montées et descentes, quelques détours malheureux et autres raccourcis trompeurs, le sentier se fit bientôt moins pentu, signe qu’ils devaient approcher du fond d’un vallon. Ils longèrent un profond ravin empli de ronces et, à leur grand déplaisir, virent que le chemin commençait à grimper. Leurs montures étaient à bout de forces, mais il leur était impossible de choisir une autre route : les bois étaient trop denses pour que des cavaliers puissent s’y aventurer. Leurs chevaux déjà durement éprouvés auraient avancé à une allure d’escargot moussillonnais dans l’amas enchevêtré de buissons et d’arbustes aux branches nues qui bordaient le sentier.

La montée fut pénible et assez lente pour faire craindre aux chevaliers d’être rattrapés et tudés avec supplice et enfoncement de branche dans les oneilles, mais ils ne voyaient plus trace de leurs poursuivants derrière eux. Ils avaient pourtant peu d’espoir de les avoir semés. Tout autour d’eux, les arbres les empêchaient de voir clairement où ils se trouvaient et où ils allaient. Ce ne fut qu’au sortir du sentier, quand les troncs s’espacèrent, qu’ils découvrirent tout d’un coup l’immense forteresse des Espinaux, terne et délabrée. Ne voyant guère d’autre voie, ils s’engagèrent en hâte sur le chemin menant à la bretèche qui gardait l’entrée du château. On y accédait par un étroit pont de bois qui enjambait un précipice vertigineux. Il était aussi vétuste que le reste de la place et semblait avoir subi maintes réparations de fortune mais tenait néanmoins debout. Ils l’avaient presque atteint quand, surgissant d’entre les chênes noueux qui bordaient le sentier, les arbres ensorcelés vinrent leur barrer la route.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 Borderland-complete-600web

D’autres apparaissaient sur le chemin derrière eux et les chevaliers furent à deux doigts d’être encerclés. Leur seul espoir était d’atteindre la forteresse à temps. Ils lancèrent leurs destriers dans un ultime galop jusqu’au pont de bois, chargeant à travers les étranges démons flottants qui tentaient de les agripper de leurs branches fourchues. Le martèlement des sabots sur les planches pourries du pont emplit le précipice en dessous d’eux d’un fracas de tonnerre. Urien risqua un regard derrière lui. Ils avaient été trop vifs pour les arbres magiques, qui s’engageaient à peine sur le pont.

Les trois chevaliers passèrent l’arche sombre de la bretèche du château des Espinaux avec un indicible soulagement.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 Castle%2071

Leustant bondit de sa selle et entreprit de rabattre les larges portes de bois renforcées de ferrures pour bloquer l’entrée de la forteresse ; il ne voyait aucun mécanisme qui permît d’abaisser la herse, et en déduisit qu’il se trouvait plus haut dans la bretèche. Urien mit pied à terre en trébuchant à moitié et vint lui prêter main forte. Les arbres-démons n’étaient plus qu’à quelques toises quant ils claquèrent à eux deux les lourds battants par de vigoureux coups d’épaule. Leustant parvint à mettre en place la poutre ferrée qui devait maintenir les portes fermées et recula pour rejoindre les autres. Les portes tremblèrent mais ne cédèrent pas. Les coups firent encore résonner la cour d’entrée de la forteresse quelques instants, puis cessèrent.

Les chevaliers échangèrent un regard en silence. Urien tenait à peine debout, épuisé et la jambe encore douloureuse, et Wolfram était affalé sur sa selle, incapable d’en descendre sans aide. Il leur fallait encore trouver un endroit à peu près convenable pour se reposer et panser leurs plaies. Le château des Espinaux n’était guère plus engageant vu du dedans que du dehors, mais au moins paraissait-il désert.


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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyMer 10 Fév 2010 - 22:43

Urien s'assit sur les marches de l'escalier le plus proche et souffla bruyamment en se passant la main sur le visage.

« Vous voyez, Leustant: pas de problème !»

Il contempla enfin les environs sans prononcer le moindre mot. L'endroit semblait vide et assez sinistre mais néanmoins très calme. Après encore une minute ou deux, il se leva.

« Bon, pas d'oiselet demy-homme en vue, pour le moment. Nous devrions faire le tour du propriétaire. Nous y trouverons peut-être quelque chose d'intéressant... ou de dangereux. Le risque est à prendre. Attachons les montures et cherchons. Je doute que nous trouvions de quoi nous nourrir en pareil endroit mais de quoi nous abriter, nous couvrir et peut-être même nous mieux armer reste possible si nous sommes chanceux.»

Le chevalier de Havras n'avait qu'une envie: s'arrêter, ne plus bouger, se plaindre en pansant ses plaies, puis dormir. Hélas, l'heure n'était pas encore au repos. Il leur fallait d'abord s'assurer que les lieux étaient assez tranquilles pour y séjourner au moins cette nuit.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyVen 12 Fév 2010 - 4:29

Pendant que Leustant aidait Wolfram à quitter sa selle, Urien grimpa l’escalier en clopinant ; après une volée de marches, les pierres en étaient effondrées et un échafaudage branlant les remplaçait. Le bois vermoulu menaçait constamment de céder sous le poids du chevalier, qui devait avancer avec prudence. Ses pas étaient encore mal assurés, mais sa jambe ne semblait pas brisée et il parvenait tant bien que mal à marcher.

Autour de lui, le château était absolument silencieux. Quand il s’aventura sous l’arche sombre qui devait mener aux étages, ses pas résonnèrent avec force sous une large voûte.

Sans trop savoir où aller, Urien parcourut au hasard la forteresse, montant des escaliers encombrés de gravas, enfonçant des portes dont le bois avait gonflé, se frayant un chemin à travers d’horrifiques et gigantesques toiles d’araignées qui pendaient d’un mur à l’autre. Deux ou trois fois, il dut rebrousser chemin devant un éboulement qui bloquait un couloir entier ou devant un amas indescriptible de meubles entassés qu’il n’aurait pu dégager qu’avec plusieurs heures de travail éreintant. Et partout, dans toutes les pièces, la même crasse extraordinaire, la même décrépitude. Le château semblait effectivement à l’abandon depuis des siècles, comme le pensait Gormont. Peut-être une épidémie l’avait-il vidé de ses habitants et nul n’avait-il osé en passer les portes après cela, le condamnant ainsi à l’oubli ? Ou peut-être était-ce un siège qui était responsable de sa chute, auquel cas Urien contemplait une possible image de Massillargues, et de bien d’autres places fortes sans doute, s’ils échouaient.

À mesure qu’il passait d’une aile à l’autre, qu’il montait de tour en tour et de cour en cour, Urien prenait conscience qu’il lui faudrait des heures pour explorer le château des Espinaux tout entier, et probablement des jours pour s’y retrouver dans le dédale de couloirs et de galeries interminables.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 Castle%20interior%2011%20shrek

En guise de dernier coup d’œil avant de s’en retourner auprès de ses compagnons, Urien grimpa un étroit escalier en colimaçon et se retrouva sur la terrasse d’une haute tour qui s’élevait à l’angle d’une muraille, surplombant une falaise de rocher nu. Le soleil finissait de se lever. Des arbres ensorcelés, il ne restait nulle trace. À ses pieds s’étendait une forêt de chênes noueux, encore couverts de la neige des derniers jours. Il voyait le sentier par lequel ils étaient arrivés serpenter vers le sud-est depuis la poterne du château avant de s’évanouir parmi les arbres. Loin dans cette direction devait se trouver le Puech, mais les hauteurs enneigées tout à l’entour l’empêchaient de porter son regard très en avant. Sauf erreur, quelque part à l’est, le Rieusset coulait paresseusement et de terrifiques crapauds dormaient d’un sommeil beaucoup trop léger dans les marais qui bordaient la rivière. Urien se tourna vers le sud-ouest et distingua une petite vallée, et, tout au fond, le sommet de quelques toits de lauzes couverts de neige surmontant des murs de pierre sombre, bien visibles au milieu de tout ce blanc. Il devait s’agir du hameau de Grailhes dont leur avait parlé Gormont. Urien fit de son mieux pour étudier les environs, au cas où ils décideraient de s’y rendre, puis redescendit l’escalier avec la pensée légèrement réconfortante que leur prochain voyage ne se ferait peut-être pas à l’aveuglette.

***
Urien et Leustant étaient adossés côte à côte contre un mur de grosses pierres froides, taillées dans une roche calcaire qui s’effritait par endroits. Ils avaient établi leur bivouac dans ce qui avait dû être une petite salle d’armes. Le plafond était éventré, mais la pièce était relativement vivable et devint presque accueillante quand ils y allumèrent un feu. Ils l’avaient choisie car elle donnait sur la cour de la forteresse, où ils avaient laissé leurs montures.

La lumière d’une matinée blafarde se glissait par le trou du plafond mais chacun se sentait somnolent. Ils venaient de panser leurs blessures et Leustant avait eu tout loisir de réaliser l’indicible horreur de sa condition avec une bonne moitié d’oneille en moins. La jambe d’Urien le ferait sans doute encore boiter quelque temps et sa jument garderait de sa rencontre avec les arbres ensorcelés de larges marques aux pattes et aux flancs, mais nul n’était en péril de mort. Wolfram avait bel et bien la jambe brisée, cependant, et devait à présent se déplacer avec des béquilles de fortune faites de tronçons de bois trouvés dans une pièce non loin. Pour l’heure, il dormait dans un coin de la salle d’armes, emmitouflé sous ses couvertures, laissant à ses deux compagnons le soin de planifier la suite de leur périple, ou de l’imiter.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyVen 12 Fév 2010 - 5:51

Urien était partagé entre soulagement et lassitude. Il était heureux d'avoir pu trouver un endroit calme ou refaire partiellement ses forces à l'abri, semblait-il, de toute menace du moins immédiate. Cependant, la douleur lancinante de sa jambe droite et les élancements de ses divers plaies ternissaient quelque peu son humeur. Il avait dû utiliser le tissu pourtant fort couteux de l'un des derniers vêtements qu'il lui restait en bagage pour refaire le pansement de son bras et la faim commençait à le tenailler.
Sa jument était en sale état et aurait bien mérité un bon fourrage en récompense de ses efforts, et lui-même finit par céder à l'envie de se perdre en lamentations. Après tant d'épreuves, il lui fallait à présent vider son sac.

« Bordel de Bordeleaux, ce duché est vraiment maudit. Je m'attendais à y connaître plus d'épreuves que dans les autres domaines que j'avais eu la chance de parcourir au cours de la dernière année, mais je m'en serais tenu éloigné si j'avais pensé un instant devoir subir pareilles douleurs. Jamais de ma vie je n'avais ressenti une telle faim, mon corps ne me semble plus être que plaies et fractures et mon armure est en miettes. Regardez-moi, j'ai dû perdre quatre ou cinq livres en quelques semaines et je crois que je venderais mon âme et celles de tous les gens de ma baronnie pour pouvoir chopiner dans une salle bien chauffée... non, je les vendrais même pour un simple tonnelet ici même. Et depuis quand n'ai-je touché, senti ou même vu une femme ? Si mon vit ne tombe pas d'inanition avant celà, mon esprit se trouvera irrémédiablement brisé s'il ne m'est pas donné d'en croiser une seule avant la fin de cette quête.»

Les pensées du chevalier de la Quête n'étaient à présent plus tournées que vers une seule chose. Il revoyait les visages de toutes les damoiselles dont il avait partagé la couche un jour puis de celles qu'il avait espéré connaître plus intimement. Un sourire niais aux lèvres, Urien avait presque l'impression qu'il pourrait les toucher s'il tendait la main. Bientôt, il entendit des éclats de voix et des rires féminins résonner dans sa tête. Ce ne fut que lorsqu'un faux mouvement fit entrer en contact sa jambe blessée avec le dur sol de pierre qu'il réalisa qu'il était en train de délirer. Il devait se reprendre s'il voulait survivre aux épreuves à venir.

A ses côtés, Leustant demeurait silencieux.
Le regard tourné vers les cieux qui apparaissaient par le trou du plafond, Urien s'adressa à lui sur un ton d'une étonnante légèreté.

« Vous savez, mon ami, si j'ai trouvé votre départ de tout à l'heure quelque peu prématuré, loin de moi l'idée de vous blâmer pour avoir pris la fuir. J'ai moi-même été du poil du loup, bien souvent (Hrp: c'est une expression médiévale assez peu usitée qui apparait dans certains textes. Je l'utilise car je la trouve marrante. Laughing Elle signifie être suspect de trahison). Il serait mal venu que je joue les moralisateurs. Vous avez fait ce que vous jugiez bon pour survivre et je crois que c'est à celà que nous en sommes désormais réduits. Malgré tout, soyez conscient que vous traversez actuellement plus d'épreuves qu'il n'est de coutume pour les errants de Bretonnie. A ce train, vous risquez bien de devenir un meilleur chevalier que vous ne le souhaiteriez.»

Se mettant à rire, Urien pointa du doigt son épée à deux mains posée avec le reste de ses affaires, à quelques mètres de là.

« Voyez-vous ceci, cette épée que je garde précieusement avec moi comme s'il s'agissait de quelque précieux héritage familial ? Eh bien... elle ne m'appartient nullement. J'avais perdue ma propre épée suite à une nuit de jeux et d'ivresse dans une taverne de Bordeleaux. J'ai simplement prise celle-ci à un autre chevalier de la Quête alors qu'il urinait. J'avais dû le suivre pendant deux jours avant de pouvoir commettre mon forfait. Ce que je cherche à vous dire, c'est qu'aucun engagement moral ne nous lie plus que celà à notre quête de départ. Nous n'avons plus aucun guide pour nous forcer à quoique ce soit ou nous maintenir sur les chemins périlleux de la vertu. Nous sommes libres de tout engagement et de tout devoir.»

Prenant un ton infinimement plus résolu quoiqu'apparemment sincère, ce qui était assez paradoxal pour un tel personnage, il ajouta, les yeux désormais plongés vers les flammes qui crépitaient.

« C'est de mon propre chef, non par quelque douteux sens du devoir ou de l'honneur que j'ai pris, sachez-le, la décision de me rendre à La Tour. J'ignore ce qui m'attendra là-bas, mais pour la première fois depuis ma naissance, je sens que j'ai quelque chose à accomplir. Une chose qui mériterait peut-être que je risque ma vie pour la tenter.»

Il se tourna alors vers Leustant pour le regarder dans les yeux.

« Vous êtes libre d'aller où bon vous semblera, alors, je vous le demande: serez-vous prêt à m'accompagner ?»

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyLun 15 Fév 2010 - 4:09

Après une longue hésitation ponctuée d'un long soupir, Leustant formula sa réponse :

"Ni... euh je veux dire, oui."

Juste après cela, le jeune chevalier de Castagne réfléchit de nouveau à la raison pour laquelle il avait finalement opté pour cette option. Il s'était tout d'abord dit que si plus rien ne le liait effectivement à sa quête de bravoure, il n'avait qu'à rentrer en sécurité au château de Castagne et prendre la succession. Mais il connaissait trop son père : sans preuve, il n'aurait jamais cru son histoire et l'aurait traîté de pleutre ladre et de mentisseur. Jamais il n'accepterait d'abdiquer en faveur de son fils sans que celui-ci ne lui ramène la tête d'un chef de guerre orque, la dent d'un dragon, ou autre bibelot attestant d'un acte suicidaire ayant par pure chance aboutit à une victoire (c'était ainsi que Leustant voyait le courage qui animait certains chevaliers).

Par ailleurs, sortir de ce duché maudit semblait moins aisé qu'il ne l'avait cru au premier abord, donc mieux valait qu'il voyage accompagné. D'autant qu'Urien, bien qu'aussi peu digne de confiance que lui, paraissait suffisamment à l'aise dans les combats pour lui fournir une relative protection.

Il devait s'y résoudre, suivre Urien n'était sans doute pas une très bonne idée, mais c'était la moins pire qu'il pouvait avoir en cet instant s'il voulait survivre.

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Comte Dangorn de Castagne, chevalier du Très-Noble et Respectable Ordre Chevaleresque des Gros Glands Incapables de Terminer leurs Figs à Temps pour les Concours du Foroume, membre fondateur de la Confrérie Très Privée des Trouveurs de Blagues Pourries.
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyLun 15 Fév 2010 - 17:28

Leustant et Urien ne tardèrent pas à tomber de fatigue et se blottirent chacun dans un coin de la pièce, alors même que dans la forteresse du Puech, non loin de là, un malheureux valet était peut-être en train de réveiller le seigneur Arnaud pour lui annoncer que ses hôtes lui avaient faussé compagnie. Bientôt, il ferait grand jour.

Le soleil envahissait la pièce par le trou du plafond. Urien se tourna face au mur en grommelant et tâcha d’oublier un instant les peines des dernières heures. Il repensa à son passage dans la petite ville de Paussan, alors qu’il venait d’arriver dans le duché de Gasconnie, à une époque qui lui paraissait maintenant étrangement lointaine…


AUJOURD'HUI :
FLASH-BACK
DE MERDRE

(Le texte qui suit rassemble les mirifiques aventures secrètes d'Urien de Havras. Il m'avait semblé amusant, à titre d'expérience et pour ajouter, dans la grande tradition du monde de Warhammer, un peu de suspicion et de paranoïa dans le RP, de faire vivre à l'un des personnages des événements déterminants mais qui resteraient inconnus des autres, à moins qu'il ne désire les en informer. Cette petite mascarade culmina avec la disparition d'Urien. Les passages en italiques sont ceux que j'ai envoyés par MP au baron de Havras ; le passage en caractères romains, vers la fin, est de sa plume.)

***
Urien vida d'un trait ce qui serait probablement son dernier verre de la soirée, glissa de sa chaise et s'agrippa vivement à la table pour éviter la chute. Ravi de son habileté, il se mit à glousser bêtement sous les regards perplexes des derniers buveurs à s'attarder dans l'auberge. Peut-être commençaient-ils à se demander si le jeune homme était bien un chevalier de la Quête, ainsi qu'il l'avait affirmé avec force et verve un peu moins d'une heure auparavant, debout sur un tonneau de vin de Sombrefeuille.

« Tas de pouilleux ! » murmura Urien alors que son coude, placé dangereusement près du bord de la table, sombrait dans le vide, entraînant à sa suite le bras, puis le buste qui lui étaient attachés. Leur propriétaire décida qu'il était temps de prendre un repos bien mérité, et tomba en essayant de se lever. L'aubergiste, un gros homme chauve et débonnaire, s'approcha pour lui offrir quelque soutien, mais Urien le renvoya à ses bouteilles et chopines d'un vigoureux grognement, avant de se remettre à glousser. Il se releva, trébucha, s'appuya de tout son poids sur la table, la renversa, et se retrouva derechef sur le sol. Dans un ultime et admirable effort, il se redressa avec dignité et toisa l'assemblée avec un « Ha ! » de triomphe.

« Je puis vous reconduire à votre chambre, mon bon seigneur. » lui proposa l'aubergiste. « Il faut monter un escalier, vous vous souvenez ? » Quelle idée de mettre des escaliers dans une auberge, pensa Urien. La remarque lui parut très drôle ; il gloussa et tenta de l'exprimer à l'aubergiste, mais ne parvint qu'à bredouiller. « L'escalier... l'escalier à l'auberge, eh... on peut dire... vraiment pas malin de votre part... »

Urien n'avait plus très envie de regagner sa chambre, à présent qu'il savait qu'elle était gardée par un escalier. « Mais quand même, hein ! » rugit-il. « Les escaliers... les escaliers, je les taille en tranches de pâté ! Me font pas peur. » C'était vrai. Urien avait déjà pourfendu plus d'un escalier en sa quête. Une bien noble quête, du reste. Si seulement il pouvait se rappeler ce qu'il cherchait. C'était une pensée assez triste, et Urien se mit à sangloter. S'il avait su, il n'aurait pas quitté Havras, et la vie était bien injuste.

Urien respira un grand coup et sortit en titubant. L'air glacial de la rue lui fit du bien. Il se souvenait de son nom et savait qu'il se trouvait devant une auberge où il avait loué une chambre. En revanche, il avait oublié le nom de l'auberge. Il se retourna. Une pancarte de bois vermoulue, battue par la bise, indiquait en grosses lettres blanches « Le Gnome Sauteur ». Ce nom fit beaucoup rire Urien, et il fut content d'être logé à si bonne enseigne. Il était si satisfait qu'il décida de faire quelques pas dans la rue, pour reprendre tout à fait ses esprits.

De légers flocons voletaient entre les façades sombres des maisons, et les rues blanches de neige paraissaient lumineuses dans la nuit noire. La douceur du tableau acheva de calmer le chevalier.

Le Graal. C'était cela. C'était le Graal qu'il cherchait.

Urien fut si content de s'être rappelé l'objet de sa quête qu'il pensa l'espace d'un instant qu'un bon verre de vin s'imposait, en guise de célébration. L'instant d'après, cependant, il tomba à genoux dans un recoin sombre de la rue et soulagea discrètement ses entrailles d'une bonne quantité de matière superflue.

Il s'adossa contre le mur de l'auberge et laissa son regard vagabonder sur les toits blancs et pentus qui se découpaient sur le ciel nocturne, baignés de lune. La lune ! Malheur. Une lune était sortie. Urien se mit à courir, jetant le regard de droite à gauche, éperdu, à la recherche d'un abri. La lune ne devait pas le voir, surtout pas, il était chevalier de la Quête. « La lune ! La lune ! » criait-il en se couvrant la tête de ses mains, bousculant au passage quelques manants et manquant de trébucher sur un aveugle recroquevillé contre de vieux tonneaux. Il risqua un regard par-dessus son épaule et s'aperçut avec horreur que la lune était toujours là. Elle le poursuivait pour le dévorer, parce qu'il était chevalier de la Quête et qu'elle l'avait découvert. Il crut la semer en se ruant au hasard dans le dédale des ruelles, mais chaque fois la lune déjouait ses ruses et le retrouvait.

Alors qu'il regardait derrière lui, il heurta de plein fouet une porte de grange qui s'ouvrit à la volée, avec grand fracas, et tomba sur le sol. Au-dessus de lui, par les trous dans la chaume, il distinguait la lune, toute petite dans un coin de ciel. Elle ne pouvait sans doute plus le voir. Il brandit le poing à son adresse. « Va te cacher, eh, affreuse ! »

Urien s'assit dans la neige, à l'entrée de la grange, essoufflé, nauséeux, l'esprit en pagaille. Il allait attendre que la lune se décourage et s'en aille pour sortir de sa cachette. « Je l'aurai à la fatigue. » se dit-il.

Dans la rue, une jeune fille passa. Urien pensa n'avoir jamais vu si beau visage de sa vie. Emmitouflée dans une cape épaisse, les joues rosies par le froid, ses mèches blondes soulevées par le vent glacial, elle marchait devant lui comme la vivante image de quelque fée de légende, éblouissante de beauté. Urien s'élança à sa rencontre, trébucha, s'effondra dans la neige en grognant. La jeune fille s'empressa de quitter sa compagnie, ce qui plongea Urien dans le désespoir. Il voulut lui crier de revenir et de l'épouser, qu'elle le mettait au supplice en s'éclipsant ainsi sans mot dire, mais les paroles s'embrouillaient dans sa tête.

Il regagna la grange.

***
Il sembla à Urien qu'il se réveillait après s'être assoupi un bref instant. Mais peut-être ne s'éveillait-il que d'une longue rêverie. Dehors, la ruelle était plongée dans le silence. Pas un chat pour marcher sur le rebord d'un toit, pas un volet pour grincer sous le vent, pas une belle jeune fille pour passer devant lui. Pas un bruit. Rien.

Ou plutôt, si. Mais derrière.

Curieusement, il avait l'impression que l'on parlait dans son dos, alors que la rue demeurait muette. Il se leva lentement et marcha vers le fond de la grange. Les voix devenaient plus nettes. Dans l'obscurité, il tâta le mur crasseux, couvert de toiles d'araignées et d'un enduit qui ne demandait qu'à s'enfuir. Il sentit comme une porte. Elle était fermée, mais le loquet de bois pourri céda facilement. Il régnait une odeur de cave derrière la porte, une odeur de moisissure. Urien marcha droit devant lui, jusqu'à une autre porte. Ses yeux s'étaient habitués à l'obscurité et le toit laissait passer assez de clarté pour qu'il puisse s'orienter sans trop de peine. Toujours guidé par les voix, il poussa la porte et délogea une chaise au dossier brisé que l'on avait laissée dans le passage. Il se trouvait dans l'angle d'un couloir délabré. A sa droite, sous une arche basse, un escalier descendait vers quelque cave. Des échos de voix lui parvenaient très distinctement. Plusieurs personnes semblaient chanter à l'unisson, sans qu'il comprît le sens de leurs paroles.

Cette situation étrange piquait la curiosité d'Urien, qui se remit à glousser et descendit sans réfléchir à la rencontre de la chorale, ne s'arrêtant que pour vomir encore un peu sur les marches de l'escalier. Il distinguait à présent la lueur vacillante de torches et le chant était plus fort que jamais. Arrivé en bas, il eut un moment de surprise. La cave lui paraissait immense, plus vaste encore que la salle commune du Gnome Sauteur, alors qu'il s'était attendu à un réduit minuscule. C'était sans doute l'écho qui lui avait fait croire les chanteurs si proches. Au milieu de la cave, une dizaine de personne vêtues de riches habits tournaient continuellement autour d'une sorte d'autel improvisé, en fait un simple cercle de bougies. Tous chantaient et tenaient à la main une torche. Leurs visages paraissaient grotesques, déformés ; il fallut un instant à Urien pour comprendre qu'ils portaient des masques. Il eut un rire soudain. Il s'agissait apparemment d'une quelconque secte proscrite. Il aurait été amusant de se ruer sur eux en hurlant pour leur faire croire qu'ils étaient découverts et allaient être brûlés vifs comme sorciers et adorateurs des démons. C'est ce qu'il s'apprêtait à faire quand le chant se fit plus fort. Les chanteurs s'immobilisèrent et l'un d'entre eux s'avança pour verser le contenu d'une sorte de sac ou d'outre au milieu des bougies, tout en marmonnant d'un air idiot. Urien prit soudain conscience qu'il aurait déjà dû être remarqué ; il recula de quelque pas dans l'escalier et se dissimula à demi au coin du mur. Les chanteurs ne lui prêtaient aucune attention, absorbés par leur cérémonie stupide.

Il y eut alors comme une fumée qui s'éleva d'entre les bougies. En un instant, Urien avait senti ses genoux se dérober sous lui, et une terreur incontrôlable l'envahir. Comme dans un cauchemar, il avait l'impression atroce de ne plus avoir de voix pour appeler à l'aide. La fumée prenait une forme étrange, et remuait comme un serpent, beaucoup trop vite. Urien eut un haut-le-cœur et, pour la troisième et dernière fois de la nuit, marqua son passage d'un flot de vomissures. Quand il eut reprit ses esprits, il ne se souciait plus que de fuir au plus vite, empli d'une peur qu'il ne s'expliquait pas. Il remonta l'escalier quatre à quatre, retrouva le couloir, prit sans hésiter la porte entrouverte, puis celle qui menait à la grange, et se mit à courir dans la ruelle enneigée. Ses pensées étaient à présent remarquablement claires : il fallait fuir.

Urien s'aperçut soudain qu'il criait, et se tut, le souffle rauque. Il lui sembla que des fenêtres s'illuminaient et que des volets claquaient autour de lui. Un choc violent le jeta face contre terre. D'un coup de pied, on le retourna. L'un des chanteurs, un homme de haute taille, le maintenait au sol, la botte sur sa poitrine. D'un geste fluide, il dégaina une épée et en porta un vif coup d'estoc à Urien, qui sentit une douleur fulgurante à l'épaule. Le coup avait dévié. Le chanteur était aux prises avec un robuste gaillard en chemise. En un instant, il l'envoya heurter un mur et lui perça le cœur de sa lame. Il se jeta à nouveau sur Urien, à peine relevé, mais celui-ci rassembla ses dernières forces et lui envoya un hâtif coup de poing dans la mâchoire avant de lui saisir les bras. Le masque du chanteur tomba dans la neige et les regards des combattants se croisèrent. L'homme avait un visage beau et noble, quoique grimaçant de fureur, le nez droit et fin, la barbe grise et bien taillée.

Il se libéra d'un coup de pied qui cloua Urien au sol. Des gens accouraient de tous côtés. La dernière vision d'Urien avant de sombrer fut celle du chanteur qui courait dans la ruelle enneigée, en pourpoint de velours rouge et l'épée à la main.

***
On apprit le lendemain à un Urien passablement hébété que son agresseur s'était évanoui dans le dédale des rues. L'homme qui lui avait porté secours, un maçon du voisinage, était mort. Sa propre blessure n'avait rien de préoccupant. L'aubergiste, venu aux nouvelles, avait reconnu son turbulent locataire. On l'avait pansé sommairement avant de le reconduire au Gnome Sauteur.

La maison qu'il avait visitée cette nuit-là était à l'abandon, et personne ne fit de difficulté à croire qu'elle avait été investie par un groupe de hors-la-loi. Beaucoup semblaient cependant convaincus qu'il ne s'agissait là que de vulgaires brigands, peut-être un peu fantasques dans leurs manières et leur accoutrement (le masque du chanteur, que l'on avait remis à Urien, évoquait une sorte de gargouille ridicule). L'ivresse d'Urien expliquait assez sa terreur ; lui-même savait parfaitement qu'il n'avait pas été maître de son esprit.

On prévint la milice de la ville, qui ouvrit une enquête. Bien entendu, on ne découvrit rien, ni dans la maison ni à l'entour, qui vînt confirmer les visions troublées d'Urien. Ce dernier commençait à se demander s'il n'avait pas effectivement été la proie d'une hallucination dans la cave des chanteurs. Lorsqu'il quitta la ville de Paussan, deux jours plus tard, il n'avait rien appris de neuf, et les souvenirs de cette nuit commençaient à devenir flous.


***
Urien se retourna dans ses couvertures, maudissant les chanteurs de Paussan et leur ignoble agent, le très-détestable Raymond de Malbosc. Dès la première nuit de leur voyage vers le Puech, il aurait dû le reconnaître comme lui-même l’avait reconnu. Ce n’était sans doute que la chance qui l’avait sauvée, cette nuit-là.

***
Urien était de retour devant les murs de Massillargues. C'était vraiment idiot. Après tous les efforts qu'il avait dû déployer pour échapper à la vigilance de ce vieux bouc de Philibert, ses pas l'avaient ramené en ces lieux maudits. L'ost d'Albéric de Fontanes était toujours là, à quelques toises devant lui. La fumée grise des feux de camp montait lentement dans le ciel nocturne. Il entendit soudain des pas dans la neige derrière lui et se dissimula vivement derrière un buisson de houx.

C'était le comte de Fontanes qui passait avec sa femme inspecter ses troupes et s'enquérir de l'avancement du siège. Sans hésiter, Urien se rua sur le comte et lui envoya un superbe coup de pied dans les bourses avant de lui ravir sa femme et de le jeter dans le buisson de houx.

« Tiens, file-moi ça, boulet ! » lui cria-t-il. « Et si tu allais voir dans ce buisson si Guinefort y est ? J'adore ce RP ! »

Riant comme un dément, la femme du sire de Fontanes sur l'épaule, il courut vers les portes de Massillargues, les enfonça à la seule force de ses poings et se dirigea vers le château des Mesliers, bien décidé à coller une bonne paire de gifles à Bermond.

Urien fut soudain tiré de ses songes par un terrible coup qui vint s'abattre sur sa tempe droite. Il ouvrit les yeux et crut distinguer dans l'obscurité une silhouette vague brandissant une épée. Une vive roulade de côté épargna un nouveau coup à Urien. Quand il regarda à nouveau au-dessus de lui, son agresseur avant disparu. La douleur le saisit alors brusquement, comme si la conscience du danger l'avait empêché de la sentir l'instant d'avant, alors que sa vie était sans doute en péril s'il ne réagissait pas promptement.

Avec une grimace, Urien trouva la force de se redresser. Il tâta sa blessure. Une bosse commençait à gonfler mais il ne sentit pas de plaie, ce qui indiquait sans doute que l'inconnu avait, à dessein ou par maladresse, frappé avec le plat de sa lame. Aucun de ses compagnons ne s'était réveillé. Même Philibert était assis à quelques pas devant lui, immobile et inconscient de l'événement qui venait de se produire.


***
Le chant d’un merle tira Urien de son demi-sommeil. En faisant son possible pour couvrir ses oneilles, il repensa à la nuit de l’embuscade des hommes-bêtes, quand il avait été si durement blessé et que ses compagnons avaient craint pour sa vie. Ce n’était que cette nuit-là, dans son délire, qu’il avait compris qui était réellement le soi-disant Philibert du Montet.

***
Urien se trouvait dans la grande salle seigneuriale du château des Mesliers, à Massillargues. L'endroit semblait cependant immense, les voûtes plus larges, les colonnes plus hautes que dans ses souvenirs. En effet, ce n'était pas seulement la grande salle du château des Mesliers, c'était aussi le vestibule du Royaume des Ombres, le domaine de Morr, le dieu des rêves et des trépassés. Morr lui-même siégeait sur le trône de Bermond. Il se leva, majestueux dans sa longue robe noire parsemée d'argent, et s'adressa à Urien.

« Approche, Urien de Havras, » dit-il, « viens en mon royaume, car j'ai des choses à te dire. Écoute de toutes tes oneilles, je te vais révéler de profonds secrets. Mais avant cela, je te vais marcher sur les pieds. »

Morr sauta de son trône et poursuivit Urien à travers la salle. Ce dernier tentait de lui échapper en se réfugiant sous les tables et les bancs, car il était soudain devenu minuscule, alors que Morr grandissait à chaque instant.

Urien vit devant lui un trou de souris et s'y engouffra. Il s'aperçut bientôt que ce n'était en fait pas un trou de souris mais la porte des cuisines du baron Fulcrand de La Tour. De là, il était facile de gagner la salle du festin. Urien se sentit ragaillardi. Il traversa les cuisines en coup de vent, coiffé d'un heaume spectaculaire, au cimier imitant une tête de taureau, de ceux que l'on ne porte guère qu'en de grandes occasions tels que les tournois ou les batailles mémorables. Le moment était en effet historique : il allait enfin goûter aux délices tant vantés du château de La Tour. En passant, il ravit à un petit rôtisseur la broche qu'il retirait de la cheminée et entama l'oie qui s'y trouvait.

« Tiens, file-moi ça, boulet ! » lança-t-il. « Et si tu allais voir là-bas si Guinefort y est ? J'adore ce RP ! » ajouta-t-il en envoyant le garçon à l'autre bout de la salle, parmi les casseroles et les marmites.

Dans la salle du festin, le baron Fulcrand donnait un bal masqué. D'ailleurs, le heaume d'Urien était à présent un masque de vache qui lui valait un grand succès. Il dansait une joyeuse farandole avec des damoiselles enjouées quand, un peu plus loin, un spectacle singulier attira son attention. Des invités tournaient en rond, une torche à la main, en chantant. La scène lui sembla désagréablement familière. Alors qu'il s'approchait, la ronde s'immobilisa. Un grand homme en habits de velours rouge lui tournait le dos. Il le reconnut en un éclair : le chanteur de Paussan. Il savait à présent quel visage il verrait quand l'homme se serait retourné vers lui et aurait jeté bas son masque. Saisi d'une peur soudaine, il ne voulait surtout pas qu'il se retourne, mais à peine cette pensée lui était-elle venue que le chanteur fit brusquement volte-face, et il revit alors sa figure avec une terrible netteté. Des traits beaux et nobles, le nez droit, la barbe grise et bien taillée. Le visage de Philibert du Montet.

Urien se réveilla en sursaut. Autour de lui, ses compagnons dormaient et la nuit était paisible. À quelques pas, Philibert montait la garde, enfoui sous sa lourde cape.

La ressemblance lui paraissait évidente, à présent, et s'il ne s'agissait que d'une simple coïncidence, elle était incroyable. Il n'avait vu le visage de l'homme de Paussan qu'un bref instant et le souvenir de cette nuit d'ivresse lui était lointain et flou, mais ce cauchemar le lui avait rappelé avec une extraordinaire précision. À moins que Philibert eût un frère jumeaux ou qu'Urien fût en plein délire, c'était bien le vieux chevalier qui avait manqué de l'occire à Paussan.


***
Ce rêve l’avait décidé à agir. Mais Philibert avait probablement entendu la discussion qu’il avait eu peu après avec Leustant et Wolfram. Urien avait eu tout loisir de s’en apercevoir pendant la nuit qui avait suivi ce conseil clandestin.

***
Quel maudit froid il faisait, songeait Urien alors qu'il attendait en grelottant que s'ouvrent enfin les portes du château de Havras. La neige couvrait ses épaules et il regardait avec envie, bien au-dessus de lui, les fenêtres illuminées qui brillaient dans la nuit noire.

Un garde qui ressemblait atrocement à Hugo l'invita enfin à le suivre à travers les escaliers et couloirs de la forteresse. On le fit entrer dans la grande salle du château, baignée de lumière. Une infinité de torches brûlaient aux murs, des bougies et des guirlandes de lierre et de houx ornaient les tables chargées de victuailles.

Aucun des nombreux et joyeux convives en habits de fête ne lui accorda le moindre regard alors qu'il se dirigeait vers le dais qui signalait la place du seigneur des lieux. Étrangement, la neige continuait à tomber sur Urien, s'attachant à ses pas. Il laissait derrière lui comme un sentier blanc sur les dalles de pierre de la salle.

Uther se prélassait dans une baignoire en or massif, finement ciselée et évoquant l'aspect du très saint Graal de la Dame. Il était entouré de maintes ravissantes pucelles, qui eurent une moue dégoûtée en voyant Urien s'approcher dans ses vêtements déchirés et couverts de neige boueuse.

La voie honnie de son frère s'éleva des vapeurs du bain.

« Encore toi ? Mais tu es déjà venu la nuit dernière ! »

Les jeunes filles dévêtues qui s'accoudaient sur les rebords du Graal-baignoire tirèrent la langue à Urien en lui jetant de l'eau de leurs blanches mains.

« Çà, mais dis-moi, » reprit Uther en regardant d'un œil amusé le nuage qui suivait Urien en le couvrant de neige, « il fait bien mauvais temps, en Gasconnie, pour les chevaliers de la Quête au rabais. Allons, je comprends fort bien que tu sois revenu. La mascarade ne pouvait durer toujours. Même un Gasconnien sait reconnaître un véritable chevalier de la Quête quand il en voit un. Car je gage que tu n'as pas encore eu le moindre aperçu du saint Graal. Me trompé-je ? »

Urien sentit la colère l'envahir.

« Tout au rebours ! » s'écria-t-il. « Je viens de le trouver. Le voici, là, devant mes yeux ! »

Il désigna la baignoire depuis laquelle le narguaient son frère et ses amies.

« Du reste, » poursuivit Urien qui gagnait en assurance, « tu commets un blasphème et sacrilège horrifique en t'y livrant à des cochoncetés indicibles. Hors de ce Graal, et tout à l'heure, sans quoi je te vais couper les oneilles. »

Il se jeta sur Uther, mais s'aperçut qu'il avait disparu avec l'eau et les pucelles. Le fond du Graal était un trou sans fond dans lequel il sombra.

Urien atterrit sur une surface brune et souple. Il s'agissait manifestement d'une pintade rôtie de très grande taille. Il venait d'arriver en le royaume de Morr, et plus précisément dans l'un des plats de sa table.

« Encore toi ? » fit Morr. « Mais tu es déjà venu la nuit dernière ! »

Attablés aux côtés de Morr, Urien vit Gilles le Breton et ses Compagnons du Graal, ainsi que Louis l'Impétueux et l'entière lignée des rois d'antan. Il y avait aussi là son père, le vieux baron Lothaire, Ronhéron, le cheval de Leustant, Girard, l'ami d'Hugo, le crapaud des marais du Rieusset, et même le maçon de Paussan auquel il devait la vie.

« Heu... » fit Urien. « Je ne voulais pas déranger. »

Morr posa sur lui des yeux sévères.

« Je ne suis guère content de toi, Urien de Havras. Tu t'es conduit avec plus de témérité que de courage, et plus d'emportement que de sagesse. À présent, sache-le, celui qui se fait passer pour Philibert du Montet te va marcher sur les pieds, et il me faudra trouver quelqu'un d'autre pour déjouer ce maudit complot qui rend le duché de Gasconnie si pourri. C'est malin. Pour cela, je te condamne, de par ma mansuétude, à avoir les oneilles coupées. »

Morr saisit un os de pintade et l'abattit sur le chef d'Urien.

***
Urien se réveilla en sursaut, juste à temps pour voir un gourdin bien réel s'abattre sur sa tête.

Il sentit qu'on le traînait dans la neige, à demi inconscient et incapable de se défendre. Les étoiles semblaient tourbillonner dans le ciel. On le jeta à terre. Devant lui se tenait Philibert du Montet, le visage éclairé par un rayon de lune.

« J'ai cru remarquer que ce voyage vous pesait, messire Urien. » dit-il avec douceur. « Je vous accorde le repos, avec mes compliments très sincères. De tous les gêneurs que j'ai eu le plaisir de rencontrer, vous remportez la palme du plus idiot. »

Philibert se saisit à nouveau de lui. Urien vit en dessous de lui un précipice dont il ne pouvait distinguer le fond.

« Veuille agréer ce sacrifice d'un loyal champion de ta cause, Architecte des Destins. » psalmodia le vieux chevalier. « Ne vous inquiétez pas, vous ne sentirez rien. » ajouta-t-il en se tournant vers Urien.

Ce dernier ne put seulement faire un geste. Il tomba dans le vide, sentit un choc terrible, puis plus rien.

***
Urien sentit que quelqu'un s'approchait de lui.

« Messire Urien ! »

Une petite silhouette floue apparut devant ses yeux et se pencha sur lui. C'était lui. C'était le gnome.

« Messire Urien ! Réveillez-vous, messire Urien ! »

Il était revenu, il l'avait retrouvé. Urien se sentait las comme jamais, et le moindre mouvement lui coûtait les pires efforts. Rien n'empêcherait plus l'ithypallique créature d'abuser sexuellement de sa personne.

« Messire Urien, sauf votre respect, c'est moi, Hugo ! »

Urien ouvrit tout à fait les yeux. Il étendu sous de nombreuses couvertures, au milieu d'arbres blancs de neige. Le soleil était levé et la matinée avançait. Sa jument lui souhaita le bonjour d'un hennissement cordial.

***
Il fallut quelques heures à Urien pour être en état de s'asseoir et de prendre un déjeuner sommaire. Ils se trouvaient dans une combe boisée, dissimulée par les branches denses et feuillues des yeuses. On apercevait au loin une haute falaise.

« C'est de là que vous êtes tombé, messire Urien, sauf votre respect. » expliqua Hugo alors qu'il mangeait. « Quand je suis allé voir, j'étais prêt à parier que vous étiez en morceaux, sans vous offenser. Vous pouvez remercier la Dame, ou qui vous voulez. »

Le halfling montra du doigt un grand chêne noueux qui poussait au pied de la falaise.

« C'est l'arbre qui a dû amortir votre chute. Et comme la neige est épaisse, par là-bas (même que j'ai peiné pour avancer là-dedans), vous vous en êtes sorti. Fameuse chance, en tout cas, et c'est aussi du bol que le Philibert ai pas trop pris le temps de regarder oùsqu'il vous lâchait, dans le noir. Faut aussi espérer qu'il reviendra pas jeter un œil. »

Urien était couvert de bleus et de bosses terrifiques et souffrait d'atroces maux de tête, mais il n'y avait pas à craindre pour sa vie. Philibert avait sans doute cru jouer finement en le précipitant du haut de la falaise pour faire croire à quelque accident si d'aventure on retrouvait son corps, mais il avait en fait commis une assez grave imprudence, semblait-il.

« Depuis l'attaque des hommes-bêtes, » poursuivit Hugo, « moi, je dors plus qu'à moitié. Tout ça m'en a fichu un coup, quand j'ai vu ce qu'il faisait, notre vieux Philibert. J'avais bien entendu causer de chevaliers du Graal qui brûlaient les démons en les touchant et autres, mais ça, je sais pas, j'ai eu la frousse comme jamais. Pas naturel, j'ai pensé. J'ai eu des cauchemars, et tout, si vous voyez. Et j'ai commencé à avoir peur de lui, sans savoir pourquoi.

Hier soir, je l'ai entendu qui s'approchait de vous, et puis vous assommer avant de vous traîner comme un sac (sans comparaison et sauf votre respect). Moi, j'ai d'abord pas bougé d'un pouce, vu comme j'avais peur, et puis je me suis dit : « Hugo, mon vieux, ça va comme ça. Le vieux Philibert est fou ou pire, et tu ferais mieux de foutre le camp. Mais d'abord, faut voir si tu peux aider ce pauvre Urien. Un monsieur toujours si-z-aimable ! Et qu'a une jument qu'est si brave ! » Alors je l'ai détâchée, votre brave jument, j'ai pris vos affaire et les miennes en vitesse et j'ai suivi le Philibert de loin. Je l'ai vu vous balancer du haut de la falaise, sauf votre respect. Je suis descendu voir, et vous étiez pas mort, alors je vous ai traîné jusqu'ici. Et comme vous aviez la jambe salement amochée, je vous ai fait une attelle comme que j'ai pu. »

Urien prit soudain conscience d'une douleur sourde dans sa jambe gauche, souleva ses couvertures et vit qu'elle était immobilisée par quelques branches et un pansement de fortune.

« Je pense que vous pourrez bientôt monter à cheval, gaillard comme vous l'êtes, messire Urien, sans vous offenser. Mais vous allez boiter quelques jours au moins, et peut-être plus, j'ai peur. Vous allez vous reposer encore un peu, pis on partira d'ici, il fait malsain. »


Urien avait repris peu à peu ses esprits au fil des heures et commençait à sentir en lui son sang bouillonner, à mesure que sa pensée se faisait plus claire. Il n'avait plus en tête qu'une seule idée: se venger de l'usurpateur, le trainer dans la boue et lui dire qu'il remportait la palme de l'assassin le plus idiot qu'il ait jamais connu avant de lui faire rendre gorge.
Tout en ruminant sa vengeance, le chevalier observait le halfling. Il lui devait une fière chandelle car, s'il avait survécu à sa chute grâce à une chance insolente, ce dernier l'avait retrouvé, pansé et avait même sauvé son équipement, lui donnant la possibilité d'accomplir la justice qu'avait réclamé Morr.

« Je ne saurais assez vous remercier, maître Hugo. Il semblerait que je vous doive plus que je ne saurais rembourser pour le moment. Assurément, vous mériteriez le titre d'écuyer pour votre grandeur d'âme et la résolution dont vous avez fait preuve la nuit passée.»

S'il y était allé fort en éloges, l'heure n'était plus à l'économie de compliments car Hugo était à présent son seul acolytes, et un de plus de valeur qu'il ne l'aurait pensé, de surcroît. Il l'appréciait même un peu plus à présent et en venait à tolérer ses bavardages incessants.

« Pour ce qui est de Philibert, je puis vous dire qu'il est aussi chevalier du Graal que vous ou moi. Un sorcier, voilà ce qu'il est. L'authentique Philibert de Montet, s'il vit encore, quelque part dans ce duché, doit avoir la barbe qui se hérisse à chaque fois que ce cuistre utilise son nom comme le sien.»

Son bras n'avait pas encore regagné toute sa force et il avait désormais une jambe inutilisable. Affronter le faux Philibert n'était pas à l'ordre du jour. Malgré tout, il ne pouvait pas se permettre, pensait-il, de perdre la piste de l'usurpateur dont il voulait la tête plus que tout. Loin d'être motivé par quelque noble sentiment de justice, Urien se devait de prendre la vie de cet homme qui l'avait sous-estimé, l'avait raillé et tenté de le tuer afin de rétablir l'équilibre. Il n'appréciait pas non plus d'avoir mal estimée la situation et devait rectifier les choses tant qu'il le pouvait.

« Leustant et Wolfram courent un grave danger et je doute qu'ils aient autant de chance que moi lorsque le sorcier décidera de les éliminer à leur tour. Je crois qu'il est de notre devoir (hrp: mon cul ! Ce sont des ingrats qui me prennent pour un traître et méritent de mourir promptement ) de les sauver des griffes de cet homme. Mais nous devrons agir avec prudence car, s'il est sans doute plus facile de tuer un sorcier qu'un saint vivant, l'homme reste particulièrement dangereux.
Nous jeter dans la gueule du loup serait imprudent... et j'ai déjà payé assez cher pour le moment mon manque de prudence.
Je dois d'abord vous demander si vous savez où nous sommes, vous qui connaissez mieux le duché que moi. A présent, chaque mot de ce vieil homme est devenu douteux, aussi me demandais-je si le Puech était réellement à proximité comme il l'avait prétendu ? Quel est votre avis ? Est-ce là qu'il emmène nos compagnons à l'heure actuelle ? Si toutefois vous pensiez aller ailleurs, en un endroit de votre connaissance où nous pourrions trouver quelque assistance, je ne m'y opposerai pas car la tâche qui nous attend sera rude et nous aurons besoin de tout le soutien possible. Ah ! D'une manière ou d'une autre, nous châtirons cet imposteur. Je serai pour cela le bras armé de Morr. Quelle ironie, depuis toujours il a été dit que j'étais de mauvais augure, que j'étais né sous l'étoile du conflit. Me voici à présent l'instrument de quelque justice divine.»

Hugo s'accorda un instant de réfléxion.

« Ben, si vous voyez, messire Urien, quand j'ai commencé à trouver qu'y avait quelque chose de louche chez lui, moi aussi je me suis demandé si des fois messire Philibert nous emmenait bien au Puech et si c'était pas comme qui dirait un coup fourré. Mais pour ce que j'en sais, sauf votre respect, il avait bien l'air de nous guider vers le Puech. Je connais pas trop tous les chemins de crêtes qu'il nous a fait prendre, si vous voyez ; avec Girard, on passait par les grand-routes, vu rapport à la charrette. Mais si je me suis pas trompé, c'est comme il a dit : on est à moins d'un jour de marche du Puech, et je pense qu'avec un peu de chance, et peut-être en tâtonnant un peu, je pourrais nous y emmener.

Pour moi, je dirais qu'il voulait bien aller là-bas. Et ça, sauf votre respect, c'est bien la meilleure des raisons pour pas y aller, m'est avis, et c'est pas mon grand-papa qui me contredirait. Le Puech, messire Urien, sans vous offenser, je sais à quoi ça ressemble : c'est pas bien grand, un gros village, à peine, ou un petit bourg, si vous préférez, et encore, même pas. C'est surtout une sacrée forteresse, si vous voyez. Alors d'une y a pas grand-monde et donc on aura du mal à se fondre dans la foule (vu qu'en y a pas, de foule, si vous me suivez), et de deux, les portes devraient être drôlement gardées. Et même, je serai pas étonné si qu'on nous laissait pas rentrer, ou si qu'on nous faisait poireauter. À tous coups, si on y va, on y sera pas depuis deux heures que le Philibert, il saura qu'on y est.

Le problème, bien sûr, c'est qu'on n'a plus trop de quoi manger, sauf votre respect, alors que c'était déjà pas la joie ces jours-ci. Et à part le Puech, je sais pas trop quel village on pourrait trouver dans le coin. À mon avis, il vous faut au moins un peu de repos au chaud, bien nourri et ceci-cela, et le reste. Philibert et les deux autres resteront sans doute quelque temps au Puech, ça devrait vous laisser de quoi vous remettre avant de tenter quelque chose, si vous y tenez. Si vous êtes d'accord, messire Urien, sans vous commander, on abandonne le Puech et on essaie de descendre des hauteurs. Quand on sera dans la plaine, on trouvera bien une route, et en la suivant, on tombera tôt ou tard sur un hameau. »


***
Urien ouvrit les yeux à contrecœur. À en juger d’après le ciel d’un gris de perle qu’il voyait par le trou du plafond, l’après-midi était déjà bien avancée et, les jours d’hiver étant courts, le soir ne tarderait pas à arriver. Malgré la horde de souvenirs venus l’assaillir pendant son sommeil, il se sentait déjà un peu plus reposé ; quelques heures de plus à dormir eussent cependant été les bienvenues, quoiqu’il eût presque passé la journée entière dans ses couvertures après cette pénible nuit.

Soudain, Urien se figea. Il entendait nettement des bruits de pas résonner dans la cour en contrebas.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyLun 15 Fév 2010 - 22:30

Rampant jusqu'à ses affaires aussi rapidement et silencieusement que possible, Urien chercha nerveusement ses armes et s'équipa en vitesse. Il n'avait plus sur lui, pour seule défense, que sa cotte de mailles percée par endroits. Remettre son armure serait trop long, il lui fallait agir. Lançant un caillou sur Leustant, il l'appella plusieurs fois en espérant ne pas être entendu. Tentant de réveiller par de nouveaux cailloux son camarade endormi, il tira lentement, dans un crissement de métal, son épée à deux mains puis s'approcha de la cour.

Si des personnes étaient dans la cour, c'était sans doute qu'elles avaient été dans le château avant même leur arrivée. Celà n'augurait rien de bon.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyMar 16 Fév 2010 - 1:33

Alors que Leustant émergeait péniblement, Urien s’approcha du seuil de la porte et risqua un coup d’œil hors de la salle d’armes. Une silhouette vêtue d’un épais manteau de voyage et d’une lourde cape couverte de neige traversait sans hâte la cour du château. L’homme portait un chapeau à larges bords rabattu sur son visage et tenait en main un grand bourdon apparemment orné d’ailes de corbeau. Vu d’ici, il avait tout l’air d’un berger des montagnes ou d’un pèlerin, mais il restait à expliquer la raison de sa présence en pareil lieu. En le regardant approcher, sans trop savoir pourquoi, Urien se sentit mal à l’aise.

L’homme se mit à monter les marches de l’escalier qui menait à la salle d’armes, sa cape soulevée par la bise. Il était à présent à portée de voix ; dans quelques instants, il se retrouverait nez à nez avec Urien et Leustant.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyMar 16 Fév 2010 - 2:18

Urien fit un pas en arrière et se tourna vers Leustant. Ce dernier n'avait pas l'air conscient du danger qui arrivait. Mieux valait agir sans lui.
Si Urien se plaçait derrière le mur longeant l'escalier, d'une part de la porte, il pourrait sans doute surprendre le vieil homme à son arrivée en haut et le tenir en respect le temps de savoir ce qui l'amenait.
Alors qu'il se mettait en place pour son plan, sa jambe blessée, qu'il contrôlait encore mal, heurta un ratelier d'armes. Dans un terrible fracas, une épée et une lourde masse tombèrent au sol tandis que se mettaient à tinter, en se cognant les unes aux autres, les armes restées en place.

Puisqu'il venait de trahir sa présence, la meilleure chose à faire était encore de ne plus chercher à être discret.

« Halte là ! » cria-t-il. « Un pas de plus et je ne saurais garantir votre sécurité, à moins que vous ne vous annonciez, vieil homme.»

L'épée au clair, brandie droit devant lui, Urien s'avança hors de la salle d'armes pour demeurer en haut des escaliers. Son regard, fier et rude, laissait entendre qu'il ne se laisserait pas impressionner malgré la sensation de malaise qu'il sentait grandir en lui.

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Dernière édition par Baron de Havras le Mar 16 Fév 2010 - 2:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyMar 16 Fév 2010 - 2:19

Leustant avait les yeux bouffis et le sommeil engourdissait ses mouvements et sa perception mais il eu le réflexe de prendre son épée en voyant approcher le vieux pélerin.

"Gnnneuuu qui va là ?"

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyMar 16 Fév 2010 - 2:42

L’homme s’arrêta à quelques pas d’Urien et leva les yeux vers les deux chevaliers qui se tenaient en haut des marches, les armes à la main.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 15710

« Bonsoir, messeigneurs. » fit-il doucement. « Je suis heureux de vous avoir rencontré si vite, et surtout, de vous trouver entiers. Ou peu s’en faut. » ajouta-t-il en jetant un regard au pansement ensanglanté qui masquait l’oneille mutilée de Leustant.

« Voyons, je ne crois pas me tromper en supposant que je m’adresse aux messagers du bon sire Bermond des Mesliers, c'est bien cela ? Vous pouvez laisser vos épées en repos, je ne suis pas venu vous tuder avec supplice et exorbitation des yeux. La nuit sera là dans quelques heures, aussi pensé-je que vous attendrez pour le moins demain matin avant de reprendre la route ; j’espère donc que vous voudrez bien m’accorder un bref entretien. Peut-être pourrions-nous entrer ? Il fait assez froid et j’ai longtemps cheminé dans la neige, aujourd’hui. »

(Voilà, l’image a fini par arriver, comme de juste. Laughing )

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyMar 16 Fév 2010 - 2:50

Urien était perplexe.

« Vous semblez en savoir beaucoup, assez pour que votre histoire mérite d'être entendue. Cependant, ce n'est pas vraiment ce que j'appellerais s'annoncer. Je vous concède qu'il fait ici grand froid, aussi j'aimerais en finir avec les civilités aussi vite que possible. Avant toute chose, je vous saurais gré de révéler sans tarder votre nom et, s'il vous agrée, celui du seigneur auquel va votre fidélité dans cette lutte qui déchire ce duché pourri !»

En attente de réponse, Urien posa son épée à deux mains sur son épaule et ne bougea pas d'un pouce.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyMar 16 Fév 2010 - 3:09

L’homme haussa les sourcils avec un air de surprise ironique. Les deux chevaliers mirent un instant avant de comprendre pourquoi son expression leur semblait si étrange : ses yeux étaient d’un blanc laiteux, et de toute évidence aveugles. Il n’en paraissait cependant pas le moins du monde gêné ; il avait grimpé apparemment sans difficulté l’escalier de bois branlant qui conduisait à la salle d’armes et fixait à présent le visage d’Urien.

« Mon nom, s’il n’y que cela pour vous complaire, le voici : je me nomme Albaron de Sauvan. » répondit l’homme. « Quant à mon seigneur, je n’en ai point. Cela vous suffit-il ? »

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyMar 16 Fév 2010 - 3:44

"Très bien. Entrez, je vous prie."

Il poussa le vieillard et Urien à l'intérieur, sans laisser le temps à ce dernier de protester, entra à son tour et ferma rapidement la porte derrière lui.

Restant entre celle-ci et le vieux voyageur pour l'empêcher de s'enfuir, il se tourna de nouveau vers le vieux voyageur.

"Nous ne pouvons plus prendre de risque après toutes ces félonies dont nous avons fait les frais. Les agents de Fontanes sont partout, qui nous dit que vous n'en êtes point un ? Vous êtes peut-être un sorcier vous aussi. Quelles preuves avez-vous à nous offrir pour nous assurer que nous pouvons vous faire confiance ? Répondez."

Il chuchota à Urien à côté de lui :
"Tenons-nous prêt à le tuder au moindre signe de sorcellerie de sa part."

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyMar 16 Fév 2010 - 3:49

« Voilà qui me convient...» dit Urien, avec le sourire.

Il s'écarta pour laisser passer le vieil homme et lui fit un signe courtois pour l'inviter à entrer... avant de réaliser que ce dernier ne le verrait pas. Il fut alors bousculé par Leustant qui, étonnamment, n'avait pas l'air de se faire dessus.
Urien rengaina sa longue épée dans son dos et poussa de nouveau la porte. Après un long regard scrutateur en direction de la cour, afin de s'assurer qu'aucun autre "invité" n'avait accompagné le vieil homme, Urien referma et alla s'asseoir à son tour non loin de l'endroit où il avait dormi, à proximité du feu à présent éteint.

« Il ne vous sera fait aucun mal tant que vous ne ferez rien de stupide, messire. Il serait idiot d'attaquer un homme qui se dit amical sans avoir entendu ce qu'il a à dire. En attendant, excusez le manque d'hospitalité, mais nous n'avons rien de mieux à offrir qu'une pièce au plafond troué et nous sommes dépourvus de nourriture et de boissons pour fair bon accueil à nos hôtes. Mais, trève de bavardages... je crois que vous avez beaucoup à dire.»

Assis en tailleur, le coude contre la tempe, Urien attendait de connaître le fin mot de l'histoire. Les yeux rivés sur l'étrange personnage dont il se demandait bien comment il avait pu arriver ici, il ne prêta plus aucune attention aux ronflements de Wolfram mais pensait pareil que Leustant. Une telle apparition allait contre la logique. La méfiance était de mise dans un duché où les sorciers étaient légion.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyMar 16 Fév 2010 - 4:54

Wolfram était à présent éveillé et observait le nouveau venu avec surprise. Leustant se plaça à quelques pas d’Urien, l’épée toujours en main.

L’homme s’assit lui aussi en tailleur, face au petit tas de branches noircies qui occupait le centre de la pièce. Il donnait la très étrange et désagréable impression de regarder les cendres encore fumantes de ses yeux vitreux. Seule une certaine maladresse dans ses mouvements laissait penser qu’il était bel et bien aveugle. Quand il s’adressa aux deux chevaliers, ce fut en les fixant de ses yeux morts, par quelque extraordinaire instinct qui se substituait à la vue.

« Je regrette de devoir dire que votre accueil manque un peu de courtoisie. » souffla-t-il. « Je ne m’attendais pas à de meilleures dispositions de votre part, cela dit. Mais pardon ! quel froid, ici. »

Il n’avait pas achevé sa phrase qu’un feu crépitait devant lui.

Leustant sursauta et voulut serrer la garde de son épée mais s’aperçut qu’il était en train de la lâcher. Ses mains étaient secouées de tremblements et ne parvenaient plus à rien saisir. Le même phénomène semblait frapper Urien. D’un même élan, les deux chevaliers amorcèrent un geste pour se lever mais leurs séants respectifs demeurèrent obstinément cloués au sol et l’homme partit d’un grand rire qui emplit la salle d’armes.

« N’ayez surtout aucune inquiétude, il ne vous sera fait aucun mal tant que vous ne ferez rien de stupide. » fit-il entre deux éclats de rire. « Vous devez vous dire que je commence moi aussi à manquer singulièrement de courtoisie. C’est que je suis tout aussi méfiant que vous, mes chers seigneurs. Mais je le répète, n’ayez aucune inquiétude ; quoique cela me peine quelque peu de l’admettre, je suis votre allié -vous ne le savez pas encore, voilà tout. Tenez, je vous promets même de lever mes enchantements dès que je serai sûr que vous n’avez pas d’intentions déshonnêtes à mon égard. »

Leustant, Urien et Wolfram étaient réduits à une impuissance presque parfaite. Ils ne pouvaient se lever ni prendre en main le moindre objet -le sorcier se tenait de toute façon hors de portée de leurs armes.

« Bien, maintenant que nous voilà tous aussi paisibles que des agneaux, venons-en à l’affaire qui m’amène ici. Vous connaissez mon nom et vous pouvez témoigner que je suis quelque peu sorcier ; c’est l’essentiel de ce que vous avez à savoir sur ma personne. Sachez tout de même que si, comme je le crois, vous êtes assez mal disposés à l’égard du comte de Fontanes, je le suis plus que vous ne le serez jamais. En cela au moins, nous entendrons.

Je voudrais, pour commencer, savoir ce qu’il est advenu de messire Gormont de Montselgues. Tout semble indiquer qu’il a trépassé il y a peu. Vous pouvez parler librement. Je ne vous cacherai pas qu’il était de mes amis, mais quand bien même vous m’annonceriez que vous lui avez fait subir une extraction de la cervelle par les talons, je ne vous couperais point pour autant les oneilles -pas même le petit bout qu’il vous reste, messire. » fit-il à Leustant.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyMar 16 Fév 2010 - 6:04

« Merdre ! Merdre ! Merdre et merdre !» laissa échapper Urien. « Il est certain que nous nous méfions de vous, à juste titre vois-je, mais si vous possédez pareils pouvoirs, il vous aurait été possible de nous paralyser après que nous eussions amorcé un quelconque geste hostile au lieu de directement entamer une discussion sur ces bases. J'en déduis que vous ne voulez donc pas nous parler d'égal à égal (hrp: allez-y, torturez mes têtons délicats avec cette pince, je ne dirai rien ! Laughing ). Si ce sont des informations que vous voulez, sachez que nous parlerons bien plus de gré que de force et la chose sera plus agréable pour tous, je crois. Je pense également qu'il existe de meilleurs moyens de gagner la confiance de personnes que de les entraver après deux mots échangés. Vous disiez notre accueil froid, mais je commence à douter qu'un sens de l'hospitalité ait jamais existé dans le duché de Gasconnie. Même si nous nous mettions à tuder avec supplices toutes les gens que nous croisons tout en les insultant et en leur crachant au visage, nous ne serions même pas encore au diapason avec les Gasconnards.»

Urien n'appréciait pas de s'être fait avoir une fois encore par un suppot du chaos et, même si le vieil homme se disait relativement sans mauvaises intentions, il le pensait lié aux puissances de la ruine quoiqu'il arrive, ce qui en faisait un ennemi de fait.

« En attendant que vous fassiez preuve de bonne volonté en nous permettant à nouveau de nous mouvoir à présent que la preuve de votre toute puissance est faite, je vous révélerai ce que je sais du sort funeste de Gormont de Montselgues car je crois qu'il n'y a pas là matière à grands secrets. Tandis que nous venions vers ce château avec Gormont pour guide, un autre de votre engeance que vous connaissez certainement, un certain Raymond de je-ne-sais-plus-quoi, vassal du baron de la Tour vendu à Fontanes qui, par ailleurs, avait déjà essayé de tous nous occire en se faisant passer pour le chevalier du Graal Philibert de Montet, a surgi et nous a assaillis de ses sortilèges. J'ai vu Gormont le percer de sa lame mais des arbres démoniaques invoqués par le vieux sorcier nous aurons finalement séparés de notre guide et poussés à nous hâter à trouver refuge. La dernière fois que j'ai vu votre ami, ces arbres lui marchaient sur les pieds.»

Il marqua un temps et regarda ailleurs, manifestement vexé d'avoir été capturé une nouvelle fois.

« Maintenant, je ne puis qu'espérer que le conte vous a plu car je n'en ferai pas d'autre à moins d'être relâché ou contraint. Même les crétins sans pouvoirs maléfiques de mes couilles bleues ont leur fierté.»

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre III - Page 3 EmptyMer 17 Fév 2010 - 2:27

« Le conte m’agrée, en effet. » répondit Albaron. « Ou plutôt, il s’accorde avec ce que je sais ou devine par ailleurs. Gormont est donc mort. Je le craignais. Quant à vous libérer, nous en reparlerons tantôt. Du reste, je ne vous demanderai plus le moindre conte, à présent. Écoutez-moi seulement. »

Tout en parlant, il se leva, sortit un morceau de charbon de bois d’une sacoche et se mit à griffonner des signes divers autour des flammes. Ses symboles ou ses runes, quoi que ce fût, ne ressemblaient à rien de connu, ce qui laissait bien entendu présager du pire.

« Je sais le plus gros de votre histoire. » poursuivit le sorcier. « En fait, je sais tout ce qu’il importe de savoir jusqu’au moment où ce bon Raymond vous a rattrapés dans la clairière. Mais je crois qu’il vaut mieux que je vous raconte la véritable histoire depuis le début, jusqu’à ce que quelqu’un de plus savant que moi ne vienne prendre ma relève.

Si vous trouvez déjà notre duché pourri, vous allez avoir de nouvelles raisons de le haïr. Quand le siège a été mis devant Massillargues, vous avez sans doute pensé qu’il ne s’agissait là que d’une nouvelle péripétie dans les guerres entre maisons nobles qui ravagent la Gasconnie depuis que le duc est mort en laissant derrière lui un fils adolescent. C’est un peu plus grave que cela. »

Tandis qu’il parlait, le feu s’élevait toujours plus haut. Les trois chevaliers avaient retrouvé l’usage de leurs mains, mais ils commençaient à ressentir une inquiétude qui n’avait rien à voir avec le fait d’être à la merci d’un adepte des arts sombres, quelque chose de plus profond et de beaucoup plus dérangeant.

« J’ai commencé à m’intéresser à la magie il y a des années de cela, quand je régnais encore sur mon fief. À cette époque, je me fiais à d’anciens ouvrages tous plus ou moins erronés sur l’alchimie et la nécromancie que j’avais dénichés à grand-peine. Je menais quelques expériences, mais sans grand résultat, n’étant pas sorcier de naissance. Mais un jour, j’ai fini par découvrir des vérités que vous ne voudriez pas connaître sur la sorcellerie, les démons, les dieux, et j’en suis venu à en choisir un nouveau comme patron. Bien sûr, les manants à la tête creuse qui vivaient sur mes terres ont commencé à murmurer, et après quelques années, j’ai été découvert et forcé de quitter le château de mes pères.

Aujourd’hui, mes yeux sont aveugles, mais je vois tant de choses qui m’échappaient avant que je ne regrette pas l’échange. Mon nouveau seigneur m’a récompensé au-delà de tous mes espoirs. Il m’a guidé vers mes frères -c’est-à-dire, en langage clair, que j’ai rejoint un culte secret. Or il se trouve que ce culte était alors en lutte avec un autre ; celui-ci était consacré à un dieu que nous ne nommons pas mais que ses serviteurs surnomment l’Architecte des Destins, et qui s’oppose depuis toujours à notre seigneur, le Père de la Peste.

Les suppôts de l’Architecte ont fini par l’emporter et nous avons été massacrés. Le principal responsable de notre défaite est un certain comte Albéric de Fontanes. Il prit la tête du culte et parvint à attirer toujours plus de pauvres naïfs dans des sectes et des organisations secrètes. On en trouve dans tout le duché, à Embrun, à La Tour, à Ferignac, Paussan, Perbrancas, où vous voudrez. Il semble même que certains de ses gens commencent à recruter dans des villes du sud des duchés de Brionne et de Quenelles. Nous faisons ce que nous pouvons pour les combattre, mais nous ne sommes plus qu’une poignée. Et la plupart sont des proscrits dont la tête est mise à prix, comme moi, alors qu’Albéric est comte et qu’au train où vont les choses, il finira duc.

Gormont était des nôtres. Il était chargé de vous protéger de Raymond de Malbosc, et il y a laissé la vie, à ce qu’il semble. Sa perte nous rapproche encore un peu plus de la ruine et il est probable que notre culte finisse par mourir. Mais nous ferons notre possible pour que nos rivaux tombent avec nous.

Bermond vous a donné comme mission de chercher du secours pour briser le siège de Massillargues. Aucun noble n’est près à mener son ost devant les murailles de la ville, ce serait déclarer la guerre à Fontanes. Il faut donc qu’Albéric soit démasqué et reconnu comme maître d’un culte interdit ; c’est le seul moyen de pousser les braves buveurs qui gouvernent le duché à lever le nez de leur chopine avant le printemps et à se liguer contre lui. »

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Dernière édition par Baron Guilhem de La Tour le Lun 22 Fév 2010 - 17:07, édité 1 fois (Raison : Ji tou tue au moyen du Croc à Merdre et du Sabre à Phynance.)
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