[IYAQCDPDLDDG] Chapitre premier

Un silence de mort régnait à l'entour alors que la compagnie pataugeait dans l'eau froide et boueuse, gelée par endroits. Le temps clair du matin avait mal tourné, et le ciel était d'un gris terne et plutôt déprimant, à l'image des marais.




Le moindre murmure semblait résonner autour des chevaliers, et les bruits les plus forts, comme les éternuements d'Urien ou la chute de Wolfram dans un trou d'eau, faisaient s'envoler des bandes de corneilles effrayées.

La descente des hauteurs vers les rives du Rieusset n'avait pas été de tout repos. Urien, fort heureusement, se remettait rapidement ; la fièvre l'avait quitté et il fut en mesure de chevaucher très convenablement, avec Hugo en croupe, dès que Philibert les eut menés en terrain à peu près plat. Ils ne tardèrent pas cependant à regretter les crêtes et les sentes enneigées et battues par les vents après quelques heures dans les marais. Il leur fallait bien souvent mettre pied à terre pour dégager de quelque trou le sabot d'un cheval. Alors que midi approchait sous un ciel toujours aussi gris, il leur semblait déjà traverser les marais depuis une éternité tant le paysage était monotone et le temps maussade. Wolfram, trempé par sa chute, commençait à s'enrhumer et Leustant, monté sur leur fidèle cheval de bât, regrettait à l'évidence l'échine de l'infortuné Ronhéron. Hugo et Urien formaient en revanche un couple particulièrement déroutant. Le halfling faisait une nouvelle fois montre de son éclatante capacité à garder toute sa joie de vivre au milieu des pires ennuis, et Urien, à sa demande, lui faisait admirer le très étrange et horrifique masque qu'il avait, d'après lui, arraché au monstre de Paussan. Malgré les regards et autres sourires à la limite de la grimace que lui avaient adressés Urien précédemment, Philibert ne prêtait pas la moindre attention à cette sombre histoire, préférant sans doute ne pas mettre en doute les propos douteux du chevalier de Havras avant que celui-ci ne soit pleinement rétabli et en mesure de supporter quelque critique.

Hugo était en train de raconter à une assistance distraite comment les monstres cornus à un œil qui vivaient dans les marais capturaient d'innocentes paysannes pour en faire leurs épouses, quand la jument d'Urien plongea une patte dans un trou et trébucha, précipitant ses cavaliers dans l'eau glacée. Hugo le suivit de peu, mais sa chute fut heureusement amortie par celle du chevalier.

Urien voulut se relever, mais glissa sur ce qui devait être une pierre moussue et tomba derechef. Se relevant de nouveau, il constata qu'il lui était presque impossible de faire un pas sans glisser sur des pierres étrangement visqueuses. Le sol lui parut soudain trembler sous ses bottes, et il fut soulevé d'une bonne toise avant de choir une dernière fois à grand fracas dans l'eau boueuse. Urien leva lentement les yeux et croisa le regard humide d'un crapaud terrifique qui le dépassait presque en hauteur, et de beaucoup en largeur.




Resté un instant interdit de stupeur, Philibert mit vivement pied à terre, tirant son épée enchantée, et dit en un murmure : « Vous voyez, Urien, même en hiver... »

« Il n'y a plus d'saisons... » rétorqua Urien, mécontent de sa chute.
Il se demandait si les crapauds géants locaux étaient vraiment mangeurs d'hommes. Celui-là n'avait pas l'air franchement menaçant pour le moment, au mieux avait-il l'air stupide. Peut-être était-il déjà repu.
S'il ne l'exprima qu'à voix à peu près basse, au prix de gros efforts tant il avait envie de hurler, Urien pesta un moment en retournant vers sa monture.

« Marais de mes couilles ! Il fait froid, j'ai encore mal et pour couronner le tout je suis tombé de cheval ! Ah ! Aller par les marécages ! Brillante idée... la plus brillante des idées de merdre, à n'en point douter. Les routes ! Il n'était pourtant pas si compliqué de passer par des routes bien tracées. Nous ne sommes pas des voleurs après tout et que pouvait-il nous y arriver de terrible ? Nous faire attaquer par des hommes-bêtes ? C'est là la plus lamentable des farces ! Des patrouilles de Fontanes auraient-elles causé plus de dommages à notre fière compagnie ? Mais, il était certainement tellement plus amusant de prendre une route plus longue en nous interdisant les feux pour finalement terminer par patauger dans des marais à moitié gelés pour le simple plaisir d'affronter des monstres gluants. Quelque chose de pourri en Gasconnie ? Pour sûr ! Notre expédition tout entière l'est jusqu'à la moelle et depuis le départ.»

Enfin, il explosa après sa longue tirade.

« Allez ! Coupez-lui les oneilles ! Marchez sur ses enormes pieds ! Arrachez-lui la langue si cela vous chante ! Qu'importe la méthode, tant que vous faites vite ! Je suis las de ces monstres tous plus hideux les uns que les autres et de cette marche insensée.»

"Prenez garde Urien, j'ai ouï dire que certains crapauds géants avaient des pouvoirs magiques dépassant l'entendement et commandaient à des armées de lézards bipèdes."

Leustant tira son épée mais plutôt que d'attaquer de front, il décida de manœuvrer le cheval de selle d'Hugo afin de contourner l'animal surdimensionné.

Le crapaud sembla écouter d'une oneille attentive les doux propos d'Urien sans y trouver d'offense, et se contenta de fixer le chevalier de son regard mélancolique.

Il se retourna en revanche fort vivement, aussi vivement que sa masse impressionnante le lui permettait, quand Leustant le voulut prendre sournoisement de flanc. Sans doute ulcéré par la fourberie de la manœuvre, il se campa fermement sur ses pattes et ouvrit une gueule dégoulinante, malodorante et globalement horrifique, quoique dépourvue de dents. Il en jaillit comme l'éclair une langue gluante, extraordinairement longue, qui vint s'enrouler autour de Leustant, l'arrachant à sa selle pour le mener en la bouche béante du crapaud, qui commença à mastiquer le sire de Castagne avec conviction. Ce dernier était plus ou moins protégé par son armure et se débattait tant qu'il était difficile pour l'ignoble bête de l'écraser convenablement. Avant qu'aucun de ses compagnons n'ait pu réagir, Leustant avait cependant déjà les jambes prises dans la mâchoire du crapaud et une bave répugnante souillait son bleu tabard.

Ses incessants grelottements masqués par la poids de son armure, Wolfram vidangeait fréquemment ses morvines pour enrichir la boue de Gasconnie en Repugno-éléments.

Et puis ce Crapaud Géant était apparu ... bizarrement calme, louchement calme, et Ser de Castagne avait entreprit de le flanquer.

Un éternuement s'était alors imposé au jeune errant, et le temps qu'il relève le nez, Leustant avait déjà été capturé par les abominables mâchoires de la créature.

"Par les taches de rousseur de la Dame !
Il tente de dévorer la Noblesse de Bretonnie !
Sus au Monstre !
Pour la Dame et le Roy !"

Leustant avait le Chic pour se mettre dans les ennuis, éperonnant son cheval, Wolfram se rua au petit galop vers l'Aberation Gasconne, le fer de sa lance viserait l'un des yeux démoniaquement globuleux et vif de la Beste Infâme!

Urien resta interdit devant la scène. La manière dont le crapaud avait attrapé Leustant l'avait surpris et l'aurait probablement laissé hilare s'il avait été de meilleure humeur car l'action que se jouait devant lui était des plus grotesques.
Il avait l'étrange sensation qu'occire cette créature n'apporterait rien de bon et qu'il valait mieux la faire partir, si possible après avoir recraché Leustant.
Urien scruta le sol à la recherche d'un caillou mais en trouver dans un marécage n'était pas chose aisée. Fort heureusement, la grosse bestiole en avait fait apparaitre quelques uns en retournant la vase. Se baissant, il en ramassa un semblable à une sorte de galet et l'envoya à Hugo, qui se relevait, avec ces mots:

« Visez l'oeil, qu'il s'en aille ou recrache Leustant. »

Urien n'était pas certain qu'une simple pierre suffirait à atteindre efficacement l'oeil visqueux du crapaud, mais il fallait tenter le coup car il n'avait aucune intention de tirer l'arme contre ce genre d'animal. C'est alors qu'il remarqua Wolfram qui avait déjà commencé son attaque.

« En voilà un qui cherche à savoir si un crapaud géant a assez de place pour deux hommes en armure dans sa bouche. » déclara-t-il en ricanant.

Pris dans l'enfer gluant de la mâchoire du monstre qui le comprimait et tentait de l'écraser, Leustant remercia la Dame de lui avoir soufflé de dégainer son épée avant de se faire gober. Il essaya de piquer et de taillader la chair autour de lui, mais ses mouvements étaient limités par les pressions qui s'exerçaient à tour de rôle sur tout son corps qui était balloté en tous sens. Par miracle son bouclier n'avait pas été arraché, et il s'en servit pour se protéger la tête et les bras en le plaçant devant lui.

Profitant que l'anoure entrouvrait sa gueule pour mieux le mâcher, de sa lame le chevalier castagnet visa la langue immense de l'amphibien et frappa d'un coup net pour la trancher.

S'acharnant sur la langue de l'horrifique crapaud, Leustant faisait couler des flots d'un sang épais qui emplissait la gueule du monstre et se mêlait à sa bave plus qu'abondante. Plus il tailladait le crapaud, plus ce dernier l'écrasait sous son palais, déterminé à se débarrasser au plus vite du chevalier.

Alors qu'il tentait de lui broyer le torse de ses grandes pattes malhabiles, il avisa le téméraire Wolfram qui lui donnait l'assaut. Il recracha avec vigueur Leustant, qui tomba tête la première dans l'eau boueuse, dégoulinant de bave et de sang gluants, accompagné d'un beau morceau de langue en lambeaux. Le terrain n'était pas à proprement parler idéal pour une charge de cavalerie, et Wolfram ne parvint qu'à grand-peine à se maintenir en selle. Sa lance manqua largement sa cible et ne fit qu'érafler le dos de la bête, qui paraissait peu sensible à la douleur. D'un bond fulgurant accompagné d'énormes éclaboussures, le crapaud se jeta sur le flanc du cheval de Wolfram qui s'abattit sous son poids et tomba lourdement dans l'eau du marais.

Wolfram n'eut pas même le temps de se dégager de ses étriers avant de recevoir l'assaut du monstre, qui manifestait l'évidente intention de lui briser les os avec torsion du nez, voire des dents. Il l'eût fait sans l'intervention de Philibert, qui se rua sur lui et fit pleuvoir les coups d'épée sur sa peau humide. Sa lame étincelait faiblement, mais il faudrait sans doute se passer de la magie de la Dame cette fois-ci. Son assaut, quelques égratignures mises à part, ne servit guère qu'à détourner l'attention du crapaud. Wolfram parvint à se remettre péniblement sur pied. Quant à Hugo, il obéissait avec ferveur à l'ordre d'Urien, mais le monstre sentait à peine les pierres s'abattre sur sa sinistre face.

Urien contemplait la scène qui se jouait sous ses yeux d'un air dubitatif.
Il se dit qu'il lui serait certainement possible de passer à travers la peau rugueuse de l'animal pour lui trancher un membre ou deux avec son épée à deux mains. Malheureusement pour ses compagnons, il était dans l'incapacité de manœuvrer une telle arme dans son état.
Le chevalier de la Quête s'était retrouvé en un instant dans la position finalement assez enviable de seule personne à ne pas avoir levé la main -ni même tiré l'arme- sur la créature, ce qui en faisait probablement le dernier candidat au festin. Au moins pouvait-il se réjouir de ce simple fait.

Ayant constaté l'influence qu'il avait sur le petit Hugo qui faisait toujours son mieux pour le servir, Urien lui dit de cesser son tir manifestement inutile. S'il hésita à attraper le halfling pour le lancer au crapaud en guise d'octroi, il n'en fit rien et se contenta de rester planté là.
Etant donné la difficulté qu'ils avaient, Philibert et son épée magique compris, à venir à bout du monstre, il ne restait qu'à espérer que d'autres ne pointent pas le bout de leur langue.

« L'extérieur est trop solide et trop gluant pour les épées et les épieux. Leustant a eu plus de chances à l'intérieur de la bouche. Hugo, auriez-vous avec vous de la poudre noire comme votre regretté camarade... qui utilisait cette arme à feu ? » s'il l'avait jamais connu, Urien avait déjà oublié le nom de l'autre colporteur. Cependant, l'idée était là et il ne restait qu'à espérer que le semi-homme aurait ce qu'il lui demandait.

Alors que Philibert contenait tant bien que mal le crapaud, mais cédait peu à peu du terrain, Hugo fouillait frénétiquement dans son bagage, et en sortit enfin deux petites poires de poudre noire.

« C'est tout ce que je retrouve, messire Urien. » fit-il. « Mais la poudre risque bien d'avoir pris l'eau et de plus servir à rien, même si que vous arrivez à faire du feu. C'est pour quoi que vous voulez ça, au fait, sans vous commander ? »

« Pas de boom quand c'est mouillé, hein ? J'aime les choses qui explosent mais c'est dans ces cas-là que l'on se rend compte que seules les bonnes vieilles méthodes Bretonniennes sont fiables.»

Il regarda le vieux Philibert reculer devant la créature et demeura silencieux pendant un instant.

« J'aurais essayé. Bon, attendez, regardez tout de même si la poudre est utilisable. L'idée est de la faire avaler au crapaud pour avoir un joli spectacle. Je n'ai pas encore tous les détails, notamment sur la manière d'y mettre le feu, mais vous comprenez certainement le principe.»

Il marqua un temps d'arrêt, leva les yeux et porta la main à son menton.

« Si la poudre est inutilisable, un nain m'avait raconté une fois qu'il était possible de faire éclater ce genre de batraciens en leur faisant fumer la pipe. S'il était certainement fin saoul, il semblait néanmoins sûr de son fait. Je me suis laissé dire que beaucoup des vôtres aimaient consommer ce type de produits, alors peut-être en avez-vous avec vous... encore qu'il faudrait une grande quantité d'herbe et une fort grande pipe pour provoquer l'explosion de pareille beste.»

Alors que ses compagnons combattaient avec vigueur et pataugeaient dans la vase, le chevalier passait en revu dans son esprit autant de plans que possible mais rien ne semblait assez bon pour régler la situation.
Hormis attaquer par divers angles ou émettre des sons susceptibles de provoquer quelque réaction chez l'animal, les options paraissaient de toutes les manières bien limitées.
De plus, il était très certainement trop tard, maintenant que la moitié de la langue du monstre gisait sur le sol, pour régler le combat sans le tuer.

« Visez le ventre, il est très certainement plus mou que le dos.» se contenta-t-il de conseiller à Philibert qui s'escrimait toujours.

Le front d'Hugo se plissait sous l'effet d'une intense réflexion.

« Messire Urien, sauf votre respect, » commença-t-il, « je vois pas trop comment faire péter une bête pareille avec mes deux pauvres poires de poudre, si vous me suivez. Et elles ont l'air d'avoir salement pris l'humidité, et pis faudrait pouvoir faire un feu vraiment rapidement. »

Le crapaud émit une sorte de gargouillis déplaisant quand Philibert lui meurtit de sa lame l'un de ses gros yeux humides.

« Ensuite, » poursuivit le halfling, « si vous voulez fabriquer un genre de bombe, y faudrait faire une mêche, et bien calculer le coup : ni trop longue, ni trop courte. Mais même comme ça, je gage que si qu'on l'envoyait dans le gosier du crapaud, avec tout ce qu'y a de bave et de sang là-dedans, la mêche serait éteinte avant qu'on ait le temps de dire merdre. »

Wolfram, arrivé à la rescousse de Philibert, tentait en vain de percer l'immonde peau du monstre de sa lance, tandis que Leustant, s'étant relevé à grand-peine, semblait chercher quelque faille dans sa défense.

« Pour la pipe à faire sauter les crapauds, » reprit Hugo, « ben c'est drôle que vous en parliez, sauf votre respect. C'est mon cousin qui m'avait appris à faire fumer les crapauds. Le nain vous a pas menti : ça fume, ça aspire tant que ça peut, et ça gonfle ! une vraie vessie. Et pis, paf ! ça finit par éclater. »

Philibert fut violement jeté dans la vase. Wolfram vint à son aide, mais ne réussit qu'à se faire désarmer.

« Pour un crapaud comme ça, bien sûr, » murmura pensivement Hugo, « il faudrait une très grande pipe. Mais une fois qu'on a la pipe, pardon ! le crapaud aspire sans s'arrêter, et vas-y Machin, y a plus qu'à regarder le spectacle. Dommage qu'on n'ait pas une pipe géante. On pourrait peut-être creuser un tronc d'arbre. »

Le crapaud horrifique recula de quelques pas. Philibert se redressa en toute hâte, cheveux et barbe trempés, et se tint prêt à accueillir la bête, l'épée bien en main, pointe en avant. Mais le crapaud se détourna du vieux chevalier et bondit une nouvelle fois, s'abattant presque sur Leustant. L'épée du Castagnet vola dans les airs à quelques pas de lui alors que le monstre tentait de l'immobiliser de ses larges membres.

« Vraiment, c'est idiot de ne pas avoir de pipe assez grande. » regrettait Hugo. « Je suis sûr que ça aurait marché. Au fait, on pourrait peut-être reculer un peu, messire Urien, qu'en dites-vous ? C'est vite fait de prendre un mauvais coup dans ces affaires-là. »

Leustant se jeta sur le côté, tentant d'esquiver les pattes ventousées et de se rapprocher de son épée qu'il venait de perdre. Il roula dans la boue dans un vacarme de casseroles qui s'entrechoquent tout en tendant la main pour attraper son arme. Dans sa chute il entrevit le chevalier de Havras et le halfeling qui étaient en grande discussion tandis que le reste du groupe se battait contre l'immonde beste.

"Surtout ne nous aidez point, messires Hugo et Urien !"

Urien n'y connaissait pas grand chose en matière de bombes et d'explosifs, il devait le reconnaître. Il avait cependant pensé à régler le problème de mèche et d'humidité en envoyant simplement Hugo avec la poudre, dans la gueule du monstre. Toutefois, puisque ce plan n'était plus d'actualité, il convenait d'en trouver un autre. Il hésita à lancer un mot d'encouragement à Leustant, mais il se dit qu'affirmer qu'il faisait du bon travail ainsi aurait été un mensonge trop flagrant.

« Je ne crois pas que le jeune sire Leustant veuille nous voir reculer pour le moment.» déclara-t-il « Il doit bien y avoir quelque chose que nous puissions faire pour eux, j'en suis persuadé... vos onguents et vos huîles ! Si nous pouvions en briser quelques fioles dans sa bouche, nous pourrions sans doute perturber ses perceptions et le rendre assez furieux pour devenir incontrôlable et de fait imprudent, et ainsi créer des ouvertures pour nos camarades. Si ce plan vous agrée, je le crois facile à mettre en oeuvre, à moins que vous n'ayez quelque nouvelle idée, maître Hugo.»

Dès qu'il eut son épée en main, se relevant tout poisseux de bave, de sang et de boue, le bel azur de son tabard ayant disparu sous l'espèce de brun sombre ignoble de la couche de crasse qui le recouvrait, le turquoise de ses yeux perçant à travers ce masque peu ragoûtant, Leustant courut en trébuchant pour se mettre hors de portée du monstre et rejoindre Hugo et Urien qui continuaient à réfléchir et à deviser.

"De par ma merdre, il est de taille impressionnante et il n'est point aisé à vaincre ! Je crois que j'ai égaré mon cheval, Hugo, avez-vous vu par où il s'est en allé ?"

(HRP : Le cheval de bât que montait Leustant accompagne le groupe depuis le départ de Massillargues ; ce n'est pas celui d'Hugo et de Girard, qui a été taillé en pièce par les amis mutants du jeune Plume-au-cul. )

« Ah ! je crois que le vois. » répondit Hugo en montrant le cheval du doigt. « Il s'était simplement éloigné de la mêlée, brave bête. On pourrait peut-être le rejoindre, d'ailleurs. Ce sera plus sûr que d'essayer de tuer le crapaud à coup d'onguents, messire Urien, sans vous offenser. Parce que dans mes flacons, vous savez, c'est quand même surtout de l'eau colorée. En fait, je crois qu'il vaudrait mieux attendre le bon moment, jusqu'à ce qu'il fasse une erreur, si vous me suivez. »

Le crapaud géant, débarrassé de Leustant, reportait toute son attention sur Wolfram, qui reçut l'une de ses lourdes et gluantes pattes en plein visage. Alors que sa plaie de la veille se rouvrait douloureusement sous le choc, Philibert saisit des deux mains son épée et parvint enfin à percer la peau du monstre dans une gerbe de sang poisseux. Il battit en retraite de quelques pas pour échapper aux représailles, et en profita pour héler les dignes compagnons qui restaient en arrière.

« Cessez de discuter un instant et revenez tous nous aider à l'achever, voulez-vous ? Sans quoi je sens que nous en aurons pour la journée entière. »

(Ah ouais, c'est pas le même animal ? Bon je vais éditer mon message alors )

« Bordel de Bordeleaux, tout celà ne mène à rien. Sire Leustant, voilà la situation, nous n'avons que deux bourses de poudre noire inutilisable et les produits que maître Hugo cherchait à vendre, même si aucun ne semble très utile. Pas évident de trouver un moyen efficace de repousser la créature qui nous fait face avec celà. La force des armes ne nous assurera manifestement pas la victoire ici, face à pereil monstre. Mais peut-être avez-vous quelque idée ? Réjouissons-nous qu'il ne soit pas accompagné d'une armée de lézards bipèdes, en tout cas.»

Il vit alors Philibert obtenir des résultats contre le monstre et les appeler. Réalisant qu'il était pour la première fois en mesure de parler à Leustant en l'absence de Philibert, il attrapa vigoureusement le jeune chevalier par le bras et lui chuchotta quelque chose à l'oreille avant qu'ils n'aillent rejoindre le vieil homme. Il le relâcha alors et dit à voix basse:

« Prévenez Wolfram, discrètement. Nous sommes en danger.»

« Dites, on pourrait creuser un trou pour que le crapaud tombe dedans. » commença Hugo. « Et ensuite, sauf votre respect, on le... »

Mais il n'arriva pas au bout de sa phrase. Le crapaud venait de le jeter à terre en bondissant à ses côtés, le saisit avec une certaine rudesse de ses doigts humides et le malheureux halfling disparut presque entièrement dans le gosier horrifique du monstre.

Philibert et Wolfram talonnaient le crapaud pour venir à la rescousse de leurs compains.

« Allons ! » cria Philibert. « Coupez-lui les on... les pattes, veux-je dire ! Coupez-lui les pattes, qu'il cesse au moins de bondir de la sorte ! »

Urien ouvrit de grands yeux ronds sous l'effet de la surprise. Le petit Hugo venait de disparaître totalement en une fraction de seconde.
Cette mort-là, au moins, ne pouvait lui être imputée, même si elle aurait sans doute été évitée s'il avait accepté de reculer comme le halfeling l'avait préconisé.

Dégainant son long couteau de guerre instincitvement, Urien frappa comme l'éclair, visant l'une des pattes arrière de l'animal.

Le crapaud émit une sorte de borborygme ignoble, ouvrant grand la mâchoire et permettant à un Hugo légèrement mastiqué de tomber inconscient dans la vase. Comme sous l'effet de quelque réflexe, la bête détendit ses pattes arrière pour sauter de nouveau, mais ne parvint qu'à faire un bond de quelques pas et à s'abattre gauchement dans l'eau du marais, couchée sur le flanc. La lame d'Urien lui avait presque tranché la patte.

« Incapable de nous attaquer vivement par ses sauts terrifiques, privé de sa langue pour nous saisir et exposant son ventre, l'animal ne représente certainement plus un grand danger pour nous et il serait facile de l'abattre.»

Il se tourna alors vers Philibert qui approchait à grands pas.

« Nous sommes victorieux. Devrions-nous l'achever avant qu'il n'émette un râle qui pourrait alerter les siens ou pensez-vous qu'il n'y a pas de risque ?»

Tout en essuyant de sa main gantée sa barbe dégoulinante, Philibert jeta un bref coup d'œil au batracien très horrifique qui rampait péniblement dans l'eau boueuse du marais, enfin cloué au sol par ses sanglantes blessures.

« Bah. Achevons-le, par principe. »

(HRP : Le premier joueur qui passe par ici peut, de par ma mansuétude, mettre fin aux jours du terrifique crapaud des marais du Rieusset de la façon qui lui semblera la plus adéquate -je suggère de l'éventrer proprement. )

Urien, qui était le plus proche, s'approcha de la créature et l'ouvrit proprement, répandant ses entrailles visqueuses sur le sol vaseux. Une bien belle victoire pour celui qui avait sauvé la situation... en n'intervenant qu'au dernier moment.

Leustant s'approcha alors de Wolfram, en jetant un coup d'œil entendu au chevalier de la quête havrasois.

"Belle victoire, ser d'Erguy, je dois admettre que votre ténacité est remarquable. C'est sans rapport – quoique... – mais je dois vous parler de quelque chose de pourri, lorsque vous aurez un moment."

Son regard se posa par hasard sur le cadavre du malheureux Hugo, mais une chose attira son attention... il semblait respirer encore !

"Je... j'ai l'impression que le halfeling vit toujours malgré ses terribles blessures."

Dans un soupir de soulagement, Wolfram avait laissé glisser sa lance jusqu'au sol en voyant le Crapaud tomber, et comprimait ses blessures faciales d'une senestre ensanglantée..

"Quelque chose de pourri ?"
Le jeune errant avait avait reniflé naturellement, et s'il trouvait bien quelque vérité dans les paroles du Chevalier de Castagne, il n'en dit rien dans l'attente d'un éventuel éclaircissement.

"Hmm, soit, je tacherai de vous prêter oreille lorsque nous aurons un moment. Je vous laisse jeter un oeil au nabot ... Je vais voir si mon destrier se remet de sa "chute".

Il fallut encore deux longues et pénibles heures aux chevaliers pour quitter enfin les marais. Urien commençait à sentir ses forces décliner avec la fin du jour et Hugo, s'il était bien vivant, se serait volontiers passé de sa visite du gosier du crapaud horrifique. Il avait cependant conservé assez de vivacité d'esprit pour recueillir les yeux du monstre, auxquels il prêtait de prodigieuses vertus aphrodisiaques. « Ça, pardon, et sauf votre respect, c'est encore plus fort que le vit d'élan gris de Norsca. » déclarait-il à qui voulait l'entendre.

Tous étaient trempés jusqu'aux os et frissonnaient sous la bise. Le temps glacial avait rendu leur bain forcé dans l'eau répugnante du marais des plus désagréables. Alors que le soir approchait, ils gagnèrent par un sentier pentu les hauteurs boisées qui surplombaient le Rieusset. Un brouillard épais se levait.




Ils établirent leur campement dans une clairière à l'abri du vent, au milieu d'un bois de pins. Une fois emmitouflés dans de chaudes fourrures et l'estomac un peu moins vide, ils commencèrent à oublier les infects et puants marais du Rieusset, sans parler de leur très horrifique crapaud. Malheureusement, dès le coucher du soleil, la neige se remit à tomber.

« Ce détour par les marais aurait pu être plus agréable, mais je crois qu'il nous a sauvé. » leur dit Philibert en mangeant une pomme sans grand entrain. « Les hommes-bêtes ont dû perdre notre trace. Même s'ils nous avaient suivis de loin sans attaquer, j'aurais sans doute vu ou entendu quelque guetteur.

Nous devrions arriver au Puech demain en fin d'après-midi. À moins que la place soit assiégée par quelque armée ou cernée par des bandes d'hommes-bêtes, ce sera la fin de nos peines, et vous aurez tout au moins mérité quelques festins, ne serait-ce que pour vous faire oublier les tristes repas de ces dernières semaines.

Quant à vous, mes jeunes seigneurs, » ajouta-t-il en se tournant vers Leustant et Wolfram, « en portant le message de Bermond des Mesliers, vous avez fait un grand pas vers le titre de chevalier du royaume.

Si les dieux le veulent, cette nuit sera la dernière que nous passerons à la belle étoile avant quelque temps -même si le seigneur Arnaud a une nouvelle mission à nous confier, ce qui pourrait bien arriver. Wolfram montera la garde en premier et me réveillera à la minuit. Ne tardez pas à vous coucher, nous avons tous besoin de sommeil après pareille journée. »

Environ une heure plus tard, une fois assuré que Philibert et Hugo dormaient, Urien se releva malgré la fatigue et le besoin de sommeil qu'il ressentait vivement. Invitant discrètement Leustant à le suivre, il partit avec lui aux côtés de Wolfram et tous allèrent s'installer plus loin, hors de portée d'oneilles, sous les ténèbres de grands arbres dépourvus de feuilles.

« Compains, j'ai beaucoup à vous révéler ce soir et je vous laisserai juges de l'attitude que vous voudrez adopter une fois en connaissance des faits. » commença-t-il. « Peu de temps avant de me retrouver enfermé à Massillargues, j'ai séjourné dans une bourgade du nom de Paussan, qui ne se trouve d'ailleurs qu'à quelques lieues d'ici. Là-bas, j'ai été temoin d'une scène pour le moins révélatrice de la pourriture qui a gagné la région. Dans une cave sous une grange abandonnée s'était réuni un groupe de personnes pour ce qui semblait être quelque culte proscrit. Richement vêtus de capes rouges, ces derniers arboraient des masques et chantaient en quelque langue aux sonorités inquiétantes.»

Sur ces mots, il tendit le masque qu'il avait en sa possession à Leustant.

« Je ne saurais décrire avec exactitude ce que je vis alors, mais je puis vous dire que la terreur qui me gagna à la vue de la chose qu'ils appelèrent à eux et qui sembla prendre forme dans les volutes de fumée cérémonielle était une terreur surnatuelle. Je ne suis pas expert en sortilèges, mais c'était là quelque affaire magique et terrifiante. L'instant d'après, je fus repéré et, dépourvu d'armes et de soutien, contraint à la retraite. Ayant regagné l'air libre, je fus malgré tout rattrapé par l'un des chanteurs qui manqua de m'occire d'un coup d'épée, chose qu'il aurait réussie à faire si les divinités qui président aux destins n'avaient placé là un courageux maçon Paussanien qui perdit la vie en tentant de me porter secours. Je profitai toutefois immédiatement de l'occasion pour tenter de prendre l'avantage. Un coup de poing lui ôta son masque et, s'il parvint à se soustraire à mon emprise pour prendre la fuite, nos regards se croisèrent l'espace d'un instant et son visage me fut révélé. Hélas, le temps passa et les nombreux événements qui survinrent par la suite me firent oublier ces faits que j'avais attribué à la pourriture généralisée de ce duché qui manifestement tombe en ruine... jusqu'à hier. Au milieu du flot de rêves enfiévrés qui me tormentèrent tout au long de la nuit dernière, quelque chose me revint clairement. J'ignore comment la chose a pu m'échapper aussi longtemps mais je suis catégorique: l'homme de Paussan était Philibert. Vous attribuerez peut-être celà à la fièvre qui apporte parfois à l'esprit humain une grande confusion, mais je suis pour ma part sûr de mon fait.»

Après ces révélations, Urien marqua une courte pause, comme s'il hésitait à en dire davantage, puis reprit la parole.

« Mais il y a plus. Cela remonte à notre première nuit à la belle étoile, juste après notre départ pour le Puech. Tandis que Philibert effectuait son tour de garde, un intrus pénétra dans le camp et tenta de m'attaquer avant de prendre la fuite. Le fait pourrait vous paraître douteux car il aurait été sage, pour le bien de l'expédition, d'en parler sur-le-champ, mais je dois vous avouer que c'était le peu de confiance que je ressentais à l'égard de ce groupe qui est le nôtre qui me fit garder le silence, ce dont je m'excuse car je ne vous crois plus mes ennemis. Il pouvait s'agir d'un simple voleur, même si je n'ai eu à déplorer la perte d'aucun objet, mais je ne peux m'empêcher de remarquer que le fait arriva alors que Philibert était en charge de la surveillance. Si je l'avais cru endormi à cause de son grand âge, sur le moment, il se pourrait en vérité, s'il est bel et bien un serviteur des dieux noirs, que quelques-uns de ses alliés nous suivent.»

Urien soupira alors, fatigué d'avoir tant parlé, et conclut.

« Tout ce que j'ai dit ici est l'entière vérité et je vous ai révélé les faits dans leur entièreté, je crois. Libre à vous d'y apporter crédit car je suis prêt à reconnaître que rien dans son attitude depuis le début de cette expédition ne pourrait me permettre d'affirmer qu'il n'est pas ce qu'il prétend. Cependant, je ne peux à présent ôter de mon esprit l'image de cet homme alors qu'il tentait de me tuer à Paussan. Si j'ai vu juste, nous courons un grave danger et je ne suis pas en mesure de m'opposer à lui dans mon état. Pour l'heure, je ne suis même pas convaincu que nous y parvenions tous les trois réunis si les choses tournaient mal, mais je demeure malgré tout persuadé que notre seule chance consiste à nous tenir prêts à quelque coup fourré. C'est la raison pour laquelle je me suis décidé à parler.»

Leustant pris le masque et le regarda longuement tandis qu'Urien parlait. Lorsque ce dernier eût fini, il prit la parole à son tour, s'adressant à Wolfram en le regardant droit dans les yeux, le visage dans la pénombre :

"Voyez, messer Wolfram, c'était de ce genre de choses pourries dont je voulais vous faire part tout à l'heure mais je ne pouvais guère vous en dire plus sans éveiller les soupçons avec notre guide qui escoutait sans doute notre conversation. Je crois que messire Urien a clairement explicité nos craintes. Lui et moi avons observé le sieur Philibert, et bien qu'il prétend que ses pouvoirs surnaturels lui viennent de la gorgée qu'il aurait bu dans le Graal, nous pensons que cela s'apparente davantage à de la sorcellerie hautement malesfyque."

Les nuages cessèrent un court instant de cacher Mannslieb et la lueur de la blafarde lune éclaira faiblement les traits du chevalier errant castagnet. Il tendit à son tour le masque de cultiste à Wolfram.

"Un sorcier, mon cher Wolfram, et qui plus est un probable adorateur des puissances de la ruine d'après le témoignage d'Urien..."

Puis, Leustant tourna la tête vers le chevalier de la quête.

"Ces détours qu'il nous a fait prendre nous ont amené droit sur des créatures du Chaos... curieux hasard. Et nous n'avons vu ni ouï aucune des patrouilles de soldats que Philibert dit nous faire éviter en nous faisant prendre une route que lui seul connaît. Vous savez ce que je pense en vérité ? Tout cela m'a l'air d'un fallacieux prétexte pour nous faire venir exactement là où il le souhaite... Qui sait où nous sommes réellement ? Peut-être que ce n'est pas au Puech qu'il nous conduit... Dans ce cas nous devrons agir avant que le piège ne se referme sur nous.'

Urien acquiesca mais demeura néanmoins perplexe.

« Ma foi, je ne suis pas opposé à l'idée, mais à quoi pensez-vous au juste ? Nous ne pouvons pas l'éliminer dans son sommeil avant de savoir ce qui se trame exactement et l'attacher pour le garder captif semble risqué après avoir vu ses pouvoirs. D'autant qu'un sorcier pourrait peut-être nous voir venir. Il a dit que nous serions au Puech demain, ce qui signifie que nous saurons demain au plus tard s'il nous a mené en bateau. Voyons les choses sous cet angle: nous avons laissé cet homme occuper un tour de garde absolument chaque soir, ce qui veut dire qu'il aurait pu nous éliminer tous sans difficulté s'il l'avait voulu et ce à n'importe quel moment du voyage. Puech ou pas, il semble qu'il veuille nous mener quelque part et nous garder en vie d'ici-là. Agir trop rapidement pourrait nous mener à notre perte et puisque nous savons que les choses prendront fin demain, nous pouvons très probablement tourner ça à notre avantage en restant vigilants. En parlant du Puech, je dois vous avouer que ma première idée en quittant Massillargues était, puisque je ne doutais pas alors de Philibert, que cet Arnaud n'ignorait rien de la situation de son suzerain et qu'il préférait faire le mort. Mais les choses étant ce qu'elles sont, je crois possible que Bermond soit également un sbire du chaos et qu'il attende de nous quelque chose d'épouvantable.»

Il se gratta la tête.

« Si jamais nous devions réellement parvenir au Puech demain, nous devrons redoubler de prudence. Il est possible que Bermond et Philibert comptent sur nous pour éliminer cet Arnaud dont nous ne savons rien ou pire encore. Même si l'on parvenait à nous démontrer sa trahison pour nous convaincre d'agir contre lui, gardons à l'esprit qu'il peut très bien s'agir d'artifices de notre sorcier de guide. Il est également possible que cet Arnaud ne vaille pas mieux, encore que si tous étaient inféodés au chaos, ils disposeraient certainement d'agents ou de sorcelleries pour communiquer sans avoir besoin de nous.»

Regardant dans les yeux ses camarades, il déclara:

« Il est impératif que Philibert ne ferme jamais la marche demain et qu'au moins l'un d'entre nous l'ait en permanence dans son champ de vision. Il nous faudrait également convenir de codes et prévoir des plans de fuite faciles à mettre en place sur le terrain et adaptables à plusieurs situations.»

Examinant à son tour le masque, Wolfram y cherchait quelque signe chaotique.
Puis il pris la parole a voix basse, les yeux dans le vague :
"Il est vrai que tous les faits que vous rapportez sont inquiétants et meme, parfois troublants. En outre certains de mes effets ont disparu avec l'aube ...
Mais penseriez vous que la Dame puisse laisser vivre pareil imposteur ?"

Relevant lentement le regard, qu'il avait fort sombre en cette heure, il rendit a Urien le coupable voile-chef

"Je ne suis pas d'ici, et j'étais fraichement arrivé lorsque le siège de notre ville hôte s'installa, mais vous qui paraissez gascon depuis plus longtemps que moi, n'avez vous pas de plus amples connaissances concernant ce Puech, et son seigneur ? Informations que votre méfiance vis a vis de notre guide vous aurait dicté de taire jusque lors ?"