[IYAQCDPDLDDG] Chapitre premier

Rajustant sa cape, Wolfram écoutait ses compagnons deviser de choses et d'autres ; tous semblaient avoir oublié que la Mort pouvait a tout moment leur rappeler brutalement son existence ; peut être était cela, être un Chevalier : Ignorer la Mort pour mieux lui échapper. Levant le nez vers les frondaisons, le jeune homme tenta d'y distinguer quelques étoiles. Il aurait aimé tirer son luth et faire un peu de bruit, mais ses doigts étaient bien trop engourdis, et si les rires gras des nobles pouvaient passer pour les grognements de quelques bêtes de nuit, une élégante ballade ne manquerait pas d'attirer l'attention de tous les marauds que comptait la forêt.

Sortant de sa rêverie pour reprendre le fil de la discussion, le sire d'Erguy s'ébahit en silence d'entendre la voix du géant du nord, même si, le doute était permis quant au fait fait que ces paroles furent bien de lui. Dire que ce type venait d'une région si proche de la sienne, et qu'il devrait de fait le comprendre bien mieux que les autres ... ça paraissait tellement étrange.
Le Sire Philibert venait de mentionner un certain Fulcrand, Wolfram en haussa un sourcil d'intérêt à l'entente du choix de vie de ce décidément bien sage chevalier. Apparemment sa baronnie n'était pas loin : probablement pourrait il y trouver un allié, de jolies dames, et peut être même, quelques conseils.

Leur maigre repas achevé, les chevaliers ne semblèrent pas très désireux de poursuivre la conversation. La nuit était maintenant noire, sans un rayon de lune ni la plus timide étoile, et le froid paraissait d'autant plus mordant qu'ils restaient immobiles. L'absence de feu et leur dîner frugal ne pouvait guère améliorer leur humeur, et Philibert avait sans doute commis une erreur en leur faisant part de ses doutes.

Ce dernier était d'ailleurs le seul des cinq qui parût à peu près à son aise. Urien était manifestement conscient d'avoir commis un impair en affichant son enthousiasme pour le vin de Sombrefeuille ; si Philibert n'avait pas eu la moindre parole de désapprobation, bien au contraire, ses autres compagnons commençaient peut-être d'accorder quelque crédit aux rumeurs faisant d'Urien un chevalier de la Quête peu préoccupé par son serment. Leustant semblait d'ailleurs assez méfiant à son égard, et prit soin d'installer sa couche le plus loin possible du sire de Havras. Le grand Celdric n'avait pour sa part guère de conversation, de son propre aveu. Quant à Wolfram, il craignait sans doute de s'endormir au beau milieu de son tour de garde et se montra heureux de se coucher peu après le dîner.

Malgré le soin qu'ils avaient pris à choisir un endroit bien abrité par des yeuses de haute taille et aux branches bien feuillues, la neige ne tarda pas à les incommoder. Un vent d'humeur facétieuse leur envoyait parfois des flocons dans la figure alors qu'ils cherchaient à trouver le sommeil et à oublier le froid qui les faisait frissonner malgré leurs épaisses couvertures.




À force de chercher à s'endormir au plus vite pour être capable de tenir debout lors de sa garde, Wolfram réussit à se tenir éveillé un temps qui lui parut interminable, malgré la fatigue de la journée. Les ronflements de Celdric, qui avait manifestement souvent dormi nu dans la neige étant enfant pour si bien supporter le froid, n'arrangeaient guère son insomnie. À quelques pas, la silhouette recroquevillée du chevalier du Graal, à demi couverte de neige, veillait sur les dormeurs. Cette vue avait quelque chose d'apaisant, et Wolfram finit par sombrer, plongeant dans un royaume de rêves agités, où une certaine damoiselle Giselle le poursuivait sans relâche à travers les rues enneigées de Massillargues, vêtue de l'armure de Philibert et brandissant son épée, le tout sous les rires d'Urien, coiffé de son grand heaume cornu.

(Ne postez pas pour l'instant, vos personnages prennent un repos bien mérité. La suite du texte ne devrait pas trop tarder.)

Wolfram fut réveillé peu avant l'aube par Philibert. Avant qu'il ne pose la moindre question, ce dernier lui apprit que sa nuit avait été miraculeusement préservée : Urien, ne trouvant pas le sommeil, s'était proposé de prendre sa place. « Que cela ne vous attriste pas, » avait ajouté Philibert avec un sourire, « bien d'autres occasion vous seront données de passer une moitié de nuit à geler sur pied en essayant de pas vous endormir. »

Après un rapide petit déjeûner qui rappelait fâcheusement le dîner de la veille, les chevaliers se remirent en route. La neige qui était tombée dans les premières heures de la nuit recouvrait la terre d'un épais tapis immaculé dans lequel ils creusaient une large tranchée en avançant. Les sentiers qu'ils empruntaient étaient souvent si discrets que Philibert seul pouvait affirmer sans mentir qu'il avait une vague idée de leur itinéraire. Ses compagnons avaient quant à eux l'impression qu'il avançait complètement au hasard.




Il ne leur fallut que quelques heures de marche pour regretter amèrement la chevauchée de la veille, qui n'avait pourtant rien eu de très exaltant. Philibert attirait parfois leur attention sur un beau paysage, nommait pour eux un torrent ou un hameau aperçu au loin, leur racontait que tel col avait vu passer l'ost de Lambard de Gasconnie, du temps de Gilles l'Unificateur, que telle clairière était le lieu où les bûcherons locaux brûlaient traditionnellement ceux des leurs que l'on avait surpris à chercher commerce charnel avec du bétail, mais ses paroles ne soulevaient guère l'enthousiasme. Wolfram, qui avait passé la moitié de la nuit éveillé sans pour autant monter la garde, s'endormait presque en marchant. Urien, lui, s'endormait tout à fait. Leustant était un peu plus vigoureux, mais peut-être était-il tout simplement soulagé de voir qu'en son état, Urien ne lui adresserait plus de regards douteux. Quant à Celdric, il ne semblait pas particulièrement las, mais il était de toute façon difficile de lire quoique ce fût sur son visage.

La halte de midi ne leur apporta pas le moindre réconfort. Le menu était bien entendu tristement semblable à celui de leurs deux précédents repas, et ce ne fut que quand Philibert rappela que ces provisions s'épuiseraient sans doute bientôt qu'elles leur parurent avoir un peu de goût. Il restait heureusement une assez bonne quantité de vin sur lesquels les chevaliers pouvaient compter, s'ils veillaient à boire avant Urien lorsque l'outre commune passait parmi eux.




Quand vint le soir, tous étaient exténués. Ils campèrent dans une clairière solitaire, au creux d'une vallée, et subirent une nouvelle nuit glaciale. Leustant et Celdric, qui assuraient la garde cette nuit-là, furent constamment sur le qui-vive ; l'endroit était sauvage et, aux dires de Philibert, abritait ce que le fief de Bermond des Mesliers comptait de pire en matière de hors-la-loi. « C'est encore un peu tôt pour les peaux-vertes. » avait déclaré le chevalier du Graal d'un ton détaché. « Nous en rencontrerons peut-être quand nous aurons véritablement atteint des régions montagneuses. Quant aux hommes-bêtes, ils commencent à s'aventurer par ici, mais restent assez rares. En revanche, je ne serais pas surpris que nous croisions en chemin quelques brigands en maraude, voire des bandes de mutants chassés de leur village. » Fort heureusement, les seuls bruits qui firent sursauter les guetteurs cette nuit-là furent le fait de bêtes sauvages par trop curieuses, et le pire monstre à venir les visiter fut un vieux sanglier malodorant, qui renifla Leustant avant de s'éloigner avec dédain.

(Ainsi que vous l'aurez constaté, il n'y a pas eu d'événement notable ; si vous avez néanmoins envie de décrire rapidement la façon dont votre personnage a vécu cette deuxième journée, allez-y. )

"Une chevauché par une belle journée"

Voila ce que pensait Céldric, de cette journée, la nuit fut assez morne,
il regrettait juste de ne pas avoir vu le sanglier de Leustant, plus tôt...

Un sanglier rôti, leurs auraient fait du bien à tous.

"Quoique sans épieux...." Céldric pensait que la partie aurait pas forcement été très facile... facile...

Les jours suivants ne leur offrirent que peu de changement. Les arbres paraissaient plus nombreux et les pentes plus raides, mais Philibert restait le seul à pouvoir dire quelle distance ils avaient parcourue ou même dans quelle direction ils allaient.

À l'issue d'une journée particulièrement harassante, ils firent halte plus tôt qu'à l'habitude. Tous supportaient de moins en moins bien le froid, et leurs montures étaient parfois plus un inconvénient qu'un avantage pour eux. Dans une montée plus accidentée que les autres, il avait presque fallu pousser les bêtes pour les faire avancer ; cette noble tâche avait été essentiellement confiée aux deux hommes forts du groupe, Urien et Celdric, qui en sortirent exténués. Les destriers, peu accoutumés à ce genre d'exercices, renâclaient sans cesse, s'embarrassaient les sabots dans quelque trou ou terrier de lapin et paniquaient aux pires moments.

Leur gros cheval de bât fut des moins coopératifs et Urien n'évita la ruade que de justesse. Ce fut sans doute de crainte d'un nouvel accident qu'en pleine montée, il lâcha brusquement l'animal alors que celui-ci balançait la tête un peu trop vigoureusement. Celdric en fut quitte pour une bonne chute et le malheureux cheval, qui manqua de se briser les pattes dans l'affaire, pour une terreur qui ne s'apaisa à grand peine que lorsque Philibert lui banda les yeux pour le calmer. Urien se montra désolé de sa maladresse. Leustant aurait cependant juré percevoir un léger rire de sa part à la vue de Celdric dévalant la pente, et quelques paroles indistinctes où il était question d'un certain Guinefort. Mais il ne jugea pas utile d'en rien dire à ses compagnons.

La fatigue et le découragement étaient à leur comble après cet épisode, et Philibert déclara qu'il serait stupide de s'obstiner. Le soir ne tarderait guère, et le mieux était encore de prendre un repos mérité pour repartir d'un pas plus léger le lendemain. Ils établirent leur campement à côté d'un ruisseau gelé et profitèrent, chose rare pour eux, d'un repas en pleine lumière.




Ledit repas leur parut même assez joyeux, Philibert s'étant rappelé qu'il restait dans les bagages quelques pommes, flétries mais encore bien assez bonnes pour des chevaliers qui se nourrissaient depuis trop longtemps de pain de plus en plus rassi et de fromage.

Quoique le feu ne fût toujours pas à l'ordre du jour, une certaine gaieté s'installa. Le repas s'acheva avant le coucher du soleil, et chacun put ensuite occuper son temps ainsi qu'il lui plaisait. Wolfram eut en particulier l'occasion de découvrir que sa bourse lui semblait singulièrement moins rebondie que lorsqu'il avait quitté Massillargues. Mais c'était sans doute sans rapport avec le fait troublant qu'Urien se soit de lui-même proposé de prendre un tour de garde à sa place, quelques nuits auparavant.

Philibert, quant à lui, fit audit Urien, intéressé malgré lui, un bel exposé sur les vins de la région. Les alentours de Massillargues, disait-il, produisaient un gros rouge assez rustique mais non sans valeur. La forteresse du Puech, but de leur périple, était voisine de nombreux vignobles à flanc de colline, réputés pour leur vin blanc doux. Il ne manqua pas d'évoquer les vins de La Tour, et la fameuse rivalité qui opposait les vignerons d'Orsière à ceux des côteaux de Sombrefeuille. Philibert lui-même se gardait bien de prendre parti.

Ayant fait allusion au Puech, il expliqua à ses compagnons qu'il s'agissait d'une place forte très ancienne, à l'architecture spectaculaire, d'aspect imprenable. Si l'on en croyait les légendes, le château était déjà vieux du temps de Gilles le Breton. Le nom de la place était issu de la vieille langue gasconnienne : le mot « puech » désignait quelque colline ou montagne, et de nombreux hameaux partageaient ce nom.

Alors que la lumière faiblissait, une lueur lointaine attira soudain leur attention. Loin en contrebas, on avait allumé un feu. Philibert se leva.

« Qui pourrait être assez idiot pour faire un feu en pareille région ? » se demanda-t-il à haute voix.

Il resta un instant à penser, puis se tourna vers Wolfram et Leustant, ceux des chevaliers qui avaient été le moins éprouvés par les fatigues du jour.

« Armez-vous en vitesse et allez voir ce qu'il en est de ce feu. Ne vous encombrez pas de vos montures, elles ne serviraient qu'à vous ralentir ou à vous faire repérer. Surtout, ne commettez pas d'imprudence. Il nous suffit de savoir de quoi il retourne.

S'il s'agit, comme c'est bien probable, d'une troupe de chasseurs ou d'hommes en armes, suffisamment nombreux pour ne pas craindre d'attaque, ne vous montrez pas si vous pouvez l'éviter ; vous savez à quel point le secret nous est nécessaire. Si c'est autre chose, et surtout si c'est pire, revenez m'en faire part avant d'entreprendre quoi que ce soit, à moins d'être vraiment sûrs de vous. Je vous souhaite bonne chance. »


Pareille mission n'avait rien de bien attirant pour Leustant et Wolfram, qui espéraient jouir ce soir-là de leurs premiers moments de véritable repos en ce voyage. Tous deux ressentaient l'intense fatigue d'une journée entière de marche dans la neige, mais il leur fallait malgré tout faire diligence s'ils ne voulaient se laisser surprendre par la nuit.

Sans guide, livrés pour la première fois à eux-mêmes, ils ne tardèrent pas à s'apercevoir combien Philibert leur avait été précieux ; alors que le feu leur paraissait tout proche et facile à atteindre, ils firent maints détours et durent souvent rebrousser chemin. Leur arrivée tardive fut un soulagement, mais la crainte de ne pouvoir retrouver le camp était bien présente dans leur esprit.

Ils se firent un poste d'observation d'un bosquet de châtaigniers couverts de neige. Devant eux, un peu en contrebas, se trouvait une charrette à laquelle était attelé un cheval de trait. À côté, un homme et un enfant étaient penchés sur un corps inanimé, lequel était placé au plus près du feu. Rien dans tout cela ne semblait présenter de danger immédiat pour leur mission, aussi Leustant et Wolfram pensèrent bientôt à s'en retourner auprès de leurs compagnons. Ce fut alors qu'une voix les fit sursauter.

« Vous cherchez quelque chose ? »

Ils se retournèrent, mais ne virent d'abord personne. Puis Leustant leva les yeux et découvrit le propriétaire de la voix. C'était un jeune garçon perché dans un châtaignier. Sa position était étonnante : il semblait se tenir à genoux sur sa branche, le corps légèrement penché en avant, dans une posture qui paraissait impossible. Ce ne fut que quand il sauta avec une extraordinaire agilité sur une branche plus basse que les deux jeunes chevaliers constatèrent que ses jambes étaient celles d'un oiseau, gigantesques et pourvues de serres.

« Alors, qu'est-ce que vous voulez ? » reprit le garçon mutant, d'un air vaguement menaçant. « Qu'est-ce que vous venez faire ici ? »

Arquant un sourcil contrarié, Wolfram retint sa répugnance et hocha la tete a l'intention du jeune garçon, calant sa lance contre son épaule et s'appuyant dessus. Il aimerait tant éviter le combat, surtout avec un résidu de chaos.

-Mes salutations, jeune gueux ... mon compagnon et moi même avons aperçu vostre foyer au cours de nostre errance, nous pensâmes qu'ils s'y pourraient réchauffer quelques brigands que nous aurions alors bastoné gentiment pour les remettre dans le droit chemin. Mais de toute évidence, tel n'est pas le cas, n'est ce pas ? Auriez vous un blessé ?

Concluant son propos, le sire d'Erguy posa un regard distrait sur son compère éclaireur. Il ne faudrait pas qu'il ait le sang trop chaud trop vite, ou leurs vies à tout deux pourraient être dangereusement raccourcies. Fort heureusement, il était peu probable qu'un sang puisse rester chaud par un froid pareil.

« Ong n'a pas de blessé, et c'est pas mong foyer. » répondit le garçon-oiseau sur un ton qui se voulait féroce. « Vous avez point rieng à faire chez nous. Je suis pas tout seul, et les autres y viendront vous prendre si que vous restez. »

Jugeant que les deux chevaliers ne mettaient pas assez de hâte à obéir à ses injonctions, il leur lança une volée de petits cailloux.

« Allez, tirez-vous donc, c'est pas le bordel du coing, ici ! »

*C'en est trop* pensa Leustant. *Ce gueux va apprendre à rester à la place qui est sienne*. Il défourailla son épée et se tint en garde devant le jeune mutant.

"Tais-toi donc, manant difforme, ou je m'en vais te couper les oneilles et te marcher sur les pattes de moineau qui te servent de jambes avant de te retourner violemment le nez. Tu ne sais donc point à qui tu parles ? Nous sommes chevaliers de Bretonnie et tout roturier nous doit le respect. Un chevalier errant va où bon lui semble, et il n'existe nulle loi contre cela, sache-le. Maintenant si tu veux nous voir partir, fais-nous des excuses pour avoir été grossier envers un noble, et prestemment. Alors, je te laisserai tranquille et nous nous en iront, tu as ma parole d'honneur. Mais si tu refuses je mettrai ma menace à exécution."

Passant sa main sur son visage, Wolfram regretta aussitôt d'avoir laissé son heaume sur son destrier. Ceci dit, son canon d'avant bras suffisait à dévier les projectiles. Quant à savoir où le gamin avait pu trouver autant de pierraille avec la couche de neige qui recouvrait le tout ... à dire vrai, Wolfram s'en moquait comme de ses premières mitaines.

"Messer ... Il n'est peut être pas nécessaire d'en venir à de telles extrémités : ce n'est qu'un enfant des bois, et il est probable qu'il ne sache rien des lois qui régissent notre beau pays. En outre, nous sommes les étrangers ici ... Nous devons nous montrer respectueux de la populace, ce sont les vilains du seigneur local après tout."

Raffermissant la prise sur la hampe de sa lance, Wolfram se préparait à l'idée qu'il lui faille s'en servir pour survivre. Il était peu probable que ses paroles aient fait mouche, vu qu'il n'en eut pas eu, lui non plus, cure, s'il y avait eu à la place de Leustant une jolie donzelle à impressionner. Levant négligemment les yeux au ciel, en une parodie d'exaspération, il chercha d'éventuels autres gamins bizarres dans les arbres dégarnis.

Le garçon avait eu un mouvement de recul quand Leustant avait tiré l'épée, mais il reprit bien vite tout son aplomb. En quelques bonds, il gagna une branche plus haute de son châtaignier, hors d'atteinte des chevaliers, se retourna, et leur montra toute l'ampleur de son mépris sous la forme d'un arrière-train passablement emplumé.

« Ong veut pas de vous ici ! » criait-il en envoyant salve après salve sur le malheureux Leustant. « Et d'abord, vous me faites pas peur ! Venez me chercher si vous êtes si forts ! Ha ha ! Je vous encule ! »

Leustant n'en croyait pas ses oneilles : le sieur d'Erguy se laissait rouler dans la boue par un va-nu-pieds (ou va-nu-serres en l'occurence) sans même réagir !
Quel chevalier était-ce là ?

"Oyez Wolfram, ce n'est point une raison, c'est un gueux et nous sommes nobles, c'est à lui de nous respecter, que l'on soit ou non né dans la région. Je gage que le seigneur local serait bien d'accord avec cette idée, de plus je te rappelle que nous nous sommes montrés extrêmement courtois jusqu'à ce qu'il nous lance de la caillasse, ce malandrin. Nous méritons bien des excuses."

Puis en voyant le derrière emplumé de l'autre affreux, il perdit de son entrain.

"Vous avez raison finalement, cet huluberlu mal élevé ne vaut même pas la corde pour le pendre. Allons-nous en dignement."

(HRP :

Dangorn de Castagne a écrit:

"Vous avez raison finalement, cet huluberlu mal élevé ne vaut même pas la corde pour le pendre. Allons-nous en dignement."

On croirait entendre un certain roi Arthur, quittant le château d'Argh avec son fidèle Bedevere sous les huées des infâmes Français. « Walk away, just ignore them. » )

« Ha ha ! Je le savais que vous aviez point de couilles ! Je vous encule ! » brailla le garçon, rendu euphorique par sa victoire. « Chiures de mouche ! Peine-à-jouir ! Pisse-trois-gouttes ! »

Et il continuait à leur envoyer de belles volées de caillouX, dont il devait avoir une réserve impressionnante dans quelque sacoche.

« Toi, l'abruti eng bleu, ta mère lèche le cul des lépreux ! Et toi, l'autre, ta sœur... »

Mais ils n'eurent pas l'occasion de savoir ce que faisait la sœur de Wolfram. Le garçon, qui riait à gorge déployée, perdit soudain l'équilibre et tomba lourdement au pied du châtaignier, devant les deux chevaliers.

Ou plutôt derrière car Leustant avait déjà tourné les talons et marchait sans se retourner, le regard haut et le pied vaillant, rassemblant ce qu'il lui restait de fierté en ignorant le malotru empiaffé.

Le bruit de la chute de l'énergumène à plumes le consola et le fit presque pouffer, en tout cas cela avait pour un moment libéré son ouïe du flot ininterrompu des insultes du mutant, et le chevalier d'azur au lys d'or ne s'en portait que mieux. Pour autant cela ne le fit pas se retourner davantage, et il continua toujours de s'éloigner théâtralement.

Le garçon, sorti à peu près indemne de sa chute, chercha d'abord à mettre le plus de distance possible entre les deux jeunes chevaliers et lui-même. Ses mouvements étaient encore plus étrange sur le sol que dans un arbre ; il sautillait gauchement, un peu à la façon d'un corbeau, beaucoup moins à son aise que précédemment.

Voyant que nulle épée ne lui venait couper les oneilles, il rebroussa cependant chemin et se mit à suivre Leustant et Wolfram en riant.

« Je suis là ! Je suis là ! Je suis derrière vous ! Les lièvres ! Ils n'osent même pas venir me prendre ! Ha ha ! Je vous encule ! »

Et il se remit à leur envoyer force cailloux (munis de force x).

Cette fois Leustant en avait vraiment assez. Et ce mou de Wolfram qui refusait de riposter... Au bout d'un moment, au lieu de ricocher sur son armure, l'un des cailloux vint lui percuter la nuque et il sentit un filet chaud lui couler dans le cou. Le chevalier errant de Castagne perdit alors patience.

"Tu as dépassé les limites, le drôle ! Cela ne me fait plus guère rire !"

Il se retourna, il n'avait pas rangé son épée et elle était toujours au clair. Sans prévenir il se jeta sur le pouilleux malformé.

Wolfram commençait effectivement, a trouver le gamin vulgaire ... même si, concernant sa soeur, il avait mis dans le mille, c'était le cas de le dire. Les arguments de Leustant faisaient lentement échos dans son crâne, il en vint à se convaincre qu'il ne pouvait laisser ce truc en vie après avoir été insulté de la sorte, et que ce combat pourrait faire fort belle ballade, s'il l'arrangeait quelque peu.

Voyant son compère se ruer sur l'ennemi, Wolfram n'écouta que son courage ... et manoeuvra pour lui couper la retraite, prêt à propulser sa lance à la fort honorable allonge que lui permettait son bras, si d'aventure le gluant tentait de battre en retraite par les airs. Priant la Dame en secret, il espérait que les autres gueux n'arriveraient pas trop rapidement.

"Je crains qu'il ne soit temps pour nous, d'avoir une petite explication, vermine sodomite."

Voir Leustant faire volte-face avec des intentions si évidemment hostiles et Wolfram s'avancer derrière lui refroidit quelque peu l'ardeur du garçon.

« J'ai pas fait exprès ! » hurlait-il en sautillant. « J'ai pas fait exprès ! »

Alors qu'il se préparait à une défense désespérée, une clameur se fit entendre derrière les arbres. Il semblait qu'un combat était sur le point d'éclater du côté de la charrette qu'ils venaient juste de quitter des yeux.

S'approchant par derrière du garçon mutant que Leustant menaçait si efficacement, Wolfram élargit son sourire en un rictus malsain, avant de se mettre a chantonner.

"Sol Do Mi, Sol Do Mi ..."

Profitant des cris soudains, poussés par les pouilleux de la chariotte, il tenta de placer la hampe de son arme devant l'une des pattes crochu du vilain corvidé, et d'un prodigieux bottage de croupion, l'envoya rouler devant la menaçante lame de Leustant.

"Je vous laisse laver notre honneur, Messer"

Ne se faisant pas prier, le chevalier de Castagne empoigna le mutant qui commença à lacérer son tabard de ses serres acérés, avant de lui mettre le fil de son épée sous la gorge pour qu'il se tienne tranquille.

"Ne bouge plus ou je t'occis. Qu'en pensez-vous, ser Wolfram ? Le gardons-nous pour l'empailler ?

Puis, prêtant attention aux bruits provenant de la chariotte :

"Mais que se passe-t-il donc là-bas ?"

"Il pourrait faire un bel épouvantail, assurément. Tordez lui donc le nez dans l'immédiat, pour le faire taire, le temps que nous jetions un occulaire à ce qui se trame du coté du chariot."

Joyant le geste à la parole, Wolfram s'en était détourné, et s'approchait a pas mesurés de la source des cris, cherchant à dénombrer les forces en présence.

Prudemment dissimulé derrière les branches basses des châtaigniers, il put constater que le garçon n'avait pas menti : il n'était effectivement pas seul. La mêlée qui régnait était si confuse que Wolfram ne parvint pas d'abord à y comprendre quoi que ce fût. L'homme inconscient était toujours près du feu, mais ses deux compagnons s'étaient réfugiés sur la charrette et s'y défendaient avec fureur contre une demi-douzaine de personnages plus ou moins difformes. Wolfram distinguait de-ci de-là un membre ridiculement atrophié ou au contraire gigantesque, un visage de bête ou encore des oreilles d'âne, mais il lui était impossible de savoir à qui tout cela appartenait.

Au-dessus de cette masse grouillante, les défenseurs de la charrette menaient une résistance désespérée. Le plus grand des deux était un homme barbu et chevelu, une peau de loup jetée sur les épaules et une arme à chaque main. Une forte détonation fit sursauter Wolfram et un mutant tomba comme foudroyé ; l'homme venait de faire feu d'un long pistolet -qu'il portait d'ailleurs au mépris des lois de la région.




Son compagnon, que Wolfram avait d'abord pris pour un enfant, était un halfling. Insaisissable, il bondissait d'un bout à l'autre de la charrette, sans jamais laisser ses assaillants l'approcher ni cesser de jouer de sa fronde.




(Comment dites-vous ? Image un peu grosse ? Mais non, mais non, un halfling, c'est petit, il faut bien l'agrandir un peu, sans quoi on ne voit rien.)

Malgré leur aspect repoussant, les mutants se montraient piètres combattants face aux gens de la charrette qui luttaient avec la dernière énergie. Le coup de feu avait passablement refroidi leur ardeur, et ils ne comptaient manifestement que sur le poids du nombre pour l'emporter.

Leustant réfléchit rapidement à un plan. Il tenait toujours son épée sous la gorge du mutant à serres d'oiseau. En l'utilisant comme ôtage, pourrait-il forcer la horde de mutants à reculer ? Non, c'était trop risqué... Puis il se demanda : *mais pourquoi veux-je secourir ces gens, tout d'un coup ? Cette bataille ne nous regarde aucunement, escampons-nous tant que nous en avons encore tout loisir.*

Il trancha sans prévenir la gorge du mutant-oiseau, qui émit un dégoûtant gargouillis en mourant.

Laissant tomber le cadavre par terre, Leustant s'approcha doucement de Wolfram en essayant de ne pas se faire voir, chose aisée puisque les mutants regardaient principalement vers les deux défenseurs de la chariotte, et lui chuchota :

"J'ai tué notre ami emplumé, il ne nous importunera plus désormais. Que voulez-vous faire à présent, Wolfram ? Je suggère de laisser tous ces gueux s'étriper entre eux et de retourner dire aux autres ce que nous avons vu. Nous pourrons toujours revenir plus tard avec nos destriers et nos compagnons d'armes pour voir s'il y a eu des survivants. Philibert nous a dit de ne point commettre d'imprudence."

"J'allais vous proposer de nous faire impressionnants et de voir si notre simple apparition ne pourrait mettre en déroute cette vermine sodomite ... Un halfeling est un compagnon de choix quand on a plus grand chose a manger, si l'on en croit les récits des bardes. Peut être la cariolle contient elle également quelques vivres.

Mais votre option comporte également de la sagesse ... ? Après tout, il serait gênant que ces fuyards n'informent l'Ennemi de nostre présence dans le bois.

Qu'en pensez vous messer ? Que ferait Sire Phillibert ?"

Alors que les deux jeunes chevaliers devisaient tranquillement, le combat faisait rage. L'homme à la peau de loup se battait avec une vigueur impressionnante, secondé avec valeur par son compagnon. Ils se débarrassèrent d'un mutant de plus, mais sans secours, leur lutte était vaine. Leurs assaillants parvinrent enfin à prendre pied sur la charrette et un furieux corps à corps s'engagea. Dans quelques instants, il serait trop tard pour venir en aide à ces malheureux.

"Hm... Après tout pourquoi pas faire selon votre idée. Ces mutants n'ont point l'air de bons combattants et s'ils sont tous comme feu cestuy-là qui nous a jeté des pierres ils seront sûrement peu téméraires. Cela dit j'espère que leurs adversaires parlent le Breton, les langues estrangères ne sont point mon fort."

Leustant se redressa et leva son épée.

"Chaaaaaaaaaaaaarrrrrrrrrrrgeeeeeeez ! Sainct Landouin !"

Puis il se mit à courir vers la cariole en beuglant et produisant force moulinets de sa lame pour impressionner les mutants.

La réaction brutale de Leustant avait surpris Wolfram alors qu'il déneigeait sa cape. Aussi eut il quelques foulée de retard lorsque vint le moment de la charge. Nul doute qu'il s'en voudrait longuement si sa coqueterie l'empêchait d'embrocher un mutant. Saisissant son arme à deux mains et la faisant dangereusement tournoyer autour de sa tête, il se précipita à la suite du Moussillonnais.

"Coooooommmme vous diiiiiiiites ! CHAAAAAAARGEEEEEZ !"

Alors que Leustant et Wolfram sortaient de leur bosquet et se ruaient au combat avec force cris de guerre, l'homme à la peau de loup était jeté à terre. Il eût été piétiné à mort sans l'intervention in extremis des deux chevaliers.

Vus d'aussi près, les mutants paraissaient à la fois plus étranges et moins terribles. Beaucoup n'avaient pas l'air plus redoutables que des mendiants souffreteux et leurs membres disproportionnés ou bestiaux semblaient leur être un embarras plutôt qu'une aide.

À peine eurent-ils entendus le bruyant assaut des chevaliers errants qu'ils tournèrent les talons et se réfugièrent derrière la charrette, laissant l'homme vêtu de fourrures se relever prestement. À seulement cinq contre quatre bons combattants, dont deux chevaliers, la partie semblait perdue pour eux ; ils hésitèrent un instant, mais finirent par battre en retraite vers les arbres proches.

Quand Leustant et Wolfram atteignirent la charrette, ils n'eurent plus qu'à remettre l'épée au fourreau. Le cheval attelé à la charrette avait eu la gorge tranchée et deux mutants gisaient dans la neige, un jeune homme à la figure hideuse et aux oreilles d'âne et un autre plus âgé, bossu et pourvus de deux bras gauches mais sans la moindre trace de bras droit. Quant aux autres, il aurait sans doute été hasardeux de les poursuivre en des terres qu'ils devaient parfaitement connaître ; du reste, un blessé réclamait quelque soin. L'homme à la peau de loup avait le front en sang et une longue estafilade au bras droit. Le halfling paraissait assez secoué, mais indemne. Il sauta vivement de la charrette, juste à temps pour soutenir son compagnon, qui perdit connaissance l'instant d'après.

« Merci, messeigneurs. » fit le halfling, qui découpait déjà des bandes de tissu pour en faire un pansement de fortune. « J'eusse préféré que vous vous fussiez décidés à nous porter secours avec un peu plus de célérité, mais votre bravoure nous a sauvés, et je vous en sais gré. »

"Ah, fort bien, le petit messire sait parler le Breton." se dit Leustant à haute voix, non sans un certain soulagement.

Il enleva son heaume et regarda intensément le semi-homme, avec une expression de perplexité.

"Vous estes un halfeling je présume. Excusez-ma curiosité, je n'en avais encore jamais vu en vrai. Nous sommes les esclaireurs d'une petite troupe de chevaliers qui se rend au Puech. En voyant l'escarmouche nous avons tout d'abord cru qu'il s'agissait d'une querelle entre gueux, ce qui arrive fresquemment, et dans ces cas-là il est inutile d'intervenir, c'est pour cela que nous avons hésité. Puis nous avons vu que vous aviez l'air d'estrangers, et nous nous sommes dit que ces va-nu-pieds mutants vous faisaient fort mauvaise impression à propos de notre patrie. On dirait qu'ils en voulaient à votre cargaison. S'agit-il de nourriture ? Votre ami a l'air mal en point, si vous le souhaitez vous pourriez nous accompagner jusqu'au Puech où vous pourrez sans doute trouver un apothicaire."

Le chevalier de Castagne regarda autour de lui, et continua.

"Du reste, il vous faut quitter cet endroit. Ces mutants n'étaient pas très courageux mais ils vont peut-être revenir avec des renforts."

« Pour ça, vous avez sans doute raison. », fit le halfling en hochant vigoureusement le chef. « On n'a plus rien à faire ici. La nuit est en train de tomber et on nous a tué notre pauvre vieux cheval. », ajouta-t-il en désignant tristement la bête égorgée.

« Je m'inquiète pas trop pour mon compagnon, il est solide et je crois que j'ai fait le nécessaire pour qu'il s'en sorte. L'autre, en revanche, est mort un peu avant que les mutants ne nous attaquent, je le crains. Hier, voyez-vous, il était parti en éclaireur et a dû se perdre, surpris par la nuit, enfin je pense ; quand on l'a retrouvé, il était inconscient et presque mort de froid -maintenant, il l'est tout à fait, si vous me suivez. Apparemment, c'est en allumant ce feu pour essayer de le sauver qu'on a attiré ces horreurs-là. Ça se voit de loin, un feu, en soirée, c'est sûr. Mais on n'avait pas vraiment le choix. »

Le halfling avait dit tout cela très vite, presque avec légèreté, alors même qu'il venait de frôler la mort. Laissant son ami reprendre connaissance, il sauta lestement sur la charrette et en sortit quelques vivres et objets divers.

« Je vous demande encore un instant, messeigneurs, et nous pourrons partir. » fit-il de sa petite voix aiguë. « Le temps de jeter dans un sac tout ce qu'on peut emporter, et nous vous suivons. »

Pendant qu'il pliait bagage, l'homme à la peau de loup se leva avec un grognement. Il jeta un regard noir au deux chevaliers ; il paraissait nettement moins enclin que son compagnon à pardonner l'intervention tardive des jeunes nobles. Il marmonna un remerciement, et s'en tint là.

La nuit était tombée, et le chemin du retour serait peut-être hasardeux dans l'obscurité. Le halfling n'avait heureusement pas traîné, impatient de quitter la place. Son compagnon ne l'était pas moins, mais ne pouvait guère se hâter en son état.

« J'oubliais de me présenter. » dit le halfling alors qu'ils se mettaient en route. « Je m'appelle Hugo, Hugo Chèvrefeuille, à votre service, messeigneurs, et à celui de votre famille. Et mon ami se nomme Girard. On fait du commerce, on colporte, si vous voyez ce que je veux dire, sauf votre respect. Mais comme on n'est plus que deux, et que la charrette et tout ce qu'il y avait dedans et le reste est perdu, je ne sais pas trop ce qu'on va faire, hein, Girard ? »

« Ong va se tirer d'ici, et vite encore, pour commencer. » répondit Girard. « Pas la peine de voir trop loing nong plus. »

« Et vous, messeigneurs, » reprit Hugo, « qu'est-ce qui vous amène par ici, je me le demande ? C'est pourtant pas l'endroit où on s'attendait à trouver des chevaliers, sauf votre respect. Si vous voulez aller au Puech, vous feriez mieux de descendre vers la plaine. Vous vous rallongez le chemin en passant par les hauteurs. »

Appuyé lestement contre sa lance, Wolfram se déneigeait les épaules du revers de la main. Il finit par prendre la parole d'une voix qu'il voulait noble et déterminée.

" De notre côté, je suis Ser Wolfram d'Erguy, mon azuré compagnon est le Ser Leustant de Castagne ; et comme il vous l'a dit, nous sommes en mission.
Nous avons une excellente raison pour passer par les hauteurs, Chèvrefeuille : la Dame nous guide. Et elle a visiblement jugé qu'il nous fallait vous sauver.
Suivez nous, nous allons rejoindre notre coterie, les nobles seigneurs qui la composent seront plus à même de déterminer ce qu'il y aura de mieux pour vous."

Se retournant en faisant claquer sa lourde cape orangée, Wolfram reprit la direction du camp de base. Il n'aimait pas les halfelings, et espérait secrètement qu'icelui aurait la sagesse de se taire pendant le trajet.