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Sujet: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 4:03
Bonjour à tous,
Je me décide enfin à publier mes quelques bretonniens alors que certaines figurines sont déjà finies depuis longtemps ! Je n'ai pas encore atteint les 2000 pts mais je compte bien y parvenir. Disons que je préfères prendre mon temps pour m'appliquer autant que possible et aussi parce que je peins en parallèle d'autres armées selon l'humeur du moment et la motivation.
A ce sujet, ma principale armée reste les elfes sylvains et vous pouvez également voir quelques unes de mes peintures sur le forum d'Athel Loren.
Je précise que je fais mes photos à partir de mon smartphone. La mise au point n’est pas toujours facile alors désolé pour la qualité parfois flouté de mes peintures...
Pour commencer, je pense qu'il n'y a rien de mieux que de publier une photo de famille d'ensemble, c'est à dire environ 1500 pts de Breto:
Je vais vous proposer quelques zooms sur certaines unités à l'exception des chevaliers de la quête, des chevaliers du graal et du chevalier de sinople, car ces peintures ne sont pas de moi. J'ai acheté ces figurines en occasion (comme toutes les autres vu qu’elles n’existent plus !) et il arrive à quelques rares occasions qu'on tombe sur des peintures très satisfaisantes et qui méritent d'être conservées. Pour le reste, il faut s'adapter aux techniques de décapage qu'on connaît tous à moins de se lancer dans les nouvelles marques de figurines alternatives.
Dernière édition par Loec le Sam 12 Nov 2022 - 4:18, édité 1 fois
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Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 4:05
Jeanne de Lyonesse ou Repanse de Lyonesse
A présent, je commence par Jeanne de Lyonesse car je souhaite en faire le général de mon armée.
D'un point de vue symbolique, j'aime l'image de la femme maternelle redonnant courage, espoir et force aux hommes telle notre bonne Jeanne d'Arc face aux anglais ou la "Liberté guidant le peuple" du peintre Eugène Delacroix. D'un point de vue tactique, si on accepte de la jouer dans ses règles d'origine (V4), elle est à ma connaissance la seule figurine de toute la Bretonnie capable d'inspirer la peur chez ses ennemis, ce qui n'est pas négligeable dans l'efficacité d'impact d'une charge de cavalerie lourde. Il est alors beaucoup plus aisé de briser instantanément le moral des unités adverses et de les mettre rapidement en pièces !
La figurine n'était pas facile à trouver à un prix raisonnable. Aussi j'ai du acheter 2 Lyonesses incomplètes pour pouvoir réunir les pièces manquantes. Étant donné qu'il s'agit d'un personnage historique du lore de warhammer battle, j'ai préféré respecter le schéma de couleur classique que j'ai pu retrouver en faisant le parallèle entre une ancienne photo d'une peinture de l'équipe Eavy Metal (https://whfb.lexicanum.com/wiki/File:Repanse_M01.jpg) et sa représentation dans le jeux vidéo Warhammer II Total War (la photo de la figurine n'était pas présente dans le livre d'armée V4).
Les lions dorés sur le caparaçon ont été peints grâce à un aplat de Mournfang Brown puis dégradés en éclaircissant en Balor Brown et enfin un très léger brossage final en Zamesi Desert. Ah oui, j'oubliais, je suis toujours resté aux peintures Citadel mais parfois je complète avec la gamme Prince August. J'ai ajouté un pennon à la lance car je la trouvais un peu nue. Je voulais une Jeanne guerrière mais je voulais aussi essayer de la rendre un peu plus gracieuse par l'effet du vent. De plus, ses règles stipulent qu'elle est équipée de la "bannière de la fleur de lys". Or rien sur la figurine ne laisse supposer un tel drapeau, d'où cet ajout complémentaire. J'aurais toujours pu m'inspirer de cette grande bannière qu'on voit sur la figurine Eavy Metal, mais je ne la trouvais pas satisfaisante : elle est trop grande pour permettre le maniement de la lance et ses couleurs (bleu, rouge, or) évoquent davantage l'identité du Royaume de Bretonnie que du Duché de Lyonesse. Je fais les photos avec mon smartphone alors désolé pour la mise au point raté de certains détails dont ce fameux pennon. Sachez toutefois que je l'ai simplement réalisé à partir de Adobe Illustrator puis imprimé sur une feuille blanche A4 basique. Comme il n'existait pas de description précise de la "bannière de la fleur de lys", j'ai repris la forme des lions présents sur son caparaçon en y ajoutant simplement une fleur de lys. En effet, je voulais une bannière qui s'identifie facilement à Jeanne de Lyonesse et c'est pourquoi j'ai conservé le lion aux mêmes couleurs que celles présentées dans les armoiries du Duché de Lyonnesse dans le livre d'armée V6 (cf Duc d'Adelard). De surcroit, le pennon est seulement blanc (blanc-rosé) et rouge. (D'argent au lion léopardé et à la fleur de lys le tout de gueules).
Représentation de ma «bannière de la fleur de lys». La figurine d’origine ne me semblait pas adaptée pour l’ajout d’une vraie bannière à moins de la reconvertir en remplaçant la lance de cavalerie par une hampe d’étendard. Afin le préserver l’authenticité de la figurine sans compromettre sa description dans le livre de règles, la bannière de la fleur de lys a été imaginée comme un pennon placé à l’extrémité de la lance et en représentant davantage l'identité du Duché de Lyonesse plutôt que celle de Couronne ou de la Bretonnie.
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Loec Chevalier du royaume
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Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 4:06
Damoiselle ou sorcière
Comme il est de coutume chez les gentihommes de notre royaume, on présente d'abord les dames.
Voici une Damoiselle à pied de la V4. L'objectif de peinture était de faire une personne lumineuse, noble (forcément) et d'aura "sacrée". Pas besoin de commenter davantage, les couleurs sont basiques.
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Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 4:07
Hommes d’armes à la lance
Passons un peu en revue les troupes de base...
Je voulais absolument avoir une unité de lanciers, car la lance est l'arme d'hast, et même l'arme tout court, la plus basique qui soit ! Or la collection Warhammer V6 ne présentait aucune unité d'infanterie de la sorte, même si les règles proposaient de remplacer les vouges de ses hommes d'armes par des lances.
Je trouve également que les hommes d'armes de la V4 paraissaient moins "pouilleux" que les hommes d'armes de la V6. Cela est peut-être une impression liée au fait que les figurines sont en métal (j'ai toujours trouvé cette matière plus noble à peindre que les figurines en plastique, même s'il y a d'autres désavantages). Ou parce que les lanciers de la V4 paraissent mieux équipés que leurs confrères de V6 (cottes de mailles apparentes, épées à la ceinture, boucliers aux formes variées, casques nasaux en plus des quelques chapels de fer...).
Bref, j'ai donc décidé de peindre ces lanciers "proprement" en reprenant le code couleur des armoiries du Roi Louen et de sa capitale Couronne afin de leur donner un aspect plus officiel et plus régulier comme celui de sergents d'armes, de soldats permanents ou de gardes (bien que non anobli). Je ne voulais pas un simple groupe de soldats inexpérimentés composé de paysans à qui on a distribué des armes pour grossir les rangs de son seigneur.
Avant la peinture, cette unité acquise sur le marché de l'occasion a eu le droit à un bon bain d'acétone pour un nettoyage en profondeur (la peinture était vraiment nulle). Merci le métal qui facilite l'usage efficace de l'acétone ! Pour les boucliers en plastique, c'était au glanzer (vert).
Vous remarquerez que la bannière a été imprimée. De même pour tous les lions présents sur les boucliers. J'ai redessiné sous Adobe Illustrator le lion de Couronne. En effet, vu le temps que j'avais déjà passé sur cette unité qui reste assez monotone, j'avais envie d'accélérer sur les détails laborieux. Le rendu est plus réussit en réel plutôt qu'en photo. Le zoom de l'appareil photo met davantage en lumière l'épaisseur des feuilles de papier collés sur les boucliers, ce qui n'est pas top. Tous les autres symboles représentés sont faits au pinceau.
Pour mieux refléter la "vieille bande" d'une armée régulière de la Bretonnie, la bannière reprend l'emblème officiel de la capitale du Royaume ainsi que le Graal.
Je trouve que globalement les sculptures des figurines V4 ont souvent pris un coup de vieux après les nouveaux modèles dès la V7 (et c'est encore plus vrai avec Age of Sigmar), mais s'il y a bien une exception à cela, ce sont les figurines bretonniennes de V4 et même de V3. L'aspect un peu plus rustique des anciennes sculptures n'altère en rien le caractère féodal de la Bretonnie. Toutes ces générations révolues de figurines sont encore très adaptées pour une armée bretonnienne et elles resteront encore très longtemps !
D'ailleurs, si vous ne connaissez pas encore Foudry Miniatures (https://www.wargamesfoundry.com), vous devriez y jeter un œil. L'entreprise a fabriqué des anciennes figurines en V3 pour Games Work Shop comme sous traitant. Depuis, ils ont pu récupérer quelques licences sur certaines figurines. Mais dans tous les cas, ils ont gardé le style des bonnes vieilles figs à l'ancienne et encore moulées à 100% au métal blanc au plomb ! Parfait pour continuer à faire quelques achat du côté de la Bretonnie.
Dernière édition par Loec le Dim 13 Nov 2022 - 4:41, édité 1 fois
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Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 4:08
Chevaliers du Royaume aux couleurs de la Savoie
Voici ma cavalerie savoyarde ! C'est certainement l'unité sur laquelle j'ai passé le plus de temps, en moyenne 10h sur un chevalier.
J'ai pu acheter ces 12 chevaliers de la Bretonnie V6 en occasion. Ils étaient simplement sous-couchés en blanc, ce qui était parfait pour démarrer une peinture avec des caparaçons colorés et variés. Cependant, ils étaient déjà tous collés avec cette fichue colle plastique qui fait "fondre" les surfaces pour mieux les souder entres elles. J'ai fichue colle, car dans mon cas, j'aime peindre les pièces de mes figurines avant qu'elles soient totalement collées afin d'atteindre au pinceau des zones qui ne seraient plus accessibles, comme sous le cheval (gêné par le socle) ou derrière le bouclier. J'ai donc quant même pas mal galéré à détacher le plus proprement possible certaines pièces avec mon cuter mais à la sortie je me suis bien débrouillé. Je recolle toujours mes pièces une fois qu'elles sont intégralement peintes, et je mets même de la peinture sur les surfaces qui devront être collée. Oui, la colle tient du coup moins bien, mais si demain il y a besoin de décaper la figurine pour lui refaire une peinture, ce sera beaucoup plus simple !
L'intérêt des chevaliers est qu'ils sont des nobles disposant de leur propre héraldique et de leurs propres couleurs. A moins qu'ils représentent un Ordre commun, une unité de chevaliers est donc naturellement riche en couleurs afin que chaque seigneur lourdement armuré soit capable de se distinguer les uns des autres. La diversité des tenus de chevaliers tranche avec les uniformes répétitifs des armées régulières.
Mais il me fallait une idée de couleurs pour chaque chevalier. Pour cela, il me fallait trouver des armoiries pour chacun d'entre eux. Comme les figurines avaient été achetées d'occasion, il n'y avait plus les décalcomanies prévues à cet effet. Mais cela m'a obligé à chercher moi-même des héraldiques comme beaucoup d'entres vous avec vos propres figurines.
J'ai donc décidé de m'inspirer de villes emblématiques de la Savoie, car c'est une région riche en histoire et dont je suis presque originaire. Je voulais également représenter la Savoie médiévale, avec des villes qui aujourd'hui ne sont plus dans les départements de Savoie et de Haute-Savoie, et qui sont devenue selon-moi orphelines de leur passé (car le savoyard d'aujourd'hui sait crier fort pour défendre sa région, mais il connait en réalité assez peu son histoire).
Pour rendre le plus lisible possible les armoiries des villes que j'avais choisi, et pour éviter de passer 10 heures supplémentaires sur chaque chevalier, j'ai récupéré des héraldiques que j'ai parfois simplifié ou redessiné en image vectoriel avec Adobe Illustrator. Après avoir mesuré les emplacements des armoiries sur les figurines normalement destinés aux décalcomanies, j'ai pu mettre à l'échelle mes armoiries dessinées en vectoriel.
Si vous souhaitez que je vous donne le gabarit en pdf ou en svg, ou que je le publie sur le fofo, n'hésitez pas à me le demander !
Après cela, j'ai pu imprimer mes blasons puis j'ai commencé la peinture...
Alors je me suis dit que c'était bête de publier les images de ma cavalerie savoyarde sans expliquer les villes qu'elle représentait.
D'ailleurs, nous privilégierons désormais le terme de savoisien plutôt que celui de savoyard car d'après certains anciens, "savoyard" est un terme parisien péjoratif pour désigner les habitants de Savoie.
Mais revenons à la signification des armoiries de cette cavalerie savoisienne : comme je vous l'ai expliqué, il s'agit de villes ou de lieux dits emblématiques de la Savoie (ou parce que les couleurs des armoiries m'intéressaient afin de ne pas avoir une unité de chevalier seulement en rouge).
Plutôt que de vous dire directement quelles sont les villes qui correspondent à ces armoiries, seriez vous capable de les reconnaitre vous même ? Aller, il y en a bien une ou deux que vous pouvez trouver !
Et comme je ne suis pas avare d'informations, je vous ai préparé en réponse (bouton SPOIL) l'histoire de la ville correspondante avec quelques illustrations. J'espère que les passionnés d'histoire apprécieront les explications, que ceux qui ne connaissent pas la Savoie autrement que par le Ski aient envie de découvrir la région autrement, et que ceux qui connaissent déjà la Savoie s'amuseront à ce jeu de devinette (pour ces derniers, s'il y en a parmi nous, j'attends le nombre de réponse JUSTE ).
PS : il y a certainement encore pas mal de fautes d'orthographe, et j'en suis désolé par avance ! Mais j’ai déjà mis pas mal de temps à rédiger tout ceci et il est désormais venu l’heure de publier.
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Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 4:09
Le champion d'unité
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CHAMBERY, la capitale historique de Savoie
Bienvenue dans la capitale historique de la Savoie, la «Cité des ducs» comme on la surnomme !
L’histoire de la ville de Chambéry remonte à l’âge néolithique, où elle était déjà connue pour être une place forte. Plus tard, l’ancien opidum celtique, installé sur une des collines alentours (colline du Lémenc), a donné à la ville son premier nom : Lamemcum. Ce nom a peut être aussi été influencé par celui du lac Léman qui se situe à 90 kilomètres de Chambéry. Les allobroges étaient vraisemblablement le peuple gaulois qui habitaient les environs. A l’époque gallo-romaine, la devise de la ville était déjà Custodibus istis, c’est à dire «Par ses gardiens». La toponymie du nom Savoie vient du latin sapaudia et il signifiait alors «le pays des sapins». A la chute de l’Empire romain, les germains Burgondes s’installent dans la région. Elle sera intégrée à l’Empire de Charlemagne avant d’être rattachée au Saint Empire Romain Germanique.
L’essor de la ville est essentiellement du à son positionnement géographique entre Lyon à l’Ouest, Genève au Nord, Grenoble au Sud et les vallées à l’Est menant en Italie. C’est probablement la raison pour laquelle Thomas Ier de Savoie achète la ville en mars 1232 à un seigneur local, afin d’y exercer un rayonnement politique à travers toute l’Europe. Dès lors, la ville va connaître un développement important rythmé par l’ascension de la seigneurie de Savoie. En 1416, Amédée VIII «le pacifique» en fait la nouvelle capitale de la Savoie à la place de Montmélian. De plus, la Savoie accroît son autonomie par rapport au Saint Empire Romain Germanique, puisqu’elle devient un Duché. Une noblesse chambérienne émerge et de nombreuses institutions religieuses majeures s’installent dans la capitale. De surcroît, Chambéry devient un haut lieu de pèlerinage car elle abritait notamment le saint-suaire, le linceul dans lequel le christ aurait été enroulé après sa crucifixion. De nos jours, la capitale savoisienne n’a pas perdu sa renommée historique. Elle représente l’apogée de la Savoie au moyen-âge et son passage de Comté à Duché pendant la renaissance.
Pendant les guerres d’Italie, le Roi François 1er parviendra à occuper la ville. C’est pourquoi, face à la menace récurrente des français, les seigneurs de Savoie préfère déplacer le siège de leur capitale à Turin en 1563. Chambéry sera de nouveau occupée par les Français sous Henri IV jusqu’à la signature du traité de Lyon (1601). En tant que capitale du Comté puis capitale du Duché de Savoie, la ville de Chambéry a eu le privilège d’emprunter les armoiries de la Maison de Savoie. Toutefois, comme il était de tradition à l’époque, le blason de la ville de Chambéry est cantonnée en chef à dextre d'une étoile d'or pour ne pas le confondre avec celui de la famille ou Maison de Savoie.
Le centre ville de Chambéry, principalement piétonnier, est relativement bien conservé. Sa rue principale (place Saint-léger) dessert d’autres axes parallèles du bourg historique par des rues perpendiculaires mais aussi par de nombreuses « traboules » exiguës, ce qui offre une atmosphère urbaine assez pittoresque. Enfin, l’imposant château des Ducs, siège des suzerains de Savoie, veille toujours impassiblement sur sa ville qu’il a administré et protégé en de moult occasions. D’autres curiosités sont bien-sûr à découvrir...
Les Alpes entourant la ville de Chambéry. Ici, le massif des Bauges
Place Saint-Léger, une des principales voies du centre historique de Chambéry
Le Château des Ducs de Savoie, le siège du pouvoir savoisien durant le moyen-âge.
Cathédrale de Saint-François-de-Sales
Une des nombreuses traverses urbaines de Chambéry permettant de relier une rue à l'autre telle les traboules lyonnaises
Le musicien
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ANNECY, la Venise des Alpes
Annecy est la capitale départementale de Haute-Savoie. Elle se situe à mi distance entre Chambéry et Genève, soit à 40 km de l’une et de l’autre. De part son patrimoine urbain remarquable, son château surplombant la ville, son lac, son paysage alpin et le passage de la rivière du Thiou en 2 bras dans l’hypercentre urbain, on surnomme Annecy la Venise des Alpes.
Rattachée au pays du Genevois (voir Genève), Annecy ne devient savoisienne qu’en 1401 après le décès de Clément VII, antipape et Comte de Genève, et le rachat du titre de Comte par la Maison de Savoie à son héritier. Toutefois, les évêques de Genève continueront à en faire leur lieu de résidence. Au cours du XVI ème siècle, la ville devient une cité de prestige intellectuel et spirituel. C’est d’ailleurs en 1606 que le sénat de Savoie créé à Annecy l’académie florimontane (fleurs des montagnes), soit 28 ans avant la date de création de l’académie française. Au XVII ème siècle, Annecy compte 13 maisons religieuses pour 5.000 habitants, dont les ordres religieux ont pour missions principales l’éducation et l’hospitalité les malades et des pauvres.
Au XVIII ème siècle, Annecy est particulièrement engagée dans la cause de la révolution française. Elle entraîne le duché de Savoie dans la mouvance républicaine suscitant la crainte de la Maison de Savoie. Entre 1792 et 1815, la Savoie est annexée par les révolutionnaires et elle sera intégrée à la France comme le département « Mont-Blanc » avec pour capitale Chambéry. En 1815, Annecy est réintégrée au duché de Savoie, que l’on appelle depuis le Royaume de Piémont-Sardaigne, car les Ducs de Savoie ont hérité du Royaume de Sardaigne au cours de l’an 1720.
Actuellement, Annecy est une ville riche où la population reste assez aisée. Cela est une conséquence de sa proximité avec la Suisse et du bassin genevois. De plus, la ville a développé au bord du lac un tourisme balnéaire de luxe comme l’illustre ses nombreux hôtels étoilés et son casino.
Le château d'Annecy
Le lac d'Annecy
Le centre ville historique d'Annecy avec son ancienne prison contenue par la rivière du Thiou
Le porteur de la bannière
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HAUTECOMBE, la nécropole des princes de Savoie
Voici Hautecombe ! Nous pourrions beaucoup en dire sur Hautecombe tellement le lieu est rempli d’histoire et de secrets ! A l’origine, ce sanctuaire cistercien fut fondé en 1101 par des moines de l’Abbaye d’Aulps située en Haute-Savoie. Mais ils partirent en quête d’un lieu «plein d’horreur et de solitude» pour y mener une vie érémitique. Le premier site choisi fut celui de la combe de Vandebert, sur l’actuelle commune Entrelacs, non loin du lac du Bourget.
Alors que Bernard de Clairvaux, un des premiers moines cistériens, voyageait à travers les alpes pour rejoindre l’appel du pape Innocent II à Rome, il rencontra ce nouveau prieuré. Méfiant par la vie d’ermite, il convint les moines à une évolution de leur vocation en rejoignant l’ordre cistercien. Progressivement, le prieuré devient un lieu trop passant et les moines décidèrent de chercher un nouveau lieu isolé pour leur mode de vie reculé. Suivant les conseils de Saint Bernard de Clairvaux, et après avoir eu la vision d’une lumière éclairant les rochers situés de l’autre côté du lac du Bourget, les moines choisirent ce nouvel emplacement mais ils gardèrent le nom de Hautecombe en référence à leur première implantation. Ce site appartenait au comte Amédée III de Savoie qui en fit don aux moines. Son fils et héritier Humbert III de Savoie voulait y mener une vie monastique mais il ne le pu que peu de temps avant sa mort et après avoir lui-même assurer une descendance mâle. Le corps de Humbert III repose désormais à l’Abbaye d’Hautecombe ainsi que la plupart des descendants de la maison de Savoie jusqu’à nos jours. En effet, l’ancienne famille royale d’Italie, elle-même descendante de la maison de Savoie (voir Pour aller plus loin), continue de se faire inhumer à l’Abbaye de Hautecombe aux côtés de ses ancêtres.
Toutefois, il n’existe aujourd’hui plus aucun moine vivant à Hautecombe, car le site classé monument historique draine trop de visiteurs. En 1987, les derniers moines ont voté leur transfert au monastère clunisien de Ganagobie (Haute-Provence). L’archevêque de Chambéry a alors demandé à la communauté catholique du Chemin Neuf de venir occuper les lieux. C’est toujours cette communauté qui entretien actuellement le site, assure les messes et accueil les visiteurs.
L’abbaye de Hautecombe exposée sur le flanc Est du mont de la Charvaz, plus connu sous le nom de la «montagne de la dent du chat», du fait d’une légende locale qui y est racontée (et de la forme pointue d’un de ses sommets). Au pied de la montage, il y a le lac du bourget. Il s’appelait jadis le lac de Châtillon, mais progressivement vers l’an 1300, il prend le nom du lac du Bourget en référence à un château éponyme qui fut la résidence secondaire des seigneurs de Savoie (les ruine du château sont sur la commune du Bouget-du-lac, en rive Sud). L’abbaye de Hautecombe est donc établie au bord du lac, face à la ville de Aix-les-Bains (voir Pour aller plus loin). Au moyen-âge, l’abbaye était très enclavée et il était plus facile d’y accéder en bateau plutôt que part la montage. Il faut également rappeler que le lac du Bourget a été habité très tôt dès la préhistoire. Une partie du lac le long de l’Abbaye a été classé patrimoine mondiale de l’UNESCO car elle abrite les anciens vestiges d’une cité lacustre. Enfin, le poète Alphonse de Lamartine habita quelque temps dans la région et il contribua à la renommé du lac du Bourget.
Il n’existe pas d’héraldique représentant l’Abbaye de Hautecombe, mais un sceau. Les armoiries présentées ici sont celles de la commune de Saint-Pierre-de-Curtille. C’est sur cette commune que se situe l’Abbaye de Hautecombe.
4ème chevalier
Pour représenter la louve sur le cimier du chevalier, conformément à son héraldique, j'ai utilisé un chien qui était disponible sur grappe avec les hommes d'armes bretonnien en V6. Mais je ne suis pas trop satisfait du résultat, car je le trouve trop "droit" et trop démesuré par rapport à la tête du cavalier. Si vous avez des conseils ou des suggestions pour que je puisse améliorer ce chevalier, je suis preneur !
Qui suis-je ? (indice : je suis une petite ville injustement méconnue et pourtant je serais le berceau des seigneurs de Savoie)
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BELLEY, capitale du Bugey
D’après d’anciennes cippes et stèles latines découvertes aux alentours de la ville, Belley tiendrait son étymologie de Belisima, la déesse celtique du foyer et de l’artisanat. En fait, la cathédrale actuelle de la ville se situerait sur les vestiges d’un ancien site païen. D’autres sources affirment que le nom de la ville vient de la déesse romaine de la guerre, Bellone, et dont serait également originaire l’héraldique de la ville, à savoir la louve. En effet, située non loin du Rhône, Belley était sur l’axe commerciale entre Lugdunum (Lyon) et Genava (Genève) et les romains en avait fait une petite cité comme l’atteste la présence d’anciens thermes aujourd’hui recouverts par l’urbanisation contemporaine.
Belley est la capitale historique du Bugey, un des quatre pays naturels constituant le département de l’Ain (voir Bourg-en-Bresse). Le Bugey est une terre singulière qui se décline parfois entre le Haut-Bugey, au contact des départements du Jura et de Haute-Savoie, et le Bas-Bugey, en frontière avec les départements de l’Isère et de la Savoie. Belley se place dans le Bas-Bugey, à 30 Km de Chambéry et à égale distance entre Lyon et Genève. La légende du Bugey veut que son nom soit emprunté à celui de Bugia. Bugia était la compagne de Bel, petit fils de Noé, a qui on transmit les dernières semences du jardin d’Eden avant le déluge. Bugia avait la mission de les relâcher plus tard dans un lieu qu’elle jugerait approprié, et c’est ainsi qu’elle créa le Bugey. Le pays du Bugey est une terre dont l’histoire est celle de la Savoie mais dont le terroir demeure franc-comtois. En effet, c’est dans le Bugey que les montagnes du Jura terminent leur course pour laisser la place aux jeunes sommets des Alpes. Le Bugey reste un territoire majoritairement rural et bucolique, constitué de nombreuses montagnes, de forêts, de lacs, de cascades et de châteaux médiévaux souvent en ruine. De nombreuses spécialités culinaires y sont représentées : du vin (cerdon, mondeuse, roussette...) au fromage, sans oublier les truffes et les diots, des saucisses typiques de Savoie. Parmi les fromages les plus atypiques, on peut mentionner le ramequin. D’après des écrits du XVI ème siècle, ce fromage spécifique au Bas-Bugey ferait l’objet d’une des plus anciennes recettes de fromage fondu, soit bien avant les fondues suisses et savoyardes. Quand au Haut-Bugey, l’AOP du comté y est reconnue. C’est probablement la raison pour laquelle la fondue savoyarde fait usage d’un tel fromage. Pour compléter le paysage, les maisons traditionnelles et les fermes bugistes s’identifient facilement grâce à leurs murs à pignon à redents ou « à pas d’oiseaux ».
Armoiries du pays du Bugey et paysage bugiste pendant une journée d'automne
Le Bugey fut probablement partagé par 3 peuples celtes. Le Nord était sous influence séquane, dont la capitale était Besançon, l’Ouest appartenait aux ambarres, le plus petits des trois peuples et le reste du Bugey était aux allobroges. En -58, les séquanes autorisent aux helvètes, un peuple celte du Nord des Alpes, à traverser leurs frontières pour rejoindre leurs alliés les santons situés en Charente-Maritime. Les helvètes voulaient fuir les agressions des germains. Mais le peuple des ambarres refusa la traversée de son territoire car il craignait des actes de pillage. Les ambarres demandèrent alors l’aide aux romains, qui étaient déjà établis en allobrogie, et Jules César utilisa ce prétexte pour déclencher la guerre des gaules. A la chute de l’Empire Romain, les Burgondes s’installèrent dans la région pour y fonder leur royaume. C’est à Ambérieux-en-Bugey (nom issu du peuple des ambarres) que fut rédigé la loi Gombette aussi connue sous le nom de loi des burgondes. On pense que la ville de Belley devint réellement importante au cours de la christianisation de l’ancienne gaule. En effet, vers le VI ème siècle, Belley fut élevée un diocèses avec à sa tête un évêque. En tant que capitale régionale, Belley donne alors son nom au pagus bellicensis, qui deviendra le pays du Bugey. On raconte également quand Charles Martel arrêta les arabes à Poitiers et que la reconquête débuta, des sarrasins ont pu trouver l’asile dans les montagnes bugistes. Ce serait grâce à eux qu’on retrouve dans de nombreux villages bugistes les suffixes -oz ou -az.
Les recherches historiques modernes mettent en évidence que les premiers seigneurs de Savoie seraient originaire de Belley et non pas de Maurienne. On connaît assez mal leurs origines, mais Humbert 1er dit «Humbert-aux-mains blanches» est le fondateur de la Maison de Savoie. Il est mentionné dans quelques rares documents du XIème siècle aux cotés de ces 2 frères dont l’aîné, Odon, était évêque de Belley. Ils étaient donc déjà issue d’une famille belleysanne assez puissante, surtout qu’après la chute de l’Empire de Charlemagne, les évêques jouaient un rôle politique fort. Par ailleurs, la famille de Humbert a su tirer son épingle du jeu en mariant Ermengarde, probablement une sœur, au dernier roi de Bourgogne Rodolphe III. Celui-ci décéda sans descendant mâle et il fit don de son Royaume au Saint-Empire-Romain-Germanique. Humbert, qui avait toutefois pu hériter de la Combe de Savoie qui avait été offerte par Rodolphe III à sa femme Ermengarde, resta fidèle à l’Empereur du Saint-Empire-Romain-Germanique dans le conflit de succession qui suivit. En signe de gratitude, l’Empereur nomma Humbert comte de Maurienne, titre qui n’avait jamais existé auparavant, et c’est effectivement dans cette vallée qu’on considère le début de l’histoire de Savoie (voir Maurienne). La ville de Belley était donc déjà savoisienne bien avant la création du Comté de Savoie et elle le restera jusqu’en 1601 où Henri IV, roi de France, annexa le Bugey et le reste du département de l’Ain.
Au moyen âge, beaucoup de monastères se sont installés dans le Bugey. Les moines de la Grande Chartreuse y implantèrent plusieurs abbayes dont celle de Pierre-Châtel en 1383 et située au dessus du Rhône proche de Belley. Il existait également de nombreux petits seigneurs locaux même si les plus importants étaient la Maison de Savoie et les sires de Thoire-Villars (Haut-Bugey). Beaucoup étaient féodés à la Savoie qui prit progressivement le contrôle total de ces fiefs. En effet, à l’origine la principauté de Savoie était plurielle car elle était constituée de domaines épars accumulés autours du diocèse de Belley et qui ne formait pas encore de territoire continu. En 1401, faute de descendance male, Humbert VII de Thoire-Villars vend ses droits à Amédée VIII de Savoie, ce qui permet d’intégrer le Haut-Bugey et une partie de la Bresse au Comté de Savoie. Enfin, le département de l’Ain fut sous la concurrence des dauphinois qui avaient également des terres sans soucis de cohérence géographique avec leur voisin savoisien. Cela exacerba les tensions qui débouchèrent en 1282 sur une véritable guerre entre les deux comtés. Ce conflit delphino-savoyard est aujourd’hui méconnu du public français et pourtant il est comparé par des historiens à la guerre de cent ans. Le Bugey, zone frontalière avec le Dauphiné, fut particulièrement touché par le conflit, et c’est pourquoi on compte plus d’une centaine de fortification de cette épopue dans tout le département de l’Ain, la plus part étant actuellement en ruine. Pour en savoir plus, voir Pour aller plus loin.
L’urbanisme du centre ville de Belley est semblable à celui de Chambéry, bien que plus modeste. Une rue principale dessert les bâtiments, souvent garnies de tourelles, par des passages perpendiculaires similaires aux traboules lyonnaises. On peut encore apercevoir sur tous les bâtiments en front de la rue principale les anciennes arches en pierre. Au XVIII ème siècle, la ville épiscopale ne comptait pas moins de 7 couvents. Devenue française depuis le traité de Lyon (1601), la ville de Belley deviendra également une ville militaire abritant une importante garnison du fait de sa proximité avec la Savoie. De nos jours, bien que Belley ne représente plus que 9.000 habitants, la ville reste toujours un diocèse à part entière ce qui témoigne de l’importe historique de la capitale bugiste. Sa cathédrale Saint Jean-Baptiste est classée au titre des monuments historiques. D’autres édifices illustrent l’important passé religieux de la ville, comme le palais épiscopale (résidence des évèques) ou les nombreux couvents absorbés par l’urbanisation et reconvertis en logements, commerces ou équipements publiques. Une congrégation de moines appelée les Frères de la Sainte Famille siège toujours a Belley et elle est à l’origine de l’actuelle distillerie Kario réputée pour ses liqueurs aux plantes, très semblable à la liqueur de la chartreuse. Vous avez sans doute déjà entendu parlé de son soda holypop, que vous trouverez désormais dans la plupart des magasins alimentaires bio (https://www.youtube.com/watch?v=-OtaCVB_QH0). A noté également que Jean Anthelme Brillat-Savarin est une personnalité historique de la ville. Né à Belley, il fut le maire pendant de nombreuses années avant de siéger aux états généraux sous l’ancien régime de Louis XVI. Partisan de la cause girondine, il s’exila une année aux États Unis d’Amérique pendant les troubles de la révolution française. Il reviendra comme député de l’Assemblée nationale sous Napoléon Ier. Brillat-Savarin est considéré comme «l’inventeur» de la gastronomie (un fromage reprend son nom pour l’honorer). En effet, Brillat-Savarin est particulièrement connu pour son ouvrage «la physiologie du goût» et dans lequel on lui doit quelques aphorismes devenus célèbres : «Dis-moi ce que tu manges : je te dirai ce que tu es.», «Le Créateur, en obligeant l'homme à manger pour vivre, l'y invite par l'appétit, et l'en récompense par le plaisir.», «Un dessert sans fromage, est une belle à qui il manque un œil. » ou encore « La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent».
La Grande Rue de Belley, artère principale du centre ville historique. Toutes les constructions en front de rue sont composées d'anciennes arcades typiques de l'architecture urbaine savoisienne.
Belley compte également de nombreuses tours en pierres blanches caractéristiques de l'architecture savoisienne. Elles sont difficilement visibles dans le paysage urbain car elles desservent essentiellement les étages des bâtiments depuis des arrière-cours. Il ne faut pas hésiter à essayer de pousser les grandes portes depuis la Grande Rue pour tenter d'accéder à la cours d'une copropriété
La cathédrale Saint-Jean-Baptiste semble aujourd'hui inédite pour être située dans une ville aussi petite que Belley
Intérieur de la cathédrale de Belley
"La Tourelle" a été construite en 1531 par messire Guillaume Perruquet. Elle est également classée monument historique
Habitat et granges traditionnelles du Bugey avec leurs murs pignons à redents donnant l'effet d'escaliers sur les toitures
5ème chevalier
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MAURIENNE, la genèse savoisienne
La Maurienne est une vallée intra-alpine parallèle à celle de la Tarentaise. Elles sont toutes les deux reliées par la Combe de Savoie mais restent parfois rivales sur leurs origines savoisiennes. Pour n’évoquer que brièvement la vallée de la Tarentaise, elle est particulière connue pour sa station de ski à Tignes, mais aussi pour le col du Petit Saint-Bernard, un des points de passage le plus facile pour passer les Alpes. Ce col était déjà bien connu depuis le néolithique comme l’atteste la présence encore bien conservée d’un cromlec’h (cercle de pierres). La vallée de la Tarentaise, autrefois peuplée par les celtes Ceutrons, est la principale route reliant Chambéry à la ville italienne Aoste (voir Aoste). C’est pourquoi, pour garder l’effet de surprise dans sa traversée des Alpes, Annibal évita la Tarentaise. Pour atteindre Rome, il préféra la vallée de la Maurienne avant de franchir le col du Mont-Cenis. Les récits racontent qu’Annibal ne fut pas moins bien accueilli par les quelques tribus gauloises locales, en particulier les Graiocèles pour la partie haute de la Maurienne et les Médulles pour la partie basse.
Mais ce qui fait la notoriété de la vallée de la Maurienne, c’est son importance dans les origines de l’histoire de Savoie. Beaucoup pensent encore que la Maurienne est le berceau de la Maison de Savoie. Pourtant, l’origine de la famille des «humbertiens» est aujourd’hui remise en cause (voir Belley), mais ce qui est certain, c’est que l’histoire de la Savoie prend son essor avec Humbert 1er dit «Humbert-aux-mains-blanches» lorsqu’il est nommé vers 1043 Comte de Maurienne par l’Empereur Conrad II du Saint-Empire-Romain-Germanique. Il est remercié pour sa fidélité dans la gestion de la succession du dernier roi de bourgogne Rodolphe III. Humbert 1er devient alors le premier seigneur à porter le titre de Comte de Maurienne qu’il léguera à ses héritiers et qui deviendra le point de départ de la principauté de Savoie. La légende veut également que la corps défunt d’Humbert 1er soit inhumé à la cathédrale de Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Maurienne, mais d’après le médiéviste Laurent Ripart, le véritable emplacement du corps pourrait être sur la commune de Les Échelles, dans le «Bugey savoyard», où l’ancien seigneur avait fondé un prieuré. Le mythe de Saint-Jean-de-Maurienne comme point d’origine des premiers seigneurs de Savoie serait né de l’évêque de Maurienne et de chroniqueurs du XV ème siècle afin de s’attirer les faveurs de la Maison de Savoie. Toujours est-il qu’on considère la résidence ancestral des Comtes de Maurienne dans le château de Charbonnières, aujourd’hui disparu mais qui fut élevé sur la commune de Aiguebelle, à l’entrée de la vallée. Il fut la cible de nombreux sièges, entre français et espagnols depuis les guerres d’Italie sous François 1er jusqu’aux guerres de succession d’Autriche avec Don Felipe.
De par leurs affiliations, les armories des Comtes de Maurienne étaient très semblables à celles du Saint-Empire-Romain Germanique. Elles étaient composées d’un aigle noir sur font doré (« d'or à l'aigle de sable»). Un chroniqueur du XVème siècle, Jean Cabaret d'Orville, fait remonté l’origine des armories de Savoie, croix blanche sur fond rouge («de gueules à la croix d'argent») au XIIème siècle, sous Amédée III dit «le Croisé». Le 7ème Comte de Maurienne participa à la deuxième croisade et bien qu’il n’en revint pas vivant, son dévouement a permis l’adoption de cette nouvelle héraldique. Par ailleurs, Amédée III et son fils Humbert III sont considérés comme les premiers comptes de Savoie. Dès lors, on ne parle plus du Comté de Maurienne mais du Comté de Savoie, bien que toujours vassal du Saint-Empire-Romain Germanique. Toutefois, l’emblème de l’aigle fut encore utilisé et l’usage officiel de la croix ne fut définitif qu’en 1315 par Amédée V dit «le Grand», pour commémorer sa victoire à Rhodes (sans sa présence) alors qu’il venait en aide aux chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean contre les Ottomans. Il ne faut pas confondre l’héraldique savoisien avec l’héraldique helvète. Apparue en 1339, la croix des Suisses ne touche pas les bords. En revanche, la croix de Savoie est similaire au drapeau danois bien que celui-ci soit plus récent.
Les armoiries présentent sur le chevalier sont en réalités celles des premiers Comtes de Maurienne. Mais ce sont elles qui ont inspirées celles de la vallée de la Maurienne : un aigle noir au dessus d’une tour rouge le tout sur fond doré («D'or à l'aigle éployé de sable à la tour de gueules en pointe»).
Les Alpes
Entrée au village de Bonneval-sur-Arc situé pratiquement au bout de la vallée de Maurienne
Village de Bonneval-sur-Arc, référencé parmi les plus beaux villages de France
Église de Bonneval-sur-Arc
Venez donc vous réchauffer ! (Bonneval-sur-Arc)
Avec le réchauffement climatique, ces épisodes neigeux sur Bonneval-sur-Arc deviennent moins fréquents
6ème chevalier
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SEYSSEL, la fidèle
Seyssel est une petite ville de 3353 habitants située à cheval sur la rivière du Rhône. Elle se situe également à la confluence du Fier, une rivière qui prend sa source en Haute-Savoie, en grande partie depuis le lac d’Annecy et le mont Charvin. Après l’annexion d’une partie de la Savoie par Henri IV en 1601 (actuel département de l’Ain), Seyssel va devenir une ville frontière et elle subira de nombreux changements de régimes entre la France et la Savoie. La révolution française et la création des départements entérineront ce contexte géographique spécifique en maintenant le Rhône comme une frontière naturelle entre les départements de l’Ain et de Haute-Savoie ce qui explique aujourd’hui le particularisme administratif de Seyssel : la ville est coupée en deux communes distinctes alors qu’elle était unie depuis près de 16 siècles. Seyssel fait donc partie des huit villes françaises partagée par deux départements différents. En outre, la ville possède désormais deux mairies et deux maires distincts : la mairie de Seyssel-Ain et la mairie de Seyssel-Haute-Savoie.
Des outils du néolithique ont été retrouvés ce qui laisse penser que le site était déjà occupé depuis la préhistoire. La table de Peutinger (copie médiévale d’une carte romaine) semble indiquer qu’un port important se situait à moins de 1,5 kilomètres de Seyssel. On connaît assez mal la raison de la chute de cet ancien port qui s’appelait Condate ou Conjeon.
Le nom de Seyssel pourrait venir du mot latin saxellum signifiant «rocher» mais une autre hypothèse affirme que le nom de la ville viendrait d’un ancien général romain connu sous le patronyme de Sextillius et dont ses descendants auraient été les premiers seigneurs de la bourgade. Le château était construit sur la rive Ouest du Rhône (Ain) alors que le reste de la ville s’est essentiellement développé rive Est (Haute-Savoie). Les vestiges des anciens ramparts sont toujours visibles notamment avec l’ancienne arche. Ils faisaient 4m de haut et 1m d’épaisseur. Mais Seyssel est surtout connu par son histoire grâce à une noble famille d’extraction chevaleresque savoisienne. Cette famille porte le même nom que la ville, car elle en est originaire depuis au moins le XI ème siècles. Elle a joué un rôle important dans l’histoire de la Savoie car la Maison de Seyssel jouissait en tant que vassal d’une confiance forte de la part des seigneurs de Savoie. Elle a été l’une des première lignée de nobles de la région à intégrer la cour des comtes de Savoie et la cour des évêques de Genève. D’après de chanoine Jean-Louis Grillet, la famille de Seyssel tenait le premier rang des nobles de confiance du Duché de Savoie. Vers le XIII ème siècles, la famille de Seyssel échange ses droits sur sa ville d’origine à la Maison de Savoie contre la ville d’Aix-les-bains (voir Aix-les-bains). Ainsi, la Maison de Seyssel a tenu plusieurs titres jusqu’à ceux de baron et marquis d’Aix-les-bains, vicomte de Maurienne, maréchal de Savoie (la plus haute distinction militaire de Savoie), comte de Seyssel, puis comte du Saint Empire et comte de l’Empire Français.
Si la branche aînée de la famille des Seyssel disparaît en 1509, elle a laissé 19 branches cadettes lui succéder. Mais aujourd’hui, plus que 4 branches demeurent entre l’Italie, la Bavière-Autriche et la France. La branche Seyssel-Cressieu reste l’une des plus importantes et son château-résidence se situe tout proche de Belley (voir Belley). Encore récemment, elle a été un grand propriétaire foncier dans la région bien qu’elle continue parfois à vendre son patrimoine (bâtisses ou anciens châteaux en ruine, forêts, lacs...). En 1947, la branche Seyssel-Cressieu a été admise à l’Association d’entraide de la noblesse française (ANF). En 2015, Jean de Seyssel décède alors qu’il est arrière grand père. Il était exploitant agriculteur, fut conseillé municipal, vice président et membre très actif de la Société Le Bugey fondée par son propre grand père. La Société Le Bugey est une association réunissant plusieurs centaines de passionnés qui travaillent à la recherche historique, culturelle et scientifique de leur région ainsi qu’à sa promotion touristique.
Enfin, Seyssel est également connu pour son vin ancestrale de roussette de Savoie dont le cépage utilisé est l’Altesse. Même si la première mention écrite de ce vignoble remonte à 1145, ce sont les moines chartreux d’Arvière (Ain) qui l’ont développé au cours du XIV ème siècles. En 1927, les viticulteurs de Seyssel-Ain avec leurs voisins de Corbonod (Ain) s’organisent autour d’un syndicat pour protéger et délimiter juridiquement leur vignoble. Mais ce n’est qu’en 1942 que l’AOC des vins de Seyssel est attribuées par l’État français, incluant l’ensemble des territoires limitrophes, ce qui en fait l’une des premières appellations de vins de France et la première de Savoie. Par la suite, l’AOC Roussette de Savoie s’est étendue à d’autres communes, mais elle se distingue de la traditionnelle AOC de Seyssel. On compte désormais plus de 16 dénominations géographiques protégées en vin de Savoie (hors département de l’Ain) et les cépages les plus typiques du Bugey et de la Savoie sont l’altesse (raisin blanc), la jacquère (raisin blanc), et la mondeuse (raisin noir). La mondeuse serait d’ailleurs un cépage issu du vitis allobrogica, un vigne créée par les allobroges afin qu’elle puisse mieux résister au climat de montagne. Les vins mousseux du Bugey sont également très appréciés bien que moins connus. Produits à partir de gamay, ils font également l’objet d’une AOP spécifique. Un procès s’ouvrit en 2017 contre les viticulteurs de la Clairette de Die (Drôme) pour avoir copié la recette ancestrale des vins pétillants du Bugey.
Seyssel côté Haute-Savoie
Centre ville de Seyssel
Seyssel côté Ain
Vignobles d'altesse
La ville de Seyssel est séparée par deux communes et chacune possède ses propres armoiries. L’usage de lettres en héraldique est rare. Pourtant les armoiries de Seyssel Ain datent au moins de 1696 puisqu’elles apparaissent comme telles dans «L’Armorial Général de France». Les armoiries de Seyssel Haute-Savoie sont un peu plus récentes. On retrouve une autre version des armoiries de Seyssel dans «L’armorial de la planche» de 1669 destiné au gouvernement de bourgogne et la lettre S figure toujours au centre du blason. Pour des raisons de lisibilités, ce sont celles de Seyssel-Ain qui ont été choisies. Les armoiries de Seyssel-Haute-Savoie et de la Maison de Seyssel se présentent ainsi :
De gauche à droite : armoiries de la ville Seyssel-Ain, armoiries de la ville de Seyssel avant 1669, armoiries de la Maison de Seyssel et armories de la ville Seyssel-Haute-Savoie
Résidence actuelle de la famille de Seyssel. Ne la cherchez pas à Seyssel, ce château est ailleurs !
Loec Chevalier du royaume
Nombre de messages : 189 Age : 35 Localisation : Besançon Date d'inscription : 09/01/2009
Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 4:10
7ème chevalier
Qui suis-je ? (indice : Proche de Lyon, je fais parti des plus beaux villages de France car je suis une ancienne ville médiévale fortifiée particulièrement bien conservée)
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PÉROUGES, la cité de caractère
La réputation de Pérouges débute autour de l’an 1100, lorsque Guichard d’Anthon, seigneur de la ville, rentre victorieux de la première croisade accompagné de ses hommes. Ils ont participé à la prise de Jérusalem et pour récompenser le courage des habitants de sa ville, Guichard lui offre pour armoiries le dragon. Pérouges est une petite cité médiévale classée parmi les plus beaux villages de France. Elle a parfaitement conservé son patrimoine médiéval grâce à ses bâtisses en pierre concentrées à l’intérieur des anciens remparts circulaires. Son église est particulière car elle est également fortifiée pour compléter le système de défense. Chaque année, la ville organise une fête médiévale. Pérouges est située dans le pays de la Dombes, un des 4 pays constituant le département de l’Ain (voir Bourg-en-Bresse), et à 40 Km au nord de Lyon.
La ville devient savoisienne en 1354. Elle est connue dans l’histoire de Savoie pour sa fidélité notamment dans le conflit qui opposa Philippe II de Savoie au Roi de France Louis XI. En 1468, le roi de France lève des soldats depuis le Dauphiné pour assiéger Pérouges et dans l’objectif de punir la sympathie de Philippe II avec Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et rival au roi de France. En dépit de son isolement par rapport à la capitale savoisienne, la ville de Pérouges parvient à résister seule et à repousser héroïquement les dauphinois. En récompense de leur fidélité, la maison de Savoie lèvent taxes et impôts sur la ville pendant une vingtaine d’années. Pour commémorer cet exploit, une inscription sur la porte « d’en bas » des remparts, d’où sont arrivés les dauphinois, rappelle en latin aux visiteurs « Pérouges, ville imprenable, les coquins de dauphinois ont voulu la prendre, mais ils ne le purent. Cependant, ils emportèrent les portes, les gonds et les ferrures et dégringolèrent avec elles. Que le Diable les emporte ! ». Au cours du XVIème siècle, la Maison de Savoie échange la ville au profil d’autres territoires dans la région.
La cité de Pérouges est située dans le pays de la Dombes. Il s’agit d’une des quatre principales régions naturelle et historique du département de l’Ain. Elle est délimitée au nord par le pays de la Bresse (voir Bourg-en-Bresse), à l’Ouest par la vallée de la Saône et le pays du Beaujolais, au Sud par le Rhône et la métropole lyonnaise et à l’Est par la rivière de l’Ain et le pays du Bugey (voir Belley). La Dombes est un pays plat mais à la différence de la Bresse, elle est caractérisée par sa très grande densité de marais et de zones humides. Elle a de nombreux périmètres de protection environnementale et elle possède un parc des oiseaux de plus de 35 hectares dont la visite est payante. Au Moyen-âge, la Dombes était séparée au Nord par un seigneur allié à la maison de Savoie (Sires de Baugé) alors que le Sud était gouverné par un fidèle du Dauphiné (Sires de Thoire-Villars). Comme pour le Sud du Bugey, la Dombes fut donc en proie aux nombreuses chevauchés de la guerre qui opposa savoisiens et dauphinois dès la fin du XIII ème siècle (voir Pour aller plus loin). La Maison de Savoie n’a pu directement contrôler que quelques parties de territoire dans la Dombes, dont Pérouges, Meximieux (une ville assez importante) et Pont-d’Ain. Pont-d’Ain servait de tête de pont entre la Dombes et le Bugey. La ville a été suffisamment importante à un moment de son histoire pour que les comtes de Savoie y firent frapper une partie de leurs monnaies. D’ailleurs, les armoiries de la ville de Pont-d’Ain sont exactement celles de la Savoie.
La galette au sucre est une spécialité de Pérouges du début du XIX ème siècle alors que les cuisses de grenouilles à la persillade sont une spécialité renommée du pays de la Dombes. Elles étaient consommées dès le moyen-âge !
Vue depuis la place centrale de Pérouges (Place du Tilleul)
Vue dans la Rue des Rondes
Pérouges de nuit
Maison à colombages à Pérouges
La croix de Savoie sous la voute de l'église fortifiée de Pérouges
La "Porte d'en Bas", par où les dauphinois assiégèrent la ville, et où on peut lire l'inscription mettant en garde les potentiels futurs agresseurs
8ème chevalier
Qui suis-je ? (indice : vous ne me trouverez jamais sauf si vous habitez l'avant-pays savoyard)
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YENNE, la paisible
Yenne est une petite commune de 3000 habitants située au bord du Rhône, dans le département de la Savoie, à la frontière avec le département de l’Ain. Elle est la principale ville de la région du « Petit-Bugey », aussi connue sous le nom de « Bugey savoyard », mais elle a été renommée officiellement en 1985 par « L’avant Pays Savoyard ». Cette petite région fait partie intégrante du Bugey (voir Belley) mais elle correspond à la partie qui n’avait pas été annexée par Henri IV. Par conséquent, elle est la partie du Bugey qui est restée savoisienne après 1601. En effet, si c’est le passage du Rhône qui a servi de limite frontalière pour l’annexion d’Henri IV puis pour la création des départements français, la zone géographique et historique du Bugey s’étend jusqu’à montagne du Mont de la Charvaz.
Plus connu sous le nom du Mont du Chat, le Mont de la Charvaz est le massif le plus méridional de l’arc jurassien. Il ne fait donc pas encore parti du massif des Alpes. De l’autre côté du col du Mont du Chat, l’Abbaye de Hautecombe (voir Hautecombe) surplombe le lac du Bourget. De la montage, on aperçoit facilement Aix-les-bains située sur la rive opposée et on peut également deviner plus loin l’agglomération urbaine de Chambéry. Le Mont du Chat tient son nom d’un sommet qui évoque une aiguille. Ce pic s’appelle lui-même la Dent du Chat. Une légende locale veut que ce nom soit aussi lié à la présence d’un chat noir, semblable à une panthère, et qui traumatisa les voyageurs empruntant le col reliant Chambéry à Yenne. Vous pouvez retrouver la légende dans les contes et légendes de Savoie de Jean Portail (https://dentduchat.fr/wp-content/uploads/2018/02/legende-dent-du-chat.pdf).
Le toponyme de la ville de Yenne serait issu du nom gaulois Ejenna avant de devenir au moyen-âge Yenna. Ejenna était le nom d’une déesse celtique, également connue sous le nom gallo-romain Epona. En 1972, il a été découvert dans un hameau voisin les restes d’un sanctuaire datés de 73 avant Jésus-Chris. D’après l’ancien président de la société d’histoire et d’archéologie de Maurienne, Adolphe Gros, Yenne est identifiée comme étant la cité Etanna de la table de Peutinger (carte médiévale reproduisant une ancienne carte romaine). Elle aurait alors été une importante ville-étape de l’antique route commerciale du Rhône. Mais une autre hypothèse plus récente défend une confusion avec le village d’Étain qui lui est situé de l’autre côté du fleuve, dans le département de l’Ain, et où des vestiges d’une ancienne villa romaine ont bien été retrouvés.
Au cours du moyen-âge, Yenne n’a pas de château mais seulement des remparts avec des maisons fortifiés pour ses seigneurs et ses aristocrates. D’autres châteaux dans la région protègent le territoire. L’église de Yenne est classée monument historique. Elle date du XII ème siècle et elle se compose d’une partie de style roman et d’une autre de style gothique. Pendant une brève période à partir de 1404, Yenne est inféodée aux vicomtes de Val de Sesia, des héritiers du Duché de Milan, avant de revenir sous le giron de la Maison de Savoie.
Les armoires de Yenne ont été un peu modifiée sur la modélisation du caparaçon afin de les rendre plus lisibles.
Yenne face à la montagne de la Dent du Chat
L'ancien prieuré de Yenne
Le sommet de la Dent du Chat tournée du côté du lac du Bourget et de Aix-les-Bains
Église de Yenne, classée monument historique car datée du XIIème siècle
Vitrail plus récent de l'église
9eme chevalier
N'ayant pas de cimier en forme de tour (je sais qu'il existe pourtant un heaume de la sorte en V4), j'ai du bricoler comme j'ai pu avec de la green stuff
Qui suis-je ? (indice : je suis une ville dont ma spécialité culinaire est la tarte à la gomme)
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BELLEGARDE-SUR-VALSERINE, la porte du Rhône
Le site naturel de Bellegarde est longtemps resté inoccupé. Toutefois, pendant la guerre des gaules, César remarqua l’importance stratégique des lieux qui surplombaient le passage du Rhône. Le plus ancien édifice connu serait une tour de guet, dont un historien fait remonter sa construction à l’époque romaine. Possession Savoisienne, Bellegarde est annexé par le royaume de France en 1601 par Henri IV comme pour le reste de l’actuel département de l’Ain. On pense que le nom de Bellegarde vient du nom donné à un pont lui-même emprunté à celui d’un gouverneur de Bourgogne. Jusqu’au XIX ème siècle, Bellegarde n’est qu’un petit hameau rattaché au village de Musinens. Mais le hameau va très vite accroître sa taille et son dynamisme économique grâce au développement industriel profitant de la force hydraulique du Rhône. En 1948, le barrage de Génissiat est alors construit. Il est le plus grand barrage d’Europe de l’ouest de sa génération. Il contribua à la relance économique d’après guerre de la France en alimentant Paris en électricité. Toutefois, la fameuse tour romaine mentionnée plus haut a été engloutie par les eaux, ainsi que le château d’Arlod, une fortification du XIIIème siècles. En 1956, Bellergarde devient Bellegarde-sur-valserine. La Valserine est le nom d’une rivière qui se jette dans le Rhône au niveau de Bellegarde. Au 1er janvier 2019, Bellegarde-sur-valserine n’existe plus comme entité administrative. Elle a fusionné avec la ville de Châtillon-en-Michaille et le village de Lancrans pour donner naissance à la nouvelle commune de Valserhône composée 16.000 habitants. Bellergarde-sur-valserine se situe donc sur la rive droite du Rhône. C’est le Rhône qui marque la frontière actuelle entre de département de l’Ain et les départements de Haute-Savoie et Savoie. Enfin, si Bellegarde-sur-valserine fait partie du pays du Haut-Bugey, elle reste à moins de 25 Km de la frontière suisse (Genève) et du Pays de Gex.
Bellegarde-sur-valserine ne fait donc pas parti du Pays de Gex, mais n’ayant pas de villes de cette région à présenter, sa proximité avec Bellegarde est l’occasion de rappeler son histoire. En effet, le pays de Gex fait parti d’une des 4 régions naturelles et historiques du département de l’Ain. Avec ses 27 communes, elle est la plus petite et ses principales villes sont Gex (la capitale du pays) et Ferney-Voltaire. Le pays de Gex est situé sur le versant Sud-Est des montagnes du Jura, enclavé entre le canton Suisse de Genève et les montages du département du Jura. Il fut une baronnie souveraine, dont le dernier seigneur était Hugues de Genève. Allié aux dauphinois, il participa aux guerres delphino-savoyardes et s’illustra comme un ennemi acharné de la Maison de Savoie. Lors de la bataille des Abrets, il est défait et l’année suivante, en 1355, la Savoie annexe de Pays de Gex. En 1601, c’est la France qui annexe le Pays de Gex à sa guerre contre la Savoie. En 1759, le philosophe Voltaire choisi de vivre sur la commune de Ferney pour sa proximité avec la Suisse. Il a ainsi la possibilité de fuir facilement en cas de poursuite des autorités royales françaises. Voltaire y a fait construire son château et il a très largement contribué à développer la commune. C’est pourquoi elle porte désormais son nom : Ferney-Volaire. Le château de Voltaire est devenu un bien national qui peut être visité toute l’année. Si Bellegarde-sur-valserine reste aujourd’hui accessible sur le plan de l’immobilier, ce n’est plus le cas pour le Pays de Gex car la tension foncière provoquée par l’aire urbaine genevoise est très forte. Les prix atteignent désormais ceux de Paris ! Le pays de Gex partage avec la Franche-Comté la spécialité fromagère AOP le bleu de Gex.
Compte tenu de l’emplacement stratégique des environs de Bellegardes-sur-valserine et du Pays de Gex, de nombreuses autres fortifications existent dont l’une des plus notables est la forteresse de l’Écluse, bâtie à flanc de montagne entre le XVIIème et XIXème siècles.
Bellegarde-sur-Valserine avec le Rhône. On aperçois vaguement la Valserine à droite du centre-ville
Les Pertes de la Valserine sont une curiosité touristique de Bellegarde. Il s'agit d'un sentier de randonnée qui prend son départ au dessus d'un labyrinthe de petits canyons par où circule la Valserine avant de se jeter dans le Rhône
Le Fort l'écluse fait parti du patrimoine du Pays de Gex. Pourtant, il est situé à moins de 9 km de Bellegarde-sur-Valserine car il est sur la frontière avec le Haut-Bugey.
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BOURG-EN-BRESSE, capitale de la Bresse
Peu de traces de Bourg-en-Bresse existent depuis l’antiquité même si l’histoire de Burgo, nom donné à la ville au moyen-âge, semble remonté depuis l’époque celtique. A 20 Km de là, sur la commune de Coligny, un agriculteur qui labourait son champs a découvert un calendrier gaulois datant du IIème siècle. Cette table en bronze est un trésor archéologique unique et inestimable pour la communauté scientifique. Non seulement le calendrier permet de comprendre le système de calcul du temps des druides, mais surtout il est le vestige le plus complet connu à ce jour de la langue écrite des celtes (ceux-ci n’avaient pas pour coutume d’écrire). Ce calendrier luni-solaire est exposé au musée gallo-romain de Lyon.
En 1266, Philippe 1er de Savoie hérite de la ville. En 1283, les ducs de Savoie font d’elle la nouvelle capitale de la Bresse à la place de Bâgé-le-Châtel. Le pays de la Bresse est une région historique et naturelle actuellement partagée par les départements de l’Ain, de Saône-et-Loire (Bourgogne) et du Jura (Franche-Comté). Elle est caractérisée par ses vastes plaines approximativement délimitées à l’Ouest par la Saône et Nord par le Doubs. La Bresse est connue pour son élevage de poulardes, une spécialité locale de volailles AOC. Ses maisons et ses fermes traditionnelles sont en colombages et beaucoup de cigognes aiment s’y arrêter, ce qui n’est pas sans ressemblance avec l’Alsace. Une autre particularité architecturale de la région est les cheminées sarrasines leur donnant l’aspect d’un minaret ou d’un petit bâtiment miniaturisé. Influencés également par la Bourgogne, les bâtiments les plus notables de la Bresse sont parfois dotés de tuiles vernissées. C’est notamment le cas du Monastère Royale de Brou, construit à Bourg-en-Bresse par Marguerite de Habsbourg-Bourgogne, archiduchesse d’Autriche et tante de l’Empereur Charles Quinte, après son mariage avec Philibert II de Savoie.
Bourg-en-Bresse est prise une première fois par le roi François 1er mais récupérée par les savoisiens en 1559. C’était une ville importante car elle contrôlait les plaines fertiles de bresse et que la Maison de Savoie y frappait une partie de sa monnaie. Dès lors, la ville est transformée en place forte, et elle devient certainement l’une des plus imposante de son temps, car en 1600, la ville parvient à résister à 6 mois de siège face aux français. En outre, cette fortification servira de modèle pour l’aménagement défensif de Turin et de Amiens.
Finalement, face à la capitulation savoisienne de 1601, la France annexe tous les territoires de la rive Ouest du Rhône. C’est le traité franco-savoyard de Lyon. Ces territoires savoisiens seront réunis plus tard par la révolution française sous l’entité administrative du département de l’Ain, du nom de la principale rivière traversante. Le département de l’Ain est donc assez «artificiel» car il ne repose sur aucune logique culturelle ou naturelle (au sens terroir et éthologique) à l’exception de son passé savoisien. D’ailleurs, il n’existait pas de gentilé pour désigner les habitants du département de l’Ain jusqu’à ce que le Conseil Départemental organise une consultation citoyenne en 2018 pour officialiser de nom de aindinois. Concrètement, la création du département de l’Ain a été responsable du démembrement du pays de la Bresse sur deux autres départements (la Saône-et-Loire et le Jura) parce que ces parties de la Bresse étaient restées au moyen-âge sous domination bourguignonne et non savoisienne. En revanche, le département de l’Ain a regroupé pas moins de 4 pays distincts. La partie bressane se situe au Nord-Ouest. Le Pays de la Dombes, réputée pour ses marais, est dans le quart Sud-Ouest du département à proximité de la confluence lyonnaise avec le Rhône et la Saône (voir Pérouges). A l’Est, l’essentiel du département est composée du Bugey, beaucoup plus montagneux car c’est là que les montagnes du Jura commencent leur route jusqu’aux Vosges (voir Belley). Enfin, le quatrième pays dit de Gex, est à l’extrême Nord-Est du département, le long du canton de Genève (voir Bellegarde).
Pourtant, si une chose devait réunir ces quatre pays, c’est qu’ils ont été parfois savoisiens bien avant que Chambéry ne fut leur capitale. Néanmoins, beaucoup de savoisiens ont oublié aujourd’hui cette partie de leur histoire et le département de l’Ain se retrouve orphelin de son histoire. Celle de la Savoie reste le monopole des départements de la Savoie et de la Haute-Savoie pourtant annexés à leur tour par la France seulement 250 années plus tard.
Centre ville de Bourg-en-Bresse
Les maisons à colombage de Bourg-en-Bresse et la présence de cigognes font inévitablement penser à l'Alsace
Le monastère de Royal de Brou est la curiosité incontournable de Bourg-en-Bresse. Noter l'influence bourguignonne des tuiles vernissées
La "Ferme de la Forêt", située à Courtes, soit à 30 Km de Bourg-en-Bresse, peut se visiter. Elle est un exemple remarquable de l'architecture des fermes bressannes. Les cheminées dites "sarrasines" sont spécifiques de la Bresse. De plus, au XIXème siècle, les bressans étaient réputés pour leur culture du maïs dont les épis étaient séchés par suspension devant les maisons
Le Château de Montcony est a 60 km de Bourg-en-Bresse. Il est toujours en Bresse mais dans le département de Saône-et-Loire. Il reste un des rares témoignages sauvegardés des châteaux sous l'architecture bressanne
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GENÈVE, l’indépendante
Genève est une ville Suisse située à l’extrême Sud-Ouest de la frontière, pratiquement enclavée en territoire français. Sa langue officielle est le français comme dans le reste de la Suisse romande qui représente 23% du territoire helvétique. Genève domine la côte la plus occidentale du lac Léman, à l’embouchure du Rhône. Le lac Léman marque actuellement la frontière entre le reste de la Suisse au Nord et la France au Sud (département de Haute-Savoie). Le lac Léman est le plus grand lac naturel d’Europe. Il est alimenté par le Rhône qui prend sa source plus à l’Est dans le glacier de Gletsch situé dans les Alpes suisses du canton du Valais. En reprenant sa route vers la France par la vallée du Rhône, le fleuve coupe Genève en deux même si le centre-ville historique est placé sur la rive gauche : celui-ci est organisé autour de la cathédrale Saint-Pierre de Genève.
A l’âge de fer, Genève faisait parti du territoire des allobroges. Lorsque ceux-ci furent soumis par les romains, Genève devint un poste avancé de la gaule narbonnaise puisque la ville se situait à la limite Nord de la province romaine. C’est après la guerre des gaules et le passage de Jules César dans la ville que Genève connut son premier véritable essor. A la chute de l’Empire Romain, les Burgondes, qui arrivèrent de l’île de Bornholm (Danemark), firent de Genève leur nouvelle capitale en 443, ce qui renforça le rôle politique de la ville. Mais au fur et à mesure que la Burgondie s’étendit en ancienne Gaule, leur capitale fut transférée à Lyon dès 467.
Après de délitement de la Burgondie, Genève passa sous influence franque. Toutefois, la chute de l’Empire de Charlemagne puis les querelles intestines entre ses héritiers et les seigneurs locaux favorisa en 933 la création du royaume de Bourgogne dans lequel Genève est intégré. Lorsque le dernier roi de Bourgogne Rodolphe III décéda sans héritier, il légua son royaume à l’Empereur du Saint-Empire-Romain-Germanique. Mais avec le soutien du Pape, les évêques de Genève profitèrent de leur éloignement géographique avec le pouvoir impérial pour gouverner la ville seuls en rejetant l’autorité des comtes de Genève.
C’est dans ce contexte, à partir du XIII ème siècle, que la Maison de Savoie tenta d’accroître son influence politique sur la ville et sa région afin de reprendre la main sur ce Comté qu’on appelle également le Genevois. D’ailleurs, la ville d’Annecy en faisait partie et elle était la deuxième ville du Comté (voir Annecy). La Maison de Savoie était devenue une puissante seigneurie voisine et elle était toujours restée fidèle au Saint-Empire-Romain-Germanique. C’est pourquoi l’ambition de la Maison de Savoie se porte naturellement sur le Comté de Genève. Ainsi, en 1250, elle prit possession du château de Genève, également connu sous le nom de château du Bourg-de-Four, mais il est aujourd’hui disparu. Cependant, la Maison de Savoie se heurta à la résistance des évêques. Pendant tout le moyen âge, il s’ensuivit une lutte de pouvoir politique entre la Maison de Savoie et les évêques de Genève. Les seigneurs savoisiens parviendront à accroire leur influence jusqu’au rachat, en 1401, du titre de comte de Genève au dernier successeur légitime. Cela a permis aux savoisiens de récupérer l’intégralité du comté de Genève, incluant la ville d’Annecy. De plus, la Maison de Savoie gagna le droit de siéger dans le Conseil de la ville de Genève, aux côtés des évêques et autres notables, mais on leur refusa toujours les pleins pouvoirs. En effet, les évêques n’ont cessé d’affranchir la ville pour s’attirer la bienveillance des habitants et une résistance commune entre l’évêché et les bourgeois s’organisa contre la menace savoyarde. De fait, la Savoie n’a jamais réussi à prendre le contrôle de la capitale du Genevois, bien qu’elle fut désormais maîtresse du reste du Comté de Genève. Le Pays de Gex situé au Nord de Genève (voir Bellegarde-sur-valserine) était lui aussi devenu savoisien quelques décennies plus tôt, ce qui entraîna une situation inédite pour Genève : la capitale historique du Genevois se retrouve seule, isolée et enclavée en pleine nation savoisienne. Ce particularisme est à l’origine du découpage actuel du canton de Genève comme nous l’expliquerons un peu plu loin.
Au cours de la renaissance, les évêques vont perdre leur influence car la ville va se rapprocher des États suisses après sa défaite lors de la guerre de Bourgogne (1474 à 1477). De plus, Genève va suivre le mouvement des réformés jusqu’à devenir le centre du calvinisme. Elle prend alors le surnom de la «Rome Protestante» et confirmera ses liens avec la ville Suisse de Berne, protestante également et farouche ennemie de la Savoie. La ville de Genève est alors dirigée par plusieurs assemblée dont la plus emblématique est le « Conseil des Deux-Cents », une assemblée législative créée en 1526 et composée de la bourgeoise locale. En 1600, quand la Savoie rentre en guerre contre la France, les Genevois demandent l’aide de Henri IV. Celui-ci leur assure certaines conquêtes en terre savoisienne afin de les préserver de toute agression savoyarde. La France ayant vaincu la Savoie, elle annexe le Pays de Gex. Genève devient alors enclavée entre la France et la Savoie. Le 11 décembre 1602, le duc de Savoie tente une ultime attaque pour conquérir la ville. Cette attaque nocturne est un assaut mené avec des échelles pour passer les remparts de la ville, mais elle se solde par une défaite. Les genevois exhibent sur des piques les têtes des soldats savoisiens occis du haut de leurs murs en guise de triomphe et d’avertissement. Cet échec marque le renoncement définitif de la Savoie sur Genève et c’est pourquoi la ville d’aujourd’hui commémore tous les ans la journée de « l’Escalade» en fête nationale. Mais c’est surtout grâce aux traités de Westphalie (1648), concluent à l’issue des guerres de trente ans et de quatre-vingts ans, que Genève gagne sa pleine indépendance en s’émancipant du Saint-Empire-Romain-Germanique.
Il faut également rappeler que la ville Suisse n’est pas restée indifférente de la révolution française de 1789. Le philosophe Jean-Jacques Rousseau est un natif de Genève et l’ensemble de la ville avait rejoint la cause républicaine. Elle avait alors été intégrée à la France comme capitale du département du Léman. Mais les genevois furent déçus du « centralisme parisien », système qui fut à l’origine défendu par les montagnards contre la pensée girondine, puis mis en oeuvre par les jacobins pour une « République une et indivisible ». De surcroît, les genevois profitèrent de la défaite de Napoléon 1er (armistice de Pleiswitz en 1813) pour retrouver leur indépendance. Sachant toutefois qu’ils ne pouvaient demeurer une cité-État libre et indépendante entre des puissances étrangères comme la France, la Prusse ou l’Autriche, les genevois décident leur rattachement à la Suisse la même année que la la bataille de Waterloo (1815).
Néanmoins, les suisses conditionnèrent l’entrée de Genève dans leur confédération par un désenclavement la ville et une unification territoriale du futur canton. En effet, la ville de Genève ne possédait aucune frontière terrestre commune avec la Suisse et elle contrôlait encore 4 villages eux-aussi dispersés et enclavés en France et en Savoie. La France accepte de donner 6 communes du Pays de Gex à Genève à condition que la Suisse renonce à ses prétentions sur Mulhouse (2nd traité de Paris du 20 nov. 1815). La Savoie offre également 14 communes pour soigner ses relations diplomatiques avec Genève et la Suisse (traité de Turin du 16 mars 1816) et parce que les genevois voulaient créer une zone démilitarisée avec la Savoie. Depuis, Genève est devenue une ville Suisse même si ce petit canton présente une configuration assez atypique en territoire français. Il n’est plus enclavé mais il reste à l’étroit et très encerclé par la France. La ville de Genève a néanmoins pu conserver ce qu’elle semblait vouloir garder le plus : son autonomie populaire. En effet, l’État fédéral Suisse reste l’un des meilleurs modèle de démocratie au monde. Son régime politique est considéré comme une démocratie directe car les habitants peuvent voter directement leurs propres lois dans leur canton respectif. En effet, chaque canton Suisse peut disposer de ses proposes règles et de son propre régime fiscal. L’État fédéral Suisse n’a été conçu que pour défendre l’intérêt commun des cantons face aux relations internationales et pour homogénéiser certaines règles afin d’assurer l’unité et la solidarité au sein de la confédération. Autrement dit, la Suisse est une forme d’union européenne avant l’heure et c’est pourquoi leur devise est « Unus pro omnibus, omnes pro uno » (Un pour tous, tous pour un !). En revanche, la devise nationale de Genève est « Post tenebras lux » (Après les ténèbres, la lumière).
La Suisse ne fait alors pas partie de l’Union Européenne. Elle assure ainsi la sauvegarde de ses propres acquis (l’Union Europénne n’est pas une démocratie directe) et elle maintient son statut de pays neutre. Cette position accorde à la Suisse une notoriété importe dans le monde ce qui lui permet d’attirer en retour de nombreuses organisations internationales, même si certains soulignent également les avantages fiscaux que la Suisse propose. Ainsi, Genève est la ville qui héberge le plus d’organisations internationales au monde. On peut citer la croix-rouge, l’OMS, l’OMC et le siège européen de l’ONU. Avec New-York, Genève est le centre de coopération internationale le plus important au monde. Elle est donc considérée comme une «ville mondiale» car elle exerce des fonctions stratégiques à l’échelle du monde. Genève est la deuxième ville la plus peuplée de Suisse et la deuxième place financière du pays après Zurich, même si de facto la capitale est Bern (c’est à Bern que siègent la plupart des institutions de l’État fédéral Suisse).
La commune de Genève est peuplée de 204.000 habitants, son canton de 508.000 habitants (45 communes) et l’ensemble de l’agglomération du Grand Genève de plus de 1 millions d’habitants, soit 209 communes (47 dans le canton de Vaud, 39 dans le département de l’Ain et 78 dans le département de Haute-Savoie). En effet, cette situation d’enserrement géographique de la ville suisse en France créée désormais des circonstances inédites. Une zone franche a été négociée entre la Suisse et la France. Elle concerne les territoires transfrontaliers français dont font partis le Pays de Gex et le Nord de la Haute-Savoie, notamment le bassin d’Annemasse. Cette zone franche suit le régime fiscale Suisse en matière de commerce afin de garantir à la ville de Genève une libre circulation des marchandises (pas de douane française, baisse des taxes) et une réserve agricole (les agriculteurs français de la zone franche bénéficient du label «made in Swiss»). En retour, les départements de l’Ain et de Haute-Savoie profitent de la Compensation Financière Genévoise (CFG), représentant un gain de 3,2 milliards d’euros pour ces deux départements depuis 2010. Sur les anciennes communes françaises qui avaient été données à Genève, des agriculteurs français sont toujours propriétaires de leurs terrains qu’ils ont hérité de leurs ancêtres. Ces agriculteurs bénéficient aussi d’un régime spéciale afin de ne pas être pénalisé par les taxes foncières du canton Genevois qui restent plus élevées qu’en France. Mais malgré cette coopération entre Genève et les territoires transfrontaliers français, un forte tension demeure de part et d’autre de la frontière. Les suisses achètent des biens fonciers en France car bien moins cher que chez eux. Mais leur pouvoir d’achat nettement supérieur fait augmenter le prix du marché immobilier. Le Pays de Gex, la cote française du lac Léman (pays du Chablais) et le bassin d’Annemasse , voire jusqu’à Annecy, sont sujets à forte tensions immobilières dont les prix dépassent parfois ceux de Paris. Mais il faut également rappeler que l’attractivité de Genève attirent aussi des ressortissants français, notamment parce que les salaires suisses sont 3 fois supérieurs aux salaires français. Ces français s’installent alors en couronne périphérique genevoise et participent aussi à l’augmentation du niveau de vie des zones transfrontalières et des inégalités qui peuvent suivre. En retour, beaucoup de genevois, notamment parmi les classes populaires, on le sentiment d’être concurrencé sur le marché de l’emploi par les salariés français qui restent moins cher. Cette immigration française dans une ville quasiment enclavée en France suscite de plus en plus de la part des genevois une sympathie pour les partis politiques nationalistes du canton et l’émergence d’une forme de xénophobie antifrançaise.
Centre ville historique de Genève où est né le philosophe Jean-Jacques Rousseau
Le lac Léman et le Rhône coupant Genève pour poursuivre son chemin en France
Vue sur Genève et son jet d'eau de 140 m depuis la cathédrale Saint-Pierre
Yvoire est une ville française qui se situe à moins de 25 km de Genève. Elle fait partie de l'agglomération transfrontalière du Grand Genévois. Ce village médiéval de Haute-Savoie reste un choix touristique incontournable dans la région
Yvoire et sa maison-forte. Yvoire est sur la rive Sud du Lac Léman. On aperçois au fond les montagnes suisses de la rive Nord. Yvoire n'a jamais été dans le Comté du Genévois car le littoral haut-savoyard du lac Léman fait parti du pays du Chablais. Néanmoins, il fut un temps où les suisses et les genevois ont manifesté des prétentions sur le Chablais lorsqu'il a été annexé par la France. Le Chablais est également connu pour son eau de source produite sur la commune d'Évian
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Qui suis-je ? (indice : Quand on parle de Savoie, on est obligé de citer au moins une ville italienne. Je ne suis pas la plus importante, mais je suis la première d'Italie à avoir intégré l'histoire de Savoie.)
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AOSTE, capitale du Val d'Outa
Aoste est une ville italienne de 35000 habitant, capitale de la région de la Vallée d’Aoste (Val d'Outa dans le patois local).
L’ancien province savoisienne possède une riche histoire. La ville est située sur les vestiges d’un ancien site mégalithique de plus de 9000 m², comprenant de nombreuses stèles et tombes, ce qui en fait un des plus grands lieux de sépultures et de rites du néolithique d’Europe. Puis, à l’âge de bronze, la vallée d’Aoste fut habitée par Salasses, un peuple celte qui fut progressivement conquis par Rome pour avoir aidé les carthaginois à la traversée des Alpes et pour leur amitié avec d’autres peuples gaulois hostiles à Rome.
Aujourd’hui, le plan du centre ville a conservé son tracé rectiligne, car ce sont les romains qui l’ont créé comme l’une de leur colonie. D’autres vestiges patrimoniaux demeurent, à l’image de l’ancien théâtre romain, un pont de pierre, l’arc d’Auguste, le cryptoportique de l’ancien forum et les remparts ainsi que ses tours et ses portes. La vallée d’Aoste est située sur un carrefour stratégique alpin puisqu’elle relie par sa capitale le col du grand Saint-Bernard (en direction du canton du Valais en Suisse) au col du petit Saint-Bernard (en direction de la vallée de la Tarentaise du département de la Savoie).
Territoire issu du Saint-Empire-Romain Germanique à la chute de l’Empire de Charlemagne, la Vallée d’Aoste appartient très rapidement à la famille de Savoie (1020) grâce notamment au soutien de l’Empereur germanique. La ville d’Aoste et sa vallée sont toujours restées fidèles à la Savoie jusqu’à la création de la République Italienne en 1948. Pour rester sous le giron catholique de la Savoie, Aoste a rejeté les réformes protestantes. La légende raconte que la ville chassa Jean Calvin en personne, et c’est pourquoi depuis 1536 les cloches de la cathédrale sonnent chaque jour à 11h30 pour commémorer la fuite du réformateur.
De nos jours, la vallée d’Aoste est une région italienne qui jouit d’un statut particulier puisqu’elle fait partie des 5 régions autonomes d’Italie. 90% de la fiscalité qui est prélevée lui est directement réservée. De plus, deux langues sont officiellement reconnues : l’italien et le français. Même si dans les faits l’italien reste la langue la plus couramment parlée, le français est enseigné au jeunes valdôtains jusqu’à l’âge de 5 ans. Par ailleurs, le patois locale est une langue franco-provençale (le valdôtain) au même titre que le savoisien, le dauphinois, le lyonnais ou encore le gaga (région de Saint-Étienne).
Il est d’ailleurs amusant de constater aujourd’hui que de nombres places et rues dans la ville de Aoste portent encore des noms français ou mélangent des noms italiens et français. De plus, dans l’architecture médiévale, en particulier celle de la cathédrale d’Aoste, ou sur d’anciennes enseignes commerciales, il est encore possible de trouver des symboles forts de l’ancien duché savoisien et parfois même de la langue française.
En 1943, alors que la France est attaquée par la Royaume d’Italie, le général De Gaulle met en place un projet d’annexion de la Vallée d’Aoste et des communautés francophones d’Italie. A la fin de la seconde guerre mondiale, les états-uniens d’Amérique s’opposèrent activement à ce projet puisqu’ils n’hésitèrent pas à dépêcher des blindés sur la commune italienne de Pré-Saint-Didié face à l’avancée des troupes françaises. Lorsque le traité de paix fut signé, la France pu néanmoins négocier l’annexion du col du Petit-Saint-Bernard et d’autres morceaux de territoires alpins du côté du piémont italien. Mais la Vallée d’Aoste resta Italienne et pour éviter de devoir organiser un référendum régional proposant le rattachement ou non à la France, les autorités italiennes ont accordé à la région son statut particulier et son autonomie.
C’est dans la région de la Vallée d’Aoste que les italiens disputent aux français le passage de la frontière sur le sommet du Mont-Blanc.
Aoste fait partie des villes antiques comme l'atteste son ancien théâtre romain
Le centre ville historique d'Aoste avec la "Croix-de-ville" dont on dit qu'elle a été érigée pour commémorer l'expulsion de Jean Calvin et des protestants
Vestiges des anciens remparts romains d'Aoste
Paysage de la région de la vallée d'Aoste
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Loec Chevalier du royaume
Nombre de messages : 189 Age : 35 Localisation : Besançon Date d'inscription : 09/01/2009
Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 4:11
Pour aller plus loin
Il manque bien sûr des villes de Savoie que vous connaissez sans doute. Impossible de toutes les représenter en 12 cavaliers. J'ai privilégié celles qui avaient du sens au niveau de l'histoire médiévale de la Savoie et celles qui avaient dans leurs armoiries des couleurs un peu plus variés que du rouge et du blanc (je pense notamment à Yenne et à Bellegarde-sur-valserine).
Toutefois, s'il y a bien encore 3 villes qu'il aurait fallu absolument représenter, ce sont celles-ci :
Mention honorable:
MONTMÉLIAN : Elle est considérée comme la première capitale de la Savoie avant que Chambéry, situé plus au nord, lui prenne sa place en 1416 (voir Chambéry). Montmélian est située au carrefour entre la vallée du Grésivaudan, le passage des Marches et la la combe de la Savoie. La vallée du Grésivaudan relie Montmélian à Grenoble entre le massif de la chartreuse et la chaîne de Belledonne (Alpes). La frontière avec le dauphiné se situe dans cette vallée. Le passage des marches est relativement courts et relie Montmélian à Chambéry. Il est actuellement riche en vignoble savoisien car celui-ci profite des coteaux de la chartreuse et du massif des Bauges (Alpes) dont est tiré son fromage. Enfin, la combe de Savoie se dirige en plein cœur des Alpes et elle relie à elle la vallée de la Tarentaise (d’où l’Isère prend sa source avant de redescendre jusqu’à Grenoble) et la vallée de la Maurienne (voir Maurienne). Les deux vallées alpines ont toujours été rivales et elles revendiquent chacune d’être le berceau historique de la Savoie.
Armoiries de Montmélian
AIX-LES-BAINS : La ville a été fondée par les Romains comme cité thermale. C’est une activité ancestrale que Aix-les-Bains a su conserver mais elle est devenue une ville très bourgeoise à l’instar d’Annecy. Malgré ses 30.000 habitants, elle possède 2 casinos et des hotels de luxe. Il faut dire que son cadre géographique est assez avantageux. Elle se situe au bord du lac du Bourget, sur le versant Ouest du massif des Bauges, de l’autre côté des rives de l’abbaye d’Hautecombe (voir Hautecombe). De plus, Aix-les-Bains demeure sur la route reliant Chambéry à Annecy. De nombreux restaurant et guinguettes proposent comme spécialités de la friture de petits poissons du lac ou de la friture de perche.
Armoiries d'Aix-les-Bains
TURIN : Connue pour son apéritif le Martini et son équipe de football la Juventus de Turin, beaucoup de gens oublient que la ville a été la première capitale de l’Italie précisément parce qu’elle était déjà la capitale de Savoie au moment où les princes de Savoie oeuvraient à la réunification et à la création du Royaume d’Italie. Toutefois, même si très tôt depuis le moyen-âge la Maison de la Savoie a porté des titres sur la ville de Turin, son contrôle restait compliqué et limité. A l'époque médiévale, les Comtes et Ducs de Savoie tournaient leurs ambitions davantage sur le versant français des Alpes, là où ils étaient originaires. Mais face à la croissance et à la puissance du Royaume de France, la Maison de Savoie du se résigner à se tourner de l’autre côté des Alpes alors que l’Italie n’étaient composées que de provinces et de cités-États parfois libres mais souvent rivales. C’est en 1563 que Turin devient alors la nouvelle capitale de la Savoie au préjudice de Chambéry. Turin va alors connaître un important développement et c’est pourquoi la ville italienne est particulièrement riche en patrimoine urbain de style baroque. Progressivement, la Maison de Savoie va également faire de l’italien sa langue d’adoption et les savoisiens francophones, du versant Ouest des Alpes, auront le sentiment d’être oublié voir abandonné par leurs dirigeants. Quand Rome fut à son tour nommée capitale de l’Italie par la Maison de Savoie, les turinois se révoltèrent et la journée fut baptisée « Le massacre de Turin » (1864). De nos jours, Turin est la quatrième plus grande ville d’Italie avec une aire urbaine de plus de 2,2 millions d’habitants. Elle est la capitale de la région Piémont dont les armoiries sont celles de la Savoie brisées d’un lambel d’azur en chef. Le Piémont est d’ailleurs la principale région d’Italie des Alpes de l'Ouest, les deux autres étant la Vallée d’Aoste et la Ligurie (Gênes). A l’image de Milan, Turin et sa région profite d’un fort dynamisme économique. Turin a été le siège de l’entreprise automobile Fiat puisque la marque a été fondée par un piémontais. Même si l’équipe de football de la Juventus du Turin contribue à la renommée de la ville, ses habitants soutiennent le FC Torino, un club moins fort mais plus proche de l’histoire et de l’identité turinoise. A contrario, la Juventus est un club a rayonnement international perçu par les locaux comme un « club-business ».
A gauche : armoiries de la ville de Turin, capitale de la région du Piémont et ancienne capitale de l'Italie. A droite : armoiries de la région italienne du Piémont
Et si vous souhaitez une carte pour vous aider à situer tout ça à la fin du moyen âge :
Carte Savoie XIVeme:
Le Château de Menthon-Saint-Bernard est situé sur la commune du même nom. Il surplombe le lac d'Annecy. Il a inspiré Walt Disney pour son dessin de la Belle au bois dormant. Et peut-être Games Work Shop pour les châteaux de Bretonnie ? Cette propriété appartient toujours à la famille Menthon depuis dix siècles : elle était une famille noble d'extraction chevaleresque savoisienne. Aujourd'hui, les hérités font visiter le château 8 mois dans l'année et il accueil en moyen 40.000 visiteurs par an. (photo de Gilles Piel)
Enfin, je vous joints également une chronologie de la Savoie toujours rédigée par mes soins et qui, si vous êtes vraiment intéressé, vous aidera à comprendre les origines de la nation savoisienne depuis l'antiquité jusqu'à la création de l'Italie (et oui, rien que ça !) J’ai mis devant certaines dates une petite étoile comme ceci « * », cela afin de signifier un évènement que j’ai jugé particulièrement important pour l’histoire et l’identité de la Savoie.
Avant de démarrer, certains historiens font remarqué qu’il existe aujourd’hui deux réalités de la Savoie. La première est géographique. C’est la plus ancienne, car elle remonte à l’antiquité (la Sapaudia ou la Sapaudie, signifiant «le pays des sapins») et elle définit un espace incluant le sud de la Suisse jusqu’au département français de l’Isère. La seconde Savoie est historique et politique. Elle est intiment liée à l’épopée des premiers seigneurs de Savoie. On ignore pourquoi ils ont choisi de se proclamer ainsi, mais c’est évidemment en référence à la Sapaudia. Aujourd’hui, les frontières de cette Savoie se limitent surtout aux départements de Savoie et de Haute-Savoie, avec une identité forte.
Avant -4000 : Les premiers vestiges humains en « terres savoisiennes » remontent au néolithique. Parmi ces vestiges connus et classés, on compte par exemple le menhir de Pierre-Fiche (Ain) où une autre pierre fut retrouvée plus loin dans un pont, le cromlech du Petit Saint-Bernard situé à 2188 m d’altitude entre la Savoie et l’Italie, les gravures rupestres des Lozes sur une pierre à cupules (Savoie) ou encore le dolmen de Reignier (Haute-Savoie) aussi connu sous le nom de «La pierre aux Fées». Mais les sites néolithiques les inédits et les plus emblématiques que compte la région sont les sites palafittiques. Il s’agit d’anciennes cités lacustres propres à la région des Alpes dont l'aire géographique inclus la Suisse, l'Autriche, l'Est de la France, le Nord de l'Italie et le Sud de l'Allemagne. En France, ces rares vestiges sont localisés dans les départements du Jura, de l’Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie. Ils sont tous classés patrimoine mondial de l’UNESCO et ils ne se visitent malheureusement pas. Il s’agit généralement d’anciens poteaux en bois que l’eau des lacs a pu préserver de l’usure du temps... Les lacs savoisiens d’Annecy, du Bourget et d’Aiguebelette sont connus pour abriter de tels sites.
Dans l’ordre des images : le menhir de Pierre Fiche, le cromlech du Petit Saint Bernard, les gravures rupestres de Lozes, le dolmen de Reignier et les anciens pilotis de la cité lacutre d’Aiguebelette.
-300 : Estimation de la période d’installation du peuple celte les allobroges dans les Nord Ouest des Alpes. D’après le spécialiste de la langue gauloise Xavier Delamarre, le nom de ce peuple pourrait signifier «étranger» ou «exilé» ou encore «venu d’un autre pays». Même s’ils ne sont probablement pas les premiers celtes à s’installer dans la région, les allobroges réuniront d’autres peuples locaux par un système clientéliste caractéristique du monde gaulois. Ils demeureront alors le principal peuple celte et le plus influent de la région, lui donnant ainsi son nom : l’Allobrogie. Cette région réunissait approximativement les départements de Savoie, de Haute-Savoie, d’Isère, ainsi que l’Est de l’Ain et le Nord de la Drôme. Les allobroges étaient réputés par les civilisations gréco-romaines qui voyaient en eux de grands et puissants guerriers. Ceux-ci n’ont pas hésité à les recruter comme mercenaires. Une hypothèse affirme que les allobroges ont influencer l’image du mirmillon, un type de rôle de combatant lourd dans les arènes de gladiateurs.
Pièce de monnaie allobroge (denier) en argent datée du 1er siècle avant Jésus-Chris et retrouvée dans le département de l’Isère
-218 : D’après l’historien grec Polybe, les allobroges aident Hannibal à traverser les Alpes alors que d’autres petites tribus celtes des hautes montagnes tentent de lui barrer le passage. Cet épisode aurait contribué à dégrader les relations entre Rome et l’Allobrogie.
-181 : La ville phocéenne Massalia (Marseille) se retrouve en position de faiblesse face à une confédération rebelle celto-ligure. En effet, les salyens, principal peuple de l’alliance, entament une lutte armée contre l’influence économique et culturelle grandissante de la ville grecque. Les phocéens demandent alors l’aide de Rome. Avide d’étendre son influence, Rome profite de cet appel pour conquérir les salyens et pour finalement soumettre Massalia.
-121 : Alors que les romains étendent leurs conquêtes dans le sud de la Gaule (Gaule Narbonnaise), les allobroges décident de s’allier aux arvernes pour stopper cette menace. L’alliance est malheureusement battue à la bataille du confluent, aussi connu sous le nom de bataille de Vindalium. Cette date entame la soumission des allobroges par les romains. Pour mieux contrôler les allobroges et pour mieux favoriser le commerce, les romains fondent quelques années plus tard la ville de Vienne au bord du Rhône et encouragent les celtes à quitter leur oppidum pour cette nouvelle cité aux traditions romaines.
-61 : Les allobroges se révoltent contre les romains et leur politique de taxation. Ils sont battus à la bataille de Solonion. Symbole de la dernière résistance en Gaule Narbonnaise, les allobroges sont sévèrement punis par les romains. Ils perdent leurs avantages et Vienne n’aura plus aucun privilège impérial. De surcroît, les romains remplacent Vienne par l’établissement d’une nouvelle cité à quelques dizaines de kilomètres plus au Nord : il s’agira de Lugdunum (Lyon), plus tard érigée comme la capitale des Gaules et seconde ville impériale après Rome.
-56 : Les ambarres, un peuple celte du département de l’Ain, demande l’aide des romains pour stopper le projet de migration des helvètes autorisé par leurs voisins séquanes. Les helvètes fuient la menace des germains et ils doivent rejoindre la côte atlantique où des alliés peuvent les accueillir. Mais les ambarres redoutent des pillages pendant le passage des helvètes et ils demandent l’aide aux romains. Jules César utilise ce prétexte pour déclencher la guerre des gaules et soumettre tous les peuples gaulois.
-52 : Les allobroges ne soutiennent pas la résistance gauloise contre les romains portée par Vercingétorix, chef et roi du peuple des arvernes. Les allobroges lèveront même des troupes pour protéger les frontières de la gaule narbonnaise contre leurs anciens alliés.
0 (vers) : Le géographe et historien grec Strabon vente les qualités de vigneron des allobroges. Il se félicite qu’ils «tournent désormais vers l'agriculture l'application qu'ils avaient donné, jusque-là, aux choses de la guerre». En effet, les allobroges seraient à l’origine de la sélection d’un cépage nouveau, le «vitis allobrogica», capable de mieux s’adapter aux conditions climatiques alpines. Ce cépage aujourd’hui disparu reste considéré comme l’ancêtre de la mondeuse blanche (vin de Savoie). L’agronome romain Columelle et l’écrivain Pline l’Ancien décriront également ce vin apprécié. Notons également que les celtes sont les inventeurs du tonneau, assurant une bien meilleure conservation du vin que les amphores de terre cuite, tout en développant des notes parfumées liées au vieillissement du vin à travers les douelles de bois.
300 : On pense que c’est vers la fin de l’Empire romain que le vieux pays des allobroges (l’Allobrogie) commença à s’appeler la Sapaudia. Ce nom latin est pourtant issu du celte «sapo» (sapin) et «wald» (forêt) ou «uidu-» (arbre, bois), sapaudia signifiant alors Le Pays des Sapins. Certains historiens étirent parfois les frontières historique de la sapaudia du nord de la Drôme au sud de la Suisse, incluant alors une partie des helvètes, peuple celtes de Suisse.
400 : La chute de l’Empire romain est marquée par les invasions «barbares» et plus généralement par des peuples germains, comme les burgondes venus de l’île de Bornholm (Danemark), ou des peuples celto-germains, comme les francs. Les francs s’établissent dans le nord de la Gaule et ils choisiront comme capitale Lutèce, une ancienne ville celte du peuple des parisii. Cette ville deviendra Paris. Les francs sont à l’origine de la langue d’oïl dont est originaire le français contemporain. Quand aux burgondes, ils trouvent refuge dans la partie centre Est et Sud Est de la Gaule, incluant l’intégralité de la Sapaudia. Leur territoire s’appelle la Burgondie et leur capitale était à Lyon après avoir été un temps à Genève. Les burgondes sont à l’origine de la langue du Franco-provençal (le burgondan ou l’arpitan) dont sont issus les patois savoisiens, dauphinois, jurassiens, lyonnais, stéphanois, valdôtain (Italie) et plus généralement de la Suisse francophone. A noter que les Wisigoths sont le troisième peuple germanique qui influença le plus l’histoire de France à la chute de l’Empire romain, notamment dans le Languedoc où ils s’installèrent, et jusqu’en Espagne (Catalogne). Ils sont à l’origine de la langue d’Oc et du catalan. Ils avaient pour capitale Carcassonne et Barcelone. Au cours du moyen-âge, la prononciation et l’orthographe de Sapaudia évolua en Sabaudia (455), Saboia (806), puis Savoye au XVIIIème siècle avant de devenir la Savoie. En patois savoisien, on dit la Savouè.
Armoiries de la Burgondie ou l’ancienne Bourgogne, apparues au VIème siècles et disparues probablement IXème siècles sous l’Empire carolingien
501 : C’est au château de Saint-Germain de Ambérieux-en-Bugey que la famille royale burgonde rédige la loi Gombette ou la loi des burgondes. Une autre hypothèse avance l’idée qu’elle aurait pu être rédigée à Ambérieux-en-Dombes, à 40 km plus loin.
800 : Charlemagne est couronné Empereur à Rome par le Pape Léon III. Il est le fils de Pépin le bref, premier roi de la dynastie des carolingiens, et petit-fils de Charles Martel, intendant du Royaume des francs qui ne rendit jamais le pouvoir à la dynastie des mérovingiens préférant ainsi favoriser ses héritiers. Charlemagne constitue le premier Empire unifié d’Europe, ce qui ne manqua pas d’inspirer de nombreux projets politiques au cours de l’histoire comme celui du Saint-Empire-Romain Germanique, de l’Empire de Charles Quinte ou encore de l’Empire de Napoléon 1er. Aujourd’hui encore, certains affirment que l’Empire Carolingien influence largement le roman national de l’Union-Européenne comme héritage commun à toute l’Europe. Quoiqu’il en soit, l’Empire de Charlemagne mit fin aux anciens royaumes germaniques fondés à la chute de l’Empire Romain et c’est notamment le cas de l’ancienne Burgondie.
814 : Louis 1er dit «Le Pieux», fils de Charlemagne, hérite de l’Empire de son père. Mais il doit faire face aux menaces viking, à l’ambition des grandes familles aristocratiques et à la révolte de ses trois fils. C’est le début de «l’anarchie carolingienne» et du délitement de l’Empire entamé par la succession et la rivalité de ses trois fils en 843 (traité de Verdun).
La chute du royaume carolingien est une profonde crise de l'Europe médiévale qui dura plus de 100 ans. Elle se caractérise notamment par les raids vikings mais surtout par la désagrégation politique de l'Empire. C'est la faute à l'arrivisme des héritiers et une la volonté d'indépendance des aristocraties locales. Cet épisode n'a pas plus influencé l'histoire de Savoie qu'ailleurs en France, néanmoins je propose un résumé de quelques évènements emblématiques afin de bien décrire le chaos qui règne pendant cette époque. Elle reste malgré tout intéressante à comprendre, car elle est à l'origine de la création du nouveau royaume de Bourgogne puis du Saint-Empire-Romain-Germanique, deux entités étatiques dont l'émancipation des premiers seigneurs de Savoie doit beaucoup.
Zoom sur la fin du moyen âge carolingien:
843 : A la mort de Louis 1er le pieux, ses trois fils se partagent l’Empire carolingien par le traité de Verdun. Charles le Chauve prend la partie Ouest (premier roi de la francie occidentale, futur royaume de France), Louis II le germanique prend la partie Est (premier roi de la Francie orientale, futur Saint-Empire-Romain-Germanique) et Lothaire 1er, aîné de la fratrie, prend la partie centrale avec le titre d’Empereur (premier roi de Lotharingie). Lors du partage de l’Empire de Charlemagne, l’ancienne Burgondie est divisée en deux. La plus petite partie, au Nord-Ouest, devient la Bourgogne Franque et elle est intégrée à la Francie occidentale de Charles le Chauve. C’est elle qui sera à l’origine du Duché de Bourgogne, puis de la région actuelle de Bourgogne. Le reste de l’ancienne Burgondie, bien plus vaste, s’étendant de l’actuelle Franche-Comté jusqu’à Avignon (en intégrant la partie francophone de la Suisse ainsi que la vallée d’Aoste d’Italie). Elle devient la Bourgogne impériale de Lothaire 1er. Au sein de cette Bourgogne impériale, les pays de Genève (pagus Genevensis), du Bugey (pagus Bellicensis), de la Maurienne (pagus Maurianensis) et de la Tarentaise (pagus Tarentasia) sont distingués du reste de la Savoie (Pagus Savogensis), qui constitue alors à elle seule un pays à part entière comme tous les autres.
855 : Peu avant sa mort, Lothaire 1er établit le traité de Prüm qui divise son Empire de Lotharingie entre ses trois fils. Louis II d’Italie reçoit le Sud (Royaume carolingien d’Italie), Charles de Provence acquit la Provence et Lothaire II hérite du reste de la Lotharingie qui donnera plus tard son nom à la Lorraine. Ainsi, la Bourgogne impériale est divisée en deux entre la Lotharingie et la Provence.
863 : Charles de Provence est mort. Suite à un accord avec son frère Lothaire II, la Provence doit être rattachée à la Lotharingie. Mais Lothaire II sera incapable de calmer les troubles en Provence. Il peut récupérer les Comtés de Lyon, de Vienne et du Vivarais mais c’est son frère aîné Louis II d’Italie qui prend le reste de la Provence.
869 : Après la mort de Lothaire II, Charles de Chauve et son frère Louis II le Germanique se partagent le royaume de Lotharingie (traité de Meerssen). Ils considèrent que les hérités de leur filleul Lothaire II sont illégitimes. En effet, ce dernier avait condamné sa première femme à la prison après une ordalie à l’eau bouillante parce qu’elle était accusée d’adultère. Elle était surtout infertile et Lothaire II avait probablement besoin de légitimer son divorce pour se remarier avec sa maîtresse. Le Pape ne reconnu jamais ce second mariage et il excommunia même Lothaire II. La partie lotharingienne de la Bourgogne impériale passe alors sous contrôle de Charles le Chauve.
875 : Après la mort de Louis II d’Italie, Charles de Chauve se fait couronner Empereur par le Pape Jean VIII. Il récupère les territoires de Louis II d’Italie, à savoir l’Italie et la Provence. La Bourgogne impériale, et même l’ancienne Burguondie, est à nouveau réunie sous l’Empereur Charles le Chauve.
877 : Charles le Chauve est atteint d’une pleurésie. Il part se réfugier dans la vallée de la Maurienne (Savoie) à Aussois et Avrieux pour se reposer mais il finit par succomber. Le corps de Charles le Chauve sera inhumé un temps à Nantua (Ain) en raison de la décomposition du corps sur le retour à Paris. Mais son fils, Louis II le bègue, fera rapatrier ses ossements à la basilique de Saint-Denis. Louis II le bègue prend la succession de son père. Il est surnommé ainsi car il bégaie, lui empêchant de s’exprimer en public et nuisant à son autorité. Deux mois après le décès de son père, il se fait pourtant confirmer Empereur par le Pape mais il demeure sans pouvoir, contesté et abandonné par les puissantes familles aristocratiques. De santé fragile, il meurt l’année suivante.
879 : Les deux fils légitimes de Louis II le bègue sont rapidement couronnés grâce au soutien de grands seigneurs influents comme Bernard d’Auvergne, Hugues l’Abbé ou Théodoric de Vergy. Louis III et son frère Carloman II règne ensemble sur l’héritage de leur grand père Charles le Chauve. Ils parviendront à remporter d’éclatantes victoires sur les Vikings. L’une des plus emblématique est la bataille de Saucourt-en-vimeu où près de 8.000 vikings auraient péris.
879 : A la mort de Louis II le bègue, Boson se fait élire Roi par l’aristocratie de l’ancien royaume de Charles de Provence. Boson avait eu de nombreux privilèges de Charles le Chauve et il s’était même marié avec sa seconde femme. L’aristocratie locale souhaitait reconstituer la Bourgogne impériale, bien que le Nord resta fidèle aux héritiers de Louis II le bègue, Boson devient donc Roi de la Bourgogne cisjurane incluant le Comté de Provence. La Bourgogne cisjurane correspond approximativement à la partie Sud de la Bourgogne impériale telle qu’elle fut déjà coupée par Lothaire Ier pour ses fils en 855 avec le traité de Prüm. Elle inclut donc les départements du Rhône, de l’Ain, de la Savoie, de l’Isère, de la Loire, de l’Ardèche, de la Drôme et des Hautes-Alpes. Comme la Provence tombe également sous le règne de Boson et de sa dynastie (les Bivinides), on parle aussi du Royaume de Provence plutôt que de la Bourgogne cisjurane ou encore de la Basse-Bourgogne.
880 : Les deux frères Louis III et Carloman II marche pour soumettre leur grand-oncle Boson. Malgré des débuts de campagnes victorieuses, ils doivent à chaque fois abandonner pour retourner défendre l’Empire au Nord contre les invasions Vikings.
882 : Louis III meurt à 18 ans après un accident à cheval. En apprenant la nouvelle, son frère Carloman II doit interrompre pour la troisième fois la campagne contre Boson alors qu’il était parvenu à prendre Vienne, la capitale de la Bourgogne cisjurane. Louis III étant mort sans postérité, Carloman II reprend seul la succession de l’Empire.
884 : Après avoir été involontairement blessé par un de ses vassaux lors d’une chasse aux sangliers, Carloman II meurt à 17 ans sans descendance. Par ce concours de circonstance inopiné, Charles III le Gros, qui a succédé à son père Louis II de Germanie (Francie orientale), succède à son petit cousin. Charles le Gros devient le nouveau Roi puis Empereur de toute la Francie, réunissant une dernière fois les vestiges de son arrière grand-père Charlemagne.
885 : Les Normands attaquent le Nord de la Francie occidentale et assiègent Paris. Charles le Gros préfèrent temporiser pour proposer aux agresseurs de passer afin d’attaquer la Bourgogne cisjurane de Boson. Son incapacité à défendre Paris va considérablement altérer son prestige royale.
887 : Le bilan de Charles de Gros est mauvais. De plus, il se montre incapable de restaurer l’ordre, la justice et la paix autrement que par la violence. Il est destitué de ses fonctions par la diète qu’il avait réuni à Tribur.
888 : Mort de Charles le Gros sans héritier légitime. Il était devenu obèse, fou et épileptique après une trépanation (opération médicale consistant à ouvrir le crâne). Les nobles de la partie Nord de l’ancienne Bourgogne impériale, telle qu’elle fut déjà coupée par Lothaire Ier pour ses fils en 855 avec le traité de Prüm, se réunissent dans l’Abbaye de Saint-Maurice d’Agaune et ils proclament Rodolphe 1er Roi de Bourgogne. Pour distinguer cette Bourgogne à celle de la Bourgogne cisjurane de Boson, elle est appelée Bourgogne transjurane. Elle inclut donc approximativement le département de Haute-Savoie, la région de la Vallée d’Aoste (Italie), l’ensemble de la Franche-Comté et l’ensemble des territoires de la Suisse francophone. La Bourgogne transjurane est également nommée la Haute-Bourgogne.
898 : Création du Duché de Bourgogne. Richard dit le Justicier était un puissant seigneur qui a toujours été fidèle aux rois Carolingiens défaisant par trois fois les vikings et participant aux attaques contre son frère aîné scissionniste Boson et son royaume de la Bourgogne cisjurane. Au fil du temps, Richard parviendra à conquérir ou à gagner le Comté d’Autum, le Comté d’Auxerre, le Comté de Nevers, le Comté de Troyes et le Comté de Sens jusqu’à ce qu’on l’autorise à fusionner l’ensemble de ses territoires pour donner naissance au Duché de Bourgogne. En réalité, le Duché de Bourgogne, qui deviendra la région de Bourgogne, n’a que peu de lien avec l’ancienne Burgondie, à l’exception de la Bourgogne franque issue du Traité de Verdun (843) et se résumant approximativement au département de Saône-et-Loire et une petite partie de la Côte-d’Or (autour de Baune). En effet, c’est bien la Bourgogne impériale de Lothaire 1er, puis divisée entre la Bourgogne cisjurane et transjurane, qui reste le véritable héritage de la Burgondie (d’où la racine commune de tous les patois régionaux de Franche-Comté et de Rhône-Alpes autour du franco-provençal). Richard le Justicier a souhaité donner comme nom à son Duché celui de Bourgogne, probablement parce qu’ il envisageait lui aussi de refonder ce royaume (il se maria à la sœur de Rodolphe 1er avec comme dot la Bourgogne transjurane et combattit son frère Boson de la Bourgogne cisjurane). De plus, Richard était probablement originaire de Vienne et en devenant Comte de Autum, il prit rapidement le contrôle de la Bourgogne franque.
905 : Louis III l’Aveugle, fils de Boson, dispute la couronne impériale quand il prend la succession de son père. Malgré l’approbation du Pape, Bérenger 1er de Frioul (arrière petit fils de Charlemagne) le capture à Rome et lui fait crever les yeux. Il est renvoyé dans son royaume de la Basse-Bourgogne. Incapable de gouverner avec sa cécité, il délègue cette tâche à son cousin Hugues d’Arles, comte d’Arles. Hugues préfère diriger la Basse-Bourgogne depuis Arles plutôt que la capitale historique Vienne.
911 : Création du duché de Normandie pour acheter la paix des vikings.
912 : Rodolphe II succède à son père en devenant le nouveau Roi de la Haute-Bourgogne. Il possède également l’Abbaye de Saint-Maurice-d’Agaune. Il tente à son tour de disputer la couronne impériale après avoir fait assassiner Bérenger 1er de Frioul.
933 : Hugues d’Arles est préféré à la tête du royaume d’Italie. Il échange à Rodolphe II la Basse-Bourgogne et le Comté de Provence contre l’abandon de ses prétentions sur la couronne impériale. Rodolphe II accepte et un traité est signé en ce sens. Rodolphe II devient donc le premier Roi de la Bourgogne transjurane et de la Bourgogne cisjurane réunifiée. Malgré ce retour de l’ancienne Bourgogne impériale de Lothaire Ier, on lui préfère le nom de Royaume des Deux-Bourgognes. De surcroît, Rodolphe II s’installe à Arles. Ainsi, le Royaume des Deux-Bourgognes prends plusieurs noms : Royaume de Provence, Royaume d’Arles et de Vienne voir tout simplement du Royaume d’Arles.
962 : Couronnement impériale de Otton 1er et naissance officielle du Saint-Empire-Romain-Germanique. C’est la renovatio imperii (restauration de l’Empire) visant à repartir sur de nouvelles bases en abandonnant le Royaume de Francie orientale et dans l’espoir de mieux reconstituer l’Empire Romain d’occident. En effet, Otton 1er est le fils de Louis 1er de Germanie, un noble saxon qui avait été désigné par la diète comme le nouveau souverain de la Francie orientale, la lignée des Carolingiens étant éteinte depuis le trépas de Louis IV l’Enfant en 911. Par ce choix, les «allemands» marquent leur rupture avec la Francie occidentale où la lignée des Carolingien ne s’éteindra qu’en 987 avec la mort de Louis V le fainéant et l’arrivée de la dynastie des Capétiens.
966 : Naissance de Rodolphe III «le Fainéant». Il est surnommé ainsi par des chroniqueurs allemands qui lui reprocheront d’avoir été trop docile avec l’autorité de l’Empereur du Saint-Empire-Romain-Germanique.
*975 : Date de naissance présumée de Humbert Ier «aux mains blanches». Ses origines restent un mystère mais les recherches les plus récentes l’attribuent à une petite famille de la noblesse belleysanne. En effet, plusieurs historiens dont le renommé Laurent Ripart, membre actuel de l’université de Savoie, mettent en avant d’anciennes sources manuscrites du XI ème siècle identifiant Humbert aux côtés de ses deux autres frères Odon et Burchard. Par ailleurs, Odon, le frère aîné de la famille des «humbertiens», reste le plus connu puisqu’il était évêque de Belley. Humbert ne gagnera son surnom que 3 ou 4 siècles plus tard, probablement pour venter ses qualités politiques. En effet, Humbert est considéré comme le père fondateur de la Maison de Savoie.
Cénotaphe (mémorial) d’Humbert aux mains blanches à la Cathédrale de Saint-Jean-de-Maurienne créé en 1826 par les frères Cacciatori de Turin
993 : Rodolphe III «le Fainéant» succède à son frère qui lui-même avait succédé à leur père Rodolphe II. Rodolphe III est donc Roi des Deux-Bourgognes et protecteur de l’Abbaye de Saint-Maurice-d’Agaune. Comme nous le verrons par la suite, il sera malheureusement le dernier Roi de Bourgogne.
1011 : Le Roi Rodolphe III se remarie une deuxième fois avec Ermengarde. Méconnue, elle pourrait être la sœur de la fratrie des «humbertiens», tout du moins une parente plus ou moins rapprochée. Rodolphe III offre en douaire à sa nouvelle épouse la résidence royale d’Aix-les-bains et la Combe de Savoie.
1016 : Les évêques de viennent concèdent à Guigues 1er le fief du bourg d’Albon (Drôme). Son fils, Guigues II, deviendra le premier Comte d’Albon. La Maison d’Albon est l’ancêtre de la Maison des dauphins en viennois (Dauphiné).
1020 : Burchard «le superbe», fils de Humbert, obtient par un mariage l’évêché d’Aoste (Italie).
1032 : Mort du roi Rodolphe III de Bourgogne. Grâce à l’apanage que sa femme avait reçu, Aix-les-bains et la Combe de Savoie reviennent à la famille de Humbert. Cependant, faute d’héritier mâle, Rodolphe III avait désigné l’Empereur Germanique Conrad II comme le successeur du royaume des Deux-Bourgognes : il lui envoie sa couronne et la lance de Saint-Maurice. Mais son demi-frère et archevêque de Lyon désapprouve son choix, soutenu par de nombreux seigneurs du Royaume de Bourgogne, car ils refusent une tutelle germanique. Eudes II de Blois, neveu de Rodolphe III, participe à la révolte en fédérant le Comte de Genève, l’évêque de Maurienne et l’archevêque de Vienne. Mais l’évêque de Belley et son frère Humbert, ainsi que l’évêque de Lausanne soutiennent l’Empereur. Une guerre de succession commence.
*1033 : Odon étant évêque de Belley, c’est son frère Humbert qui gère les affaires militaires. Depuis Aoste, il lève une armée appuyée par des renforts de l’Empereur. Il marche dans la vallée de Maurienne pour soumettre l’évêque et démarre un long siège sur la capitale Saint-Jean-de-Maurienne où se situe sa résidence. Après un assaut victorieux, il rase la ville puis reprend la route sur Genève. Une fois arrivé, le Comte de Genève demande une reddition qui sera suivi par l’archevêque de Lyon. En remerciement pour sa fidélité et pour ses succès, l’Empereur nomme Humbert Premier Comte de Maurienne et lui offre la vallée comme apanage du Saint-Empire-Romain-Germanique. Humbert 1er dit «aux mains blanches» établit sa nouvelle résidence princière au château de Charbonnières à Aiguebelle. Les armoiries du Comté de Maurienne sont donc logiquement liées à celles du Saint-Empire-Romain-Germanique. Humbert Ier reçoit également de l’Empereur la responsabilité de gouverner et de défendre le Chablais même s’il ne semble pas disposer de titre officiel pour cette fonction. Le Chablais fait parti des Alpes françaises septentrionales incluant la rive Sud du lac Léman. Les villes les plus connues sont Thonon-les-bains et Évian. Le château d’Yvoire a été construit à cette occasion par Humbert. Autre fait marquant, l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune est reprise par Humbert Ier. Elle se situe actuellement en Suisse, dans le canton du Valais. Cette abbaye aura une influence sur l’histoire et l’évolution de l’héraldique de la Maison de Savoie...
Armoiries des comtes de Maurienne «D’or à l’aigle de sable»
1042 : Amédée 1er dit «La Queue» succède à son père comme seigneur de Maurienne et du Bugey. Quatre années plus tard, il se rend à Rome pour le couronnement de l’Empereur germanique Henri III. A l’entrée de la ville, on refuse qu’il entre avec sa suite. Amédée proteste en affirmant qu’il ne rentrera pas sans sa queue.
1045 : Othon 1er, né au château de la Charbonnières, fils et héritier de Amédée 1er, épouse Adélaïde, marquise de Suse et comtesse de Turin, surnommée «La Grande Comtesse». Ce mariage permettra l’intégration du Comté de Suse (versant Est des Alpes d’Italie) au Comté de Maurienne et d’affirmer les revendications de la Maison de Savoie sur la capitale piémontaise. Mais malgré la légitimé des Comtes de Mauriennes sur Turin, le contrôle de la ville s’avérera limité et difficile par la suite.
1046 : Mort de Burchard, fils de Humbert 1er, sans héritier mâle. C’est son frère aîné Amédée 1er qui récupère l’évêché d’Aoste. Amédée 1er devient alors Comte du Bugey, Comte de Maurienne et Comte d’Aoste.
1051 : Mort de Amédée 1er. Son fils Othon 1er devient Comte de Maurienne, Comte du Bugey, Comte d’Aoste, marquis de Suse et, en théorie, Comte de Turin.
1090 : Humbert II dit «Le Renforcé» se marie à Gisèle de Bourgogne, contribuant à intensifier l’influence politique croissance du Comté de Maurienne en Europe. Il est le 6ème comte de la maison de Maurienne. Le surnom donné à Humbert II vient de sa taille et de son poids imposants.
1095 : Naissance à Montmélian d’Amédée III de Maurienne, dit «Le Croisé». Montmélian devient progressivement et officieusement la nouvelle capitale des comtes de Maurienne. En 1111, Amédée III obtient officiellement le titre de Comte de l’Empire et Vicaire perpétuel pour le Piémont et la Lombardie, ce qui lui permettra de renforcer ses légitimes revendications sur la ville de Turin. Enfin, c’est sous le règne d’Amédée III que l’abbaye d’Hautecombe est fondée à son emplacement actuel. En 1128, Amédée III incorpore officiellement la Chablais au Comté de Maurienne en prétextant une mauvaise administration du lieutenant impériale.
1116 : Amédée III devient abbé laïc de l’Abbaye de Saint-Maurrice d’Agaune. Elle rentre sous la protection officielle de la Maison de Savoie.
*1143 : Amédée III apparaît sur un sceau où il est en cavalier armé portant une bannière en croix. C’est la plus ancienne archive connue à ce jour représentant un seigneur de la Maison de Savoie avec une croix. Cette croix semble être celle de Saint-Maurice puisque l’Abbaye mère était sous la protection du Comté de Maurienne depuis sa création. Bien que l’origine de la croix de Savoie reste incertaine, l’hypothèse la plus probable serait qu’elle soit issue de la croix de Saint-Maurice. Par un choix sigillographique qui reste à découvrir, la croix de Saint-Maurice aurait effectivement pu évoluer en une croix qui touche les bords du blason. Mais la croix blanche sur fond rouge ne sera pas encore utilisée de façon régulière par la Maison de Savoie. Son recours restera alterné avec l’aigle noir sur fond jaune du Saint-Empire-Romain-Germanique.
Naissance des armoiries des comtes de Savoie «De gueule à la croix d’argent» (à droite) issues des armoiries de l’Abbaye des Saint-Maurice d’Agaune (Abbaye mère) (à gauche)
1142 : Guigues V d’Albon prend le titre de dauphin du viennois. C’est la création du Comté du Dauphiné.
1147 : Amédée III obtient un prêt de l’Abbaye de Saint-Maurice pour financer sa participation à la deuxième croisade. La légende dit que la table d’or donnée par Charlemagne à l’Abbaye sera mise en gage pour trouver les fonds suffisant au sein du monastère.
*1148 : Au cours de deuxième croisade, Amédée III tombe malade. Il est alors transféré à Chypre où il décède. Une hypothèse affirme qu’il aurait participé à au moins deux voyages en Terre Sainte dont celui de la deuxième croisade. Son fils Humbert III, né en 1136, dit le «bien heureux» devient le 8ème Comte de Maurienne, incluant le Comté de Belley, la Combe de Savoie, la cité d’Aix-les-Bains, l’Abbaye de Saint-Maurice (Bas-Valais), le Comté du Chablais, le Comté d’Aoste, le marquis de Suse, et théoriquement le Comté de Turin. Humbert III devient alors le 1er Comte de Savoie en unifiant l’ensemble de ces territoires. Mais ils restent dispersés et leur désenclavement se poursuivra au fils des successeurs de la Maison de Savoie face à la concurrence de leur voisin Dauphinois.
Humbert III le bienheureux
1173 : Clémence de Zahringen, 3ème femme de Humbert III, meurt prématurément après 9 ans de mariage. Humbert III, chagriné et toujours sans descendance mâle, prend la décision de se retirer dans l’abbaye d’Hautecombe pour suivre une vie monastique. Les autres nobles de Savoie refusent et l’incite à se marier avec une quatrième femme, où il finira par avoir un fils, Thomas 1er de Savoie. Après son décès, Humbert III se fera inhumer à Hautecombe. Par la suite, tous les descendants (ou presque) de la Maison de Savoie seront traditionnellement enterrés dans la même abbaye.
1232 : Thomas 1er achète la ville de Chambéry au vicomte Berlion. Il enlève et épouse Marguerite de Genévois, avec qui il aura 10 enfants, alors que le père de la comtesse l’avait fiancée au roi français Philippe Auguste.
1250 : Pierre II obtient l’anneau de Saint Maurice. Il prend le contrôle du pays de Vaud, actuellement en Suisse, et du Faucigny. Il est surnommé par les historiens le «Petit Charlemagne» pour son esprit d’entreprise et ses talents militaires.
Reconstitution d’un chevalier en joute aux couleurs de la Maison de Savoie
1253 : Pour apaiser les relations tendues avec le voisin dauphinois, qui lui aussi est vassal du Saint-Empire-Romain-Germanique, Pierre II marie sa fille Béatrice au Comte du Dauphiné Guigues VII de Viennois. Le territoire du Faucigny, situé dans l’actuel département de Haute-Savoie, sert de dot accompagné de 5000 marcs d’argent. Mais l’accord stipule que la Faucigny redeviendra Savoisien ou Genevois si Pierre II ou Aymon II (évêque de Genève) meurent avec un héritier mâle.
1262 : Grâce à Pierre II de Savoie qui mène son armée dans le Comté du Valais, le Bas-Valais est durablement conquis.
A cette époque, la maison de Savoie essayait d’étendre son influence dans les territoires alpins qui n’étaient pas encores sous confédération helvétique. Ici, le château de Chillon illustre parfaitement l’influence savoisienne en Suisse. Il servait de garnison et de péage pour contrôler la route entre Lausanne et le Valais. Actuellement dans le canton suisse de Vaud, le château a conservé les traces de ses anciens propriétaires. Le canton de Vaud, dont la capitale est Lausanne, entrera dans le confédération helvétique en 1803
1263 : Mort à 19 ans de Boniface le Roland, tenu en captivité à Turin, après avoir tenté de reprendre la ville aux rebelles. Il était le frère aîné de Pierre II. La ville de Turin passe sous l’influence d’une coalition anti-savoyarde dirigée par l’évêque de Turin et le marquis de Montferrat.
*1268 : Philippe 1er de Savoie est le denier des huit fils du comte Thomas 1er. Alors qu’il s’était orienté vers une carrière ecclésiastique en devenant évêque de Valence puis Archi-évêque élu de Lyon, il se marie finalement à Alix de Méranie pour reprendre la succession de son frère Pierre II Savoie, ce dernier décédant sans postérité mâle. Son mariage lui permet de prendre possession de la Bresse. Le territoire Savoisien est désormais bien étendu et bien consolidé. Il regroupe la plus grande part du département de l’Ain (hors Pays de Gex, Haut-Bugey, et Dombes), la quasi totalité de la Savoie et de la Haute-Savoie (sauf le Comté de Genève), la région de la vallée d’Aoste, l’Ouest piémontais italien jusqu’aux portes de Turin et l’Ouest du Valais. Des enclaves dauphinoises demeurent malgré tout en territoire savoisien et la situation va s’aggraver avec le Faucigny. Philippe 1er n’étant pas le descendant de Pierre II, le Faucigny doit rester définitivement dauphinois conformément à l’accord passé en 1253 avec le mariage sa filleule. Philippe 1er refuse cette situation et il cherchera à reprendre le contrôle sur cette vaste enclave dauphinoise au milieu de ses terres. Ses ambitions lui valent l’opposition de ses deux voisins, le dauphin de Viennois et le comte de Genève, ainsi que de leur suzerain commun, l’Empereur du Saint Romain Germanique. Le Faucigny va considérablement exacerber les tensions entre la Savoie et le Dauphiné alors qu’il était censé les apaiser.
1282 : Humbert Ier de Viennois, puissant sire de la Tour du Pin, succède à son beau frère Jean 1er à la tête du Dauphiné. Le nouveau seigneur du Dauphiné poursuit l’élargissement du Comté en intégrant sa baronnie de la Tour au Dauphiné. Mais ce choix coupe les communications entre la Savoie et ses possessions en Bresse. Philippe 1er n’accepte pas cette situation et déclare une guerre ouverte à son voisin. Il lance plusieurs chevauchées dans la vallée du Grésivaudan, vallée dauphinoise reliant Grenoble à Chambéry. Les chevauchées sont, au moyen-âge, des incursions militaires en territoires ennemis, destinées à ravager les récoltes, piller et semer la terreur chez les habitants. L’objectif est de démoraliser les contribuables du seigneur. Philippe 1er tente également quelques sièges notamment sur Avalon, bourg frontalier, mais les arbalétriers grenoblois résistent vaillamment.
Pierre II de Savoie à Berne
Zoom sur la grande guerre delphino-savoyarde:
A l’instar de son voisin savoisien, le Dauphiné, également rattachés au Saint Empire Romain Germanique, va progressivement s’émanciper en étendant son influence régionale. En effet, la frontière entre la Savoie et le Dauphiné n’est pas toujours très bien établie, en particulier dans le sud du département de l’Ain. C’est une zone de pénétration et de confrontation fluctuante, où des enclaves naissent et disparaissent au gré du choix des petits seigneurs locaux et du jeu politique. Les premières tensions entre les deux comtés de Savoie et du Dauphiné vont naître dès le XII ème siècle en particulier dans la vallée du Grésivaudan (vallée reliant Chambéry à Grenoble). Mais la déchirure deviendra totale lorsque les sires de la Tour-du-pin, principaux rivaux des savoisiens de longue date, prendront la succession du Comté du Dauphiné par Humbert 1er de Viennois. Cette ascension aura pour conséquence d’accroître les enclaves dauphinoises en Savoie entraînant notamment : une menace des coupures de communications entre la ville savoisienne Bourg-en-Bresse et le reste du pays et l’annexion du Faucigny par le Dauphiné, une assez vaste province en plein cœur de la Savoie.
Pourtant méconnu du grand public, l’historien Bernard Demotz compare ce conflit majeur à la guerre de cent ans. Ce conflit permanent est marqué par d’importantes chevauchés (pillages) ruinant les territoires frontaliers et ponctuées par des sièges décisifs comme celui de la bataille de Varey. La course aux fortifications a également été très intense, comme le témoigne encore le château dauphinois des Allymes, situé sur une route stratégique menant à Bourg-en-Bresse depuis les terres savoisiennes. Le département de l’Ain a été particulièrement touché par cette guerre et c’est pourquoi son paysage est ponctué de nombreuses fortifications en ruine. On estime que le département concentrait à lui-seul plus d’une centaine de fortifications à vocation purement militaire, c’est à dire destinée à accueillir un châtelain et une garnison et non pas la famille d’un seigneur. Le château des Allymes reste l’unique ouvrage militaire le mieux conservé de l’époque. Bien que de conception dauphinoise, son architecture reste similaire à tous les châteaux forts du conflit. Il faisait face, de l’autre côté de la vallée, au château de Luisandre, fortification savoisienne semblable, luttant pour le contrôle de la vallée, mais dont il ne reste plus aucune trace aujourd’hui. Les savoisiens finiront par prendre le château des Allymes, sans que les historiens soient sûrs que ce fut à la suite d’un des nombreux assauts répétés ou d’un traité d’échange territorial avec le Dauphiné.
Château dauphinois des Allymes
Ce conflit va durer plus de 70 ans en causant la ruine des territoires les plus touchés par les chevauchées. Ce mode opératoire, pourtant peu noble pour la chevalerie, a été particulièrement prisé. D’une part, il promettait un revenu imminent pour les gens d’armes non issus de la noblesse. D’autre part, il servait à épuiser les populations locales, pour les forcer à fuir et à déserter les terres sous contrôle ennemi. Même après l’arrêt officiel de la guerre entre la Savoie et le Dauphiné, des petits seigneurs locaux vassalisés à l’une des deux maisons continueront leurs chevauchés car elles demeureront une source de revenu non négligeable pour eux. A noter que les Ducs de Bourgogne et les Sires de Beaujeu prendront le parti de la Savoie dans cette guerre, alors que les Sires de Gex, les Sires de Chalon-Arlay, ennemis de longue date des Ducs de Bourgogne, ainsi que les Sires de Thoire-Villars et les Comtes de Genève choisiront le camps dauphinois. Le Saint-Empire-Romain-Germanique, maison mère de ces nations, resta à l’écart de ce conflit. Il privilégiera les affaires de l’Europe de l’Est.
Heaume de chevalier du XV ème siècle aux couleurs de la maison de Savoie
Si vous souhaitez davantage de documentation sur le sujet, je vous recommande vivement cette publication illustrée et produit par le département de l'Ain :
1285 : Amédée V de Savoie prend la succession de son oncle Philippe 1er, car ce dernier meurt sans descendance mâle. Amédée V poursuit la lutte contre la coalition qui s’était engagée contre son oncle. Il oeuvre à une politique de rapprochement avec le Royaume de France pour favoriser une alliance dissuasive. D’après la «Chronique de Savoye» de Jean Cabaret d'Orville, Amédée V est surnommé «Le Grand», «en raison de ses vertus, de ses prouesses et aussi parce qu'il était de haute taille». Il est également surnommé le «foudre de guerre».
1289 : Grâce à un habile marché avec le châtelain Aimeric de Briançon, Humbert Ier de Viennois parvient à échanger Bellecombe (actuelle commune de Chapareillan) contre Varces. Bellecombe est située sur la frontière avec la Savoie, dans la vallée du Grésivaudan, sur les hauteur de la montagne de la Chartreuse. Elle permet aux dauphinois de surveiller les agissements de la Savoie et de renforcer leurs défenses. Ce passage définitif de Bellecombe aux mains des dauphinois met en rage Amédée V alors qu’il avait obtenu du châtelain Aimeric ses hommages. Pour se venger, Amédée V attaque et prend d’assaut de bourg de Bellecombe. Il le rase et passe au fil de l’épée tous les habitants. Il continue sa chevauché pour brûler fermes, moulins et démolir les donjons. Mais ses actes de vengeance laisseront du temps à Humbert 1er pour lever une armée de secours et lui tendre une embuscade. Celui-ci trouvera son salut dans la fuite tandis que beaucoup de ses soldats seront capturés.
De gauche à droite : reconstitution de l’armure de Humbert Ier de Viennois, seigneur du Dauphiné, et pavois d’un soldat savoisien (bouclier pour arbalétrier). Exposition du Château des Allymes.
1306 : Humbert Ier de Viennois est condamné à une triple excommunication pour avoir entrepris de nouvelles expéditions guerrières contre la Savoie et pour avoir accablé ses sujets de péages abusifs. Cela ne l’empêche pas d’être accueil au monastère des chartreux de Val Sainte Marie où il finira sa vie l’année suivante. C’est son fils Jean qui prend la succession du Dauphiné.
*1315 : Amédée V adopte officiellement les armoiries de Savoie avec sa croix blanche sur fond rouge. La décision aurait été prise suite à la victoire de son armée contre les ottomans à Rhodes la même année. La Savoie était alors partie secourir les chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, aussi connu sous le nom de l’Ordre des hospitaliers. Ainsi, la légende veut que l’Ordre ait légué à Amédée V le droit de porter ses couleurs en guise de remerciement. En effet, l’Ordre de Saint-Jean utilisait aussi l’emblème de la croix blanche sur fond rouge en complément de sa traditionnelle croix de Saint-Jean (ou croix de Malte) blanche sur fond noir. Mais la légende reste infondée puisque l’Ordre de Saint-Jean n’a adopté cet héraldique qu’à partir de 1153, c’est à dire 10 ans après sa première apparition sur le sceau d’Amédée III de Savoie. C’était le chevalier dauphinois Raymond du Puy, deuxième maître de l’Ordre, qui fut le rédacteur de la règle de l’Ordre de Saint-Jean, qui militarisa les hospitaliers et qui soumit l’emblème de la croix blanche sur fond rouge au pape Innocent II. Ce dernier approuva ces propositions en 1130. La croix des Hospitaliers fut donc malgré tout officialisé 185 ans avant la croix de Savoie, d’où la probable confusion et sa légende. A noter que le drapeau national du Danemark reprend également l’emblème de l’Ordre des hospitaliers et de la Savoie. Il fut adopté officiellement en 1397 par la famille royale mais son origine remonterait à la création de l’Ordre de Dannebrog en 1219. L’ordre danois fut très certainement lui-aussi lié aux croisades en Terre-Sainte après sa victoire contre l’Estonie.
Sceau de Amédée V de Savoie
Emblème des comtes de Savoie
Dernière édition par Loec le Sam 12 Nov 2022 - 14:36, édité 3 fois
Loec Chevalier du royaume
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Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 4:12
1334 : Le traité de Chapareillan est signé dans la vallée du Grésivaudan entre Aymon de Savoie le Pacifique et Humbert II de Viennois, dans l’objectif de mettre fin à cette guerre interminable. Le Roi de France Jean II le Bon profita de cette opportunité pour s’imposer comme médiateur et accroître son influence dans les deux régions. Le traité signé, le Roi de France espère avoir gagné de nouveaux alliés et il peut désormais se concentrer sur la menace anglaise à l’aube de la guerre de cent ans. Mais malgré les accords passés entre les deux seigneurs Aymon et Humbert II, la guerre continue auprès des vassaux locaux pour lesquels ce conflit reste une source de richesse et de gloire.
1339 : Première apparition des armoiries de la confédération helvétique. A ne pas confondre avec les armories de Savoie dont la croix n’est pas alésée puisqu’elle touche les bords.
Naissance des armoiries de la confédération helvétique «De gueule à la croix alésée d’argent»
1343 : A l’âge de 9 ans, Amédée VI de Savoie dit le «comte vert» succède à son père Aymon le Pacifique. Amédée VI avait l’esprit chevaleresque et son surnom vient de l’armure qu’il portait lors d’un tournois de chevaliers organisé à Chambéry en 1348.
Amédée VI le Comte Vert
1344 : Humbert II de Viennois, petit fils de Humbert Ier de Viennois et désormais seigneur du Dauphiné, se porte volontaire pour commander la croisade de Smyrne. Elle est projetée pour secourir la citadelle de Smyrne assiégée par les turcs. Toutefois, Humbert II est très affaibli financièrement par son conflit avec la Savoie. Le pape hésite mais accepte sa proposition. Après avoir vider les caisses de son trésor pour financer l’expédition, Humbert II part avec sa jeune épouse Marie des Baux âgée de 26 ans. Soucieux de sa santé, il préfère passer le premier hivers chez les Hospitaliers à Rhodes. Le 24 juin 1346, Humbert II vainc les turcs lui permettant d’engager des pourparlers. Mais l’année suivante, aucun accord n’est trouvé et Marie des Baux décède en mai 1347. Effondré de chagrin, Humbert II rentre ruiné dans son Dauphiné.
1349 : Incapable de relever un impôt, Humbert II est ruiné. De plus, il est sans descendance mâle. Il choisit alors de vendre le Dauphiné au Roi de France pour 200.000 florins et une rente annuelle de 24.000 livres. Le Saint-Empire-Romain-Germanique n’avait jamais été en mesure d’arbitrer efficacement les différents opposants dauphinois et savoisiens et c’est pourquoi Humbert II se résigna se mettre sous la protection du Roi de France. Le traité de Romans est ratifié à Romans-sur-Isère, puis une cérémonie se déroule à Lyon où Humbert II transmet à Charles V, futur hérité du Royaume de France, l’épée du Dauphin au manche incrusté du bois de la croix du Christ crucifié, la bannière de Saint-Georges, le sceptre et l’anneau delphinaux. Le nouveau Dauphin jure, entre les mains de l’évêque de Grenoble, de respecter les franchises du Dauphiné. A partir de cette date, le Dauphiné devient l’apanage des fils aînés des Rois de France, portant désormais à leurs tours le titre de Dauphin. Même si le Dauphiné demeure officiellement une principauté indépendante, il est rapidement assimilé au royaume de France. Ainsi, jusqu’à la révolution française, le Dauphiné deviendra la seigneurie qui servira d’apprentissage aux futurs héritiers des Rois de France, d’où l’expression populaire «être le dauphin» pour désigner le second.
«L'Abdication d'Humbert II» à Lyon au profil du futur Roi de France par Alexandre Debelle
1352 : Par son esprit chevaleresque, le Comte Vert créé en 1352 l’Ordre du cygne noir puis en 1362 l’Ordre du collier de Savoie, évolué plus tard en Italie par l’Ordre Suprême de la Très Sainte Annonciade. C’est de l’Ordre du collier de Savoie que la dynastie de la Maison de Savoie tient sa devise : « FERT» . Mais sa signification reste un mystère. Sa traduction en latin pourrait être « Sa vaillance défendit Rhodes» en référence à l’expédition d’Amédée V en terres saintes ou « Nous sommes tenus par l’alliance et la religion ».
Vitrail du château de Ripaille
1352 : Hugues de Genève refuse de rendre hommage à Amédée VI en arguant détenir son fief du Pays de Gex et le bailli du Faucigny du Dauphin. Amédée III de Genève, comte de Genève, préfère lui aussi rejoindre le parti français qui s’est implanté dans la région en rachetant le Dauphiné. Hugues de Genève en profite alors pour relancer des chevauchés contre la Savoie.
1353 : Amédée VI attaque le Pays de Gex pour faire tomber Hugues de Genève mais ce dernier est rejoint par des seigneurs dauphinois restés fidèles à la cause anti-savoyarde.
1354 : Face à ces nouvelles alliances, Amédée VI prépare une grande offensive contre ses voisins. Il engage la bataille des Abrets, l’opposant à Hugues de Genève rallié par des seigneurs dauphinois. C’est une victoire décisive qui surprendra le Roi de France. Celui-ci abandonnera ses prétentions dans la région en cédant le Faucigny à la Savoie.
1355 : Signature du traité de Paris. Il met une fin à la guerre delphino-savoyarde. Amédée VI dit le Comte Vert récupère les enclaves territoriales du Dauphiné, en particulier le Faucigny que le Roi de France consent à laisser. De plus, Amédée VI annexe de Pays de Gex du baron de Hugues de Genève. Ce dernier se met au service du Roi de France et part combattre les anglais. On peut considérer que c’est à partir de cette date que le territoire du Comté de Savoie consolide durablement son territoire à travers un espace cohérent. Il est désormais constitué des départements de la Savoie, de l’Ain (sauf le Haut-Bugey), de la Haute-Savoie (sauf le Comté de Genève), du Bas-Valais (Suisse), du Val d’Aoste (Italie) et du Piémont de Suse (Italie).
Armoiries de la maison de Savoie
1355 : Humbert II de Vienne, qui était devenu prêtre, entreprend un pèlerinage jusqu’au palais des Papes à Avignon. Il meurt en cours de route et il sera inhumé au couvent des Jacobin à Paris.
1383 : Après avoir aidé le fils du roi de France Charle V dans la campagne Napolitaine, Amédée VI meurt de la peste. Son petit fils Amédée VIII naît la même année. Il portera le surnom de «Le Pacifique» car il parviendra à ne jamais ouvrir de conflits en Savoie durant la période de la guerre de cent ans.
1388 : Amédée VII dit le «comte rouge» parvient à faire ratifier la Dédition de Nice à la Savoie, à la suite d’un conflit de succession en Provence. Le comté de Savoie est alors organisé en 175 châtellenie et 13 bailliages s’étendant des pré-alpes fribourgeoises à la Méditerranée.
1401 : Amédée VIII le Pacifique achète le fief au dernier sire de Thoire-Villars qui n’a pas de descendance mâle. Le Haut-Bugey rentre dans la principauté savoisienne. Amédée VIII achète également l’ensemble du Comté de Genève suite au décès de son dernier seigneur toujours sans héritier. Mais l’évêque de Genève refuse son rattachement à la Savoie et contestera la régularité de cette vente. Toutefois, l’achat du Comté de Genève permet au Comté de Savoie d’acquérir l’essentiel de ces terres, en particulier le Genèvois et la ville d’Annecy. Amédée VIII est surnommé le pacifique en raison de ses succès de dirigeant sans avoir participé ou contribué à la moindre guerre, et ce alors même que le Royaume de France est plongé en pleine guerre de cent ans.
Amédée VIII le Pacifique
1405 : Amédée VIII fonde l’université de Turin.
*1416 : L’Empereur germanique Sigismond Ier érige le comté de Savoie en Duché en reconnaissance pour sa fidélité. Amédée VIII devient le premier Duc de Savoie, se libérant ainsi davantage de la domination du Saint-Empire-Romain Germanique. La Savoie devient un État souverain et sa capitale est officiellement désignée à Chambéry.
1419 : La Savoie annexe définitivement le Piémont et Turin qui jouissaient jusque là d’une certaine indépendance par la faute d’apanages successifs. Dès lors, les Ducs de Savoie deviennent également les Princes du Piémont. Le Duché de Savoie est alors constitué des départements de la Savoie, de l’Ain, de Haute-Savoie, des régions italiennes de la Vallée d’Aoste et du Piémont (avec Turin), et enfin de la moitié Ouest du canton suisse du Valais (Bas-Valais).
1434 : Très croyant, Amédée VIII décide de prendre sa retraite avec six chevaliers pour se consacrer à une vie presque monacale. Ils fondent l’Ordre de Saint-Maurice, devenu aujourd’hui L’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare.
1439 : Le conclave au concile de Bâle nomme Amédée VIII comme antipape sous le nom de Félix V. Il abdiquera définitivement du Duché de Savoie en 1440 en faveur de son fils. Mais le pape actuel refuse de laisser sa place. Au bout de 9 ans, Amédée VIII préfère renoncer à sa nomination afin de favoriser une réconciliation au sein de l’Église.
1462 : Philippe II dit «Sans Terre» se révolte brutalement contre sa mère et ses partisans, qui avait la régence du Duché de Savoie. Il redoutait qu’elle favorise l’annexion de la Savoie en faveur de son beau fils, le Roi de France Louis XI. Ces parents demandent alors l’assistance du Roi de France. Ce dernier fait prisonnier Philippe II pendant 3 années. Il est libéré en 1466 et il s’installe dans la ville de Lyon pour les services du Roi de France. Il est notamment nommé gouverneur de Guyenne et du Limousin, mais son titre lui est rapidement retiré quand il prend le parti de Charles le Téméraire, Duc de Bourgogne. Alors qu’il est envoyé à Milan comme ambassadeur du Roi de France, des exactions punitives sont dirigés contre des territoires savoisiens qui le soutiennent. La tentative d’attaque des dauphinois pour le Roi de France sur Pérouges en est l’exemple, mais la ville résista héroïquement et resta fidèle à son légitime seigneur. Les diverses autres tentatives du Roi de France de faire de Phillipe II son vassal resteront vaines. Toutefois, Philippe II n’accéda officiellement au Duché que 18 mois avant sa mort, lorsque son petit neveu décéda.
1475 : Bataille de la Planta dans le Valais qui oppose la Savoie constituée d’une infanterie d’environ 10.000 hommes et 1500 chevaliers contre une alliance regroupant le Haut-Valais, la principauté épiscopale de la ville de Sion, leurs alliés suisses de Berne et des villes libres de Fribourg et de Soleure, soit environ 7000 soldats. La Savoie perd la bataille et elle se fait définitivement annexer le Bas-Valais incluant l’Abbaye de Saint-Maurice. Le Valais unifié redeviendra plus tard un territoire libre avant une période de domination bernoise. La ville de Berne était suisse depuis 1353 (canton de Berne) avant de devenir la capitale de la confédération helvétique. Les cantons de Fribourg et de Soleure rejoindront l’état helvétique peu après la bataille de la Planta en 1481. Pendant la révolution française, le canton de Valais hésita à rester libre ou à rejoindre l’Empire français, mais après la défaite de Napoléon en 1815, les monarchies européennes lui imposent une intégration dans la confédération helvétique.
Bataille de la Planta avec les soldats suisses de Berne reconnaissables par un ours noir sur leur blason d’or et rouge
1513 : Charles III de Savoie dit «Le Bon» tente d’imposer son cousin comme évêque de Genève afin d’étendre son influence sur la cité-État (Genève n’est toujours pas une ville Suisse). Il doit renoncer après avoir créé une révolte.
1515 : Il débute une série de drame pour Charles III et son duché de Savoie. La guerre d’Italie qui oppose la France au Saint Empire Romain le mène au désastre. Oncle de François 1er et beau frère de Charles Quint, Charles III essaie de rester neutre et il interdit l’accès des troupes françaises en Italie par ses terres. En 1524, il ne peut empêcher des troupes du Saint Empire de passer par Nice pour attaquer le sud du royaume de France. Aussitôt après, les troupes françaises pillent Nice en représailles. Puis, François 1er réclame un héritage sur la Bresse et le Faucigny. Les troupes françaises engageront plusieurs batailles victorieuses contre la Savoie et ses alliés Suisses. Elles occuperont même des villes majeures comme Montmélian et la capitale Chambéry. Charles III se retrouve privé de la plupart de ses terres, sauf la vallée d’Aoste et le comté de Nice. Cette période de domination française, qui durera 23 ans (1536-1559) est surnommée « La parenthèse française » dans l’histoire de la Savoie.
1543 : Après une brève trêve, l’alliance franco-turc assiège Nice par la mer. Une armée de secours conduite par Charles III permet de faire lever le siège mais une ferme répression s’abat sur les niçois qui avaient choisi le camp français. Dépossédé de la majeure partie de son territoire, Charles III meurt assiégé par le roi français Henri II à Verceil et il laisse la place à son fils Emmanuel-Philibert.
1559 : Le traité de Cateau-Cambrésis met un terme aux guerres européennes de la France. Emmanuel-Philibert retrouve les pays perdu par son père : Savoie, Piémont, Bugey et Bresse. Le Duché de Savoie est reconstitué.
*1563 : Pour se protéger contre la menace française qui deviendra constante, Emmanuel-Philippe dit «Tête de fer» transfert sa capitale de l’autre côté des Alpes à Turin. A partir de cette date, Turin va connaître un important développement. Chambéry aura été capitale de Savoie pendant 150 années.
1580 : Charles-Emmanuel 1er dit «Le Grand» succède à son père Emmanuel-Philippe et dirige de Duché de Savoie. Grâce à son mariage, il s’allie à l’Espagne. Il profite des troubles politiques et des guerres de religion en France (protestantisme) pour préparer sa candidature au trône de France. Il envahit notamment à de nombreuses reprises le Dauphiné et pousse même en 1590 jusqu’à Aix-en-Provence et Dragignan en s’emparant de ces deux villes. Mais le Duc Lesdiguières, maréchal de France qui avait fait de Grenoble le nouveau chef-lieu du Dauphiné, parvient à reprendre des territoires perdus (Grenoble et Vienne étaient les deux capitales historiques du Dauphiné).
Gravure de Montmélian en 1675. La ville fut assiégée à plusieurs reprises au cours de son histoire notamment par les français
1600 : Début de la guerre franco-savoyarde faisant suite aux ambitions de Charles-Emmanuel 1er sur le trône de France. Henri IV ayant d’abord été protestant et dénoncé par toute l’Europe catholique, Charles-Emmanuel 1er espéraient prendre sa place comme petit fils de François 1er.
*1601 : Fin de la guerre Franco-savoyarde et victoire de Henri IV sur Charles-Emmanuel 1er. C’est la signature du Traité de Lyon dans lequel la Bresse, le Bugey, le pays de Gex et la Dombes sont annexés par la France en échange du marquisat de Saluces. Le marquisat de Saluce était une riche enclave française héritée des guerres d’Italie. Charles-Emmanuel 1er accepte pour renforcer sa position en Italie mais renonçant à ses terres historiques.
Extrait du traité de Lyon issu des archives de Turin
1603 : Charles-Emmanuel 1er tente d’envahir Genève. Les savoisiens assiègent la ville et essayent de passer au dessus des remparts. C’est la bataille de «L’escalade». Les savoisiens sont défaits. Leurs prisonniers sont pendus puis leurs têtes sont exposées au bout des piques au dessus des remparts comme signe d’avertissement. Jusqu’à nos jours, Genève commémore sa victoire tous les 12 décembre. C’est la fête nationale de la ville.
La bataille de l’escalade
1615 : Le cuisinier François Pierre de la Varenne publie dans son recueil de cuisine la recette du ramequin de fromage, ce qui est fait à ce jour la plus vieille recette de fromage fondue encore consommée. Le ramequin est une spécialité de fromage de Saint-Rambert-en-Bugey.
Fromages de ramequin
1628 : Le Duché de Savoie de Charles-Emmanuel 1er redevient ennemi de la France à travers la guerre de succession de Mantoue, et plus largement dans le conflit de la guerre de 30 ans qui oppose la France à la maison d’Autriche des Habsbourg (Maison du Saint Empire Romain avec l’aide des espagnols ). Charles-Emmanuel Ier meurt en 1630. Il ne sera pas inhumé à Hautecombe mais à Savigliano, en Italie. On admirait son courage, son sens de la diplomatie et ses talents militaires. Malgré la perte de la Bresse, du Bugey, de la Dombes et du Pays de Gex, il a su étendre ses frontières tout en achevant le système féodale au sein de son duché afin de mieux concentrer son pouvoir. Il recentre également la production monétaire à Turin, au détriment de Bourg-en-Bresse, Nice et Aoste.
1666 : Naissance de Victor-Amédée II de Savoie, dit «le Renard de Savoie». Sa mère prend la régence du Duché pendant près d’une décennie, alors que Victor-Amédée II n’a que 9 ans lorsque son père décède. Elle défend une politique pro-française qui ne sera pas du goût de son fils. Le surnom de Victor-Amédée II pourrait être lié à sa politique de retournement d’alliances qu’il mettra en place sous son règne, lui permettant ainsi de renforcer et d’agrandir ses États de Savoie.
Victor-Amédée II de Savoie
1688 : Afin d’échapper à la tutelle française, Victor-Amédée II rejoint la ligue d’Augsbourg aux côtés du Saint-Empire Romain Germanique et des Royaumes d’Angleterre, d’Espagne, de Suède, du Portugal, d’Écosse et des Provinces-Unis. Elle s’oppose au royaume de France et à l’Empire Ottoman. C’est le début de la guerre de la Ligue d’Augsbourg parfois appelée guerre de 9 ans.
1696 : Victor-Amédée II signe le traité de Turin avec Louis XIV ce qui lui offre la paix avec le Royaume de France mais le met au ban des autres royaumes européens. Il promet à Louis XIV de lui décéder la «Savoie française» s’il soutient ses revendications sur le Milanais. Cet événement marque une étape importante dans la vocation italienne du Duché de Savoie.
1699 : Un zurichois au nom d’Albert Hauser décrit pour la première fois la recette d’un fromage fondue à base de vin. C’est une fondue qui pourrait ressembler énormément à celle que nous connaissons aujourd’hui, bien qu’actuellement les Suisses choisissent traditionnellement 2 fromages (gruyère et vacherin). En Savoie, 3 sont nécessaires (beaufort, comté et tome de Savoie).
1701 : Début de la guerre de la Succession d’Espagne. Le conflit oppose la France et l’Espagne à une coalition européenne. Victor-Emmanuel II en profite pour rouvrir les hostilités avec la France.
Soldats français lors de la bataille de Denain
1712 : Naissance de Jean-Jacques Rousseau à Genève. Il sera un des rares philosophes des lumières à ne pas être issu d’une famille bourgeoise ce qui peut expliquer sa forte sensibilité pour l’égalité des hommes et des citoyens.
1713 : La France et l’Espagne perdent la guerre et ne pourront unir leur royaume. Les traités d’Utrecht sont signés et l’Espagne est amputée de ses possessions en Europe : elle doit notamment céder Naples et la Sardaigne à l’Autriche, les Pays-Bas et la Belgique retrouvent leur indépendance et la Savoie gagne la Sicile et une partie du Milanais.
1720 : Trop loin du Duché de Savoie pour être efficacement défendu, Victor-Emmanuel II conclut à un échange de la Sicile avec l’Autriche contre la Sardaigne. La Maison de Savoie accumule alors les titres de Ducs de Savoie, Comtes de Nice, Princes du Piémont et Rois de Sardaigne. D’ailleurs, on parle de plus en plus du Royaume de Piémont-Sardaigne pour désigner les États de Savoie alors que appellation « Savoie Propre » prend son sens pour désigner la partie francophone et historique de la Savoie, c’est à dire les actuels départements de Savoie et Haute-Savoie.
1755 : Arrestation et condamnation à mort de Louis Mandrin. C’était un célèbre contrebandier dauphinois qui ne s’en prenait qu’aux intérêts de roi de France. Il était populaire et apprécié de la population locale et suscitait même l’admiration de Voltaire. Il vivait en Savoie où il entreposait de nombreuses caches pour pouvoir échapper aux soldats du roi de France. Il achetait des marchandises en Savoie et en Suisse pour les revendre en France en évitant les taxes de douane. De plus, il n’hésitait pas à attaquer les fermiers généraux, fonctionnaires du Roi visant à rencontrer chaque ferme pour prélever l’impôt. A son apogée, Mandrin dirigeait une bande d’une centaine de compagnons. Il était un peu le Robin de bois de France, seulement son existante à lui est bien réelle ! Lors de sa condamnation à mort, il fut supplicié par la roue à Valence. De nombreux sites en Savoie et dans les départements de l’Isère et de l’Ain lui attribuent des légendes, en particulier sur des châteaux ou des grottes. En 2002, un entrepreneur grenoblois fonde la brasserie Mandrin, en l’honneur du contrebandier. Sa bière artisanale la plus atypique est celle brassée à la noix, car la noix est une spécialité locale.
Gravure du XVIIIème siècle de Louis Mandrin
1759 : Voltaire achète un vaste terrain sur la commune de Ferney dans le Pays de Gex pour y faire bâtir son château. Bien que le Pays de Gex fut déjà annexé par la France 150 ans plus tôt, il ne reste pas moins un territoire à proximité immédiate de la ville indépendante de Genève. En cas de poursuite des autorités royales, Voltaire s’offre ainsi la possibilité de fuir à Genève voire plus loin dans les états helvétiques. Dès lors, il contribua grandement au développement de la commune qui changera son nom pour prendre celui de Ferney-Voltaire. Sa résidence est actuellement propriété de l’État français et elle se visite.
Château de Voltaire
*1783 : Un nouveau drapeau représente le Royaume de Sardaigne incluant le Duché de Savoie. Le bleu fait son apparition sur le nouvel emblème. La croix de Savoie est toujours conservée pour représenter la famille de la maison de Savoie.
Drapeau du Royaume de Sardaigne, incluant Savoie Propre, le duché de Nice et le Piémont
1788 : « Journée des Tuiles » à Grenoble puis « Assemblée des trois ordres du Dauphiné » à Vizille, prémices de la Révolution française.
Château de Vizille et son musée de la Révolution française
1789 : Révolution française. La Savoie suit avec attention les événements en France. Comme toutes les monarchies d’Europe, Victor-Amédée III est hostile au mouvement de révolte mais il n’interviendra pas.
1790 : L’Assemblée nationale française constituante créée les départements. Leur taille est calibrée de sorte que chaque préfecture soit à moins d’une journée à cheval. De département de l’Ain est alors créé et il regroupe les anciens pays du Bugey, de Gex, de la Dombes, et la partie sud de la Bresse. Comme ce département ne repose sur aucune réalité historique et géographique autre que celle de la Savoie, il n’existe pas de gentilé pour désigner les habitants de l’Ain. Une consultation départementale de 2018 officialisera néanmoins le nom de Aindinois. Comme pour beaucoup d’autres départements, l’Ain prend son nom d’une rivière qui le traverse. Cette rivière prend sa source dans le Jura et se termine dans le Rhône.
1792 : Après que des troupes révolutionnaires envahissent la « Savoie Propre », l’Assemblée nationale des Allobroges, également appelée l’Assemblée des Députés des Communes de Savoye est créée. Elle est la première assemblée législative de Savoie. Elle décide la suppression des droits souverains de la Maison de Savoie, de la noblesse, des redevances fiscales et confisque les biens du clergé. Trois jours après sa création, l’assemblée se dissout en émettant le vœu d’un rattachement à la France sous respect des libertés religieuses savoyardes. Le département du Mont-blanc est alors créé. En 1793, c’est le département des alpes maritimes qui est créé, annexant ainsi le comté de Nice au bénéfice de la France. Beaucoup de nobles savoisiens partent se réfugier du côté de la Savoie « italienne ». Quant à la Maison de Savoie, elle s’installe en Sardaigne et ne deviendra plus que le Royaume de Sardaigne quand Napoléon 1er conquerra le reste de l’Italie.
Ancienne carte du département du Mont-Blanc, divisé en 7 districts et 83 cantons. Il deviendra plus tard les départements de Savoie et de Haute-Savoie
1794 : Le Belleysan Brillant-Savarin atteste que la fondue est d’origine Suisse. Cependant, il décrit une recette bien différente que celle que nous connaissons aujourd’hui. Elle ressemble à une sorte d’Œufs brouillés dans du gruyère fondue avec du beurre.
Jean Anthelme Brillat-Savarin et son célèbre ouvrage la «physiologie du goût». Ce natif de Belley fut par la suite "Maire", député aux États-Généraux de Louis XVI puis député à l’Assemblée Nationale sous Napoléon Ier. Il est considéré comme l’inventeur de la gastronomie
1798 : La ville de Genève rejoint la République Française. N’oublions pas que le philosophe Jean-jacques Rousseau était genevois ! La France créé pour l’occasion le nouveau département du Léman en amputant la partie nord du département du Mont-blanc (pays du Genevois et les villes de Thonon, Évian, Yvoire, etc.) et le pays de Gex du département de l’Ain.
1813 : Les genevois regrettent leur indépendance et la ville redevient libre. Toutefois, les magistrats genevois sont conscients qu’ils ne peuvent rester isolés au milieu de supers puissances comme la France ou la Prusse. Genève demande alors son intégration à la confédération helvétique. Le Pays de Gex est rendu au département de l’Ain et de département du Mont-blanc récupère la partie nord.
1814 : Première restauration française. La France doit rendre les territoires qu’elle avait conquis.
1815 : Napoléon perd la bataille de Waterloo. Le deuxième traité de Paris est signé le 20 novembre 1815 et la France rend définitivement les territoires de Savoie qu’elle avait annexé pendant la période révolutionnaire. Le Duché de Savoie est reconstitué. La Maison de Savoie se réinstalle dans sa capitale à Turin. Pendant la même année, l’État fédéral helvétique accepte la demande adhésion de Genève. La ville devient Suisse mais elle demeure enclavée en France. Plus tard, la France vendra aux genevois 5 communes du Pays de Gex afin de leur permettre d’établir une liaison terrestre avec le reste de la confédération.
1832 : Un nouveau drapeau représente le Royaume de Sardaigne en mélangeant les emblèmes de Savoie et de Gênes.
Drapeau du Royaume de Sardaigne intégrant le pays de Gènes
*1848 : Le drapeau du Royaume de Sardaigne est à nouveau modifié et il intègre les futurs couleurs de l’Italie tout en conservant la croix de Savoie et le bleu d’origine de la Sardaigne. Il est inspiré du premier drapeau de la République Cispadane qui fut adopté par le passé en 1797 par son ancien parlement. D’inspiration française, peut être même choisi directement par l’Empereur Napoléon Bonaparte lors de ses campagnes en Italie (il préférait le vert au bleu), ce drapeau était le symbole d’unité et de ralliement de l’Italie du nord à la cause républicaine. Dans la République Cispadane préfigure alors une pré-unification de l’Italie. Elle était une République sœur à la République Française, ce qui atteste sa relative autonomie et son alliance avec la France, voire la volonté de son rattachement.
Drapeau du Royaume de Sardaigne représentant l’ensemble des États de Savoie
1858 : Victor-Emmanuel II travaille aussi à la réunification de l’Italie (Risorgimento) qui était toujours restée jusque-là morcelée en cités-État, provinces ou petits royaumes depuis la chute de l’Empire Romain. Cependant, Victor-Emmanuel II doit faire face à l’opposition du Pape, de ses États pontificaux ainsi qu’aux Habsbourg d’Autriche qui défendent également chacun des revendications en Italie. Victor-Emmanuel II demande alors l’aide de Napoléon III et le soutien militaire français. En échange, il renoncera à son titre de Duc de Savoie et propose de donner à la France toute la partie savoisienne francophone (Savoie Propre et comté de Nice ) sous réserve d’acceptation du peuple concerné par l’échange après référendum. Cette entente sera appelée « l’accord secret ».
*1860 : Après le soutient de l’armée française contre les troupes autrichiennes, la traité de Turin est signé entre la France et la Savoie dans les termes de « l’accord secret ». Un plébiscite est alors organisé pour les habitants de la Savoie francophone (Savoie Propre et Duché de Nice notamment) et ils ont le choix entre l’annexion à la France, l’annexion en zone franche (c’est à dire l’annexion à la France avec un régime fiscal similaire à la Suisse) ou contre l’annexion. C’est l’annexion à la France qui l’emporte très majoritairement. Les départements de Savoie et de Haute-Savoie sont créés et celui des Alpes Maritimes pour Nice est à nouveau reconstitué. Au début, les Suisses contesteront la régularité du référendum en accusant les autorités françaises de manipulation. En effet, les Suisses avaient également des prétentions dans le Nord de la Haute-Savoie, notamment l’ancien Comté de Genève et le Chablais. Les Britanniques ont soutenu la thèse des suisses probablement par rivalité et pour affaiblir les intérêts de la France. Aucun autre pays ne contestera le traité de Turin qui reste toujours en vigueur de nos jours. Il faut noter qu’à cette époque, la « Savoie Propre », c’est à dire la Savoie et la Haute-Savoie, est un territoire très pauvre et très rural qui n’avait donc pas bénéficié du développement industriel de la France. D’après divers témoignages de l’époque, les savoisiens étaient déçus et lasses que leurs dirigeants de la Maison de Savoie concentraient davantage leur attention sur les affaires de la partie italienne plutôt que sur la leur. Il y a avait un sentiment d’abandon alors que la France avait toujours montré son intérêt pour la Savoie. Par ailleurs, ne parlant pas italien, les savoisiens de la « Savoie Propre » se sont toujours senti plus proche culturellement de la France. Ce sentiment a pu expliquer leur volonté de rattachement à la France bien qu’elle soit aujourd’hui remise en cause par une minorité d’indépendantistes.
*1861 : L’Italie est officiellement créée et unifiée ! Victor-Emmanuel II de la Maison de Savoie devient le premier roi d’Italie. Il bénéficie d’une forte reconnaissance et d’un fort soutient auprès des Italiens.
Premier drapeau du Royaume d’Italie, inchangé par rapport à la dernière version du drapeau du Royaume de Sardaigne
1865 : Le capitaine français Mieulet trace la première carte topographique du Mont-Blanc depuis l’annexion de la Savoie et de la Haute-Savoie. Il fait passer la frontière du royaume d’Italie de l’autre côté du sommet du Mont-Blanc ce qui en fait un territoire français. Les italiens contestent cette version et affirment que la frontière passe sur la ligne de crête. En vérité, le traité de Turin de 1860 ne mentionne pas assez précisément le passage de la frontière au moment de l’annexion française mais il est probable que le capitaine Mieulet se soit inspiré des limites de l’ancien département du Mont-Blanc.
1870 : La Maison de Savoie décide de transférer la capitale d’Italie de Turin à Rome ce qui créer une révolte sanglante dans la ville turinoise.
1889 : Le 11 juin, le roi Humbert 1er d’Italie décide de se rendre à Naples avec son épouse la princesse Marguerite de Savoie pour intégrer les napolitains à la cause nationale. Selon la légende, le chef Raffaele Esposito invente à cette occasion la première pizza qu’il baptise le lendemain « Margherita » en l’honneur de la première reine d’Italie. La pizza est alors faite aux couleurs du drapeau de l’Italie, c’est à dire avec de la tomate, du basilic et de la mozzarella. En décembre 2017, « l’art traditionnel de la pizza napolitaine » sera classée patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Marguerite de Savoie, première Reine d’Italie
Naissance de la première pizza, la margherita
1911 : L’équipe nationale italienne de football joue pour la première fois en bleu pour honorer la famille royale de la Maison de Savoie et la réunification de l’Italie. L’équipe de football italienne prendra alors le surnom de Squadra Azzurra. D’autres sélections nationales italiennes prendront également le bleu comme couleur officielle, comme l’équipe de rugby ou les équipes d’athlétisme.
Maillot de l’équipe de football d’Italie
1912 : Le médiéviste anglais Charles William Previté-Orton retrouve l’existance d’une ancienne famille comtale à Belley, dont le père s’appelait Amédée et son fils Humbert (né en 927). L’historien britannique s’interroge sur la possibilité de l’émergence de la famille savoisienne à Belley, hypothèse crédible dans la mesure où le nom d’Humbert était encore peu courant pour l’époque.
*1946 : Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, Humbert II roi d’Italie est chassé du pouvoir par le peuple italien car il est accusé d’avoir collaboré avec le président fasciste du conseil des ministres, Benito Mussolini. Le peuple italien vote par référundum la même année la proclamation de la République Italienne. L’Italie n’est plus un royaume et la Maison de Savoie doit vivre en exile. Humbert II et sa famille se réfugient en Suisse.
Humbert II Roi d’Italie déchu par son peuple
*1948 : Adoption de la Constitution de la République Italienne bannissant la Maison de Savoie du sol italien. Au deuxième alinéa de la 13ème disposition, il est effectivement inscrit « Il est interdit aux anciens rois de la Maison de Savoie, à leurs épouses et à leurs descendants mâles d'entrer et de séjourner sur le territoire national ». De plus, le drapeau de l’Italie est officiellement adopté. La croix de Savoie et le bleu de la Sardaigne sont supprimés.
Adoption et naissance du drapeau national italien
1960 : Paris et le gouvernement français décident de développer massivement le sport d’hiver et les stations de ski en Savoie. Cette politique va largement contribuer à sortir la Savoie de sa pauvreté en provoquant son essor économique dans le contexte des trente glorieuses. Les plats «traditionnels» comme la tartiflette ou la raclette sont inventés à cette occasion pour accueillir les touristes parisiens.
Le ski des trente glorieuses
1983 : Humbert II meurt à 78 ans à Genève. Il sera inhumé en France aux côtés de ses ancêtres à l’Abbaye d’Hautecombe.
1990 : Naissance des premiers mouvements indépendantistes de Savoie. La Ligue Savoisienne, créée en 1995, était l’un des pionniers, mais l’association finit par cesser ses activités en 2012. Aujourd’hui, d’autres mouvements prennent le relais comme le Sénat Souverain de Savoie. Ces mouvements indépendantistes veulent la réunion et l’autonomie des départements de Savoie et de Haute-Savoie. Leur principal argument repose sur diverses hypothèses de caducité du traité de Turin de 1860. Les modalités du référendum de l’époque sont alors remis en cause comme les Suisses l’avait fait à l’époque. L’émergence de ce nationalisme savoisien peut s’expliquer par la renaissance économique de la région ainsi que par le regain d’intérêt des français pour la Savoie, notamment via les sports d’hiver et sa gastronomie, suscitant alors la fierté de ses habitants.
Emblème savoyard parfois utilisé par les indépendantistes
2013 : Les cartes nationales suisses font désormais apparaître la vision française et la vision italienne vis-à-vis du passage de la frontière sur le Mont-Blanc. Jusqu’à cette date, les suisses ne présentaient que la version française. Quelques années plus tard, Google Maps suit le même chemin en laissant des pointillés autour du sommet pour représenter les deux points de vue. Deux autres zones de litiges existent entre la France et l’Italie : le Dôme du Goûter et le col du Géant. Les revendications françaises et italiennes sur le Mont-Blanc restent aujourd’hui purement symbolique bien que toujours réelles. En effet, d’une hauteur de 4808 m, le Mont-Blanc est le plus haut sommet des Alpes et le sixième plus haut sommets d’Europe après ceux des montagnes du Caucase.
Le Mont-Blanc
2022 : Le fils unique d’Humbert II vit toujours en exile en Suisse. Il a actuellement 85 ans. Son interdiction de séjour en Italie pose question car elle est contraire aux traités de libre circulation de l’Union Européenne et de l’espace Schengen. De plus, un sentiment d’injustice anime l’ancienne famille royale puisqu’en 1992, Alessandra Mussolini, petite fille du dictateur fasciste Mussolini, est élue pour siéger au parlement italien. En 2013, elle devient sénatrice et députée européenne lors des mandats de 2004 et de 2014.
Juillet 2022 : Accéléré par les activités humaines, le réchauffement climatique met en péril les paysages et les écosystèmes alpins. Un morceau du glacier Mormolada, le plus grand des Alpes italiennes, s’est détaché causant 11 victimes. De plus, la ligne de séparation des eaux a été déplacée obligeant l’Italie à revoir sa frontière avec la Suisse sur une dizaine de mètres. Depuis quelques années, des températures de plus de 30 degrés sont parfois enregistrés l’été dans les villages alpins.
Pour conclure, voici une petite carte sympa trouvée sur wikipédia et qui retrace bien l’évolution territoriale du comté puis du duché de Savoie à partir de la fin du moyen âge avec les 7 principale régions historiques de la "Savoie propre" (Bugey, Savoie propre, Genévois, Chablais, Tarentaise, Maurienne et le Faucigny) :
Carte évolution de la Savoie:
Je vous propose une traduction de la légende : Titre : phase d’acquisition. Bis 1300 : jusqu’aux années 1300 Randfarbung Verlust vor 1789 : pertes territoriales avant 1789 Heutige grenzen : frontières contemporaines Residenz, Hauptstad : Résidences, capitales
Pour compléter la carte ci-dessus, voici un rappel des pays historique de la Savoie :
La Savoie Propre désigne à la fois le pays de Chambéry jusqu'au Petit Bugey mais également toute la Savoie francophone hors territoires conquis par Henri IV et hors Duché de Nice, c'est à dire la Savoie Propre incluant la Maurienne, la Tarentaise, le Faucigny, le Genévois et le Chablais.
Le Bugey et de Val d'Aoste sont aujourd'hui peu représentés dans l'iconographie de la Savoie. Le Bugey est pourtant réputé être la terre natale des seigneurs de Savoie alors que le Val d'Aoste aura été le pays qui fut le plus longtemps gouverné par la Maison de Savoie.
La Bresse et le Valais n'ont été que partiellement savoisien : il s'agit de la Bresse de l'Ain et le Bas-Valais avec son abbaye de Saint-Maurice d'Agaune.
Le Genévois a été amputée de sa capitale Genève, qui a préféré resté indépendante avant de rejoindre la Suisse.
Le Pays de Gex est le plus petit pays et il n'aura été savoisien que 246 ans après sa farouche résistance contre les seigneurs de Savoie. De surcroit, le Pays de Gex est très rarement représenté dans l'iconographie contemporaine de la Savoie.
Le Piémont ne fait pas parti des régions historiques de Savoie car hormis le maquis de Suse et la ville de Turin, le contrôle de la Savoie médiévale sur cette terre était très limité et ponctuelle.
Le Bugey, la Bresse et le Pays de Gex sont aujourd'hui dans le département de l'Ain. La "Savoie Propre", la Maurienne et la Tarentaise sont dans le département de la Savoie. Le Faucigny, le Genévois et le Chablais sont dans le département de Haute-Savoie. Enfin, le Val d'Aoste est en Italie alors que le Valais est désormais en Suisse.
La Savoie au XVIIème siècle
J'espère que cette histoire de la Savoie vous aura plu. Il est désormais temps de revenir aux figurines de Bretonnie. Mais si vous avez des questions, je serais bien sur disposé à vous répondre.
Loec Chevalier du royaume
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Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 4:14
Les Archers de Bergerac et leur chef Bertrand le Brigand
Revenons un peu sur les figurines de la 4ème édition...
Il y a une unité que j'aime tout particulièrement, peut-être ma préférée de Bretonnie, et il s’agit de celle de Bertrand le brigand et sa compagnie de Bergerac.
Largement inspiré de "Robin des bois" (ou en bonne traduction française, "Robin à la capuche"), cette unité évoque pour moi l'aventure médiévale et ses légendes. De plus, elle est une excellente alternative à l'éthique et au courage des chevaliers, nous rappelant que la justice n'est pas un monopole de la noblesse.
De gauche à droite pour ceux qui l'ignorent : Guy le Gros, Bertrand et Hugo le Petit
Le livre d’armée V4 fait une description des archers de Bergerac par l’usage des archers ordinaires, c’est à dire ceux en rang aligné debout avec un casque (voir p.30). Je préférais la version de Doberman qui privilégie les Écuyers à l’arc de la V4, c’est à dire des archers légers, mobiles et non armurés comme on pourrait s’attendre d’une troupe de brigands préférant les ambuscades aux batailles rangées. Ces écuyers sont d’autant plus intéressants que certains se mettent en position accroupie ! J’avais prévu de compléter mon unité par des figurines d’autres gammes mais finalement j’ai eu l’opportunité d’acquérir toute la collection des Écuyers V4 et j’en ai suffisamment ainsi.
Je suis resté sur un schéma de couleur simple pour des vêtements sans éclat ni prétention (contrairement aux chevaliers). D’un autre côté, ça peut également être utile pour se camoufler. La peinture de Guy le Gros est encore un fois clairement inspirée de Dobermann. Pourquoi changer une recette qui gagne ?
Il a également fallu que je troue une idée de bannière avec Adobe Illustrator pour le porte étendard et quoi de plus naturel que de recherche l’emblème des archers de Bergerac ? Seulement je n’ai absolument rien trouvé ni dans les livres d’armées ni sur le net. J’ai du encore une foi faire preuve imagination. Comme il s’agit d’une compagnie d’archers non régulière, j’ai préféré l’emploi d’une petite bannière discrète. Je suis donc revenu au pennon. Mais comme un pennon seul me paraissait un peu vide sur une hampe aussi haute, j’ai finalement opté pour deux pennons de taille irrégulière. La plus petite est placée au sommet. Elle reprend la croix rouge de Saint-Georges du comté de Nottinghamshire, où se situe la forêt de Sherwood, lieu de résidence de Robin des bois. Cependant, au centre de la croix du drapeau de Nottinghamshire, il est représenté la silhouette de Robin des bois en archer. J’ai préféré remplacer ce détail trop explicite par le Graal de la Bretonnie. Si le fond du drapeau de Nottinghamshire est vert, pour moi il sera marron afin de contraster avec le pennon du dessous. Le second pennon est plus grand et vise à symboliser davantage les archers de Bergerac. J’ai choisi de le faire en vert olive pour une couleur naturelle. La flèche noire telle que décrite dans le livre d’armée V4 (p.71) y est représentée, car étant la seule arme magique de la compagnie, en possession du chef Bertrand, elle est certainement la plus emblématique. Un B en écriture gothique figure sur le pennon ainsi que le nom complet de la compagnie.
Hypothèse de bannière de la compagnie des archers de Bergerac, mais si vous avez d'autres idées, je suis preneur.
Bertrand et ses compagnons Hugo, Guy et toutes la bande de Bergerac resteront à jamais une légende perpétuelle, n’en déplaise aux auteurs de la Fin des Temps ! Même s’ils ne sont pas jouer en V4, ils peuvent être une superbe unité d’éclaireurs bretonniennes en suivant les règles de la V6.
Loec Chevalier du royaume
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Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 4:15
Grande Bannière ou Paladin porteur de la Grande Bannière
Désormais j'ai l'honneur de vous présenter ma dernière figurine bretonnienne que j'ai pu peindre, mais c'était déjà il y a un moment ! Figurine incontournable de l'armée bretonnienne puisque obligatoire dans sa liste d'armée, c'est sur cette dernière que j'ai passé le plus temps, l'objectif était de m'entrainer à faire des dégradés et des mélanges. J'ai passé environ 41h30 sur cette figurine (bannière 13h30, cheval 18h15, cavalier 9h45). Tout a été peint au pinceau sans usage de décalcomanie ou autres types d'impression.
Je voulais faire une chevalier un peu original, couleur pourpre. L'idée m'est venue grâce au Discord "Forum Raciaux Warhammer" où j'étais en quête non pas du Graal, mais d'une idée de symbole évoquant la Bretonnie autrement que par le Graal, un lion ou une fleure de Lys. Un certain MadBhaal m'alors suggéré des grappes de raisin pour le vin. Je me suis également inspiré de quelques autres motifs qu'on peut retrouver sur des exemples de peintures d'exception sur le site Pinterest.
La figurine d'origine ayant été acquise d'occasion déjà montée et peinte, j'ai commencé par la décaper pour une remise à neuf avant d'ajouter de nouvelles couches de peintures. Pour le chevalier et la bannière, rien de plus simple. Ces éléments étant en métal blanc, l'acétone a été radicale. Pour le cheval et le socle, c'était un bain au glanzer vert car l'acétone fait fondre le plastique. Mais le glanzer reste relativement efficace. L'ancien propriétaire de la grande bannière, à qui j'ai acheté main à main la figurine, avait fait un mélange de colle pour produire l'effet neige sur le socle. Le glanzer n'a pas eu de mal à en venir à bout, malgré 2 séances de bain avec brosse à dent. Seul la sous couche noir du cheval a plus de mal à partir.
La figurine avant décapage puis après la nouvelle peinture.
En parlant de sous couche, elle est incontournable sur des surfaces en métal pour l'adhésion de la peinture. La bannière a été sous couchée blanche, pour mieux faire ressortir les couleurs, alors que le chevalier a été sous couché noir. Le cheval étant en plastique avec une partie de l'ancienne sous couche noire qui n'a pas été totalement décapée, il a été inutile de le sous coucher une nouvelle fois.
Évolution face avant de la bannière : aplat, dégradés, détails.
Ma couleur de base est donc le violet. J'ai travaillé le dégradé sur ma bannière et le caparaçon du cheval en partant d'un bleu nuit jusqu'à arrivé à un bordeaux. J'ai voulu rajouté un jaune assez flamboyant pour me rapprocher d'un contraste doré vif. Mais pour le coup, on peut dire que le contraste est très fort notamment sur le pourtour de la bannière. Cela a le mérite de bien détacher la bannière mais dans le semblant les couleurs deviennent trop surnaturelles.
Conclusion, je suis assez satisfait du rendu technique malgré quelques déceptions : Le choix des couleurs rendent le chevalier un peu trop "psychédélique" en particulier le contraste violet et jaune ; Le freehand à l'arrière de la bannière pourrait faire l'objet d'un autre entrainement, notamment la représentation de la Dame du Lac qui reste assez simpliste; Le choix des couleurs des armoiries qui figurent sur le caparaçon, en particulier le Graal, n'est pas bon. Le fond rosé avec l'encadrement bleu ajoute un côté trop "girly" à l'ensemble de la figurine.
Si vous avez d'autres remarques ou conseils sur mes peintures, je serais très intéressé à vous lire.
C'est tout pour aujourd'hui. J'espère pouvoir vous proposer d'autres peintures plus rapidement que jusqu'à présent. Pour cela, il faudra que j'avance encore sur mes Bretonniens, entre d'autres projets peintures...
Umbre Tombétoile Saint vivant
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Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 10:18
Quel travail !!! J’avoue ne pas avoir tout lu mais j’y reviendrai. En tout cas l’avalanche de couleurs et l’heraldique complexe font des unités magnifiques bravo !
saural Chevalier du royaume
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Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 13:11
Oulah mais quel présentation de dingue !!!
Mon coeur de savoisien vient de trésauter lorsque je vais vu que tu étais allé jusqu'a chercher les couleurs des villes savoisiennes.
Voila enfin quelqu'un qui connait par coeur son histoire, qui en est fière et qui le met le avant ! Je n'oublie pas Niger qui est très attaché a sa terre natale apparement.
Pour la présentation: il y a de l'histoire, des liens entre chevaliers et villes, une préférence pour le métal. Que du bon ! Pour la peinture: c'est tout bon aussi. Juste une petite remarque personnelle: je trouve tes socles un peu trop chargé en herbe statique. C'est bien tout ce que j'ai pu trouvé.
Bon mise a pour tout cela, je vois que tu est sur Grenoble, que tu est originaire de Savoie, que tu as une belle armée bretonnienne donc.... il faut que l'on se rencontre pardi !!!
le Chevalier à la Chope Chevalier de la Quête
Nombre de messages : 278 Localisation : trop loin de la côte de granit rose Date d'inscription : 22/04/2007
Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 12 Nov 2022 - 23:33
Mazette! Entre le retour d'Umbre Tombétoile et maintenant Loec, on peut dire que les membres du forum sont gâtés. C'est Noël avant l'heure.
Par où commencer, car il y a tellement de choses à dire après une présentation d'armée aussi longue et qualitative? Je vais essayer de prendre les choses dans l'ordre, même si je sais que j'omettrai certainement un tas de choses.
Tout d'abord, c'est toujours un bonheur de voir une armée bretonnienne entièrement peinte (et bien peinte qui plus est). Le rendu d'ensemble du régiment de chevaliers du royaume est superbe.
Concernant les armoiries de Jeanne de Lyonnesse, il semblait me souvenir qu'elles étaient de gueule sur les photos de l'époque, mais je peux me tromper car cela remonte à loin. C'est la couleur que j'avais alors choisi et comme je n'avais pas une grande originalité à l'époque je doute de l'avoir choisie au hasard sans avoir vu un modèle quelque part. Mais bon peut être avais-je eu une fulgurance le jour où je l'avais peinte... La question à mille francs étant : ne s'agit-il pas de léopards plutôt que de lions? De mes lointains souvenirs en héraldique les lions passants sont quasi absents (voire totalement) du répertoire héraldique. Il y aura bien une bonne âme pour avoir la réponse. Niger?
Quoi qu'il en soit ta Jeanne est une belle réussite avec un bel équilibre des couleurs. La demoiselle quant à elle souffre je pense d'une mauvaise photo qui écrase les contrastes, c'est dommage. La robe semble totalement uniforme. Peut-être quelques petites ombres bleutées dans les creux auraient apportées un petit plus pour répondre aux pierres précieuses de la ceinture. En tout cas, le choix d'une robe blanche est à retenir, on a souvent tendance à oublier le blanc qui preuve en est ici rend pourtant bien. Les fleurs blanches répondant au reste de la figurine sont très chouettes.
Concernant tes hommes d'armes et tes chevaliers, je trouve un peu dommage ton parti pris de coller les armoiries les plus complexes. Au regard de ton niveau de peinture plus qu'honorable je suis sûr que tu serais capable de les réaliser toi même. Ou bien peut-être vaudrait-il mieux découper le petit papier à la forme du bouclier pour éviter d'avoir ce drôle de rectangle en relief au milieu.
Concernant Foundry, non leurs figurines ne sont pas 100% métal blanc, mais 100% plomb. Seule une toute petite partie de leur gamme est en métal blanc et elle est dans une rubrique à part. A moins bien sur qu'ils aient tout révolutionné sur leur site depuis la dernière fois où j'y ai fais une commande. Le métal blanc est alliage que Games a introduit assez tardivement pour remplacer le plomb. Je sais que j'ai le white dwarf où ils avaient publié un article annonçant l'arrivée de ce nouvel alliage supposé bien meilleur que le plomb notamment pour la santé (je pourrais essayer de le retrouver si ça t'intéresse). Il me semble que c'est en v5 que la transition a eu lieu, mais je te dis ça de mémoire. Mais quoi qu'il en soit, à moins que tu n'ai l'intention d'ingérer tes figurines cela n'aura aucun impact sur ta santé.
Dans un autre registre que veux-tu dire par "presque" savoyard?
Concernant ton explication sur le terme de savoyard et celui de savoisien, je n'en avais jamais entendu parlé, mais cela semble assez crédible. Le "ard" a généralement une valeur négative. Cela m'évoque le terme de communards usité par les versaillais à des fins dépréciatives et que certains remplacent donc par communeux.
Pour ton problème avec le cimier de loup/chien, je ne vois pas non plus de bonne solution. Peut-être juste le haut du corps sortant à la verticale, ou juste la tête. Sinon tu as le haut de bannière des vieux chevaliers du loup blanc qui était en forme de tête de loup, si tu connais quelqu'un qui l'a tu fais un moule en bluestuff et hop un joli cimier qui va bien. A vérifier quand même avant les dimensions si ça correspond avec un heaume v6 ou si c'est un poil grand.
Je suis bluffé par tes motifs sur les hampes des lances de cavalerie. Pour ma part j'ai toujours loupé dans les grandes largeurs ce type de tentative.
Comment as-tu prolongé le cou de l'oiseau du cimier du chevalier 11? Que je trouve somptueux au demeurant.
Merci pour ta chronologie fort intéressante. Il est vrai que nous sommes plusieurs à nous intéresser à la Bourgogne médiévale et à lire tout ce qui sort sur le sujet, cela fait donc du bien de voir parler d'autres régions. C'est un sacré travail que tu nous livres là. Tu as dû y passer autant de temps qu'à peindre ton armée. Je me permettrais juste une petite nuance concernant l'acquisition du Dauphiné par la France. Je me souviens d'actes de colloques forts intéressants que j'avais lu il y a fort longtemps et qui démontraient bien que la France avait exigé remboursement de dettes avant échéance de manière illégitime et avait usé de différents moyens de coercition pour forcer ce soit disant achat pacifique. Comme pour la Bretagne ou encore la Provence, il y a eu une légende dorée qui a été écrite a posteriori pour faire croire à des acquisitions pacifiques et légitimes, ce qu'elles n'étaient pas. Agressions militaires, enlèvements, mariages forcés, morts plus que supsectes, pressions financières, trahisons, telles étaient les méthodes de nos bon rois.
J'ignorais tout de l'ordre du Cygne Noir, c'est une découverte intéressante.
Mais la vraie question est pourquoi n'as-tu pas mis un astérisque à côté de 1615, la date la plus constitutive de l'identitié savosienne de ta chronologie?
Loec a écrit:
Il faut noter qu’à cette époque, la « Savoie Propre », c’est à dire la Savoie et la Haute-Savoie, est un territoire très pauvre et très rural qui n’avait donc pas bénéficié du développement industriel de la France. D’après divers témoignages de l’époque, les savoisiens étaient déçus et lasses que leurs dirigeants de la Maison de Savoie concentraient davantage leur attention sur les affaires de la partie italienne plutôt que sur la leur. Il y a avait un sentiment d’abandon alors que la France avait toujours montré son intérêt pour la Savoie. Par ailleurs, ne parlant pas italien, les savoisiens de la « Savoie Propre » se sont toujours senti plus proche culturellement de la France. Ce sentiment a pu expliquer leur volonté de rattachement à la France bien qu’elle soit aujourd’hui remise en cause par une minorité d’indépendantistes.
A Nice, berceau de l'unité italienne puisque c'était la ville de Garibaldi, la population qui n'avait guère de liens culturels et encore moins linguistiques avec la France a pourtant aussi voté pour l'annexion. On pourra s'interroger sur la population conviée à ces plébiscites qui était de fait très restreinte. La stratégie française a souvent été l'acculturation par les élites. Charmant les notables, laissant ensuite le peuple suivre le mouvement. C'est ce qui s'est passé en Provence où les liens culturels et linguistiques avec la France étaient aussi pour le moins ténus.
Pour revenir aux figurines, il y a eu me semble-t-il un white-dwarf où l'historique de Bertrand le Brigand était développé (de manière fort piteuse si je me souviens bien). Toutefois, tes choix et interprétations pour les bannières me semblent d'une pertinence parfaite. Si games avait produit quelque chose cela aurait probablement été moins bien vu que ce que tu as choisi.
Quant à ta grande bannière, les dégradés sont tout bonnement magnifiques. Mais après autant d'heures passées dessus quid de ta santé mentale et de ta vue?
Du reste, les motifs que tu as peint sur ta grande bannière démontre qui tu pourrais faire tes blasons au pinceau sur les autres figurines, comme je le soupçonnais. Concernant le côté "psychédélique" ou "girly" comme tu dis, cela rejoint ce que je disais tantôt à Saint-Jean, rien n'indique que la symbolique des couleurs du monde de warhammer soit la même que la notre et rien n'indique qu'elle n'évolue pas selon les époques. Le rose a été une couleur virile et masculine pendant des siècles et depuis quelques décennies seulement beaucoup de gens la considèrent comme féminine. Ce sont des considérations un peu absurdes pour moi. Pour ce que j'en sais ton chevalier pourrait juste être à la pointe de la mode de l'année 2500 en Bretonnie et tous les autres sont juste de gros ringards.
Arf. J'ai certainement loupé des choses dans tes messages, mais j'ai essayé d'y consacrer le temps qu'ils méritaient, car tu as offert là un travail considérable. Je ne peux que m'incliner devant la qualité de ta peinture et de ton érudition. Un grand merci à toi pour ce partage.
Le Chevalier à la Chope.
Niger Saint vivant
Nombre de messages : 1295 Age : 52 Localisation : Pyrénées Occidentales Date d'inscription : 23/12/2017
Sujet: Re: Peintures de Loec Dim 13 Nov 2022 - 3:01
Superbe travail, ô combien copieux et intéressant, que tu portes à notre connaissance, Sire Loec. Tu aurais pu le délivrer en plusieurs parties, pour nous laisser le loisir d'accompagner chacune de tes montres par un ou deux petits retours... mais tu as fait un autre choix. Sans problème, laisse-nous le temps de voir, lire et réagir.
J'apprécie ta façon de porter haut les couleurs de ton vieil et beau pays de montagne. Basque et Souletin de surcroît, j'aime ça !
Je vais jouer à ton jeu héraldique mais ce soir, je suis un peu pris (j'ai un "presque" grand qui fait la fête avec ses copains, et je suis sensé aller le chercher vers minuit - vous connaissez l'histoire de Cendrillon).
Par contre, je peux répondre immédiatement à la question héraldique du Sire la Chope...
Ah non, j'entends sonner le cor : je dois partir en chevauchée jusqu'à l'orée du Bois aux Loups, quérir mon héritier !
Loec Chevalier du royaume
Nombre de messages : 189 Age : 35 Localisation : Besançon Date d'inscription : 09/01/2009
Sujet: Re: Peintures de Loec Dim 13 Nov 2022 - 4:28
Hello,
Merci pour vos messages encourageant !
Pour te répondre Saural, j'ai oublié de mettre à jour mon profil, car depuis déjà un an et demi, j'ai déménagé et je suis actuellement à Besançon. Mais ma famille est toujours entre Lyon et Chambé, donc à l'occasion pour guerroyer ensemble avec plaisir !
Pour répondre au Chevalier à la Chope :
Tout d'abord, merci pour ton attention !
Pour la bannière de Jeanne, j'étais effectivement tombé sur une autre version en rouge dans un vieux white dwarf (il me semble). Il s'agit peut-être de la version dont tu parles. Mais j'avais déjà fini ma figurine à ce moment là. Et oui, en héraldique on appelle bien cela des léopards mais j'ignore si c'est propre à cet animal ou si c'est le nom que l'on peut donner à un lion prenant cette posture. Donc je ne pourrais gagner tes milles francs...
Pour la robe de la damoiselle, je ne me rappelle plus des couleurs utilisées, mais en général j'en prends au moins 3 différentes sur ce type d'élément. Les détails à fournir sont peu exigeants et les moulures de la figurines (plis de la robe) sont bien fournis, autant d'arguments qui encouragent à dégrader le plus possible. La qualité de la photo et mes choix de couleurs sont probablement la raison de ce manque de contraste. Mais en la revoyant en "vrai", je reste plutôt satisfait.
Oui je suis d'accord, les "décalcomanies maisons" sur les boucliers de mes hommes armes font bizarres. L'épaisseur du papier est trop visible. Ca ne fait pas très naturel...
Ok, je n'ai encore jamais commandé chez Foundry (mais ca ne serait tarder) et mon niveau d'anglais est assez mauvais. Je vais corriger mon erreur.
Je ne comprends pas ce que tu veux dire quand tu me demandes ce que j'entends par "presque" savoyard ? A quelle phrase fais tu allusion stp ?
Sur vinted, il y avait un chevalier bretonnien à vendre de la gamme blood bowl. Il avait une tête de chien en cimier parfaitement proportionné. Malheureusement, j'ai trop trainé pour l'acheter, mais je ne perds pas espoir de trouver un jour une solution.
Pour les lances, la clef de la réussite c'est la patience ! Pour les motifs à spirales, je peins d'abord toute ma lance de la même couleur. Je commence toujours par la couleur la plus claire. Par exemple, pour le chevalier de Seyssel (avec le cimier en bois de cerf), je peins tout en blanc. En suite, j'utilise un pinceau assez épais afin de tracer en un seul passage ma spirale de couleur plus foncée (dans mon exemple le bleu). Je peux éventuellement revenir avec un pinceau plus fin pour faire des corrections (irrégularités, débords,...) ou éclaircir/dégrader mes spirales (ce que je n'ai toutefois pas fait ici). Pour les motifs carrés, là c'est juste de la patience fois quatre. Mais ça détend de s'exploser les yeux sur des détails aussi minus. Le cerveau est concentré un max et on oubli les misères de la vie. Même si je ponce toujours les défauts de moulures, on peut s'aider de la ligne qui apparait le long de la lance. Elle est très discrète mais visible. Ca aide à rester toujours droit.
Ah oui c'est vrai ! Le cimier du chevalier de Genève... Une histoire tout con... Le cimier était cassé et la tête de l'oiseau était à deux doigts de s'envoler. Perdu pour perdu, je me suis dit autant tenter le tout pour le tout.. En général quand on veut recoller des pièces aussi fines, il vaut mieux essayer de bricoler un truc avec de la green stuff, car elle colle en durcissant et on peut facilement créer une nouvelle assise. Alors tant qu'à faire, je lui ai fait un coup plus long en "S" car il ne vous ait pas échappé que je voulais faire un cygne. En plus à la base, j'étais parti sur les armoiries de la ville d'Yvoire, qui elles représentent 2 cygnes.
1615 : J'aurais été de ton avis, hélas la plus part des savoisiens de Savoie et Haute-Savoie ne savent pas plus que les autres de quoi il s'agit. Ce qui est sur, c'est que si ce fromage était connu, il est tombé dans l'oubli. Aujourd'hui, c'est vraiment dans le Bugey qu'on peut encore s'en procurer.
Lors du référendum pour le rattachement ou non de la Savoie Propre à la France, seuls les habitants du nord du Chablais (Thonon-les-bains, Évian...) avaient voté pour un rattachement à la France à condition d'être en zone franche. Cela leur avait été proposé dans le référundum. Ils voulaient ainsi avoir des avantages fiscaux. Mais finalement, la France aurait tardé à respecter son engagement puis la première guerre mondiale et arrivée et tout le monde est passé à autre chose.
Ravi que cette grande bannière te plaise Merci !
le Chevalier à la Chope Chevalier de la Quête
Nombre de messages : 278 Localisation : trop loin de la côte de granit rose Date d'inscription : 22/04/2007
Sujet: Re: Peintures de Loec Dim 13 Nov 2022 - 20:47
Il me semble que tu parlais de toi-même et que tu te disais "presque" savoyard. Toutefois, je ne vais pas relire tous les messages pour retrouver le passage, désolé. Je rédigeais mon message au fur et à mesure que je lisais les tiens, ce doit donc être dans l'ordre de ce que tu avais écrit. Mais bon ne t'inquiète pas je m'en remettrai, ça n'est pas bien important.
Le Chevalier à la Chope.
Niger Saint vivant
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Sujet: Re: Peintures de Loec Dim 13 Nov 2022 - 21:42
Allez, ce soir je peux déjà répondre à la question du Sire à la Chope concernant les lions et léopards. J'ai récupéré mon fils, ses compagnons et lui-même n'ayant pas bouffé les loups !!!
Dans la bonne tradition héraldique, laquelle est obligatoirement en langue romane, comme de juste, le lion est relevé sur l'écu en position d'assaut, toutes griffes dehors (on peut dire "rampant"), la tête de profil, queue haute, gueule grande ouverte et langue sortie. Le léopard, lui, est sur trois pattes (on peut dire "passant"), une patte griffante, avec la tête tournée face à celui qui regarde l'écu. Normalement, la bouche est ouverte, et l'on voit sa langue, la queue est dressée au-dessus du corps, parallèlement. En quelque sorte, le lion est en attaque tandis que le léopard est en défense.
Donc : le lion est dressé, tête de profil ; le léopard est sur le sol, tête face à l'observateur.
Tardivement, on a parfois donné à un lion rampant (dressé) une tête de léopard (face à l'observateur), ou à un léopard (passant) une tête de lion de profil. Le léopard dressé est alors dit "léopard rampant" ou "léopard lionné". Le lion qui marche sur trois pattes est alors dit "lion passant" ou "lion léopardé". Je préfère éviter ces blasonnement en "léopard lionné" ou "lion léopardé" : les héraldistes à la gomme ayant souvent allègrement mélangé les deux expressions, jusqu'à les rendre interchangeables (ce qui est contraire aux buts de l'héraldique)
Le bon usage : on regarde comment est la tête du lion, de profil ou de face, et on peut le nommer "lion" ou "léopard" ; l'adjectif (ou participe présent) précise au besoin.
Là où cela se complique, c'est à cause de l'usage anglais (en langue romane aussi, jusqu'à aujourd'hui). Il se trouve qu'au cours des XIVe et XVe s., le léopard a commencé à être décrit comme veule, lâche, au contraire du lion, vu comme courageux et conquérant. Comme de juste, les souverains anglais ont tiqué et ont alors décidé que leurs léopards (leppards) seraient décrits comme des "lions passant(s)". C'est toujours l'usage : là où l'Europe parle de léopards, les îles britanniques parlent de lions passant(s). "Les léopards d'Angleterre" sont donc "the lions passant of England", CQFD !
Cette Jeanne de Lyonesse porte ainsi sur son écu : "d'azur aux deux léopards d'or (armés du même) et lampassés du fond (ou du premier)". Sur sa flamme : "d'argent au léopard de gueules, armé et lampassé d'azur".
A plus...
Loec aime ce message
Toison d'or Chevalier à l'épée de bois
Nombre de messages : 3738 Age : 61 Localisation : Lutèce-est Date d'inscription : 13/02/2010
Sujet: Re: Peintures de Loec Lun 14 Nov 2022 - 0:15
Ouuuuaaaahhhh !!!! Tout ça est bel et bon ! On va pas mentir non plus, un tel pavé à ingurgiter en une seule session, c'est pas le plus pratique pour ne pas louper d'info ... On va essayer de répondre à quelques passages qui m'ont le plus marqué/impressionné : A propos de Jeanne de Lyonesse :
Loec a écrit:
La figurine d’origine ne me semblait pas adaptée pour l’ajout d’une vraie bannière à moins de la reconvertir en remplaçant la lance de cavalerie par une hampe d’étendard. Afin le préserver l’authenticité de la figurine sans compromettre sa description dans le livre de règles, la bannière de la fleur de lys a été imaginée comme un pennon
Je suis d'accord : cette lance de tournoi servant de hampe pour une grande bannière n'est guère satisfaisante. Si un jour j'arrive à trainer mon exemplaire de Jeanne sur mon établi de peinturez, faudra que je réfléchisse à une solution similaire ... Très belle peinture, je suis juste un peu réservé sur les fleurs violettes aux pieds de sa monture. Des blanches m'auraient semblé plus naturelles et mieux intégrées à la figurine. A propos des hommes d'armes :
Loec a écrit:
Je trouve également que les hommes d'armes de la V4 paraissaient moins "pouilleux" que les hommes d'armes de la V6. Cela est peut-être une impression liée au fait que les figurines sont en métal
Pas seulement : entre V5 et V6, la vision de la Bretonnie a franchement évolué, passant d'un univers propre et héroïque, à la limite du conte, caractérisé par le travail des frères Perry à quelque chose de beaucoup plus sombre où les paysans semblent tous sortis de "Sacré Graal", couverts de boue et de pustules.
Loec a écrit:
Vous remarquerez que la bannière a été imprimée
Juste une remarque à ce propos, je trouve plus sympa qu'un animal représenté sur une bannière regarde vers la hampe. Il me semble que ça donne plus d'agressivité à l'ensemble : il fait face à l'ennemi ... J'ai le même problème concernant les animaux présent sur un caparaçon de destrier : ils me semblent plus impressionnants lorsqu'ils regardent vers l'avant. Après, c'est juste un ressenti personnel ...
Loec a écrit:
De même pour tous les lions présents sur les boucliers
Je trouve le procédé intéressant, même s'il doit prendre le même temps qu'un free-hand. Mais la précision est, c'est vrai, beaucoup plus grande. Par contre je trouve dommage d'avoir découpé les lions "en carré" et pas à la forme du bouclier. La délimitation reste un peu visible. Edit : le chevalier à la chope m'a précédé ... A propos des chevaliers du royaume : L'effet d'ensemble est franchement impressionnant ! Les couleurs vives et les armoiries différentes et variées sont un régal pour l’œil. L'agencement de l'unité, avec les lances qui s'abaissent est surement aussi un peu responsable : c'est très réussi ...
Les photos et textes illustrant chacune des villes sont aussi très intéressants, j'ai appris plein de choses. Je ne savais pas que le château des ducs de Savoie se trouvait à Chambéry. Il se visite ? J’ignorai également l'existence de la nécropole de Hautecombe. Même question ?
En tout cas, l'ensemble de ces recherches force l'admiration. A propos des archers de Bergerac :
Loec a écrit:
Pour peindre Bertrand et ses compères, je me suis inspiré du peintre italien Dobermann
Je ne connaissais pas ce peintre, mais je trouve son traitement des archers assez classique et conforme au schéma habituel de GW. Par contre, certaines de ses conversions sont très réussies. J'ai tendance à préférer son travail sur les chevaliers ...
Loec a écrit:
Le livre d’armée V4 fait une description des archers de Bergerac par l’usage des archers ordinaires, c’est à dire ceux en rang aligné debout avec un casque (voir p.30
Je crois tout bonnement que les écuyers à pieds n'étaient pas sortis à l'époque, pas plus que les chevaliers de la quête. C'est ce qui explique leur absence dans le TSLAV5.
Loec a écrit:
Ces écuyers sont d’autant plus intéressants que certains se mettent en position accroupie !
J'ai quand même une réserve sur cette unité : si leur sculpture est absolument époustouflante, je trouve qu'il y a un vrai souci d'échelle entre figurines. Elles sont quasiment toutes de même hauteur, que l'archer soit accroupi ou pas, qu'il soit les jambes écartées ou pas. Si l'état major est tout à fait compatible avec les autres piétons V5 de l'époque, les autres sont pratiquement aussi imposants que "petit Jean" ... Un comble. A propos de la grande bannière :
Loec a écrit:
Le freehand à l'arrière de la bannière pourrait faire l'objet d'un autre entrainement, notamment la représentation de la Dame du Lac qui reste assez simpliste;
Franchement, c'est la partie que j'ai préféré dans la figurine, avec le dégradé très réussi de la bannière. Vraiment pas de quoi rougir.
Loec a écrit:
Le fond rosé avec l'encadrement bleu ajoute un côté trop "girly" à l'ensemble de la figurine.
Si ça te gène vraiment, tu peux toujours le reprendre en blanc, un peu comme la cape de la figurine. Ça ne doit pas représenter un travail insurmontable. Pour ma part, ça ne me choque pas plus que ça.
En tout cas, merci pour ce partage plus qu'instructif !
_________________ Mes titres : Toison d'or, chevalier à l'épée de bois, roi d'armes du Très-Noble et Respectable Ordre Chevaleresque des Gros Glands Incapables de Terminer leurs Figs à Temps pour les Concours du Foroume ; chevalier du slip sur la tête -première promotion- ; également connu comme "Très-Haut et Très-Saint Prince des Barbouilleurs de Figs" ou comme "Toison de Vinci" ; admis à siéger parmi les illustrissimes et révérendissimes membres du conseil de cet auguste forum, j'ai même bénéficié autrefois des super pouvoirs d'administrateur ...mais, s'il vous plait, continuez de m’appeler "Toison".
Nombre de messages : 221 Localisation : Grenoble Date d'inscription : 12/04/2022
Sujet: Re: Peintures de Loec Lun 14 Nov 2022 - 2:23
Le château des ducs se visite oui, mais il est aussi le siège d'un conseil départementale il me semble. Donc il ne se visite qu'a des dates précises. Il a tout de mêm abriter le Saint Suaire avant que les ducs ne l'emporte a Turin.
L'abbaye de Hautecombe abrite des gisants des differents souverains de savoie. Perso j'y étaits en famille l'année dernière. La visite de l'abbaye, du tour sur le lac et la balade sur aix était bien sympa.
Alain de Saint Jean Saint vivant
Nombre de messages : 1744 Age : 53 Localisation : Saint Jean d'Ardières Date d'inscription : 30/08/2017
Sujet: Re: Peintures de Loec Lun 14 Nov 2022 - 15:04
@ Loec:
BRAVO!!!!!
J'ai tout apprécié, les peintures, le quizz, l'historique, du tout bon!!!
Comme quoi les armées médiévales, outre l’impressionnante variété de couleurs des armoiries, imposaient une véritable claque chromatique (au moins avant les batailles)...
Question: Point de blason concernant Yvoire (que j'ai découvert/visité ce week-end)? Parce que quand même, elle "pète" non?
Loec Chevalier du royaume
Nombre de messages : 189 Age : 35 Localisation : Besançon Date d'inscription : 09/01/2009
Sujet: Re: Peintures de Loec Dim 20 Nov 2022 - 1:48
Merci Sire Niger pour ces explications ! Cela m'est revenu en tête pourquoi sur le pennon j'avais donc fait le choix d'un léopard : précisément pour mettre en cohérence le drapeau avec le caparaçon du cheval de Jeanne.
Pour revenir aux remarques de Toison d'or : Oui je suis d'accord, les animaux d'une bannière tournées vers la hampe ne donnent pas le même effet. Pour être honnête, je n'y avais même pas fait attention sur le coup, mais désormais j'y penserais !
Pour répondre à Alain de Saint-Jean : effectivement, j'avais prévu initialement de peindre un chevalier sous les couleurs d'Yvoire avec son blason "D'azur à une croix d'or, à une rivière d'argent brochant en pointe, sur laquelle nagent deux cygnes aux ailes éployées , un dans chaque canton." Finalement, j'ai opté pour Genève à la place, car impossible de ne pas parler de Genève dans l'histoire de la Savoie médiévale. De surcroit, Genève est plus connue et à le mérite d'être pas très loin d'Yvoire (Yvoire est même située dans son bassin de vie élargie de Genève). C'est pourquoi j'ai également fait un cygne sur le cimier du chevalier de Genève alors que j'aurais pu faire un aigle comme c'est normalement le cas sur les armoiries de Genève.
Loec Chevalier du royaume
Nombre de messages : 189 Age : 35 Localisation : Besançon Date d'inscription : 09/01/2009
Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 3 Déc 2022 - 16:51
Bonjour à tous !
Je voulais un magicien pour mes bretonniens, mais qui change un peu des demoiselles. Je vous présente cette nouvelle peinture :
Non, il ne s'agit pas de Gandalf mais de "Nicodemus, le pélerin maudit". Il s'agit d'une figurine de la gamme Mordheim. Je suis un peu surpris par l'échelle de la figurine, on est plus proche du 30 mm, à moins que ce soit voulu et que Nicodemus soit naturellement très grand, car j'ai également peint Aenur, toujours de chez Mordheim, et ce dernier est plus petit mais de taille normale pour un elfe de warhammer battle.
Je mets la peinture de Aenur sur le forum de Athel Loren. Vous pourrez la retrouver sur mon espace peinture (j'ai mis le lien en présentation de ce topique).
MagnanXXIII aime ce message
Alain de Saint Jean Saint vivant
Nombre de messages : 1744 Age : 53 Localisation : Saint Jean d'Ardières Date d'inscription : 30/08/2017
Sujet: Re: Peintures de Loec Dim 4 Déc 2022 - 22:56
@ Loec: Très jolie pièce qui a effectivement un côté Gandalf, comme quoi les "canons de Monsieur Tolkien" nous inspirent lourdement...
La pièce, bien que statique, garde un certain dynamisme, de part la gestuelle mais aussi l'amplitude et les "mouvements" des vêtements...
Par contre point négatif, une grosse ligne de moulage sur le chapeau... Et chacun sait que:
Fait pénitence hérétique!!! Ou je demande à Maxence de lâcher Dudu!!!
tortus Chevalier du saint Graal
Nombre de messages : 734 Age : 35 Localisation : Saint-Brieuc, Bretagne Date d'inscription : 16/09/2013
Un ost aux couleurs chatoyantes à l'héraldique léché et une présentation historique du duché de Savoie... Mortecouille il nous en faut plus des sujets comme celui-ci !
Il va falloir que je le relise plusieurs fois pour apprécier à sa juste valeur cette somme de travail, merci à toi ! J'aime notamment ton Nicodemus, je vais aussi faire un tour chez nos amis fées pour voir le reste de tes productions.
De mon côté, même si la peinture n'est pas de toi, je veux bien voir en gros plan les figurines que tu as acquis en l'état.
saural Chevalier du royaume
Nombre de messages : 221 Localisation : Grenoble Date d'inscription : 12/04/2022
Pour la petite hitoire, Nicodemus serait un magicien qui aurait libéré un démon contre la promesse d'etre le plus grand des sorciers. Celui-ci lui aurait jeté une malédiction qui le ferait grandir sans arret, d'où le fait qu'il soit plus grand que tout le monde.
Il y une autre version qui dit que Games se serait tout simplement trompé dans l'échelle quand ils ont fait le moule et auraient inventé l'histoire du dessus pour justifier la boulette.
A vous de voir...
En tout cas c'est une très belle pièce.
Loec aime ce message
Loec Chevalier du royaume
Nombre de messages : 189 Age : 35 Localisation : Besançon Date d'inscription : 09/01/2009
Sujet: Re: Peintures de Loec Ven 23 Déc 2022 - 22:29
Intéressant cette histoire sur Nicodemus. En tout cas, cette figurine m'a parue très simple à peindre. Je pense que son échelle un peu plus grande aide aussi.
Je n'ai pas vu la ligne de moulage lorsque la figurine était "brute". En la peignant, et notamment avec mes éclaircissements et brossages, la ligne est ressortie :/ Mais perso, je ne la trouve pas choquante. Au pire, on dira que c'est une ligne de couture
Merci Tortus pour tes compliments. Je mettrais en plus gros les autres figurines à l'occasion.
Bonnes fêtes de fin d'année à tous !
Alain de Saint Jean Saint vivant
Nombre de messages : 1744 Age : 53 Localisation : Saint Jean d'Ardières Date d'inscription : 30/08/2017
Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 24 Déc 2022 - 11:36
@ Saural: Par contre j’avoue clairement ignorer qu’il s’agissait d’une figurine GW… On en apprend tous les jours…
Reste la question :éditée quand cette petite pépite stp?
saural Chevalier du royaume
Nombre de messages : 221 Localisation : Grenoble Date d'inscription : 12/04/2022
Sujet: Re: Peintures de Loec Sam 24 Déc 2022 - 16:26
Et bien après avoir farfouiller sur "solegends", oui j'adore ce site, vous le saviez? Je pense que cette figurine date de l'année 2000, donc encore une vénérable figurine.
L'idée de Loec de le prendre en temps que magicien est très bonne. Pour etre franc je possède aussi cette figurine et voulais moi aussi en faire un magicien... Il m'a devancé le bougre! En tout cas il va très bien avec des demoiselles.