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 [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V

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Emmanuel de Couronne
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Baron Guilhem de La Tour
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Thibault de Montignac
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyJeu 19 Juin 2014 - 23:14

Crépin, qui n'entendait rien à la guerre et aux armes, regarda d'un air circonspect les soit-disant trésors... Ceux-ci manquaient de clinquant pour lui, et aussi magiques soient-ils, il s'attendait à quelque chose avec des flammes, de la lumière et des effets dignes des plus grands spectacles.
Il hésitait à suivre ses compagnons : cela allait barder, et il risquait d'être mis en mauvaise posture une nouvelle fois, et un lancer de gnome ne le sauverait pas à chaque fois ! Mais il pensait au sorcier et au rêve qu'il avait fait, il ne pouvait pas s'empêcher de croire que c'était réel, et que celui-ci le poursuivrait.
Autant donc rester avec les babioles enchantées et du côté des damoiselles, il aurait plus de chance d'échapper à l'âme tourmentée du sorcier...
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyVen 20 Juin 2014 - 4:02

Urien avait ressassé ses idées noires toute la nuit, entre deux rêves tordus et dérangeants. Au final, il n'avait trouvé aucun réconfort auprès de ses compagnons ou des gens de la Tour. Nul ne l'avait approché pour tenter d'alléger son fardeau, nul n'était seulement venu discuter avec lui, mais peu lui importait, car il était enfin parvenu à une décision. Il savait à présent ce qu'il comptait faire mais n'en souffla mot à quiconque, ne considérant aucun de ses camarades comme un allié de confiance.

Il brandit la noble lame devant lui, la fit tournoyer d'un geste souple du poignet et écouta d'un air satisfait la note claire que l'arme émit en fendant l'air.

« Quel est son nom ? demanda-t-il. Une arme pareille se doit d'en avoir un.»

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Une fois sa réponse obtenue (ou non, d'ailleurs Laughing), Urien ne s'attarda pas en paroles. Il était las d'écouter ces babillards perdus dans leurs conjectures et désirait au plus vite se préparer pour la suite des événements. Après tout, lui n'avait aucune idée de l'endroit où avait pu avoir lieu cette bataille d'Asperac et si même Onésime l'ignorait, il ne voyait aucune raison pour que quiconque en sache plus à La Tour.

Il observa une à une toutes les pièces d'équipement qui leur étaient proposées et s'empressa de se munir des meilleures.
Au bout de quelques minutes, il était à nouveau armé pour la guerre et sans doute mieux protégé encore qu'il ne l'avait été au départ de Massillargues.
Revêtu d'un haubert d'excellente facture et de diverses pièces d'acier, comme il était de coutume parmi la noblesse de Bretonnie, il avait de nouveau fière allure. Une étoffe rappelant le sinople de ses propres armoiries poignait sous ses sombres mailles et de rutilants canons d'avant-bras, cuissots et genouillères constituaient la partie la plus rigide de son accoutrement.
N'ayant pas le temps de faire forger des grèves à la mesure de son tibia, il opta pour sa vieille paire de bottes fourrées qui lui semblaient toujours adaptées à la marche hivernale et refusa de se couvrir le chef d'un nouveau casque, déclarant qu'il préférait rester fidèle à son heaume cornu, désormais perdu.
Un surcot de cuir bouilli complétait l'ensemble, prenant la place du tabard qu'arboraient habituellement les chevaliers bretonniens et lui conférant une étrange allure à mi-chemin entre le plus honnête des paladins en quête du Graal et le plus impitoyable des mercenaires.

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Ainsi chargé de près de cinquante livres de fer et de cuir, il fit passer dans son dos sa nouvelle arme, replaça sur son épaule droite sa majestueuse fourrure d'ours et prit congé de tous, non sans avoir demandé à Laudine de lui fournir quelque décoction magicque pour soulager ses encore trop nombreuses blessures.

Il erra alors le restant de la matinée dans les nombreux couloirs du château, fit un saut par les cuisines et y subtilisa un grand couteau aiguisé et un croc de boucher qu'il comptait bien utiliser dans les combats à venir, maintenant qu'il en savait plus sur la façon dont combattaient les mutants, puis repartit dans les appartements apprêtés pour ses camarades et lui. Là, il rasa ses joues, tailla sa barbe et coupa ses cheveux aux épaules.

Il ne reparut pas devant ses compagnons avant midi.

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Non, on ne fait pas que charger à Havras, on a aussi des sorciers !
Tremblez devant nos armées... et craignez ma potestas, car je suis votre suzerain !

"Le monde est quand même plus simple quand on le regarde à travers la visière d'un heaume."

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Toison d'or
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyMer 25 Juin 2014 - 0:48

Brionne ne s'équipa que sobrement en l'armurerie du baron : une ceinture et un fourreau de cuir noir adapté à l'épée démoniaque, une solide dague longue, effilée et bien équilibrée portée à senestre. Après quelques passes dans la cour avec son arme enchantée, il fut un peu rassuré : si elle était lourde, elle était remarquablement maniable et il se sentait capable de porter quelques bottes sans l'aide de son redoutable occupant.
Il n'était cependant pas complètement serein : il lui fallait de nouveau entrer en Sombrefeuille. Il n'en gardait pas fort bonne souvenance : brigands et hommes bêtes avaient été bien près de lui faire passer le goût du pain.
Dans un premier temps, il se demanda quelle contribution il pouvait apporter à une expédition vers icelle forêt, lui si peu à l'aise loin d'une ville. Lors il se souvint de la clairière en laquelle Florian de Clairac avait procédé à un sacrifice humain. Il lui fallait deviser avec dame Laudine, afin de savoir si ce pouvait être le site d'Asperac.
S'il se sentait incapable d'en retrouver seul le chemin, convaincre vigoureusement le sire de Renans et Cormois de les y conduire restait une possibilité.

_________________
Mes titres : Toison d'or, chevalier à l'épée de bois, roi d'armes du Très-Noble et Respectable Ordre Chevaleresque des Gros Glands Incapables de Terminer leurs Figs à Temps pour les Concours du Foroume ; chevalier du slip sur la tête -première promotion- ; également connu comme "Très-Haut et Très-Saint Prince des Barbouilleurs de Figs" ou comme "Toison de Vinci" ; admis à siéger parmi les illustrissimes et révérendissimes membres du conseil de cet auguste forum, j'ai même bénéficié autrefois des super pouvoirs d'administrateur  ...mais, s'il vous plait, continuez de m’appeler "Toison".
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyJeu 26 Juin 2014 - 3:36

Si il devait devenir un seigneur bretonnien, Othon devait commencer par se vêtir en tant que tel. Aussi dénicha-t-il un bassinet, un haubert, des brassards, des gantelets, des cuissardes, et tout l'attirail que portaient habituellement les chevaliers bretonniens. Comme aucun des tabards n'avait la moindre chance de représenter les antiques armes de la famille des Von Klingenwald, il trouva un simple surcot blanc. Ne trouvant pas de solerets à son goût, il décida de garder ses vieilles bottes de mercenaire. Un écu sans blason vint compléter le tout. Enfin, il mit sa cape noire sur ses épaules ; le temps était toujours froid.
Il eut le coeur gros en se demandant quoi faire de sa vieille rapière et de ses pistolets, sans doute peu adaptés au style de combat qu'il allait devoir adopter. Il décida finalement qu'il garderait bien sûr sa dague, qu'il rangerait ses pistolet dans les fontes de sa selle, et garderait sa rapière avec eux ; il y tenait.
Othon se rappela soudain qu'il possédait une assez bonne épée dont il ne s'était pas ainsi dire jamais servi ; elle devait à la base servir d'arme de secours au cas où sa rapière se briserait. Il l'avait laissée avec son cheval Friedrich et toutes ses affaires, qui avaient étés perdus dans la fuite de l'auberge ; cela lui semblait avoir eu lieu des années auparavant.

Soupirant, il se débrouilla pour trouver une lame à son goût dans l'armurerie, et finit par trouver une épée à une main longue et acérée, qui semblait convenir. Il espéra que les gardes avaient retrouvé leurs chevaux. Il aimait bien Friedrich, son fidèle canasson qui l'avait porté sans rechigner pendant de longs voyages. Ses compagnons semblaient introuvables ; il se mit en quête d'un quelconque intendant ou capitaine qui aurait pu le renseigner sur le sort de la bête.


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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyMar 1 Juil 2014 - 17:56

Bannières et étendards de toutes tailles et formes claquaient au vent d’hiver au-dessus de la longue colonne de cavaliers qui passaient à travers les champs et les vignobles désolés. Les bandes blanches semées de clefs de sable du marquis de Montlaur côtoyaient l’ours d’argent du seigneur d’Orsières sur son champ de gueules et en tête de l’armée, les couleurs de la maison de La Tour, sang et azur écartelés, menaient la marche. Le spectacle était superbe et glorieux, mais les hommes étaient silencieux. L’orée de Sombrefeuille leur faisait face, et la vue n’en était pas réjouissante.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 Moyage

Trois jours entiers avaient passé depuis la nuit de l’assassinat manqué dans les jardins du baron, et le Nouvel An était là. Le ban et l’arrière-ban de La Tour avaient été levés en catastrophe, mais le temps avait cruellement manqué, et l’ost assemblé était maigre. Le gros des troupes s’était mis en marche vers l’est pour barrer la route aux hordes de Sombrefeuille. Méliant, le fils aîné du baron, avait reçu le commandement, secondé par le sénéchal Gondevald. Fulcrand avait laissé cet honneur à son héritier non seulement pour lui donner une occasion de prouver sa valeur et d’asseoir son autorité sur les vassaux de la baronnie, mais aussi parce qu’il allait devoir combattre aux côtés de nul autre que Foulques de Perbrancas, une perspective qui eût fort peu réjoui le baron de La Tour.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 Godefroi_of_Bouillon_leads_the_army

Le cheval du messager envoyé au milieu de la nuit était, dit-on, mort de fatigue en arrivant sur les terres du marquis. Celui-ci avait été dur à rallier, mais moins cependant qu’on l’avait craint : son vassal, le seigneur de Valfons, l’avait averti des agissements de Florian de Clairac dès leur découverte par Brionne et ses compagnons, ainsi que de la probable responsabilité du comte de Fontanes dans l’affaire. Le marquis commençait à prendre la mesure du complot qui se jouait, et l’appel à l’aide de Fulcrand de La Tour avait été la preuve finale que ses inquiétudes étaient fondées.

Le plan était de prendre les bandes de Sombrefeuille entre les deux armées. Si la manœuvre réussissait, on pouvait espérer la victoire. Mais l’alliance était fragile, et l’idée de voir le marquis Foulques chevaucher sur ses terres à la tête d’une armée de ses vassaux mettait le baron de La Tour pour le moins mal à l’aise.

Fulcrand lui-même avait pris les hommes qui restaient pour s’occuper personnellement du rituel de Florian de Clairac et de ses sbires. Quoique remarquablement soigné, il était encore affaibli par ses blessures, mais pas au point de l’empêcher de porter le harnois. Et la petite armée qui s’enfonçait dans les profondeurs des bois de Sombrefeuille allait avoir besoin de toute son autorité pour mener sa tâche à bien.

***
Après s’en être échappé à grand peine, Brionne était, bien malgré lui, de retour dans les lugubres bois de Sombrefeuille. Ils lui semblaient encore moins accueillants que lors de son précédent séjour, peut-être à cause des deux lunes qui montaient lentement dans le ciel en ce crépuscule de la Nuit des Sorcières. La maigre armée du baron faisait halte au milieu des ronces et des fougères, incertaine du chemin à suivre. D’après les quelques indices dont ils disposaient d’après le témoignage d’anciennes archives et chroniques, la clairière d’Asperac avait dû se trouver dans cette partie de la forêt, mais où ? Il n’y avait hélas plus qu’à envoyer des éclaireurs sillonner les bois à la recherche du sire de Clairac et de sa clique.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 Soldats

Brionne avait quitté un instant sa selle. Le sire de Renans n’avait pas encore été pris, mais d’autres complices avaient été durement questionnés ; aucun n’avait pu (ou voulu) donner la moindre indication du lieu où se déroulerait le rituel. La plupart même semblaient n’en avoir eu aucune connaissance.

À deux pas de là, le baron était en conversation avec ses capitaines et les quelques seigneurs de ses vassaux qui l’avaient accompagné dans cette entreprise désespérée. Laudine les écoutait sans dire mot. Elle n’avait guère été plus affable envers Urien ou Othon, et avec Brionne moins qu’avec quiconque. Il semblait clair qu’elle avait deviné quelque chose de la nature de l’arme qu’il portait à sa ceinture, mais elle n’avait jamais abordé le sujet.

***
Urien, enfermé dans un lugubre silence depuis que la troupe avait quitté La Tour, regardait le maigre feu de camp se refléter sur sa lame. Il avait machinalement tiré l’épée de son fourreau comme pour en vérifier le tranchant, mais s’était rappelé les paroles de l’intendant du baron, qui affirmait qu’elle ne l’avait jamais perdu en près de trois cents ans. Le forgeron Lubin avait baptisé l’arme Blancheflamme, un nom approprié, mais son premier possesseur l’appelait volontiers Blanche, du nom de la fille qu’il avait laissée derrière lui. Urien donna un petit coup du bout de la lame à une ronce tordue, épaisse comme un pouce, et la trancha net.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 863

Il n’avait pas remarqué la silhouette de Laudine, couverte d’une chaude cape de fourrure, qui s’approcha sans bruit du feu. Deux autres damoiselles avaient rejoint la chevauchée, menant quelques prières en chemin et ravivant le courage des hommes. Laudine, cependant, était toujours aussi froide et distante. On aurait pu s’attendre à plus de sollicitude de la part d’une prêtresse, mais les damoiselles du Graal étaient des prêtresses d’un genre bien particulier. Laudine n’inspirait guère que la méfiance et une crainte superstitieuse chez la plupart des soldats.

« Lorsqu’un chevalier se lance dans la Quête, fit-elle si bas que seul Urien l’entendit, quelles que soient ses raisons, quelle que soit sa valeur, il se place sous l’œil de la Dame. La Dame le guide d’une façon ou d’une autre, jusqu’à la gloire éternelle de son service, ou jusqu’à sa perte. Vous avez déshonoré votre nom et commis crime sur crime, ai-je entendu. Et pourtant, depuis que votre errance vous a mené en ce duché, il se pourrait qu’en fin de compte vous ayez fait plus de bien que de mal. Repensez à tout ce qui vous est arrivé. Et si vous ne parvenez pas à y voir la main de la déesse, c’est sans importance. Un homme peut servir sans en avoir conscience. »

***
Othon se tortillait sur sa selle, encore peu habitué au harnois de chevalier. La noblesse de Marienburg avait eu tendance au fil des siècles à perdre de vue ses traditions chevaleresques, et l’on n’avait guère préparé le jeune Othon au port d’une armure aussi monstrueusement inconfortable. Au moins lui avait-on remis son fidèle Friedrich, qui lui éviterait d’avoir à prendre en mains un cheval inconnu.

Othon n’avait pas encore prêté les vœux de chevalerie, qu’il devait prononcer lorsque Fulcrand lui confierait un fief. En signe de confiance, cependant, il avait reçu le commandement d’une troupe de sergents à cheval forte d’une douzaine d’hommes bien armés.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 122811

Le baron s’approcha des cavaliers, ses lieutenants sur les talons.

« Othon, nous envoyons des éclaireurs dans toutes les directions pour tâcher de découvrir l’endroit de ce maudit rituel. Prenez au nord avec votre troupe et faites de votre mieux. Envoyez-moi l’un de vos hommes si vous tombez sur une clairière, une bande de vagabonds suspects ou quoique ce soit d’autre qui vous semble d’importance. Si vous êtes en péril, sonnez un coup de cor. Si vous surprenez la cérémonie et que la discrétion n’est plus de mise, sonnez-en deux, et j’accourrai avec toute la cavalerie. »

***
Crépin ouvrit péniblement les yeux. Le crépuscule rougeoyait à travers les feuilles encore fournies d’un vieux chêne vert. La terre était froide sous son dos, et son corps était courbatu, comme s’il avait dormi sur une racine. Ses mains et ses pieds étaient liés.

Il lui fallait reprendre ses esprits, et vite. Les choses s’annonçaient mal. Quel était son dernier souvenir ? Il n’avait pas sa place au milieu d’une bataille, lui avait-on dit, et son ourse pas davantage, pas même pour distraire les soldats. Depuis les remparts, Onésime à ses côtés, il avait observé l’armée du baron passer les portes de la Ville Basse et s’éloigner avec ses compagnons. Puis leur escorte avait tâché de les reconduire au château à travers les rues en fête. Masques, musiciens et jongleurs célébraient de toute part la venue du Nouvel An, accordant peu d’attention au départ des chevaliers et gens d’armes, qui s’était fait en hâte et sans cérémonie.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 Charivari-moyen-age

La confusion régnait, et la moindre ruelle était encombrée. On avait tendu un gobelet de vin à l’un des gardes, qui avait fini par l’accepter en riant. Il y avait eu une bousculade, et Crépin dès lors perdait tout souvenir et toute notion du temps.

Il se trouvait sur le flanc escarpé de quelque colline. Les arbres tordus l’environnaient, leurs troncs grisâtres couverts d’une mousse sombre. Constance était douloureusement absente. Elle devait encore se trouver au château de La Tour, plongée dans une morne inquiétude.

S’éveiller pieds et poings liés au plus profond d’une forêt est une expérience inconfortable. Découvrir à ses côtés un gnome aux regards lubriques, inventeur d’une sombre machine à pomper les excréments ne peut que la rendre plus déstabilisante encore.

Onésime, le crâne orné d’une superbe bosse, gisait inconscient au pied d’un rocher qui jaillissait de guingois hors du sol couvert de feuilles brunes.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyMar 1 Juil 2014 - 19:41

D'abord perplexe, Urien se mit à rire pour la première fois en trois jours. Laudine venait-elle de l'encourager à continuer ses vilenies sous prétexte qu'il en ressortirait peut-être du bon ? L'idée lui était en tout cas fort plaisante et il décida de comprendre les paroles de la damoiselle de cette manière. Cependant, une chose dans les mots de la jeune femme l'avait quelque peu froissé et il voyait là enfin l'occasion de répondre, plus ou moins directement, à une déesse qui semblait se complaire, elle aussi, à juger les mortels.

Le regard empli de dédain, il se releva et épousseta ses atours d'un revers de la main.

« Vous direz à votre déesse qu'Urien de Havras ne sert personne. Par ailleurs, s'il est vrai que je ne vis pas toujours la main de votre Dame, je ne puis qu'espérer qu'elle voie la mienne à cet instant, déclara-t-il avant d'adresser un geste obscène aux flammes crépitantes. Peu m'importe les jeux des immortels, peu m'importe la façon dont vivent et meurent les autres chevaliers de la Quête, car je suis d'une race différente et mon destin ne sera pas le leur, je le sais à présent.
Mais si jamais je devais périr en ce jour, je le ferais à ma façon. Les hommes ont au moins cette liberté.»


Ces paroles prononcées, le chevalier s'enfonça dans les bois sans même jeter un regard en arrière.
Là, il se mit à effectuer quelques passes d'arme contre quelque ennemi invisible, fendant l'air avec une puissance phénoménale. Il ne lui échappa pas, néanmoins, que l'arme se montrait étrangement rétive et opposait une certaine résistance à chaque fois qu'il tentait de frapper d'estoc. Mais la chose ne sembla guère l'étonner.

« Ma chère Blanche, lui dit-il, ton caractère me plaît. Qu'importe les dieux et les grands seigneurs que nous offenserons, fais route à mes côtés et je te promets un spectacle comme tu n'en as jamais vu !»

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyMar 1 Juil 2014 - 23:17

Quel était cet endroit ? S'il n'y avait pas eu Onésime, Crépin eût cru qu'il rêvait. Mais le nabot était là, et Crépin, même en cauchemar, n'aurait pas pensé à lui. Et puis les délires masochistes, attaché et tout et tout, très peu pour lui ! Son premier réflexe fut de chercher quelque chose pour trancher ses liens : un oiseau libre ne peut vraiment l'être s'il a les ailes attachées.

La tête encore dans le vague, les muscles engourdis, il observa les alentours le plus attentivement qu'il le put. Il dut se rendre à l'évidence : ce n'était qu'une forêt, et il n'allait pas trouver par terre un couteau, pas même une branche qui pourrait lui servir. Aaaah, qu'il s'en voulait de n'avoir pas écouté son camarade Gontran, saltimbanque tout comme lui, et qui avait voulu lui apprendre les rudiments du contorsionnisme. Eh bien tant pis, il devra faire sans !

Une nouvelle fois, sa vie allait dépendre du gnome évanoui qui se tenait à ses côtés. Il essaya de bouger en direction du rocher, et asséna un "coup de pieds joints" sur le flanc du gnome, espérant le réveiller de douleur.
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyMar 8 Juil 2014 - 23:55

Cette halte était bienvenue. Durant toute la chevauchée, bercé par le pas lent de sa haquenée, il n'avait cessé d'apenser.
Par trois fois ces derniers jours il avait essayé d'approcher dame Laudine ; par trois fois elle l'avait ostensiblement évité, prétextant préparatifs ou messages à envoyer en souffrance. Il ne lui en tenait pas rigueur, la sombre épée pendue à son côté en était sans doute la cause, comme elle était la source de ses interrogations. Sans les conseils de la damoiselle il lui fallait prendre seul sa décision.
Descendu de cheval, Brionne resserra sur ses épaules sa cape de laine sombre. Il regrettait pour l'heur de n'avoir pas emprunté au château une lourde pelisse en peau d'ours que semblait affectionner la soldatesque en ces terres. Le décor de ronces, d'arbres tordus sur cette lande sinistre était affreusement assorti à ses pensées.
Il respira une goulée d'air glacé et s'avança à grand pas dans la neige, salua une sentinelle grelottant à sa semblance et s'enfonça de quelques toises sous les sombres ramures.
Une fois seul, il dégaina sa sombre lame, la tenant à deux mains devant lui, il convoqua alors en son esprit la sinistre silhouette de son démoniaque occupant, obtenant un résultat bien au-delà de ses espérances. Le masque grimaçant qui surgit devant lui était plus vrai que nature. Le visage de Brionne fut inondé de sueurs froides et il en sentit une goutte glisser sur son front malgré le froid. Baste, il lui fallait se reprendre !
Brionne interpella mentalement le démon, lui enjoignant de lui indiquer en quel lieu, en quelle direction se cachait le sire de Clairac. Le rictus du démon s'élargit...
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyJeu 10 Juil 2014 - 2:21

Othon se tourna vers ses hommes : "Holà, soldats, vous afez entendu votre Baron. Allons tirer ces vils chaotiques de leur antre !"

Il donna un petit coup de rênes, et son cheval se mit docilement en route, et les autres hommes les suivirent, s'enfonçant dans les profondeurs de la forêt.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 Fangorn


Othon observait attentivement autour de lui ; il avait dégainé son épée, prêt à toute éventualité. Les hommes qui le suivaient scrutaient la forêt nerveusement, pointant de temps en temps leur lance ou leur épée vers un fourré louche ou une bête qui les avait surpris, avant de lâcher quelques jurons ("pissemerdre" était apparemment très populaire, ce qui rappelait à Othon de pénibles souvenirs impliquant un gnome agaçant). Ils tombèrent sur une petite clairière déserte, à l'exception de trois gros blocs de pierre rappelant furieusement des trolls ; Othon ne jugea pas nécessaire d'envoyer homme en prévenir le baron. Un des hommes tenait à la main un cor, pour pouvoir appeler à l'aide en cas de difficulté ; il avait failli en sonner lorsqu'ils avaient aperçu les rochers.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyMar 15 Juil 2014 - 19:51

Déjà, la lumière mourante du crépuscule rendait les sentiers traîtres. La forêt plongeait un peu plus profondément dans la pénombre à chaque instant. Sur un geste d’Othon, la troupe se dispersa en plusieurs petits groupes de cavaliers, obéissant aux ordres donnés plus tôt par le baron. Il s’agissait de reconnaître le plus de terrain possible tout en restant prudemment à portée de voix les uns des autres, mais même ainsi, les soldats étaient nerveux. Othon avait eu vite fait de prendre la mesure des hommes confiés à son commandement : deux d’entre eux, Clément et Gaucelm, étaient au service de Fulcrand depuis de nombreuses années, et connaissaient Sombrefeuille ; la plupart des autres ne pouvaient pas en dire autant.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 Iyaqcd14

Leur avancée à travers les bois fut longue et lente, sans que rien de notable ne survienne. Ils ne rencontrèrent pas âme qui vive, et aucune clairière assez vaste pour être celle qu’ils recherchaient. La troupe s’habituait peu à peu à l’oppressante forêt, et les moins audacieux commençaient à gagner quelque assurance. Après le passage d’un marais gorgé d’eau boueuse par la neige des jours précédents, le sol se mit à grimper doucement, et les arbres se firent plus clairsemés. Leur progression devint plus rapide, mais Othon dut faire arrêter net sa troupe lorsque Gaucelm, qui chevauchait en avant, sauta à terre, grimaçant d’inquiétude. Le dos courbé, il mit presque le nez à terre, crachant nerveusement entre ses dents gâtées. En s’approchant à petits pas, Othon ne put que remarquer la piste bien nette qui disparaissait parmi les fougères.

« Je sais point trop dire ce qu’ong cherche, messire Othong, grogna le vieux sergent en se redressant, mais ong vient de trouver des ennuis. Ça, c’est les sales traces d’hommes-bêtes, ou je m’y connais pas. La terre est molle, par ici, c’est facile à dire combieng qu’y-z-étaient : une douzaine au moins, et pas discrets, encore, sans quoi y-z-auraient pris garde à pas laisser ces traces-là. Je parie ma solde qu’y se trouvaient encore juste ici y a pas la moitié d’une heure.

- Faut rentrer dire ça au barong, fit un soldat. Si qu’y nous tombent dessusse, ça sera du mauvais pour nous autres, dites. Avé les chevaux qui vont paniquer dans tous les sens. Et aussi, ça se pourrait bieng qu’y nous ont déjà repérés.

- Ça se peut bieng, répondit Gaucelm en grattant son menton couvert d’un début de barbe poivre et sel. Mais monseigneur Fulcrand nous a pas envoyés en avant pour jouer les lièvres et partir en courant au premier bruit dans les buissons. Si y a de l’homme-bête en maraude, alors je dis que c’est une raisong de plus pour continuer à battre les bois. Et faisez donc pas ces têtes comme si vous auriez tous attrapé la peste qui pourrit les boyaux : les cornus viendront pas se frotter à une bande bieng armée comme la nôtre, pas à moins d’être trois fois plus nombreux. »

***
C’était une chose de repousser dans un coin de son esprit le sinistre babil de l’épée ou d’essayer, à grand effort de volonté, de dompter sa sauvagerie inhumaine. C’en était une autre de plonger volontairement ses yeux dans ceux du démon.

Le sentiment d’une terrible erreur envahit Brionne malgré tout le calme et le sang-froid qu’il croyait avoir réunis. Une myriade de peurs s’abattit d’un coup sur son esprit. À chaque fois qu’il refermait la main sur la poignée de l’épée, le démon dévorait un peu de Brionne, et le remplaçait par un peu de lui-même. Brionne n’était pas de taille à lutter. Il avait commis une folie en croyant pouvoir briser sa volonté ; c’est lui qui allait être brisé, aspiré petit morceau par petit morceau, jusqu’à ce le démon vive pour de bon en lui, et n’envoie le peu qui restait de son âme prendre sa place dans l’épée. C’était son destin inéluctable depuis le jour où il avait saisi la lame, trompé par Albaron le sorcier.

Brionne maîtrisa lentement sa peur. Il n’était pas encore condamné. Le démon jouait avec lui comme avec un enfant en l’effrayant avec ces pensées ignobles. « Menteur. » songea Brionne, et il perçut l’affreux sourire du démon qui répondait à l’insulte. Et pour la première fois, il entendit, atrocement claire dans son esprit, la voix de l’être qu’il tenait au creux de la main.

« Je t’ai montré l’endroit, tel qu’Albaron se le rappelait, tel qu’il l’avait vu lui-même. Chevauche droit au nord-est. Une grande clairière nue sur un plateau qui domine la forêt, si les choses n’ont pas changé.

Mais je sens quelqu’un qui vient. Pas un homme. Quelqu’un qui te brûlera les yeux et t’écorchera vif. Pourtant tu peux le vaincre aussi facilement que l’aurait fait Albaron. Tu vas devoir faire son sale travail à sa place, puisque vous l’avez tué et qu’il t’a légué l’épée. Laisse-moi te servir comme je l’ai servi. J’ai prêté un serment inviolable lorsque l’on m’a imposé cette prison. J’obéis au porteur de l’épée, quel qu’il soit. Je ne peux pas te nuire, tu l’as compris, à présent. Je n’en ai pas le droit. Lorsque tu verras la mort en face de toi, serre l’épée dans ta paume, et laisse-toi gouverner. Tu n’as pas d’autre chance de salut. »

L’épée était à nouveau inerte et froide dans les mains de Brionne. Tout était si calme qu’il eut un léger sursaut lorsque la sentinelle vint le prévenir que l’armée se mettait en marche.

***
Les cavaliers montaient en selle, les lances se dressaient et les gonfanons claquaient sous la bise d’hiver. La glorieuse clameur d’une armée prête à la bataille résonnait autour d’Urien, mais les faces qu’il croisait étaient sombres et résignées. Il resserrait tranquillement le harnachement de son cheval lorsque le baron et ses capitaines passèrent auprès de lui, déjà montés. Le seigneur d’Orsières s’approcha, la barbe aussi épaisse et broussailleuse que la fourrure de l’ours qui lui servait de blason.

« Nous levons le camp, Urien. Nos éclaireurs ont repéré une colonne de gens d’armes à moins d’une heure de marche, au nord-ouest. Les imbéciles se traînent au fond d’une vallée dégagée, bien en vue, de sorte qu’on a pu estimer leur nombre : ils n’ont pas la moitié des hommes que nous avons. Nous pouvons en faire un massacre si nous manœuvrons bien. Faites passer le mot à votre compagnon Brionne, là-bas : vous méritez de chevaucher en tête, tous deux. »


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 PlateMailWestern

***
Un gémissement ressemblant quelque peu à « pissemerdre » (à moins que ce ne fût « cornes-à-merdre », il était difficile d’en être sûr) indiqua à Crépin qu’Onésime revenait lentement à lui. Il venait à peine de prendre la pleine mesure de la situation quand Crépin entendit un bruit derrière lui dans les feuilles mortes.

En se tordant le cou, Crépin parvint à voir qu’ils n’étaient pas seuls. Une toute jeune fille, pieds et poings liés, faisait de son mieux pour s’approcher d’eux. Ses cheveux étaient sales et emmêlés, sa robe défraîchie, mais elle conservait l’allure d’une demoiselle de haute naissance.

« Prenez, souffla-t-elle. Vite. Pour couper vos liens. »

Elle tira de son aumônière un petit éclat de verre, fin et tranchant et le jeta à Crépin.

« Il va revenir dans un instant, et il y a un homme avec lui, haleta la jeune fille. Je ne sais pas où nous sommes. Il faut… »

Un bruit de pas la fit taire. Onésime ouvrit de grands yeux ronds et ridicules en voyant l’homme qui arrivait vers eux. C’était un seigneur en riche habit de soie blanche rehaussé de noir, une cape fourrée de vair jetée sur ses épaules, dague et épée à la ceinture. Son luxueux vêtement paraissait avoir souffert de la chevauchée en forêt, et ses longs cheveux blonds étaient presque aussi mal en point que ceux de sa captive.

« Le gnome m’a reconnu, fit l’homme d’une voix douce. Mais nous n’avons pas encore été présentés, maître Crépin. Je suis Florian de Clairac. Il y a peu, j’étais chevalier, vassal du baron Fulcrand et homme de confiance du prévôt de La Tour, mais ces titres ne m’appartiennent plus guère je le crains, et vous voyez que je n’ai pas superbe mine. Vos amis Brionne, Urien et Othon ont eu quelque part dans ma chute, et vous aussi.

Ne croyez pas cependant que je vous tienne rancune. Si je me suis permis de vous mener ici par ces procédés un peu cavaliers, c’est parce qu’à votre façon, vous et votre petit compère vous êtes opposé à mon maître. Et il n’y a pas de présent que mon maître prise davantage que le sacrifice de ceux qui s’opposent à lui. »

Il désigna d’un geste courtois la jeune fille.

« Le père de cette demoiselle a commis la même étourderie. Sans bien comprendre qui nous étions ni qui nous servions, il nous a mis des bâtons dans les roues. Bien que je répugne beaucoup à rudoyer les jeunes filles de bonne naissance, il m’a fallu l’enlever, afin que la famille de Gransette paie sa dette envers mon maître. Ce sera pour ce soir. »

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyMar 15 Juil 2014 - 22:50

Ainsi donc c'était lui la clé de tout, ce riche seigneur qui manigançait dans l'ombre, expert en malineries des plus ignobles, celui qui ferait basculer le monde dans le chaos. Il avait été dénoncé par Urien et les autres, et il comptait bien le leur faire payer. Crépin se demandait vraiment ce qu'il faisait là, et l'explication du chevalier, ou plutôt de l'ex-chevalier, ne lui suffisait pas : comment avait-il pu, lui le saltimbanque, une quelconque entité que servait le triste sire de Clairac ?

Certes il y avait ces rêves, ce sorcier, ce combat, mais tout cela n'était que fantaisies, facéties dans lesquelles il n'avait été qu'un pion pris dans un tourbillon incompréhensible. Comment en vouloir à quelqu'un qui ignorait totalement la moindre conséquence de ses actes ? Il avait fait ce qu'on lui avait demandé, tout comme de Clairac exécutait les ordres de son maître.

Il regarda avec peine Onésime qui était dans d'aussi mauvais draps que lui, et ce par sa faute. Il pensa à Constance qui devait s'inquiéter au château, et à ses anciens compagnons qui devaient être lancés dans la bien périlleuse quête qui les mèneraient... à lui ! Il comprit qu'il était au cœur de l'action, mais que faire dans une telle situation ?

La première chose était de se délier grâce à l'outil de fortune que lui avait envoyé la jouvencelle. Il bougea doucement et avec toutes les précautions possibles pour ne pas attirer l'attention, hochant la tête à chaque palabre du sieur de Clairac, chaque mouvement lui permettant de scier un peu plus ses entraves en toute discrétion...
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyMar 15 Juil 2014 - 23:34

L'agitation qui régnait autour du chevalier de la Quête et l'euphorie qui précédait toujours les batailles ne l'avaient pas gagné. Au contraire, il n'attendait désormais plus que l'instant propice pour faire preuve de sa pusillanimité habituelle, mais espérait néanmoins pouvoir régler ses comptes avec certains de ses adversaires avant de reprendre la route.

« Brionne ! En route ! hurla-t-il de loin, ne désirant nullement faire l'effort de s'approcher de son camarade. Allons violer quelques félons.»

Ces derniers mots, il les ajouta en se mettant en selle.
Ayant enfin fini par digérer le flot infernal de pensées lugubres qui l'avait gagné quelques jours plus tôt, le chevalier se sentait enfin prêt à faire couler le sang. Pour l'heure, se trouver en première ligne faisait bien son affaire.
Sans s'en rendre compte, il se remit à afficher son plus plaisant sourire.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyMer 16 Juil 2014 - 1:01

Othon choisit deux hommes au hasard dans les rangs, en évitant Clément, Gaucelm et le sonneur de cor.

"Toi et toi, retournez préfenir le Baron que nous avons troufé une piste d'homme-bêtes et que nous nous apprêtons à la suivre. Cette engeance pourrait n'être ici que par hasard, toutefois je pense qu'elle est probablement liée à ceux que nous cherchons ; elle pourrait même nous conduire droit sur eux. Faites ensuite ce que le Baron vous dira. Les autres, afec moi".


Les deux soldats désignés partirent vers le camp ; les onze autre hommes s'engagèrent sur la piste.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyVen 18 Juil 2014 - 13:36

Brionne restait interdit, figé par un terrible sentiment d'impuissance : il n'était rien comparé à ces puissances démoniaques, un pion dans une partie bien trop enlevée pour lui, un grain de sable s'efforçant désespérément de gripper une machine sans en comprendre le fonctionnement. 
Il se félicitait cependant d'avoir affronté le démon en icelle forêt. Item encontre en plein béhourd eut été bien plus éprouvante. 
Il était fort aise que sa qualité de porteur de l'épée lui octroie l'aide du démon, mais moult questions restaient en suspens.
Quel serait le prix à payer pour cette aide ? et quel en était le terme ? Si d'aventure il prenait fin avec la défaite de ce "quelqu'un qui venait" Brionne savait qu'il y perdrait plus que sa vie.
Le cri d'Urien le sortit de sa léthargie, il se dirigea vers sa monture et monta pesamment en selle avant de rejoindre les derniers soldats qui levaient le camp. Lors qu'il contemplait une dernière fois le soleil avant de s'enfoncer dans l'épais sous-bois, il constata que la colonne ne s'orientait pas au Nord Est comme il l'avait d'abord cru mais bien au nord-ouest.
Il pressa les flancs de sa monture : il lui fallait vistement converser avec l'état major du baron. Au mieux il pouvait s'agir d'une perte de temps, au pire, Florian de Clairac leur tendait un nouveau piège...

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Mes titres : Toison d'or, chevalier à l'épée de bois, roi d'armes du Très-Noble et Respectable Ordre Chevaleresque des Gros Glands Incapables de Terminer leurs Figs à Temps pour les Concours du Foroume ; chevalier du slip sur la tête -première promotion- ; également connu comme "Très-Haut et Très-Saint Prince des Barbouilleurs de Figs" ou comme "Toison de Vinci" ; admis à siéger parmi les illustrissimes et révérendissimes membres du conseil de cet auguste forum, j'ai même bénéficié autrefois des super pouvoirs d'administrateur  ...mais, s'il vous plait, continuez de m’appeler "Toison".
N'hésitez pas à visiter mon site
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyJeu 24 Juil 2014 - 2:27

Alors que la pénombre des bois se faisait plus épaisse à chaque pas de sa monture, Othon ne put s’empêcher de remarquer la mine sinistre de plusieurs de ses hommes. Son dernier ordre n’avait pas été accueilli avec beaucoup d’enthousiaste, de toute évidence. Deux soldats se mirent à chevaucher côte à côte pour échanger de brefs murmures ; d’autres jetaient des regards noirs à Othon.

« C’est des coups à se faire tuder avec supplice, ou je m’y connais pas, marmonna un cavalier dans sa barbe.
- Et c’est point les ordres qu’ong a reçu du barong, renchérit l’un de ses compagnons, un peu plus fort. Droit au nord, qu’il a dit. Alors qu’ong m’esplique pourquoi qu’ong suit ces traces de malheur, si c’est pas pour le plaisir de se faire percer la gidouille comme autant de verrats. »

Cette fois, Othon ne pouvait pas faire mine de n’avoir pas entendu, mais ce fut Clément qui rappela la troupe à l’ordre.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 5vgu3

« Le prochaing qui l’ouvre pour braire ce genre d’âneries aura à faire à moi, dit-il de sa voix grinçante. Avancer droit devant soi les yeux fermés et les mains plaquées sur les oneilles, c’est ça votre idée d’ung travail d’éclaireur ? Ong trouve une piste, ong la suit, et voilà pour vous. Ceux à qui ça déplaît peuvent se faire valet d’écurie. Maintenant, silence, je vous prie. Quand messire Othong voudra entendre vos idioties, il vous fera signe. »

L’un des soldats, un grand gaillard au nez cassé, semblait sur le point de répliquer vertement, mais les regards résignés de ses camarades l’en dissuadèrent.

Gaucelm, le meilleur pisteur parmi eux, avait pris la tête, mais ses talents furent bientôt mis à rude épreuve. La piste devenait confuse lorsqu’elle traversait un tapis de feuilles mortes ou d’aiguilles de pins brunies, ou lorsque la bande poursuivie s’était mise à marcher en ordre dispersé. Les plus grandes difficultés surgirent lorsqu’ils durent s’aventurer sur des terrains escarpés qui n’avaient guère ralenti les agiles hommes-bêtes mais étaient parfois presque impraticable pour leurs chevaux, et ne gardaient que peu de traces du passage de la harde. Alors qu’il était forcé une fois de plus de mettre pied à terre pour mieux guider sa monture, Othon pouvait sentir l’angoisse croissante de sa troupe. Certains avaient tiré du fourreau leur épée ou leur fauchon, d’autres avaient encoché une flèche à leur arc et scrutaient les bois d’un œil anxieux.

La lumière baissait avec le soir qui tombait, et pourtant Othon eut soudain l’impression que la forêt était plus claire. Il sentait également davantage le vent, et l’entendait bruire dans les immenses pins qui couvraient cette partie de Sombrefeuille. Ils devaient avoir atteint une sorte de plateau. Gaucelm, qui était parti en éclaireur, les rejoignit et fit signe à Othon et Clément de le suivre pendant que les autres se passaient une outre de vin pour se rendre un peu de courage.

Ils n’eurent pas à marcher longtemps. Le sol de la forêt descendait soudain pour former un ravin vertigineux, infranchissable pour leurs chevaux, fait d’un chaos de rocs moussus garnis de petits chênes noueux au tronc grisâtre. À leurs pieds, baignée par la lumière mourante du crépuscule, s’étendait une vaste clairière nue, dominée par un éperon rocheux où poussait le plus biscornu des arbres.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 Wither10

« Connaissais pas ce coing de forêt, murmura Gaucelm. Probable que les hommes-bêtes sont les seuls à connaître : vous avez vu comme ong a peiné pour suivre la piste jusque-là, messire. Pour arriver là, faut vraiment le vouloir.
- Qu’est-ce que t’eng dis ? demanda Clément, la voix hésitante. Tu penses qu’y-z-auraient pu dévaler cette pente ?
- Faudrait descendre nous-mêmes pour être sûr, mais ça voudrait dire sortir du couvert des arbres, et ça, ça sent mauvais. Y a de la vermine à corne en maraude dans les parages, et les gars ont raisong d’avoir peur. La piste est fraîche, pas de doute. »

***
La vue du baron en grand harnois, chevauchant à la tête de sa chevalerie, avait de quoi réchauffer les cœurs les plus vacillants -et la Dame savait qu’ils en avaient besoin. Mais les bannières claquant au vent et les caparaçons ornés ne pouvaient faire oublier l’oppressante forêt tout autour d’eux, ni la faible taille de l’armée.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 8044

Malgré les paroles du sire d’Orsières, le baron, dans sa hâte, l’avait déjà distancé. La petite armée serpentait dans des chemins de crête et des sentiers boisés au fond de vallées étroites, si bien que remonter la colonne fut une gageure. Urien et lui venaient à peine de le rejoindre lorsque la marche s’interrompit. Fulcrand s’était éloigné pour s’entretenir seul à seul avec Laudine et une autre des damoiselles qui les accompagnaient. Ils parlaient à voix basse, dans la pénombre que jetait un énorme châtaignier.

Brionne s’approcha à grands pas, suivi par un Urien dont l’éclatant sourire laissait certes craindre d’inimaginables horreurs. Un chevalier de la suite du baron fit mine de les arrêter, mais Fulcrand les appela à lui.

« Nous sommes presque arrivés dans le vallon du Moine Pendu, leur confia-t-il (sans hélas leur apprendre l’origine de ce nom si savoureux). C’est l’endroit rêvé pour tendre une embuscade, et nous avons toute l’avance nécessaire pour préparer au comte un accueil digne de son rang. Sa bannière flotte en tête de la troupe, me dit-on, et je prie la Dame qu’il soit là en personne ; j’ai un mot ou deux à lui dire. Nous commencerons par attaquer leurs flancs et leurs arrières pour leur barrer toute retraite. Puis je les heurterai de front avec le gros de ma chevalerie. Si vous n’avez pas peur de vous trouver au fort de la mêlée, je vous invite à rester à mes côtés, et je vous jure bien… »

Le baron se tut soudain, voyant le seigneur d’Orsières qui accourait, balayant le garde en faction d’un geste impatient.

« Fulcrand, souffla-t-il, les choses vont mal. J’ai deux de mes guetteurs la gorge tranchée, et un troisième qui s’est évaporé. Ça sent la besogne d’homme-bête à plein nez.
- Crois-tu qu’ils puissent être assez nombreux pour nous menacer ? demanda vivement le baron. Si c’était le cas, nos hommes auraient dû les remarquer. Par la Dame, si nous nous sommes laissé piéger ici, en colonne…
- Le terrain se prête à ce genre d’attaques, comme tu l’as toi-même remarqué, répondit sombrement le seigneur. Et ils sont plus habiles à se faufiler dans les bois que nous le serons jamais. Je ne doute pas que nous ne soyons plus nombreux, et mieux armés, aussi j’espère qu’ils ne se risqueront pas à lancer de véritable assaut. Mais si nous nous dispersons, sans savoir combien ils sont, nous courons le risque d’être massacrés chacun de notre côté. Ta belle embuscade s’annonce mal, mon ami. »

***
Crépin se tortillait dans les feuilles mortes comme une anguille. La corde résistait à ses efforts. Il dut cesser son manège lorsque Florian de Clairac posa de nouveau son regard sur lui.

« Notre ami commun le baron Fulcrand est en train de mener ses hommes à travers bois, poursuivit-il, en quelque vallon perdu. Et il a eu le bon goût de se faire accompagner de la si fuyante et discrète damoiselle Laudine. »

Un petit coup de plus. Crépin sentit ses liens se desserrer, mais se mordit la lèvre lorsque le verre lui égratigna le poignet.

« J’ai la ferme intention de ne pas les laisser ressortir vivants de Sombrefeuille. Et vous nous plus, cela va sans dire. Ainsi, il ne restera plus grand monde pour bavarder sur mon compte. »

La corde du lien céda tout d’un coup. Mais ce maigre triomphe fut de courte durée. Crépin ne put réprimer un mouvement de recul en voyant une silhouette difforme sortir du couvert des arbres pour s’incliner devant Florian de Clairac.


[IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 1755065072

Trois autres formes cornues de moindre stature avançaient à sa suite, chacune s’inclinant à son tour. Florian de Clairac se mit à leur parler lentement dans une langue incompréhensible, tournant de nouveau le dos à Crépin. Un regard aux hommes-bêtes suffit pour donner à la face d’Onésime une teinte évoquant vaguement celle du lait caillé. L’horreur et la peur se lisaient dans les yeux de la jeune fille.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyJeu 24 Juil 2014 - 3:30

« J'éprouve un étrange sentiment de déjà vu, dit Urien qui se tenait à côté de Brionne. Ce ne sera pas ma première embuscade d'hommes bêtes dans les bois depuis mon départ de Massillargues, mais espérons que ce ne sera pas la dernière.»

Réalisant qu'il venait d'appeler de ses vœux d'autres attaques tandis qu'il formulait simplement le souhait de ne pas être tudé, le chevalier de la Quête soupira.
Instinctivement, il leva la tête et scruta les hautes branches des arbres alentour. Il s'attendait presque à y voir, les observant, Plume-au-cul, le redoutable et très-horripilant mutant qui avait maintes fois tenté d'entraver sa route par le passé.

« Compain, reprit-il à voix basse, si quelque chose a pu tuer discrètement ces gardes, il peut s'agir d'héréticques comme ceux que nous avons affrontés dans les jardins du baron et non de sauvages cornus. Tous ces glorieux chevaliers ne sont pas préparés à pareille rencontre... lorsque l'attaque commencera, ce sera la panique. Nous devrons alors veiller à ce que survive au moins l'une de celles qui savent contrer la magie. Les autres importent peu, même si la perte du baron pourrait être néfaste au moral des troupes.»

Ce dernier euphémisme le fit sourire de plus belle, puis la pensée d'Othon se voyant refuser titre et terres pour cause de décès du seigneur qui les lui avait promises le fit subitement rire comme un bossu.
La situation se prêtait cependant assez peu à ce genre de débordements et plusieurs regards se tournèrent vers lui, partagés entre stupeur et désapprobation. Haussant les épaules, Urien voulut faire comprendre à l'assistance qu'il valait mieux ne pas trop prêter attention à lui.
Il regretta l'espace d'un instant l'absence d'Onésime et du producteur d'ours car eux, au moins, n'étaient pas austères et sinistres.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyJeu 24 Juil 2014 - 21:20

Brionne enrageait : son abattement avait fait place à une rage froide lors qu'il lançait des exhortations à la soldatesque afin de se frayer passage. Il lui restait manifestement peu de temps pour tenter d'échapper à une nouvelle embuscade des hommes bêtes.  Crying or Very sad 
Il sauta de cheval et, tirant les rênes de sa haquenée, s'approcha à grands pas du baron encore en selle.
- Baron, le temps presse. J'ai eu moyen de savoir avec certitude où se trouve Asperac. C'est ce plateau qui s'élève au dessus de la forêt  à quelques dizaines de toises au nord est d'icelieu. S'il vous plait de me confiez quelques forestiers pour m'y mener vistement, il me sera peut être possible de courir sus à Florian de Clairac avant qu'il n'ait convoqué les horreurs de son ancêtre. Je ne suis pas sorceor mais la sombre lame que je possède désormais pourrait me laisser quelques chance en cette encontre, vous l'avez pu voir l'autre soir en votre clos.
Il préféra passer sous silence le prix qu'il aurait sans doute à payer en échange de cette "chance".
- Toute aide serait bonne à prendre, peut être le sire Urien de Havras pourrait nous accompagner : en icelle circonstance quelques épées bien forgées font mieux et plus qu'ost imposant. Vous pourriez tenter de forcer le passage à notre suite mais j'ai le sentiment qu'il vous faudra faire diligence.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyJeu 24 Juil 2014 - 23:32

Crépin se demandait quel était le plan. Pourquoi l'avoir trimbalé ici pour finalement le tuer ?
Bon, les liens avaient cédé, mais maintenant il aurait grand peine à aider Onésime et la jeune fille dans cette position, cerné de monstruosités.
Florian de Clairac lui tournait le dos, il se dit qu'il pouvait toujours tenter d'envoyer le morceau de verre désormais ensanglanté à Onésime, il tenta d'anticiper au mieux lors du discours du sieur, et d'envoyer le morceau au moment le plus opportun.
Il fallait qu'ils se libèrent tous, et peut-être qu'ensemble ils seraient capables de faire quelque chose. En attendant, ils étaient spectateurs d'une trame funeste qui semblait se dessiner peu à peu.
Il jeta donc le morceau....
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyVen 25 Juil 2014 - 3:43

D'instinct, Urien avait suivi Brionne jusqu'au baron et ne regrettait pas le déplacement. Il se demandait si le vieux maître d'armes réalisait à quel point son intervention pouvait être suspecte et ne put s'empêcher de prendre imperceptiblement ses distances. Alors que Fulcrand se tournait vers lui, il se contenta d'un nouveau haussement d'épaules.

« Croyez-vous sage d'écouter les paroles d'une arme ensorcelée, Brionne ? demanda le chevalier. Même si le vôtre est d'une autre engeance, ce démon n'en demeure pas moins traître... il pourrait simplement chercher à vous éloigner du vrai combat ou quelque autre chose tordue pour accomplir quelque dessein plus cruel encore.»

Urien n'avait pas très envie de se jeter lui-même dans un piège et préférait, de loin, s'en tenir à son plan.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyVen 25 Juil 2014 - 15:46

Brionne haussa les épaules. 
- Il n'était pas dans mes intentions de priver l'ost du baron d'un combattant valeureux. Vous avez mille fois raison à propos des motivations profondes du démon qui hante mon épée, mais je n'ai que cette atout en manche et je tente d'en tirer parti. 

Laisser Urien derrière lui n'était finalement pas pour lui déplaire, la discrétion n'étant pas la plus grande qualité du chevalier.
Il se tourna de nouveau vers le baron de la Tour :
- Baron, un seul forestier suffit amplement pour ma simple personne. Point n'est besoin de vous dégarnir davantage. Le bénéfice, si je ne me trompe pas, pourrait valoir largement la chandelle. 

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyVen 25 Juil 2014 - 16:51

« Et que ferez-vous donc avec un seul forestier si vous tombez réellement sur Florian de Clairac et sa garde personnelle de sorciers aux bras et mâchoires élasticques ? ricana Urien. Sire d'Orsières, vous et tous les seigneurs de cette armée ignorez combien denses et bien armées peuvent être les hardes d'hommes bêtes des bois de la région. Attaquer si puissant ost ne les arrêtera pas. En fait, si aucun de vos éclaireurs n'a pour l'instant sonné du cor, peut-être ont-ils tous été pris ou tués tandis que l'ennemi s'apprête à passer à l'offensive.»

Il observa de nouveau la cime des arbres et reprit.

« Sans vous commander, vous devriez dire à vos chevaliers d'élite de former un rempart autour du baron et des damoiselles en attendant le choc.»

Manifestement hésitant, Urien soupira et poursuivit.

« Si j'ai vu juste au sujet de l'embuscade et que Brionne a de son côté vu juste quant à l'emplacement d'Asperac, il ne passera jamais à travers les mailles pour s'y rendre sans une diversion. Monseigneur Fulcrand, confiez-moi votre bannière, votre écu, l'une de vos damoiselles et quelques-uns de vos chevaliers parmi les plus rapides et téméraires... vous avez sans doute compris quelle était mon idée.»

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyDim 14 Sep 2014 - 22:21

"Nous allons tourner et suifre la lisière de la forêt, en restant à coufert des arbres. De cette façon, nous garderons nos chevaux, nous pourrons voir la clairière, et nous allons probablement trouver un endroit pour descendre sans risquer d'arrifer en bas les jambes brisées" ordonna Othon, qui sentait que ses hommes n'étaient pas très pressés de dévaler une pente aussi raide et qui menait probablement à une harde d'hommes-bêtes.

"Partons par là" ajouta-t-il en désignant la direction où le ravin semblait le moins dangereux.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyLun 13 Oct 2014 - 4:09

(Sortez vos lames de leurs fourreaux, compains, ça reprend…)


Gaucelm et Clément échangèrent un bref regard et hochèrent la tête. Ils semblaient satisfaits de constater que le chevalier qu’on avait placé à leur tête avait un peu de plomb dans la cervelle. Les deux hommes paraissaient loyaux, et avaient su aider Othon à tenir sa troupe en main, mais le jeune Marienburger sentait bien que ces vieux soldats n’étaient pas ravis de servir sous ses ordres. À leurs yeux, il n’était après tout qu’un nobliau nommé capitaine par la faveur du baron, étranger de surcroît, et loin d’être un forestier accompli. Sa décision prudente les avait manifestement rassurés. Clément inclina le chef d’un mouvement un peu fruste, mais respectueux, et Gaucelm adressa à Othon une sorte de demi-sourire en biais par-dessus son menton grisonnant.

« Secouez vos puces, tas de grands feignants, souffla Clément une fois qu’ils eurent rejoint la troupe. À cheval, et eng grand silence, je vous prie. Je parie ung pichet de ving frais qu’y a des oneilles aux aguets dans les parages. »

La troupe, toujours précédée et suivie par ses éclaireurs, longea lentement l’orée du bois. Le soir tombait sur la clairière désolée en contrebas, et l’étrange éperon rocheux qu’ils apercevaient devant eux, de plus en plus net, était devenu rouge sang dans la lumière du crépuscule. La pente du ravin, imperceptiblement, s’adoucit, jusqu’au moment où ils furent presque au pied de l’éperon.

« Ong dirait qu’y a ung sentier qui descend vers la clairière, fit Clément. Bieng couvert par les arbres, et point trop dur pour les bêtes. Je dis que ça pourrait valoir quelque chose d’allez renifler par là-bas.
- Et moi, j’eng dis qu’ong l’a trouvée, cette saloperie de clairière qu’ong cherchait, intervint un soldat. Qu’ong retourne dire tout ça au barong, et vite, encore.
- Cesse donc ung peu de trembler comme une feuille, pitchoun, fit Clément, la voix rassurante. Si tu crois qu’ung cornu a les tripes de venir se frotter à moi, tu te fourres le doigt dans l’œil. »

Un sifflement traversa le sous-bois et Othon sentit son cheval tressaillir sous lui. Un soldat laissa échapper un cri et pointa Clément du doigt. Deux pouces d’une flèche barbelée dépassaient de son cou. Il s’effondra sur le sol comme une poupée de chiffon.

« Eng rond ! beugla Gaucelm, le premier revenu de sa stupeur. Regroupez-vous ! »

Mais le chemin était étroit et rendit l’ordre difficile à suivre. À l’arrière-garde, les montures de deux soldats se heurtèrent dans leur panique, et une silhouette bossue l’empoigna par les hanches pour le jeter à terre. Deux flèches se chargèrent du second traînard.

Certains cavaliers avaient encoché une flèche dans l’espoir d’abattre un assaillant ou deux, mais la confusion et l’agitation des chevaux firent que peu atteignirent leur cible. Gaucelm parvint à lâcher un carreau de son arbalète en plein dans la gorge d’un homme à tête de bouc difforme, mais n’essaya pas de recharger.

Une énorme brute aux épaules velues s’abattit parmi la troupe, envoyant de part et d’autre sa lourde masse. Othon lança son cheval sur lui, et la bête lui administra un coup de sabot qui eût suffit à briser un homme en deux. Le mutant se releva sans montrer le moindre signe d’inconfort et leva sa masse. Son geste s’arrêta net lorsque la lame d’Othon eut tranché son visage en deux. La masse glissa de sa main et tomba dans les feuilles mortes.


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***

Trop loin ! Dans sa hâte, Crépin avait lancé le morceau de verre hors d’atteinte du pauvre Onésime, qui rampait à présent vers lui avec une élégance qui n’appartenait habituellement qu’aux limaces. Ces nobles efforts passèrent cependant inaperçus. Florian de Clairac leur tournait le dos, et les immondes silhouettes cornues ne leur accordaient pas un regard.

Crépin ne pouvait comprendre la langue, mais il percevait que la discussion était tendue. Le plus grand des hommes-bêtes répétait inlassablement la même suite de mots, martelant les syllabes, mais Florian de Clairac ne semblait pas céder à sa requête.

« Pas comprendre ? rugit soudain la créature. En langue des hommes, comprends mieux ? Les hommes sur les chevaux, avec le fer sur leurs têtes, cinq et cinq et deux. Le grand chef, avec ses peau-de-fer et la bannière bleue et rouge, loin, loin, et il les envoie ici. Nous tue les peau-de-fer, nous tue le grand chef et crache et pisse sur la bannière et aussi la déchire. Nous tue les hommes sur les chevaux.
- Nous tue rien du tout tant que je ne l’ai pas dit, répondit Florian de Clairac. En revanche, moi tue toi beaucoup si toi continues à faire le pitre. »


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C’en était trop pour l’homme-bête qui voulut, à en juger par son geste, étrangler le gentilhomme comme un vulgaire poulet. Florian de Clairac fut le plus rapide. Il ouvrit la main en direction de l’homme-bête, dont le museau prit feu. Hurlant de douleur, il chercha à étouffer les flammes de ses  mains mais ne parvint qu’à se les brûler cruellement tandis que le feu se répandait de plus belle. Il se mit à crier quelque chose dans sa langue et le feu cessa immédiatement, laissant sa fourrure noircie comme charbon.

Il gémissait encore lorsqu’un homme déboula entre les arbres. Les suivants du chef au museau brûlé levèrent leurs armes, et l’homme eut un mouvement de recul, mais Clairac lui fit signe d’approcher. Crépin remarqua que le nouvel arrivant, parfaitement normal par ailleurs, avait d’étranges oneilles de porc que sa chevelure hirsute ne parvenait pas à cacher.

« Monseigneur… balbutia-t-il. Les autres… les cornus, ils… ils attaquent les éclaireurs du barong. Ils veulent pas entendre les ordres.
- Vous me paierez ça, murmura Florian de Clairac en jetant un regard noir au chef homme-bête qui souriait d’un air narquois malgré sa face brûlée. Tant pis, attaquez, attaquez donc, tas d’idiots, puisque vous ne tenez pas en place. Mais j’appelle la malédiction de l’architecte sur toi et les tiens si vous en laissez échapper un seul. Tu m’entends ? »

L’autre l’avait apparemment assez entendu. D’un bond, il plaqua Florian de Clairac sur le sol, pesant de tout son poids sur lui…


***

Le baron tourna lentement son regard vers Urien, puis vers Brionne.

« Cette lame… souffla-t-il avec dégoût. Cette lame serait…

- Celui qui écoute la voix d’un démon y perd son âme, déclara sinistrement le seigneur d’Orsières, son poing se refermant sur la poignée de son épée. Sorcellerie. Fulcrand, cet homme… ce fou, ce misérable fou de maître d’armes s’est vendu aux Dieux Sombres. Ou bien c’est le démon qu’il dit entendre qui le berne. Plus un mot de cela. Pendons-le, ou mieux, brûlons-le sur-le-champ. Suis-le et il te mènera à ta perte -et à la nôtre. Il faut détruire cette épée abominable, la fondre, que sais-je…

- Nous avons vu que cette nuit, un mal en abattrait un autre, fit la damoiselle qui accompagnait Laudine. Ou peut-être.

- Vous… vous avez vu… bredouilla le sire d’Orsières. Voulez-vous dire que nous devons nous fier à la parole d’un démon sur la foi de songes et de prophéties ?

- Tu oublies à qui tu parles, le coupa  sèchement Fulcrand. Laudine, que devons-nous faire ? Parle-moi ouvertement, une fois dans ta vie.

- Nous devons prendre un risque, répondit simplement Laudine. Les guerres des Dieux Sombres et de leurs démons sont sans fin. La haine qu’ils nous portent n’est parfois que peu de chose en comparaison de celle qu’ils se vouent les uns aux autres. Les damoiselles du Graal soupçonnent depuis longtemps le comte de Fontanes d’avoir ouvert son âme à un démon. Nous avons tenté de soulever le pays contre lui, mais en vain. À présent, il est plus redoutable que jamais, et au prix de grands efforts, nous avons entrevu un moyen de le perdre. Mais il n’y a pas dans tout le royaume un seul chevalier capable de cet exploit, ni une seule des servantes de la Dame. Aussi quand j’ai senti ce que renfermait la lame que tient Brionne, et quand un valet de l’hôtel du Prévôt, mis à la question, m’apprit qui pouvait la lui avoir offerte, j’ai vu la réponse à notre énigme. »

Un lourd silence tomba.

« Vous l’avez laissé conserver cette épée… fit le sire d’Orsières d’une voix rauque. Vous saviez la nature de cette lame, et vous l’avez laissé… C’est monstrueux.

- Qu’adviendra-t-il de lui ? demanda le baron.

- Je ne saurais le dire, répondit Laudine. J’ai prié sans cesse pour que son esprit ne vacille pas.

- Tu m’as trahi, murmura le baron Fulcrand à Laudine. Tu m’as trahi encore une fois, et tu m’as fait mener mes vassaux et mes soldats en ce lieu maudit pour y accomplir les machinations d’un démon.

- Parce que tu n’as pas écouté notre voix quand il était encore temps d’écarter ce désastre, fit doucement Laudine. À présent il te reste ce choix : fie-toi à moi et prie pour que j’aie raison, ou fais-en à ta tête, et meurs en vain. »

Le baron se tut, puis eut une sorte de rire étrange.

« Ainsi soit-il. Je n’ai que ce que je mérite. Tous les contes nous répètent que les belles fées sont traîtresses et sans merci.

Je vais chevaucher vers cette clairière de malheur, avec ma garde et les plus robustes chevaliers et soldats de ma suite. Le reste devra demeurer ici pour retenir le comte de Fontanes et les hommes-bêtes qu’il nous envoie. Brionne, vous nous guiderez. Quant à vous, Urien, venez avec moi, demeurez avec le sire d’Orsières, ou lancez-vous dans toute folle entreprise de diversion qu’il vous plaira, si vous trouvez des fous pour vous suivre, c’est à votre guise. Quelque choix que vous fassiez, vous ne manquerez pas de besogne. Mais ne demandez pas de vous céder mon écu ni ma bannière. Si je dois mourir, je tiens à voir l’un devant mon bras et l’autre au-dessus de ma tête. »

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyLun 13 Oct 2014 - 4:53

(Attention, les gros glands sont de retour !  Cool )

Urien s'était de nouveau discrètement écarté de deux pas lorsque la discussion avait porté sur le fait de brûler Brionne comme héréticque.
Il avait écouté la suite en savourant un délicieux phynancier qu'il avait conservé dans sa sacoche et ne put s'empêcher d'en cracher un peu partout lorsqu'il se mit à ricaner. Ces damoiselles du Graal étaient décidément de bien vicieuses donzelles.

«  Ah, mon bon seigneur, vous êtes bien méchant de vous accrocher ainsi à vos jouets, lâcha le chevalier de la Quête. Essayez néanmoins de ne pas mettre votre bannière devant votre bras et votre écu au dessus de la tête le moment venu.»

Prononçant ces mots, il se remit en selle et fit piétiner sa monture en signe d'impatience.

«  Par les couilles de Saint Alfihar, s'il y en a parmi vous qui cherchent la gloire ou la mort, qu'ils me suivent donc ! Voyons voir si les chevaliers de Gasconnie ont un peu nerf.»
- Et où comptez-vous aller ? l'interrogea un chevalier qui avait bien relevé la pique.
- Peu importe ! répondit Urien en pointant un doigt triomphal vers le lointain.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyMar 14 Oct 2014 - 13:30

L'intervention du sire d'Orsières eut au moins le mérite de sortir Brionne de son abattement. Il redressa sa haute taille et toisa avec mépris le dit sire.
Remerciant d'un rapide signe de tête le baron qui venait de lui épargner une mort ignominieuse, il se dirigea vers sa haquenée. Lors qu'il passait devant dles deux damoiselles du Graal il leur adressa un pauvre sourire :
- Et merci pour vos prières, dame Laudine, elles sont peut être cause que je ne suis point encore possédé par le démon.
Il remonta en selle, s'enfonça résolument et sans se retourner dans le bois, en direction du plateau entrevu dans la vision démoniaque.
Derrière lui, les ordres brefs du baron et les cliquetis d'acier signalaient le départ d'une troupe peu nombreuse mais redoutable.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyMar 14 Oct 2014 - 23:11

La situation semblait pour le moins périlleuse. Othon se rappela toutefois qu'ils n'étaient pas seuls, que l'armée du baron n'était sûrement pas très loin, et il comptait bien se servir du manque de discipline et de cohésion des hommes-bêtes.

"Repliez-vous !" cria-t-il, bien que ce fût en l'occurence assez inutile, la panique ayant plus ou moins gagné les chevaux.

"Sonnez du cor ! Un seul coup en cas d'attaque, ce sont les ordres !" ordonna-t-il à celui de ses soldats qui transportait l'instrument.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyMar 21 Oct 2014 - 0:07

Crépin ne savait pas que faire d'intelligent, et pourtant il ne pouvait rester sans agir.
Il tenta de prendre la voix de Florian de Clairac, et beugla en direction de l'homme-bête :
"Tu ne peux rien contre moi ! Je change de corps à volonté AHAHAHAH !"

Il essaya de prendre un air menaçant. Si jamais les hommes-bêtes attaquaient ses compagnons en ce moment même, et si lui-même arrivait à exacerber les tensions entre les différents protagonistes devant lui, cela ferait toujours ça de moins à tuer ! Dommage que ce pissemerdre d'Onésime n'ait même pas réussi à attraper un simple bout de verre, il faudrait vraiment que Crépin lui enseigne des rudiments du jeu de baise-bol qu'il avait vu à la cour de Sieur Bertrand de Saint-Sevré. Bon, il devait lui-même avouer qu'il était un peu rouillé, et que la position n'était pas favorable à un bon lancer...
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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyLun 27 Oct 2014 - 21:32

Othon peinait à maîtriser sa monture. Les chevaux de la troupe roulaient des yeux fous, les oneilles plaquées en arrière. Même des bêtes dressées pour le combat pouvaient facilement céder à la panique lorsqu’elles étaient prises ainsi au dépourvu, affolées par le soudain sifflement des flèches et l’odeur infecte des mutants cornus. Une ruade fit vider les étriers au soldat qui se tenait à gauche d’Othon, et le malheureux heurta dans sa chute un homme-bête bossu et trapu, qui se hâta de le rouer de coups de gourdin. À ce spectacle, le reste de l’ignoble bande laissa éclater sa joie, et piétina allègrement le corps sanguinolent sous une pluie de sabots fourchus.

Dans un hennissement qui fit trembler les bois, un autre cheval se cabra, et envoya un homme-bête se briser contre une souche comme une poupée de chiffon. Il laissa lourdement retomber ses sabots sur le dos d’un autre qui en eut la hanche fracassée et se mit à gémir misérablement, sous les rires hideux de ses propres compagnons. Le cheval saisit ce qu’il croyait être sa chance, et profitant de la brèche qu’il venait de se ménager, emporta son cavalier au loin à travers la sombre forêt, vers une mort probable. S’échapper tous ensemble semblait leur seul espoir, mais obéir à l’ordre d’Othon n’allait pas être aisé.


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« Par là ! s’écria Gaucelm, le doigt tendu en direction de la clairière. Prenons le sentier, les cornus ont l’air de venir de l’autre côté. »

Il devait avoir raison. Les hommes-bêtes étaient plus nombreux à chaque instant, mais ils n’étaient encore qu’une poignée à garder le sentier. Restait à mener efficacement l’assaut ; si la percée échouait, ils étaient promis au massacre.

Othon lança son destrier en avant, Gaucelm et deux autres à ses côtés, masse d’armes ou fauchon en main. La petite bande qui leur faisait face leva en réponse ses lances et ses boucliers de bois nu. La peur qu’ils ne tiennent bon et n’arrêtent la charge saisit un instant Othon, mais au dernier moment, les deux tiers des hommes-bêtes cédèrent à la peur et prirent leurs jambes à leur cou. Les autres furent fauchés au passage. Gaucelm ne put retenir un rire de soulagement lorsqu’il vit Othon faire sauter la tête poilue d’un fuyard.

Derrière eux, ils entendirent le reste de la troupe s’engouffrer dans la brèche. Enfin, alors qu’ils galopaient hors d’atteinte des bêtes mutantes, le cor sonna.

***

L’énorme homme-bête avait déjà tiré une lame d’acier sombre et barbelé de sa ceinture et maintenait Florian de Clairac, sonné, entre ses cuisses velues. Il émit un son qui ressemblait à un meuglement de surprise lorsqu’il entendit la voix contrefaite de Crépin. Dressant la tête, il jaugea le ménestrel du regard, sans doute pour tenter de décider s’il s’agissait ou non d’un nouveau tour du sorcier. Ce ne fut qu’un instant d’hésitation, pendant lequel le poignard s’était arrêté à un pouce de la gorge de Florian de Clairac, mais ce fut assez. De nouveau, le feu gagna la fourrure du mutant. Des cornes au museau, sa tête s’embrasa tandis que le sorcier faisait de son mieux pour se dégager de l’étreinte. Malgré ses hurlements de souffrance, l’homme-bête était décidé à emporter Clairac avec lui, et frappait à l’aveuglette.

La jeune fille, toute terrorisée qu’elle était, s’était ruée sur Onésime pour trancher ses liens, et sitôt délivré le gnome sauta sur ses pieds avec une agilité qu’on ne lui eût guère soupçonnée. Les hommes-bêtes, loin de leur prêter la moindre attention, tâchaient de venir en aide à leur chef, mais sa fourrure crasseuse menaçait de se changer en une véritable fournaise, et ils n’osaient guère approcher. Florian de Clairac parvint enfin à se libérer et l’homme-bête tomba inerte, à demi consumé par le feu ensorcelé. Il n’eut pas même le temps d’accorder un regard à Crépin ni à ses compagnons ; les autres hommes-bêtes étaient manifestement décidés à poursuivre le franc débat entamé par leur défunt chef, et soupesaient leurs haches d’un air peu amène. La jeune fille tira Crépin par la manche pour l’entraîner à sa suite. La nuit tombait, et la forêt sombrait dans le noir, aussi avaient-ils un mince espoir d’échapper à Florian de Clairac et à ses suppôts.


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Telle une anguille pourvue d’un très gros nez, Onésime se faufila entre les fougères, suivi de la jeune fille. Crépin allait leur emboîter le pas quand un bruit de pas dans son dos lui fit comprendre qu’il était urgent de se retourner. Le mutant à oneilles de porc le talonnait, une dague à la main. Crépin eut besoin de toute son adresse de jongleur pour le faire s’étaler de tout son long d’un vif coup de pied, s’éclipsant dans la foulée. Par-dessus son épaule, il vit le mutant tâcher de se relever avant d’être définitivement cloué au sol par la massue ferrée d’un homme-bête.

Devinant à peine ses compagnons d’infortune dans la pénombre, Crépin dévala la pente boisée à leur suite. Il finit par les rejoindre. Ils s’arrêtèrent un instant, aux aguets, mais aucun bruit de poursuite ne leur parvenait encore. Soudain, le son d’un cor fit bondir Onésime. La note était grave et longue, et le sonneur devait être tout proche. Plus bas dans le ravin, il leur semblait percevoir l’écho d’une cavalcade. D’un seul mouvement, ils coururent dans la direction du bruit, trébuchant sans cesse dans la pénombre des bois, jusqu’à se retrouver au-dessus d’un sentier escarpé. Alors que le grondement des sabots se rapprochait, une demi-douzaine de sergents d’armes jaillirent des arbres. Crépin reconnut les armoiries du baron de La Tour sur le surcot de l’un d’eux. Othon était à leur tête.

***

L’escorte que Fulcrand avait assemblée autour de lui était une solide troupe montée, formée pour un tiers de chevaliers. À la tête de leur colonne, l’étendard de gueules et d’azur de La Tour claquait dans la pénombre. Brionne chevauchait en avant avec la garde du baron, les meilleurs chevaliers de l’ost, tous ayant fait vœu de se laisser tuer sur place plutôt que de faillir à leur suzerain. Le baron lui-même avait sombré dans le silence. Même à la faible lueur des lunes voilées de nuages, Brionne lui trouvait les traits tirés, sans savoir s’il souffrait encore des blessures reçues dans ses propres jardins, ou s’il laissait simplement paraître son angoisse.

La chevauchée traversa les bois dans un sinistre grondement de sabots. Brionne guidait la troupe sans hésitation, bien que le dégoût qu’il éprouvait à l’égard de la créature enfermée dans l’épée fût plus vif à chaque instant. Remettre son sort entre les mains d’un démon confinait à la folie. La réaction du sire d’Orsières n’était guère surprenante, et Laudine avait choisi un dangereux chemin.

La note d’un cor résonna dans la nuit, longue et grave.

« C’est l’un des nôtres qui appelle à l’aide, murmura l’un des chevaliers de la garde du baron. Monseigneur, que faisons-nous ?
- Nous ne pouvons nous permettre de leur venir en aide, répondit Laudine à la place du baron. Si nous échouons, c’est la baronnie tout entière qui sera mise à feu et à sang.
- Nous risquons d’entendre bientôt d’autres cors, fit Fulcrand à contrecœur. Les bois grouillent d’hommes-bêtes, et j’ai envoyé de nombreux cavaliers sillonner la forêt à la recherche de cette damnée clairière. Que les dieux les protègent. »

Le son du cor semblait provenir du nord-est, mais les murmures du démon indiquaient à Brionne qu’ils ne devaient pas quitter leur chemin, et continuer à chevaucher droit vers le nord à présent.

***

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Dans les fourrés qui recouvraient les pentes du vallon, les plus habiles forestiers du baron tenaient leurs arcs apprêtés. Harcelée par d’insaisissables bandes d’hommes-bêtes, l’armée avait tant bien que mal atteint le val où elle devait arrêter l’ost du comte de Fontanes. Fulcrand avait confié le commandement au sire d’Orsières, qui avait fait de son mieux pour s’en tenir au plan d’origine, mais n’avait pu tendre l’embuscade prévue de crainte que ses troupes, une fois dispersées, soient massacrées les unes après les autres. Il avait dû se résoudre à faire mettre pied à terre à une bonne part des chevaliers que le baron lui avait laissés, afin de recevoir fermement l’assaut. Lui-même attendrait en réserve avec le reste de la cavalerie.

D’après ce qu’Urien avait pu entendre, les éclaireurs rapportaient que les hommes de Fontanes surpassaient largement ceux de La Tour. Mieux armés et plus nombreux, ils auraient eu un avantage écrasant en rase campagne. Placée comme elle l’était, l’armée de La Tour avait une chance de faire jouer le terrain escarpée en sa faveur, et il fallait espérer que les soldats et vassaux de la baronnie, nés pour beaucoup à l’orée de Sombrefeuille, seraient plus à l’aise que l’ennemi en pleine forêt.

Derrière un voile de nuages, on devinait les deux lunes déjà hautes dans le ciel nocturne. Le fond du val était baigné d’une lueur blafarde et maladive. Au loin, un cor sonna, sinistrement. Urien entendit quelques hommes d’armes marmonner des bribes de prières et de psaumes en baisant quelque médaille pieuse lorsque les premiers étendards ennemis apparurent. La colonne avança lentement vers leurs positions, puis fit halte. Trois chevaliers galopèrent en avant, le premier tenant haut une vaste bannière aux armes d’azur et d’argent des comtes de Fontanes. Le sire d’Orsières se lança à leur rencontre.

« Qui chevauche en armes sur les terres du baron Fulcrand de La Tour ? cria-t-il d’une voix qui retentit puissamment dans le vallon obscur. Qui rampe et se faufile à la faveur des ténèbres pour venir nous égorger dans notre sommeil ?

- Nul autre qu’Albéric, comte de Fontanes, élu des dieux et sauveur du pays de Gasconnie, répondit le chevalier. Il vous supplie de vous rendre avec honneur, et de rejoindre sa bannière pour redonner à notre duché sa gloire d’antan. Il n’a aucun désir de répandre le sang en vain.

- Les dieux ont élu Fulcrand de La Tour pour tenir la baronnie, et non Albéric le sorcier, rétorqua le seigneur d’Orsières. Nous ne mendierons pas la clémence d’un étranger sur nos propres terres, pas plus que nous ne nous rallierons à un assassin. Allez à tous les diables !

- Nous n’en attendions pas moins de l’ours noir d’Orsières. Ainsi Fulcrand reste terré dans sa tanière et esquive le combat, vous laissant périr à sa place. Soit ! Vous n’aurez pas à vous féliciter de votre loyauté. Mais vous connaîtrez assez tôt votre erreur. Cette nuit, vous verrez des miracles. Un nouvel an commence, et une nouvelle ère. »

Les trois chevaliers tournèrent bride sur ces paroles. Les archers de La Tour encochèrent leurs flèches tandis que les lunes sortaient des nuages pour venir illuminer les fers des vouges et les lames des épées.

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptyMar 28 Oct 2014 - 17:26

La volée de flèches obscurcit un instant le ciel, masquant la lumière blafarde des astres jumeaux. Au loin, la ligne ennemie ne pouvait s'étirer sur une plus grande largeur que la leur dans cet encaissement rocheux qui bordait la forêt, cependant, l'on devinait aux éclats sporadiques des heaumes et des lames de fer que ses rangs s'étendaient sans fin.
Urien se souvint de sa dernière rencontre avec cette armée quand, enfermé de Massillargues, il la contemplait depuis les hauts remparts. Il était bien placé pour savoir quelles gigantesques forces il avait en face de lui et se demanda s'il avait eu raison de rejoindre l'ost envoyée pour faire gagner du temps à ses camarades. De plus, il regrettait quelque peu de laisser à Brionne le soin de rendre la monnaie de sa phynance à Florian de Clairac.

Perdu dans ses pensées, Urien ne vit pas la première salve porter mais ne constata aucun mouvement chez l'ennemi qui sembla encaisser les tirs sans broncher. Une autre salve partit, noircissant encore les cieux hivernaux.

Le silence était pesant, parfois brièvement rompu par les piaffements d’une monture ou les grincements de dents des hommes d’armes. On entendit ainsi sans difficulté quelques cris étouffés, au loin, quand la nouvelle bordée atteignit sa cible. Toutefois, une appréhension de plus en plus grande gagnait les guerriers de l’ost de la Tour et l’air lui-même semblait saturé de sentiments malsains.

Urien tendit l’oneille et perçut ce qu’il lui sembla être de sinistres ricanements provenant de la ligne ennemie.

«  Quelque chose de sinistre flotte dans l’air, monseigneur, lança au sire d’Orsières l’un des chevaliers de sa suite.
- L’assaut est proche, répliqua froidement le sénéchal. Soyez prêts, mes braves.»

La note grave d’un cor résonna alors au loin et des braséros s’allumèrent. L’instant d’après, la ligne ennemie s’embrasa et une volée de flèches enflammées croisa dans les airs les sombres traits des archers de Fulcrand. Abrité derrière un vougier qui leva haut son pavois, Urien échappa au pire, mais entendit néanmoins de nombreux hurlements de douleurs partout alentour. Par chance, l’humidité ambiante et la présence de tant de neige permit d’éteindre avec facilité les boucliers criblés.

Une minute passa, puis une autre, faisant monter la pression parmi les gens de La Tour qui attendaient nerveusement une nouvelle salve. Pourtant, celle-ci ne vint pas. Une trompette à la note claire et franche retentit, suivi du bruit de botte caractéristique d’une forte troupe en marche.

Urien traversa la ligne de front au pas de course, allant se placer juste derrière le premier rang. Déterminé, il tira son épée hors du fourreau dans un tintement mélodieux et se tint prêt à encaisser la charge.
Le chevalier de la Quête se trouva alors bien incommodé par une épouvantable odeur de merdre qui lui sembla provenir de l’homme qui se tenait à sa droite. La dysenterie faisait souvent des ravages chez les hommes qui se laissaient gagner par la peur. Celui-là n’encaisserait sans doute pas beaucoup plus, ce soir, avant de prendre ses jambes à son cou.

Bientôt, un cri de guerre retentit, tout proche, et la première charge fut lancée par des hallebardiers casqués de fer qui vinrent s’écraser sur le mur de hauts boucliers des vougiers de La Tour. Faisant bloc, les guerriers du deuxième rang où se trouvait Urien donnèrent de l’épaule pour aider leurs camarades à tenir le choc, permettant à la formation de se maintenir sous la pression adverse.

La mêlée était à présent bien engagée. Entre les pavois surgissait subitement ici ou là le fer d’une arme, mutilant ou assommant l’homme qui se trouvait en face.
Après une poignée de minutes, la première ligne se trouva assez dégarnie pour mettre Urien à portée d’attaque. Un fer de hallebarde le frôla et il s’empara de l’hast avec vigueur, extirpant de ses rangs l’imprudent qui avait osé se croire en droit de le prendre pour cible. L’homme, le visage déformé par la rage, se retrouva bientôt haché en morceaux par le noble Urien qui mit à l’essai le tranchant de sa nouvelle lame sur sa chair et ses os.

Se plaçant finalement dans la brèche laissée au premier rang, Urien continua de frapper encore et encore de sa blanche épée, fracassant tout ce qui se présentait à lui jusqu’à ce qu’enfin, la trompette lointaine sonne la retraite de leurs assaillants.
Un frisson de joie parcourut les rangs de l’ost et de nombreux cris retentirent. Jetant un regard en arrière au sire d’Orsières, Urien lui fit un discret signe de tête. Jusqu’à présent, les choses avaient été maintenues sous contrôle.

Le chevalier de la Quête n’eut pourtant pas beaucoup de temps pour se réjouir. Sans le moindre retentissement de cor, sans le moindre ordre donné, une nouvelle force ennemie s’était mise en branle. Constituée d’hommes dépenaillés à l’équipement disparate, la troupe avançait au pas de charge.

« Après les paysans en armes, Fontanes nous envoie ses paysans en guenilles, cracha un chevalier à pied qui s’était également retrouvé en première ligne, non loin du bon Urien. Engage-t-il déjà sa réserve ?
- Quelque chose ne va pas, rétorqua Urien en crispant sa main sur la poignée de Blancheflamme.»

Une fois de plus, les paroles du chevalier de la Quête s’avérèrent quasi-prophétiques et tous les combattants de La Tour ne tardèrent pas à comprendre ce qui n’allait pas chez les innombrables ennemis qui se ruaient à leur contact.

Mutants difformes, hommes aux membres d’animaux ou aux crocs acérés, cette nouvelle force qui venait les engager semblait composée de tout ce que le comte avait pu réunir de monstres redoutables.
Malgré leur équipement minimaliste, ces levées paysannes anormales engagèrent une mêlée bien plus féroce que la précédente qui manqua de disloquer les rangs des loyalistes. Emportés par leur fureur, nombre de combattants, dont Urien et quelques autres chevaliers, s’enfoncèrent de plus en plus profondément dans la ligne ennemie, frappant avec toute l’ardeur dont ils pouvaient encore faire montre.

Urien, comme un fou, tranchait, taillait, frappait de tout côté.
Bras, jambes, yeux et viscères se mélangèrent à la neige fondue pour son plus grand plaisir, ne réalisant pas que son courage l’avait mené trop loin. Un mutant aux dents acérées manqua de lui mordre le nez et se trouva hameçonné par le croc de boucher que le chevalier avait pris avec lui. Un autre, pourvu d’un œil au milieu du front, laissa son bras dans la gadoue.
Malgré quelques contusions et blessures mineures, Urien s’amusait bien dans ce joyeux carnage, libérant toute sa frustration des dernières semaines.

Sa joie se trouva bientôt entamée par un phénomène extérieur qu’il jugea bien désagréable. Loin de cette mêlée sanglante, Fontanes venait d’ordonner à ses archers d’ouvrir le feu sur la ligne de bataille, obligeant Urien à s’abriter derrière un ennemi pour ne pas finir percé de traits enflammés.

Le chaos gagna rapidement l’ensemble des combattants des deux camps à mesure que le feu gagnait vêtements et cheveux.

Rampant dans la boue, crapahutant sur le sol inégal de ce val rocheux, Urien se tailla tant bien que mal une route vers la sécurité toute relative des lignes qu’il venait de quitter. Partout autour de lui, il pouvait entendre les hurlements de terreur d’hommes qui ne savaient plus contre quel danger se protéger.

« Ôtez-vous ! ÔTEZ-VOUS ! cracha le bon Urien avec rage en forçant le passage au milieu des gens de Fulcrand.
- Sire de Havras, l’interpela bientôt l’ours d’Orsières. J’ai cru un instant que vous vouliez partir affronter le comte seul.
- Je n'ai pas oublié le plan ! répondit Urien, quelque peu vexé. La ligne ne tiendra pas longtemps à ce rythme. Il est temps !
- Patience ! gronda le sénéchal. Notre seconde ligne n’a pas encore été engagée, il est encore trop tôt.»

Au loin, les levées paysannes douteuses de Fontanes venaient de rompre le combat et tentaient de regagner la sécurité de leurs lignes pour ne trouver qu’un imperméable mur de boucliers.
Du côté des forces du baron, blessés et survivants s’employaient à retourner vers les leurs, sous les regards compatissants des combattants de la seconde ligne qui avaient reçu l’ordre formel de tenir leurs positions.

La mise en bouche avait été rude et une bonne moitié des gens de La Tour avait déjà été engagée, accompagnée de quelques chevaliers parmi les plus impatients. Néanmoins, le pire restait à venir.
Un nuage violacé traversa le champ de bataille et percuta dans un bruit de tonnerre le mur de boucliers du second rang de l’ost. Il y eut des cris, de nombreux cris et bien des hommes tombèrent net, d'abord parmi ceux qui n'avaient pas encore pu rejoindre la seconde ligne, puis au sein des formations encore fraîches.

« Sorcellerie ! s’exclama le sire d’Orsières avec dégoût.
- Maintenant ! insista Urien.
-  La Dame vous garde», concéda le sénéchal en regardant Urien s’éloigner vers l’orée du bois.

Laissant derrière lui le fracas de la bataille et les hurlements de ses alliés, Urien rejoignit un petit groupe de six chevaliers en selle qui tenaient une monture apprêtée pour lui.

« Le moment est venu, braves chevaliers de La Tour, leur lança-t-il. Les chevaliers du comte de Fontanes vont bientôt passer à l'attaque pour briser nos lignes... vous savez ce que l'on attend de nous.»

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MessageSujet: Re: [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V   [IYAQCDPDLDDG] Chapitre V - Page 15 EmptySam 1 Nov 2014 - 21:35

Le son du cor, le soir, au fond des bois*, parvint à Brionne comme dans un rêve. A la semblance de dame Laudine, il lui semblait impossible de se détourner de leur but premier pour porter secours à un parti de chevaliers. Ce cor pourrait même faciliter leur approche en attirant les hommes bêtes qui protégeaient de Clairac.
Il éperonna sa monture : le séjour en les écuries de la Tour lui avait redonné tous son allant. Penché sur l'encolure pour éviter quelques branches basses, il s'enfonça au nord dans le sous bois. Plus n'étais temps d'apenser, seulement avancer...


* ©️ Alfred de Vigny :
J'aime le son du cor, le soir, au fond des bois,
Soit qu'il chante les pleurs du soudard aux abois,
Ou le charmoge du sorceor que l'écho faible accueille,
Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.  Mr.Red

_________________
Mes titres : Toison d'or, chevalier à l'épée de bois, roi d'armes du Très-Noble et Respectable Ordre Chevaleresque des Gros Glands Incapables de Terminer leurs Figs à Temps pour les Concours du Foroume ; chevalier du slip sur la tête -première promotion- ; également connu comme "Très-Haut et Très-Saint Prince des Barbouilleurs de Figs" ou comme "Toison de Vinci" ; admis à siéger parmi les illustrissimes et révérendissimes membres du conseil de cet auguste forum, j'ai même bénéficié autrefois des super pouvoirs d'administrateur  ...mais, s'il vous plait, continuez de m’appeler "Toison".
N'hésitez pas à visiter mon site
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