La guerre en elle-même change pas mal au XIIème siècle, ainsi, elle devient de plus en plus l'affaire des grands seigneurs et est de moins en moins féodale.
A cette epoque apparaissent dans le Nord de la France (Comté de Flandre, l'un des deux domaines les plus "à la pointe" du royaume, en matière d'avancée sociale, avec la Normandie) les tournois.
Galbert de Bruges, Historien du Comte de Flandre Charles le Bon, raconte comment ce dernier est parvenu à "pacifier" (le terme est de moi et non de lui
) la region (autrement dit, arrêter les guerres entre la plupart des châtelains) en conduisant la noblesse dans des tournois.
Mais qu'est-ce qu'un tournoi au XIIème siècle ?
Le tournoi au XIIème n'a absolument rien à voir avec la joute qui apparait plus tardivement et qui, elle, a lieu dans une lice devant moult spectateurs.
Le tournoi est un affrontement collectif entre deux forces armées, il ressemble enormement à une bataille de l'epoque (le but des batailles à l'epoque n'etait pas de tuer les adversaires, mais de les capturer pour demander une rançon et garder leurs chevaux. Il faut voir qu'une telle prise representait environ 3 ans de revenus pour un chevalier). On y trouve des chevalier en armes et des fantassins pour les appuyer.
Autre detail : rien ne prouve que les armes utilisées à l'époque furent factices ou emoussées. Visiblement, l'affrontement se faisait à arme réelle avec les conséquences malheureuses que cela pouvait entrainer (accidents fâcheux
).
Le tournoi diffère toutefois de la bataille par de nombreux aspects. Tout d'abord, il s'agit de rencontres organisées sans autre but que le combat lui même (pas d'enjeu politique et uniquement l'exaltation de la beauté, de la force physique et des vertus chevaleresque). Ensuite, le terrain est clairement delimité, les heures d'affrontements sont fixées à l'avance et l'engagment cesse à l'heure dite. Et enfin, on trouve dans la zone des "refuges" qui permettent aux chevaliers blessés de se reposer sans être attaqués.
La plupart du temps, ces affrontements ont lieu à proximité d'une cité et sont visibles, de loin, du haut des remparts.
S'ils ne sont, normalement, pas mortels, ces affrontements n'en demeurent pas moins violents, et il n'etait pas rare que le soir, après la fin de l'engagement, nombre de chevaliers aient eu à passer la nuit chez le forgeron pour se faire extraire de leurs armures
.
L'Eglise a condamné cette pratique (concile de Clermont, 1130), qualifiant les tournois de "détéstables foires", notamment à cause du trop grand nombre de "bavures" qui s'y deroulaient (morts accidentelles, règlements de comptes entre deux seigneurs qui se haissent, mauvais joueurs qui ne respectent pas les règles ou bien encore, naissance d'inimitié et de rancunes) prenant pour mesure la privation de sepulture chrétienne pour ceux tombés en tournoi.
Les chevaliers faisant trop de tournois furent invités par la suite à prêter le voeu de croisade pour expier leur faute... lol.
Malgré ces mesures se developpe une véritable société de tournoi.
Les armoiries font leur apparition pour distinguer les chevaliers les uns des autres et certains grand guerriers, comme Guillaume le maréchal (baptisé "meilleur chevalier du monde") y acquièrent un grand renom...
Bon, voilà, je crois que c'est tout ce que j'avais à dire sur le sujet.