Certains l’attendaient et ne comptaient pas me laisser l’oublier
- je ne vise personne, suivez mon regard -, voici l’article dédié à la fabrication du Graal des 15 ans !
Remontons aux prémices de la Quête, alors que les sages membres du Conseil devisaient encore
dans le sauna, entourés de nymphettes dans le plus simple appareil dans une austère salle de réunion. Dès que le principe d’offrir une coupe symbolisant le Graal au grand vainqueur fut approuvé, nous nous sommes demandé à quoi il devrait ressembler. La réponse vint grâce à deux procédés distincts :
a) La sélection d’un modèle qui servirait d’inspiration à l’élaboration de la coupe. Nous avons fini par retenir cette petite merveille, le calice de Doña Urraca :
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b) Le choix d’un trophée sportif autour duquel sculpter le Graal. Après plusieurs tours de votes, c’est l’exemplaire ci-dessous qui fut désigné :
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Une fois la pièce en ma possession, le travail put commencer.
La première étape consista à bien étudier le support et à réaliser plusieurs relevés précis des volumes par-dessus lesquels il allait falloir sculpter. J’en tirais le schéma suivant :
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Sur la moitié gauche, le profil de la coupe apparaît en rouge et les recharges de résine en vert. La moitié droite rend compte de l’aspect général que je visais, sans encore s'attarder sur les différentes décorations qui se grefferaient à la surface.
Le plus gros chantier était clairement le pied, aussi allais-je commencer par lui.
La tige filetée qui garantissait l’assemblage des différentes pièces fut retirée puis raccourcie. Le socle ne devant pas être conservé, une moitié de sa longueur initiale s'avèrerait largement suffisant pour solidariser la coupe en métal et son pied en plastique. Le voici isolé :
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Au vu de la quantité de matière nécessaire pour lui donner sa nouvelle forme, décision fut prise d’employer une méthode à la fois économique et pratique. Sur base du schéma, j'ai divisé la hauteur du pied en une succession de formes de base faciles à façonner dans de l’argile thermodurcissable. Le travail dut être réalisé étage par étage en partant du bas, jusqu’à obtention d’une série de disques, cônes et tore qui furent passés au four.
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Une fois refroidis, ces éléments furent montés sur le pied et fixés au moyen d’une colle expansive. Pour garantir une meilleure adhésion de la résine qui serait appliquée par-dessus, quelques coups de scalpel et un ponçage grossier contribuèrent à rendre les surfaces plus irrégulières.
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Ensuite vint l’étape amusante de sculpture, qu’il fallut étaler sur plusieurs jours. Pour sa dureté, sa consistance argileuse, et son temps de travail raisonnable, je choisis d’avoir recours à la résine Milliput standard. Respecter un profil quasiment identique sur tout le pourtour n’était pas chose facile, aussi ai-je fabriqué un gabarit sur base des premiers relevés pour vérifier la régularité du travail au fur et à mesure de mon avancée.
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Dire que tout fut parfait du premier coup serait mentir. Il y eut des bosses à aplanir et des fosses à combler avant de pouvoir lisser toute la surface, mais le résultat final n’était pas mauvais. Le charme des vieilles coupes venant aussi de leurs irrégularités, j’ai dû me forcer à laisser en place quelques imperfections visibles – que j’étais pourtant très tenté de gommer – afin d’éviter que la pièce finale semble sortie d’une machine.
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Après plusieurs semaines, le pied avait enfin pris sa silhouette définitive, et il était temps de passer à la coupe. Pour l’habiller, il fallait un anneau sous son rebord et plusieurs bandes le rejoignant depuis la base. Ces dernières devaient initialement être au nombre de quatre, divisant le périmètre de la coupe en autant de quartiers égaux. Cependant, cette disposition doit normalement évoquer une croix chrétienne, et il fallait l’adapter au contexte. Après réflexion, trois bandes pour les trois pétales d'une fleur de lys, symbole de la quête par excellence, me parurent une option satisfaisante.
Il fallut ruser afin de les réaliser. Pas question de les sculpter directement sur la coupe, au risque de l’abîmer avec les outils, d’y laisser des traces indélébiles, ou de la souiller lors de la mise en peinture.
Afin de contourner ce problème, j’ai débuté par un dessin. Sur une feuille de papier, les trois bandes furent tracées comme les rayons d’une roue : réunies en un point centrale et espacées de 120°. Après avoir défini la largeur et la longueur nécessaires, ce support fut collé sur une table et recouvert d’un plastique adhésif transparent. Des cylindres de résine furent ensuite aplatis sur le dessin avec un petit rouleau à pâtisserie doté de guides d’épaisseur. Tout ce qui dépassait du tracé fut chuté au scalpel, avant que la feuille elle-même soit découpée suivant les limites du dessin. Je pus ainsi soulever délicatement la forme en résine (encore souple et soutenue par le papier plastifié) avant de l’apposer sur la coupe recouverte d’un film alimentaire par mesure de précaution. Une fois correctement disposé, ce « trépied » en épousa les flancs et acheva de durcir dans le courant de la nuit. Le lendemain, je n’avais plus qu’à le retirer de la coupe pour détacher le reste de feuille qui se trouvait sur sa face interne. Comme la surface de contact était parfaitement lisse, tout vint sans difficulté.
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Par la suite, cette pièce fut poncée et percée en son sommet afin de laisser le passage à la tige d’assemblage.
La réalisation de l’anneau qui cerne le sommet passa par une méthode similaire : dessin d’un long rectangle sur une feuille ensuite recouverte de plastique, étalage de la résine (cette fois plus épaisse), découpe de la base et enroulage du ruban sous le rebord. Le cercle fut refermé grâce à l’ajout d’une petite quantité de résine à la jointure des deux extrémités. Après durcissement, trois loges ont été aménagées à l’intérieur pour permettre l’assemblage avec le trépied.
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C’est à partir de ce stade que les photos se font plus rares. Faute de temps, j’ai un peu négligé la documentation. Heureusement, le gros œuvre est achevé et il ne reste plus
« que » l’habillage de la coupe (qui a tout de même pris plus de la moitié du temps). Abordons-le sur base de la photo finale pour détailler les principales étapes :
1)
Les entrelacs :
Ils ont été obtenus en laminant une masse de résine verte, dont la souplesse allait être utile, jusqu’à atteindre l’épaisseur souhaitée. Dans cette plaque ont ensuite été découpés 12 boucles, 30 droites et 60 coudes ; autant de pièces nécessaires à la réalisation du motif préalablement élaboré. Chacune a été collée individuellement. C’était une étape techniquement peu complexe, mais qui exigeait tout de même du temps et du doigté.
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2)
Le lettrage :
Suivant l’exemple et les recommandations de Toison, l’inscription sur le pied fut réalisée lettre par lettre. L’expérience étant nouvelle pour moi, j’ai préféré éviter le drame en sculptant les éléments à part sur une plaque de verre avant de les coller en place. La police de caractère choisie est le gothique textura, et c’est à nouveau de la résine verte qui fut employée pour mieux se plier à la courbure du support. Afin de donner un peu plus de rondeur à la surface des lettres, une couche de colle blanche leur fut appliquée, ce qui contribua à les lisser au-delà de ce qu’il m’avait été possible d’obtenir avec mes seuls outils.
L’inscription dans son ensemble renseigne BRETONNIA * MMIV – MMXIX, soit le nom et les dates anniversaires du forum en chiffres romains.
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3)
Les perles :
Il s’agit de têtes d’épingles que l’on trouve dans certains magasins de loisirs créatifs. Les lits de petites sphères d’or sont des rosaces destinées à décorer des faire-part de mariage. Initialement d’un blanc nacré, elles furent peinte et fraisée au centre afin que la perle puisse s’y installer. En coupant l’épingle environ un centimètre et demi sous sa tête, ce qu’il en restait suffisait à fixer solidement chaque perle sur son coussin dans un trou foré à cet effet.
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4)
La couronne de lys :
La base de la coupe était un peu terne dans son état initial, aussi ai-je réalisé une couronne à neuf fleurs de lys stylisées sur base d’un fin ruban de résine verte laminée puis découpée suivant le motif voulu. Afin de lui conférer une texture différente du reste de la pièce - et ainsi lui permettre de trancher -, les tranches et la surface ont été enduites de colle blanche puis saupoudrées de minuscules billes d’acier ; d’où cet aspect granuleux.
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5)
Les points de soudure :
Les plus gros sont des perles en plastique blanc qui étaient assemblées en chaînes avant que je les découpe au fil chaud. Elles ont ensuite été collées en place et aléatoirement recouvertes de colles pour simuler leur fusion.
Les plus petites sont des billes de verre de chez Green Stuff World dont on se sert en sculpture de figurines pour les yeux des personnages, des bubons, ou encore des rivets de véhicules.
6)
Les gemmes :
Elles ont été réalisées en résines cristal et UV préalablement teintées. Ma cousine disposait du moule parfait pour en produire de toutes les formes et m’a généreusement prêté son matériel, merci à elle.
Les cadres qui les fixent à la surface de la coupe ont été réalisés en découpant et pliant un étroit morceau de plastique d’emballage rigide. Pour donner une impression de variété, les billes collées sur le pourtour (toujours des points de soudure) ont toutes été réalisées à la main en roulant de minuscules quantités de résine entre mes doigts. Autant dire que j'y ai passé quelques soirées…
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Après assemblage, ces formes rondes, ovales, carrées et rectangulaires de différentes tailles ont été peintes et fixées aux gemmes par de discrets points de colle avant d’être apposées sur la coupe.
- Spoiler:
7)
Les fleurs de lys :
Ces décorations n’ont pas été sculptées (je suis incapable d’un tel niveau de détail et d’une si parfaite régularité), mais moulées sur base d’un sceau à cire. Enfoncé six fois dans une couche de résine verte, il y a imprimé ces motifs typiques qu’il restait encore à découper, poncer et peindre. En écho aux couleurs de la coupe, c’est l’argent et le bleu qui furent choisis.
- Spoiler:
Parmi les derniers détails, on notera encore l’ajout de trois bandes au bas de la coupe, qui prolongent visuellement celles ornées d’entrelacs, et le comblement des interstices entre les grosses gemmes du bandeau par quelques brillants et des motifs de vagues.
La peinture fut assez sommaire. C’est sans doute la partie dont je suis le moins satisfait, mais j’étais hélas pressé par le temps. Du coup, impossible de faire mieux.
Sauf oubli de ma part, nous voilà parvenus au bout du chemin en ayant abordé quasiment tous les aspects du Graal. J’espère que ce long compte-rendu vous aura intéressés et, qui sait, donné quelques idées pour garnir votre propre vaisselier…
Allez, une dernière fois pour la route :