Pour ma part, je ne suis que très faiblement convaincu par le côté "au naturel" des figures proposées. Une aigle ou un lion qui ressemble à peu près à ce qu'elle est, à ce qu'il est dans la nature est le point zéro de l'art héraldique.
Du XVIIe naissant à la fin du XIXe, cette héraldique "naturaliste" est désespérement laide, sans force ni créativité aucune. L'héraldique française, espagnole, italienne et américaine notamment, continuent de l'appliquer sans génie. L'héraldique britannique "à la portée de toutes les bourses" est sur la même mauvaise pente, même si certains "dominions" essayent de la renouveler ou si certains hérauts d'armes officiels sont encore capables de dessiner...
C'est un peu comme si les cuisiniers de ces siècles - et ceux qui cuisinent encore à leur suite - s'étaient contentés de toujours faire et resservir les mêmes vieux plats, avec toujours les mêmes ingrédients, sans aucune créativité. La force de l'habitude fait perdre de l'acuité à toute chose.
J'invite à comparer ces figures avec :
1) les grandes oeuvres héraldiques des domaines bourguignons et impériaux de la fin du Moyen-Âge (la Toison d'Or, les travaux de Dürer, l'armorial de Guelre, etc.) ;
2) les grandes armes des Empires allemand et austro-hongrois de la fin du XIXe s. ;
3) l'héraldique moderne telle que pratiquée en Belgique et aux Pays-Bas, en Suisse alémanique et en Autriche, dans les pays scandinaves, voire même en Russie...
Autant j'ai eu, il y a quelques temps déjà, un grand plaisir à parcourir l'ouvrage numérisé de Fox-Davies - sur archive.org (le Smithsonian) ou sur Gallica (BNF) -, très complet, autant cette héraldique britannique du tournant du XXe siècle manque désespérement de force et de stylisation.
Comparez le coq trop pépère (une poule à crête), proposé sur le KS d'après FD et le fier coq de l'étendard de Wallonie, par exemple. Si je compare avec les deux ou trois coqs que j'ai chez moi, si fiers d'allure et agressivement campés, taillés pour le combat, ce sont les Wallons qui sont dans le vrai !
Il y a la même chose si l'on compare l'aigle allemande du Bundestag ("la grosse poule") et celle des pièces de monnaie, avec celle usitée sur les drapeaux et les écussons de la Bundeswehr.