Le Royaume de Bretonnie
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 Le tournoi du Fort de Sang

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Essen
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Essen


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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyMer 27 Juil 2016 - 2:59


Silvère de Castagne (Lord del Insula) contre Euron (Nyklaus von Carstein)



     Le vaillant champion mit sa fidèle monture au galop, au mépris des bourrasques et de la pluie, tant et si bien qu’en quelques minutes, la distance qui le séparait de la lice fut franchie.
     Au fracas du tonnerre s’opposèrent les acclamations de la tribune bretonnienne ; par opposition, les mort-vivants se turent et grincèrent des dents, tant le chevalier incarnait tout ce qu’ils jalousaient tant : la vie, l’honneur et la gloire. Au mépris des uns se mêla l’intérêt des autres : Oldrick le revenant y vit son potentiel futur ennemi ; Wilhelm Kruger y vit celui qui lui devait une revanche ; Erwin y vit un exemple de jouteur accompli. Euron y vit sa proie immédiate.

     Le capitaine des revenants de la Flotte Maudite fut immédiatement en place. Il s’adressa soudain à ses acolytes qui le suivaient de près :
     - S’il gagne, criblez-le de plomb.
     Sa voix rocailleuse portant loin malgré l’orage, bon nombre de bretonniens outrés faillirent quitter leur tribune pour évacuer les immondes pirates. Euron se tourna vers eux, puis :
     - Je plaisante, bande de moules ! Messieurs, montrez leur qu’à la Flotte Maudite, nous avons aussi de l’honneur !
     Pas moins d’une quinzaine de pistolets furent immédiatement déchargés dans les cieux, avec quelques longs feux dus à l’humidité omniprésente.
     - Quartier libre, mes amis ! Regagnez le pont, et regardez bien vot’ capitaine !
     Les nobles sires médusés virent les revenants s’en aller, puis remonter sur leur tribune. Ils ne tardèrent pas à faire de même.


     Inébranlable (test de peur automatiquement réussi !), Silvère chargea au signal. Lui qui avait espéré passer une nuit sans sommeil à prier, il fut au contraire béni par un sommeil revigorant ; brusquement réveillé par il ne savait quoi (qui ressemblait fort à une fée de la taille d’une fleur), il parvint juste à temps à ce combat, et il ne pouvait perdre, il avait la foi.
     Euron fonça à la vitesse d’un ouragan, résolu à vaincre, vibrant d’une force maléfique. Il pointa sa lance droit vers l’ennemi, meurtrier.
     La foule retint son souffle ; au dernier moment, tous virent le sire de Castagne tendre son bras armé, mettant en péril sa force et son équilibre ; Silvère, lui, savait que le Dame défendait ceux dont le bras est fort et la cause est juste. Le peu d’allonge qu’il gagna sur le revenant lui suffit : sa pointe trouva son poitrail, trompant sa garde et projetant le mort-vivant hors de sa selle (Silvère : 4T, 2B dont 1 Coup Fatal !  3 PV !!!), sans que ce dernier ne puisse opposer aucune riposte efficace (Euron : 0T).
     Comme s’ils voyaient une joute pour la première fois, les bretonniens clignèrent des yeux, voyant l’un des cavaliers rester en selle, et l’autre atterrir lourdement sur le sol boueux. Lequel des deux ?
     « Pour la Dame ! Pour le Roy ! »
     Le cri de victoire du vaillant sire provoqua un raz-de-marée de liesse parmi les bretonniens. Le duc se rendit compte trop tard qu’il serrait tendrement son connétable ; le sire Charles-Hubert courut comme un dératé sur la tribune, renversant tout sur son passage et beuglant « OUAAAIIS ! » à s’en rompre la voix ; le sire de Saint-Ange, le sire Osbourne et le sire Oméga descendirent dans la lice avec d’autres têtes brûlées pour porter le sire de Castagne sur leurs bras.
     Ils furent étonnés de voir leur sauveur figé face à quelque vision troublante, de l’autre côté de l’arène ; ils y virent un autre terrifiant cavalier se tenait droit sur son palefroi vivant, portant lance et écu, prêt à en découdre.
     - Bon ! On se castagne maintenant, ou vous avez besoin de repos ?



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Essen
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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyMer 27 Juil 2016 - 21:09




     Von Essen faillit trépigner sur sa chaise : la joie des mortels était si contagieuse… Il se sentit un peu mal vis-à-vis du cher capitaine, mais se convainquit en définitive qu’une finale entre revenants, disons, aurait quelque peu blessé son amour propre. Diable, une affaire entre vampires et mortels, réglée par de vulgaires pantins sans maître ? Par les moustaches inexistantes du Grand Nécromancien, cela aurait été inadmissible.
     Il observa du coin de l’œil Penthésilée de Gransette : la demoiselle avait le souffle coupé par la rapidité et l’issue spectaculaire du combat, et devait sans doute sentir tous ses espoirs lui revenir. C’était amusant, vraiment amusant. Il ne regrettait pas d’avoir orchestré tant de souffrances, car la joie qui en ressortait n’était que plus pure et agréable à contempler.
     Rêveur, il ne remarqua pas tout de suite qu’une petite chauve-souris s’était posée sur l’accoudoir de son siège. Puis, un grand oiseau noir, qui croassa immédiatement :
     « Essen ! Message urgent ! »
     Le chroniqueur sursauta ; comment diable un volatile pouvait parler ?! L’instant suivant, il comprit que la voix qu’il avait entendue n’était pas un son, mais plutôt une sorte d’écho à l’intérieur même de son esprit… Résolument peu renseigné sur la magie de la Bête, le vampire balaya négligemment toute réflexion inutile et récupéra le message qui pendait à la patte du corbeau. Il disait :  

Citation :
Mon cher ami,

     Me voilà fin prête pour revenir dans notre monde. Je crois de toute façon que je ne suis pas la bienvenue ici, même si le chaos ambiant serait propice à notre race (surtout au nord, où la magie a relevé d'elle même bon nombre de morts). Je vais passer ce que les autochtones appellent la porte des ténèbres. Il semblerait qu'il s'agisse d'un portail ralliant directement nos deux mondes.
     J'ai reçu des nouvelles vous concernant. J'espère être de retour le plus rapidement possible pour vous voir dans la lice, et enfin obtenir la victoire qui vous a été volée précédemment. De cette folle certitude de triomphe, j'en viens à vous demander vos projets concernant la Dame mortelle. Son comportement est des plus intéressants, et elle pourrait fort bien intéresser la sororité...
     En attendant nos retrouvailles, que les ombres vous accompagnent.

     Votre Dame,

     A.


     Ah ! Euh… Bon, pour la victoire, sa victoire, c’était un peu mort. Ensuite, pour le reste… Pourquoi n’était-elle pas encore là ? Avec son… ses moyens de transport, elle aurait pu déjà apparaître à ses côtés, alors… Alors elle devait être occupée, occupée. Damned de Pinacle de sang caillé ! Si seulement…
     Von Essen repoussa hâtivement toute pensée affligeante : ils en avaient discuté en long et en large, et revenir là-dessus n’était qu’une perte de temps. Sa Dame avait des obligations, de très hautes obligations. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il était si fier d’être si proche d’elle. Enfin, l’autre message…
     Alors que le corbeau bavard prenait son envol, le chroniqueur déplia le fin rouleau de parchemin que portait la chauve-souris, qui quitta son siège aussitôt. En fine lettres étaient rédigées les lignes suivantes :

Citation :
Cher Von Essen,

     Ce message nous précède de peu, ma chère Aryana et moi. Je te l’envoie car je sais que tu as déjà eu des histoires avec Arsvagnir, alors comme ça tu es prévenu. Désolé d’avance pour les dommages collatéraux lors de l’atterissage, c’est que toute la place est prise par ton armée de cadavres (ce n’est pas très pratique !)

     A très bientôt,

     Gilgalad Swiftblade, Prince Dragon, Dragon de Sang.



     Ah. Euh… Bon, bah ils arrivent à temps pour la finale. AH !
     Une chauve-souris de gabarit plus imposant atterrit sur le rebord de siège, tenant un plus gros rouleau de parchemin. Rempli d’un mauvais pressentiment, le vampire s’empara de la chose, commença à la dérouler…

Spoiler:
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     Von Essen brûla immédiatement le rouleau avant de poursuivre. Il observa attentivement les flammes noires de Nagash dévorer le parchemin, avec la mine satisfaite d’un fou-furieux qui venait d’étrangler un ourson en peluche.  



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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyJeu 28 Juil 2016 - 3:57



     Alors que les immortels jetaient des regards intrigués dans la direction du chroniqueur, tous furent surpris par une formidable secousse qui fit trembler la terre sous leurs pieds ; l’instant suivant, un formidable rugissement déchira la monotonie de la pluie battante.
     Bon nombre de chevaliers mirent leurs armes hors de leurs fourreaux, convaincus d’une définitive traitrise des monstres d’en-face ; ils furent rapidement détrompés en voyant les immortels s’agiter pareillement, manifestement eux aussi surpris et intimidés par le brusque phénomène. Certains vampires allèrent même jusqu’à bondir hors de la tribune pour en avoir le cœur net : ce qu’ils virent les pétrifia sur place.

     Une créature immense agitait de gigantesques ailes membraneuses, réduisant en miettes des dizaines et des dizaines de zombies. Comme elle eut atterri à l’orée de la forêt, les tentes des morts furent épargnées, même si les bourrasques provoquées par les puissants mouvements de la créature renversèrent plus d’un abri mal fixé. Dans le camp des bretonniens, seule la tente de Silvère de Castagne sombra : les sardines avaient été mal fixées.
     Une queue musclée et longue comme la lice, une gueule remplie de dents aussi longues que des poignards, des écailles luisantes d’un éclat métallique… Un dragon venait d’atterrir dans la vallée de Frugelhofen.

     Les vampires ébahis (rejoints par Von Essen, Ulrich et Penthésilée) n’eurent aucun mal à apercevoir un cavalier, non, deux cavaliers descendre du dos de la créature. Hauts et fins, vêtus d’armures étincelantes malgré la lumière du jour blafarde, ils atterrirent lestement par terre, se rapprochèrent lentement de la tête du dragon (qu’il avait penchée dans leur direction) et semblèrent converser avec lui.

     Ce fut alors qu’à leur perception se joignit un bruit de pas, puis de sabots, s’éloignant de la tribune vampirique : définitivement paralysés par la situation, les immortels virent Knut Nattfekter galoper à travers le camp mort-vivant en direction du dragon ; il était armé de pied en cap, et fonçait néanmoins telle une flèche vers sa cible.

     Le maître dragon de sang ne voulait surtout pas rater cette opportunité. Une légende prenait vie sous ses yeux, et l’impensable allait peut-être s’accomplir : il vaincrait la créature et deviendrait un guerrier accompli. Alors, le chemin vers son maître, et son maître avant lui, s’ouvrirait, il les verrait, enfin, après des siècles et des siècles d’errances.

     - Euh…
     - Il va…
     - Oh non…
     - Il est pour moi !
     - Hein ?! Ah ! Pour moi !
     Quelques chevaliers de sang bondirent en selle, déterminés à prendre part au terrifiant combat. Des bribes du mythe leur revenaient en mémoire : celui qui vaincrait le dragon serait le guerrier absolu…

     Gilgalad Swiftblade, haut elfe vampire de son état, fut légèrement étonné par l’accueil qui arrivait vers eux : un chevalier seul, avec des intentions évidentes. Réfléchissant aussi vite que l’éclair, il se tourna vers son immortelle épouse, Aryana : « Je m’en occupe » - lui dit-il.
     Effleurant à peine les brins d’herbe mouillés, glissant à travers la pluie, Gilgalad attrapa parfaitement la lance que son ennemi pointait vers lui, la détourna sans peine et la planta dans le sol, désarçonnant celui qui la portait.
     DANGER !
     Se baissant instinctivement, il évita à peine la lame dégainée du dragon de sang qui venait de le viser en pleine chute ; ce dernier atterrit avec une roulade, se releva et fonça droit vers le dragon, ignorant son adversaire.

     Arsvagnir, qui autrement était compté comme un sage parmi les siens, n’appréciait guère être menacé. Il se dressa subitement, soulevant de nouvelles bourrasques, face à l’inconscient qui osait le charger.

     Knut arma un coup d’estoc, bondit au mépris de toutes les morts qu’il encourait ; il ne vit que trop tard une fine silhouette l’intercepter en plein vol, déviant brutalement sa trajectoire et retombant avec lui quelque part sous l’aile droite du dragon.
     Il parvint dans la cohue à bloquer sa lame contre la gorge de son ennemi, mais fut outré de ne pas pouvoir forcer la maille du haubert… L’instant suivant, une pointe effilée s’arrêta à un cheveu de son œil droit.
     « Plus un geste ! »
     Le ton semblait partagé entre ennui et mépris, mais le dragon de sang saisit qu’il ne pouvait espérer vaincre à trois contre un. Si seulement Erwin avait été là…

     Un autre hurlement du dragon détourna l’attention des ses deux adversaires ; Knut saisit la seconde, se dégagea du danger immédiat ; il aperçut du coin de l’œil une poignée de vampires assaillir le dragon, qui s’éleva légèrement sur ses membres démesurés, avant de cracher un gigantesque cône de flammes en direction de ses ennemis. Diable, si Erwin est parmi eux…


     Von Essen, qui était resté sur la tribune, observait la scène en cédant au fatalisme. S’il avait prévu tout le chaos que l’arrivée d’un dragon engendrerait… Déjà les bretonniens vidaient eux aussi leurs places pour au moins s’approcher du spectacle… Il bénit intérieurement le sang-froid d’Ulrich, qui demeurait également à son poste, c'est-à-dire près de sa prisonnière.  
     - Mon cher…
     Le chroniqueur se retourna, comme piqué par une guêpe, suivi dans son mouvement par la demoiselle et son geôlier. Devant eux, une dame aux traits gracieux, aux cheveux de jais et à la robe sombre et somptueuse venait d’apparaître. De nulle part.
     - … est-ce cela, le tournoi du Fort de Sang ?
     Le vampire, qui détestait donner sa langue au chat, parvint à articuler deux mots :
     - Gilgalad… Dragon…
     - Tu veux un coup de main ?
     - … Oui ! Je t’en prie !
     - Qu’est-ce que j’y gagne ?
     Von Essen franchit vivement les trois pas qui les séparaient et enserra la dame avec fougue, l’embrassant passionnément. Lorsqu’il la relâcha, elle sourit…
     - Manipulateur…
     … et disparut dans l’ombre.


     Arsvagnir comptait une écaille en moins sur son torse ; une demi-douzaine de corps brûlés et inertes trainaient à ses pieds, alors que la majeure partie des tentes vampiriques achevait de se consumer.
     Une mystérieuse dame surgit alors dans son champ de vision, pile entre ses deux compagnons et leurs ennemis.
     - Alors MAINTENANT, ON SE CALME !!

     Erwin sentit tous ses membres se figer, à l’exception de ses yeux. Il vit alors tous les autres vampires, son maître y compris, dans la même détresse que lui. En apercevant l’étrange apparition féminine devant eux, il fut convaincu qu’il s’agissait d’une puissante magicienne, donc d’une cible qu’un jour, il trancherait en deux grâce à sa lame.
     La « cible » sembla royalement ignorer ses victimes, et se tourna vers le dragon. Le comble de la surprise pour les immortels fut de la voir s’incliner devant lui.
     - Je vous adresse nos plus plates excuses, au nom de tous les inconscients et les écervelés qui ont eu l’outrecuidance de vous manquer de respect. J’implore votre pardon, ce sont des enfants dont la plupart ne comptent pas un millénaire à leur actif.
     Un silence pesant s’installa sur la vallée cruellement défigurée par la bataille. Quelques cinq-cents pas plus en retrait, les bretonniens cessèrent leur cavalcade (la plupart, d’ailleurs, n’avaient aucune compréhension de la situation : ils avaient voulu charger dans le tas, comme des imbéciles).

     Gilgalad, certainement ennuyé par la situation, dévisagea sa tendre moitié, qui lui rendit son regard désemparé. Quelque part, ils auraient peut-être du prévoir le coup, anticiper… Le Prince Dragon vampire se tourna finalement vers Arsvagnir, qui semblait en train de réfléchir à la manière dont il allait tuer toutes les personnes présentes, excepté les siens.
     - Je vous dédommagerai, mon ami. Vous avez ma parole.
     Intrigué, le dragon le fixa longuement.
     - Je vous comprends, mon ami. Comme dit, je vous dédommagerai, j’en fais le serment.
     Alors, ils demeurèrent ainsi à se fixer pendant un long moment. Quelque chose dans l’air faisait que personne ne bougeait, de gré ou de force, et seuls les tissus déchirés des tentes étaient vivement agités par le vent.
     Après une insoutenable attente, tous virent le dragon se mouvoir. Il déploya ses ailes immenses, renversant quelques immortels malchanceux ; les bourrasques que son envol déchaina éparpillèrent tous les autres ; plusieurs bretonniens perdirent le contrôle de leurs montures et partirent au galop dans la direction opposée. Seuls la dame mystérieuse, Gilgalad et son épouse demeurèrent debout, comme s’ils étaient dans l’œil du cyclone. Ils observèrent silencieusement comment Arsvagnir disparut progressivement derrière les montagnes.
     Alors, Aryana osa prendre la parole :
     - Dame Arken, je vous remercie d’être intervenue. Toute seule, je ne sais pas ce que j’aurais fait avec…
     - … ces hommes, - compléta brièvement la lahmiane. – Ce sont des hommes, très chère. Rien de plus, ni de moins !
     Elles échangèrent un regard entendu, puis s’esclaffèrent. Déterminé à passer pour ‘plus qu’un homme’, Gilgalad intervint :
     - Et ce fameux tournoi, alors ?
     - Eh bien, - Dame Arken reprit contenance avec facilité, - je crois que Von Essen devra le remettre à plus tard…

     Derrière eux, le camp mort-vivant présentait l’apparence d’une forêt après un incendie.

     Observant quelques faibles flammes léchant les poutres de la tribune vampirique, le chroniqueur poussa un ‘très’ profond soupir.  

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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyVen 29 Juil 2016 - 13:30

Intermède III

 


     Après avoir été descendu de selle avant d'avoir pu comprendre ce qui lui arrivait, Euron se releva sans aide, blessé dans son honneur. « Comment un humain possède-t-il une telle force ? ‘Première fois depuis des années que j'en rencontre un qui m'a montré une maîtrise des armes susceptible de m'intéresser. C'est donc à Oldrick de faire le travail maintenant. »
     Alors qu'il quittait la lice, il capta des moqueries provenant de la tribune vampirique, concernant de son expédition rapide face à un "faible humain" selon leurs termes. Euron distingua immédiatement les fautifs et répondit d'une traite avant de partir, les laissant muets de stupeur : « Cet humain vaut bien plus que vous tous réunis, honneur et maîtrise des armes compris. Si vous ne le pensez pas, venez m'affronter mais je vous avertis ! Si vous perdez, je vous attache à la quille de mon vrai navire et je foncerai à travers les flots avec une telle vitesse que même votre régénération ne pourra pas compenser votre décomposition ! Au revoir, MESSIEURS ! » - avec la dernière phrase marquée de menace.

     Sa fureur était telle qu’il demeura de marbre lorsque le dragon atterrit.

     Sa fureur était telle qu’il ignora les flammes de la créature, qui semblèrent elles-mêmes l’éviter.

     Dans sa tente, intacte en dépit de l’infernal cataclysme, il se dévêtit de son armure et remit son équipement habituel.
     « Dire qu'avec ces pistolets, sur un navire, la chose aurait été vite expédiée... »
     Sur sa table de camp, il aperçut un collier serti d’une pierre noire et se rappela les paroles de son maître et commandant, Nyklaus von Carstein : « Si quoique ce soit arrive, brise cette pierre, j'arriverai avec toute la Flotte Maudite ».
     Il le mit autour de son cou et sortit, son chapeau masquant comme toujours son visage. Alors qu’autour de lui, des cohortes de squelettes s’affairaient à déblayer les débris de dizaines de tentes et de centaines de zombies déchiquetés, lui ne songeait qu’à digérer son intense fureur. Ses pas le conduisirent droit dans la forêt, et il se mit à remonter une pente boisée.  
     Il marchait depuis un bon bout de temps quand une douleur se fit ressentir. Son avant-bras le brûlait, Stromfels voulant du sang, le sang de ses adversaires. Euron hurla alors tellement fort que tous les oiseaux aux alentours s'envolèrent, apeurés. Ses orbites, habituellement bleues, devinrent rouges et sa vision spirituelle se voila d’un nuage écarlate ;  le revenant eut l'impression d'évoluer dans un rêve.
     Une vingtaine d’orques affamés descendaient la montagne, l’un d’eux portait une armure noire et un autre avait tout de l’apparence d’un chaman...
     Euron ne reprit conscience avec la réalité qu'à la fin du carnage, lui au centre d'un cercle de cadavres démembrés, troués de toutes parts par des balles, tranchés par une lame... Certains des cadavres étaient même réduits à l'état de pulpe, signe de la folie de Stromfels.
     Il repartit ensuite vers le campement en ruines, retrouva le champ de tir désert de son équipage. Il sortit de sa tente la table de camp, posa dessus le buste d'une statue avant de s'éloigner d'une centaine de mettre. Il rechargea ses pistolets, et tira, tira jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien que d'infimes morceaux de pierre ainsi que de la poussière.
     Ne pouvant rester tranquille, le revenant arpenta la zone aux alentours avant de se diriger vers le Fort de Sang. À l'aide de deux sorts, il s'y téléporta et masqua sa présence afin de ne plus être importuné par des vampires simples d'esprit dont le seul but était de se moquer de lui alors qu'ils n'avaient pas fait mieux. Il se dirigea vers la tour où la dame était enfermée quand il entendit des bruits de ferraille dans la cour... Il s'approcha alors et vit la dame en train de combattre son geôlier. Von Stromdorf la vainquit, mais lorsqu’il s'approcha d'elle, Euron remarqua, d’après ses manières, qu'il s'était entiché de cette dernière.
     Ce comportement devait remonter à un bout de temps - analysa-t-il - il ne servait donc à rien d'avertir Von Essen. Avant de repartir vers sa tente, il décida désormais de surveiller très discrètement la dame.
     
     Devant ce qui restait de la tente d'Oldrick, il laissa un simple message sur lequel était inscrit : « Bonne chance » avec « Euron » situé à la fin.
     Il alla ensuite vers sa tente et croisa le prêtre de Stromfels qui l'accompagnait. Bizarrement, ce dernier hocha la tête comme si tout était arrivé selon un schéma bien précis... Euron se mit alors à aiguiser de nouveau son sabre et à recharger avec de la poudre sèche tous ses pistolets. Il aurait maintenant le rôle d'observateur et donnerait si besoin le signal à son équipage et à Nyklaus si qui que ce soit décidait d'altérer le tournoi, en la faveur de son équipe ou de celle des bretonniens, dame ou pas.
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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyVen 29 Juil 2016 - 15:57

***


     Alors qu’à même le champ de lice boueux, une discussion animée se tramait entre le duc de Parravon, son connétable, Von Essen et Hans von Randohm, Oldrick se vit contraint de se retirer au camp mort-vivant : le tournoi venait d’être suspendu, pour cause de catastrophe… draconique.
     Il convint finalement que l’étendue des dégâts en valait la peine : tentes brûlées, affaires perdues, quelques victimes collatérales… Décidément, les vampires subissaient des dégâts avant même qu’il y ait eu une offensive bretonnienne.
     « NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! »
     Oh non…
     « MON GRIMOIIIRE ! »
     Alors qu’il arrivait à l’endroit où son maître et lui s’étaient installés, le roi revenant vit un Anthézar désespéré accourir et fouiller frénétiquement le terrain. De manière totalement inattendue, sa mine déconfite s’illumina soudain :
     - OH ! Oh oui ! Ouf ! Oh par ma merdre ! Oh oui !
     Il souleva de terre un mince volume qui ressemblait plutôt à une pile de vieux papiers dans un étui de cuir noir. Il ne fumait même pas.
     - Tu l’as enterré, ou…
     - Il a survécu ! Il est vraiment magique ! Il est vraiment magiiique !
     Oldrick songea que sa propre non-vie était déjà une preuve irréfutable de l’utilité de cette paperasse, mais convint pour lui-même qu’il ne s’attendait pas à ce que les pages soient ignifugées. Ces nécromanciens avaient donc une longue expérience des livres brûlés…
     Il regarda encore un peu comment son maître s’amusait à vérifier si toutes leurs (maigres) affaires étaient en bon état, pensif. La finale était donc remise à plus tard. Demain, sans doute, vu l’impatience et le soudain regain d’envie des mortels. Il n’avait donc que le temps pour remettre son armure en état, affûter son épée, s’entrainer…

     Une légère tape à l’épaule le fit se retourner : son appréhension se changea en allégresse lorsqu’il vit à côté de lui le Roi Muet, juché sur son destrier mort-vivant. Le nouveau venu lui montra un bout de page sur lequel il avait griffonné :
     « Bravo pour ton combat »
     Le seigneur des batailles hocha la tête, en ajoutant :
     - Ça n’a pas été facile.
     Le Roi Muet reprit le papier, tenant dans son autre main un bout de charbon (il en avait beaucoup aux alentours). Quelques traits rapides, et il montra le résultat :
     « Bonne fortune pour la finale »
     - Merci !
     Oldrick observa son compagnon demeurer un petit moment, puis saluer de la tête avant de mette sa monture en mouvement.
     - Attendez.
     Le Roi Muet s’arrêta, se retourna.
     - Notre combat d’hier m’a bien aidé aujourd’hui. Je vous serais reconnaissant de croiser le fer à nouveau, en vue de ce qui m’attend demain.
     Son compagnon ne bougea pas un court instant, avant de détourner légèrement sa monture et acquiescer du chef une deuxième fois, cette fois-ci pour marquer son accord.
     - A la bonne heure ! Espérons que notre champ soit toujours exploitable.


     Ils le trouvèrent exploitable, mais nullement désert : un cavalier solitaire semblait les y attendre. Ils s’en approchèrent sans excès de crainte, devinant peu à peu son identité : Wilhelm Kruger, chevalier de sang. Leurs doutes sur ses intentions se dissipèrent lorsque le vampire les salua courtoisement.
     - Vous n’êtes pas là par hasard, - constata simplement Oldrick.
     - Juste ! Je souhaite prendre part à votre entrainement.
     Les deux rois revenants se dévisagèrent, même si leurs crânes étaient quasiment semblables (celui du Roi Muet était légèrement moins anguleux).
     - Je suppose que votre défaite contre le sire de Castagne n’y est pour rien ? – ironisa le seigneur des batailles.
     - Aucun rapport, - répondit Wilhelm avec un large sourire.
     - Fort bien ! – Oldrick dévisagea une nouvelle fois son compère, qui montra son accord par un pouce levé. – Nous acceptons avec plaisir, messire Kruger !

     Ils convinrent de commencer par le duel entre revenants, le chevalier de sang recevant la responsabilité de repérer d’éventuelles erreurs. Le Roi Muet avoua qu’il n’avait point fait vérifier sa lance, suite à quoi il fut adroitement secouru par le vampire, qui lui prêta la sienne. Alors, les combattants se mirent en place, et Wilhelm donna le signal.
     Tous deux foncèrent, la cape d’Oldrick s’éveillant comme désormais à son habitude : il ne fut plus surpris de la voir dévier la frappe pourtant efficace du Roi Muet (le Roi : 3T, 0B) ; il se rendit compte trop tard que cet excès de confiance lui avait valu une précision tout aussi médiocre (2T, 1T annulée, 0B).
     Le chevalier de sang leva un sourcil.
     - Encore une fois ! – rugit le seigneur des batailles, passablement écœuré par sa propre prestation.
     Les deux revenants firent faire une volte-face à leurs montures, chargèrent à nouveau… sans plus de succès (le Roi : 1T, 0B ; Oldrick : 1T annulée).
     - Messieurs, ça ne va pas du tout ! – s’enflamma soudain Wilhelm. – On ramassera vos os à la pelle si ça continue comme ça !
     Furieux et impatients, les adversaires se retournèrent une troisième fois, abaissèrent leurs lances…
     Le choc fut effroyable. Oldrick se maintint miraculeusement en selle (Coup Fatal ! du Roi annulé), alors que son compagnon fut projeté à terre (Oldrick : 2T, 2B dont 1 Coup Fatal !  3 PV !!!).
     Après s’être assuré que toutes ses jointures étaient en place, le Roi Muet se releva péniblement, montrant un pouce levé à son adversaire. Le chevalier de sang parut également satisfait.

     Oldrick se remit en place, alors qu’en face de lui se tenait désormais un vampire dont l’adresse n’avait pu qu’être dépassée par le champion bretonnien. Le Roi Muet donna le signal.
Le nouvel adversaire du seigneur des batailles l’impressionna : si Oldrick ne dut son salut qu’à son armure (Wilhelm : 2T+1T, 2B, 2 svg), le vampire encaissa le frappe du roi revenant de plein fouet, sans broncher… ou alors s’agissait-il de quelque technique pour dévier la force de l’ennemi (Oldrick : 2T, 0B).
     - Messire ! – cria le chevalier de sang. – Essayez de viser la tête !
     - A vos risques et périls ! – rétorqua le seigneur des batailles.
     Le Roi Muet redonna le signal… et fut de nouveau impressionné : son compagnon ne put dévier la lance du vampire, et seule une chance insolente le retint de vider les étriers (Wilhelm : 3T+1T, 2B dont 1 Coup Fatal annulé, 1 svg), alors que le sire Kruger semblait se rire de l’arme du revenant (Oldrick : 2T, 0B).
     Ce dernier sembla poussé à bout :
     - Saloperie de… Mais comment vous faites ?!
     - Question de maîtrise. Décidément, je vois que Silvère est meilleur jouteur que vous. Vous pourrez vous défendre, mais vous aurez du mal à attaquer.
     - Ce tournoi est la première fois où je brandis ce genre d’arme.
     Oldrick regarda sa lance, songea qu’il préférait nettement son épée.
     - Puis-je suggérer une dernière fois ?
     - Autant de fois qu’il en faut ! Le jour décline à peine !
     - A la bonne heure.
     Le Roi Muet, s’attendant à une nouvelle excellente prestation du vampire, réitéra le signal pour la troisième fois.
     Il ne fut pas déçu, sauf que cette fois-ci, Oldrick ne perdit rien au change : paré à encaisser le coup, même sans technique, il misa toute son attention dans sa cible (le tête de Wilhelm), ce à quoi ce dernier ne s’attendit pas (Wilhelm : 1T+3T, 2B dont un Coup Fatal annulé, 1 PV ;  Oldrick : 3T, 1B Coup Fatal ! 3 PV !!!).

     Remettant son bras disloqué en place, le seigneur des batailles observa, satisfait, le chevalier de sang se relever, à moitié sonné. Son heaume s’était envolé dans l’affaire, mais le Roi Muet se fit un privilège de le remettre à son propriétaire, qui le garda sous le coude.
     - Eh bien… - haleta-t-il, - vous voyez quand vous le voulez…
     - J’aimerais me joindre à vous.
     Les trois compagnons se tournèrent dans la direction d’où provenait la voix, reconnurent Euron, le dernier adversaire du sire de Castagne. Oldrick décida promptement :
     - C’est d’accord ! Ne laissons rien de côté !

     Il s’était armé à la hâte en entendant le bruit du combat non loin ; un moyen de se dépenser de plus et un moyen de contribuer à la chute du mortel, voila une opportunité qu’il ne pouvait rater. Wilhelm et le Roi Muet se mirent en retrait, Wilhelm donnant le signal cette fois-ci.
     Les lances furent abaissées, les montures galopèrent ; le seigneur des batailles ne manqua pas de voir la lueur rouge de l’armure d’Euron lorsque sa lance crissa sur le métal (Oldrick : 3T, 2B, 1 svg + 1svg) ; Euron, de son côté, put juger de l’efficacité de la cape d’Oldrick (Euron : 2T, 1B, 1 svg).
     - Encore ! – dirent-ils à l’unisson.
     Leur empressement leur coûta la charge (Oldrick : 0T ; Euron : 2T, 1B, 1 svg).
     - Encore !
     Telles deux vagues de tempête ils se heurtèrent, Oldrick stupéfait par l’armure du capitaine (4T, 3B, 3 svg) et Euron incrédule face à la chance du seigneur des batailles (2T, 1 Coup Fatal annulé).
     - Encore !

     Tous les quatre bataillèrent jusque tard dans la nuit.
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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyVen 29 Juil 2016 - 23:50

***


     Alors que deux rois revenants venaient de s’éclipser du camp dévasté, deux vampires demeuraient figés comme de la glace. Avant eux, tous les autres avaient été relâchés de l’emprise mystique de la mystérieuse vampiresse.
     Chaque fibre de leurs corps tendue à l’extrême, Knut et Erwin luttaient contre le maléfice. Dans leurs regards se lisait la même détermination aveugle, touchant au fanatisme : ils mettraient à mort cette sorcière, coûte que coûte.
     Les bras croisés, la mine sévère, Dame Arken patientait. Cette situation, elle la ressentait comme une impasse diplomatique, une impasse qu’elle avait elle-même causée, et qu’elle devait maintenant résoudre. Gilgalad avait été formel : le plus vieux des deux lui avait causé bien du fil à retordre lors de sa brève agression, et le Prince Dragon vampire passait pour l’un des meilleurs guerriers du Vieux Monde.
     Par conséquent, elle ne pouvait traiter le sort de ces deux immortels à la légère.
     - Vous… ne pouvez pas simplement les envoyer loin d’ici ? – tenta Aryana.
     Elle et son époux n’avaient pas quitté l’endroit de l’affrontement, se sentant responsables des conséquences de leur arrivée si peu conventionnelle, et finalement pas très réfléchie.
     - Dame Arken ?
     - Non, je ne peux pas simplement les faire disparaître. Je ne ferais que de repousser le problème à plus tard.
     - Au pire, on peut toujours les achever, - osa Gilgalad. – Je plaisante, bien sûr, - rajouta-t-il face aux gros yeux que lui faisait son épouse.
     La lahmiane songea à une banale prise d’otage : le petit dans les geôles du Pinacle, le grand à son service… A court terme, c’était la chose à faire. A long terme, c’était une hache suspendue au dessus de sa tête. Il devait y avoir mieux à faire.
     - Gilgalad, vous êtes dragon de sang, comme eux.
     - Certes…
     - Aidez-moi !
     - J’aimerais bien, mais nous n’avons pas les mêmes valeurs. Je vois les dragons comme –
     - Merci, oui, ça, je comprends.
     - Pourquoi me demander alors ?
     Dame Arken se retint de lever les yeux au ciel.
     - Mais en quoi, de toute façon, ça vous pose problème qu’ils vous haïssent ? – s’enquit le haut elfe vampire. – Ils ne seraient pas les premiers…
     - Elle ne veut pas se les mettre à dos inutilement ! – s’insurgea Aryana.
     - Moi, tous les elfes noirs du Vieux Monde me haïssent, et ça ne me fait ni chaud, ni froid.
     Aryana soupira bruyamment, provoquant un « Quoi ? » interloqué de son époux.

     - Eureka !
     Le couple tressaillit. Le visage de leur amie venait de s’illuminer.
     - Eureka ? – répéta Gilgalad.
     - « J’ai trouvé », en néhékharien. – expliqua dame Arken. – Chevalier, très chère, je vous prierai de ne pas intervenir. Si vous voulez, vous pouvez même partir.
     Les deux époux se dévisagèrent, Aryana répondit pour les deux :
     - Nous restons au cas où.
     - N’intervenez surtout pas.
     - Si vous le dites.
     - Je vais les libérer.
     - Hein ?!
     - Quoi ?!
     Ils virent la lahmiane faire apparaître un long fouet noir dans sa main droite, et une dague effilée dans sa main gauche. Ils aperçurent également, accroché dans son dos, un long bâton en bois d’ébène.
     - On va parlementer, – prononça-t-elle d’un ton résolu.    

     A peine Erwin sentit qu’il était libre de ses mouvements, il bondit telle une flèche, armant un coup redoutable ; son ennemie fit siffler son fouet, mais il esquiva l’épaisse lanière comme l’on esquive un serpent. Il la sentit plus qu’il ne vit dévier sa lame au dernier moment : la vampiresse savait se servir de sa dague… (Erwin : 4T, 1B, 1 PV !).  
     Sentant l’arme du vampire mordre son épaule, Arken réagit instinctivement, glissant droit vers la gorge ; grande fut sa surprise lorsque l’acier impérial s’opposa à sa lame (Arken : 2T, 1B, 1 svg).
     Knut attaqua l’instant d’après, sa frappe moins précise qu’il l’aurait voulu : il risquait de mutiler son apprenti. Néanmoins, il fut assez précis pour arracher un cri de stupeur à la lahmiane : l’autre épaule était atteinte (Knut : 2T, 1B, 1 PV !). Il ne s’attendit pas au brusque retour du fouet dans son dos, mais l’arme ne fit rien d’autre que de le surprendre (Arken : 2T, 0B).
     Blessée, calculant frénétiquement la situation, la lahmiane se dégagea brusquement du contact par un saut en arrière fulgurant ; Erwin bondit à sa poursuite, préparant un coup de taille, mais s’aperçut trop tard que la lahmiane se penchait légèrement : son épée s’écrasa sur l’étrange bâton dans son dos, qui s’avéra incassable (Erwin : 2T, 1B, 1 svg). Une vive douleur le prit au bas-ventre : son ennemie venait d’y enfoncer son poignard jusqu’à la garde (Arken : 3T, 3B, 2 svg, 1 PV !) et seule son armure l’avait empêchée de lui ouvrir ses entrailles ; Knut tenta le contournement, frappa d’estoc, mais la vampiresse semblait avoir anticipé la manœuvre : virevoltant, esquivant, elle opposa son bâton à la pointe meurtrière de l’épée (Knut : 4T, 3B, 3 svg !!).
     Le fouet revint une seconde fois, maitrisé d’une main exercée : l’épaisse lanière s’enroula autour du cou du dragon de sang, la lahmiane tira violemment et attira son adversaire droit sur une seconde dague, plus courte, qui avait surgi de sa manche ; l’acier céda ; atteint droit au cœur, Knut sentit sa vision s’éteindre (Arken : 2T, 1B Coup Fatal ! 4 PV !!!).
     « MAUDITE ! »
     Erwin se jeta sur elle, mais la vampiresse enchaina des esquives à reculons, aussi fuyante qu’une ombre (Erwin : 0T).
     Il était – elle revint brutalement à l’offensive, obligeant le dragon de sang à user de son bouclier – à sa merci !
     Dame Arken finit par ajuster un violent coup de pied en plein dans sa mâchoire, détruisant sa garde, le mettant à terre ; Erwin grogna de douleur alors que la dague plantée dans son ventre était arrachée ; à l’instant suivant, la vampiresse était sur lui, plaçant la lame ensanglantée contre sa gorge (Arken : 5T, 4B, 2 svg + 1 svg, 1 PV !!!).

     « Croyez-vous encore que je suis lâche et sans honneur ?! »
     Bouillonnant de mépris, Erwin entendit une petite voix intérieure qui reconnaissait qu’un combat honorable venait d’avoir lieu. Une impression… qu’il tirait des enseignements de son maître ?! D’abord irrésolu, fermement convaincu d’une fraude, le dragon de sang revit dans sa mémoire chaque fragment de la mêlée : aucune magie, aucun maléfice. La… créature qui venait de le vaincre avait simplement été plus rapide, plus forte et plus précise que lui. Lorsqu’il reconnut cela, le sens de ses paroles de naguère lui parvint enfin : elle n’avait usé d’artifices que pour mettre un terme à une incroyable sorte de malentendu…  

     Gilgalad retira la dague qui paralysait Knut Nattfekter, et bondit juste à temps pour esquiver un coup vicieux qui visait ses yeux.
     - Maître !
     Knut s’arrêta pendant un instant, juste ce qu’il faut pour voir la situation : son apprenti se tenait droit auprès de l’ennemi, et le fixait d’un regard triste, mais honnête :
     - Ce n’est pas une sorcière, maître. C’est une von Carstein.
     Arken se mordit la langue pour ne pas le corriger ; tout valait mieux que de compliquer encore les négociations.
     - Non ?! – rétorqua Knut.
     - Si. Et elle sait se battre, jugez par vous-même.
     - Son fouet –
     - … n’est pas magique, maître, j’en suis certain.
     - Et donc ?! Le… le dragon ?!
     - Appartient à Gilgalad Swiftblade, qui est des nôtres. Vous m’avez vous-même parlé de lui une fois.
     Si le maître dragon de sang ne se rappelait pas de cette fois précise, il connaissait le nom de Swiftblade.
     - Et nous…
     - … lui avons clairement manqué de respect, sinon pire.
     - Par les plumes et le gosier desséché de Morr… Merdre !!  




Spoiler:


Dernière édition par Von Essen le Sam 30 Juil 2016 - 2:15, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyVen 29 Juil 2016 - 23:56




     Les combats furent longs et éprouvants pour Oldrick, mais ils en valurent la peine. Chaque précieux conseil de ses congénères avait été retenu, tourné dans tous les sens et expérimenté encore et encore durant une bonne partie de la nuit. La maitrise de Wilhelm, le calme du Roi Muet et la fureur d’Euron, chacun avait eu quelque chose à lui offrir à sa manière. Si son art martial avait été bon, maintenant il était excellent. Mais cela suffirait-il ? Son adversaire était réputé pour sa maitrise de la lance et Oldrick ne pouvait pas toujours se reposer sur sa résistance naturellement hors du commun…

     Le seigneur des batailles revint à lui en secouant sa tête brusquement. Ses doutes allaient devoir être mis de côté. Pour le moment, il chevauchait en direction de ce qui restait de la tente qu’il partageait avec Anthezar. Il y avait peu de temps, il était parti du champ d’entrainement improvisé après avoir « discutaillé » avec le Roi Muet.
     Sa jument jeta un coup d’œil vers son cavalier après avoir senti son sursaut - Oldrick la réconforta en flattant son encolure encore moite de la sueur accumulée par l’effort. C’est qu’il allait lui falloir du repos, à ce pauvre animal, se dit-il, compatissant. Oldrick se redressa sur sa selle et regarda vers le ciel. La voute céleste lui offrait ses étoiles entre deux nuages fugaces, à moins que ce ne soit le dragon ? Comment dire à cette distance…  S’arrachant à sa contemplation, Oldrick pressa le pas de la jument. Il ne lui fallut que peu de temps avant d’arriver à destination. Il trouva Anthezar en train de courir en tous sens pour remettre de l’ordre dans le capharnaüm ambiant.
     « Ah ! Oldrick ! - s’exclama-t-il. - Tu es enfin de retour. Viens m’aider à ranger tout ça ! »
     Alors que le revenant allait lancer une remarque taquine à l’encontre de son maître, il remarqua un petit bout de papier accroché sur une poutre qui tenait la tente.

Citation :
Bonne chance
    -Euron

     Oldrick gloussa, même son écriture ressemblait à des vagues. Maintenant qu’il y repensait, il aurait rencontré une sacrée galerie de personnages en ces lieux. Tout sourire, Oldrick se dit que les souvenirs d’un tel évènement allaient être mémorables. D’ailleurs, il commençait à être tenté par une petite virée maritime…
     Un éclat lointain lui parvint des tentes bretonniennes de l’autre côté de la vallée. Il pouvait vaguement apercevoir un chevalier qui recevait des louanges ; sûrement Silvère, - se dit-il. Ses orbites s’illuminèrent subitement de plus belle et les flammes rouges qui en sortaient prirent de l’amplitude, se teintant ainsi de bordeaux et d’ocre. La cape de fourrure s’anima d’elle-même et ondula au gré des émotions du Seigneur des batailles. L’ombre qu’elle projetait autour faisait ressortir d’autant plus la couleur écarlate des orbites d’Oldrick.
     « Heu… Oldrick ? - fit la petite voix d’Anthezar.
     - Oui ? - lui répondit un Oldrick plus jovial que jamais. »
     Anthezar se dit que le revenant était en train de réussir un tour de force improbable en donnant l’impression qu’il souriait encore plus que d’habitude.
     « Tu m’as l’air… menaçant et content.
     - Plus que jamais.
     - B…bien, garde l’idée, – répondit Anthezar qui semblait crispé. – Tu… es parfait comme ça.
     - Si tu veux, - lança-t-il nonchalamment. »
     Toute l’attention d’Oldrick était concentrée sur Silvère. Il voulait voir de quoi il était capable. Il voulait savoir s’il méritait ses victoires. Le chevalier avait piqué sa curiosité et il était plus qu’impatient d’en découdre avec le bretonnien. L’apparition cauchemardesque qu’était Oldrick à ce moment se mit à ricaner - le résultat n’en fut que plus terrifiant. Ce n’était pas tant l’idée du combat qui l’amusait, mais plutôt ses enjeux. Ce n’était pas habituel pour lui de se laisser aller de la sorte, mais la situation était inhabituelle justement. Quelque chose de grandiose était sur le point d'arriver demain et il allait être là pour le voir. Il allait assister à un évènement historique dont il était l’un des acteurs. Comment ne pas en être fier ?
     « Par les anciens... Demain... Oui, demain sera un jour glorieux ! » - se dit-t-il avec excitation.
     Finalement, le roi revenant soupira et leva les yeux au ciel. Ses orbites reprirent une teinte normale et sa cape se calma. En rentrant dans sa tente, Oldrick lança un dernier regard compatissant en direction de Silvère.
     « J'espère que tu es prêt, parce que je le suis déjà. »



***
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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptySam 30 Juil 2016 - 0:03



     Dans la plus haute tour du Fort de Sang, Penthésilée de Gransette peinait à s’endormir malgré l’épuisement. Pendant toute l’après-midi, elle avait tenté d’appliquer la technique que Brionne lui avait enseignée, en vain. Quelque chose lui échappait, elle avait peut-être oublié un mouvement, peut-être que son maître d’armes s’était trompé, ou alors – elle ne voulait pas l’envisager – Ulrich von Stromdorf connaissait cette botte.
     Prostrée sur son lit, la demoiselle se sentait trop tourmentée, tant et si bien qu’elle n’avait guère pris la peine d’ôter ses habits ; ce ne serait pas la première nuit ou elle s’endormirait comme ça, ce n’était pas grave. Le plus grave était qu’elle n’était pas parvenue à s’en sortir, et qu’elle devait de nouveau se remettre à l’incertitude du tournoi. Elle détestait cela. Se tournant tantôt sur un flanc, tantôt sur un autre, elle ressassait ses dernières passes d’armes avec son geôlier, ainsi que les conseils de Brionne, et s’efforçait de trouver ce qui clochait, sans succès. Ils avaient croisé leurs épées en bois à deux reprises, et le bruit avait suffit pour attirer le colossal chevalier de sang. Le héraut n’avait eu que le temps de s’enfuir discrètement, et tout le reste de la nuit, elle avait du répéter seule, s’efforçant de ne rien oublier.
     Et le jour suivant, évidemment, ça ne marchait pas !
     La demoiselle enfonça son nez dans l’oreiller, poussant un grognement de frustration.

     *On veut l’étouffer !! Plus vite !!*

     Penthésilée se releva brusquement ; s’était-elle endormie ? Le remue-ménage qu’elle entendit quelque part lui confirma qu’elle ne rêvait pas. Quelque part… près de la fenêtre ?!
     Elle accourut en toute hâte, pour se retrouver nez-à-nez face à un individu qui faillit pousser un cri face à cette rencontre impromptue.
     *Dame Penthésilée ?*
     Après un pas en arrière, elle parvint à distinguer les contours d’un jeune homme de forte carrure, qui lui-même était en train de la détailler.
     *C’est bien vous ?*
     Bien que ce n’était pas la première tentative de la libérer, elle n’en croyait pas ses yeux.
     *Alors, c’est bien elle ?* - chuchota une autre voix en contrebas.
     *Chut !* - rétorqua le jeune homme. – *Dame Penthésilée, nous sommes là pour vous libérer !*
     Le cœur battant à tout rompre, la demoiselle reconnut enfin Colin Oméga, l’un des chevaliers qui avait participé au tournoi.
     *Dame Penthésilée, dépêchez-vous !* - la pressa-t-il.
     Ebahie, elle s’approcha prudemment de la fenêtre.
     *Allez-y, - lui indiqua le jeune chevalier, - descendez !*
     Elle osa regarder en bas, et vit non moins d’une quinzaine d’hommes solides se tenant l’un sur les épaules de l’autre, s’appuyant contre la paroi du donjon. Horrifiée, elle recula d’un pas.
     *Mais… Dame ! Il y a vot’ frère qui nous tient tous, y tiendra pas jusqu’au Jour du Graal !*
     *Mon frère ?!*
     *Oui !! Charles-Hubert de Truc de Gransette !*
     *De la Bath de Gransette de Baisebaule !* - le corrigea-t-elle avec sévérité.
     *Bon, vous descendez, oui ?!* - l’apostropha encore plus sévèrement le chevalier.
     *J-j’arrive…*
     Prenant son courage à deux mains, la demoiselle enjamba le rebord de la fenêtre, puis attrapa le sire Oméga par l’épaule, posant son pied sur ce qu’elle devina comme la tête d’un autre homme, qui tint bon.
     *Gabriel de Saint-Ange, ma dame ! Pour vous tenir tête !*
     Au fur et à mesure qu’elle descendait, les vaillants sires se présentaient à elle dans un furtif murmure, alors qu’elle n’en revenait pas de la réussite de leur opération.
     *Parsifal du Val d’Or de Gasconnie ! Pour vous servir !*
     *Valmont de Barra, noble dame.*
     *Mérouault de Quen !*
     *Marceau du Val d’Or de Gasconnie, à votre service !*
     Un vent frais soufflait, mais nulle pluie ne s’abattait sur eux : le ciel nocturne était sans nuage.
     *Jean de Fresnay de Glissois de Montfort, noble dame !*
     Elle compta une vaste majorité de chevaliers de sa maisonnée, seuls quelques uns lui étaient inconnus. Arrivée en bas, elle fut gratifiée d’un *Pas trop tôt !* adorable de son cher frère, qu’elle aurait serré très fort dans ses bras s’il n’était pas toujours occupé à attendre la descente des autres nobles sires. A peine le sire Oméga fut descendu, qu’il se vit assaillir de questions sur leur opération, en dépit des *Chut !* incessants du sire de Gransette :
     *Où sont les sentinelles ?*
     *Toutes en bas, je crois ! Tous aux réparations !*
     *Mais comment-êtes-vous entrés ?*
     *Ben, comme là, par dessus le mur… Le tunnel proposé par le sire Osbourne aurait été trop long à faire.*
     *Et comment vous allez sortir ?*
     *Par-dessus le mur !*

     - Par dessus mon corps.

     Charles-Hubert se retint d’extrême justesse : tout faux mouvement et ses compagnons s’effondreraient sur lui. Ceux qui avaient déjà les pieds sur terre furent comme foudroyés par les mots qui venaient d’être clairement énoncés. Ils regardèrent et virent en bas, dans la cour, une silhouette solitaire nettement définie par le clair de lune. Le sinistre personnage avait une carrure semblable à celle du sire de Gransette, et nul ne fut assez niais pour ne pas reconnaître le détestable Ulrich von Stromdorf.
     - Par la Dame, il est seul !
     - Il est seul ! La fortune nous sourit.
     Le chevalier de sang semblait les attendre les bras croisés. Enfin libéré de son énorme fardeau chevaleresque, Charles Hubert dégaina immédiatement son épée, quand soudain il aperçut sa sœur se placer devant eux.
     - Arrière ! – lança-t-elle brutalement. – C’est moi qui vais l’affronter !
     Sans attendre leur réponse, qu’elle savait au mieux compatissante, au pire moqueuse ou outrée, elle tourna les talons et dévala la pente caillouteuse en direction de la cour.
     - Ulrich !! – hurla-t-elle. – Je veux une épée !
     L’intéressé, qui affectionnait l’ambidextrie, avait en effet deux armes à sa ceinture : ses lames jumelles favorites. Il fut le premier surpris en voyant sa main sortir l’une d’elles de son fourreau et la lancer à la demoiselle. L’habitude, à force de l’affronter… Penthésilée attrapa l’épée au vol et chargea le vampire sans l’ombre d’une crainte.
     Ulrich dégaina, se prépara à parer ; quelque chose n’allait pas, la demoiselle fonçait droit sur sa lame. Il n’avait plus le temps de réfléchir…

     Penthésilée sentit sa lame perforer son ennemi de part en part (5T, 3B+1B dont 1 Coup Fatal ! 3PV !!!), alors-même qu’une vive froideur s’engouffrait dans sa propre poitrine… (Ulrich : 4T, 2B, 2 PV !!).
     - M… magnifique…
     Après ces faibles paroles qu’elle ne comprit pas, la demoiselle sentit une masse énorme s’effondrer sur elle. La douleur la rattrapa alors, impitoyable, lancinante… Un liquide chaud et épais atteignit sa gorge, puis sa langue. Penthésilée ne sentit presque pas la pierre froide de la cour en tombant ; une faible odeur de brûlé chatouilla ses narines…

-

     Dans la taverne de Georges, dit « Le Gros », cinq personnes étaient assises autour d’une table ronde : Von Essen, Dame Arken, Gilgalad, Aryana et (paradoxalement) un nain, que l’on nommait Gromdal. Chacun tenait des cartes en main, et chacun se jetait des regards en biais, souvent accompagnés d’un petit sourire.
     - Bon alors, tu annonces ? – s’enquit le Prince Dragon vampire après du nain.
     - Roi de Pique ! – répondit celui-ci.
     - Oh ? – plaça Von Essen. – Je parie que c’est Aryana.
     - Et moi, je parie sur Von Essen, - répondit Dame Arken.
     - Non. Pas du tout.
     - Bon -
     Gromdal n’eut guère le temps de poser sa carte : quelqu’un fit irruption dans la bâtisse.
     - Messire ! Le Fort est en flammes !

-

     L’Association des chevaliers vertueux complotant honorablement pour la libération de dame Penthésilée descendit dans la cour au pas de course, se prenant la tête entre les mains ; ils soulevèrent la demoiselle aussi doucement qu’ils purent, et une cape (la plus grande) servit de civière.
     Ils coururent alors en direction des portes du Fort, furent rejoints en cours de route par le sire Robin Osbourne qui annonça en arrivant  *C’est allumé ! Nous pouvons partir !*  et fut fort surpris lorsque son annonce se brisa contre un silence inquiet. Il comprit toutefois la situation en voyant la civière.

     « YAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!! »  
     Le trébuchet chargé tira enfin : le sire de Gransette défonça les antiques planches du portail d’un épouvantable coup d’épaule, envoyant des éclats de bois vers l’extérieur, affolant les chevaux qui attendaient non loin.
     Ils montèrent, improvisant le transport de la blessée : quatre chevaliers tinrent la cape par chaque coin, tenant adroitement leur bride d’une seule main. L’expédition de sauvetage quitta le Fort au galop, traversa les bois, se retrouva dans la plaine, face au camp mort-vivant, ne s’arrêta pas, contournant par le nord. Ils furent rejoints là-bas par dame Gaea, prophétesse du Graal : elle chevaucha à la suite de la blessée, murmurant des prières, raffermissant la foi des nobles sires. Lorsqu’ils parvinrent enfin à la tente ducale, les hommes furent stupéfaits en voyant leur dame quitter précipitamment sa civière, affaiblie, mais indemne. Une fois de plus, la prophétesse venait d’accomplir un miracle, et tous louèrent son nom et celui de la Dame du Lac.


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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptySam 30 Juil 2016 - 1:58



     Après sa défaite contre Silvère de Castagne, Sir Robin avait un peu boudé, avant de se dire que son adversaire était des plus valeureux, et que la défaite n'était point honteuse. Il s'était ensuite fait discret pour la suite des évènements, assistant aux joutes et soutenant les Bretonniens.
     Dans le même temps, il avait fait connaissance avec l’Association des chevaliers vertueux complotant honorablement pour la libération de dame Penthésilée. Ces derniers nécessitaient visiblement un incendiaire qualifié pour leur honorable complot. Robin avait promis de les aider, et avait amassé une réserve considérable de matériel pyrotechnique dans sa chambre dans la taverne de Georges, dit "le Gros". Il avait même réussi à mettre la main sur une authentique Saucisse de Géorgie, qu'il avait gardé pour plus tard, car ce morceau de charcuterie le fascinait au plus haut point, et il souhaitait effectuer des expériences avec.


     Le shérif avait ensuite utilisé une partie de son stock afin de déclencher un incendie au sein du Fort de Sang. Cet incendie avait été allumé avec le plus grand soin, car Sir Robin était compétent dans sa folie. Un mélange d'huile et d'alcool albionnais avait été répandu à plusieurs endroits stratégiques, reliés entre eux par plusieurs cordelettes imbibées de la même infâme mixture, servant de mèches. Le vaillant shérif n'eût plus qu'à allumer les mèches à l'aide de son briquet. Il avait également disposé d'autres mèches, en simple ficelle celles-ci, afin de déclencher plusieurs feux d'artifices placés sur les hauteurs du fort. Ces feux d'artifices ne s'étaient pas encore lancés, à cause de la longueur des mèches, que Robin avait au préalable calculée afin que le spectacle ne commence qu'un peu plus tard...

     A présent, ses camarades de l'ACVCHPLDP sautaient de joie à la vue de Dame Penthésilée vivante. Comme pour confirmer leur allégresse, une explosion retentit, suivie d'une gerbe d'étincelles colorées dans le ciel. Alors, Sire Robin, shérif de Rottingham, éclata d'un rire de dément.


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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptySam 30 Juil 2016 - 3:39



     Une fois les combats terminés et ses vœux de bonnes fortunes offerts à Oldrick, le Roi Muet s’était retiré dans le camp des morts.
     Le Roi Revenant erra parmi les tentes arrachées, les toiles encore à moitié accrochées à leurs piquets claquant doucement au gré d’un vent paresseux. Çà et là, des squelettes ramassaient le mobilier éparpillé, redressaient les piquets et remontaient lentement les tentes. L’étrange scène de destruction était éclairée par les quelques torches que le souffle de l’atterrissage du dragon n’avait pas réussi à éteindre.
     Le vieux squelette n’en revenait pas : il avait vu un dragon, un vrai ! Les dragons... Il connaissait leur nom, mais c’était tout juste, auparavant, si leur existence était une légende lointaine à ses yeux. Et les créatures qui l’avaient accompagné – il avait entendu les murmures de ses compagnons de tribune – étaient des elfes... Il n’en avait entendu le nom qu’une seule fois dans les quelques bribes de souvenirs de sa vie passée, à peine l’ombre d’une légende oubliée.
     Il avait été émerveillé de la manière dont laquelle celui qui chevauchait le dragon avait désarçonné son adversaire d’un moment, Knut Nattfekter. C’était à peine s’il avait jeté un regard au vampire avant de lui prendre sa lance. On l’aurait dit chassant un insecte importun... c’était un spectacle véritablement impressionnant.
     L’esprit perdu dans les souvenirs qu’il avait de ces êtres merveilleux, tout droit sortis d’un mythe, il contemplait la petite colline en lisière de forêt où le dragon s’était posé : la terre était déchirée, soulevée par les griffes puissantes de la bête.
                   
     Finalement, le Roi Muet s’éloigna du campement – il n’avait pas de tente, et n’en avait guère besoin – et alla s’assoir contre un vénérable chêne non loin du champ que lui et Oldrick avaient maintes fois utilisé. À côté de lui, la bride fermement attachée à une branche basse de l’arbre, son destrier squelettique était immobile, et semblait contempler lui aussi le ciel étoilé, qu’aucun nuage ne venait obscurcir. Le revenant se tourna vers sa monture et lui adressa mentalement la parole.
     Des elfes, des dragons... Il y a encore tant de choses à découvrir en ce monde, n’est-ce pas ? Tant de chose à faire... et l’éternité pour les réaliser.
     Mais en réalité, maintenant que le tournoi touchait à sa fin, le vieux squelette n’avait aucune idée de ce qu’il ferait une fois ce dernier terminé. Si Oldrick remportait le tournoi, alors il pourrait récupérer le castel de Sanglac, mais qu’y ferait-il, seul dans un château abandonné ?
     Ou alors, son ami revenant serait battu, et il serait de nouveau condamné à errer sur les routes. Cela ne lui déplaisait pas, mais il fallait encore savoir où aller, et, surtout il faudrait faire attention à tous les chevaliers bretonniens qui repartiraient chez eux en même temps que lui... et qui n’hésiteraient pas à porter leur ire sur tout revenant qui aurait le malheur de croiser leur chemin.
     Qu’en penses-tu, toi, mon cheval ? Préfèrerais-tu te prélasser dans un château, ou reprendre les chemins ? Prendrais-tu l’ennui, ou le danger ? Mais le cheval l’ignora et préféra suivre des yeux une luciole, en piaffant faiblement.
     Le roi revenant secoua la tête et s’adossa de nouveau au vieux chêne. Évidemment, le destrier ne pouvait pas l’entendre. Personne, en réalité, ne semblait capable de l’entendre, tout muet qu’il était. Bien qu’il puisse écrire, son silence était un véritable handicap, auquel il devrait remédier au plus vite. Peut-être qu’un de ces « nécromants », comme le soi-disant maître d’Oldrick dont il avait brièvement entendu parler, serait capable d’y remédier.
     Mais le squelette balaya bien vite ces sombres pensées et, s’appuyant contre le large tronc de l’arbre, croisa les bras derrière sa tête et suivit du regard le ballet des lucioles dans le ciel étoilé. Qu’importent les problèmes qu’il devrait résoudre dans l’avenir, ils sauraient bien attendre qu’il prenne plaisir du présent.

     Puis des sifflements se mirent à retentir et il y eut des explosions de toutes les couleurs dans le ciel. Il faillit se lever et saisir son épée, mais les cris de joie des bretonniens l’avertirent que le spectacle n’était qu’un divertissement, et il admira le jeu de lumière depuis l’ombre de son chêne.
     « C’est beau. » - pensa-t-il.

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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptySam 30 Juil 2016 - 21:25

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Citation :
Après l'arrivée du dragon, mais avant l'incendie du Fort...

     Dans le camp bretonnien régnait une atmosphère festive et joyeuse. La victoire rapide de Silvère avait galvanisé les mortels qui ne doutaient point de sa réussite lors de la joute finale. Par ailleurs, l'apparition inopinée du dragon avait créé un certain effet, et plus d'un chevalier s'était lancé dans une chasse pour débusquer la bête et l'occire. Un groupe de chevaliers errants s'était constitué autour d'un chevalier de la quête assez bourru qui dispensait moult conseils aux jeunes gentilshommes avides d'aventure et de gloire.

     De son côté, Silvère observait, pensif, comment le sire Clovis le Vénérable essayait tant bien que mal d'expliquer à un Charles Hubert de la Bath de Gransette de Baisebaule les manœuvres à effectuer pour monter une tente. La tente de notre finaliste avait été mise à bas, et plusieurs chevaliers avaient proposé leur aide pour la monter. Pour l'instant, l'opération était interrompue suite à une incompréhension du Sire de Gransette, provoquant un second écroulement.

     De guerre lasse, Silvère laissa vagabonder son esprit, et se remémora la nuit précédente, qui se révéla très mouvementée.


Citation :

     La veille au soir, avant les demi-finales, Silvère n'avait pu échapper à l'invitation de plusieurs chevaliers errants qui souhaitaient l'inviter à boire dans une taverne où ils avaient pris leurs quartiers. Après une journée à être célébré partout où il passait, Silvère se réjouit à l'idée de pouvoir se changer les idées dans un lieu éloigné du tournoi. D'expérience, il savait que ses compagnons seraient trop accaparés à se pavaner, se défier et chahuter ; qu'il ne serait plus le centre d'attention.

     Ainsi eut-il passé une partie de la soirée en cette taverne dont le patron se nommait Georges, dit le Gros Georges, et il s’apprêtait à partir quand arriva l'improbable trio constitué de Gromdal, d'Euron et de Von Essen.
     Le chevalier n'eut pas cherché la confrontation et eut fait aussitôt profil bas. Encapuchonné dans sa cape, il eut quitté discrètement la taverne et rejoint sa monture. Son plan improvisé venait d’être arrêté : il allait intercepter le chroniqueur sur le chemin du retour et celui-ci ne pourrait pas échapper aux questions que Silvère lui poserait !



     Plus tard dans la nuit, Von Essen chevauchait en direction du Fort, passablement agacé par l'épreuve qu'il venait de traverser, mais soulagé d'en avoir enfin terminé avec cette dette encombrante. Il passa une courbe boisée et atteint une route droite au bout de laquelle Silvère avait décidé d'attendre le vampire. Le bretonnien restait stoïque sur le milieu du chemin. Von Essen continua d'avancer sans sembler prêter attention au chevalier et arrêta tranquillement sa monture à portée de voix (et de charge) du bretonnien.
     - Messire, j'espère que vous ne souhaitez pas croiser le fer avec moi. Je ne voudrais pas que mon tournoi souffre de la disparition d'un de ses participants avant la fin.

     - N'ayez aucune crainte à avoir de ce côté-là, odieux manipulateur. Le sort de Dame Penthésilée m'importe d'avantage que votre mort salvatrice. Si je suis ici, c'est pour vous interroger au sujet d'un certain vampire.

     - Si vous avez quelque-chose à me demander, faîtes-le rapidement. Comme vous avez pu le constater, j'ai déjà eu fort à faire cette nuit... Parlez.

     - Il y a de ça quelques années, un vampire de Moussillon, appelé le comte Morgueil, a tenté d'attaquer les terres de Castagne dont j'avais la garde. Celui-ci a occis mes hommes d'armes, et pire que tout, mon précieux destrier, dont il a utilisé la dépouille pour créer une monture cauchemardesque. Il a ensuite fui lorsque les troupes de mon Seigneur, le Lord del Insula sont arrivées en renfort. Je veux savoir où se trouve cet être perfide afin de lui faire payer ses atrocités !

     Von Essen esquissa un léger sourire.

     - Je ne me suis guère aventuré dans le duché de Moussillon, mais j'ai effectivement entendu cette histoire… J'ai peut-être une piste possible à vous proposer, mais quel intérêt aurais-je de vous fournir cette information ?

     Ce fut au tour de Silvère de paraître aimable :

     - Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais vos « amis » vampires ont accepté une clause supplémentaire concernant le tournoi. Celle-ci vous concerne au premier chef.

     Von Essen fut stupéfait par cette nouvelle, et ne put masquer son désarroi. Il réfléchit rapidement. Il savait parfaitement que les belliqueux dragons de sang ne le portaient guère en haute estime. Ils avaient donc très bien pu accepter une condition qui lui nuirait. La question était de savoir laquelle. Silvère, qui semblait avoir deviné son raisonnement, reprit :

     - Nous avons donc tous les deux une information qui intéresse l'autre. Voilà qui pourrait faire un terrain d'entente.

     - Certes, mais en quoi votre information va-t-elle influer sur cette mystérieuse clause résolue dans mon dos ? Navré, mais le marché n’est pas équitable.

     - Sachez alors que je suis à l'origine de cette clause, et bien que cela ne me réjouisse pas, je pourrais la faire changer, à condition de gagner en contrepartie.

     Après un instant de réflexion, Von Essen jugea que le chevalier ne mentait pas.

     - Soit. Admettons. Je sais où se trouve ce Morgueil. Ce tournoi a attiré son attention.

     Silvère ne put retenir son enthousiasme :

     - Il est ici ? Morgueil assiste au tournoi ? Où puis-je le trouver ?

     - Il semble avoir gardé une dent contre vous et vos semblables. Après sa déroute face à votre seigneur, je suppose. Il a préféré fuir la Bretonnie, et le récit de la bataille qui vous opposa a fait le tour du monde de la Non-vie. Vos bretonniens sont vus comme de valeureux adversaires tandis que Morgueil passe pour un faible, et s’attire le dédain, du moins par chez moi, à l’Est.

     - Où est-il maintenant ?!

     - Une chose à la fois. Maintenant, c'est à vous. Qu'avez-vous à m'apprendre ?

     - Vous êtes un prix, tout comme dame Penthésilée. Vos amis vous livreront au vainqueur du tournoi.

     Ecœuré, Von Essen pesta intérieurement. Ces infâmes bretteurs avaient vraiment peu de considération pour lui. Cependant, tout n'était pas perdu.

     - Ceci est effectivement fâcheux pour ma non-vie. Et vous seriez apte à faire table rase de cette clause ?

     - Non, mais je peux l’ignorer si je remporte le tournoi.

     - Tout dépendra donc de votre victoire ? Ha… quel marché pitoyable.

     - Peut-être changerez-vous d'avis après le combat de demain… Je vous fais la proposition suivante : votre vie contre celle de Morgueil. Je souhaite pouvoir l'affronter en combat singulier afin de redresser ses torts et regagner mon honneur. Si je gagne le tournoi demain, j’ignore la clause, et vous me garantissez ce combat. Si je perds, je ne demande rien de vous.

     Von Essen étudia la question un instant. Pour lui, elle n’était pas dépourvue d'intérêt, d'autant plus que le sort de Morgueil lui était indifférent.

     - Entendu, - dit-il laconiquement.

     - Ainsi soit-il, - répliqua en écho le bretonnien.

     Sur cet échange, les deux cavaliers se quittèrent froidement, mais avec la courtoisie des gentilshommes qu'ils étaient tous deux.

     Tandis que le chroniqueur se dirigeait vers le Fort de Sang en ruminant quelques représailles à l'endroit des dragons de sang qui avaient ainsi vendu sa mort, Silvère s'empressait de regagner sa tente. Il y rédigea hâtivement une missive à l'adresse du Lord del Insula, puis pris le parti de retourner à la chapelle abandonnée afin de passer le reste de la nuit à remercier la Dame d'avoir guidé ces pas jusqu'ici et la prier pour qu'elle guide son bras pour les combats à venir.




     - Puisque que je vous dis que les sardines n'ont rien à voir avec le poisson ! - commença à s'impatienter le vieux sire de Tharravil, sortant Silvère de sa torpeur.

     Constatant que la situation restait bloquée, Silvère prit le parti de s'éclipser à la chapelle abandonnée. Alors qu'il se dirigeait vers cette chapelle, il constata non sans une certaine surprise qu'un individu en sortait et se dirigeait résolument vers lui. Il reconnut alors l'elfe qui avait participé à la joute, le dénommé Ethgri Wyrda...
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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyDim 31 Juil 2016 - 11:50



     - Mille grâces soient sur vous, chevalier ! – lança aimablement le seigneur venu des bois. – Et que votre carquois ne manque jamais de flèches aiguisées !
     - Que…
     - Pardon, vous n’avez pas de carquois… Euh…
     Son interlocuteur était pris d’une soudaine hésitation. Silvère peinait également à retrouver ses repères. Il n’y avait personne aux alentours : la chapelle abandonnée était entourée d’arbres et de buissons.
     Pourquoi diable devait-il être encore importuné ?! Qu’avait-il fait à la Dame pour que même dans ce lieu saint il fût embêté dans sa solitude ?! Par le Roy et par la Dame…
     Ethgri vit le noble sire inspirer un grand coup, son teint rougissant peu à peu. Puis, il l’entendit articuler, lentement :
     - Etes-vous, oui ou non, un serviteur de la Dame du Lac ?
     L’elfe comprit immédiatement l’humeur malheureuse du chevalier, improvisa promptement une réponse :
     - Oui ! Oui je le suis ! Et… et je suis envoyé par la Dame pour vous aider !
     Silvère tremblait de tout son corps : quelle meilleure aide pouvait-il espérer qu’un moment de recueillement, d’isolement et de contemplation ? Pourquoi diable devait-on l’en priver la veille du dernier combat, où tout allait compter ?!
     - Au nom de la Dame, - prononça-t-il, l’air peu amène, - je vous prie de m’en dire plus, car j’étais justement pressé de retrouver sa sainte présence dans la prière…
     Le chevalier aperçut alors quelque chose qu’il prit d’abord pour un gros papillon : la petite chose scintillait de mille couleurs et semblait aussi légère qu’une plume. Elle se rapprocha de l’elfe et se posa sur son épaule, Ethgri semblant… lui prêter une oreille attentive. Silvère sentait que sa patience était mise à rude épreuve.
     Il remarqua toutefois que les nouvelles – s’il s’agissait de cela – n’étaient pas les meilleures : le seigneur des forêts fronça légèrement les sourcils et hocha la tête.
     - Messire, - dit-il alors, - je tiens de source sûre que vos ennemis sont en train de travailler d’arrache-pied pour demain. Votre adversaire s’entraine à la lance, et entend bien vous défaire demain matin.
     Le chevalier n’en sembla pas inquiété, au grand dam d’Ethgri :
     - C’est fort honorable de sa part, mon ami. Maintenant, si vous me laissiez me préparer aussi assidument qu’il le fait…
     - Frappez-moi, essayez donc de me dégager de votre route.
     L’expression de l’elfe venait de changer : plus aucune trace de courtoisie, mais plutôt de la sévérité, voire du courroux. Silvère, toutefois, voyait qu’entre eux, les armes allaient sans doute parler mieux que les mots. Il dégaina, face à Ethgri qui demeurait immobile. Le « papillon » s’envola rapidement. Silvère chargea.

     L’elfe, confiant en ses capacités, esquiva un coup, puis un autre, un troisième puis un quatrième quand un violent crochet de pied lui fit perdre l’équilibre ; il se rattrapa de justesse, mais un redoutable coup de pommeau le frappa droit au front, le renvoyant immédiatement à terre (Silvère : 2T, 2B, 2 PV !!!).

     « Oh ! Les jolies licornes roses qui dansent sur des arcs-en-ciel... »
     « Ethgri Wyrda !! Non, mais ça ne va pas, oui ?! Relevez-vous immédiatement ! »

     Le seigneur des forêts bondit en sursaut, sa tête lui faisant toujours affreusement mal. Il crut reconnaître l’écho de la voix de la Reine Ariel, résonnant dans son esprit malmené par le bretonnien. Oh… Il devait pourtant le convaincre de s’entrainer…
     L’elfe regarda à droite et à gauche, et se rendit compte qu’il avait du dormir là où l’humain l’avait assommé : à l’entrée de la vieille chapelle. Est-ce que…

     Un vif regard dans l’édifice en ruines lui suffit : Silvère était bel et bien en train de prier. Pendant un instant, Ethgri demeura incertain de la marche à suivre. Elle en avait de belles idées, la reine ! Convaincre le chevalier de s’entrainer, et pas gratuitement en plus !
     Le farfadet qui lui avait parlé tout à l’heure se posa à nouveau sur son épaule, murmurant quelque chose de nouveau. Le seigneur des bois parut d’abord terrifié, puis de plus en plus résigné. Après, tout, ce n’est pas comme s’il avait une meilleure solution…

     « Notre Dame, qui veillez sur –
     Le sire de Castagne fut soudainement assailli d’une bonne dizaine de sensations différentes : on lui tirait les cheveux, on cherchait à lui retirer ses bottes, on le mordait à l’oreille, on lui tirait les paupières, les lèvres et le nez… D’abord horrifié, il poussa un cri et remua les bras dans tous les sens, ne voyant rien de précis dans la pénombre de la bâtisse. Il eut un très bref répit, puis tout reprit : des choses le pinçaient, le mordaient, le grattaient, faisaient « Bzzz ! » dans son oreille… Résolument incapable de comprendre ce qui se passait, Silvère bondit sur ses deux jambes, remuant frénétiquement les bras, avant de foncer en dehors de la chapelle.
     Appuyé contre l’ancien mur, Ethgri le vit passer en trombe, et eut un peu de compassion pour lui, vu le traitement que ses petits amis lui infligeaient. Lorsque toutefois le chevalier dégaina son épée et commença à l’agiter dangereusement dans tous les sens, l’elfe poussa un « Non !! » qui trahit sa présence et éparpilla les farfadets.
     Furieux, le mot était faible pour désigner l’émotion dans le regard de Silvère à son égard. « Oh et puis zut ! – songea l’elfe. – On va déjà s’entrainer comme ça, et on verra pour la suite ! »
     Cette fois-ci, il dégaina ses deux lames, et attaqua le premier.

     Encore désorienté par ce qui venait de lui arriver, Silvère n’eut que le temps de dégainer quand son adversaire fut sur lui ; incapable de se défendre (Silvère : 1T, 0B), le chevalier subit de plein fouet l’assaut de l’elfe, qui fut notamment une formidable frappe de pommeau droit sur son front (Ethgri : 3T, 2B, 2 PV !!).
     - Œil pour œil !
     - Maraud !
     A moitié assommé, le sire de Castagne riposta férocement, mais fut une nouvelle fois devancé par le seigneur venu des bois, qui était déterminé à lui faire payer le blâme de la Reine d’Athel Loren (Ethgri : 4T, 3B, 2 invus ! 1 PV !!!).
     Avec une précision sans faille, il frappa exactement au même endroit, quand soudain une aveuglante lumière émana du chevalier, pour s’éteindre aussitôt. Un peu déboussolé, l’elfe eut besoin d’un moment pour comprendre que le noble sire était étendu par terre, terrassé par… bah, par lui en fait. Saisi d’une vive frayeur, Ethgri fut aussitôt rassuré en se penchant vers le chevalier étendu : son cœur battait toujours, il était simplement assommé.
     Simplement assommé… Quelques farfadets s’approchèrent de l’elfe immobile, le regardant avec intérêt, dans l’attente d’instructions. Le plus vieux et le plus sage d’entre eux remarqua alors le désarroi manifeste de leur grand ami, et comprit immédiatement que quelque part, ils avaient du faire une bêtise…
     Après quelques minutes de silence, ils virent Ethgri soulever l’humain et le trainer rapidement dans la chapelle. Ils le virent ensuite se pencher vers l’oreille du chevalier, puis murmurer sans arrêt les paroles suivantes :
     « Ecoute la volonté de la Dame… Si tu gagnes, le Fort du Sang en ruines tu laisseras, oui, le Fort du Sang en ruines tu laisseras… Telle est ma sainte volonté : si tu gagnes, Le Fort du Sang en ruines tu laisseras, oui… »


     Pendant ce temps, quelque part au bord d’un lac :
     - Non mais vous avez vu ?! Non mais vous n’avez pas honte ?! J’ai même du le protéger, et votre elfe mal peigné l’a quand même assommé !! Non mais à quoi ça rime, je vous le demande !
     - Mais, « protéger » et « assommé », ça rime, mon amie… Et il est l’un de mes sujets les mieux coiffés, d’abord…
     - Ariel ! Je te parle sérieusement !
     - Oui, désolée, désolée…
     - J’espère qu’il recevra un châtiment exemplaire en rentrant !!
     - Oui, je suis vraiment, vraiment désolée…
     - Moi je me suis bien marré !!
     - Loec !
     - Raté ! Nananananèreuh !!


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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyDim 31 Juil 2016 - 12:04



     Wilhelm frappa de taille, faisant siffler sa lame, puis dans le même mouvement il ramena son bouclier vers la droite alors que son bassin faisait une rotation dans l’autre sens, lui permettant de porter un puissant revers alors que son flanc était protégé par le large écu. Puis, effectuant un mouvement vers le haut de son épée, il la ramena immédiatement à la hauteur de sa tête pour ensuite porter une puissante estocade.

     Il resta figé dans cette pose, la lame pointant vers l’avant, tel une statue dans l’ombre de sa tente aux fournitures spartiates qu’il n’avait eu aucun mal à remonter après l’incendie. Deux secondes. C’était court, mais pas encore assez, et sûrement pas pour vaincre le seigneur de Castagne. À l’évocation de l’austère Bretonnien Wilhelm sentit un frisson le parcourir. Celui-ci avait gagné trois fois, trois fois sans subir la moindre égratignure, trois fois sans même devoir tirer son épée. Sa lance trouvait toujours la faille, frappant au meilleur endroit sans jamais rater. Lors de leur affrontement elle l’avait atteint au centre du bouclier, et il se souvint qu’à ce moment-là il avait senti une pression énorme le propulser vers l’arrière alors que sa propre attaque ricochait presque par chance sur l’armure de son adversaire. Presque.

     L’entraînement de la nuit, avec les trois revenants, avait été un des moments les plus plaisants de ce tournoi. Il lui semblait que le seigneur des batailles était certainement le participant le plus à même de battre le champion Bretonnien, mais cela ne serait certainement pas une partie de plaisir pour lui. Son style de combat était essentiellement basé sur l’affrontement à l’épée, tandis que le sire de Castagne avait fait montre d’une très grande maîtrise de la lance. Il avait donc paru essentiel à Wilhelm de faire travailler le revenant sur ce point précis, ne serait-ce que pour lui éviter de tomber au premier assaut. Le résultat était en demi-teinte. S’il avait réussi à le battre lui-même, c’était après plusieurs assauts, après avoir eu le temps d’étudier les réactions de son adversaire. Lors de la finale, il n’aurait droit qu’à un seul essai.

     D’une certaine façon cependant, Wilhelm souhaitait presque qu’Oldrick perde, afin que l’aura d’invincibilité entourant Silvère se maintienne. De cette façon il pourrait se targuer, lors de sa revanche, d’être le premier à lui avoir fait mordre la poussière. Mais, et Wilhelm le savait, cela n’était que de l’orgueil mal placé, et il ne lui fallait pas oublier que c’est le péché d’orgueil qui avait perdu l’ordo Draconis il y a si longtemps. Ce tournoi impliquait plus de choses que sa petite personne, des choses plus importantes tel que la sauvegarde du fort. Car ce maudit chroniqueur et quelques chevaliers sans scrupules avaient parié le fort de sang. Même si cet endroit n’évoquait pour lui que l’échec de son ordre, un échec irrévocable et sans retour, le voir tomber aux mains des mortels lui serait très difficile.

     Il était plus surpris cependant d’avoir vu qu’un dragon avait atterri après la demi-finale. Et celui qui le chevauchait n’était autre, il l’avait su après, que Gilgalad Swiftblade, l’un des dragons de sang dont le nom évoquait des récits épiques. Il avait affronté sans broncher Knut Nattfekter alors que lui-même était certainement un des plus grands guerriers présents sur place, et l’issue de ce combat aurait pu être incertaine si cette mystérieuse dame Arken n’était pas intervenue. Cette dame n’en finissait pas, elle non plus, de troubler Wilhelm, car elle semblait avoir une influence mystérieuse sur Von Essen vue la déférence avec laquelle il la traitait. Cette réflexion lui arracha un sourire, car toute personne capable de faire ravaler son absence de galanterie au chroniqueur méritait son respect.

     Ramenant sa lame sur la gauche, Wilhelm répéta de nouveau son mouvement, le visage de nouveau figé dans une expression impassible, concentré sur sa performance. Une seconde et demie. Il y avait du progrès. Mais une réussite isolée ne valant rien, il recommença, encore et encore. Ceux qui passaient près de sa tente purent entendre le cliquetis de son armure jusqu’à ce que le soleil fut levé et la reprise du tournoi annoncée.



***

   
     Euron observa toute la scène d'évasion depuis une haute falaise surplombant le Fort de Sang.
     Lorsqu'il vit que le geôlier fut vaincu par la dame, il prit son collier magique entre ses mains, hésitant... Cependant, lorsque le sire de Gransette défonça le portail du Fort, il maudit le soi-disant honneur des Bretonniens et cassa la pierre noire... Un épais nuage enveloppa l'espace autour d'Euron et ce dernier vit son descendant comme s'il était en face de lui. Nyklaus von Carstein commença :
     - Explique moi la situation, tu as tout ton temps dans cette dimension...
     - Ces... Humains... Au lieu d'attendre la finale, ils ont fait échapper Dame Penthésilée ! Indigne de chevaliers ! Il faut tous les faire souffrir, les plonger dans de l'eau bouillante ou les pendre par les pieds au-dessus d'une mer infestée de requins !
     Nyklaus sourit devant l'énervement d'Euron et répondit d'une voix calme :
     - Euron, dois-je te rappeler que Von Essen est celui qui a fait débuté tout ceci en l'enlevant à sa famille ? Je trouve cela plutôt normal qu'ils ne soient pas honnêtes... Quoique... Venant de bretonniens... Même si certains sont quelques peu... Bref, je viens avec tous mes autres lieutenants, je pense que cela suffira. On avisera en conséquence après que la finale se soit déroulée. Si tout se passe dans les règles, on les laisse tranquille, sinon ils auront des représailles de toute la Flotte Maudite qui arrivera par nos navires immédiatement. Ça te va ?
     Euron se mit ensuite à bougonner mais donna son accord.
     Le Commandant de la Flotte Maudite lui demanda ensuite qu'il tende la main vers lui. Euron s'exécuta et la main squelettique s'avança vers l'image de Nyklaus, qui tendait lui aussi la main. La seule différence était que son image ressemblait fortement à un reflet dans l'eau... Quand Euron sentit que la main de Nyklaus tenait la sienne, il tira vers lui ; Nyklaus fit un pas, et le reflet disparut tandis que le seigneur vampire se retrouva à côté d'Euron.
     Nyklaus entonna alors une incantation permettant aux autres lieutenants de sa flotte, ainsi qu'à sa femme, Chloé, de venir. Parmi eux, Lokhir Fellheart, Amenhotep l'Intolérant, Gutrot Spume, Nanosh de Strigos, Vangheist et bien d'autres... Tous apparurent au fur et à mesure et lorsque le dernier fut là, le prêtre de Stromfels arriva, glissa quelques mots à l'oreille de Nyklaus qui acquiesça, pensif.
     Le prêtre incanta ensuite, provoquant une pluie de tempête, mettant fin à l'incendie qui ravageait le Fort de Sang.

     Une grande tente fut ensuite installée près de la lice, où tous les lieutenants de la Flotte Maudite étaient réunis autour de Nyklaus en attente de la finale et du comportement des bretonniens. Nyklaus envoya tout de même un parchemin accroché à la patte d'un albatros bien vivant, destiné à Von Essen, signalant son arrivée et qu'il avait ramené, en plus de ses lieutenants et de sa femme, du rhum, du sang ainsi que des armes à poudre et tout un arsenal dissimulé dans sa tente que lui seul pouvait rendre accessible...


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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyDim 31 Juil 2016 - 14:05

Grandes joutes
Cinquième jour

La finale




     On appelait ça « une nuit exécrable » dans la haute société, et le chroniqueur avait toujours été « bourgeois gentilhomme » dans son âme tourmentée.
     Après la partie de cartes interrompue, il s’en fut immédiatement au Fort, et Dame Arken eut la gentillesse d’écourter le déplacement par un maléfice bien placé ; Von Essen se retrouva immédiatement sur place, alors même que depuis le donjon s’envolaient mille et un feux multicolores… La suite fut successivement le sauvetage d’Ulrich von Stromdorf, le sauvetage du donjon qui, fragilisé par les explosifs, allait s’effondrer sur eux, puis, tous deux retrouvèrent des cauchemars caparaçonnés attendant sagement leurs maîtres, et s’en furent en direction du champ de lice.
     La pluie battante qui se mit à tomber en cours de route ne refroidit en rien leur brûlant courroux.

     Arrivés au campement mort-vivant, ils n’eurent aucun mal à entendre quelques bruits de réjouissance fort suspecte du côté des mortels. Cela confirmait les pires craintes du chevalier de sang : l’évasion eut été un succès retentissant.
     Il était par ailleurs tiraillé entre rage et amusement : après tout ce temps, elle l’avait enfin vaincu…
     Le pragmatisme du chroniqueur le tira toutefois de ces pensées oisives : leur otage n’était plus en leur pouvoir, le Fort venait de risquer la destruction totale, et l’Ordre des Chevaliers de Sang, après tous les déboires de la veille, ne comptait guère plus du quart de ses effectifs d’avant le tournoi. S’il fut aisé à Von Essen de relever les troupes décimées par la fureur d’Arsvagnir, il n’en allait pas de même pour les vampires mutilés par le dragon : les flammes constituaient encore et toujours une arme fiable contre les immortels, et ceux-là mettraient bien deux-trois jours avant d’être entièrement remis.
     Ils allaient avoir besoin de renforts…

     Ce fut à ce moment-là qu’un énorme oiseau blanc atterrit près du chroniqueur, qui le reconnut pour un porteur de message providentiel. La missive de l’albatros était formelle : la marine vampirique venait de débarquer au tournoi, et rééquilibrerait les forces en présence.
     Restait cependant la question de la finale, et Von Essen décida d’attendre : les bretonniens ne semblaient ni lever leur camp, ni sonner le rassemblement.
     Ulrich von Stromdorf s’enquit tout de même de la marche à suivre, et reçut une réponse : les bretonniens étaient des traitres et des pyromanes, et l’Ordo Draconis devait se tenir prêt à frapper au moment opportun. Si les mortels avaient atteint un tel degré d’audace qu’ils souhaitaient jouer cette farce jusqu’au bout, les immortels devaient être prêts à faire baisser le rideau et égorger proprement ces vilains plaisantins…


     Laborieusement, le soleil se leva au dessus des pics enneigés des Montagnes Grises, diffusant une lumière blafarde à travers un épais manteau nuageux. Un faible vent d’ouest soufflait, portant quelques dernières traces de la fraicheur de la Grande Mer.
     Dans une certaine chapelle abandonnée, un chevalier s’éveilla après un long sommeil réparateur. Il se releva, hagard, puis saisit subitement sa tête entre les deux mains : elle lui faisait un mal de chien… Avait-il trop bu la veille ?! Peinant à retrouver ses souvenirs de la veille, le chevalier sortit lentement du sanctuaire, et respira l’air revigorant du matin. Donc, s’il gagnait, laisser le Fort en ruines il devait… Euh… Oui, c’était bien ce que la Dame lui avait dit en songe, s’il ne se méprenait pas. Silvère de Castagne se dirigea alors d’un pas résolu vers le campement bretonnien : aujourd’hui, il libérerait Dame Penthésilée de ses infâmes geôliers !

     Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il trouva un campement bretonnien aussi joyeux que s’il venait de remporter une bataille. S’enquérant auprès du premier écuyer qui passait près de lui, le vaillant sire apprit la chose suivante :
     « Comment, vous ne savez pas ? L’Association des chevaliers vertueux complotant honorablement pour la libération de dame Penthésilée a réussi ! Dame Penthésilée est saine et sauve parmi nous ! Joie ! »

     S’ensuivirent de folles retrouvailles et d’autant plus improbables conciliabules : le champion de la Dame ne savait plus quoi faire, ni que dire, et tous les chevaliers qui l’entouraient lui donnaient de gentilles tapes dans le dos, avant que l’idée qui les démangeait tous n’émerge enfin de vive voix :
     - Mais on va la faire quand même, cette finale !
     - Noble seigneur, toute la Bretonnie compte sur vous !
     - Il faut leur montrer, à ces cadavres ambulants, que nul ne saurait être meilleur jouteur qu’un bretonnien !
     - Gagnez le Fort !
     - Gagnez le vampire !
     - Oui, ce maraud est bien toujours un prix à remporter, il faut se venger !
     Tout cela se déroulait devant la vaste tente ducale, et Baudoin de Parravon entendait tout ce qui se disait à l’extérieur.
     La nuit dernière, il avait suggéré de lancer immédiatement l’offensive, mais ses conseillers et quelques chevaliers présents l’en avaient dissuadé : la nuit était propice aux vampires, et le temps de sonner la charge, ils auraient tôt fait d’échafauder leur contre-offensive. Il valait mieux attendre, le jour, quand tout le monde serais dispos, quand les morts seraient faibles…
     A présent, le duc devinait l’autre raison d’un tel délai : le vin et l’audace montaient à la tête des nobles sires, et ils souhaitaient remporter l’improbable tournoi, coûte que coûte, pour l’honneur et la gloire… Un peu à reculons, Baudouin eut donné son accord de principe, mais son connétable reçut alors de très strictes instructions de bataille : tous ceux qui n’iraient pas aux tribunes devaient se tenir prêts à monter, armés de pied en cap, pour le rassemblement qui devrait être le plus rapide de l’histoire bretonnienne. Les troupes envoyées par le Roy devaient être prêtes également, et l’abbaye de la Maisontaal devait être prévenue : grand nombre des renforts proviendraient de là.
     Le brave Bertrand, connétable pour sa superbe mémoire (et non sa superbe moustache), acquiesça du chef et s’en alla aux préparatifs.  



***



     Ce fut ainsi que dans une pure ambiance de couteaux dans le dos que les tribunes se remplirent comme la veille : si les bretonniens arrivaient avec l’assurance de ceux qui comptaient défier le destin, les immortels les accueillaient avec l’expression de ceux qui allaient faire un croche-patte au héros.
     La loge centrale fut agrandie, accueillant désormais non pas deux vampires et une mortelle, mais pas moins de trois vampires et trois vampiresses : les nobles sires furent tous frappés par la pâle beauté de ces dernières, mais les sinistres individus qui siégeaient à leurs côtés suffirent à dissiper toute confusion : ces créatures, autant qu’elles étaient, ne pouvaient avoir d’autre origine que les plus bas niveaux des enfers.
     Von Essen et dame Arken, Gilgalad et dame Aryana, Nyklaus von Carstein et dame Chloé, tous les six avaient eu une longue discussion pendant les heures qui précédèrent l’aurore, et ils étaient tombés d’accord sur le constat suivant : quelle que fût l’issue du tournoi, une bataille aurait lieu. Avaient-ils les moyens de la remporter ? Ils convinrent que c’était le cas. Pour cette raison, ils surveillaient la lice bretonnienne avec l’attitude de prédateurs choisissant leurs prochaines cibles qui leur paraissaient les plus juteuses…

     Derrière les tribunes de la non-vie, à l’abri des regards indiscrets, quatre combattants accomplis résolurent de tenir un dernier conseil de guerre : le premier était large et menaçant, avec des bois de cerf ornant son crâne décharné. Le second était plus grand et plus fin, et par son attirail il ressemblait fort à un ancien roi déterré de sa tombe. Le troisième semblait humain, mais ses yeux de braise et son armure ouvragée indiquaient clairement son allégeance vampirique. Le dernier dégageait une forte odeur de sel, et dans les creux de ses yeux absents brûlait un feu maléfique…

Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 Entrai10

     - Messieurs… - commença Oldrick.
     - Perce lui un œil, - martela soudain le capitaine des revenants.
     - Messire Euron, du calme, - l’interrompit Wilhelm.
     Le Roi Muet renchérit en mettant d’abord un doigt contre sa mâchoire, intimant le silence, puis en montrant le seigneur des batailles, intimant de l’écouter.
     - Permettez-moi de répéter ce que j’ai dit hier : ce fut un honneur de croiser le fer avec vous, cet entrainement restera gravé à jamais dans ma mémoire.
     Ses trois compagnons hochèrent brièvement la tête. Nul n’ajouta mot, surtout pour ne pas froisser leur ami muet. Oldrick reprit :
     - Je vais combattre, mais nous savons tous que ma défaite n’est pas exclue. Si ça arrive, je risque d’être en position vulnérable.
     - Nous serons là…
     - Je lui sauterai dessus et lui arracherai la langue personnellement ! – gronda Euron.
     Il fut surpris lorsque le Roi Muet lui donna deux tapes sur le casque.
     - Quoi ?!
     Le vieux squelette indiqua le sire Kruger, montrant que ce dernier voulait dire quelque chose.
     - Merci, - Wilhelm se dit que le revenant couronné méritait décidément son respect. – Je disais donc : nous serons là, mon ami. Comptez sur nous pour ne pas vous laisser dans le pétrin si jamais les choses se passent mal.
     - Vous êtes de vrais compagnons. J’espère que malgré tout ce qui pourra nous tomber dessus, nous nous reverrons encore après ce tournoi.
     - Compte là-dessus, moussaillon ! N’oublie pas qu’il faut que tu voies la mer au moins une fois dans ta vie !
     - Le Vieux Monde est petit, il n’y a pas de doute que nous nous reverrons.
     Le Roi Muet sortit une page de ses affaires, marqua quelque chose et le montra à Oldrick :

Citation :
« Toujours le bienvenu au Castel Sanglac »

     Le seigneur des batailles éclata d’un rire tonitruant face à cette boutade, et les deux autres goutèrent également à la plaisanterie.

     Sur ces entrefaites, les immortels quittèrent leur abri et se rendirent aux tribunes, où une clameur se faisait déjà entendre : « SILVERE ! SILVERE ! SILVERE ! SILVERE… »



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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyDim 31 Juil 2016 - 15:55

Silvère de Castagne (Lord del Insula) contre Oldrick le seigneur des batailles (Kaops)



     Acclamé de tous, le sire de Castagne n’avait qu’un seul regret : que Penthésilée de Gransette ne puisse être là pour assister à son combat, le fruit d’un dur labeur qu’il avait mené dans l’unique but de la libérer. Enfin, il y avait sa vengeance aussi… Pour atteindre Morgueil, le pleutre, il devait remporter cette joute. Pour la gloire de sa terre natale, il devait remporter cette joute. Pour redorer son nom auprès de sa famille, il devait remporter cette joute.

     Depuis la tribune bretonnienne, parmi tous les nobles sires qui ne tenaient pas en place, Dangorn de Castagne semblait étonnamment calme, contrairement à son habitude. Pendant ses deux jours de convalescence, ses tentatives répétées de séduire la demoiselle du Graal qui s’occupait de lui s’étaient traduites en un cuisant échec, qu’il comprit lorsque la cruche d’eau destinée à le désaltérer (cette gourde lui avait proscrit le vin !) s’était brisée lourdement sur sa tête. Depuis, le vaillant sire n’en avait point gardé rancœur, car la nouvelle de son cousin défendant l’honneur bretonnien et le sauvetage miraculeux de la demoiselle de Gransette avaient heureusement détourné ses pensées de toute déception virile.
     En ce jour, Dangorn se tenait droit et fier, observant attentivement Silvère et songeant à la gloire qu’il allait apporter au nom de Castagne.
Spoiler:

     De son côté, Anthézar le nécromancien se faisait violence pour que sa voix porte plus loin que celle de centaines de bretonniens : « OOOLDRICK ! OOOLDRICK ! OOOLDRICK… » - s’égosillait-il.
     Le seigneur des batailles en fut presque touché.



     Les deux jouteurs furent en place, chacun monté sur un destrier armuré, portant lance et bouclier, prêts à combattre. Von Essen se délecta de ce moment, résultat de mois de préparatifs et de machinations en tout genre. Il serra légèrement la main de dame Arken, qui lui sourit.
     Alors, le signal fut donné.

     « Fais honneur au destin qui nous as amené tous les deux ici ! Vas-y à fond ! »
     « Pour la Dame ! Pour le Roy !! »

     Silvère éperonna sa monture, murmurant une prière (test de peur automatiquement réussi !), et abaissa peu à peu sa lance.
     Attentif à la posture du bretonnien, Oldrick abaissa la sienne.

     « Merci, Wilhelm. »

     Silvère visa juste, certain de sa maîtrise, quand le roi revenant se pencha subtilement en arrière, accueillant la lance ennemie de biais, qui finit par glisser sur sa cible, sans la frapper (Silvère : 4T, 1B Coup Fatal annulé !!!) ; alors même qu’il s’en rendait compte, il sentit un terrible choc à l’épaule gauche, poussa un cri, mais resta en selle.
     La foule poussa un « Oh ! » de surprise, alors que les deux adversaires rejoignaient les côtés opposés de la lice. Les bretonniens virent un mince filet de sang s’écouler de l’épaule du sire de Castagne (Oldrick : 2T, 2B, 1 svg, 1 PV !).

     Le seigneur des batailles jeta sa lance et dégaina son épée. Au contact de son ancienne arme, une intense satisfaction s’empara de lui ; sentant le vent tourner en sa faveur, il mit sa monture au galop, hurlant à tue-tête :
     « Ceci est mon épée, la  marchande de douleur ! Mort à mes rivaux, car Vengeance est son nom ! »

     Silvère de Castagne n’était point inexpérimenté, néanmoins le doute s’empara de lui : comment avait-il pu…
     « SILVERE ! SILVERE ! SILVERE ! SILVERE ! »
     Les encouragements de la foule l’arrachèrent à sa torpeur momentanée ; la douleur n’était rien, seule la victoire comptait, pour la Dame et pour la Bretonnie ! (test de peur réussi !)
Il sortit sa lame et cabra sa monture, avant de charger droit sur l’infâme mort-vivant.

     « Castaaaaagne !!! »
     Leurs épées se heurtèrent dans une gerbe d’étincelles, quand subitement il s’avéra que le vaillant sire était bien plus rapide : feintant et tranchant, il obligea Oldrick à se protéger derrière son écu, qu’il fut toutefois incapable de briser (Silvère : 5T, 3B, 3 svg ; Oldrick : 0T).

     Le bretonnien réitéra l’assaut, galvanisé par la foi de ses compatriotes (test de peur : réussi !), quand soudain un voile noir lui masqua la vue : les nobles sires furent horrifiés en voyant le manteau maudit s’animer et s’abattre sur la visière de Silvère, qui fut contraint de combattre à l’aveuglette (1T, 0B). Par chance, l’agressivité soudaine de l’artefact surprit également son maître, qui ne réussit qu’à placer un seul coup, et encore, du plat de sa lame (Oldrick : 1T, 1B, 1 svg).

     Pris totalement au dépourvu, le sire de Castagne sentit son courage lui faillir (test de peur raté !), et se débattit farouchement, sans grand succès (1T, 1B, 1 svg). Le seigneur des batailles, en revanche, parvint à retrouver ses repères, et eut même le loisir de viser à l’endroit de la blessure… (1T, 1B, 1 PV !).

     La foule bretonnienne devint aussi inquiète qu’une mer houleuse : leur champion se faisait malmener de la plus odieuse des manières !
     Un cri capta leur attention, puis une vive lumière : la cape blanche de Silvère semblait émettre un halo immaculé de plus en plus aveuglant…

     « POUR LA DAAAME !!! »
     La cape de fourrure se retira brusquement ; Silvère, souffrant mais retrouvant sa foi, frappa avec tant de ferveur que le roi revenant dut de nouveau abandonner toute tentative d’attaque (Silvère : 3T, 1B, 1 svg ; Oldrick : 0T).

     Le seigneur des batailles sentit un écho de la fureur d’Euron résonner en lui : cet artifice bretonnien n’allait guère secourir son ennemi ! Se dégageant soudain de l’assaut de Silvère, il repartit à l’offensive (2T, 1B, 1 svg), et déjoua sans mal les tentatives du chevalier (test de peur raté ! 2T, 0B).

    « Si je mets la main sur l’elfe qui m’a humilié hier soir… »
     Le vaillant sire ne comprit même pas d’où resurgit ce soudain souvenir fort fâcheux, mais n’en fut pas moins raffermi dans sa détermination à vaincre, au point qu’il trouva une faille dans la garde du revenant (test de peur réussi, 4T, 2B, 1 svg, 1 PV !), qui, lui, avait volontairement laissé cette ouverture pour en finir… quand la blanche cape de Silvère émit une telle lumière qu’il ne put ajuster sa botte, aveuglé ! (Oldrick : 2T, 1B Coup Fatal ! annulé, 1 svg)
     Dans les tribunes, morts comme vivants observaient la lutte à s’en crever les yeux ; tous avaient reconnu l’intervention de la Dame dans l’affaire, et si les uns se taisaient, les autres poussaient des cris de joie et priaient leur sainte protectrice de plus belle.

     Les deux adversaires étaient au point d’avoir pris juste mesure l’un de l’autre : entre retranchement et agression, ils rivalisaient d’adresse à l’épée et au bouclier, sans qu’aucun ne puisse gagner l’avantage (Silvère : test réussi, 3T, 0B ; Oldrick : 2T, 1B, 1 svg).

     Le seigneur des batailles se remémora alors son premier adversaire d’entrainement, celui qui ne parlait guère, mais savait beaucoup. Le calme était son mot d’ordre, le calme et la maîtrise de la situation. Il fallait frapper fort, et juste, et selon les moyens à sa disposition. Il avait un manteau ensorcelé.

     Silvère frappa, para encore, peinant à reprendre son souffle (test raté, 3T, 0B), quand subitement une ombre gigantesque surgit derrière son ennemi ; semblable à une vague géante, la cape d’Oldrick s’élargit au dessus de lui, énorme et prête à retomber sur le bretonnien ; cet instant d’hésitation lui coûta cher : sa lame s’écrasant inutilement sur l’écu du revenant, le vaillant sire sentit une langue de froid le mordre à son épaule meurtrie, lui faisant souffrir le martyr, et lui faisant perdre l’équilibre (Oldrick : 2T, 2B dont 1 Coup Fatal annulé, 1 svg 1 PV !!!).

     Le seigneur des batailles lâcha même son épée dans l’affaire, voyant son adversaire tomber de sa monture ; ses orbites vides s’illuminèrent, il leva son poing désarmé vers le ciel gris, annonçant « VICTOIRE ! »  à tous les assemblés au tournoi.




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Dernière édition par Von Essen le Mar 2 Aoû 2016 - 2:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyDim 31 Juil 2016 - 19:01



     Il ne fallut guère plus aux plus fougueux des bretonniens pour bondir dans la lice, lames au clair ; une détonation retentit, et deux d'entre eux s’effondrèrent tels des blés murs, fauchés par des balles de pistolet ; le ciel s’assombrit immédiatement.
     « Dégagez de là !!! »
     A deux pas de la cible de leur courroux, les impétueux chevaliers s’arrêtèrent net face à de redoutables moulinets d’un vampire et d’un revenant couronné.

     « Messire le duc ! »
     L’intéressé n’eut que le temps de voir Von Essen conjurer un jet de flammes noires dans sa direction, mais un mur de boucliers s’interposa, brisant le sortilège. Le tonnerre éclata, la pluie se mit à tomber, mais Baudouin de Parravon parvint à entendre la harangue de son connétable à l’arrière : « Pour la Dame, pour le Roy et not’ bon duc ! CHARRRGEZ ! »

     Au fond des bois, au bord du lac où Euron procédait à ses rituels, dame Gaea de Grunere se tenait agenouillée, et priait.
     Derrière elle, un individu surgit subitement de nulle part : son armure dorée était couverte d’algues par endroits, et il portait un incroyable tricorne rouge vif. Il fut étonné en voyant la prophétesse.
     Il fut d’autant plus surpris lorsqu’elle se leva, puis se tourna vers lui :
     « Vous n’êtes pas chez vous. Prenez-en acte. »
     Nyklaus von Carstein entendit un grondement dans le fond du lac, et sentit qu’une volonté autre que la sienne, plus ancienne et plus enracinée dans les pouvoirs terrestres, s’éveillait.  



***


     Deux gigantesques fers de lance contournaient la lice au triple galop : les étendards de tous les duchés semblaient présents, ainsi que la couronne du Roy Louen. Ils enfoncèrent immédiatement des rangs épars de morts-vivants, cadavres sans âme animés par des fils invisibles… Ils traversèrent leurs lignes tel un couteau traverse du beurre, se rejoignant au bout de la vallée, devant la forêt, et se retournant dans une force unique et dévastatrice. Le bon Bertrand répondit au cri de victoire de l’envoyé du Roy, mais continua à regarder dans tous les sens : c’était trop facile.


     Dans les tribunes, le combat prenait au contraire des allures de victoire vampirique : les chevaliers occis jonchaient la boue et le bois, alors que les membres de l’Ordo Draconis pressaient leur avantage. D’autre part, Gilgalad, Aryana, Knut et Erwin tranchaient dans le vif, semblables à une armée à eux seuls, apercevant non loin un dernier carré se formant peu à peu autour du duc de Parravon.
     Ce fut alors qu’une explosion effroyable fit trembler la terre et voler des éclats de bois dans tous les sens ; dans un moment de lucidité, les immortels comprirent que quelqu’un avait piégé… TOUTES  LES  DEUX  CENT  VINGT  POUTRES  DES  TRIBUNES ?!
     Morts comme vivants furent violemment éparpillés dans un rayon d’une lieue à la ronde, la plupart atterrissant douloureusement, se brisant des membres et demeurant immobiles dans l’herbe. D’autres atterrirent sur leurs deux jambes, et virent à quelques centaines de pas d’eux une armée bretonnienne d’une taille dépassant l’entendement…

     Le bon Bertrand écarquilla les yeux en voyant la destruction des tribunes, et pria pour le salut de son suzerain. Simon de Hautmont, héraut du Roy, se rapprocha de lui.
     - On dirait que le duc combat seul…
     Fronçant les sourcils, le connétable répondit catégoriquement :
     - Il n’est pas seul. Bretonniens ! – derrière lui, un frémissement parcourut les rangs. – CHARRGEEZ !!!

     Le son pur des cors de guerre retentit, rythmé par le tonnerre des sabots, et la vallée tout entière trembla sous la charge. Couronne, L’Anguille, Montfort, Parravon, Lyonnesse, Aquitanie, Gasconnie, Bastogne, Bordeleaux, Artenois, Gisoreux et Quenelles, tous les duchés (à l’exception notable de Mousillon) étaient représentez dans ce fer de lance titanesque.
     En un instant, les immortels furent momentanément submergés de cavaliers bardés de fer et d’acier.

     Quelques bretonniens furent brutalement fauchés en plein galop : les deux elfes vampires comptaient bien faire chanter leurs lames.


     « ANTHEZAR !! SOYEZ MAUDITS ! ANTHEZAAAR !!! »
     Le frêle nécromancien, tétanisé de frayeur, était parvenu miraculeusement à survivre et se cacher derrière un débris de tribune. Lorsqu’il entendit l’appel tonitruant de son serviteur, il tenta de répondre, mais la peur l’empêcha d’articuler un appel sonore. Alors, comprenant toute la malchance de sa situation, il se recroquevilla dans l’ombre, priant sa bonne étoile pour rester en vie.


***


     Oldrick avait pu s’échapper avant l’explosion, sa fuite ayant été assurée par le sire Kruger et le Roi Muet. Il était alors tombé droit sur l’une des colonnes bretonniennes, et grâce à sa cape était parvenu à créer une telle cohue qu’il put traverser le fer de lance et se retrouver au bord de la vallée, près d’une sombre forêt.
     Le seigneur des batailles pesta longuement contre un tel dénouement des choses, mais finit par s’y résoudre : les mortels comptaient laver leur défaite dans l’extermination pure et simple de la non-vie. Alors, il se mit à réfléchir à un plan de ralliement : il ne pouvait pas se battre seul, ce serait suicidaire. Les bretonniens le comprenaient, eux, puisqu’il les voyait se réunir au fond de la vallée. Bon la voie était à peu près libre, il pouvait désormais…
     L’explosion des tribunes le fit tressaillir. Il n’en crut pas ses yeux, avant d’être légèrement repoussé par le souffle du cataclysme. Incrédule, abasourdi, le roi revenant observa muettement les décombres retomber à terre, alors qu’au loin, la charge des chevaliers était déclarée…
     Qu’il soit damné. Il devait rejoindre l’endroit à tout prix, avant d’être coupé du reste… Anthézar ! Ce jeune abruti était toujours là-bas ! Avait-il seulement survécu…
     Le seigneur des batailles éperonna sa jument, qui partit au galop. La cape du mort vivant s’étendit derrière lui sous forme de longues lanières menaçantes. Si jamais son maître était passé de vie à trépas, les mortels allaient payer…

     S’apercevant qu’il n’aurait guère le temps de chercher, Oldrick obliqua vers la charge ennemie : sans nul couvert à sa disposition, la meilleure défense était désormais l’attaque. Courroucé comme jamais, le roi revenant chargea sans arme, poussant le nom de son maître en guise de cri de guerre.


***


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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyDim 31 Juil 2016 - 20:59

***


     Pendant longtemps, Silvère demeura incapable de se relever. Etendu par terre, ignoré de tous, il ne put qu’assister, impuissant, à l’affrontement sanglant entre vampires et bretonniens.
     Lorsque toutefois une explosion retentit autour de lui, il perdit brièvement connaissance. Les ténèbres l’entouraient, il traversait la pensée et le temps ; il était seul, oublié de tous au milieu de la destruction, et les étoiles cerclaient autour de lui, et chaque instant était aussi long que la vie d’un monde entier. Alors, il entendit les bruits de tout un pays : les cris des nouveau-nés et les râles des mourants, les chants et les pleurs, et l’éternel soupir des pierres gardiennes de la forêt. Alors, un doux murmure atteignit son oreille : sa tâche n’était pas terminée, il devait revenir et protéger son peuple, car un terrible destin le menaçait désormais.


     La charge bretonnienne venait d’atteindre l’ancienne lice, quand Simon de Hautmont vit avec étonnement une vive lueur blanche surgir apparemment de nulle part ; il faillit perdre le contrôle de son palefroi, qui passa à côté en trombe. Le héraut se retourna, et vit tous les autres chevaliers contourner également l’étrange phénomène.

     Silvère observa attentivement les chevaliers bretonniens, puis aperçut subitement une monture qui lui sembla inoccupée arriver droit vers lui. N’écoutant que son art équestre, il s’accrocha au cou du destrier, et bondit immédiatement dessus… pour se retrouver gêné par un petit être trapu qui se trouvait fermement campé sur sa selle.
     - Non mais je vous demande pardon ?! – gronda-t-il.
     Le sire de Castagne fut éberlué de voir un nain sur un cheval, mais se rappela à temps de ses manières :
     - Euh, toutes mes excuses, maître…
     - Gromdal ! Gromdal Drekgiti ! Et je vous serais gré de quitter séance tenante mon destrier ! J’ai déjà assez de soucis avec lui sans vous !
     - Maître Gromdal, je vous en prie, entendez ma prière ! Permettez-moi de chevaucher à vos côtés le temps de me trouver quelque bon palefroi !
     - Hmpf ! C’est bien parce que vous êtes poli, chevalier ! Taillaut !!
     Il ne regretta pas sa décision : entre les mains de cet étrange humain tout scintillant, son cheval se montra beaucoup plus docile.


***


     Au fond des bois, un tout autre affrontement avait lieu… Nyklaus von Carstein se tenait droit, les deux bras tendus, alors que face à lui se tenait une titanesque silhouette humanoïde constituée d’eau pure. En lui, flottant doucement, se tenait la prophétesse du Graal. Elle priait. Le colossal élémentaire et le seigneur vampire se tenaient tous les deux immobiles. Dans leurs esprits, un bras de fer de volontés faisait rage.
     « Maître ! »
     Une puissante vague déferla sur Nyklaus, qui tint bon, mais jura intérieurement. Derrière lui se tenait un être fantomatique, le spectre d’un pirate de noire réputation. Il venait de l’interpeller, manquant de briser sa concentration. Il devait rester… parfaitement calme…
     - Je t’écoute, Vangheist.
     - Gutrot est tombé sous la charge, Amenhotep a été incapacité par l’explosion…
     - Quelle explosion ?
     - Les tribunes ont explosé, commandant. Elles ont été piégées.
     - Par le kraken. D’autres pertes ?
     - Non, commandant. Nous attendons vos ordres, et…
     - Et ?
     - La Flotte Maudite, commandant. Nous sommes submergés, un comble pour des marins !
     - Du calme, Vangheist. Tu vois que je suis occupé.
     - Le chaudron, commandant, il reste le chaudron !
     - Utilisez le chaudron si ça vous chante. Je ne désire surtout pas être dérangé.
     - Oui, mon commandant.
     Le spectre se volatilisa alors.


***


     Comme tous les autres, Gabriel de Saint-Ange s’était retrouvé projeté en l’air, incapable de comprendre quoi que ce soit. Lorsqu’il atterrit, ce fut non sans douleur : son nez demeurerait écrasé pendant au moins une bonne semaine… Il se hissa sur pieds, vit immédiatement la charge bretonnienne foncer droit sur lui. Il fit signe, et deux chevaliers freinèrent leurs montures pour le tirer d’affaire ; il rejoignit l’un d’eux, dégaina son épée, et se prépara joyeusement à trancher du squelette.
     Une pensée lui traversa soudain l’esprit :
     - Hep, mon brave ! Et mes autres copains, vous les repêchez aussi j’espère ?
     - Mais évidemment, messire, nous distinguons quand même le thon du poisson-lune !
     L’accent de son sauveur lui confirma qu’il avait affaire à un anguillonnais.

     Ses dires se confirmèrent : tous les « thons » furent « repêchés », et le fer de lance progressa jusqu’à être en vue de la Maisontaal ; ici, ils virent à quelques lieues une autre armée approcher à grands pas : des foules de pélérins ne demandant qu’à mourir pour la Dame du Lac venaient se joindre au massacre.
     Le connétable Bertrand était toujours tiraillé entre doute et triomphe : cela avait décidément été trop facile. Il fut soulagé de son doute lorsqu’un messager lui apporta des nouvelles inquiétantes : si le fer de lance avait traversé la vallée sans peine, de terrifiants foyers de résistance subsistaient à l’arrière. Les braves qui osaient s’y aventurer s’y attardaient, et des cris de douleur s’y faisaient entendre sans arrêt.
     Proférant un juron, le bretonnien moustachu fit sonner un nouveau rassemblement et une nouvelle charge : ils devaient mettre un terme à cette folie.


***


     Au moins une bonne vingtaine de chevaliers les encerclaient, ils en avaient déjà descendu cinq. Deux autres tentèrent une attaque combinée, mais l’un s’empêtra dans d’épaisses lanières noires alors que l’autre eut sa frappe bloquée à main nue ; l’instant d’après, tous deux étaient par terre, les membres brisés.
    - On traine ici !
     - Je vous suggérerais de forcer la voie, mais après ce que vous m’avez raconté, j’ai des doutes.
     - Dix lances, sire Wilhelm ! Au moins dix lances pointées sur moi, alors n’osez surtout pas m’insulter de la sorte !
     - Toutes mes excuses. Néanmoins, tolérez que nous restions groupés pour le moment.
     « Engeance vampir-  »
     - Je ne demande que ça ! Mais il faut se déplacer ! Mon maître est là, quelque part !
     - Sur votre gauche, mon ami !
     Le Roi Muet dévia de justesse un audacieux coup d’estoc qui avait visé sa tempe.
     - Je ne comprends pas ! Mais que fait Nyklaus ?!
     - C’est à vous de me le dire, « capitaine ! »

     - Si vous pouviez…
     Wilhelm se baissa, puis répliqua par un coup mortel qui transperça son ennemi.
    - Je maintiens que nous trainons !
     - Et moi… - Euron trancha un bras armé avec son sabre. – Je te comprends, moussaillon ! Par Stromfels !
     Il tira violemment sur un écu éclatant, l’arrachant des mains de son propriétaire, qui perdit l’équilibre et tomba à terre.
     - En tout cas, c’est toujours un honneur…
     - … partagé, messire Oldrick.
     Le Roi Muet se hissa soudain sur la monture libérée, et poursuivit le combat.
     - Oh ?
     - Bel exemple, vieux loup de mer !
     - Et pourquoi lui, c’est le vieux loup de mer et pas moi ?
     - Parce que je t’aime bien, moussaillon !

     - Faites comme lui ! Enfin, faites au… au mieux…
     Le chevalier de sang dut se baisser une seconde fois, mais eut le temps de s’agripper à la garde de l’arme ennemie, attirant le bretonnien vers une chute certaine.
     Après encore quelques minutes laborieuses, tous les quatre furent à cheval.
     - Mais ils ne cèdent donc jamais ?!
     - Des braves remplacent les poltrons…
     - Chargez, nom d’une pipe !
     - Hein ?!

     - Pour la vengeance !
     - Je préfère !
     Les quatres immortels cabrèrent leurs montures ; grâce à leur maîtrise des armes et à la cape d’Oldrick, brisèrent l’encerclement et chevauchèrent le long de la vallée ; virent soudain la seconde charge de l’alliance bretonnienne…
     « YAAAAAAAAAAAaaaa…………
     ...et tournèrent les talons aussi rapidement, conscients qu’une telle rencontre leur serait… pour le moins fatale.
     ………ooooOOOOOOOOOOOOH ! »
     


***


Dernière édition par Von Essen le Jeu 11 Aoû 2016 - 16:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyLun 1 Aoû 2016 - 0:28



     Certains nobles sires se virent obligés de rendre leurs armes avant la seconde charge, trop blessés pour continuer : le duc de Parravon en fut, sentant une grave fracture dans son dos ; Robin Osbourne dut se retirer également. De nombreuses brûlures. Nulle question ne lui fut posée, tous savaient que c’était lui, et le comble fut atteint lorsqu’il prononça :
     - On remet ça la prochaine fois ?

     Le sire de Gransette, le sire Dangorn de Castagne et le sire de Saint-Ange se retrouvèrent dans le fer de lance ; Dangorn ne manqua pas de leur demander s’ils avaient vu son cousin, ce à quoi répondit le colossal chevalier :
     - C’pas lui, là-bas, brillant comme un sou neuf ?
     Le chevalier de la quête plissa les yeux en direction de celui qui se trouvait en première ligne du fer de lance, et reconnut finalement Silvère, notamment grâce à sa cape blanche. La vive lumière qui en avait émané lors des joutes ne la quittait plus désormais.

     Colin Oméga chevauchait plus en avant, et n’avait sa survie qu’à la Providence ; il cherchait des yeux son chien, Courage, mais pour le moment, il n’apercevait que d’intenses combats dans la vallée : trois foyers de résistance subsistaient, et déjà les nobles sires qui les affrontaient fuyaient promptement pour faire place au fer de lance. Le chevalier errant les vit : à droite, deux vampires, un vieux et un jeune ; au centre, sept vampires portant le rouge du Fort de Sang : l’un d’eux avait même eu l’audace de ramasser l’une des bannières ornementales qui avait survécu à l’explosion. A gauche, enfin, deux individus, un homme et une femme d’une beauté irréelle, mais non moins recouverts de sang frais.
     Droit devant eux, il eut la vision fort pathétique de quatre cavaliers morts-vivants qui s’enfuyaient au triple galop.

     Le fer de lance se divisa en trois : le sire de Castagne guida le centre ; Simon de Hautmont, la dextre, et Bertrand le connétable – la sénestre.


***


     Wilhelm Kruger s’arrêta net au niveau du groupe de chevaliers de sang ; les trois revenants retinrent leurs montures une centaine de pas plus loin.
     - Kruger !!
     - Je reste avec mon ordre ! Partez !
     - Kruger ! Fais pas le héros !
     - PARTEZ !!
     La mort dans l’âme, qu’elle existât ou pas, les trois compères se regardèrent… et s'en retournèrent prestement auprès du vampire. La charge bretonnienne traversant les dernières centaines de pas qui les séparaient, Wilhelm, Oldrick, Euron et le Roi Muet se serrèrent cordialement la main, et se mirent en garde, tous les quatre.
     Leur brève attente fut émaillée par un incident fulgurant : l’un des vampires en armure rouge bondit sur l’une des quatre montures libérées, et l’éperonna cruellement, partant immédiatement au galop.
     - MORGUEIL ! ESPECE D’ORDURE !! – beugla Ulrich von Stromdorf.

     « Morgueil ? LE Morgueil ?! »
     Le destrier qui succéda à l’aide providentielle du nain était jeune et vigoureux, et Silvère était un cavalier à sa mesure. En entendant le nom de son ennemi juré, le sire de Castagne rougit de fureur non contenue, et murmura quelque chose à l’oreille de sa monture.
     Alors que les vampires pointaient leurs armes droit sur lui, le jeune destrier fit un bond spectaculaire, qui le mena lui et son maître au-delà du rempart immortel.
     Derrière Silvère, une cruelle mêlée s’engagea.

« MOOORGUEUUUIL !!! »



***


     Quelque part à l’ombre des arbres, les lieutenants de la Flotte Maudite se réunirent autour d’un objet volumineux et lourd, fruit d’un dur labeur artisanal, mais qui depuis avait coûté la vie à bien des innocents : le chaudron.
     Chaque être maléfique présent autour se mit à incanter, leurs voix affreuses montant dans un crescendo terrifiant. Le chaudron, vide, se mit à se remplir…

     Sur le champ de bataille, tous entendirent soudain leur cacophonie rituelle, aussi forte que le fracas du tonnerre ; tous se figèrent, incrédules, et bien des hommes sentirent leur cœur faire un bond de trop lorsque l’horrible chant s’interrompit brutalement, laissant place à un bref silence.
     Un net bruit de succion s’ensuivit, suivi d’un bourdonnement sourd et continu : tous virent un jet d’eau immense jaillir du fond boisé de la vallée, comme si une digue retenant une rivière venait d’être rompue. D’énormes volumes d’eau s’écrasèrent par terre, mais le jet ne cessa pas, et sembla au contraire s’intensifier. Le liquide se répandait partout où il pouvait, mais à mesure que le maléfice se poursuivait, les flots naissants trouvèrent les flancs montagneux ; alors, le niveau de l’eau n’eut de cesse de monter, atteignant bientôt les genoux des combattants à pied…



***


     Les trois fers de lance atteignirent de nouveau le bout de leur route, constatant un succès mitigé : la bannière du Sang était tombée, mais quelques déments poursuivaient leur résistance acharnée. Le flanc de Simon de Hautmont était désormais sécurisé : l’on venait de rapporter une hâtive retraite des deux immortels vers la forêt, où les chevaliers n’osèrent pas les poursuivre. Du côté du connétable en revanche, les nouvelles étaient exécrables : le bon Bertrand s’en était tiré avec une cheville en moins, alors que le reste de ses hommes avait perdu le quart de ses effectifs, et les pertes s’accumulaient… Pour ne rien arranger, ils avaient perdu de vue le sire de Castagne, autour duquel la présence de la Dame semblait manifeste.
     Or, à présent, force était de constater que quelque affreux avait pour dessein de les noyer ; Simon de Hautmont appela ses troupes royales, ils allaient s’engouffrer dans la forêt inondée.
     Le connétable de Parravon dut se résigner à demeurer sur place : le commandement fut confié à l’homme qu’il jugea de confiance en la circonstance : Dangorn de Castagne.
 

***


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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyLun 1 Aoû 2016 - 1:20



     Le héraut du Roy et ses troupes à pied progressèrent péniblement au milieu des bois. Les coulées d’eau incessantes, au point qu’ils croyaient être en plein dans une large rivière, rendaient le terrain glissant. Les hommes tinrent bon, jusqu’au moment où des mains puantes se mirent à sortir des flots et à les attraper par les jambes.
     Les nobles sires se défendirent vaillamment, tranchant les membres blanchâtres à droite et à gauche, mais les plus malchanceux furent subitement aspirés dans quelque ignoble étrangeté : comme si les flots avaient plus de profondeur qu’en réalité, les infortunés bretonniens sombraient dans un éclat de vagues et disparaissaient pour demeurer introuvables.
     Lorsqu’ils atteignirent enfin la source du maléfice, ils virent deux individus leur barrer la route vers le chaudron : l’un était trapu et musculeux, doté d’oreilles pointues et de griffes effilées ; l’autre haut et fin, brandissait deux longues lames rouges, et portait un abominable casque doré, représentant quelque monstruosité marine. Tous deux chargèrent les bretonniens avec une franche joie sadique.


***


     A l’orée des bois, les chevaliers se réunirent autour du noble chevalier de la quête, pour une troisième charge en direction du couple meurtrier. Las, ils durent interrompre immédiatement leur projet, lorsqu’une vision des plus impressionnantes et terrifiantes se présenta à eux.
     D’abord, les eaux s’écoulant des bois s’illuminèrent d’une malsaine lueur verte. Puis quelque chose en surgit, également vert et luminescent, ressemblant vaguement à… La plupart des bretonniens ne comprirent pas tout de suite, et ce furent les anguillonnais qui furent les premiers à balbutier :
     « Aba – ba – bateau ! Abateau ! ABATEAU !!! »
     Leurs compagnons les prirent pour des fous, mais lorsque l’apparition frôla les nobles sires, ceux-là s’effondrèrent, froids et inconcients, provoquant une terreur collective. Quelques hommes moins vaillants que les autres lâchèrent même leurs brides, laissant leurs montures les mener loin de l’ignoble apparition.
     « ALLONS ! – harangua ses troupes le brave Dangorn. - Il n’y a strictement rien à craindre, ce n’est qu’un… qu’un bâteau ! Et nous sommes les preux défenseurs des terres bretonniennes ! Sus à l’ennemi !! »
     A ce moment-là, une faible lumière dorée émana de lui, comme lors du tournoi. La foi inébranlable, le valeureux seigneur chargea comme un imbécile courageusement le navire fantôme. Galvanisés par tant de ferveur bretonnienne, les autres chevaliers le suivirent sans plus douter de leur victoire.



***


     Les renforts de l’abbaye de la Maisontaal arrivèrent enfin dans la vallée. Gilgalad et Aryana se retrouvèrent au milieu d’une horde de paysans. Ils avaient cru voir un paladin dedans. Mais il n’y en avait pas. Ils avaient massacré tous ceux directement autour d’eux et la vingtaine de survivants formaient un cercle qui restait désormais à bonne distance. Ils étaient encerclés mais indemnes. Aryana et lui étaient dos-à-dos. Elle lui fit alors :
     « On pourrait appeler les dragons.
     - Même pas en rêve.
     - Pourquoi pas ?
     - Avec le nombre de chevaliers bretonniens qu’il y a là ? Ils auront à peine atterri qu’ils se feront assaillir par des dizaines d’entre eux. C’est sans compter ces `£%ù/ de pseudo-chevaliers de l’Ordo Draconis.
     - Toi aussi ils t’énervent ?
     - Ils sont pas fichus de vaincre un Maître Dragon et ils se prennent pour Abhorash. Ils sont persuadés qu’ils peuvent battre n’importe qui.
     - Moi ils sont persuadés que je suis une magicienne qui a peur de se battre.
     - Il est devenu quoi le dernier qui a dit ça déjà ?
     - Il a fini démembré.
     - Ah oui c’est vrai. Sinon, t’as pas une idée pour nous sortir de là ? J’ai la flemme d’utiliser le feu.
     - C’est vrai, moi aussi. En plus ils ne sont même pas intéressants.
     - Si seulement on avait une compagnie de Princes Dragons avec nous. La bataille serait plus drôle.
     - Je suis d’accord. On fonce dans le tas ?
     - Ce n’est plus drôle. On l’a déjà fait. Et c’est comme ça qu’on en est arrivé là.
     - En même temps, je ne comprends pas pourquoi ils ont peur de nous.
     - De toi, je comprends, – il commençait à sourire.
     - GILGALAD SWIFTBLADE !!! Que viens-tu de dire !!!???
     - Aïe, - Gilgalad murmurait maintenant, - J’ai rien dit.
     - Bon d’accord, on en parlera plus tard. Là, ils commencent à m’énerver autant qu’un snotling à ne jamais vouloir attaquer.
     - Tiens, j’ai une idée.
     - Quoi encore ? »
     Il se retourna et l’embrassa sur la bouche. Il vit presque immédiatement, après un instant de surprise, les piquiers s’approcher d'eux. Il murmura un « On y va ». D’un seul coup, ils arrêtèrent de s’enlacer. Le massacre pouvait commencer. Ils étaient tristes de ne pouvoir pas encore affronter un fer de lance au complet mais c’était déjà ça. Une parade avec le bouclier, une autre avec l’épée. Riposter en permanence, écarter avec le bouclier (aussi grand qu’un homme en passant), toujours tuer avec l’épée. Ne pas s’occuper des blessés sur le côté ou devant. Toujours marcher devant pour s’extraire de la mêlée. Parer les coups venant de l’arrière. Protéger l’arrière d’Aryana. Parer les coups, attaquer. Toujours la même chose. Chaque coup porté prenait une vie. La plupart n’avaient pas le temps d’attaquer avant de mourir. Soudain, Aryana aperçut un capitaine (ou quelque chose dans le genre) qui semblait lui aussi être un roturier. Elle le défia sur le champ, selon la règle habituelle du « Le premier qui voit quelqu’un à défier le défi ».
     Elle lança le défi en langue bretonnienne. Mais avec un accent quand même. Ce dernier l’accepta. La place fut faite autour d’eux. Mais le combat continuait pour Gilgalad, qui ne put s’empêcher de jeter un œil sur sa femme. Le défi fut remporté en quelques secondes, le capitaine s’effondrant, en morceaux.
     Les paysans commençaient à avoir peur. Ils s’enfuirent aussitôt, leur courage faiblissant.

     Le couple regarda où ils étaient. Ils ne voulaient pas poursuivre les paysans. Tactiquement, c’est inutile, ils ne représentaient plus aucune menace pour qui que ce soit. Ils étaient derrière les lignes ennemies, il fallait rejoindre la ligne de bataille mort-vivante. Ou du moins, ce qui s’en approchait. C’était là leur place normale, pas attaquer par derrière des unités.


***



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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyLun 1 Aoû 2016 - 2:04



     Le comte Morgueil ne rata pas l’occasion de maudire les montures vivantes, car la sienne semblait s’épuiser bien trop vite à son goût, et son ennemi était à ses trousses… Le vampire savait qu’il ne pourrait fuir indéfiniment ; lorsque toutefois la vallée commença a être inondée, il préféra obliquer vers la forêt à sa gauche, espérant quitter la bataille et peut-être semer son poursuivant.

     Silvère brillait tel un rayon de lune, mais dans son cœur brûlait un soleil ardent. « MOOORGUEUUUIL !!! » - hurlait-il sans arrêt, inspirant une terreur sans nom à celui qui, jadis, avait massacré les siens et mélangé son nom à la boue. Il ne fut nullement décontenancé par la montée, les arbres et la rocaille ; d‘ailleurs, il lui semblait que la pauvre monture de l’affreux comte n’en ralentissait que davantage.
     Il poussa un juron lorsqu’ils atteignirent une éclaircie : son ennemi allait le distancer de nouveau… Le vaillant sire fut à ce moment éberlué par sa vision : la forêt laissait place à un large lac, et un géant sorti droit des contes pour enfant semblait en être né. Un géant d’eau pure, pour lequel Silvère ressentit une intuitive sympathie.
     Puis, la réalité le rattrapa : Morgueil, ignorant l’immense créature, longeait précipitamment la berge en direction du bord opposé. Le sire de Castagne éperonna son palefroi, quand une faible voix résonna dans son esprit :
     « Silvère… Silvère…»

     Il ne put l’ignorer, en détermina aussitôt la source : au sein même du géant d’eau, dame Gaea de Grunere l’appelait, et son appel était un appel de détresse… Ce fut alors que le chevalier aperçut une silhouette humaine se dresser sur la berge, non loin de lui. Armure dorée, chapeau étrange, teint blafard, cet être avait tout d’un agent démoniaque, et ses bras tendus, Silvère le comprit, n’étaient destinés qu’à blesser la servante de la Dame et son enchantement.
     Le vaillant sire éperonna son palefroi une fois de plus, mais pour de bon cette fois-ci : au galop en un instant, le chevalier abaissa sa lance, comptant bien occire le démon du premier coup.

     Nyklaus von Carstein perçut la menace trop tard, tendit instinctivement l’une de ses deux mains pour se protéger du champion de la Dame… Une douleur déchirante lui fit pousser un hurlement tel que toute la vallée fut secouée de fond en comble.
     La lance avait transpercé sa paume, puis son bras dans toute sa longueur, brisant ses os et malmenant ses muscles. Presque immédiatement, l’eau du lac le submergea, cherchant à le broyer dans de la magie pure… Cet assaut mortel lui fit retrouver son instinct de survie : un bref murmure suffit au seigneur vampire pour se dissiper dans l’éther, jurant une haine éternelle à la lignée du mortel.
     
     Trempé comme une soupe, Silvère ne fut pas moins immensément soulagé en voyant la prophétesse sourire faiblement.
     « Venez, venez… »
     Ahuri, le noble sire observa le géant quitter le lac et passer à travers les arbres, non sans les malmener au passage. Il eut une faible pensée pour sa vengeance, mais sa foi fut alors bien plus forte, et il descendit la pente rocailleuse à la suite de l’incarnation du pouvoir divin.

     Dans la vallée, la bataille faisait encore rage.    



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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyLun 1 Aoû 2016 - 13:14


    « Attention devant ! »
    L’avertissement arriva trop tard : une poignée de paysans en fuite fut jetée à terre par le cheval au galop.
    « Foutu canasson ! Tu vas te calmer oui ! Je... je te parle, oh ! » Mais le destrier n’en avait cure, et continuait sa folle course, que la providence avait eu la générosité de diriger vers le Fort de Sang. Malmené sur sa selle, Gromdal pesta.
    « Par le saint fessier de Grimnir, c’est bien la dernière fois que je fous le mien sur un cheval ! »
    Le nain allait continuer à jurer à propos de sa monture, mais un cahot le força à se taire pour s’agripper à ses rênes, ce qui ne l’aidait pas beaucoup. Franchement, ce foutu palefrenier aurait pu penser à raccourcir les étriers, grommela-t-il, ça m’aurait au moins évité de risquer de tomber au moindre écart du cheval, bon sang !
    Il aurait dû demander au chevalier bizarrement brillant de rester un peu plus longtemps. Il avait beau être encombrant, lui au moins savait maîtriser le palefroi correctement. Mais c’était trop tard maintenant, le bretonnien était apparemment fort occupé, et l’avait quitté à l’approche de ses compagnons d’arme.
     Deux formes mouvantes, au loin, le tirèrent de ses pensées. Comme attiré par de nouvelles cibles potentielles à renverser violemment, sa monture frénétique se dirigea vers les deux coureurs. Étrangement, même au galop, le cheval peinait à les rattraper. Des vampires, sûrement, pensa Gromdal. C’est vraiment le foutoir sur cette plaine, tu parles d’un tournoi !
    « Attention dev– »
    Mais avant qu’il puisse terminer sa phrase, le coureur le plus proche se retourna et s’arrêta, levant la main vers la tête du destrier.
    « Ooooh, doucement. » intima-t-il. Comme enchantée, la bête pila net, manquant de peu d’envoyer valser son infortuné –et barbu– cavalier. Gromdal eut à peine le temps de se ressaisir qu’il vit du coin de l’œil le deuxième combattant lever une arme ensanglantée vers lui. Mais le guerrier s’arrêta et son visage qui se révéla féminin s’éclaira :
    « Ça alors, Gromdal ! Quelle bonne surprise !»
    L’intéressé écarquilla  à son tour les yeux, reconnaissant les deux guerriers.
    « Aryana ! Et Gilgalad, bien sûr. » L’elfe vampire lui rendit son sourire. « Mais que faites-vous là ? J’ai croisé une troupe de paysans en déroute et... » il avisa en contrebas la vallée à moitié inondée, ou pataugeaient des centaines de bretonniens encerclant des troupes vampiriques et un... bateau ? La surprise du nain n’en finissait pas.
    « Par les saintes culottes de Grungni, qu’est-ce que c’est que ce bordell ? »
     Gilgalad eut un petit sourire.
    « Pour les paysans, je crois que c’est notre faute... Enfin, surtout Aryana, elle les a effrayés, comme d’habitude. » Un petit coup de coude de l’intéressée ne l’empêcha pas de sourire malicieusement. « Pour le reste par contre, c’est un peu plus compliqué. Pour faire court, la victoire du dernier roi revenant en lice sur le champion bretonnien a légèrement vexé les chevaliers, et ça a tourné au vinaigre. Rien de grave pour l’instant : j’ai à peine sali ma lame sur les quelques bretonniens que nous avons croisés –une centaine, pas plus. »
    Le nain balaya les sombres nouvelles d’un revers de main et se redressa sur son cheval :
    « Qu’importe ces menus problèmes, j’ai des affaires bien plus importantes à régler en ce moment.
    — Qu’y a-t-il ? - s’enquit Aryana, l’air inquiet.
    — Mais c’est que j’ai retrouvé deux rois de piques dans le jeu de cartes, deux ! L’un d’entre nous a triché ! » Le nain était véritablement indigné. « Et le petit rigolo qui a fait le coup a également trouvé drôle de verser de la poudre à canon dans ma bière avant de partir ! »
    Les deux époux se regardèrent un moment, l’air grave. Puis Aryana baissa les yeux en secouant la tête :
    « Encore un coup de Von Essen. »
    Gilgalad hocha la tête. Gromdal, lui, n’en tenait plus, et serra les poings :
    « Je le savais ! Ah, cet infâme félon fourbe fielleux ! »
    Il serra les poings, et une fois sa colère un peu retombée, il se tourna à nouveaux vers Aryana et Gilgalad, l’air quelque peu perdu.
    « En fait, je me dirigeai vers le Fort de Sang pour lui donner une bonne petite rossée comme il le mérite, mais cet affreux destrier n’en fait qu’à sa tête...
    — Qu’à cela ne tienne ! répondit Gilgalad en riant. Descend donc de ta monture et joins-toi à nous, nous nous dirigeons nous-mêmes vers le gros des forces des vampires. Et nous pourrons nous divertir en passant par les lignes bretonniennes qui nous  en séparent.
    — Oui, fais ! - renchérit sa femme. Cela me changera de la compagnie de mon gnoblar irascible de mari : j’ai terriblement envie de changer d’air. »
    Le regard pétillant que son épouse lança à l’elfe vampire était sans équivoque : Ça, c’était pour tout à l’heure. Ce dernier lui renvoya un clin d’œil, et elle lui rendit son sourire. Pendant ce temps, Gromdal était descendu –péniblement– de son cheval, et avait repris son arme. Son regard se perdit dans le fer de sa hache, qui était parcouru d’éclairs bleutés.
    « Oui ... Je pense que je vais venir avec vous, j’ai besoin d’un bon divertissement pour me ... calmer. » Un sourire carnassier se dessina sur le visage du nain, qui resserra son emprise sur son arme runique. « Ah... le premier qui me barre la route... »
     Le dragon de sang contempla le volcan miniature et surtout très barbu qui se tenait devant lui, prêt à exploser. Vraiment, je n’ai pas envie d’être à la place de ce pauvre bougre...  Mais le nain se ressaisit et gratifia les deux elfes d’un grand sourire :
    « Allons, ne trainons pas, et allons expliquer à ces chers bretonniens de quoi on se chauffe ! »
    Et il se lança d’un pas léger vers les fers de lances bretonniens qui s’agitaient en contrebas. Même l’eau qui commençait à lui lécher les bottes n’entamait pas son entrain.
     Gilgalad se tourna vers sa femme :
    « On ne le leur a pas déjà suffisamment montré, non ? - demanda-t-il à sa femme
    — Peut-être, répondit-elle avec un sourire, mais nous répéter ne pourra pas faire de mal à personne.
    — Ah ça, je n’en suis pas si sûr. » fit-il en retenant son rire.
    Et le couple s’élança joyeusement à la suite du nain.

    Il ne fallut pas longtemps au petit groupe pour qu’il rencontre son premier ennemi : un chevalier égaré se tourna vers eux pour les charger sans hésitation : le couple à la beauté glaciale avait marqué les esprits parmi les rangs des bretonniens. Gilgalad allait d’ailleurs s’avancer, mais Gromdal s’interposa, l’arme au poing.
    « Attend, laisse-le moi s’il-te-plaît. J’aimerais m’en occuper.
    — Comme tu veux. » Gilgalad haussa les épaules et recula. Le pauvre chevalier allait passer un sale quart d’heure.
    « POUR LA DAME ! » hurlait ce dernier en baissant sa lance vers le nain.
    Mais celui-ci se baissa lui-même prestement, esquivant le coup maladroit du bretonnien.
    « NOUS –» Le nain abattit le revers de sa hache sur les pattes arrière du palefroi, envoyant quelques éclairs lui parcourir la jambe. Le destrier s’effondra un peu plus loin en hennissant, les jambes arrière fauchées.
    « N’AVONS !» Le chevalier se releva péniblement à côté de son destrier haletant faiblement.
    « PAS !» Sa hache tenue à deux mains Gromdal se rapprocha.
    « LE TEMPS !»  Un revers de sa hache eut tôt fait de briser la défense hâtive du bretonnien, et envoya valser son bouclier.
    « POUR CES CONNERIES ! » Le nain s’arqua sur ses jambes, fermement ancré dans le sol, et arma un coup terrible qui frappa le bretonnien en plein torse. Il y eut alors une gerbe d’éclairs et ce dernier fut envoyé voler dans les airs : son armure noircie et fumante, il retomba lourdement quelques pas plus loin, en gémissant.

   Gromdal prit un air visiblement satisfait. Il s’essuya le front d’un revers de main, tout sourire :
« Ah, je me sens déjà mieux ! » Puis, avisant le regard de ses compagnons : « Quoi ? Ce n’est pas comme si je l’avais tué, il s’en remettra ! Ouais, difficilement. Hum, de toute façon, cet imbécile l’avait cherché, ‘faut pas vouloir embrocher un nain sans se poser de questions. Et puis c’est tombé sur lui, ç’aurait été un vampire que ça n’aurait rien changé, j’avais besoin de me défouler, un point c’est tout.  »
    — Oh, ça ne me dérange pas... Mais remarque plutôt que, grâce à ta petite taille, tu as pu esquiver son premier coup ! Comme quoi, la nature est bien faite... même si on pourrait en douter, parfois, en voyant certains spécimens. Qu’est-ce que tu en penses, maître nain ? - répondit Gilgalad sur un ton acéré.
    — Moi je dis et je répète – le nain jeta à l’elfe un regard noir – que tu feras moins le malin quand je t’aurai fait avaler ton tabouret à la taverne. »
    Les deux compagnons se contemplèrent un moment sans ciller. Le silence était omniprésent.
    Puis un coin des lèvres de Gromdal se souleva, et l’œil de l’elfe se mit à trembler légèrement.
    Et d’un commun accord, nain et elfe se mirent à rire de bon cœur, et ils reprirent leur chemin. Le nain ne quittait pas son sourire.
    « Ha ! Il faudra que j’essaie pour de vrai, une fois, rien que pour voir ta tête.
    — Comme si tu allais réussir à me toucher, répondit l’elfe.
    — Pardi, tu n’as pas tort, avec tes réflexes à la noix... Je ferais mieux de viser le bouffeur de salade...
    — Depuis le temps que tu menaces Ethgri de le faire, il serait temps ! »

    Au loin, quatre cavaliers apparurent, armes au clair. Ce n’étaient pas des vampires, et leurs cris de guerre en l’honneur de la Dame leur parvenaient déjà aux oreilles.  Aryana s’avança vers eux, pendant que les deux compères continuaient tranquillement leur discussion.
    «  Hmpf. » Le nain était pensif. « C’est vrai qu’il faudrait que je trouve autre chose, ça ne lui faisait déjà plus effet la dernière fois que nous avons bu ensemble. »

     Le premier chevalier tenta de transpercer l’épaule d’Aryana, mais, vive comme le vent, cette dernière sauta par-dessus l’arme et lui porta un coup mortel, transperçant la cotte de maille sous une faille du plastron, à l’aisselle. Emportée dans son élan, elle en profita pour asséner un revers à la gorge du second bretonnien alors qu’elle passait, en vol, à côté de lui. Les deux autres cavaliers continuèrent dans leur lancée sans qu’elle puisse les atteindre.
     L’elfe était en pleine réplique : « Mais, cher nain, c’est parce qu’il te faut trouver quelque chose de plus original, d’efficace. Il faut te reprendre ! » Distraitement, il sortit un couteau de sa ceinture et le lança à l’encontre du troisième chevalier, qui s’effondra aussitôt, le couteau planté dans la fente de sa visière.  
     Le quatrième s’approchait, mais commençait à relever sa lance, en proie au doute. Gromdal, pensif, fit tournoyer sa hache : des éclairs commençaient à apparaître sur son tranchant.
     « Je ne sais pas, disait-il. J’avais bien pensé à lui dire que j’allais lui envoyer ma chope au nez, mais ça voudrait dire que je gâcherais ma bière, alors j’hésite... »
     Soudain, il s’arrêta, et d’un large mouvement de son bras, fit mine de l’envoyer la hache au bretonnien. Dans un claquement de tonnerre, un petit éclair jaillit de l’arme et alla frapper de plein fouet le chevalier qui termina sa course dans la boue un peu plus loin, sonné. Cela valait mieux pour lui qu’une lame elfique en travers de la gorge.
     Gilgalad hocha la tête. Aryana les avait rejoints.
      « Oui, je comprends... C’est un problème sur lequel il faut bien réfléchir, disait l’elfe. »
     De concert avec lui, le nain hochait la tête, tout aussi pensif. Puis tous deux se redressèrent, et avisèrent les centaines de chevaliers bretonniens qui combattaient, dans l’eau, les derniers chevaliers de sang à quelques pas devant eux, barrant le chemin du Fort de Sang. A l’instar de leurs quatre adversaires précédents, de nouveaux cavaliers les remarquaient et se détachaient du groupe pour affronter le fameux couple des elfes vampires. Gromdal eut un claquement de langue désapprobateur.
     « Ça va être un peu dur de continuer à parler, avec toutes ces interférences... »
     Gilgalad ne fit que sourire :
     « Essaye donc de suivre, ça sera déjà bien. »
     Mais le nain ne se laissa pas décontenancer. , et resserra son emprise sur sa hache. De nouveaux éclairs la parcouraient déjà.
     « Ha ! Débrouillez-vous comme bon vous semble, je ne me mêlerai pas à ça. Je vais plutôt vous suivre de loin, pour ne pas donner d’idées à ces buveurs de vins. Enfin, on trouvera Von Essen bien assez tôt, c’est tout ce qui m’importe.  
     — Que dites-vous de deux heures ? demanda Aryana, que les deux compères questionnèrent aussitôt du regard.
     — Deux heures pour traverser leurs lignes et aller jusqu’au Fort de Sang, je veux dire ! s’expliqua-t-elle avec véhémence.
     — Eh, il faut quand même compter la montée jusqu’au castel, fit Gromdal, ce n’est pas rien non plus.
     — Bon, alors trois heures ? proposa Gilgalad.
     — Vendu, mais si on arrive au bout de quatre, tu me dois une bière.
     — Tenu !
     Et les vampires se jetèrent allègrement dans la mêlée. Quelque cents pas en retrait, le nain les suivit, peu approbateur de tant de violence gratuite.


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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyLun 1 Aoû 2016 - 13:25



     - Est-ce qu’il ne serait pas temps… de songer à une retraite ?
     - Nom de nom, moussaillon !
– Euron para un énième coup d’épée. – Ce n’est plus qu’une question de temps ! Vous voyez le navire, là-bas ?
     - Le navire ?!
     - C’est le Spectre des Abysses ! Voyez combien d’âmes il a déjà ramassées !

     Au milieu de la tempête, l’effroyable bâtiment translucide flottait à travers la bataille avec l’implacabilité de la mort, laissant un sillage de corps froids et inertes dans son passage. Un vent impie gonflait ses voiles déchirées, et son équipage hurlant et hululant n’en rajoutait que plus à la vision d’horreur : des dizaines et des dizaines de mortels fuyaient alors même qu’ils venaient d’arriver au combat, jetant leurs armes et priant la Dame avec désespoir.
     - Mouais…
     - Je dois dire… - Wilhelm tenta de ramasser la bannière du Fort, pour s’apercevoir que la hampe était en miettes. – Merdre !!
     - Hein ?!
     - La bannière !!
     - Oh !
     Dans un geste fluide, le Roi Muet ramassa une longue lance de cavalerie et la lança au chevalier de sang.
     - Merci ! Mais… - le vampire dut immédiatement en faire usage pour bloquer deux cruels coups de taille, - mais je crains…
     - COUVREZ-LE,  BANDE  DE  BRAS  CASSÉS !!
     Ce cri tonitruant provenait d’Ulrich von Stromdorf, et s’adressait à ses quatre subordonnés comme aux trois revenants. Wilhelm fut agréablement surpris de voir un cercle protecteur se former autour de lui, alors que des dizaines de pèlerins aboyant le nom de la Dame sans arrêt les encerclaient. Le vampire ne perdit pas une seconde ; il attacha d’abord un bout de bois au sommet de la hampe de fortune, puis lia les deux coins de la bannière aux deux extrémités du bout de bois ; tenta de lever le résultat. Son sourire s’élargit, montrant ses canines.
     - Fait !
     - Pour l’Ordre ! Défendez cette bannière jusqu’à la mort !!
     - Sire Ulrich ! Mes respects !
     - Oui, hissez haut les couleurs !

     Le Roi Muet montra son enthousiasme en embrochant deux pèlerins d’un seul coup, tout en assommant un troisième.

     Ils bataillèrent ainsi pendant encore quelque temps, quand un cri déchirant manqua de leur faire lâcher leurs armes.
     - C’était quoi, ça ?
     Oldrick vit alors le pirate revenant lever le regard vers le ciel.
     « NON ! COMMANDAAAAAANT !!! »


***


     Sous un débris de tribune, Anthézar venait de s’éveiller de sa torpeur suite à une vive douleur : quelque chose le mordait au mollet !
     Le nécromancien jappa de manière sonore, avant de se prendre la bouche entre les deux mains. Les larmes lui montaient aux yeux, et il secoua violemment son pied, cherchant l’arracher du… petit chien ?? Anthézar tenta de lui donner un coup de son pied valide, mais rata et se cogna l’orteil contre une planche, ce qui sembla décupler ses souffrances. Le chien, quant à lui, semblait résolu à lui arracher un bout de viande, tant il grognait férocement en le mordant.
     Se rappelant qu’il était sorcier, le frêle bonhomme commença à marmonner tout ce qui lui revenait en tête : formules de désenchantement, invocations, malédictions… Il sentit alors que quelque chose fonctionna : un subtil changement aéthyrique s’insuffla dans le chien, accélérant sa croissance… et s’arrêtant à l’âge adulte. Anthézar hurla de plus belle lorsque le GROS chien le tira violemment par la cheville.
     Balbutiant et pleurnichant de douleur, Anthézar ne rata pas son second coup de pied, instinctif : atteint en pleine gueule, le chien lâcha prise, mais grogna avec plus de férocité, visant peut-être la gorge… Le nécromancien pria pour un miracle.

Miracle tenté, réussite critique !
- dit une petite voix féminine, qu’Anthézar ne s’expliqua jamais.

     Courage le chien fut stupéfait par une légère détonation, puis par le fait que sa proie… avait disparu !


***


     - Nagash, je t’en supplie…
     - Anthézar ?!!!

     Wilhelm Kruger vit à ses pieds une petite chose en noir, recroquevillée et poussant d’incessantes jérémiades. Le cercle de leurs assaillants ne désemplissait pas, mais ils tenaient bon. Or, l’apparition surnaturelle de la créature provoqua en lui tout d’abord un profond dégoût.
     - Ah ! Pitoyable ver !!
     Son pied armuré allait trouver la tête du sorcier, quand le cri du seigneur des batailles le stoppa dans son geste.
     - Anthézar ! C’est bien toi ?!
     - O… Oldrick ??
     - Viens par –
    Le roi revenant dut s’interrompre pour parer une pointe de bardiche qui allait s’abattre sur son cou, puis occire le hideux mortel qui avait osé l’attaquer. Son comparse se jeta sur lui, mais un pan de la cape le prit au cou, puis le projeta sur ses comparses.
     - Voyez ça plus tard ! – lança résolument Wilhelm. – On a…
     - De pires problèmes, je sais !
     Deux chevaliers de sang avaient du être réquisitionnés pour retenir un pirate revenant devenu totalement fou furieux et prêt à se jeter dans la masse d’ennemis. Le cercle de la non-vie s’était rétréci.

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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyLun 1 Aoû 2016 - 13:34

***


     Dangorn de Castagne n’était pas loin de traiter la Dame de bonne à rien, tant leurs ferventes prières ne semblaient pas suffire. Si son épée à lui enlevait des bouts à l’infâme bateau, les armes des chevaliers qui étaient avec lui étaient inutiles. Pire : leurs armures ne semblaient guère les protéger du toucher spectral de la coque, et ils tombaient par poignées entières. Il eut un bref regain de foi lorsqu’il entendit l’affreux hurlement de… quelque chose, car le brave comte ne douta pas qu’un tel cri ne pouvait être provoqué que par un monstre sévèrement blessé. Voire mourant. Les minutes s’égrenèrent toutefois, et rien ne sembla pencher en la faveur des bretonniens : l’affreux bateau déambulait librement sur le champ de bataille, aussi lumineux qu’une abominable luciole géante, et poursuivait son ouvrage de mort et de terreur…

     Il traita la Dame de bonne à rien lorsqu’une chose immense ressemblant à une vague sortit des bois. Il tenta de se rattraper avec une farandole de compliments lorsqu’il vit son étincelant cousin galoper à la suite de la créature. Toujours fût-il qu’un éclair aveuglant le trouva, lui et son destrier, secouant l’impertinent comte tel un arbre fruitier et frisant sans merci ses longs cheveux blonds.


***


     Le Spectre Abyssal partait pour sa sixième moisson d’âmes à travers la vallée, quand Vangheist aperçut l’énorme créature surgir des profondeurs des bois. Il savait qu’elle provenait de l’endroit où son maître venait de hurler à l’agonie. Saisi d’une haine glaciale, le capitaine fantôme dirigea son navire droit sur le géant d’eau, résolu à l’éperonner pour venger la souffrance de son maître.
     Il perçut son erreur à mi-chemin : faite de matière enchantée la créature était létale pour lui…

     Le navire vira de bord, aussi vite qu’il le put. Fonçant droit vers la bannière du Fort de Sang.

     - Euh…
     - Euron ! Dites-moi qu’il est… qu’il reconnaît ses amis !
     - TUER ! TUER ! TUER !
     Le Roi Muet remua sa main, montrant la vanité d’une tentative du lui parler. En revanche, le vieux squelette fut subitement le premier à repartir à l’offensive, feintant et tranchant, dans la direction opposée à celle du navire fantôme. « Je n’ai pas envie de vérifier ! » - pensa-t-il.
     L’Ordo Draconis, Oldrick et Anthézar lui emboitèrent le pas, lâchant Euron dans l’échauffourée. Libre d’agir, le pirate revenant reconnut instantanément sa cible : le chevalier blanc qu’il apercevait au-delà d’une mer d’ennemis.
     Dans la foule de pèlerins, deux sanglants sillons furent tracés, partant dans deux directions opposées…


     Saine et sauve dans le géant d’eau, Dame Gaea savait désormais qu’il ne s’agissait désormais plus que d’une question de temps. Lorsqu’elle aperçut le rugissant mort-vivant foncer en direction de Silvère, elle n’en fit rien, ayant une parfaite confiance en son preux sauveur.


     « Hé ! Tête de moule ! »
     Le sire de Castagne ne se fit point prier. Sans ralentir, il abaissa sa lance vers l’odieux revenant qui courait vers lui, résolu à lui faire mordre la poussière une seconde fois.
     Sauf que cette fois-ci, aucune règle ne condamnait Euron à cesser le combat après cela. Poussant chacun un tonitruant cri de guerre, mort comme vivant firent chanter leurs armes.


***


     Affalé sur un énorme rocher, faible, souffrant et terriblement fatigué, le connétable Bertrand observa avec hébètement comment le terrible navire démoniaque fut rattrapé puis broyé par la colossale créature divine. Plus exactement, le monstre lui broya l’arrière, suite à quoi la chose s’immergea promptement dans les flots desquels elle fut sortie, pour ne plus jamais reparaitre. En même temps, le bretonnien moustachu vit le jet d’eau faiblir lentement, très lentement, jusqu’à s’estomper complètement. Sans doute les troupes royales avaient fait du bon boulot…




     Le chaudron avait disparu, les sinistres lieutenants aussi. Si l’eau avait cessé de ruisseler sur les pierres, le sang lui, ruissèlerait encore un bon bout de temps. Simon de Hautmont, entouré de tous ses hommes occis, lui-même blessé en plein cœur, poussa le dernier râle du mourant.



  Chevalier   

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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyMar 2 Aoû 2016 - 1:11



     - Mais qu’est-ce qu’il fout ?!
     - Il venge son maître. J’aurais fait de même à sa place.
     - On le laisse pas tomber quand-même ?!
     - Vu comment il se débrouille bien, considérons cela comme une séparation tactique.
     Force était de constater qu’aucune arme mortelle ne semblait pouvoir blesser ni même ralentir le capitaine des revenants. Oldrick bougonna pour lui-même, puis se tut. Leur progression était déjà assez lente et pénible…
     - Anthézar !
     Le frêle nécromancien suivait son serviteur de très près, constamment protégé par le manteau maléfique.
     - O-ouii ?
     - Rends-toi utile, bon sang !
     - Euh…
     - Ah ! Prends ça !
     Le seigneur des batailles brisa violemment la hampe de la lance qui cherchait à percer son cou, tira sur ce qui restait et assomma son propriétaire, alors même que sa cape déviait des dizaines d’autres attaques. Comme si cela ne suffisait pas, ils devaient veiller à enjamber correctement des dizaines de cadavres trainant par terre, humains comme animaux, et les immortels ne devaient pour le moment leur survie qu’à une entraide constante et une cohésion lentement naissante. Pas à pas, ils se rapprochaient du flanc nord de la vallée.
Prenant son courage à deux mains, le sorcier reprit le bourdonnement de formules incompréhensibles, essayant de se remémorer la bonne. Dans le chaos de l’affrontement, personne ne l’entendit marmonner, alors même que l’air semblait se refroidir autour de lui, et les gouttes de pluie commençaient curieusement à changer de direction.
     Wilhelm observa alors des phénomènes aussi étranges qu’éphémères se produire : des cadavres se mettaient à bouger sous leurs pieds, pour redevenir inertes aussitôt. Deux chevaux mutilés s’élevèrent une fois au-dessus de la masse, pour retomber aussitôt sur des mortels malchanceux. Rarement il vit certains de leurs ennemis s’effondrer sans raison apparente, secoués de spasmes et crachant du sang. A un certain moment, en revanche, il ressentit en lui un anormal sentiment de puissance et d’aisance, un état d’esprit lui rappelant vaguement la sensation après avoir bu du sang. Il jeta un bref coup d’œil sur ses compagnons : les cris des vampires semblèrent plus sonores et leurs coups plus brutaux, et un semblable regain de folie meurtrière s’emparait des deux revenants. La source, l’odeur de puissance émanait du petit être qui les suivait et qui bredouillait encore et encore…
     Atteindre les arbres fut un soulagement inattendu ; ils ne perdirent pas prudence, tâchèrent de ne guère se laisser séparer par les troncs, déjouèrent les mortels qui croyaient les surprendre en se cachant dans les sous-bois. Peu de temps après, ils furent à nombre égal avec les derniers braves qui osaient encore les poursuivre. Alors, Oldrick réitéra la tactique qui lui avait valu la victoire au tournoi : déployant sa cape de plus en plus, aussi haut que les arbres, il poussa de tels hurlements menaçants que les mortels hésitèrent.
     - Partez ! Ou mourez ici et maintenant !! – asséna à sa suite von Stromdorf.
     Les chevaliers de sang firent de larges moulinets, montrant leurs crocs, attendant les ordres de leur supérieur.
     De manière inattendue pour aucun d’entre eux, un autre de leurs derniers assaillants s’effondra dans un râle.
     - Décidez vite, – glissa soudain Oldrick, - ou lui va vous tuer à petit feu.
     Il montra Anthézar, qui ressemblait alors plus à un dément chaotique marmonnant de sombres prières.
     Un second mortel rendit l’âme ; c’en fut trop pour deux de ses comparses : ils poussèrent un cri, prenant soudain leurs jambes à leur cou. Les autres leur emboitèrent rapidement le pas, incapables de se résoudre à rester. Une fois qu’ils disparurent derrière les arbres et les buissons, les immortels se regardèrent, soulagés pour certains.
     - Ça n’a pas été facile.
     - En effet.
     - Chevaliers ! – le ton autoritaire du sire Ulrich attira immédiatement leur attention. – Interdiction formelle de retourner au Fort de Sang !!
     Le Roi Muet, Oldrick et Wilhelm virent chez certains un net désarroi, voire de l’incompréhension. Von Stromdorf poursuivit :
     - Pour une nouvelle fois, l’Ordre est vaincu et dispersé, mais ne perdez ni espoir, ni fierté, et obéissez aux ordres ! A compter de ce jour, cinquante ans après, cinquante ans, je répète, tous les chevaliers ici présents doivent retourner au Fort et vérifier la situation. Pendant ce temps, vous êtes sommés d’élargir nos rangs de nouvelles recrues ! Suis-je clair ?!
     - OUI  MESSIRE  !!
     - Dispersez-vous !
     Ils tournèrent alors les talons, et se mirent à crapahuter le long de la pente ; les trois compères remarquèrent toutefois des hochements de tête furtifs et des signes de main : l’Ordo Draconis les reconnaissait comme des alliés fiables.
     Wilhelm vit Ulrich se tourner vers lui ; il s’y attendait.
     - Sire Kruger ?
     - Dans cinquante ans, sire von Stromdorf, j’y serai.
     - Bien, - entre les deux vampires, les regards semblaient plus évocateurs que les mots.
     A l’instar des autres chevaliers de l’ordre il adressa aux deux revenants un bref salut martial. Le seigneur des batailles imita le geste ; le Roi Muet s’inclina courtoisement. Jetant un dernier regard aux trois compères, Ulrich von Stromdorf partit à son tour : la vitesse de sa course les surprit quelque peu.
     Pendant un certain moment, ils demeurèrent silencieux.
     - Bon… mais… Anthézar ! Anthézar !!
     - Que – hein ?!! Quoi ? Comment ?!
     - Il suffit, il n’y a plus d’ennemis !
     - Ah ?
     Tout au long des dernières manœuvres de l’Ordo Draconis, le nécromancien n’avait cessé de marmonner. Oldrick eut alors du lui crier dans l’oreille pour le faire revenir à lui.
     Le Roi Muet lui montra un pouce tendu vers le haut, alors que le vampire se contenta de hocher la tête.
     - Tu t’es rendu utile, - traduisit platement son serviteur.
     - Ah bon ?
     - Oui.
     - Messieurs…
     Les deux revenants et le nécromancien se tournèrent vers Wilhelm. Le chevalier de sang leur adressa le même salut qu’avait faire naguère von Stromdorf. Le Roi Muet pencha légèrement son crâne, Anthézar ne comprit pas. Oldrick s’enquérit :
     - Déjà ?
     - Il le faut. Pour la discrétion.
     A ce moment, le seigneur des batailles capta le regard (vide) du Roi Muet ; il lui sembla lourd d’ironie. Foutues cornes… Foutue non-vie…
     - Anthézar !
     - Oui ?
     - Et ma beauté d’antan alors ?!
     Le nécromancien écarquilla les yeux, articulant « Quoooi ?? », ce à quoi le roi revenant gloussa de bon cœur (s’il en avait encore un). Il se tourna ensuite vers Wilhelm.
     - Alors bonne route ! Si on ne se voit pas avant, je reviendrai ici dans cinquante ans !... – il vit le Roi Muet se pointant lui-même du doigt. – Il veut dire la même chose, je pense.
L’intéressé montra son approbation en hochant la tête.
     - Fort bien.
     - Vous le renommez ? Fort de Sang, c’est déjà pas mal, non ?
     Cette fois-ci, Wilhelm ne put contenir son hilarité, et le trio rit ensemble pendant quelques instants, alors que le nécromancien ne comprenait toujours rien.
     Alors, le vampire salua derechef, et tourna les talons après avoir été salué à son tour.

     - Bon, alors et vous, vous allez où ?
     Le Roi Muet sortit un bout de feuille griffonna quelque chose : « Voir Castel Sanglac »
     - Ah, vous y pensez encore ? – le vieux squelette acquiesça. – Bon, et après ?
     Le revenant haussa les épaules.
     - C’est que… Anthézar et moi ne restons pas ici. Vainqueur du tournoi du Fort de Sang, j’aurai un peu trop d’ennuis avec mes admirateurs.
     - Hein ??
     - Tu veux te faire embrocher par une lance ?
     - Ah non.
     - Bon. Ben… A dans cinquante ans !
     Le Roi Muet hocha la tête, puis s’inclina comme il affectait de le faire. Lorsqu’il se releva, il eut une vision qui le surprit plus que tout ce qu’il avait vécu pendant ces derniers mois : surgissant de l’ombre des arbres, un destrier mort-vivant s’approchait de lui. Son destrier mort-vivant. Oldrick ne mit pas longtemps à le comprendre.
     - Oh l’enf… Viens Anthézar ! On s’en va !! – dit-il, feignant l’indignation.
     Le Roi Muet monta en un instant sur sa monture, alors que le maître et le serviteur s’éloignaient d’un bon pas. Il prit alors le même bout de papier qu’il venait d’utiliser, écrivit quelque chose de l’autre côté, et rattrapa vite le seigneur des batailles. Ce dernier reçut le bout de papier de sa part. Il y avait écrit dedans :

Fort Bien, dans cinquante ans


     La forêt retentit de nouveau d’un rire funeste et tonitruant.



Dernière édition par Von Essen le Jeu 11 Aoû 2016 - 17:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyMar 2 Aoû 2016 - 2:19


***


     L’eau peinait à partir, gonflée par la pluie de l’interminable orage. Infanterie et cavalerie bretonnienne se mêlaient dans un désordre indicible, alors même qu’aucune trace de vampires ne subsistait sur le champ de bataille. Les officiers s’égosillaient à rallier les fuyards (non sans quelque violence pour punir leur couardise). Le sire Dangorn, qui voyait que sa mission était presque accomplie, eut le bon sens d’envoyer des chevaliers prendre soin du connétable Bertrand, sévèrement blessé. Balayant le champ de bataille du regard, il aperçut au loin un trou dans la foule de bretonniens. Non, c’était plutôt un cercle. Un cercle autour d’un féroce duel impliquant Silvère, son brillant cousin.


     Euron frappait brutalement, se heurtant souvent à une parade du chevalier, mais il n’en avait cure. Campé sur ses deux jambes, sentant même de l’eau de mer recouvrir ses chevilles, il jouait de son sabre comme il aurait joué d’un bâton destiné à rouer de coups un matelot tire-au-flanc. Les nombreuses bottes de son ennemi rebondissaient sur lui, il était tel le rocher face à la vague de tempête.    

     Le sire de Castagne vit enfin une faille dans l’armure du revenant, mais ce dernier lui opposa une défense impénétrable (Silvère : 4T, 3B, 2 svg, 1 invu !   Euron : 1T, 0B). Le vaillant sire tentait constamment de le contourner grâce à sa monture, sans succès. Il frappa encore et encore, rapide comme l’éclair (4T, 4B, 4 svg !), mais ne trouva que l’armure dorée de son ennemi, plus dure que de l’acier. Euron se jeta de nouveau sur le chevalier, tentant une énième fois de le désarçonner, mais fut repoussé par une force intangible, alors que le chevalier étincelait de blanc (Euron : 2T, 2B dont un CF annulé, 2 svg).

     Les bretonniens, nobles comme gueux, n’osaient guère approcher ce combat, et observaient, muets et sourds à tout ce qui pouvait se dérouler aux alentours. Deux êtres surpuissants s’affrontaient : de l’un émanait une aura rouge et maléfique, alors que de l’autre se diffusait une forte lumière de juste vindicte. Ils tournaient l’un autour de l’autre, l’un droit et précis, l’autre sauvage et brutal :
     4T, 2B, 2 svg contre 2T, 1B, 0 svg, 1 invu !
     « Bénis sois-tu, chevalier. »
     4T, 2B, 1 svg + 1 svg contre 1T, 1B, 1 svg.
     « Je t’arracherai les boyaux et en ferai une corde pour te pendre au haut mât ! »
     4T, 2B, 2 svg contre 2T, 1B, 1 svg.
     « Courage, Silvère ! »
     3T, 0B contre 1T, 1B, 1 svg.
     « Crève !! »
     Investi d’une foi guidant son bras, Silvère fit pleuvoir un tel déluge d’attaques que subitement, l’épaulière qui jadis avait été brisée par le sire Oméga se brisa une seconde fois (5T, 3B, 2 svg, 1 PV !). Hargneux, le pirate revenant tenta de lacérer la gorge de son ennemi, comme lors de ce lointain combat, mais fut une nouvelle fois repoussé (3T, 2B, 1 svg, 1 invu !).
     Le chevalier pressa son avantage, frappant là où la Dame le lui indiquait, alors que sa lame semblait elle-même s’impregner de flammes immaculées… Un râle terrible quitta la gorge du revenant lorsque la pointe ardente s’enfonça entre son cou et son épaule (Silvère : 5T, 2B, 0 svg, 2 PV !!!).

     Un épais nuage enveloppa soudain le mort-vivant, qui poussa un juron retentissant : il comprenait ce que cela voulait dire. Son maître lui apparut comme la veille, sévère et insistant :
     « Nous reviendrons, Euron ! Tel qu’il est, tu n’es pas en état de le vaincre aujourd’hui ! »
     Incapable de répondre, le pirate poussa simplement un cri de rage, ce que son commandant ne put que comprendre. Lorsque Silvère chargea le nuage, toute trace de son ennemi avait disparu.



 Chevalier  Chevalier  Chevalier  

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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyMar 2 Aoû 2016 - 15:34

***


     Aussitôt après le fatidique combat final, alors même que les gueux acclamaient haut et fort le champion de la Dame, un chevalier fort téméraire et fougueux eut une idée lumineuse. Eperonnant sa monture, il se fraya un chemin à travers la foule armée, remonta vers le fond de la vallée, puis droit vers le Fort de Sang : il serait le premier bretonnien à en forcer l’entrée ! Alors qu’il chevauchait sur l’unique chemin qui y menait à travers les bois, il vit un sinistre cavalier tout de noir vêtu, qui eut en plus l’outrecuidance de lui tirer la langue.
     Une course sans merci s’engagea alors, et en vue de la ruine, le cavalier (vampire sylvanien de son état), avait l’avantage : le comte Von Eupaçeuhrépa insuffla encore un peu de magie à son cheval mort et nargua son concurrent :
     « Alors, vil chien, on essaye de prendre la Sylvanie de vitesse ? Haha ! »
     Ce à quoi l’autre chevalier, qui arborait un bélier comme blason répondît par un brutal coup d’éperon destiné à son pur-sang. On ne distançait pas le chevalier Seiydonc de Mannempecher comme ça !
     « Attends donc, fripouille ! Ce fort appartient à Bordeleaux ! Je m’en vais t’apprendre à ralentir ! »
     Il referma son heaume et pointa sa lance vers le fondement du vampire quelques mètres plus loin. C’est alors qu’une chose les dépassa tout deux en hurlant :
     « Joyeux Journiversaire à vous messieurs ! »
     En passant devant le mort-vivant, Ethgrì Wyrda tira son épée et trancha la tête de la monture de celui-ci qui mangea la terre des mètres suivants. Le bordelais, loin de remercier l’elfe, le visait désormais de sa lance. Ethgrì, plutôt que de bouger sous la menace, siffla simplement, et la monture du bretonnien stoppa net. Le chevalier quitta sa selle sans même bouger d’un cheveu, et c’est dans sa position de cavalier en pleine charge qu’il dépassa son cheval par dessus. Sa lance se planta dans le sol et le propulsa plus loin dans une splendide parabole.
     « Veillez m’excuser messieurs, l’enthousiasme m’étreint ! Nous fêtons aujourd’hui le énième journiversaire du Festival de l’équinoxe ! Une fête de chez moi. Attendez que je vous aide, messeigneurs ! »
     En relevant la tête, Seiydonc vit un personnage étrange, souriant derrière un masque bizarre qui lui couvrait le haut du visage, et qui lui tendait la main. De rage, il tenta de frapper celle-ci, mais fut incapable de lever son tronçon de lance, qui paraissait attaché au sol par des fils de soie enchantés.
     « Veillez aussi excuser mes tisseurs, ce sont des farfadets très joueurs. En revanche…
     Il frappa le visage du chevalier d’un coup de pied, faisant voler son casque au loin.
     …il me semble dommage de ne pas profiter de la jolie brise que nous offre le ciel ce soir. »
     Seiydonc finit par se remettre sur pied à l’aide de son écu, mais avisant le mort qui faisait de même à peine quatre pas plus loin, il tenta de se jeter sur lui. Von Eupaçeuhrépa fit de même à l’instant, mais tout deux furent repoussés dans un tourbillon de lames. Le mort-vivant avait le poignet droit en sang et le bordelais le nez cassé. L’elfe se tenait entre eux, ne souriant plus.
     « Vous m’avez mal compris. Aujourd’hui, c’est la fête, et c’est moi qui mène la danse. Soyez amis, rien qu’un instant, je vous en prie »
     Le vampire, plus prompt, plongea en avant, la main gauche tenant désormais sa longue épée :
     « Je suis ambidextre, stupide bouffon !»
     Il fut cependant rappelé par le sol dans un cri, un poignard planté dans le mollet.
     « Et moi j’ai trouvé le temps agréable ce matin. Passionnant, non ? »
     Le bordelais, remis sur pied, essaya à son tour de trancher l’elfe par un coup de taille, mais il fut paré, et la seconde lame de l’elfe s’enfonça dans sa joue sur quelques centimètres.
     « Une brise, une brise, mais n’y a-t-il pas là histoire à chanter ? »
Von Eupaçeuhrépa frappa sur la droite, mais l’elfe esquiva d’un pas de coté, avant d’attaquer le pied du mort-vivant qui bloqua à son tour. Grave erreur qui valut à son oreille d’acquérir une liberté nouvelle.
     « Vent du soir, vent d’espoir, m’apportes-tu enfin… »
     Seiydonc fonçait en avant, le bouclier prêt à bousculer l’elfe, mais un autre fil le fit tomber. Un second couteau enfonça la main dans le sol, lui coupant deux doigts.
     « …Des nouvelles de celle que je vis au lointain… »
     Il se remit debout en criant, sans voir que le vampire courait sur lui avec sa lame. Mais ce dernier ne fut pas assez prompt, et l’elfe s’interposa devant le mort-vivant qui tombait déjà à terre, le genou droit à moitié sectionné par l’arrière.
     « … Portes-tu son parfum, ou mieux encore sa voix ?... »
     Le bordelais tenta maladroitement d’attraper le chanteur avec sa main valide, mais il ne rencontra que du vide, avec un troisième poignard qui se plantait dans le creux de sa paume… Il hurla et ne comprit que trop tard qu’il exposait sa langue à une nouvelle passe d’arme de l’elfe qui en ôta le bout.
     «… Car je l’aime, et ne sais vivre sans qu’elle soit là. »
     Ethgri Wyrda leva sa lame à temps pour empêcher le poing vengeur de Le vampire d’atteindre son ventre, et renvoya celui-ci au sol d’un coup de pied parfaitement ajusté.
     « …Si seulement j’avais la moindre certitude… »
     Les deux blessés étaient presque debout, côte à côte, quand l’elfe passa entre eux et traça deux longs mais peu profonds sillons parallèles dans les postérieurs non-défendus par l’armure des deux combattants. Tout deux retinrent un cri et des larmes.
     «…Que son cœur soit à moi, je ne t’appellerais… »
     Encore une fois, ce fut le vampire qui attaqua le premier, et qui tomba le premier quand sa voix fut éteinte à jamais par un nouveau couteau. Le bordelais le suivait de près, sans espoir, et retrouva le sol aussi, le tendon d’Achille en deux.
     «…Mais je suis dans la brume, je ne vois ni ne sais… »
     Les deux pleuraient pour de bon, désormais, le vampire crachant un peu de sang. Seiydonc se jeta encore une fois en avant, mais perdit une nouvelle fois l’équilibre et dans sa chute croisa une épée qui fit saigner son œil. Il retomba.
     «… Ce que valent à ses yeux mes frêles sollicitudes »
     Deux corps sanglotant gisaient sur la pente de la montagne. L’elfe fit le tour des deux, et dénuda à chacun le bras indemne tandis que ses farfadets attachaient au sol les autres membres des combattants.
     « C’est une chanson triste, je suis désolé d’avoir pu vous rendre chagrin. Commençons le petit jeu, voulez-vous ? Qui veut être le premier?
     - Mmmmmm… - le vampire regretta immédiatement de ne pas s'être tu.
     - Un volontaire ! Commençons ! Si seulement vous n’aviez pas cette armure, cela aurait été le ventre, mais bon…
     - Abomination... - murmura Seiydonc entre deux sanglots.
     
     L’elfe ouvrit la mâchoire du vampire qui, trop faible, ne put se débattre, et y glissa un petit objet d'un vert tendre.
     - Je dois avouer détester les armures ventrales, c’est lourd et encombrant. Mais ce brave Euron vous dirait que c’est utile, je l’admets.
     Il fit quelques pas en arrière, et dit :
     - Toutes les fêtes devraient se terminer à l’ombre d’un gros chêne, non ? Vous n’étiez ni Euron, ni Silvère, mais je fus très heureux de discuter malgré tout. Adieu !
     Il n’eut que le temps de se couvrir de sa cape avant que la magie ne fasse son oeuvre.

     Seiydonc observa avec stupéfaction et horreur une plante immense surgir de son ennemi terrassé, prendre racine, enterrer le mort-vivant avec, puis atteindre deux bonnes toises de hauteur tout en élevant vers le ciel une splendide canopée de feuilles ondulées...



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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyMar 2 Aoû 2016 - 16:01

***


     Un trio des plus improbables déboucha à son tour sur l’espace qu’occupait le chemin menant au Fort : deux des trois piétons étaient de haute taille, fins et élancés ; leurs armures étaient presque absurdement superbes, et leurs casques oblongs étaient ornés d'un flamboyant panache rouge. Le dernier (qui trainait un peu) avait aussi un casque, bien plus simple (et donc plus beau), une hache et une barbe. Il était petit, trapu, et n’avait aucun problème à reprendre son souffle.
     - La fin de la montée ! – lança triomphalement le plus haut personnage.
     - Gilgalad ! Que voient tes yeux d’elfe ? – l’interpella le plus petit.
     - A droite ou à gauche ?
     - AdroiteAgauche ! – se firent entendre Aryana et Gromdal.
     - Donc, à droite –
     - Je ne suis pas d’accord ! Tu as pris la direction de l’elfe !
     - J’ai pris la direction de ma femme.
     - Eh ben, on voit qui porte la culotte dans ce couple...
     Aryana eut un rire discret, alors que son époux dédaigna royalement la boutade.
     - A droite, donc, il y a le Fort de Sang ! Et… Tiens, je vois Von Essen et Dame Arken sur les remparts.
     - Ah ? Et à gauche ? – insista le nain.
     - Euh… Ethgri qui s’amuse comme un fou.
     - Allons à droite ! – résolut immédiatement Gromdal.
     Le couple d’elfes vampires se regardèrent avec complicité et s’esclaffèrent face à cette attitude anti-sylvaine. Puis emboitèrent le pas au nain.


     Une petite table ronde élégante et deux chaises confortables étaient installées sur ce qui s’appelait le corps de garde du Fort de Sang : la partie des remparts surplombant le portail.
    Sur la table, deux coupes et une fine carafe de cristal, remplie de liquide carmin. Sur les chaises – le chroniqueur et la mystérieuse vampiresse, scrutant les environs avec intérêt.
     - On dirait que nous avons tous les deux perdu… - prononça Von Essen.
     - En effet. Je suis déçue, - approuva la lahmiane.
     - Et… j’avais foi en l’armée impériale, mais qu’est-ce qui…
     Le chroniqueur porta soudain un regard lourd de soupçon en direction de la dame. Celle-ci le soutint sans ciller, souriant affectueusement.
     - Quoi ? – dit-elle.
     - Rien, - répondit-il, sans baisser la pression, - rien du tout.
     - Quoi ?!
     - Je n’ai pas fait de manœuvre frauduleuse, moi.
     - Je ne ferais pas de manœuvre frauduleuse, à moins d’avoir reçu un ordre direct de la Reine.
     - Et ?
     La vampiresse se permit soudain d’éclater de rire.
     - Et l’ordre est bien tombé… - parvint-elle à articuler en gloussant.
     - Et notre pari a été tenu après… - Von Essen vida sa coupe d’un trait. – Fourbe.
     Dame Arken se contenta de rire encore un peu. Puis encore un peu. Face au chroniqueur que son rire semblait agacer, elle ne pouvait s’arrêter pour de bon.
     - Bon ! – dit-il, - Ce ne sont donc ni les bretonniens, ni les impériaux qui arrivent premier ! Ça suffit, nous avons tous les deux perdu !
     - Oui oui, je ne dis pas le contraire…
     Von Essen la regarda encore un peu, intérieurement très content de l’amuser ainsi.

     Quelques moments après, il fut interpellé par les nouveaux venus :
     - ESSEEEN ! – le vampire sursauta sur sa chaise. - Il faut qu’on parle !!
     - Mais je t’ai tout payé ! Espèce de mauvais comptable !!
     - Mais je ne parle pas de ça !! Tricheur ! Vil tricheur !
     - Quoi ?!
     - On pourrait peut-être monter, non ?
     Quelque peu calmé par cette remarque provenant de Gilgalad, le nain bougonna quelque chose dans sa barbe et traversa d’un pas vif l’entrée défigurée de la ruine. Ils montèrent ensuite sur les remparts humides et glissants, se retrouvant auprès des personnes attablées.

     - Il y avait deux as de pique dans le paquet de cartes. Ose affirmer que ce n’est pas un de tes plans foireux.
     - Je l’ose.
     Le nain touchait le manche de sa hache runique, quand Dame Arken s’interposa :
     - Il ne triche pas car je lui ai demandé. Ils trichent tout le temps, au Pinacle, et je déteste ça, alors lui s’est juré de ne pas tricher pour me faire plaisir.
     - Ah…  Et la poudre à canon dans ma bière, hein ?? Ce n’est pas une mauvaise blague de ta part, par hasard ?
     - Bois du sang, ça ira mieux.
     - Oh ! Mais je vais t –
     - Ce n’est pas lui ! – la lahmiane soupira, pourquoi les hommes voulaient-ils à ce point la bagarre ? – Cette bière provenait de Nuln ! Et les tonnelets étaient des tonnelets d’artillerie recyclés !
     - QUOI ?!!
     Le nain sembla sur le point de s’étrangler face à une telle hérésie. Après un moment de flottement, où les quatre vampires virent son visage (le peu qui se voyait entre le casque et la barbe) passer du blanc et rouge vif, son teint reprit miraculeusement une couleur normale, et il s’inclina brièvement devant le chroniqueur.
     - Toutes mes excuses, sire d’Essen. Je reconnais ma méprise, et j’irai rendre visite aux brasseries de Nuln à l’occasion, ils vont m’entendre…
     Dame Arken avait fait apparaître deux autres chaises pour les elfes mort-vivants.
     - Mais alors, - dit Aryana en s’asseyant, - les deux as dans le paquet de cartes ?
     - J’ai emprunté les cartes à l’aubergiste, - annonça distraitement le chroniqueur, - il va m’entendre lui aussi.
     - Bon, - conclut le Prince Dragon vampire avec un large sourire, - tout est réglé alors, on peut y retourner ?
     - Hors de question, - répondit tout aussi distraitement Von Essen, avant de prendre un ton sévère : - Tu ne bois plus de sang, mais ce n’est pas une raison pour décimer le bétail des autres.
     - Oh… Je m’amusais bien pourtant…
     - Mon aimé, Arsvagnir et Irskagna doivent s’impatienter de nous retrouver…
     Convaincu par l’argument de sa femme, Gilgalad n’insista plus.
     - Et pourquoi moi, je n’ai pas de chaise ?! – s’enquit soudain le nain.
     Avant que quiconque ne prononce « Parce que tu es un tabouret », le chroniqueur prit la situation en mains :
     - Si vous n’avez plus rien à faire ici, maître nain, retournez avec dame Arken et moi à la taverne !
     - Bonne idée, bonne idée…
     - Chevalier, lady Swiftblade, partie de cartes ce soir, j’espère vous voir parmi nous.
     Le couple immortel donna son assurance qu’ils ne sauraient y manquer.


Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 70543311Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 70543311Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 70543311


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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyMar 2 Aoû 2016 - 16:42


     La pluie avait enfin cessé au dessus de la zone de ce que l’on qualifierait plus tard comme l’une des plus étranges batailles de son époque. La lice, ou plutôt ce qu’il en restait après l’explosion, était entourée de corps plus ou moins frais. L’eau de mer surgie d’on ne savait où avait englouti une partie de la vallée dans une eau verdâtre et repoussante, et partout y flottaient des cadavres, des morceaux de lances ou des boucliers abandonnés. On pouvait entendre les gémissements des blessés dont personne ne s’était occupé et qui appelaient à l’aide dans un espoir souvent vain que quelqu’un vienne à leur secours. La dévastation que la veille encore on appelait campement n’était plus qu’un amoncellement de tissus et de bouts de bois, car ce qui n’avait pas été soufflé par l’explosion avait été piétiné par des centaines de combattants. Des glorieux chevaliers qui avaient afflué de toute la Bretonnie pour participer au tournoi ou apporter leur concours contre les forces de la non-vie il n’en restaient plus que quelques-uns. Certains se glorifiaient, racontant leurs exploits – qu’ils soient vrais ou faux – à leurs compagnons du moment, qui généralement hochaient la tête tout en réfléchissant à la façon dont ils allaient eux-mêmes raconter leurs hauts faits. D’autres pleuraient les morts et les disparus, allant tour à tour de la colère à la prière, en passant par les larmes.

     Silvère de Castagne chevauchait seul, remontant doucement la pente boisée qui devait aboutir dans tôt ou tard au Fort de Sang. Il avait besoin de solitude après tous ces évènements, d’autant que le chagrin lui serrait la gorge à l’idée de tous ceux qui avaient perdu la vie dans cet affrontement presque ridicule. Tant de morts, de vies inutilement brisées, et tout ça pour quelle raison ? La vanité de grands seigneurs, vampiriques comme Bretonniens, qui avaient fait parler leur égo au mépris des autres. Son épaule le faisait de nouveau souffrir, cet hideux revenant à la cape noire avait frappé avec une force et une précision quasi maléfique, et ses coups l’avaient mis au tapis alors même que lui-même avait la faveur de la dame. Peut-être l’avait-elle abandonnée à cet instant parce qu’il avait douté d’elle sans le vouloir ? Peut-être la magie noire s’était révélée trop forte ? Ou peut-être encore qu’elle n’avait pas besoin qu’il gagne en cet instant, dame Penthésilée étant libre, et qu’elle voulait qu’il économise ses forces ? Silvère n’avait pas la réponse, mais maintenant que la bataille était finie il avait le temps de se poser la question.

     Un mouvement en contrebas attira son attention. Un survivant peut-être ? Ou une volute de fumée qui avait monté jusqu’ici ? Silvère plissa les yeux, et vit émerger des fourrés un palefroi noir monté par un cavalier en armure lourde. Celui-ci s’avança résolument vers lui, et Silvère ressentit un frisson lui parcourir l’échine ainsi qu’une profonde lassitude. Encore un vampire, encore un défi. Il commençait à en avoir marre, parce que nonobstant sa dévotion à la dame, elle lui demandait vraiment beaucoup de choses en ce moment. Silvère tira son épée et s’apprêta à charger le mort-vivant quand celui-ci s’arrêta. Le bretonnien eut alors le loisir de le détailler, et l’armure du vampire, rouge sombre avec des formes draconiques stylisées, lui parut familière. Mais ce fut lorsque l’individu retira son casque que Silvère le reconnut.

     « Bien le bonsoir, messire de Castagne. C’est un plaisir de vous trouver de nouveau face à moi ». La voix de Wilhelm avait des accents de satisfaction, car enfin il avait réussi à remettre la main sur le chevalier béni après tout ce qui s’était passé. Silvère, lui, se demandait ce que lui voulait Kruger, mais l’hypothèse du combat n’était pas exclue, malgré ses manières polies. Un bruit métallique s’éleva soudain en direction du vampire, et Silvère se mit en garde. Pourtant, lorsque Wilhelm leva le bras, ce n’était pas son épée qu’il tenait, mais son gantelet.

     « Je vous le remet, messire Silvère, pour une prochaine fois, fit Wilhelm en lui lançant l’objet que le bretonnien attrapa au vol. J’aurais été ravi de vous combattre ici et maintenant n’eut été votre blessure à l’épaule. Mais je serai ravi de vous affronter dans le futur, d’autant plus que votre étrange déesse semble avoir pour vous des projets tout particuliers. » Wilhelm s’inclina légèrement, laissant Slivère dans un silence presque irréel. S’il comprenait bien, ce vampire avait pris ombrage d’avoir été battu lors du tournoi, et voulait sa revanche. Quel étrange individu, mais que croyait-il ? Que maintenant que la trêve imposée par le tournoi était finie il accepterait de faire preuve d’honneur chevaleresque avec une créature de la nuit ? Silvère prépara son épée pour une frappe rapide, grimaçant lorsque son épaule le lança soudainement à cause de son changement de posture. « Vous ne semblez pas partager mon souhait il me semble, continua Kruger. Mais cela ne m’importe guerre, car je veux seulement que nous combattions. Cependant je ne vois aucun intérêt à vous affronter ici messire de Castagne, car dans votre état ma victoire ne saurait en être une. Remettez-vous bien, et alors j’accepterai de croiser à nouveau le fer avec vous. » Sur ces mots Wilhelm fit faire demi-tour à sa monture et la lança au trot dans la descente. Bientôt le bruit des sabots sur le sol caillouteux finit par s’estomper, et Silvère, qui n’avait pas prononcé un mot de toute l’entrevue, fut de nouveau seul, avec pour seule preuve de sa rencontre avec le dragon de sang que le gantelet de plates stylisé qu’il avait gardé en main.


***
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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyJeu 11 Aoû 2016 - 17:46

 

     La douleur était insupportable... Mon bras... détruit... réduit en miettes, les os, les muscles étaient totalement réduits à l'état de charpie. Heureusement que je possédais une maîtrise de la magie de l'Ombre exceptionnelle, sinon j'y aurais laissé ma peau à ce satané tournoi ! Malgré mon état, je m'inquiétais plus pour mes camarades que moi-même et je me débrouillai, je ne sais comment, pour atteindre la salle du trône où tout le monde était présent, excepté Chloé, le soleil de ma vie, qui passait du bon temps avec sa famille.
     Lorsque, de ma main valide, j'ouvris la porte de la grande salle, sachant qu'elle est faite d'obsidienne et de fer noir, la douleur de ma main meurtrie fusa néanmoins dans mon cerveau. Personne ne remarqua mon entrée à cause du bruit ambiant : une grande table occupait la salle et tous les lieutenants discutaient du combat...

     - Ses salauds d'humains... Aucun honneur de faire sauter l'estrade... - dit Amenhotep avec une pointe de déception dans la voix. - J'aurais pu combattre si j'avais été plus loin !
     - Parle pour toi ! Nous, on a activé le chaudron et cette magie de la Dame nous a renvoyé ici. Autant dire qu'on n'a rien fait et rien vu, pas vrai Nanosh ? - dit une voix hautaine et sûre d'elle, n'appartenant qu'à Lokhir Fellheart.
     - Vrai ! - répondit la voix caverneuse de Nanosh. - J'aurais voulu me défouler un peu plus !
     - Mouais, personne n'a eu de la chance durant ce combat... Je me suis pris une charge en pleine face... - dit Gutrot Spume, plus que déçu.
     - Et moi, je suis plus que débile... Je vois une créature aquatique et je m'attaque à elle alors qu'elle est magique ! Faut vraiment être con pour faire une erreur comme ça ! - rétorqua Vangheist.
     - Le plus chanceux d'entre nous à quand même été Euron qui s'est battu durant tout le tournoi, - glissa timidement Amenhotep lorsqu'il se tourna vers la personne concernée.
     Celui-ci écumait d'une rage gigantesque et passait ses nerfs sur une armure animée, simulant un combat, située non loin :
     "PLUS..." Transperce avec son sabre la tête en passant par la visière.
     "JAMAIS..." Découpe un bras et une jambe d'un coup fluide et puissant en une fois.
     "DE..." Coup de pied sur l'autre jambe, ce qui mis définitivement l'armure à genoux.
     "DÉFAITE !!!!!!!" Prend son sabre à deux mains et transperce l'armure au niveau du cœur avant de serrer son poing, ce qui comprima l'armure avant de la faire rouiller puis de la faire exploser.

     Le silence se fit alors dans la salle toute entière lorsque Euron reprit la parole :

     - Éliminé une fois en un instant passe encore ! Mais deux fois ! DEUX !!! Et par la même personne ! Je déteste être faible ! Plus fort ! Armes à distance, magie et corps à corps ! Il faut que je m'améliore partout ! PARTOUT !! Sans exception ! Même pas su venger Nyklaus !! - criait Euron.
     - Ne t'en fais pas Euron, - dis-je d'une voix faible.
     
     Tous se retournèrent vers moi et m'entourèrent pour me soutenir et me guider vers mon trône. Lorsque je me fus assis, un soupir de soulagement sortit de ma bouche alors que la magie affluait vers moi. Le souvenir de mon bras par la magie de l'Ombre me fit oublier la douleur tandis que mes os, mes muscles, ma chair se reconstituaient lentement.
     - Je comprends ta fureur, Euron, mais comprends-les. On a volé une dame, enfin, Von Essen l'a volée. Il a organisé un tournoi pour qu'ils la récupèrent. D'accord, ils ont fait exploser les tribunes et ont mobilisé une armée, mais comprends-les. À leurs yeux, nous sommes des créatures des ténèbres, impies et maudites. De plus, Von Essen, bien qu'à mes yeux cela nous a permis un peu de divertissement, a enlevé cette dame. Je sais que tu t'en veux d'avoir perdu par deux fois dans deux combats t'opposant à la même personne et que tu trouves qu'ils ont bafoué leur code de la chevalerie mais regarde les faits de manière neutre et à froid et, crois-moi, tu comprendras leurs réactions. Je n'en veux même pas à celui qui m'a causé cette blessure, - argumenta Nyklaus tandis que l'eau soignait sa blessure jusqu'à la faire disparaître, à l'appui de son statut d'immortel et de la magie de l'Ombre. - Si tu dois te venger, attends le prochain tournoi où il se présentera et affronte-le, combats-le et gagne. Telle est ma décision, Euron !
     - À vos ordres capitaine...

     Et le capitaine des revenants partit dans les salles souterraines du navire-château nommé le Naufrageur dans le but de s'entraîner à des combats de plus en plus rudes, allant même jusqu'à prévoir que ses prochains abordages, il les ferait seul contre tous...



***



     Colin mouilla son mouchoir et l'appliqua contre sa joue douloureuse. Le contact frais lui arracha une grimace. Quel idée aussi avait-il eu de demander la main de Penthésilée alors que son colosse de frère se tenait à côté d'elle. Il s'estimait heureux de posséder encore toutes ses dents. Il avait fait sa demande après la bataille alors qu'il était encore tout euphorique d'être encore en vie.

     Colin écarta de sa mémoire ce souvenir pénible. Il se pencha sur sa selle pour voir son chien Courage. Pour une raison qu'il ignorait, Courage avait doublé de taille entre le début et la fin de la bataille : c'était maintenant un grand chien de chasse intimidant. Le chevalier errant se dit qu'il devrait porter son chien à une chapelle du Graal pour vérifier qu'il n'y avait pas de marque du chaos juste au cas où, mais le tempérament de Courage n'ayant pas changé, il pensait que ce n'était pas le cas.

     Colin se redressa sur sa selle et regarda le paysage qui l'entourait. Il aperçut un donjon au loin et une bouffée de fierté s'empara de lui : la bataille avait fait beaucoup de morts et les seigneurs avaient adoubé nombre de chevaliers errants pour combler leurs pertes. Grâce à sa performance lors du tournoi, un seigneur avait passé outre les préjugés sur sa famille et lui avait confié un petit donjon et ses terres environnantes qui surveillait la frontière de son vaste domaine. Ce n'était qu'un trou paumé et un petit donjon défraîchi mais c'était des terres ! Des terres pour sa famille ! Enfin !

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MessageSujet: Re: Le tournoi du Fort de Sang   Le tournoi du Fort de Sang - Page 2 EmptyMer 17 Aoû 2016 - 16:14

***


     Gilgalad et Aryana étaient encore sur les remparts du Fort de Sang. La bataille était déjà perdue, même si elle n’était pas réellement terminée. Mais ils le voyaient aussi clairement que l’eau de roche est claire. Ils étaient sur les remparts et venaient de voir Von Essen, Dame Arken et Gromdal quitter la forteresse de manière enchantée. Le couple commença alors à tenir un pseudo-conseil de guerre. Gilgalad commença :
     « Qu’est-ce que tu en penses ?
     - Von Essen ne veut pas que l’on s’amuse.
     - Et donc ? –Gilgalad voulait continuer à la former.
     - La bataille est perdue.
     - C’est ça. On va devoir partir avec les dragons. On n’a pas le droit de…
     - Passer à travers leurs lignes, je sais. –Elle finissait toutes ses phrases quand elle le voulait.
     - On les fait atterrir dans la cour ?
     - Je suis d’accord.
     - Mais avant, une dernière chose, lui fit-elle en souriant.
     - Quoi enco…? »
     Il s’arrêta net quand elle l’embrassa sur la bouche en relevant le casque. Il le lui rendit immédiatement. Ce fut doux, malgré la poussière accumulée. Néanmoins, il fallait agir avant que les premiers bretonniens n’arrivent devant les portes. Ils se séparèrent d’un pas et appelèrent mentalement leurs amis et montures.

     Arsvagnir et Irskagna arrivèrent bien vite. Deux immenses rugissements à faire trembler les arbres sonnèrent sur le champ de bataille. Tout le monde s’arrêta. Gilgalad dit alors à sa moitié :
     « Je crois qu’ils sont là.
     - Et ils n’ont pas l’air contents. »
     Aryana avait un sourire carnassier aux lèvres. Un ouragan balaya la cour et secoua les tourelles. Deux immenses dragons de couleur azur se posèrent, malmenant les remparts fragilisés par l’âge. Le couple, qui faisait parti des derniers vampires à rester dans le fort, monta sur les dragons. Les deux êtres aussi vieux que les étoiles s’envolèrent immédiatement. Une fois en l’air, ils virent le désastre. Le champ de bataille ressemblait plus à charnier par endroits. Ils parvinrent à distinguer la pile de cadavres qu’ils avaient laissé tous les deux. Maintenant, il fallait partir. La mort dans l’âme, ou plutôt ce qu’il en restait, les deux cavaliers demandèrent à leurs dragons de partir vers l’Est.

     Après quelques minutes de vol, les deux dragons se séparèrent subitement, échappant à un long jet de flammes aveuglantes ; l’instant suivant, une créature immense surgit des nuages, horreur et fureur incarnées. Elle obliqua immédiatement vers Aryana, poussant un hurlement discordant par ses plusieurs têtes animales ; Irskagna, la dragonne, la reçut avec son propre souffle ardent, avant de charger de front l’ignoble bête ; Aryana fut la première à la transpercer de sa longue lance de cavalerie.
     L’une des gueules de la chimère broya la lance.
     L’autre mordit la dragonne au cou, sans lâcher prise, alors que ses membres griffus lui lacéraient le torse, les écailles ne suffisant qu’à rendre les entailles moins dangereuses.
     La troisième gueule fut stoppée in extremis par l’écu de l’elfe vampiresse, faisant trembler son bras.
L’instant suivant, Arsvagnir et son cavalier furent sur eux : le prince dragon de sang trancha la tête qui venait de jeter la lance broyée ; le dragon planta ses crocs dans la gorge de celle qui étranglait la dragonne. La troisième fut transpercée par l’épée d’Aryana, mais une violente secousse obligea obligea la vampiresse à lâcher son arme et éviter de justesse la perte du bras qui la tenait ; Gilgalad l’acheva en la décapitant pour de bon.

     Ils durent encore arracher la gueule qui retenait Irskagna, pour voir qu’il s’en était fallu de peu…
     - Ça va ? – s’enquit Gilgalad en rendant à son épouse l’épée qu’elle avait failli perdre.
     - Grâce à toi, - dit-elle, - ça va. Rentrons vite, j’ai un mauvais…
     - Pressentiment ? Non, cette chimère n’avait plus de poison. Trop vieille. Mais assez vicieuse pour une attaque surprise !
     Ils planaient au dessus des nuages, désormais certains d'être loin de toute créature malfaisante.
     - Je t’ai trouvé un peu lent à réagir, quand-même, - dit Aryana avec suspicion.
     - Bah… Je t’avoue avoir attendu un peu, pour voir si tu pouvais te débrouiller sans mon aide. Ce n’est qu’une chimère de montagnes après tout !
     - Ah… Oui… Après tout…
     Elle se demanda si son époux n’exagérait pas un peu quelquefois.  



***



     Ils étaient pressés, et seule la fatigue de leurs montures les empêchait de progresser au triple-galop. S’ils ne maintenaient pas la cadence, ils seraient pris au piège par la nuit tombante, en pleine forêt, sur terrain accidenté. C’était non sans difficulté qu’ils retrouvaient l’ancienne voie serpentant mollement le long de la pente… Le devoir leur intimait de poursuivre coûte que coûte : aucun des morts-vivants ne devait échapper à la juste vindicte des bretonniens.
     Tous volontaires parmi ceux qui avaient été proches de lui (donc quasiment tous), ces chevaliers chanceux d’avoir survécu suivaient le sire Dangorn de Castagne dans leur ultime expédition, leur ultime assaut du fort ennemi, le Fort de Sang. Le sire Gabriel de Saint-Ange était parmi eux.
     Nuls mots n’étaient échangés : la forêt résonnait du bruit de leur chevauchée, du bruissement des feuilles et de la respiration des chevaux. Leur persévérance fut récompensée : avant que la canopée n’achève de plonger les sous-bois dans le noir, ils parvinrent à un plateau dégagé. De là, il ne restait plus que quelques minutes jusqu’à la sinistre place forte, qui semblait les narguer depuis l’ombre d’un pic. Sentant leur cible proche, les nobles sires sentirent un regain de vigueur.
     Au fut et à mesure de leur approche, tous furent plus ou moins saisis de la même appréhension que l’on sent avant un combat. Cette sensation fut curieusement exacerbée lorsqu’ils ne rencontrèrent aucune résistance à leur entrée, ni dans la cour, ni depuis les remparts. Le Fort les accueillait avec un silence total. Presque menaçant. Ils furent contraints de démonter pour poursuivre leur traque.

     Après une courte discussion, ils convinrent de ne pas se séparer, et le sire de Saint-Ange accepta naturellement d’ouvrir la marche vers le donjon. Il disait sentir les morts de loin, comme l’on sentait l’humidité présageant l’averse.
Ils se figèrent tous, à peine entrés dans une modeste antichambre : un bruit de pas se faisait entre du fond du Fort : des bottes ferrées, comme les leurs, ou comme celles… de leurs ennemis… Tous se tinrent prêts à attaquer.
     « Par la Dame… »
     Nul mort-vivant ne devait pouvoir prononcer ce saint nom.
     « … êtes-vous amis ou ennemis ?! »
     Ils virent surgir des ténèbres… Silvère de Castagne, brandissant une torche crépitante. Et son épée.
     « Hein ?! »
     « Sire de Castagne ?! »
     Silvère abaissa son épée. Elle portait des traces de sang frais, mais son visage exprimait une profonde déception.  
     - Six, - lança-t-il soudain. – Seulement six.
     Devant l’incompréhension évidente de ses compatriotes, le noble sire ajouta :
     - Six vampires décapités, et ceux-là semblaient mourants. Noirs comme des diables, sentant le cramé, mais ils s’accrochaient encore. Rien d’autre, c’étaient les seuls.
     - Les seuls ?! – le sire de Saint-Ange affichait une mine acide. – Vous avez vraiment tout fouillé ?!
     - Non, mais…
     - Avec moi !! On ne laisse rien de côté !!
     Le vaillant sire croisa Silvère, suivi de tous les autres chevaliers, pareillement déterminés à montrer leur valeur. Peut-être en raison d’une confiance particulière, seul le sire Dangorn demeura dans l’antichambre… pour la plus grande gêne de son cousin. Ils furent toutefois encore interrompus par l’un des nobles sires, revenu pour prendre la torche des mains de Silvère. Une fois qu’il eut disparu, Dangorn chargea droit au but :
     - Alors, que s’est-il tracassé à Sainct-Landouin ?
     Il n’avait guère haussé le ton, mais semblait développer soudain une présence… envahissante. Silvère sut que l’heure des explications ne souffrirait plus de délai.
     - Le château a subi un assaut, cousin Dangorn… Si le noble Lord del Insula n’était pas intervenu, nous ne discuterions pas ici cette nuit.
     - Morgueil, je pres –
     Il s’interrompit en voyant son cousin baisser honteusement le visage.
     - Alors vous saviez ?
     - Heum, euh, pas dans les détails ! Quel est l’état du château ?!
     - Grâce soit rendue à la Dame, il n’a pas subi de dommage.
     - Et mes terres ?!
     - Elles furent hélas victimes de la folie de ce monstre… Rien d’irrémédiable, mais il faudra compter sur du soutien extérieur pour passer l’hiver.
     Dangorn se rendit compte qu’il n’avait toujours pas rengainé son épée, et il le fit avec une certaine violence.
     - Palsambrouille ! A ce point ?!
     - Le noble Lord del Insula m’a donné la promesse de nous aider, moyennant quelque contrepartie…
     - Ah bon ?
     - Quelques tonneaux de nos meilleurs vins…
     Même sans lumière, Silvère devinait à peu près l’expression que devait afficher son cousin à ce moment-là. Il fut en revanche stupéfait lorsque ce dernier dégaina subitement son épée, se jetant sur lui avec force injures…
     « Crève-tonneau ! » « Malencouilles ! »
     Leurs lames bénies se rencontrèrent dans une gerbe d’étincelles qui provoqua un éclair aveuglant, repoussant les deux cousins dans deux directions différentes ; si le paladin de la Dame s’en tira à bon compte, le comte, lui, se cogna durement le crâne contre un mur (Dangorn : 3T, 1B, 1 invu ; Silvère : 4T, 3B, 1 svg, 1 invu, 1 PV !).
     Il poussa un cri de douleur qui ne diminua point sa rage : si par l’incompétence de son cousin il passerait un hiver sans vin…
     « Incuvable ! On ne touchera pas à MON bordeleaux !! »
Silvère, qui tardait toujours à concevoir le désespoir de son cousin, manqua de nouveau une défense correcte, et de nouveau une volonté tout autre s’interposa entre eux… envoyant le paladin descendre un escalier avec ses épaules, suivi de près par le malheureux comte… (Dangorn : 3T, 2B, 1 invu, 1 PV ; Silvère : 2T, 1B, 1 PV)
     Souffrant de bleus et de bosses de partout, les deux bretonniens se relevèrent sur leurs genoux, retrouvant leur souffle…
     « Souffre ma VIN… –dicte !!! »
     Une troisième fois, une vive lumière incongrue inonda la noirceur du donjon, repoussant les cousins dans des directions opposées avec des conséquences plus ou moins dramatiques. Tous deux se cognèrent contre des objets inidentifiables dans les ténèbres, et Silvère fut bien surpris de ne plus entendre le comte sévir contre lui (Dangorn : 3T, 2B, 1 invu, 1 PV ; Silvère : 4T, 2B, 2 PV !).
     Lorsque peu après, le sire de Saint-Ange et ses compagnons accoururent, il leur fut narré un épique combat contre un nosfératu des plus retors, au cours duquel le brave Dangorn dut mettre sa vie en péril en se laissant assommer, afin que son cousin puisse porter le coup décisif à l’infâme créature, qui préféra prendre immédiatement la fuite et se volatilisa dans la nuit. Le sire Gabriel poursuivit les fouilles jusqu’au petit matin, et fut bien dépité de ne trouver ne serait-ce que la trace de ce dernier mystérieux seigneur de la nuit.



***



    Deux personnes arpentaient l’orée des montagnes grises en longeant une rivière. L’un avait le pas leste et déterminé, infatigable. L’autre trainait derrière le premier et essayait autant qu’il le pouvait de ne pas se faire distancer. Une tâche rendue ardue à cause de la boue entourant le lit du fleuve qui était bien agité ce soir-là. C’était probablement à cause de l’inondation magique qui avait eu lieu plus tôt, mais surtout aussi parce que se balader dans des collines montagneuses dans une longue robe pourpre n’était pas vraiment idéal.
   « On est vraiment obligé de passer par là ? - se plaignit Anthezar après avoir trébuché une énième fois.
   - Si on suit une rivière, - soupira Oldrick, - on descend forcément de la montagne et on rencontrera obligatoirement un village impérial puisque nous allons au Nord.
   - Et c’est une bonne nouvelle ça ? »
   Le seigneur des batailles se retourna lentement vers son maître. On devinait dans son regard qu’il était fatigué.
   - Oui Anthezar…Oui… C’est une bonne nouvelle. On va avoir besoin de chevaux, de vivres, d’armes, - Oldrick avait énoncé sa liste en appuyant bien sur chaque point pour s’assurer qu’Anthezar comprenne bien la situation. - Au cas où tu l’aurais oublié, j’ai perdu mon épée sur la lice et les armes des bretonniens ne sont pas vraiment indiquées au vu de ma condition. En plus, ma jument a été honteusement abattue par une lance…
   - Ah, tu parles de cette épée-là ? »
   Le jeune nécromancien fourragea dans les plis de sa robe et en sortit une lame noirâtre parcourue de runes qu’il présenta à Oldrick nonchalamment.
   « Elle était tombé à côté de moi après l’explosion, du coup je l’ai récupérée au passage. Il doit rester un peu de suie mais… »
   Oldrick agrippa l’épée et l’arracha des mains d’Anthezar en un seul geste brutal. Anthezar vit le revenant s’approcher de lui, l’arme au clair. Il colla presque son crâne sur celui d’Anthezar, au point que ce dernier avait les sourcils roussis par les flammes sortant des orbites du revenant. Quand Oldrick prit la parole, chacun de ses mots était emplit d’une rage infinie.
   « Je devrais te massacrer ici et maintenant pour ne pas m’avoir dit plus tôt que tu avais mon arme… Cela nous aurait grandement simplifié la tâche durant le combat. »
   Après quelques longues secondes durant lesquelles Anthezar se recroquevillait de plus en plus devant Oldrick, le revenant finit par desserrer ses dents dans un crissement strident et rangea sa lame dans son fourreau.
   « Mais tu as montré que tu étais plus que capable d’être utile dans une situation de crise, ce qui est un grand pas en avant par rapport aux jours précédents. Et de plus, tu m’as ramené mon épée.
   - Alors ça va du coup ? se réjouit Anthezar.
   - NON ! hurla subitement Oldrick, ÇA NE VA PAS ! … Je passe pour cette fois, mais à l’avenir soit plus sûr de toi et réfléchis plus loin que ta peur, BORDEL ! »
   A peine avait-il fini sa réprimande qu’Oldrick se détourna d’Anthezar et reprit sa marche en grommelant.
   Le nécromancien voyait bien que sa conduite méprisable avait mise en danger non seulement sa vie mais aussi l’intégrité de son serviteur et de bien d’autres par la même occasion. Honteux, Anthezar pensa appliquer sa méthode habituelle : tu te recroquevilles, tu hoches la tête et tu acceptes silencieusement ton erreur… Mais… Oldrick avait raison et c’est pour ça qu’Anthezar finit par se redresser.
   « Je… ! - Oldrick se retourna à demi. - Je vais essay… Je vais le faire. Je vais faire en sorte d’être digne d’être ton maître et… je suis désolé, pour tout. »
   Il y eu quelques secondes de flottement durant lesquels Oldrick semblait surpris par la tournure des choses. Mais le revenant se reprit bien vite et ricana chaleureusement.
   « Eh ben voilà ! Ce n’était pas bien compliqué, hein ? »
   Le revenant se dirigea vers son maitre, lui envoya une solide mais amicale tape dans l’épaule et entreprit de le complimenter de maintes façons sur les sorts qu’il avait pu envoyer durant le combat. Toute trace de colère et de mépris avait subitement disparue chez le revenant. Surpris par tant de camaraderie, Anthezar ne sut pas vraiment quoi dire et suivit bon gré mal gré le seigneur des batailles qui s’exaltait au sujet du combat de la journée.
   Et c’est alors qu’Anthezar finit par comprendre quelque chose : il s’était battu au côté d’Oldrick, pour de vrai, et il lui avait fait des excuses pour la première fois.
   Le nécromancien regarda le seigneur des batailles et ressentit… de la sympathie à la place de la crainte. Il n’avait plus vraiment peur de son serviteur, ou plutôt devrait-il dire… camarade. Il venait de devenir son égal en un sens, un frère d’armes, grâce à ce lien universel si particulier qui se tisse parmi les survivants des premières batailles. Alors évidemment, il restait un monde entre eux deux. Mais pour une fois, Anthezar se sentait en sécurité parce qu’il savait qu’il venait enfin de gagner la confiance d’Oldrick.

   Ils continuèrent ainsi sur leur chemin pendant encore de nombreuses minutes. Alors qu’ils arrivaient à un embranchement du cours d’eau, Oldrick se retourna à demi vers les montagnes, l’air nostalgique.
   *Cinquante ans… Cela va être long… Mais au moins, on aura un sacré paquet de souvenirs à se raconter, ça je peux le garantir. D’ici là, je ne peux que vous souhaitez bonne chance*
   Le roi revenant se retourna définitivement, laissant derrière lui les montagnes grises tout en scellant précieusement les souvenirs des évènements passés dans sa mémoire. Devant lui se trouvait Anthezar qui gambadait tel un jeune lapin. Il trébuchait à intermittence, mais Oldrick trouvait la scène tellement amusante qu’il se retint de le calmer. Il y avait de l'espoir finalement pour le jeunot et c’est tout ce qui comptait.

   Alors qu’il partait le rejoindre, Oldrick gloussa doucement quand il se mit à réaliser un petit détail : C’est qu’il venait de gagner un putain de tournoi !
   Et ça, ça allait lui faire sa journée !
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