Aux confins de la forêt d'Arden, l'automne était bien avancé et l'hiver s'annonçait par l'ambassade des premiers froids. Recluse à des lieues de toute autre enclave de civilisation, la petite seigneurie d'Aurevallis s'attelait aux préparatifs qui devaient lui permettre d'endurer la mauvaise saison jusqu'au retour du printemps.
Face à l'ampleur des travaux, les paysans s'étaient répartis les tâches ; les uns stockant du fourrage pour les bêtes, les autres glanant les derniers fruits des vergers. Sur l'une des parcelles les plus distantes du village, un petit groupe profitait du repos de la végétation pour nettoyer un ancien champ en friche. Alors qu'il maniait la pioche à la recherche d'éléments indésirables, l'un des ouvriers se heurta à un obstacle : une vingtaine de centimètres sous la surface du sol, un bloc de pierre entravait sa progression. Réagissant avec une surprenante logique pour un gueux sans éducation, il entreprit d'en dégager le contour afin d'être en mesure de l'évacuer. Bien des minutes plus tard, l'opiniâtre paysan héla ses camarades qui ne tardèrent pas à s'attrouper autour de lui avec des murmures inquiets.
*****
Attablé au coin d'un feu qui peinait à réchauffer l'atmosphère de sa demeure, le seigneur Mictlantecuhtli naviguait entre divers parchemins à la faible lueur de quelques bougies. Certains avaient trait à la gestion du domaine, d'autres à la politique extérieure, mais il ne leur accordait pas une once de son attention. Pour l'heure, son esprit tout entier s'attelait à concevoir et à dessiner les plans d'une nouvelle structure. Traçant des droites et des arcs de cercles, il notait dans le même temps à la volée les détails techniques, les calculs de portées et la liste des matériaux.
Son intense concentration et son élan créatif furent brusquement interrompus par l'arrivée d'un paysan en nage et au souffle court. Après avoir brièvement frappé à la porte, c'est sans attendre la moindre réponse qu'il avait déboulé dans les appartements du maître. Un tel comportement lui aurait d'ordinaire valu d'être le sujet d'une vivisection improvisée, mais Mictlantecuhtli fut tellement estomaqué par l'audace de la démarche que son crasseux sujet eut le temps de s'exprimer :
—
Monsigneûr ! On a trové eûne tchwè incrèwâbe ! Troublé par l'évidente excitation de l'importun, les envies de meurtre d'Aurevallis décrurent rapidement. Encore peu familier de la langue locale malgré des mois d'exposition, il eu la présence d'esprit de devancer la diarrhée verbale qui s'annonçait :
—
Holà, du calme manant ! Je n'entends rien à la moitié de ce que tu dis. Quelques préparatifs s'imposent avant d'aller plus loin.Jetant négligemment sa plume sur les parchemins recouverts de notes, Mictlantecuhtli se dirigea vers la porte restée entrebâillée afin de convoquer son traducteur attitré :
—
CAAAPITAIIIIIIIIIIIIIIINE !!!Prompt à réagir à la moindre convocation, il fallu moins d'une minute à l'officier taillé comme une armoire à glace pour se présenter au garde à vous.
—
Monseigneur requière mes services ? —
En effet. Veuillez avoir l'obligeance de convertir les baragouinages de ce loqueteux en quelque chose d'intelligible.—
Tout de suite, mon maître Le loyal bras droit s'adressa donc au paysan en ces termes :
—
Djâz m'fi, li signeûr t'hoûte. —
Que lui avez-vous dit ?—
"Parle mon garçon, le seigneur t'écoute"—
M'y ferai jamais. Poursuivons. —
Dj'a trové eûn grand cèke di eûn mètâl pus deûr qu'mi piyoche so dès pîres adjèyantes, signeûr ! —
Il prétend avoir découvert un grand objet circulaire d'un métal plus résistant que le fer de sa propre pioche enfoui sous d'énormes blocs de pierre.—
Que me chante-t-il là ? Où se trouve cette chose ?—
Li signeûr vout savou oû-ce t'l'as trouvî, traduisit l'interprète.
—
D'vins eûn ancyin tchamp, signeûr. Dj'va vos mostrer !—
Ce serait au beau milieu d'un ancien champ, monseigneur. Il se propose de nous mener jusqu'à l'objet.—
Soit. Allons jeter un oeil, ça me dégourdira les jambes. Quand nous en aurons fini, donnez lui tout de même une dizaine de coups de fouet pour avoir interrompu mon travail.—
Je lui traduis ça monseigneur ?—
Oh non. Laissez-lui la surprise.Ainsi le trio se mit-il en marche vers la limite des terres exploitées. A leur arrivée sur place, le soleil couchant tutoyait la cime des arbres et presque tout le village semblait s'être rassemblé autour d'un petit cratère. Au fond de celui-ci gisait un grand anneau d'un peu plus de trois toises de diamètre, composé d'une matière inconnue et orné de neuf grosses gemmes rouges équitablement réparties sur sa circonférence. Visiblement troublé, le peuple attendait dans un silence pesant que son suzerain daigne éclairer sa lanterne. Perplexe, Mictlantecuhtli tourna lentement autour de l'objet, époussetant certains glyphes qui garnissaient sa surface afin de mieux les examiner.
—
Avez-vous déjà vu quelque chose de semblable monseigneur ? finit par demander le capitaine.
—
Jamais. Mais ça m'évoque vaguement quelques dessins que j'ai croisés dans de vieux grimoires de la bibliothèque de Couronne. Très intriguant.Mictlantecuhtli resta encore un moment silencieux à contempler l'objet avant de reprendre :
—
C'est une découverte d'importance, mais il me faut mener certaines recherches pour confirmer ou infirmer mes premières hypothèses. Je vais partir dès demain pour la capitale afin d'y retrouver les ouvrages qui pourraient contenir des embryons de réponse.—
Souhaitez-vous que je prépare une escorte ?—
Inutile. J'irai par la voie des airs. Ce sera plus rapide et plus sûr. Que ma monture et mon bagage soient prêts pour le départ demain à l'aube.-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Matériel :- Une plaque en plastique carrée de 12cm de côté pour 3mm d'épaisseur.
- Une plaque en plastique rectangulaire de 12cm sur 24cm pour 1 mm d'épaisseur.
- Une bande en plastique de 37cm de long sur 5mm de large pour 1 mm d'épaisseur.
- Neuf bandes en plastique de 3cm de long sur 5mm de large pour 1 mm d'épaisseur.
- Une soixantaine de centimètres de fil de fer de 1mm d'épaisseur
- Colle forte.
- Un peu de résine de modélisme.
- Peintures.
Outillage :- Un compas.
- Une équerre (une fausse équerre peut constituer une aide appréciable).
- Des couteaux de modélisme.
- Du papier abrasif.
- Une foreuse.
- Un poinçon.
ETAPE 1Munissez-vous de vos plaques en plastique. Dans la plus épaisse, tracez une série de cercles concentriques avec les rayons suivants : 4,1cm ; 4,3cm ; 4,4cm ; 4,9cm et 5,5 cm. Chutez ensuite le disque central ainsi que le reste de la plaque au delà du plus grand cercle.
Vous obtenez ainsi un anneau sur lequel quatre plages de différentes largeurs sont délimitées. Soit, en partant de l'intérieur, la
plage 1 de 2mm de large, la
plage 2 de 1mm de large, la
plage 3 de 5 mm de large et enfin la
plage 4 de 6mm de large.
Au moyen de papier abrasif - ou d'une machine à tête rotative - effilez la
plage 1 vers le centre. L'objectif est de réduire le bord intérieur de l'anneau à une simple arrête en aménageant un plan incliné sur chacune des deux faces. Un bon schéma valant mieux qu'un long discours technique et alambiqué, voici une coupe de la pièce dans son épaisseur figurant ce que vous devez obtenir :
Surtout, ne dépassez pas la limite de la
plage 1 durant cette étape de ponçage. La
plage 2 a sa propre fonction que nous détaillerons ultérieurement et ne doit donc pas être entamée.
Ceci étant fait, passez à la plaque rectangulaire de 1mm d'épaisseur sur laquelle vous allez tracer deux anneaux de mêmes dimensions : bord intérieur à 4,9cm et bord extérieur à 5,5cm. Découpez-les avec soin et conservez les chutes qui vont vous servir un peu plus tard.
A la fin de cette première étape, voici les pièces obtenues (celle de droite en deux exemplaires) :
ETAPE 2 : Déposez l'anneau épais sur une feuille de papier et tracez sa silhouette avant de le mettre de côté. Après avoir repéré le centre du dessin, faites en partir 39 rayons (un tous les 9.23°). Ce chiffre un peu ridicule est dû à ma volonté de respecter mon modèle. Rien ne vous empêche de passer à 40 ou de réduire à 36 rayons (un tous les 10°) afin de vous faciliter la vie.
Veillez à ce que tous les rayons traversent bien de part en part le dessin de votre anneau, puis remettez la pièce en plastique à sa place sur la feuille.
En vous aidant des rayons et d'une équerre ou d'une latte, divisez la
plage 3 en 39 cases égales. Le dessin/guide ne vous sera plus nécessaire pour la suite des opérations. Rangez-le dans vos archives ou recyclez-le.
Chaque trait doit à présent être entaillé à l'aide d'un couteau de modélisme puis approfondi et élargi à l'aide d'un poinçon. Un bon millimètre de profondeur et de large semble idéal.
Une fois ce travail achevé sur une seule face de l'anneau, collez sur la
plage 4 un des deux anneaux de 1 mm d'épaisseur. Vous ne pouvez pas vous tromper : la taille de l'anneau est identique à celle de la plage. Le second anneau est à coller de la même façon, mais sur le verso.
Voici où nous en sommes :
ETAPE 3 : Vous allez à présent réaliser les chevrons de la porte. Pour ce faire, récupérez les disques internes que vous avez chutés lors de la découpe des deux anneaux fins.
Dessinez et taillez ensuite deux séries de 18 trapèzes isocèles avec les dimensions suivantes :
- Série 1 : 9mm de haut, bords parallèles de 3 et 12 mm.
- Série 2 : 6mm de haut, bords parallèles de 1mm et 5mm.
Dans ce qu'il vous reste de plastique, taillez quelques fines bandes de 1 - 1,5 mm de large.
Avec toutes ces petites pièces en main, il est temps de passer à l'assemblage. La démarche est toujours la même : collez un petit trapèze sur un grand en leur donnant la même orientation et de telle sorte que leurs grands côtés respectifs soient jointifs. De part et d'autre du petite trapèze, collez des sections des fines bandes que vous venez de découper en ménageant de légers espaces entre elles.
La description exacte risquant de virer à nouveau au pavé indigeste, voici le résultat final auquel vous devez aboutir :
ETAPE 4 :De retour sur l'anneau, il vous faut à présent coller la longue bande de 37 cm de long sur tout le pourtour (c'est à dire l'épaisseur de l'anneau). Sa taille est calculée pour disposer de quelques millimètres en trop afin de bien l'ajuster.
La pièce est à présent prête pour recevoir son habillage. Commencez par diviser sa circonférence en neuf (un trait sur
la plage 4 tous les 40°).
Les neuf bandes de 3 cm de long vont à présent être fixées sur l'épaisseur de l'anneau en les centrant sur vos traits. Elles seront ainsi équitablement réparties sur tout son pourtour.
Passant aux chevrons, vous allez en répartir neuf sur chaque face, "pointes" vers le centre. Aidez-vous une fois encore de vos traits afin de centrer ces petites pièces. Leurs deux angles extérieurs doivent arriver à ras des bandes de 3cm que vous venez de placer, de telle sorte que l'extrémité de chaque trapèze se trouve légèrement en surplomb de la
plage 3.
Pour finir, il est temps d'habiller la
plage 2, à laquelle nous n'avons pas encore touché. Commencez par appliquer une fine ligne de colle à sa surface. S'agissant de colle forte, je vous recommande d'agir par sections de quelques centimètres. Disposez ensuite le fil de fer en lui faisant épouser le courbe de cette plage. Maintenez-le en place à l'aide de petits serre-joints ou de pinces à linge le temps que la colle sèche.
Astuce : tentez de trouver un verre d'un diamètre voisin de celui de la
plage 2. En enroulant et en serrant le fil autour afin de le préformer, sa courbe sera plus régulière et votre travail de collage sera facilité.
Réalisez un tour complet et coupez précisément l'extrémité du fil de façon à ce que ses deux bouts soient jointifs. Ce travail doit à nouveau être réalisé sur les deux faces de l'anneau.
Pour finir, corrigez la
plage 1 en comblant le vide laissé entre le sommet du fil et l'arrête. Un petite schéma semble à nouveau le bienvenu. Le comblement de résine est figuré en vert :
Le résultat après ces différentes opérations :
ETAPE 5 :Afin d'habiller un peu la
plage 3 au verso de l'anneau, j'ai choisi d'y aménager neuf rainures, soit une entre chaque chevron. Bien que cela n'ait rien d'obligatoire, c'est une façon de donner un peu plus de relief à une surface qui resterait autrement vierge.
A vous de suivre ou non cet exemple suivant vos envies, cette étape étant relativement facultative.
ETAPE 6 : Dernière étape avant peinture, les espaces intermédiaires de la
plage 4 situés entre les chevrons sont recouverts d'une très fine couche de résine. Un demi millimètre est déjà suffisant, car il ne s'agit que de texturer ces surfaces afin d'accentuer la différence avec la partie centrale (
plage 3).
Une fois la résine appliquée et bien étalée, utilisez n'importe quel outils pour la texturer. J'ai pour ma part employé l'extrémité d'une petite mèche destinée à réaliser des découpes dans des carrelages. Qu'importe la méthode, le but est d'atteindre un aspect de pierre plus brute.
ETAPE 7 : C'est le moment de peindre. Vos goûts importent beaucoup à ce stade, mais j'ai personnellement choisi de suivre mon modèle : une structure grise au relief renforcé par des lavis noirs. Les petits trapèzes des chevrons figurent des gemmes rouges.
Pour finir, chacune des 39 cases de la
plage 3 sur le recto de l'anneau a été décorée d'un glyphe tracé en noir avec un pinceau fin. Ces motifs sont les suivants :
Libre à vous d'en inventer d'autres suivant votre inspiration.
Voici donc pour conclure l'aspect final du mystérieux objet une fois dressé dans une rudimentaire structure de bois :
- Spoiler:
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Une quinzaine de jours après son départ d'Aurevallis, le seigneur Mictlantecuhtli était rentré sur ses terres, son sac de voyage plein à craquer d'ouvrages
"empruntés à long terme" aux archives de Couronne. La menace de supplices particulièrement raffinés avait suffit à convaincre un bibliothécaire au faciès simiesque de faire l'impasse sur le règlement régissant les prêts.
Durant trois jours consécutifs, ces livres avaient été dépouillés, recoupés, critiqués et complétés par les recherches qui s'imposaient. A l'aube du quatrième jour, Mictlantecuhtli sortit en trombe de la demeure où il s'était cloisonné à la recherche de son bras droit, seul individu dans tout le domaine qu'il semblait juger digne de partager ses conclusions.
—
Capitaine ! Où êtes-vous ?! J'ai trouvé ! Je sais ce que c'est et comment ça marche ! Sortant au pas de course de la caserne où il débriefait ses patrouilles, le susnommé alla à la rencontre de son employeur survolté.
—
Vous avez résolu le mystère du grand anneau ?—
Du portail stellaire pour être précis. La réponse est donc oui.—
Vraiment ? Est qu'est-ce donc ? Une arme ?—
Pas du tout. Quoique son potentiel militaire laisse songeur. C'est un moyen de transport quasi instantané d'un point à un autre !—
Vous en êtes sûr ?—
Je suis catégorique ! Toutes les descriptions concordent ! C'est une version miniature - si je puis dire - des immenses portails situés aux pôles de la planète.—
Ceux qui donnent directement sur les royaumes du chaos ?! Mais alors cette chose est abominablement dangereuse !La panique pointait dans la voix de l'officier, d'ordinaire stoïque en toutes circonstances. Force était de reconnaître qu'une invasion de démons en plein coeur du domaine avait de quoi effrayer le plus endurci des soldats. Mictlantecuhtli s'empressa de relativiser :
—
Ce n'est pas tout à fait la même chose. Même si peu d'écrits traitent du sujet, d'antiques plaques ramenées de la lointaine et exotique Lustrie font état d'une civilisation disparue qui aurait employé ce type d'artefact pour voyager à travers les étoiles ! Vous vous rendez compte ?! Il semble qu'aujourd'hui plus personne ne soit en mesure d'ouvrir des passages vers des destinations aussi lointaines, mais l'appareil peut toujours puiser dans les vents de magie afin de transporter quelqu'un vers n'importe quel point du globe.—
Nulle offense, mon maître, mais ça ne le rend pas moins dangereux.—
A vrai dire, ce portail est bien plus petit que ceux des pôles. J'en suis réduit à supposer qu'il est également moins puissant et donc plus stable, sinon il aurait dû subir la même défaillance que les autres lors de la venue du chaos. On l'aura sans doute scellé en l'enterrant par pure sécurité lorsque la race qui l'a construit a quitté cette partie du monde.—
Je ne voudrais pas me montrer exagérément pessimiste, mais tout ceci relève de la spéculation. —
Il serait inutile de le nier. Cependant les bénéfices de son utilisation seraient considérables, même si l'on ne peut exploiter tout son potentiel.—
Comment ça ?—
Voyez-vous capitaine, d'après ce que j'ai pu en lire, même pour voyager d'un point à l'autre de la planète cette porte est supposée se connecter à une autre identique afin de stabiliser le passage. A défaut de porte d'arrivée, il reste possible d'ouvrir une faille vers une zone géographique donnée, mais il faut ensuite revenir par ses propres moyens, le trajet étant à sens unique. De plus, la marge d'erreur par rapport à la cible peut se compter en dizaines de lieues.—
Il n'en faut guère plus pour se retrouver en plein océan, dans l'abîme d'un volcan ou au milieu d'un repaire ennemi !—
Certes. Sans porte d'arrivée, il y a un risque ; mais un risque que je suis bien décidé à courir. —
Et puis-je vous demander dans quel but ?—
Cela fait déjà bien longtemps que j'aurais dû me mettre en quête du Saint Graal. Les contraintes du voyage m'ont cependant beaucoup freiné, puisque je n'ai personne à qui confier Aurevallis sur le long terme. Imaginez en revanche que j'utilise ce portail : je me rends instantanément en une zone à explorer et n'ai qu'à faire le trajet de retour. Toutes mes recherches en seraient considérablement accélérées !—
Vu sous cet angle ... Mais vous ne m'avez même pas dit si vous savez faire fonctionner cet artefact.—
En théorie je devrais être en mesure de l'activer. C'est compliqué à vous expliquer, mais le portail fonctionne somme toute par triangulation au moyen de constellations de référence. On lui fourni une série de six groupes d'étoiles en faisant tourner l'anneau central mobile, ce qui lui permet de déterminer un point de convergence à la surface du globe. Un septième symbole définit le vecteur de déplacement de la porte de départ jusqu'au lieu d'arrivée. Comme les constellations ne cessent de se mouvoir au fil des saisons, j'ai bien entendu emprunté toutes les cartes du ciel que j'ai pu trouver, ce qui me permettra de déterminer quelle suite de symboles entrer en fonction de la date du voyage pour me rendre à l'endroit souhaité. Vous comprenez ? —
Euh ...—
Non ?—
Non.—
Aucune importance, le lecteur non plus.—
Le lecteur, monseigneur ?—
Ne m'interrompez pas pendant que je brise le quatrième mur, capitaine.—
... euh ... c'est aux maçons de réaliser les travaux de démolition, monseigneur. Ces tâches sont indignes de votre rang. Accessoirement, nous sommes en plein champ. Si je puis me permettre, depuis combien de temps n'avez-vous plus fermé l'oeil ?Tout en levant les yeux au ciel, Mictlantecuhtli émit un profond soupir d'exaspération.
—
Laissez tomber. Vous saisirez mieux quand j'activerai l'engin. Hauts les coeurs capitaine ! D'ici quelques jours, je partirai pour la première étape de ma quête du Graal ! Je traverserai la porte sur mon bourdon, ça limitera les risques en cas d'arrivée sur un terrain hostile. Il me faudra un certain temps pour réaliser les calculs d'activation. Veillez à ce que mon nécessaire de voyage soit prêt pour un départ rapide. Durant mes absences, vous remplirez le rôle d'intendant d'Aurevallis. Je veux que le bon ordre soit maintenu sur mes terres. Et puisque vous m'y faites penser en parlant de maçons, vous aurez également la charge d'initier un grand chantier que je planifie depuis des semaines. Je compte sur vous.—
C'est un grand honneur que vous me faites, monseigneur. Je mettrai tout en oeuvre pour m'en montrer digne.—
Je n'en doute pas un instant. Allons ! Il y a encore fort à faire.Le capitaine, et futur intendant d'Aurevallis, observa son maître tandis qu'il prenait la direction de sa demeure d'un pas déterminé. Le domaine au coeur de la forêt d'Arden avait perdu un nombre incalculable de titulaires au cours des siècles. Reportant son regard sur le portail en sommeil, il espéra que cette seigneurie tout juste acquise n'allait pas au devant d'un nouveau deuil prématuré.
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Fin d'un nouveau chapitre de l'histoire d'Aurevallis, bâti autour d'un décor atypique. Alors certes, il n'est pas très bretonnien, mais ça faisait longtemps que je souhaitais le réaliser. Autant l'intégrer au mieux à ma table de jeu.
Les connaisseurs auront vite reconnu une porte des étoiles de la Voie lactée, tirée de la série télévisée
Stargate. Je réalise ici un gros clin d'oeil à cette émission avec laquelle j'ai grandi et que j'apprécie toujours beaucoup malgré les années (chacun ses goûts hein).
Enfin, histoire de finir sur une note culturelle, que le lecteur intrigué sache que le langage parlé par mes administrés est un petit exemple de wallon (langue d'oïl encore usitée dans quelques milieux en Belgique). Dans la mesure où je n'en ai que de modestes connaissances - surtout acquises en écoutant parler les anciens - ma transcription n'est sans doute pas parfaite. Elle vous donne cependant une petite idée de l'aspect ô combien délicat de cette langue dotée de très nombreuses variantes locales.
J'espère comme d'habitude que ce sujet vous aura plu et reste ouvert à toutes vos remarques ou observations.