Il est un fait universellement reconnu : c'est à l'aune de son château que l'on juge un seigneur de Bretonnie. Tout naturellement, vous souhaiterez en mettre plein la vue à vos voisins et vassaux en faisant bâtir une place forte majestueuse dont les tours altières tutoieront la voûte céleste.
Problème : le gueux. Non content d'avoir la chance d'oeuvrer à un projet aussi grandiose, il commence à grogner et à fomenter des révoltes dès qu'il est question de porter 50 kg de roche sur son dos à travers des escaliers en colimaçon 18 heures par jour (l'ingrat !). Afin de mener à bien votre projet, il va d'abord vous falloir fiabiliser cette pitoyable main d'oeuvre.
Quoi de mieux qu'une roue de carrier pour ce faire ? Avec elle, un seul de vos irascibles administrés pourra soulever plusieurs fois son propre poids sans effort.
Les plans de construction de cette remarquable pièce d'ingénierie vous sont à présent livrés.
Le matériel :- du contreplaqué n'excédant pas 3 mm d'épaisseur.
- des plaquettes de bois de 2 mm d'épaisseur.
- des languettes de bois taillées en sections carrées de 5 mm de côté.
- du bois de longues allumettes (10 cm).
- du fil ou de la ficelle.
- quelques centimètre de tige métallique malléable ne dépassant pas 1 mm d'épaisseur.
- de la colle forte et de la colle blanche.
D'avance, désolé pour la qualité de certaines photos qui ont dû être prises avec un vieil appareil peu performant.
1) La roue :ETAPE 1 :Pour commencer, deux anneaux sont tracés sur le contreplaqué, puis découpés.
Astuce : Grâce à ses fibres qui se croisent, le contreplaqué a l'avantage de mieux supporter les contraintes qu'une simple plaque de bois de même épaisseur. Cette dernière se casserait certainement lors de la découpe ; je ne la recommande donc pas pour ce travail.
Le rayon extérieur de ces anneaux est de 3.5 cm et l'intérieur de 3 cm. Si le matériau est suffisamment fin, il est possible de découper le pourtour avec une paire de ciseaux. Pour chuter le disque central, je recommande de procéder en perçant des petits trous côte à côte à l'aide d'une foreuse, un peu en arrière du cercle intérieur. Une fois le tour réalisé, il ne reste qu'à donner quelques coups de scalpel pour se débarrasser du disque (cf. schéma ci-dessous). Pour finaliser le travail, poncez les dentelures induites par ce procédé avec une machine ou du papier abrasif.
ETAPE 2 :Une fois les deux anneaux en votre possession, passez à la découpe des planches qui les habilleront. J'ai choisi dans cet exemple des pièces de 3 cm de long sur 5 mm de large, taillées dans des fines lattes de 2 mm d'épaisseur.
Si vous souhaitez un aspect plus irrégulier, rien ne vous empêche de varier les largeurs et les formes.
Quand vous en disposez en quantité suffisante, collez chaque extrémité sur un anneau jusqu'à fermer totalement la roue. Ménagez toujours un interstice entre deux planches. Sur les véritables roues de carrier, ces espaces permettent à la personne qui la met en mouvement de s'agripper.
Astuce : Pour plus de facilité lors de cette étape, commencez par coller une planche tous les quarts de cercle avec de la colle forte. Ainsi, votre structure ne devrait plus bouger et vous aurez le loisir de disposer à votre aise toutes les autres planches avec de la colle blanche.
ETAPE 3 :Voici le moment de réaliser les rayons qui assureront la jonction entre l'axe et la roue. J'ai repris pour ce faire la disposition que l'on retrouve sur la plupart des reconstitutions :
Ces éléments sont taillés dans des bâtons de longues allumettes, en pratiquant des encoches dans les quatre grands rayons afin de permettre leur emboîtement. Ces derniers font 7 cm de long, tandis que les renforts obliques font 1,6 cm (grande longueur). Les petits bois qui s'intercalent entre chaque paire de grands rayons ne font que 4 mm de long et les rayons secondaires - qui prennent appui sur les renforts - font 2 cm.
Le tout est assemblé à la colle forte suivant le schéma ci-dessus, à l'exception des rayons secondaires qui ne seront placés que lors du montage final (ils ne tiendraient sinon que sur leur toute petite base, ce qui est la garantie d'une cassure au moindre choc).
ETAPE 4 :Vient enfin le tour de l'axe. Suivant mon plan préliminaire, celui ci doit faire 6,5 cm de long afin de traverser la roue et ses supports. La partie qui se trouve dans la roue adopte une section carré (4 mm). Tout ce qui dépasse de la roue passe en section ronde de 3 mm (le schéma n'est pas à jour pour ce détail. Fiez vous plutôt à la photo).
Avec cette dernière pièce, il ne reste plus qu'à assembler les divers composants de la roue à la colle forte. Si comme moi vous souhaitez teinter votre bois, procédez avant l'assemblage pour un accès plus aisé aux parties internes. N'oubliez pas de placer les petits rayons secondaires.
2) Le support :La structure sur laquelle repose la roue est réalisée au moyen des pièces de bois de section carrée de 5 mm. Voici la liste des différentes longueurs nécessaires avant de se lancer :
Supports de l'axe :- 3 * 6 cm
- 6 * 5 cm (biseaux opposés à 45°)
- 6 * 4 cm
- 2 * 2.5 cm (biseaux opposés à 45°)
Base :- 2 * 7.5 cm
- 1 * 11.5 cm
Bras :- 2 * 10 cm
- 1 * 1 cm
ETAPE 1 : Les trois bois de 6 cm sont forés de part en part à hauteur de 4.5 cm. Les orifices doivent permettrent à la partie ronde de l'axe d'entrer et de tourner sans difficulté. Il convient donc de viser légèrement au dessus des 3 mm de diamètre.
ETAPE 2 : Deux bois de 4 cm de long sont collés perpendiculairement de part et d'autre de la base de chacun des précédents. Une fois la colle sèche, deux bois de 5 cm - dont les extrémités sont biseautées à 45° - sont collés de manière à renforcer ce "T".
Vous devez obtenir trois montages identiques. Assurez vous que les trous dans lesquels doit venir se loger l'axe sont parfaitement à la même hauteur. Au besoin, corrigez.
ETAPE 3 :Sur chacun des bois composant la base, réalisez des encoches qui accueilleront les trois supports que vous venez de réaliser. Pour leur espacement, référez-vous au schéma présenté dans la section dédiée à la roue (étape 4). Le bois de 11.5 cm est prévu pour le centre de l'engin et comporte des dépassants de 2.5 cm pour assurer une meilleur stabilité. Les deux autres ne dépasseront que de 5 mm. En pratique cela donne :
- Petits bois : 5 mm ; encoche de 5 mm ; 4 cm ; encoche de 5 mm ; 1 cm ; encoche de 5 mm ; 5 mm.
- Grand bois : 2.5 cm ; encoche de 5 mm ; 4 cm ; encoche de 5 mm ; 1 cm ; encoche de 5 mm ; 2.5 cm.
ETAPE 4 : C'est l'heure de l'assemblage ! Commencez par enfiler les trois supports sur l'axe de votre roue. Très logiquement, vous n'en mettrez qu'un du côté avec 5 mm de dépassant et deux de l'autre. Déposez ensuite une goutte de colle forte dans chaque encoche du grand bois de base. Faites-y entrer les supports à l'aplomb de l'axe de la roue. Soignez la perpendicularité.
Afin de maintenir l'espacement entre les deux supports se trouvant côte à côte, intercalez et collez la petite pièce de bois d'un centimètre de long entre les sommets des deux montants. Disposez ensuite de part et d'autre des montants extérieurs les petits renforts biseautés de 2.5 cm.
Pour finir, disposez les deux bois de 7.5 cm sous les renforts obliques des supports.
Travaillez indifféremment à la colle blanche ou à la colle forte pour cette étape.
La partie mécanique est à présent terminée.
ETAPE 5 :Sur les deux bois de 10 cm qui composent le bras, réalisez un large biseau qui devra permettre de les faire converger l'un vers l'autre, de manière à réaliser la flèche de la grue. Vous formerez ainsi un V assez aigu, mais à
sommet plat (important). Là ou les branches sont écartées, vous devez conserver un espacement interne d'un centimètre. Collez ensuite quelques tronçons d'allumettes à l'intérieur du V pour obtenir une sorte d'échelle. A la pointe de votre flèche, creusez délicatement une rigole au scalpel, dans laquelle glissera la corde.
ETAPE 6 :Avec votre fil de fer (ou toute autre matière ; personnellement j'ai employé du cuivre), façonnez deux petits crochets terminés par un anneau. Fixez les chacun à l'extrémité d'une ficelle. La première n'a pas besoin de faire plus de 14 cm de long, la seconde peut par contre dépasser les 25 cm. La courte va être nouée sur la petite traverse qui maintient l'écartement entre les deux montants. La longue sera fixée sur la portion d'axe qui se trouve également entre les deux montants (un point de colle n'est pas superflu).
ETAPE 7 : Posez simplement les deux pieds de votre flèche contre la base des deux renforts qui se trouvent l'un à coté de l'autre. Votre fil le plus court sert à régler l'inclinaison de ce bras en fixant le crochet à l'un ou l'autre échelon. N'hésitez pas à enrouler un peu le fil autour de son attache pour adapter sa longueur si nécessaire. Le second fil - que vous aurez embobiné sur l'axe de la roue - passe tout simplement dans l'encoche au sommet du bras.
Vous noterez donc que cet élément n'est absolument pas solidaire de la machine, ce qui permet son réglage. Vous être libre de le coller à la base pour le maintenir plus fermement en place, mais il demeurera alors immobile. De plus, comme c'est un dépassant fragile, les risques de casse seront plus élevés et la machine deviendra plus compliquée à ranger.
Voici le résultat final qui doit couronner tous vos efforts :
Suivant la vitesse à laquelle vous voulez faire tourner cet engin, il vous suffit d'y assigner un élément moteur Lord© ou Rabiork© (ce dernier se fera un réel plaisir d'y courir, c'est génétique).
OUF ! Voila que je respire. Désolé pour l'extrême longueur de cet exposé - qui, je le crains, ne sera pas toujours clair pour autant - mais il s'agit sans doute d'un des décors les plus complexes que j'aie jamais réalisé.
J'espère surtout que le rendu vous plaira et vous donnera envie vous aussi de réaliser des machines miniatures. C'est exigeant mais très gratifiant. Ne négligez jamais les croquis préparatoires, ça vous évitera bien des surprises.
Salutations !