De Morfroy et de ses alentours, par Jacques Le Fréhan, escuyer et scribe de notre bon seigneur de Morfroy
I.Origine :Le comté de Morfroy s’est formé autour de la petite bourgade du même nom à l’époque de Thormar le Véloce de Morfroy, il y a de cela environ 500 ans. Thormar se montrait particulièrement prompt à affronter l’ennemi juché sur son destrier Héloc, si bien qu’un jour il sauva le Duc Gauvain de Parravon des griffes souillées des Orques, menés par le Seigneur de guerre Gorgwar Wurgzaburu. Sa course à travers le champ de bataille était si rapide qu’on aurait dit un trait meurtrier. Il fendit les rangs ennemis si profondément qu’il se tailla un macabre chemin vers le Duc. L’effet de surprise fut complet et la puissance de l’assaut fut telle que les Peaux Vertes crurent à un régiment entier de Chevaliers, les prenant sur le flanc. Les infâmes créatures fuirent en laissant la vie sauve au Duc de Parravon. Celui-ci remercia Thormar en le nommant Comte de Morfroy et suzerain des domaines de La Palisse, de Montfaucon et de Fortmagne. Depuis ce temps, le comté de Morfroy a toujours gardé à peu près les mêmes frontières, et désormais, c’est le comte Lothar Tueur d’Orcs qui est à sa tête. Lothar tâcha principalement de défendre son domaine contre les envahisseurs, faisant économiser ainsi les forces de son suzerain, le Duc de Parravon, tout en essayant de faire prospérer ses terres au mieux.
II.Géographie et économie :Morfroy est une petite bourgade de quelques centaines d’habitants, édifiée sur une colline bordant les Montagnes Grises et protégée par un bastion composé d’un donjon et de trois tours rondes. Depuis le haut fait d’arme de Thormar le Véloce, plusieurs lignées de Pégases y sont élevés : de grands Pégases royaux venant de Panloc, et celles moindres de Dagofas, Gulac et de Mogalf. Tous servent aux nobles seigneurs de Morfroy pour les porter à la bataille vers les combats. Les paysans cultivent des céréales et des fruits mais font aussi pousser de la vigne sur les nombreuses collines du comté. Le vin produit en Morfroy porte le nom de Castel Morfroy, un breuvage plutôt renommé en Bretonnie, mais principalement à Parravon où il est plus facile de l’y acheminer (il est certain que les rustres de Bordeleaux y voient là une rude concurrence, si bien qu’ils se gardent bien de vanter ses mérites !). Les activités agricoles de tout le comté sont relativement les mêmes, mais à Montfaucon, on peut trouver des carrières de pierres assez importantes, permettant une maintenance des donjons et des chapelles du Graal assez régulière et de qualité. La Palisse et Fortmagne sont deux grands bastions de deux ou trois centaines d’habitants, composés chacun d’un haut donjon, de trois tours rondes et de deux tours carrées, autour desquels les habitants ont construit leurs masures. Le problème, c’est qu’à chaque invasion, si l’ennemi n’est pas rapidement éliminé, les villages sont totalement rasés et les habitants n’ont plus qu’à tout reconstruire, jusqu’à la prochaine destruction… C’est pourquoi ces gens, après des siècles de reconstructions répétitives, ont mis au point une technique permettant de démonter les édifices pour ensuite en cacher les morceaux sous des monceaux d’infamies. Cette méthode s’est révélée pour l’instant efficace, réduisant grandement le nombre d’arbres prélevés dans les forêts seigneuriales. Montfaucon comprends une centaine d’âmes et est construite sur une colline verdoyante dont un flanc a été utilisé pendant un temps comme carrière de pierres, puis abandonné car le donjon au sommet était menacé d’écroulement. Les travailleurs se reportèrent donc vers un chantier un peu plus loin mais moins risqué. On y trouve les meilleurs oiseaux de proie de tout le comté, principalement des faucons, d’où le nom de Montfaucon. Fortmagne abrite les chevaliers les plus valeureux et les plus puissants de tout le comté, leur courage est rarement égalé.
III.Les grands de Morfroy :Le comte Lothar Tueur d’Orcs de Morfroy, chevauchant son Pégase royal Manioc, mène son armée à la bataille. Il acheva sa quête du Graal à son vingt-huitième printemps et prit femme en rentrant sur ses terres. Ils donnèrent naissance à Gyothar le Pur, le Porteur de la Grande bannière du comté et à damoiselle Melwen. Le comte Lothar monte aussi de temps à autre son destrier Galapos, rejoignant ainsi les Chevaliers de Morfroy.
Le baron Uliac le Fort de La Palisse, redouté pour son bras puissant, il a déjà renvoyé à terre de nombreux ennemis, dont certains particulièrement redoutables. Il mène les chevaliers de La Palisse, tous vassaux de Sir Lothar, et son emblème est craint par certains de ses ennemis, notamment les Orcs.
Le baron Dangast Ami des Nains de Fortmagne, lui aussi un grand combattant, ses chevaliers ont un courage immense et bien peu d’ennemis sauraient les faire hésiter sur le champ de bataille.
Le baron Théomond le Brave de Montfaucon, chevauche un Pégase royal : Fenelas, et ses chevaliers pégases renforcent ceux de Morfroy lorsque le besoin se fait sentir.
Damoiselle Melwen est la fille de Sir Lothar, elle maîtrise la magie de la nature depuis qu’elle est sous la protection de la Dame. Sa beauté est sans égale à travers tout Morfroy.
Les demoiselles Idriane et Endagaëlle sont sœurs et sont venu récemment proposer leurs services auprès de Sir Lothar. Lorsqu’elles ne l’accompagnent pas elles veillent sur la population, lui apportant réconfort et espoir.
Damoiselle Yvaine est la plus âgée des quatre demoiselles de Morfroy, son âge est inconnu de tous, on prétendrait même qu’elle fut la fille de Thormar le Véloce, premier comte de Morfroy. C’est elle qui officie à la Chapelle du Graal de Morfroy.
IV. L’Armée de Morfroy :Les Chevaliers de Morfroy se rassemblent autour de la Grande Bannière du comté, celle-ci est portée à la bataille par Gyothar le Pur de Morfroy, fils et héritier de Sir Lothar. Or, la Bannière peut aussi être confiée à Dangast Ami des Nains de Fortmagne, celui-ci la brandit alors fièrement entouré de ses Chevaliers, les Valeureux de Fortmagne. Ceux-ci regroupent la noblesse du puissant bastion, des hommes au courage immense que peu impressionnent. Les Preux sont des Chevaliers de La Palisse et de Montfaucon, de vaillants serviteurs de la Dame. Les Vertueux sont les Chevaliers de Morfroy même, constitués des nobles du domaine, dont les membres de la famille du comte, comme Frédéthar de Morfroy, le frère de Lothar. La Chevalerie du comté est assurée par les jeunes Impétueux, cherchant toujours à prouver leur valeur à la bataille. En temps de guerre, Sir Lothar fait de temps à autre appel aux Inflexibles, en Quête du Graal, ils reviennent volontiers dans leurs terres natales aussi bien pour protéger le domaine que pour s’attirer les faveurs de la Dame par quelque haut fait d’arme. Les Véloces sont les Chevaliers Pégase de Morfroy, leur nom est en souvenir du surnom de Thormar, ce sont les conseillers et les plus grands amis du comte. Montfaucon fournit aussi ses Chevaliers Pégases, les Téméraires, prêts à affronter les plus terribles créatures. Morfroy possède aussi ses protecteurs, les Saints de Morfroy, des Chevaliers du Graal, ermites et protégeant les différentes chapelles du comté. Ils répondent régulièrement à l’appelle du Seigneur en temps de guerre et leur magnificence au combat est telle une lance de lumière sainte, éblouissant de son éclat nos vils ennemis.
L’Armée de Morfroy comprend aussi la population du comté, répartie en différents corps. Des régiments d’archers rassemblent les plus adroits des manants, réfugiés derrière leurs pieux de combat, certains sont utilisés en tirailleur pour débusquer les plus tenaces des ennemis. Les autres paysans sont recrutés en tant qu’hommes d’armes, leurs armes d’hast sont de bien piètre facture, mais après tout, ils ne méritent pas plus ! Les plus valeureux de la populace reçoivent parfois le privilège de servir dans les écuries seigneuriales, ils partent au combat, montés sur des montures généreusement confiées. Ils peuvent alors servir d’éclaireurs ou accompagner les nobles à la chasse. Récemment, une nouvelle machine de guerre a été mise à disposition de l’Armée du comte : le trébuchet. Bien que réticent à son emploi au début, Sir Lothar a rapidement su décerner le potentiel destructeur de l’engin de siège. Il n’est manié que par un équipage de rustres, dirigé par un maître-charpentier ayant appris la balistique dans les écoles impériales. Il y a trois de ces machines en Morfroy, le Mauvais Voisin, situé au sommet du donjon de Morfroy, plus deux pouvant être montés le temps d’une bataille : le Menaçant et le Passe Muraille. De temps à autre, il est possible de rencontrer des groupes de pèlerins du Graal, rassemblés autour d’une Sainte Relique. Lorsque le besoin s’en fait sentir, Sir Lothar leur propose d’aider ses gueux au combat, les pèlerins acceptent souvent immédiatement, trop contents de pouvoir servir un homme d’une si grande valeur, ayant lui-même bu au Saint Calice. Les troupes populaires de Morfroy sont rarement utilisées dans leur totalité, souvent trop occupées à démonter leurs masures, mais lorsque l’ennemi est d’une force vraiment conséquente, tout homme est bon pour défendre le comté.
V. La Malédiction de Morfroy :Il y a de cela environ trois siècles, Morthar Le Maudit de Morfroy, lors de sa Quête du Graal, affronta une immonde sorcière vaudou dans la Terre des Trolls. Elle manipulait ces créatures affreuses et lorsqu'il les eut toutes occis, il se tourna vers la sorcière. D'un coup, il la pourfendit, et alors que son corps gisait pitoyablement au sol et que Morthar allait asséner le coup de grâce, celle-ci l'immobilisa le temps d'un instant, avant de maudire les mâles de notre famille d'affreux comportements et de rendre son dernier soupir. D'abord frustré de ne pas avoir pu achever son adversaire, Morthar compris l'étendu de son malheur lorsqu'il se réveilla le lendemain à la lisière d'un bois, l'épée et les vêtements tâchés de sang et devant lui un village de Nordiques en flammes, tous les habitants massacrés par lui. Désormais, s'il n'était pas satisfait de son combat, il lui venait une affreuse folie sanguinaire, tuant jusqu'à ce qu'il soit apaisé. Peu après, il rencontra un esprit pur et bon, il l'informa que boire au Saint Calice permettait d'atténuer les effets dévastateurs de la malédiction, mais que jamais elle ne pourrait être levée. C'est depuis ce temps que tous les hommes de notre lignée partent en Quête de la Dame, accomplissant les hauts faits pour la plus grande gloire de Morfroy et de la Bretonnie. Le Seigneur Lothar souffre d’un emportement trop brusque à la colère et à la violence lorsqu'il est contrarié. Malgré l'accomplissement de sa Quête, il en est à son centième bouffon, quarantième intendant et plusieurs hommes d'armes ou autres gens du peuple ont ainsi rendu gorge. Son fils Gyothar a régulièrement un comportement frénétique pendant les batailles, cela l'a mis maintes fois en danger, son frère Durothar devient fou au contact de l’alcool. Leur père Hocthar se scarifiait à chaque pleine Lune et leur oncle Rocthar se transformait en bête les mêmes nuits, si bien qu’il finit abattu par Lothar. Cette sombre histoire a beaucoup tâché la réputation de la famille et le souci de tous les membres est de trouver un remède à cette malédiction.
Ainsi prend fin la description du comté de Morfroy.
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