Le Royaume de Bretonnie
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 Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour

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Baron Guilhem de La Tour
Messie nazi brasseur de Mad Beer
Baron Guilhem de La Tour


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MessageSujet: Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour   Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour EmptyDim 28 Déc 2008 - 21:26

DE LA NOBLE & TRES-ANCIENNE BARONNIE DE LA TOUR, DE SA GLORIEUSE HISTOIRE, DE SES US & COUTUMES, DE SES BELLES TERRES & DE CEUX QUI Y VIVENT

ou plus sobrement

TRES-SAINT FLOUFFE DE LA BARONNIE DE LA TOUR

avec privilège & approbation de

Sa Seigneurie le Baron Guilhem,
Baron bis, membre de la secte des utilisateurs d'Internet Explorer, capitaine de la Compagnie des Floodeurs de Choc du Roy, héros de la Guerre des Grillades, initiateur de la contre-charge, cofondateur de la CTPTBP, Roi des Pinailleurs, Prince des Troubadours et plussoyeur fou officiel du foroume, reconnu d'utilité publique (méfiez-vous des imitations).

(Et avec plein d'images pour faire joli.)



Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour La_guerre_entre_Charlemagne_et_les_Saxons
Les barons de La Tour sont toujours prêts à écouter les doléances de leurs vassaux.



Un Petit Truc Pour Commencer
ou
La Baronnie de La Tour en Sept Paragraphes


Au sud du royaume de Bretonnie, dans le fier duché de Gasconnie, entre Auder et Sirthelle, s'étend la vaste baronnie de La Tour. C'est un fief prospère et puissant, mais ses terres sont sauvages et escarpées, parfois inhabitées sur de nombreuses lieues. Au coeur du domaine se trouve l'immense forêt de Sombrefeuille, la plus étendue de la région, à la fois présence familière et danger permanent. Etablie là il y a près de deux millénaires si l'on en croit les légendes, la noble et prestigieuse maison du baron Guilhem gouverne le pays avec justice et honneur depuis la forteresse de La Tour qui donna son nom au fief.

La terre sèche et rocailleuse de La Tour n'est guère favorable aux cultures, et les récoltes de blé y sont pauvres ; quant à l'élevage, il est surtout le fait des bergers qui élirent domicile dans les contreforts des Voûtes, au sud du domaine. La production la plus considérable de la baronnie, tant quantitativement que qualitativement, est sans doute son vin, fort réputé et exporté à travers tout le duché.

La baronnie compte peu de villes d'importance, et la garrigue gasconnienne s'y étend sur la plupart des terres qui ne sont pas couvertes par la vaste forêt de Sombrefeuille, laquelle abrite force bêtes sauvages, brigands, peaux-vertes et homme-bêtes. La région compte ainsi plus d'un danger, dont l'isolement n'est pas le moindre, c'est pourquoi la noblesse fit ériger de nombreux châteaux, souvent de petite taille, mais puissamment fortifiés, perchés au sommet d'éperons rocheux, à même de soutenir de rudes sièges, même tenus par une poignée d'hommes.

L'histoire de La Tour remonte bien au-delà de l'unification du royaume, et la baronnie a passé par des siècles de guerres, d'invasions et de famines, mais sa puissance n'a fait que croître. Ses chevaliers sont réputés des plus turbulents, même parmi les Gasconniens, et sont aussi prompts à défendre avec valeur leur terre qu'à la mettre en danger par des entreprises inconsidérées. Les barons de La Tour parvinrent tant bien que mal à contrôler leurs vassaux au fil des siècles, n'hésitant jamais à s'en assurer la loyauté par les armes. Grâce aux formidables défenses de la forteresse de La Tour, qui de mémoire d'homme jamais ne tomba, ils dominent sans partage la région et ne craignent guère les mécontents.

La noblesse de la baronnie, quoique turbulente, est également cultivée, sachant apprécier tant le fracas des armes que le chant et la poésie courtoise. La mesnie du baron est une cour brillante et raffinée, à tel point qu'elle est parfois pour cela raillée par des gens indélicats venus de duchés plus septentrionaux, qui sont, comme chacun sait, peu au fait des choses de l'esprit.

Les chevaliers de La Tour ont également la réputation d'être relativement bienveillants envers la populace ; il ne faut bien sûr rien exagérer, mais cela semble assez véridique. Bien entendu, la noblesse soutient qu'il s'agit là d'une attitude pleine de grandeur et de générosité, sans le moindre rapport avec les nombreuses révoltes de serfs qui agitèrent la baronnie par le passé.

L'actuel seigneur de La Tour est le jeune baron Guilhem, chevalier aussi vaillant qu'ambitieux, qui se tailla une réputation dans la région en menant d'audacieuses campagnes à la tête de ses vassaux. Il fut ainsi l'un des héros de la guerre sainte que livra le roi Louen de Couronne pour venir en aide à l'Empire lors de l'invasion des Nordiques adorateurs des Dieux Sombres, défit les hordes des morts à Malpertus, et remporta même une éclatante victoire sur le peuple-fée lors de la bataille de la Clairière aux Eperviers, à la frontière des bois enchantés d'Athel Loren.



Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour 477px-Codex_Manesse_%28Herzog%29_von_Anhalt
Les membres de la maison de La Falguière s'expliquent avec ceux de la famille de Rochenoire et les pucelles du château de La Tour comptent les points du haut des murailles.



La Baronnie de La Tour avant l'Unification du Royaume
ou
C'Estoit Mieux Avant


L'histoire de la fondation du domaine de La Tour, qui peut remonter à près de quatre millénaires, s'est depuis longtemps perdue dans les brumes d'une époque oubliée où les cavaliers bretonni vinrent de l'est et passèrent les hautes Montagnes Grises pour s'établir sur les terres auxquelles ils donnèrent leur nom. Le seul souvenir qui en subsiste est à chercher en d'anciennes légendes et chansons de geste, c'est à dire en une tradition orale tardivement couchée sur le parchemin. On peut tenter, en confrontant les différentes versions, de reconstituer un récit plausible de la fondation du fief, mais les érudits de La Tour eux-mêmes s'y perdent, tant les écrits qu'ils doivent consulter sont contradictoires, mêlés de légendes ou rédigés en une langue que l'on peine aujourd'hui à déchiffrer.

On raconte le plus souvent que c'est le roi Hilmart qui mena ses cavaliers jusqu'à ce qui allait devenir La Tour. Les légendes ne parlent guère de son périple, sinon par de vagues allusions, aussi l'histoire de son peuple ne remonte-t-elle pas au-delà de la fondation du domaine. Certains prétendent qu'Hilmart et ses guerriers, à la recherche d'une terre à habiter et à cultiver, campèrent un soir à l'orée d'une profonde forêt, au pied d'un grand éperon rocheux qui dominait la vallée d'un large cours d'eau. Cette nuit-là, des lueurs dansèrent au sommet du rocher, et les hommes s'en étonnèrent. Le lendemain, Hilmart s'y rendit avec ses hommes, mais n'y trouva rien qui pût expliquer les feux de la veille ; cependant, en contemplant la vallée en contrebas et les terres alentours, il pensa avoir trouvé un pays digne de ses sujets, et décida de s'y établir, considérant les lumières nocturnes comme un signe.

D'autres légendes parlent de rêves et de visions envoyés par les dieux qui lui auraient ordonné de bâtir là la forteresse de son peuple, et l'on ajoute parfois, pour faire bonne mesure, qu'il dut vaincre un dragon pour se rendre maître de la place. C'est cette dernière version qui donna naissance à l'ancien nom du promontoire sur lequel fut bâtie le château de La Tour, le Roc du Dragon.


Et le roi parla à ses hommes :
Armons-nous de nos épées,
Laissons derrière nous nos chevaux
Pour monter au sommet du roc
Et voir quelle magie s'y trouve
Qui fait la nuit les flammes danser.
Bravement ils s'armèrent,
Et suivirent Hilmart le Preux.
Or en cette montagne grise
Se terrait au fond de son antre
Un dragon au souffle ardent.
Mais le roi tira son épée,
Il frappa fort et bellement,
Ainsi tomba morte la bête.
Et le roi parla à ses hommes :
Ici je veux que soit mon peuple,
Ici sera notre foyer,
Et nul ne nous en chassera,
Car en ce lieu victoire fut nôtre.


Extrait de la Geste d'Hilmart, traduite de l'ancienne langue gasconnienne par Evroul de Salesbert.


Dans les siècles qui suivirent, le village perché sur le Roc du Dragon s'agrandit et ses habitants y construisirent une puissante tour qui donna son nom à l'endroit. A cette tour originelle s'ajoutèrent peu à peu d'imposantes fortifications, jusqu'à ce que la petite ville devienne une véritable citadelle, la plus puissante de la région, alors que ses seigneurs étendaient toujours davantage leur domination sur les terres et les villages voisins.

Les fermiers et les éleveurs défrichèrent les flancs escarpés de la vallée pour y établir des cultures en terrasse, et y plantèrent de vastes vignobles. Le fief restait cependant en grande partie sauvage, et mêmes les plus rudes cavaliers redoutaient de s'aventurer trop avant dans la forêt qui s'étendait à perte de vue au nord-est de La Tour, qu'ils nommèrent Sombrefeuille, repaire d'hommes-bêtes et de gobelins. Le cours d'eau, appelé la Salandre, ou le Gardon de La Tour, était navigable une partie de l'année, ce qui facilitait le commerce avec d'autres fiefs ; en été, cependant, son cours pouvait beaucoup diminuer, et les pluies d'automne le faisaient souvent déborder de son lit, aussi ne pouvait-on entièrement se fier à cette route capricieuse.

Alors que La Tour devenait une des plus importantes places fortes de la région, la place vint à manquer entre ses murs, et de plus en plus de paysans et de marchands s'établirent au bord du Gardon, ce qui les rapprochait des espaces cultivés et d'une voie de communication somme toute plus sûre que les routes, faisant du petit embarcadère une nouvelle ville en contrebas de la première. Cette situation a perduré jusqu'à présent, et peu de paysans demeurent encore dans la Ville Haute, surtout habitée par la noblesse, tandis que la Ville Basse, aujourd'hui ceinte de murailles, est devenue le coeur du commerce de la baronnie.

A l'époque de Gilles le Breton, la puissance de La Tour avait décliné, car les peaux-vertes, les hommes-bêtes et bien d'autres ennemis multipliaient leurs attaques sur la région. La forteresse des barons, quoique protégée par ses hautes tours et ses murs épais, était de plus en plus isolée d'un fief qu'elle peinait à présent à contrôler, et qui sombrait peu à peu dans l'anarchie. La Ville Basse de La Tour fut ravagée et sa population gagna la citadelle des barons, laquelle fut finalement encerclée et assaillie par une immense horde de peaux-vertes. Le seigneur de La Tour parvint à repousser l'ennemi au terme d'un siège terrible, quand il mena une sortie avec ses derniers chevaliers. Maintes chansons se font l'écho de cette formidable bataille, remportée de justesse et au prix de centaines de vies. Par la suite, le seigneur de La Tour reçut l'aide salutaire des armées du duc Lambard, puis des chevaliers de Gilles de Bastogne lui-même, qui contribuèrent à rétablir la paix à La Tour comme dans le reste de la Gasconnie.

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Spoiler:


Dernière édition par Baron Guilhem de La Tour le Lun 29 Déc 2008 - 2:50, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour   Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour EmptyDim 1 Fév 2009 - 18:57

De la Roture


On dit souvent que le sort du bas peuple de La Tour est un peu moins misérable que dans d'autres régions du royaume ; cela n'est pas entièrement faux. Peut-être est-ce là un effet de la vie rude qu'ils mènent dans les terres sauvages et escarpées de la baronnie, mais il semble que les paysans y soient plus robustes et indépendants que dans les fiefs du nord. Bien des hameaux sont situés en des lieux isolés et difficiles d'accès, à flanc de vallée ou au sommet d'une crête rocheuse, et doivent souvent se passer de l'assistance de la noblesse pendant de nombreux mois, en particulier durant l'hiver. Les attaques de peaux-vertes ou d'hommes-bêtes en maraude ne sont pas rares dans les montagnes, aussi les habitants de ces villages doivent-ils être prêts à se défendre seuls la plupart du temps.

Les paysans de La Tour sont fiers de ce qu'ils considèrent comme une certaine forme d'indépendance vis-à-vis de la noblesse et sont ainsi volontiers fanfarons, voire moqueurs à l'égard des roturiers des autres régions, qu'ils jugent un peu trop soumis et béats d'admiration devant leurs seigneurs et maîtres. Il est cependant bien entendu que de telles dispositions s'évanouissent à la vue d'un chevalier et que la populace de La Tour file doux devant la noblesse, comme il se doit.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour Serf
Les paysans de La Tour travaillent dans la joie et la bonne humeur.


Les chevaliers de La Tour ont pourtant appris à se méfier du peuple qu'ils dominent. En effet, la baronnie a sans doute connu plus de révoltes de paysans que nulle autre seigneurie voisine, et ces révoltes furent souvent d'une grande violence ; aussi les barons de La Tour ont-ils au fil des siècles accordé quelques libertés à leurs sujets : des taxes furent supprimées, les habitants de certaines villes reçurent le droit d'élire des représentants pour participer à l'administration de leur cité, le pouvoir de guildes fut renforcé... autant d'avantages qui restent assez symboliques, car le pouvoir réel demeurera toujours entre les mains des nobles. Mais cela suffit à la roture, et les barons de La Tour en profitent habituellement en fins politiques, pour assurer le calme au sein de leur turbulent domaine.

C'est bien entendu dans les quelques grandes villes que compte la baronnie que le peuple sait le mieux faire valoir ses revendications, lesquelles se font souvent à travers les guildes les plus puissantes. A l'inverse, le peuple des campagnes est habituellement on ne peut plus tranquille, bénéficiant de l'étroite surveillance des chevaliers. Les bergers des contreforts des Voûtes sont quant à eux les plus autonomes des roturiers de La Tour, mais ils s'intéressent peu à ce qui se passe « en bas », ne descendant que pour vendre leur laine, leur fromage ou leur viande, et ne causent guère d'ennuis.

Une certaine liberté de ton est également concédée par les chevaliers aux paysans, en particulier lors de fêtes où le peuple, déguisé et masqué, parcourt les rues des cités et les chemins de campagne en un cortège délirant et grotesque ; en ces jours -qui fort heureusement restent rares-, il lui est permis de dire des nobles ce qu'il voudra et de crier à tue-tête les pires grossièretés. Ce genre de traditions choque habituellement les nobles étrangers au plus haut point, mais les seigneurs de La Tour semblent s'en amuser plus que s'en offusquer -une preuve de plus que les paysans sont après tout de grands enfants, sans doute. Ils savent en outre à quel point ces réjouissances sont nécessaires pour calmer les mécontents une ou deux fois l'an, en évitant les débordement le reste du temps.


La Révolte du Hachoir et des Ciseaux


La plus terrible révolte que connut jamais la baronnie de La Tour fut sans nul doute celle de l'année 854, dont on a gardé souvenir sous le nom de Révolte du Hachoir et des Ciseaux. Après un hiver difficile et de mauvaises récoltes, le baron Florimond, fameux pour son peu de soucis de la gueusaille, décida une nouvelle levée de taxes, accablant encore un peu plus le petit peuple de La Tour. Parmi les impôts les plus originaux, l'histoire, ou du moins la légende, a retenu celui sur le nombre de souliers de rechange, qui ne concerna bientôt plus aucun paysan, celui sur les poignées de porte ainsi que sur le nombre de chaises par foyer, et celui qui frappait les charcutiers en prélevant les deux tiers de chaque saucisson pour le bon usage du baron.

Bientôt, la populace murmura, s'agita, et les chevaliers réagirent ainsi qu'ils en avaient l'habitude, en condamnant les récalcitrants à la hart. Mais cette fois-ci, les vieilles méthodes restèrent vaines, et les villes de la baronnie s'embrasèrent, sous l'impulsion des puissantes guildes des bouchers-charcutiers -dont on comprend la hargne- et des drapiers, d'où le nom qui fut par la suite donné à la jacquerie, d'après les blasons desdites guildes. A La Tour même, le peuple parvint à bouter le feu au palais de justice tant haï pour ses verdicts expéditifs ; à Orsière, les celliers qui contenaient le fruit des taxes furent pris d'assaut par les habitants qui les vidèrent en quelques heures ; à Grizac, les officiers seigneuriaux chargés de percevoir l'impôt furent précipités du sommet de la plus haute tour de la ville ; le pire fut atteint à Chambrège, où les jacques parvirent à prendre le contrôle de la cité entière au prix de sanglants combats de rues. Maître Gombault, le prévôt des marchands, qui se trouvait être également le maître de la guilde des bouchers-charcutiers chambrégeois, fit capturer messire Gauthier, le seigneur de la ville, et ordonna que l'on en retranchât à la hache les deux tiers, qu'il envoya à La Tour pour le bon usage du baron, en référence à l'impôt sur les saucissons.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour Assassinat_Etienne_Marcel
Les percepteurs d'impôts de Grizac sont invités à aller voir comme c'est joli en bas.


Les villes furent bientôt rejointes par les campagnes et la guilde des vignerons, mais la répression y fut beaucoup plus efficace que dans les cités, et nombre de villageois décidèrent d'abandonner leurs chaumières pour s'en aller trouver refuge dans les forêts et les hauteurs, où les chevaliers ne pouvaient guère les suivre. Certains s'y risquèrent, et durent bien vite renoncer, quand ils ne périrent point dans des guets-apens.

Apprenant que son domaine était à feu et à sang du fait de quelques gueux insolents, Florimond ordonna une nouvelle vague de répression qui ne fit qu'empirer la situation, si toutefois la chose était possible. Certains historiens pensent que c'est à cette période que fut inventé le célèbre jeu du Maraud Ailé, qui consiste à catapulter un paysan le plus près possible d'une cible donnée -un puits, par exemple. C'est alors que certains parmi les nobles, horrifiés par les consignes du baron, ou, plus probablement, désireux d'en finir au plus vite avec la révolte, voire d'affaiblir leur suzerain, déclarèrent qu'il fallait sans tarder accorder au peuple ce qu'il demandait. Certains allèrent jusqu'à combattre aux côtés des jacques, prenant la tête de la rébellion dans les montagnes. La révolte prit des allures de fronde des nobles, et plus d'un seigneur voisin de La Tour apporta son aide aux vassaux rebelles, quand d'autres encore pensèrent profiter de la crise pour se rendre maîtres de la baronnie.

Après des mois d'une situation intenable, alors que la plupart de ses vassaux ne tenaient plus aucun compte de ses ordres et que les autres avaient ouvertement pris les armes contre lui, Florimond dut céder à l'avis de ses conseillers, et abrogea les décrets injustes et les taxes abusives, vida ses geôles des paysans emprisonnés et accorda à plusieurs villes une charte et des libertés et privilèges supplémentaires. Depuis, chaque année, il est d'usage de célébrer la fin de la révolte par une grande fête qui s'étend sur plusieurs jours, pendant lesquels le bon peuple de La Tour acclame son généreux baron, lui rendant grâces de ses bienfaits -et si le peuple n'est pas disposé à acclamer son seigneur, c'est également en cette période qu'éclatent traditionnellement les révoltes. Les réjouissances s'achèvent par un feu de joie au centre duquel est placé un mannequin grotesque dont les nobles disent ignorer la signification, mais dont chacun sait fort bien qu'il représente plus ou moins fidèlement le baron Florimond.


Vint au milieu du festin messire le brave sénéchal de Montjoc, et dit au baron que de toutes parts du domaine venaient force nouvelles d'une moult grande et terrible émotion de manants contre les nobles chevaliers. Lors répondit le baron : « Peu me chaut, sire sénéchal. Branchez-les tous aux arbres, et qu'il n'y ait nul tronc en la forêt de Sombrefeuille qui n'ait un coquin pendu à sa ramure. », et se servit à boire.

Extrait des Chroniques de La Tour pour l'année 854.

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MessageSujet: Re: Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour   Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour EmptyMar 7 Avr 2009 - 12:08

Quelques Villes d'Intérêt
ou
Petit Guide à l'Usage du Touriste



Chambrège, la Ville Franche

Chambrège est une cité importante à l'échelle de la baronnie. Sans atteindre celles de La Tour, sa population est nombreuse et son industrie développée ; le commerce de la laine et des tissus en général y est particulièrement florissant. C'est cependant pour une tout autre raison que la ville est fameuse. Chambrège abrite en effet la populace la plus turbulente de toute la baronnie, de l'avis de chacun, Chambrégeois y compris (ils s'en font d'ailleurs une gloire et revendiquent le titre haut et fort).

Le voyageur de passage sera frappé par l'aspect tortueux et souvent assez misérable des rues, qu'une noblesse indifférente laissa se développer de façon totalement anarchique. C'est bien entendu un avantage considérable pour les nombreux hors-la-loi et marginaux que compte la cité, lesquels peuvent vaquer à leurs activités dans une relative sérénité, ne craignant guère d'être arrêtés si d'aventure la milice (notoirement conciliante, et corrompue à divers degrés) leur donnait la chasse dans les venelles étroites.

L'aristocratie chambrégeoise méprise le bas peuple et n'aime guère à s'aventurer sans une escorte bien armée hors du quartier noble de la ville, sorte de cité dans la cité, ceint de murailles et gardé par les gens d'armes de Suidebert de Chambrège, seigneur de la place. Ce dernier avait le choix entre deux attitudes éprouvées de longue date à l'égard de sa ville : ou bien régner par la terreur et l'oppression constante, ou bien laisser les Chambrégeois faire presque en toute chose selon leur bon plaisir, et se contenter d'intervenir dans les situations les plus critiques. Il a choisi la seconde solution, sans doute plus sage, et gouverne avec un savant mélange de laxisme, de manipulation et, quand c'est nécessaire, de brutalité.

Les bas-fonds de Chambrège sont animés par force voleurs, trafiquants, escrocs et agitateurs divers poussant les miséreux à la révolte. Les rues des faubourgs mal famés sont infestées de mendiants simulant les plus pitoyables maladies, se plaçant un bandeau sur les yeux pour contrefaire les aveugles ou frottant leur peau d'herbe-aux-gueux pour lui donner un aspect ulcéré. Ici plus que nulle part dans la baronnie, le culte de Ranald est vivace, ainsi que d'autres encore moins avouables. Les quartiers les plus pauvres de la ville sont évités par toute personne sensée, et Suidebert n'aurait que peu de contrôle sur eux s'il ne savait collaborer à l'occasion avec les barons du crime qui y font la loi.

Fort heureusement, de tels quartiers sont l'exception plutôt que la règle, et ils se trouvent dans les faubourgs, hors des puissantes murailles de la ville. Dans l'ensemble, grâce à l'habilité de Suidebert et à sa forte troupe d'hommes d'armes, l'ordre règne à peu près et les rues sont presque sûres.

Néanmoins, certains ancêtres de l'actuel sire de Chambrège furent moins heureux, et durent contempler dans la plus totale impuissance leur cité sombrer dans l'anarchie. Les Chambrégeois sont en effet prompts à contester l'autorité de la noblesse, et il suffit que les plus riches et influents bourgeois prennent la tête d'une émeute pour que celle-ci dégénère en soulèvement. C'est lors de la fameuse Révolte du Hachoir et des Ciseaux que la cité fit le plus parler d'elle et gagna le plus gros de sa déplorable réputation (Note du Baron bis : Si vous avez oublié ce qui se passa alors à Chambrège, relisez, relisez donc Laughing ).

La ville se proclama libre et indépendante du baron de La Tour, sous la conduite du boucher-charcutier Gombault, et se dota d'un conseil de marchands et de notables issus de la roture en guise de gouvernement. Quand la révolte prit fin, Chambrège était toujours fermement tenue par les jacques, et ne fut reprise par la noblesse qu'après plusieurs jours de combats sanglants entre les murs de la cité, conclus par une mémorable charge de cavalerie dans la grand-rue de la ville et la pendaison de maître Gombault, instigateur du soulèvement.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour Jacquerie_meaux
Les gens d'armes du baron Florimond rétablissent la paix à Chambrège.

Chambrège était alors en triste état, et prête à se révolter à nouveau tant la répression avait été rude. Le baron Florimond concéda alors une charte à la cité, lui accordant des libertés sans précédent dans la baronnie et le titre de ville franche. Ainsi, le seigneur de Chambrège est censé gouverner en étroite collaboration avec un conseil de représentants élus par le peuple, qui sont le plus souvent les maîtres d'une guilde locale.

Les décisions importantes de Suidebert sont préalablement soumises au conseil, qui peut exprimer son désaccord, même s'il ne peut les empêcher. Les oppositions sont fréquentes, mais les deux parties sont bien malgré elles forcées de s'entendre : le conseil sait que Suidebert a pour lui de nombreux gens d'armes et le soutien du baron Guilhem, et Suidebert sait quant à lui qu'une mesure désapprouvée par le conseil sera systématiquement abhorrée par la populace, et donc difficile à mettre en œuvre sans heurts.

Ce sage gouvernement assure à Chambrège une vie assez paisible, en dehors de quelques émeutes de temps en temps et d'une révolte sans trop de conséquences tous les deux ou trois ans. A moins d'avoir la malchance de tomber sur l'une de ces révoltes, le visiteur pourra profiter de la vie dense et distrayante de la ville, admirer les étoffes aux couleurs variées des élégantes échoppes des drapiers chambrégeois et faire d'agréables promenades à travers de pittoresques ruelles -en n'oubliant pas de regagner son auberge de bonne heure, on n'est jamais trop prudent. On ne manquera pas la visite (commentée sur demande et pour une somme modique par les anciens de la ville) de la Rue de la Charge, voie principale de Chambrège et haut lieu de l'histoire de la Révolte du Hachoir et des Ciseaux, ni la Place du Saucisson, qui vit le découpage à la hache de messire Gauthier par maître Gombault, ni surtout la Butte aux Pendus, rendez-vous privilégié des Chambrégeois (une exécution par jour, deux les jours de fête).


Orsière, la Cité des Vignobles

Orsière est une petite cité forte du sud de la baronnie, bâtie à flanc de colline et entourée de vignes. Si l'on oublie quelques fermes et hameaux isolés, c'est la seule présence humaine à des lieues à la ronde ; la ville est en outre loin de toute route aisément praticable, et le voyageur devra pour s'y rendre emprunter un chemin accidenté qui serpente à travers une garrigue rocailleuse et le plus souvent desséchée par un soleil de plomb. Cependant, Orsière est fameuse dans toute la baronnie de La Tour et même au-delà. Elle ne le doit à nulle autre chose qu'à son vin, qui de l'avis général vaut largement tous les efforts consentis par les marchands pour le transporter sur des sentiers de terre.

Une fois passées les portes d'Orsière, le visiteur pourra se reposer de sa marche éreintante dans l'une des innombrables et réputées tavernes de la ville, où l'on déguste le vin local à l'ombre des troènes. S'il en a encore la force et qu'il se sent de taille à résister aux vapeurs d'alcool omniprésentes (une bouffée d'air à Orsière est un verre de vin ailleurs, affirme le dicton), il profitera d'une superbe vue (pour peu que l'on aime les paysages de vignobles) de la région du haut des murailles, visitera quelques caves (qui proposent des dégustations gratuites), et admirera la très célèbre statue du baron Bermond le Ripailleur, bienfaiteur vénéré d'Orsière, qui accorda à la ville de nombreux privilèges en récompense d'une contribution massive à sa cave.

Le visiteur s'émerveillera également à la vue de l'étonnante Tour de la Bouteille, qui comme son nom l'indique a tout à fait la forme d'une bouteille -on prétend que l'architecte qui en dirigea les travaux était ivre. Selon la légende, elle annonce les années où le vin sera bon en émettant, le jour de la fête du dieu des vignes Galdan, un bruit analogue à celui d'une bouteille que l'on débouche avec énergie. L'érudit Grimbert, clerc du baron Gauvain, de passage à Orsière en 1054, émit l'hypothèse que ce bruit était dû à la dilatation des pierres par la chaleur ambiante ; il reconnut cependant publiquement qu'il s'était trompé après qu'une foule d'Orsiérois pris de boisson et scandalisés par ses théories eurent tenté de le brûler pour sorcellerie.

Mais le haut lieu d'Orsière est indubitablement le grand temple du dieu Galdan, dieu que nous évoquions plus haut et dont nous allons dire davantage. Galdan est vénéré dans la baronnie de La Tour tout entière en tant que patron des vignerons et protecteur des buveurs de vin. Selon les légendes locales, il est le fils de Taal et de Rhya, c'est pourquoi il est souvent représenté à leurs côté sur des autels qui parsèment la campagne. Son aspect est celui d'un homme dans la force de l'âge, parfois légèrement bedonnant, toujours joyeux et rieur, barbu et portant une couronne de feuilles de vignes dans sa chevelure et un verre de vin ou une grappe de raisin à la main.

Le temple d'Orsière est le plus grand qui lui soit consacré, et la ville est considérée comme le centre de son culte et placée sous son patronage ; son adoration, quoique très commune à La Tour, ce qu'il faut sans doute mettre en relation avec sa longue tradition vinicole, est peu répandue au-delà des frontières de la baronnie. Le clergé de Galdan est peu développé et assez informel, et les cérémonies qui lui sont adressées ressemblent plus à des beuveries qu'à autre chose. Il est d'usage dans tous les vignobles de la baronnie de lui offrir un peu de vin de l'année précédente au début des vendanges, pour s'assurer une production de qualité. La noblesse le vénère également comme dieu des festins et des divers plaisirs liés auxdits festins, y compris ceux qui se pratiquent plutôt après, quand on a l'esprit un peu embrouillé et que l'on ne se rappelle plus trop où se trouve sa chambre.

Mais quittons Galdan et revenons-en à Orsière.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour Jdb09a
C'est à boire, à boire, à boire-euh ! C'est à boire qu'il nous faut !

Orsière est en quelque sorte une très grande ferme, ou un très gros mas, au milieu d'un immense vignoble. Son isolement en fait une cible de choix pour des pillards, des seigneurs rivaux, des hommes-bêtes ou des peaux-vertes -en règle générale, tous ceux que les gigantesques réserves de vin de la cité peuvent intéresser. Bien que les environs, défrichés il y a bien des siècles pour y établir des vignobles, offrent peu de refuges aux bêtes sauvages et aux brigands, les gens d'armes du seigneur Briand d'Orsière patrouillent la région sans relâche, à l'affût de tout ce qui pourrait endommager les précieuses vignes de leur maître.

Orsière elle-même est solidement fortifiée, et plus d'un assaut s'y est brisé. On admet cependant que les remparts de la ville n'y sont pas pour grand-chose, et que la force de la cité réside plutôt en ses vaillants défenseurs, que les seigneurs d'Orsière ont coutume d'encourager (certaines mauvaises langues disent d'abrutir) par de généreuses distributions de vins. La dernière attaque en date eut lieu en 1544, alors que le baron Guilhem guerroyait dans le lointain duché de Middenland, sous le haut commandement du roi Louen de Couronne. Orsière parvint à soutenir trois semaines durant l'assaut d'une horde d'hommes-bêtes avant que des renforts pussent enfin être dépêchés et briser le siège ; le départ du baron avait en effet privé son fief d'une bonne part de ses défenseurs, et les hommes-bêtes étaient alors plus nombreux que jamais.

Le baron salua à son retour l'exploit de Briand d'Orsière, qui avait par sa valeur gardé sa ville presque intacte. On déplora seulement la perte de quelques centaines de barriques de vins, consommées par les défenseurs pour se donner du coeur à l'ouvrage, et la mort tragique du maître de la guilde locale de vignerons, qui se suicida en se noyant dans une cuve de vin vieux quand il apprit que ses vignes avaient été ravagées par les hommes-bêtes.

Il existe une certaine rivalité entre les vignerons du domaine d'Orsière et ceux des côteaux de Sombrefeuille, l'autre grand vignoble de la baronnie, rivalité qui dégénère parfois lors des foires où les deux camps se retrouvent à vanter côte à côte les mérites de leurs productions respectives. Un décret édicté en 1426 par les conseillers du baron Tancrède établit un système complexe selon lequel les vignerons des deux origines ne doivent jamais être présents les mêmes jours à une foire et sont tenus de vendre leur vin en alternance. Au début, certains administrateurs zélés tentèrent d'y comprendre quelque chose, mais aujourd'hui, chacun l'ignore et suit la sage opinion selon laquelle il vaut mieux guérir en calmant les vignerons d'un bon coup de hampe de hallebarde sur le crâne que prévenir en appliquant un règlement qui s'étend sur des dizaines de pages (même écrit tout petit).

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MessageSujet: Re: Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour   Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour EmptyMer 1 Juil 2009 - 19:35

L'Art de la Table


La cour brillante et raffinée de La Tour ne se conçoit point sans son goût certain de la bonne chère, et la table du baron est renommée à des lieues à la ronde. Le Maître Queux et le Grand Echanson y sont des personnages importants et il n'est point de victoire qui n'y soit célébrée par quelque grand festin ; dès lors que l'on connaît l'inégalable vaillance des chevaliers de La Tour, on sait que ces victoires sont nombreuses, et qu'ainsi la vie d'un noble se répartira à peu près également entre la guerre et la ripaille.

Les plaisirs de la table sont indisociables de l'art de vivre hédoniste de la cour du baron. Il est fréquent que les festins y durent tout le jour, s'accompagnant de chants, de musique et autres divertissements, d'abord du fait de ménestrels engagés pour l'occasion, puis de ceux des chevaliers qui se sentent en verve poétique quand arrive la fin du festin et que le vin de La Tour a coulé à flots.

La forêt de Sombrefeuille constitue une inépuisable réserve pour les chasses de la noblesse et les tables des châteaux. Les lois de la baronnie ont toujours été des plus sévères pour qui s'aventure à braconner sur les terres de La Tour et il est interdit aux paysans d'étendre leurs cultures et de défricher trop avant sur la forêt, aussi les chevaliers disposent-ils d'un gibier considérable dont la chasse leur fournit à la fois distraction et ample provende. Le mauvais côté des choses est certes que la forêt de Sombrefeuille reste ainsi sauvage et que les pires bêtes fauves et hardes d'hommes-bêtes y peuvent prospérer en toute quiétude, malgré les fréquentes battues des chevaliers. Mais l'abondance de venaisons à la table du baron est à ce prix.

Si le sol ingrat et rocheux de la région est souvent un obstacle aux cultures, il donne en revanche un excellent vin, exporté et vendu à grand prix dans les marchés et foires de Gasconnie. Outre ce vin (Note du Baron bis : Tiens, j'ai fait un jeu de mots sans même m'en apercevoir.), les tables de La Tour sont réputées pour leurs venaisons (que l'on prépare bien entendu au vin), leurs fromages et leur charcuterie (NdBb : Sans oublier leurs fameuses grillades, que le comte Dangorn de Castagne prise fort.) ; les cuisiniers de La Tour font aussi grand usage des herbes aromatiques qui abondent dans les fiefs méridionaux du royaume.

Le paysage accidenté de la baronnie a poussé nombre de paysans à laisser l'élevage des bœufs aux duchés septentrionaux pour se consacrer à celui des moutons et des chèvres. Les avantages en sont nombreux : de tels troupeaux ne sont pas gênés par le relief montagneux et s'accomodent fort bien de la végétation sèche qui leur sert de nourriture ; bien mieux, leur viande étant méprisée par la noblesse, celle-ci n'en prélève qu'une faible part.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour January
Le haut prêtre de Shallya Rostaing d'Aigremont (à gauche, en rouge et blanc) tente de faire comprendre avec tact au baron Adelstan de La Tour (à droite, en habits bleus) qu'il s'est coiffé par mégarde d'un pâté de sanglier aux airelles.


Bermond le Ripailleur


Si nombre de seigneurs de La Tour doivent à leurs hauts faits d'armes d'avoir laissé une trace dans les annales de la baronnie, il en est un qui ne le doit qu'à son légendaire appétit. Le baron Bermond de La Tour était un véritable colosse, tant en longueur qu'en largeur, si bien qu'il ne put jamais porter que des pièces d'armures forgées sur mesures ; un cheval robuste, dit-on, s'épuisait en quelques heures sous son poids, et il pouvait sans peine soulever un tronc d'arbre à mains nues. Nul chevalier ne put jamais le vaincre à la bataille, mais c'est de ses exploits à table que les gens de La Tour ont gardé souvenir encore vivace plusieurs siècles après sa mort.

Nombre de légendes courent la baronnie à son sujet : on raconte qu'il aurait un jour asséché les caves à vin des châteaux de tous ses vassaux à des lieues à la ronde, et, voyant cela, déclaré une guerre à un seigneur voisin pour se réapprovisionner au plus vite. On prétend encore que l'un de ses chevaliers ayant commis l'impair de lui servir un repas qu'il jugea insuffisant, Bermond se crut gravement insulté et l'occit en duel au milieu de la salle où se déroulait le festin, au moyen d'une broche à rôti.

Le baron Bermond connut une fin tragique. Cédant enfin à ses mires qui s'alarmaient de son déplorable régime alimentaire, il accepta la mort dans l'âme de se mettre à la diète. Il mourut deux jours plus tard.


« Lever matin, n'est poinct bon heur,
Boire matin est le meilleur. »

Baron Bermond de La Tour.


La Garde de La Tour


La Garde de La Tour est un corps de chevaliers d'élite chargés de protéger le baron et de l'escorter à la bataille. Les conditions pour y entrer sont extrêmement rigoureuses, et y appartenir est un immense honneur. Les chevaliers de la Garde sont souvent des nobles issus des grandes familles de la baronnie qui résident au château de La Tour et font partie de la cour du baron et de sa mesnie, mais la seule naissance ne suffit pas : il faut avoir fait montre de sa loyauté et de sa valeur au combat. Seul le baron peut décider de l'entrée d'un chevalier dans sa Garde, et il peut s'en servir pour récompenser à peu de frais un vassal méritant ; mais la plupart des barons de La Tour eurent la sagesse de n'y admettre que des braves parmi les braves, aussi les Chroniques de La Tour sont-elles jalonnées d'actions d'éclat accomplies par ses membres.

Lors de son intronisation, le chevalier se rend dans la chapelle du Graal du château de La Tour et fait vœu de servir loyalement le baron et de donner sa vie s'il le faut pour protéger la sienne, en présence du baron lui-même, du Maître de la Garde et de quelques officiers ou membres éminents. Un chevalier peut à tout moment se retirer de la Garde, s'il se trouve en désaccord avec le baron, par exemple, ou s'il veut se lancer dans la quête du Graal. En raison de son mode de recrutement, les chevaliers de la Garde sont souvent dispersés à travers toute la baronnie, même si beaucoup résident en permanence à La Tour, siège de l'ordre et demeure du baron. Rassembler la Garde, ne serait-ce qu'en partie, est chose rare qui révèle souvent une situation de crise. A ce jour, la Garde de La Tour n'a plus été appelée à combattre dans son ensemble depuis la guerre contre les hordes des Dieux Sombres dans l'Empire, où elle suivit le baron Guilhem et fit mainte fois honneur à son blason.

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MessageSujet: Re: Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour   Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour EmptyVen 5 Fév 2010 - 1:51

Le Ver dans la Pomme
ou
Il y a Quelque Chose de Pourri dans la Baronnie de La Tour
ou encore
Promenons-nous dans les Bois pendant que le Baron bis n’y est pas


Brève Étude de Quelques-uns des Plus Horrifiques Mystères de la Très-sinistre et Périlleuse Forêt de Sombrefeuille

Chez les petites gens de La Tour, la forêt de Sombrefeuille passe pour vaguement hantée et l'on ne compte plus le nombre de contes sinistres qui s'y rattachent, comme celui du Petit Gobelin au Chaperon Rouge ou de la Bête au Bois Dormant. Depuis plus de générations que n'en peuvent compter les paysans de la baronnie, les veilles femmes ont cependant coutume de raconter aux enfants lors de la veillée que la forêt ne fut pas toujours un lieu de mort et de sorcellerie, mais qu'elle était jadis un royaume merveilleux peuplé par les riantes fées de la Dame. Selon le conte, ce fut la lune de Morr, qui, dans sa malveillance, mit fin à tant de beauté d'un simple crachat qui altéra et corrompit la forêt. Les arbres prirent des formes torturées, les bêtes se firent repoussantes, griffues et cornues, les oiseaux chanteurs devinrent de sombres rapaces et les gobelins et les hommes-bêtes, trouvant le lieu à leur convenance, y élurent domicile.

Mis à part les bonnes femmes et les enfants, peu dans la baronnie se soucient de cette légende. Après tout, on raconte aussi des histoires qui prétendent que l'ancêtre des seigneurs de La Tour était une taupe géante et que la Salandre, la rivière qui baigne le fief, naquit en des temps reculés, quand un dragon soulagea sa vessie dans les montagnes du sud du domaine.

Quelques érudits à la réputation parfois douteuse se sont cependant intéressés à ce conte, bien malgré eux. Certains nobles de La Tour s'entourent parfois de sorciers de cour, d'alchimistes, d'astrologues et de savants, pour des motifs plus ou moins avouables, et certains parmi eux découvrirent la source de la corruption qui s'étend manifestement à partir du cœur de Sombrefeuille. En effet, si les nouveau-nés difformes et les hardes d'hommes-bêtes sont des désagréments courants dans certaines régions de la forêt alors que d'autres sont relativement épargnées, ce n'est le fait ni du hasard ni des dieux.

En des temps très anciens, bien avant l'arrivée des hommes en Bretonnie, alors que les anciens elfes eux-mêmes n'en étaient qu'à leurs balbutiements, un immense bloc de malepierre arraché à la lune de Morr s'abattit sur la forêt et la transforma en un lieu de cauchemar. C'était alors une époque où le monde se tordait sous l'effet des vents de magie, où les démons foulaient librement le sol et où le Chaos était tout-puissant. Les mages elfiques, héritiers du savoir des dieux, ou peut-être les dieux eux-mêmes, repoussèrent la marée, et les vents de magie refluèrent vers le Grand Nord lointain, dans les Désolations du Chaos. Mais le bloc de malepierre demeura, caché au plus profond de la forêt.

Il est toujours à sa place bien des millénaires plus tard, alors que les hommes ont succédé aux elfes. Son existence n'est guère connue que de certaines damoiselles du Graal, de quelques docteurs en sciences occultes un peu trop curieux, ainsi que de certains sorciers ou adeptes des Dieux Sombres. Les hommes-bêtes en sont quant à eux parfaitement conscients, et considèrent l'endroit où tomba la pierre comme sacré. Il est difficile de dire comment l'histoire de la corruption de Sombrefeuille a pu survivre aux millénaires, même sous la forme d'une légende. Peut-être le conte vient-il de la tradition orale des elfes des bois, mais rien n'est sûr.

Toujours est-il que le Chaos fait sentir sa présence en la forêt. En plus de fournir abondance de malepierre à ceux que la chose intéresse (et ils sont malheureusement nombreux), la météorite corrompt les bois environnants, ainsi que toute créature qui s'en approche un peu trop. Pire, quand la pluie tombe dru, le plus souvent en automne, il arrive que des cours d'eau se forment et coulent non loin du bloc de malepierre. Dans ces cas-là, on peut s'attendre à voir surgir dans la région une foule d'épidémies aussi meurtrières qu'originales dans les plus brefs délais : putréfaction du corps en quelques jours, vomissement constants et irrépressibles jusqu’à ce que mort s’en suive, priapisme, etc.

Les barons de La Tour sont vaguement conscients qu'il y a de temps en temps un curieux problème avec certaines rivières prenant leur source dans les hauteurs de Sombrefeuille. Sur le conseil avisé de plusieurs générations de damoiselles du Graal, la consommation des poissons comme de l'eau même de ces rivières est interdite dès lors que commencent à apparaître des bizarreries telles que des truites ailées ou des brochets longs de quatre toises (notons que l'on conserve plusieurs de ces intéressants spécimens en la bibliothèque de La Tour, pour l'édification intellectuelle des érudits et l'agrément de la noblesse) ou quand des cornes viennent à pousser ailleurs que sur la tête des bêtes de somme (« cornes au cul ! » est un juron commun dans les fiefs voisins de Sombrefeuille).

Mais bien entendu, attendre des manants qu'ils agissent avec sagesse dans leur propre intérêt serait faire montre de l'optimisme le plus délirant, et depuis toujours, des inconscients s'aventurent à boire l'eau des rivières contaminées ou en pêchent les poissons difformes, prétextant finement qu'ils n'ont rien d'autre à boire et à manger -piètre excuse, en vérité. Ceux qui survivent viennent grossir les rangs des souffreteux, des malades incurables et des idiots de village, dont on ne manque certes pas en temps normal. Mais même ceux-là finissent tôt ou tard brûlés vifs par leurs voisins ou sur ordre de la noblesse, qui doit se charger de la pénible tâche de débusquer les misérables qui portent la marque infâme du Chaos.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour ENLUMINURE-RECOLTE-PHALLUS
Rares sont les chevaliers à avoir contemplé le légendaire Arbre à Vits qui pousse au plus profond de la forêt de Sombrefeuille.

Les bonnes gens de La Tour sont, dans leur grande majorité, convaincus que les hommes à oneilles d'âne, les écureuils ailés ou les moutons cracheurs de feu sont des prodiges destinés à châtier quelque faute (faute traditionnellement attribuée aux paysans du village voisin) ; manque d'ardeur dans l'adoration de tel ou tel dieu, meurtre de tante à héritage, fraude fiscale, les explications ne manquent jamais. Cette philosophie conduit par exemple à considérer qu'un mutant est d'une façon ou d'une autre responsable de son état. Une mère ayant la mauvaise fortune de mettre au monde un petit mutant n'aura guère d'autre choix que de l'abandonner dans les bois à la faveur de la nuit, si elle tient à échapper à la honte, voire au bûcher. De tels enfants rejoignent souvent les diverses bandes qui écument Sombrefeuille, hommes-bêtes, mutants ou vulgaires bandits de grand chemin. Ceux dont les mutations apparaissent alors qu'ils ont déjà grandi sont forcés de fuir leurs proches et deviennent souvent leurs pires ennemis. De tels événements sont rares dans certaines régions de la forêt, mais terriblement fréquents en d'autres. Certains hameaux furent désertés par leurs habitants qui croyaient, non sans raison, l'endroit maudit, mais bien souvent, les villageois n'osent pas quitter les seules terres qu'ils aient jamais connues et continuent de vivre à une heure de marche de véritables gisements de malepierre, avec les funestes conséquences que l'on imagine.

La noblesse, malgré quelques événements regrettables mais vite étouffés, est largement épargnée par le fléau du Chaos. Assez peu de châteaux sont bâtis dans les profondeurs de Sombrefeuille, et les lieux peuplés de bûcherons particulièrement difformes obligés de brûler un des leurs tous les mois comme mutant ont tendance à repousser la plupart des seigneurs. L'aristocratie entretient donc un rapport aux étrangetés de la forêt très différent de celui de la roture. Les filles et fils de chevaliers se délectent des contes de Sombrefeuille, d'autant plus que beaucoup sont assez véridiques. Le voyageur de passage peut bien rire de ces légendes, chacun sait à La Tour qu'il faut craindre et redouter l'ire terrifique du Roi Crapaud qui, depuis son palais visqueux perdu au fin fond d'un étang du fin fond de la forêt, gouverne et régente le peuple des crapauds géants (les sceptiques sont bien forcés de reconnaître qu'il y a une once de vérité là-derrière quand ils en contemplent quelques spécimens empaillés). Nul n'ignore les ravages de l'affreuse cockatrice, la volaille-sorcière qui pétrifie hommes et bêtes d'un regard, ni ceux du bouffe-râteau, un hérisson gigantesque qui mange les outils agricoles, et encore moins ceux du renard rouge à trois queues, qui fait aigrir le vin en urinant dans les fûts. Des lutins et farfadets divers hantent les clairières les plus reculées, et les cueilleurs de champignons ont appris à se méfier des bolets mangeurs d'hommes et des girolles étrangleuses. On se souvient avec émotion du superbe cerf quadricéphale mis à mort au cours d'une chasse mémorable par le baron Berenfroy et du très infâme et horrifique petit gris géant qui dévasta maints champs de choux et salades avant d'être occis puis mangé au beurre d'ail par le baron Gauvain. Le monstre le plus terrible de tous est peut-être le mystérieux lapin tueur, traqué en vain par des générations de chevaliers.

Pour se faire meilleure idée des monstres terrifiques qui se terrent en ces bois, nous présentons au noble lecteur un court extrait de l’un des plus fameux et savants bestiaires de la baronnie, dû à la plume inspirée du bon docteur ès lettres, arts et sciences Chauldcouilhon.



Tractatus de Terrificis Monstris et Bestiis Horrificissimis quae sunt in Silva Nigrafolia
(Magister Doctissimus Arnaldus Calidustesticulus fecit in anno Nostri Domini Gilli MCXLV)


Traicté des Monstres Terrificques et Bestes Trèshorrificques qui peuplent la Forêt de Sombrefeuille
(composé par le Trèssavant Maistre Arnauld Chauldcouilhon en l'an de Nostre Seigneur Gilles 1145)

Le Terrificque Bouffe-Râteau (Rubricomestor Terrificus)
Bouffe-râteau est hérysson commun, mays enflé à troys, cinq ou bien vingt foys son originelle taylle de par sorcellerie desmonicque des Dyeulx Sombres. Il porte sus son dos poinctes horrificques plus dures qu'acyer trempé et scayt desmembrer homme en force d'âge de par vertu physicque de ses griffes de deux toyses voyre plus et davantage si l'on en veult bien croyre maistre Vitdasne (et lisez son traicté De Bestia Merdicantiae, Des Bestes qui nous Font Chyer). Bouffe-râteau n'a poinct nourriture de lymaces et humbles escargots, mays desvore besches, faulx, socs de charrues, serpettes et tous aultres outils et instruments de paysannerie, et pour ce est craint et redoubté des manants et vilains.

Le Trèsvisqueux et Infâme Crapauld Géant (Bufo Giganteus Viscosissimus Infamisque)
Crapauld géant est batracyen desmesuré qui hante estangs et marais d'eaulx croupies et merdicques. Il scayt bien comme saulter sur distance trèshorrificque et fault alors fuyr en haste car crapauld géant consomme pour aliment tous hommes et femmes et petits enfants. Il peult aussy bien gober cheval fougueux sans effort aulcun. Si touches témérairement crapauld géant, tu en auras furoncles purulents sur la peau et périras mysérablement en deux heures voyre moins, ou bien troys ans. Urine de crapauld géant est poison mortel et fatal, mais médecine mirificque pour maladye de chyasse sanglante (qui est dicte caquesangue de par le peuple de nostre baronnye). Aie doncques l'urine de crapauld géant en un récipyent, puys après y adjoute œufs de vypère et corne de bouc pilée que tu auras faict bouyllir troys et quatre heures. Verse tout en chauldron et le chaulffe trèsbien, tu auras de bonne médecine.

Le Trèshorrificque Renard Rouge à Troys Queues (Vulpes Rubra Tricaudalis Horrificissima)
Renard à troys queues est renard de taylle moyenne voyre petite dont fourrure est rouge et que terminent troys queues touffues de mesme couleur. Renard rouge vit en boys et campagnes mays parfoys entre en poulaillers et basses-cours pour y manger et desvorer menues bestes dont est fryand, qui là ont logis. Ce nonobstant, bien plus y a de péril quand s'introduict par fourberye et artifice en caves à vin et boyt force vin rouge puys après pisse bien salement en fûts et tonneaulx. Or pissat de renard rouge faict de par sa vertu physicque tourner vin en vinaigre, dont vignerons ont grand tort et peine. Pour ce font pièges horrificques avecques appâts de coq au vin pour à seule fin de le capturer et le tuer avecques supplice et décollation du cou et de la teste. Pour éloigner renard rouge tu diras au bon Galdan, dyeu de vigne et vin, prières nombreuses et luy donneras de bon vin et aussy de la phynance. Quand vois renard rouge, si tu le peulx, lui coupe les oneilles ; si ne le peulx, alors te fault lui donner phynance pour prix de ta vie, car renard rouge est trèsterrible beste.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour Merlinmediev
Le très-révéré maître Chauldcouilhon dicte son mirifique traité.

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Dernière édition par Baron Guilhem de La Tour le Mer 10 Mar 2010 - 4:25, édité 2 fois (Raison : Merdre et phynance.)
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MessageSujet: Re: Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour   Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour EmptyMer 10 Mar 2010 - 3:53

Les Chroniques de La Tour


La meilleure source à laquelle peuvent puiser les savants et érudits qui s’intéressent à l’histoire de la baronnie de La Tour est sans doute une série d’ouvrages appelée le plus souvent Chroniques de La Tour, conservée dans la vaste bibliothèque du baron. Il s’agit d’une compilation hétéroclite assemblée à partir d’histoires, de récits de voyage et même de chansons de geste ; mis bout à bout, ces textes sont censés couvrir toute l’histoire connue de la baronnie, depuis la fondation de la forteresse de La Tour.

Depuis maintenant plusieurs siècles, des clercs de haut rang au service du baron sont chargés de consigner régulièrement tout événement marquant, et ajoutent ainsi chaque année de nouveaux chapitres aux Chroniques. Cependant, plus on remonte dans le temps, plus les sources sont incertaines ; les tout premiers volumes des Chroniques de La Tour, qui racontent l’histoire ancienne de la baronnie en tentant péniblement de démêler la légende des faits, ont été rédigés bien des siècles après les événements qu’ils évoquent, à partir d’ouvrages souvent peu fiables et de diverses traditions orales.

Il n’en reste pas moins que les volumes originaux des Chroniques sont l’un des trésors de la forteresse de La Tour. Il en existe un certain nombre de copies ou de résumés dans des bibliothèques du duché de Gasconnie, mais la collection de La Tour est la seule complète et de très loin la plus somptueuse. C’est dans une large mesure grâce aux Chroniques que l’histoire de la baronnie avant Gilles le Breton et l’unification du royaume est relativement bien connue, ce qui permet aux barons de La Tour de se présenter comme l’une des plus anciennes maisons nobles du duché -et de regarder de haut les nouveaux anoblis que sont les seigneurs dont la famille n’est établie que depuis trois ou quatre siècles.

Suivent quelques événements mémorables de l’histoire de la baronnie. La date est donnée selon le calendrier bretonnien puis impérial.


Environ -1978 / -1000 Les cavaliers bretonni traversent les Montagnes Grises.

-1865 / -887 Fondation de la forteresse de La Tour par le roi Hilmart. La date relève davantage de la tradition que d’une estimation d’historien et certains savants la considèrent comme purement légendaire.

Environ -1678 / -700 Les territoires des vingt grandes tribus des Bretonni sont établis. Le peuple de La Tour reconnaît sa parenté avec celui de la future Gasconnie, mais se voit davantage comme son allié que comme son vassal. Il parvient à conserver une certaine indépendance malgré des périodes de conflit.

Environ -1478 / -500 La Tour devient une puissante citadelle et domine la région. Les terres de son roi s’étendent alors que les cultures et le déboisement progressent et que peaux-vertes et hommes-bêtes sont repoussés. Les guerres contre des peuples voisins demeurent fréquentes.

-846 / 132 Baldéric de La Tour étend les terres de son peuple en écrasant les hommes-bêtes à la bataille de Loubière et coupe les oneilles de leur chef. C’est l’un des plus anciens essorillages connus de l’histoire de La Tour.

-654 / 324 Il est dit qu’aux derniers jours d’automne, Chilpéric de La Tour vainquit une armée de démons à un œil dans les marais brumeux de l’Esgalière, à l’orée de Sombrefeuille. Les vieux contes de la baronnie évoquent souvent ces bêtes monstrueuses, censées commander au brouillard et enlever les bergères.

-401 / 577 Début d’une longue période de guerres contre les peaux-vertes dans l’ensemble de la Bretonnie. Dans les fiefs vassaux de La Tour, la population tend à se retrancher derrière les murailles des villes. Certaines terres sont laissées en friche et retournent à la forêt ou à la garrigue.

-313 / 665 Le seigneur de La Tour, Genséric le Pansu, est noyé dans un tonneau de vin par les hommes de son oncle Rollon le Sec. Rollon fait assassiner les fils de Genséric et usurpe ses terres.

-295 / 683 Harald, cousin de Genséric et gendre de Rollon, mène une conjuration contre son beau-père et parvient à le renverser. Rollon est pendu par les orteils jusqu’à ce que mort s’en suive pour venger le meurtre de Genséric et Harald règne sur La Tour sous le nom d’Harald le Juste.

-257 / 721 Wulfric de La Tour, vainqueur des gobelins à la bataille du Roc aux Trolls, est tué au cours d’une chasse dans Sombrefeuille par un lapin blanc mangeur d’hommes.

-208 / 770 La Bretonnie est à présent divisée en seize duchés qui sont autant de royaumes indépendants, tantôt alliés, tantôt rivaux. La baronnie de La Tour fait partie du duché de Gasconnie mais cherche toujours à conserver son autonomie.


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Les chevaliers de La Tour en pleine conservation de leur autonomie.

-192 / 786 Révolte du Cadet. L’infâme et très-horrifique baron Odoard de La Tour s’attire la haine de son peuple et de ses vassaux en se comportant en tyran et en pillard sur ses propres terres. Son frère cadet Lauger s’oppose à lui ; Odoard le jette en prison mais Lauger parvient à s’échapper, évitant de justesse la décollation. Il rallie les vassaux mécontents et soulève la populace contre son frère. Une bataille est livrée près du bois de Lézac à l’issue de laquelle Odoard est tué. Lauger prend le pouvoir.

-2 / 976 Bataille de La Tour. La citadelle est encerclée par une immense armée de peaux-vertes. Le baron Méliant brise le siège en menant une sortie à la tête de ses derniers chevaliers.

-1 / 977 Les chevaliers de La Tour rejoignent la bannière du duc Lambard et bientôt celle de Gilles de Bastogne. Le baron suit les Compagnons du Graal dans leurs batailles avec quelques-uns de ses vassaux. Il reçoit la bénédiction de la Dame et devient le premier chevalier du Graal de La Tour, et l’un des premiers de l’histoire du royaume. Les gens de la baronnie fêtent encore chaque année la Saint-Méliant.

1 / 979 Les grands du royaume se réunissent au château de Folgar d'Artenois. Le baron Méliant de La Tour obtient de tenir son fief directement du souverain lui-même. La requête est accordée par égard à la tradition d’indépendance du domaine et en récompense de la conduite valeureuse du baron.

277 / 1255 Naissance du baron Bermond le Ripailleur.

375 / 1353 Le baron Bermond le Ripailleur meurt peu après s’être mis à la diète pour la première fois de sa vie. Ses médecins sont pendus. Les gens de La Tour voient dans cet épisode navrant une révélation divine particulièrement profonde sur la façon de bien mener sa vie (en premier lieu, éviter les régimes).

471 / 1449 Le baron Ferramand lève une armée et fait route vers les royaumes estaliens pour prendre part à la croisade contre le sultan Jaffar d’Arabie.

472 / 1450 Beren de La Tour, neveu de Ferramand, part pour l’Arabie à la suite des croisés de son oncle. Ses hauts faits et prouesses terrifiques seront consignés dans La Très-Héroïque et Récréative Geste de Sire Beren, immortel chef-d’œuvre du fameux poète comique Eugène Plaisir, écuyer et ménestrel du jeune chevalier.

473 / 1451 L’ost du baron Ferramand prend part à la bataille d’El Haïkk au cours de laquelle Jaffar est vaincu, poil au cul. Les croisés de La Tour s’en retournent en Bretonnie, les coffres de leurs navires chargés de trésors. La noblesse a découvert en Arabie une culture et un art de vivre qui auront dès lors une certaine influence à La Tour.


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La charge des Arabiens à El Haïkk. « Ils ne sont pas comme nous. » disait-on alors.

566 / 1544 Le baron Suidebert fait raser un quartier pauvre de la Ville Haute et le remplace par un vaste et superbe jardin qui fait bientôt l'admiration de tous.

659 / 1637 Affaire des Bouteilles. Dans des circonstances mal élucidées, lors d’un festin à la cour du roi, le baron de Havras promet solennellement quelques-unes des meilleures bouteilles de sa célèbre Sainte Cave à plusieurs nobles de haut rang, parmi lesquels le baron Beldane de La Tour. Le serment sera par la suite bafoué et renié. Cet incident regrettable jette un certain froid dans les relations jusque-là cordiales entre Havras, La Tour et les autres seigneurs déçus dans leurs légitimes espérances.

723 / 1701 De mauvaises récoltes et les ravages de nombreuses escarmouches avec des seigneurs voisins de La Tour, ou même entre vassaux du baron, exacerbent le bas peuple. On se convainc bientôt qu’il doit y avoir quelque complot horrifique là-derrière, et les mutants sont désignés responsables. Quelques prêcheurs fanatiques n’ont guère de peine à lancer une gigantesque purge et des centaines de personnes affligées de mutations ou accusées de sorcellerie périssent misérablement sur le bûcher ou ailleurs. Dans toute la baronnie résonne le fameux et sinistre cri de ralliement des chasseurs de sorcières : « Au four ! », allusion à l’antique usage de brûler les cadavres des mutants exécutés dans les fours à pain.


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D’infects mutants sont envoyés au four, et c’est bien fait, car, comme le disait le bon prêcheur Maschemerdre, « Ils ne sont pas comme nous. »

834 / 1812 L’épidémie de fièvre rouge qui ravage le sud du royaume gagne la baronnie de La Tour. Dans la Ville Basse, deux elfes, accusés de propager la maladie, sont envoyés au bûcher.

835 / 1813 Pendant que les ducs de Parravon et de Moussillon, alliés aux elfes des bois, font de même plus au nord, le baron Amaury repousse les skavens, infâmes responsables de l’épidémie, à la bataille de la Route de Finiels. Il est assassiné la même année.

836 / 1814 Les hommes-rats définitivement vaincus, le duc Mérovée convie le roi et nombre de grands du royaume à célébrer la victoire à Moussillon. Le baron Guiramand de La Tour est témoin des très-épouvantables événements du festin, bien connus par ailleurs. Lorsque les ducs assaillent Mérovée pour venger la mort du roi, Guiramand prend part aux batailles avec son escorte. Alors que la petite troupe faisait route vers la cité de Moussillon pour y rejoindre l’ost du duc de Gasconnie, le baron et ses compains furent pris d’une soudaine envie de déguster quelques grillades après leur traversée de la forêt de Barbeuque, dans le fief de Castagne. Connaissant mal la région, ils avaient établi leur campement non loin de l’ignoble Marais des Goules, à moins d’une lieue du hameau de Sainct-Landouin ; l’odeur de la viande grillée ne tarda pas à attirer une véritable horde de goules et une forte coterie de paysans apparemment convaincus que les chevaliers de La Tour avaient gravement offensé un dieu-escargot vivant dans les marais. Les jours qui suivirent furent ponctués d’escarmouches (bien entendu victorieuses, quoique les Castagnets prétendent le contraire) contre les gens du cru, qui ne cessèrent que lorsque Guiramand passa la frontière de la baronnie de Castagne. Cet épisode fut appelé par dérision la Guerre des Grillades.

854 / 1832 Terrifique révolte du Hachoir et des Ciseaux. Les abus du baron Florimond poussent les guildes de bouchers et de drapiers à entamer une jacquerie qui gagne bientôt la baronnie tout entière. Les jacques sont finalement écrasés mais Florimond doit leur faire de nombreuses concessions. La ville de Chambrège, dernière à être reprise aux insurgés, obtient sa charte.

870 / 1848 Dans un accès de colère, le baron Lambard nomme le premier gouverneur de la Ville Basse de La Tour et ordonne la décollation d'une bonne part des châtelains qui règnaient auparavant sur la cité. Nombre de ses vassaux contestent cette atteinte aux droits seigneuriaux, et d'autres têtes tombent.

982 / 1960 Grave épidémie de peste à La Tour. Les portes de la Ville Basse, source du problème, sont fermées. La maladie prélève un très lourd tribut sur les habitants de la cité, mais l'épidémie est plus ou moins endiguée.

1054 / 2032 Maître Grimbert, clerc du baron Gauvain, doit prononcer son autocritique et faire amende honorable devant le grand temple de Galdan pour éviter d'être envoyé sur le bûcher par les habitants avinés de la ville d'Orsière, choqués par ses théories blasphématoires.

1058 / 2036 Le baron Aldebald fonde en la Ville Basse de La Tour l'école qui porte son nom.

1079 / 2057 La Gasconnie connaît un hiver particulièrement rude.

1126 / 2104 On murmure qu'il y a quelque chose de pourri dans le duché de Gasconnie.

1202 / 2180 Le baron Bérenfroy fait édifier les étonnantes et gigantesques portes fluviales de La Tour, merveille d'ingénierie et d'architecture.

1324 / 2302 Dans le petit village de Mortecombe, une vache donne naissance à un cochon ailé cracheur de feu. Le monstre est tué à grand-peine et un vieillard soupçonné d’être son géniteur est jeté dans un étang, une effigie en plomb de la Dame attachée aux chevilles.

1325 / 2303 Aidée par de détestables sorciers et adorateurs des Dieux Sombres, une immense horde d’hommes-bêtes et de mutants ravage la baronnie et assiège la forteresse de La Tour alors que le baron Uriens livre bataille dans Sombrefeuille. À Chambrège, des traîtres ouvrent les portes aux rejetons du Chaos et la ville est mise à sac. La Tour tient bon grâce aux efforts du sénéchal Brandin et de Valdon, fils du baron Uriens.

1326 / 2304 Seconde bataille de La Tour. Le baron Uriens et ses derniers chevaliers tentent de briser le siège de la citadelle. La bataille est remportée grâce aux renforts menés par des seigneurs alliés, mais Uriens et Brandin y laissent la vie et le baron Valdon passe le restant de ses jours à restaurer péniblement la puissance de la baronnie.

1365 / 2343 Mort tragique d'Odon de Fonteval, émissaire d’un noble brouillé avec la maison de La Tour depuis des années, à la suite de la chute inopinée d'une herse des portes fluviales de la Ville Basse.

1426 / 2404 Décret abscons du baron Tancrède tentant de calmer la violente rivalité qui oppose les vignerons de Sombrefeuille et d'Orsière.

1497 / 2475 Le nécromant nazi Heinrich Kemmler détruit la bourgade de Breganalle et les cadavres des habitants rejoignent son armée, réclamant des cerveaux à manger. Le duc de Gasconnie lui livre bataille à la tête de ses vassaux, parmi lesquels le baron Varin de La Tour, mais finit empalé avec nombre d’entre eux le long de la route de Breganalle. Le baron échappe aux morts-vivants avec les débris de son ost et lève une nouvelle armée en son fief.


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Nul n’ose tenir tête aux morts-vivants nazis d’Heinrich Kemmler.

1500 / 2478 En plein hiver, le roi Théobalde découvre l’emplacement de la forteresse de Krinal, antre horrifique d’Heinrich Kemmler dans les Voûtes, et met le siège devant ses murs. L’armée bretonnienne doit en fin de compte battre en retraite après de rudes combats. Le baron Varin périt lors du siège.

1501 / 2479 Chute de Krinal. Le roi Théobalde vainc Heinrich Kemmler mais trouve la mort dans la bataille. Le baron Bertelis de La Tour, fils de Varin, prend part à la destruction de la forteresse.

1544 / 2522 La Tempête du Chaos. Les armées des Dieux Sombres envahissent Kislev et les comtés du nord-est de l’Empire. L’ost du baron Guilhem prend part à la croisade contre le Chaos et livre bataille à Middenheim avec le roi Louen Cœur de Lion.

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Baron Guilhem de La Tour
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MessageSujet: Re: Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour   Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour EmptyVen 30 Avr 2010 - 23:49

Une Année à La Tour
Calendrier des Grandes Fêtes de la Baronnie


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Le Jour des Sorcières ou Jour de l’An
L’ensemble des dieux vénérés dans la baronnie reçoivent des prières en ce premier jour de l’année, au moins de leurs prêtres et de leurs fidèles. Le peuple vient en foule aux chapelles du Graal et de grandes cérémonies se tiennent dans les temples majeurs comme la cathédrale de la Ville Basse et Saint-Méliant de La Tour, la chapelle des barons, dans la Ville Haute. Avec davantage d’enthousiasme encore que dans le reste du royaume, on perpétue la tradition des pantins symbolisant des sorciers que l’on brûle en de grands feux de joie. La fête peut conduire à certains débordements ; dans leur désir de trouver un véritable praticien des arts sombres pour égayer la journée, des manants envoient parfois sur le bûcher des personnes simplement peu aimées ou suspectes -vieille veuve recluse, idiot de village, bossu, chat qui fait tourner le lait, etc.

L’usage qui veut que les femmes ordonnent la journée est également observé ; le jour étant chômé, cela reste bien sûr très symbolique. Le baron et ses vassaux ont pour coutume d’offrir leur gant droit à leur épouse (ou, le cas échéant, à leur sœur, leur fille, etc.), marque traditionnelle de la passation d’autorité. Chez les paysans, le siège du père de famille est laissé à la mère, et les seigneurs font de même en cédant leur cathèdre.

On échange souvent des étrennes avec les siens, modestes cadeaux chez les petites gens qui peuvent devenir superbes parmi la noblesse.

La Nuit des Sorcières
La Nuit des Sorcières est avant tout pour la noblesse une excellente occasion de festoyer. Quelques prières sont adressées aux dieux, principalement à Morr pour qui c’est une nuit sacrée et à la Dame du Lac, pour conjurer la magie néfaste que répandent les deux pleines lunes, mais la fête intéresse bien davantage. On organise là encore de grands feux de joie, dans lesquels on brûle les traditionnels « arbres aux lumières », des pins, sapins ou yeuses ornés de bougies qui illustrent l’attente du printemps ; l’an écoulé est symboliquement brûlé. La plupart des rites de cette nuit sont de même plus ou moins destructeurs, le festin en particulier : on y mange et boit énormément, sans chercher à éviter le gaspillage, et même en l’encourageant ; il est ainsi courant de brûler les restes plutôt que de les jeter aux chiens ou aux nécessiteux, selon les recommandations d’une antique coutume.

Outre la destruction symbolique de l’an passé, la joie violente de cette grande fête trouve peut-être son origine dans une très ancienne tradition des Bretonni de La Tour : la Nuit des Sorcières, moment enchanté et funeste s’il en était, amenait avec elle tout un cortège fantastique de lutins, de démons et de farfadets qu’il fallait éloigner toute la nuit durant en faisant le plus grand des tapages et en allumant le plus de feux possible.

Le peuple des quelques villes de la baronnie considère lui aussi la Nuit des Sorcières comme une fête, mais dans la plupart des familles, on multiplie les prières aux dieux et les demandes de protection pour l’an neuf et la nuit terrible. Parmi les gens des campagnes, en revanche, la fête est souvent expédiée. En plus des traditionnels feux de joie, certains villages organisent des banquets et des danses, mais le froid empêche normalement de festoyer toute la nuit dehors, et les villages ne possèdent pas toujours un endroit abrité pour faire la fête, mis à part les temples dont le caractère sacré s’accommoderait mal de ce genre de choses. On reste souvent chez soi à prier ou en tout cas à veiller ; les portes sont sinon barricadés, du moins rituellement protégées par des talismans ou des herbes auxquelles on prête des vertus magiques. Une coutume semblable existe dans les villes et parmi la noblesse ; même les portes des cités et châteaux sont ainsi gardées, jusqu’à celle de la forteresse de la Ville Haute, la citadelle de La Tour. Parfois, quand la situation semble l’exiger ou que l’ambiance est quelque peu paranoïaque, un village entier peut se retrouver à passer la nuit en prière dans la chapelle du Graal ou le temple local.

1er d’Après-Sorcières : la Bénédiction de l’An Neuf
La première journée du premier mois de l’an est consacrée à la Dame et à Véréna, auxquelles on demande de bénir les temps à venir et de guider les habitants de La Tour à travers une nouvelle année. La Nuit des Sorcières est plutôt sentie comme une fête pour la noblesse, mais la populace la considère davantage comme le grand péril de l’année : on ne ménage donc pas ses remerciements aux dieux lorsque l’on y survit. On profite souvent de ce jour pour renouveler ses serments ; les dépositaires de l’autorité, depuis le baron de La Tour jusqu’aux magistrats, font de même et prononcent de nouveaux les vœux attachés à leur fonction, en ajoutant parfois un bref discours sur ce qu’ils souhaitent réaliser de grandiose et de mirifique durant l’année.

17 d’Après-Sorcières : premier jour de printemps
Les fêtes d’hiver terminées, les autels de campagnes, les maisons et les salles des châteaux sont ornées de guirlandes faites des toutes premières fleurs et autres décorations printanières, en remplacement des branches de houx et de sapins brûlées au Nouvel An.


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24 du Tournant : le Jour des Oneilles
Le Jour des Oneilles trouve son origine en l’an 1033, lorsque le baron Gauvain vainquit une armée de gobelins descendus des Voûtes à la bataille de Montgros. Les infects peaux-vertes et leur roi bedonnant furent essorillés et leurs cadavres brûlés en un immense bûcher. La bourgade toute proche de Lézac, sauvée in extremis des gobelins, fit une fête joyeuse en l’honneur du baron et de ses chevaliers. Les Lézacquois inventèrent pour l’occasion une pâtisserie qu’ils nommèrent oneille de gobelin et qui évoquait le châtiment des peaux-vertes. La région de Lézac fête aujourd’hui encore la victoire de Montgros en croquant les fameuses oneilles.

Équinoxe de printemps : le Jour du Lys
L’équinoxe de printemps est l’une des fêtes majeures de la baronnie de La Tour, restée très attentive aux saisons et particulièrement attachée aux aspects les plus anciens du culte de la Dame, de Taal et de Rhya. Les trois dieux sont longuement et joyeusement honorés en ce jour ; on organise le plus souvent des processions à travers bois et prés, avec chants, rires et couronnes de fleurs et de feuillages, jusqu’à une source, un ancien cercle de pierre, un dolmen ou encore une clairière reculée. Les rites de ce jour ont gardé bien des traits de la Vieille Foi ; le sacrifice d’un animal s’est par exemple maintenu. Manann, dont c’est un jour saint, n’est pas oublié, mais les gens de La Tour ont trop peu de rapport avec la mer pour lui prêter une véritable attention.

La Fête du Lys elle-même a le plus souvent lieu après ces cérémonies. En sus des réjouissances habituelles, les gens de La Tour ont une nette tendance à célébrer l’amour de façon plus exubérante que le reste du royaume. Un noble étranger convié à la Fête du Lys donnée par le baron de La Tour (le plus souvent dans quelque vaste clairière à l’orée de Sombrefeuille) trouvera peut-être que l’on y manque de réserve en un jour dédié à la pureté. C’est l’une des nombreuses illustrations des différences subtiles entre le culte de la Dame tel qu’il est pratiqué à La Tour et la version « conventionnelle ».


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2 des Labours : le Mouton Perdu
Lointaine parente de la Chasse au Chat, cette fête est une très vieille coutume des bergers du sud de la baronnie. On envoie, souvent quelques jours à l’avance, un mouton dans la force de l’âge, gras et vigoureux, se perdre dans la montagne. Ses cornes et sa toison sont décorées de toutes les façons imaginables pour que l’animal soit reconnaissable au premier coup d’œil. Le jour de la fête venu, les bergers battent la campagne pour remettre la main dessus. Le retrouver est un gage de bonne fortune pour le berger, sa famille et son village, surtout si les circonstances de la découverte ont quelque chose d’extraordinaire ; le perdre définitivement, le retrouver mort au fond d’un précipice ou dévoré par les loups est bien entendu de mauvais augure. Certains sinistres imbéciles mal intentionnés n’hésitent pas à trucider le mouton d’un village voisin s’ils tombent dessus, ce qui donne parfois lieu à de violentes bagarres si le meurtre est découvert.

28 des Labours : la Fête du Nabot
Cette coutume quelque peu grossière naquit en l’an 1257, lorsque le bourg de Grizac reçut un grand et mirifique trébuchet pour sa défense et protection. À plusieurs reprises, de jeunes vauriens parvinrent à éloigner de la machine les gens d’armes chargés de la garde de nuit ; ayant remarqué que le trébuchet était pointé vers un étang proche, les mauvais plaisants jugèrent spirituel d’envoyer des nains, halflings et autres personnes de petite taille y prendre un bain forcé. De simple farce, l’usage devint une tradition pour le bas peuple de Grizac : une fois l’an, un malchanceux était catapulté. Le seigneur des lieux fermait les yeux sur cette pratique douteuse. Trouvant la plaisanterie à leur goût, d’autres bourgades tâchèrent de copier la fête, qui se répandit jusqu’aux villes plus importantes de la baronnie comme La Tour et Orsière, où elle fut tantôt tolérée, tantôt punie, selon les époques et les seigneurs. La farce cessa en 1271 quand la célébration de la Fête du Nabot fut définitivement interdite par décret du baron, suite à des plaintes plus que vives des guildes d’artisans nains. Néanmoins, le décret est notoirement bafoué et il arrive encore que nains et halflings fassent les frais de cette tradition.


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15 du mois de la Dame : la Saint-Méliant
Le jour (supposé) de la naissance (à moins qu’il ne s’agisse de sa première rencontre avec la Dame) du plus illustre héros de la baronnie, le chevalier du Graal Méliant de La Tour, est salué par une grande fête au sein de la noblesse comme de la roture. Une foire se tient en la Ville Basse de la Tour, Méliant étant plus ou moins le patron de la cité. Dans toute la baronnie, on chante ses exploits et l’on en profite souvent pour lui adresser des prières devant les autels de la Dame et dans les chapelles du Graal. Saint Méliant fait l’objet d’un culte régional fort, associé aux figures de la Dame, de Gilles le Breton et du Compagnon du Graal Lambard ; on reconnaît souvent un natif de La Tour à ce qu’il jure par lui (« Barbe saint Méliant ! », « Couilles saint Méliant ! », « De par la très-sainte pine de saint Méliant ! », etc.).

33 du mois de la Dame : la Chasse au Chat
Cette fête est particulièrement appréciée dans les campagnes du nord-est de la baronnie. Le peuple en liesse se réunit sur la place du village et un chat vigoureux est affublé d’habits de bouffon et de bruyantes clochettes liées à sa queue. On l’encourage à courir en tout sens par les rues en lui causant une bonne frayeur, encore augmentée par les clochettes qui s’attachent à ses pas. Les participants lui laissent quelque avance puis se lancent à sa poursuite. Selon la coutume, tous portent des déguisements grotesques, bruyants et encombrants, et se déplacent avec de grands gestes ridicules ; dans ces conditions, il devient assez difficile de saisir un chat effrayé. Le vainqueur est porté en triomphe jusqu’à la place du village où l’attend sa récompense, souvent un beau jambon ou un cochon de lait.


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13 du Soleil: le Jour des Fous
Cette fête, qui ressemble à un grand et joyeux carnaval, est un jour saint de Ranald. On prépare de nombreuses pâtisseries traditionnelles en cette occasion, crêpes ou beignets selon l’endroit. Le peuple des villes, surtout à La Tour et à Chambrège, parcourt les rues déguisé et masqué. Il est en ce jour permis de se livrer à toute sorte d’excentricités condamnables et de crier à tue-tête les pires horreurs sur la noblesse, le baron, la vertu des damoiselles du Graal ou même les dieux. Dans les campagnes, le cortège va de village en village et entraîne une foule toujours plus nombreuse jusqu’à un vaste champ où festoyer, ou encore jusqu’au bourg voisin. La noblesse fête elle aussi l’événement mais tend à rester à l’écart des excès de la populace. Le Jour des Fous est senti par les nobles et les roturiers comme à la fois nécessaire et amusant ; il apaise les tensions qui peuvent exister entre les classes et illustre avec force le dédain de l’autorité cher aux gens de La Tour, depuis le plus humble laboureur jusqu’au baron lui-même. On ne cherche pas véritablement à maintenir l’ordre ce jour-là.

18 du Soleil : Premier jour d’été
La plupart des villes et villages organisent une fête pour saluer la venue de l’été. Les rites traditionnels liés au passage des saisons sont observés ; les prières vont essentiellement à Taal et parfois à Tarnos, dieu des orages, pour qu’ils fassent tomber assez de pluie pour que les récoltes ne périssent point, mais sans excès, pour ne pas gâter le vin de l’année. Le reste de la journée se passe le plus souvent en danses diverses ; dans beaucoup de hameaux, on profite du beau temps pour s’aller baigner dans quelque rivière proche. Jeter à l’eau tout habillés des gens sans méfiance est une plaisanterie courante (avec parfois un poids aux pieds quand la personne se trouve être un halfling, un idiot de village, un Tiléen de passage ou quelque autre individu suspect). Depuis bon nombre d’années maintenant, il est d’usage de tirer à cette date un mirifique feu d’artifice dans les jardins du baron de La Tour, dans la Ville Haute.

31 du Soleil : la Nuit des Chants
La Nuit des Chants est la nuit sainte du dieu troubadour Laudin, une divinité régionale, certains diraient une figure sainte seulement à demi divine, peu connue au-delà des marches de la baronnie. Selon les légendes, il s’agit d’un esprit lié à la Dame, un peu comme le Chevalier de Sinople, du fils de Morr et de Véréna, mais parfois aussi du frère de Galdan (donc fils de Taal et de Rhya) ou encore d’un chevalier du Graal choisi par la Dame pour être son troubadour. Laudin est le patron des poètes, trouvères, musiciens, et plus généralement des artistes et des gens aventureux comme les chevaliers de la Quête. Très lié au caractère traditionnel de la noblesse de La Tour, il se laisse entièrement guider par sa fantaisie et passe le plus gros de son temps à chanter d’interminables ballades et épopées, ne cessant guère que pour venir souffler quelque merveille à un poète assoupi. Les gens de La Tour racontent que l’on peut l’apercevoir certaines nuits voler d’une lune à l’autre sur le dos de son destrier ou dans un navire enchanté, jouant doucement de son luth. Il n’a aucun prêtre, aucun temple qui lui soit entièrement consacré, fort peu d’autels ou de statues, et son culte essentiellement privé s’accommoderait mal d’une quelconque organisation, mais il demeure très présent dans les légendes locales ; Laudin (et Laudine, son équivalent féminin) est un prénom qui a depuis bien des siècles les faveurs de la noblesse de La Tour.

La Nuit des Chants précède de peu le solstice d’été, la plus courte nuit de l’année. C’est la nuit rêvée pour laisser libre cours à sa gaieté et à son inspiration (déclarer sa flamme, par exemple, ou tenter d’atteindre les lunes en se plaçant dans un trébuchet). On considère bien entendu que le moment est très favorable à la musique et aux chants, ainsi qu’à la composition poétique. Quand un écrivain de La Tour entame un poème en racontant l’instant où l’inspiration lui est venue (envoyée par Laudin, comme de bien entendu), il y a de bonnes chances pour qu’il situe l’événement pendant cette nuit.

Solstice d’été : la Nuit des Lumières
Depuis des temps immémoriaux, la nuit la plus courte de l’an est saluée à La Tour par de grands feux de joie, selon des rites qui n’ont guère varié en deux millénaires. La chaleur des nuits d’été gasconniennes pousse la plupart des gens à célébrer le solstice dehors, dans quelque pré propice. La Nuit des Lumières est une fête tapageuse et consacrée à la jeunesse ; ce sont habituellement des jeunes filles et des jeunes gens qui allument les feux. La tradition veut que les réjouissances durent jusqu’à l’aube, et même les plus petits sont autorisés à veiller.


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29 d’Avant-Mystère : le Jour de la Bataille
Cette fête commémore la première bataille de La Tour, en l’an -2, lorsque le baron Méliant et ses chevaliers brisèrent le siège de la citadelle et vainquirent les assaillants peaux-vertes ; on y célèbre l’esprit d’indépendance de la baronnie et la vaillance de sa noblesse. La Dame, en tant que gardienne du royaume, reçoit de grandes prières, ménestrels et troubadours chantent l’épique bataille et de longs discours moralisateurs sur le courage et la noblesse des héros des temps jadis sont prononcés, surtout en période de guerre ou de crise. De nombreuses joutes et tournois se tiennent à travers la baronnie. Le plus grandiose est livré sur le bien nommé Champ du Tournoi, une vaste plaine un peu au sud de La Tour, bien visible des remparts de la Ville Basse et des tourelles de la Ville Haute. Une foule de seigneurs et de chevaliers venus de toute la baronnie, et parfois au-delà, vient y assister ou y concourir. En cette occasion, on maintient certains des plus anciens usages du tournoi : les chevaliers sont répartis en deux armées, chacune menée par un capitaine (la plupart du temps, tous deux sont de bons amis du baron, ainsi la victoire d’un camp ou de l’autre est de toute façon l’objet de réjouissances). On fixe des limites au champ et le tournoi se déroule peu ou prou comme une bataille. On ne cherche normalement pas à tuder l’adversaire, mais les accidents graves ne sont pas rares, surtout lorsque des rivaux se laissent emporter par leur querelle ; c’est souvent l’occasion pour des cadets ou des chevaliers sans terre de gagner moult phynance en rançonnant les vaincus.

Livrer bataille en ce jour est considéré comme de très bon augure.

Le Jour du Mystère
Le jour le plus saint de l’an, mais aussi l’un des plus craints à cause de la nuit qui le suit, est longuement célébré. L’ensemble des dieux reçoivent d’abondantes prières et la plupart des nobles comme des gens du peuple se rendent dans quelque chapelle du Graal pour y honorer la Dame. De grandes cérémonies ont lieu à la tombée du soir, alors que les lunes se lèvent, en la chapelle Saint-Méliant de la Ville Haute ainsi qu’en la cathédrale de la Ville Basse.

En marge de ces fêtes, une foule de légendes et de croyances extrêmement anciennes accompagnent la journée. On se prépare fébrilement à affronter l’une des deux nuits les plus funestes de l’année, avec sa suite de fantômes divers. L’ordre naturel des choses est censé se troubler et nul ne s’étonne que des événements étranges ou inexplicables surviennent. C’est un jour privilégié pour les farces et les mystifications ; les enfants de la baronnie et les quelques étudiants de la petite école de clercs de la Ville Basse ont pour tradition de monter la plaisanterie la plus grotesque et dérangeante possible. Il peut s’agir de faire croire à une invasion de gobelins, de placer un cochon sur un toit ou encore de déposer un horrifique tas de fumier devant la porte de quelqu’un. La cible de la farce est très souvent une personne réputée sévère et sans humour, de préférence respectée et influente ; les gros marchands et les prêtres moralisateurs sont des victimes habituelles. La noblesse, quant à elle, s’adonne aux joies d’un fantastique bal masqué ; les costumes les plus extraordinaires et déroutants sont confectionnés des mois à l’avance par les meilleurs artisans. La fête dure souvent tout le jour et toute la nuit, sans que nul ne révèle son visage. Quand aucun noble n’est à portée d’oneilles, on accuse souvent les fêtards de se livrer aux pires infamies, en relative impunité puisqu’ils gardent en permanence leur masque. Mais ce ne sont là que vulgaires racontars, ainsi que vous l’expliquerait le premier noble venu.

La Nuit du Mystère
Nul n’ignore que la Nuit du Mystère voit se dérouler les plus ignobles cérémonies au fond des ravins perdus et pleins de ronces enchevêtrées, entre les pierres dressées de Sombrefeuille, et jusque dans les vieilles caves oubliées des mauvais quartiers de la Ville Basse. Alors que les deux lunes sont pleines, nombre de rituels et superstitions domestiques très semblables à celles de la Nuit des Sorcières sont observés pour garder sa demeure des lutins, farfadets et croquemitaines divers (dont les très-redoutés gnomes voleurs de sous-vêtements, qui pillent le linge de corps des tiroirs et armoires sur le coup des trois heures et demie du matin).

Dans les villes et cent fois plus dans les campagnes, on répugne à sortir de chez soi dès la nuit tombée. Certains nobles le font par bravade. D’autres quittent parfois le bal masqué du baron de La Tour pour s’en aller errer dans les rues désertes, frapper aux portes pour demander l’heure et briser les carreaux. Outre ces farces relativement innocentes, l’arrivée nocturne d’une bande de nobles éméchés et masqués laisse craindre à beaucoup de bien pires excès. Il y eut dans l’histoire de la baronnie des périodes où la Nuit du Mystère était une nuit de complète impunité pour les seigneurs ; il était admis que les fêtards ne devaient pas être démasqués et que les crimes qu’ils pouvaient commettre cette nuit-là n’avaient pas d’auteur connu.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour 366px-Les_Tr%C3%A8s_Riches_Heures_du_duc_de_Berry_aout

17 d’Après-Mystère : le Jour des Tempêtes (premier jour d’automne)
Pour les gens de La Tour, l’automne amène avec lui des pluies souvent torrentielles qui font parfois quitter leur lit aux rivières. La montagne est parcourue de petits ruisseaux à sec, appelés vallats, qui peuvent alors s’emplir jusqu’à déborder ; les inondations ne sont pas rares, surtout dans la Ville Basse de La Tour, construite sur les rives de la capricieuse Salandre.

En ce début d’automne, on se rassemble sur les ponts et les rives pour adresser des prières à Tarnos, obscur et très ancien dieu des rivières et torrents, des pluies, tempêtes, inondations -en fait, de tous les phénomènes violents liés à l’eau. Alors que son père Taal est d’une nature indifférente, Tarnos est à la limite de la malveillance, plus jaloux encore de ses domaines que ne l’est Manann ; quand les circonstances semblent le demander, on cherche à l’apaiser par des offrandes (souvent en jetant des poissons, du vin ou des armes dans l’eau des rivières), mais ce n’est pas une divinité très aimée. Tarnos n’a ni prêtres ni temple ni culte établi, seulement quelques vieux autels entretenus par tradition ou superstition. Comme Galdan, il est étroitement associé à Taal et Rhya, voire à la Dame ou même à Manann, mais tient plus du génie que du dieu. On le désigne sous de nombreux noms comme le Vieillard de la Rivière (la rivière en question étant celle de tout village de la baronnie qui se respecte) ou le Roi des Ondes et on lui attribue divers méfaits comme la noyade de jeunes enfants. On le dépeint habituellement comme un homme dont la barbe et la chevelure ondulantes s’écoulent pour former un torrent ; il est suivi d’un cortège de nymphes et de petits démons des eaux très semblables aux lutins censés peupler la forêt de Sombrefeuille. Dans la Ville Basse, on considère Tarnos comme le dieu de la Salandre ; c’est habituellement un prêtre de Taal qui lui enjoint d’épargner la cité et ses ponts, du haut du plus grand et solide d’entre eux.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour 361px-Les_Tr%C3%A8s_Riches_Heures_du_duc_de_Berry_septembre

1er des Moissons : la Fête des Vendanges
C’est le jour le plus saint de l’année pour Galdan, le dieu de la vigne et du vin, qui préside aux festins et aux divers plaisirs du même tonneau. C’est également la fête de la ville d’Orsière, centre du culte, où se trouve le plus grand temple de Galdan de toute la baronnie (et de tout le royaume, puisque le dieu n’est guère connu que dans la région de La Tour). Ce jour marque le début symbolique des vendanges dans l’ensemble du domaine, mais elles peuvent en fait commencer sensiblement plus tard ou plus tôt, auquel cas la fête peut être avancée ou reculée. Il n’est pas de très bon augure d’entamer les vendanges tant que la fête n’a pas eu lieu, et même les vignerons des coteaux de Sombrefeuille, éternels rivaux de ceux d’Orsière, évitent de vendanger avant la date fixée par le Grand Temple de Galdan -quoiqu’ils eussent parfois accusé les prêtres de choisir à dessein une date défavorable aux cépages du vignoble de Sombrefeuille.

En sus des inévitables beuveries qui accompagnent tout jour saint vaguement associé à Galdan, nobles et manants se réunissent au milieu des vignes et offrent au dieu du vin de l’an passé ; la boisson est cérémonieusement versée à terre, apportant ainsi la bénédiction du dieu au sol qu’elle imprègne. On coupe ensuite la première grappe (c’est parfois le seigneur de l’endroit qui s’en charge à l’épée) avant de la porter en grande pompe au pressoir. Quelques connaisseurs éclairés, prêtres de Galdan, nobles ripailleurs, vignerons reconnus et ivrognes notoires, goûtent le raisin et livrent leurs mirifiques pronostications quant à la qualité du vin futur. Les vendanges elles-mêmes commencent peu après, et la soirée se passe joyeusement, parmi les ceps de vigne si le temps paraît favorable. C’est souvent la dernière grande fête en extérieur de l’année.

Équinoxe d’automne : le Jour du Graal
L’équinoxe d’automne est l’occasion d’honorer la Dame, Taal, Rhya et Galdan ; les deux derniers reçoivent une attention toute particulière et de grandes offrandes lorsque les récoltes ont été bonnes. Dans certains temples, autels ou niches aménagées dans les maisons, on couvre rituellement de terre ou de feuilles mortes les statues des dieux associés à la nature pour symboliser leur sommeil à l’approche de l’hiver. Il est également courant de coucher sur le dos ou le côté les plus petites statues, pour la même raison. En plus des anciens rites de ce genre, la traditionnelle consommation de vin en quantités très-horrifiques rencontre à La Tour un franc succès. C’est la deuxième fête majeure de Galdan, après celle des vendanges.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour 360px-Les_Tr%C3%A8s_Riches_Heures_du_duc_de_Berry_octobre

6 des Brumes : anniversaire du baron
La naissance du baron est célébrée par de grandes et joyeuses festivités au château de La Tour. Il s’agit d’une fête essentiellement privée, qui concerne surtout la famille et la maisonnée du baron, et revêt donc très peu d’importance hors des terres directement gouvernées par ce dernier. Outre les ripailles et danses habituelles au sein de la mesnie de La Tour, il est courant que le baron se rende avec ses proches à la chapelle du Graal de la Ville Haute ainsi qu’au temple de Shallya ; les deux déesses sont remerciées pour avoir prêté vie au seigneur l’an passé et des prières leur sont adressées pour qu’elles le bénissent une année de plus.

Mis à part les familiers du baron, les habitants de la Ville Basse sont les seuls dans la baronnie à véritablement fêter l’anniversaire, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il semble bienvenue de se concilier un baron de La Tour lorsque l’on vit à quelques minutes de marche de sa forteresse. Ensuite, le peuple de la Ville Basse a reçu nombre de privilèges des barons et porte une grande affection à leur lignée. Enfin, l’anniversaire du suzerain est traditionnellement l’occasion de splendides donations à des temples, de généreuses distributions de vin ou de spectacles offerts à la populace ; par ailleurs, on profite souvent de cette journée pour annoncer les bonnes nouvelles telles qu’exemptions de taxes et baisses d’impôt ou encore crémation publique de sorcière mangeuse de nourrissons. Les gens de la Ville Basse ont rarement à se forcer pour acclamer leur maître alors qu’il traverse la cité avec sa suite.

Des pratiques très similaires ont cours dans la plupart des fiefs de la baronnie lors de l’anniversaire du seigneur des lieux.

12 des Brumes : la Fête du Dragon
On célèbre en ce jour la victoire d’Hilmart, roi légendaire auquel on attribue la fondation de La Tour, sur un abominable et très-horrifique dragon. L’épouvantable bête, dit-on, nichait en quelque grotte inaccessible, sur les flancs escarpés de l’éminence que l’on appelle aujourd’hui le Roc du Dragon, au sommet de laquelle la forteresse de La Tour, la Ville Haute, est bâtie. L’histoire, si elle n’est pas pure et simple invention de troubadour, est depuis longtemps devenue un conte de veillée ; la Fête du Dragon n’a pas grand-chose de sérieux, et pratiquement rien de religieux ou de sacré. Dans l’ensemble de la baronnie, mais surtout dans les environs de La Tour, le peuple organise des jeux tels que le lancer de saucisse sèche ou la très-périlleuse joute à dos de cochon. La noblesse en profite souvent pour s’affronter en un grand tournoi ; selon l’usage, le meilleur chevalier de la ville est équipé d’un harnois fantastique évoquant le dragon et défend contre tout venant une petite montagne ou tour factice (au sommet traditionnellement agrémenté d’une pucelle dans un souci esthétique). Une foire se tient à La Tour et l’une des guildes de la cité monte un spectacle mettant en scène le combat d’Hilmart et du dragon, souvent au milieu d’une place ou sur le parvis d’un temple. C’est l’occasion d’émerveiller la populace en créant de mirifiques machines de théâtre. Le dragon lui-même fait l’objet d’une attention toute particulière (les vieilles gens se rappellent encore la Fête du Dragon de 1496, où la bête pouvait cracher le feu et faillit provoquer un petit incendie) ; on a de même soin de choisir une belle jeune fille pour jouer quelque bergère ou princesse captive (puisqu’il est bien entendu que le dragon de la légende, comme tous les dragons, dévorait les pucelles). La journée s’achève, comme souvent à La Tour, avec un grand bûcher : le pantin représentant le dragon est livré aux flammes dans la joie et l’allégresse.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour 355px-Les_Tr%C3%A8s_Riches_Heures_du_duc_de_Berry_novembre

7 des Frimas : le Jour de la Grande Peste
Le sinistre souvenir de la Grande Peste de La Tour, qui frappa la baronnie en l’an 982, est encore vivace aujourd’hui. Selon les chroniques de cette époque, l’épidémie se serait d’abord déclarée dans un quartier misérable de la Ville Basse ; les épidémies relativement bénignes n’étant pas chose rare en de tels lieux, le gouverneur de la cité et son conseil tardèrent à réagir. Quand il fut enfin décidé de fermer les maisons contaminées et de placer en quarantaine les quartiers atteints, la peste avait déjà eu le temps de se répandre, et c’est en fin de compte la Ville Basse tout entière qu’il fallut isoler. Les rares nobles encore présents et le gouverneur furent escortés hors de la ville, mais la plupart des roturiers furent enfermés dans la cité. Des gens d’armes furent postés à quelque distance des faubourgs de la ville, avec ordre de tirer à vue sur qui s’approcherait pour tenter de s’échapper.

Entre les murailles, le grand temple de Shallya, qui faisait et fait encore office d’hôpital de la ville, ne désemplissait pas mais restait impuissant à endiguer l’épidémie. Les cadavres des pestiférés étaient enterrés à la hâte, parfois entassés dans les rues, nul n’osant y toucher davantage, et beaucoup furent finalement brûlés. Ce qu’il restait de l’administration de la cité, quelques magistrats, quelques maîtres de guildes mineures et marchands piégés dans la ville, tentait tant bien que mal d’arrêter la peste tout en s’efforçant de maintenir l’ordre. La Ville Basse connut une période proche du chaos et l’on en vint à des mesures terribles ; on brûla les demeures pestiférées, dont les habitants furent parfois intentionnellement grillés vifs à l’intérieur. Les boucs émissaires habituels (elfes de passage, halflings, artisans nains, usuriers, mendiants, aveugles et tant d’autres) eurent de mauvaises heures.

Pendant ce temps, la peste se déclarait avec plus ou moins d’intensité dans la plupart des villes, bourgs et villages de la région, le pire étant atteint à Chambrège, deuxième plus grande cité de la baronnie après La Tour elle-même, dont les faubourgs étaient et sont toujours évités pour leur pauvreté sordide et la crasse qui y règne.

Quand la peste finit par reculer, peut-être en partie grâce aux grands feux qui avaient presque rayé de la carte les quartiers les plus pauvres de La Tour et de Chambrège, les portes des villes s’ouvrirent de nouveau sur un spectacle de désolation horrifique qu’il fallut longtemps pour effacer. Depuis, chaque année, on commémore (davantage que l’on ne fête) la fin de la peste. En cette occasion, beaucoup portent des masques sinistres évoquant vaguement la maladie tant redoutée. Des processions religieuses parcourent villes et campagnes ; il est de bon ton de faire pénitence et d’en appeler en ce jour à la clémence de Shallya et de Morr. Les illuminés, flagellants ou pèlerins du Graal prêchant la repentance se livrent à de terrifiques mortifications et prononcent des sermons enflammés. La noblesse a généralement cette fête morbide en horreur et n’y voit guère qu’une superstition malsaine.

De façon plus confidentielle, c’est une journée privilégiée pour certains cultes interdits liés à la mort ou la maladie. Les initiés du culte secret de Nurgle la voient comme une sorte de jour saint particulièrement propice à leurs rites, de même que certains nécromants et adorateurs de Khaine.

18 des Frimas : le Cellier Plein (premier jour d’hiver)
La fête du Cellier Plein est une très ancienne coutume maintenue dans l’ensemble de la baronnie, parmi la roture comme la noblesse. En cette première journée d’hiver, le maître de la maison inspecte le cellier et s’assure que les réserves permettront à sa famille de ne manquer de rien lors des mois sombres de la froide saison. Chez les plus humbles paysans, le constat n’est pas toujours réjouissant, et la fête peut tourner court quand l’année a été mauvaise. Chez les fermiers aisés et les bourgeois, sans parler des nobles, l’événement est souvent plus joyeux. Des prières sont adressées aux dieux domestiques, garants de la bonne conservation des réserves, notamment Rhya, Galdan, Shallya ou encore la Dame ; on demande également à Taal et Ulric d’épargner au pays les peines d’un hiver trop rude. La plupart des celliers comportent une petite niche servant d’autel, dans laquelle on place de menues offrandes.

Dans certains foyers, on saigne le cochon dès cette date. Mais avant toute autre chose, la fête du Cellier Plein est l’occasion de se livrer à de monstrueuses et horrifiques ripailles. Les nobles et les gens riches mettent un point d’honneur à donner d’énormes banquets en ce jour ; on invite normalement le plus de monde possible : voisins, parents, amis, nécessiteux divers. S’empiffrer ainsi à la veille de l’hiver est une façon de témoigner de sa prospérité et de sa largesse. Même durant les périodes de famine, on s’efforce de perpétuer la coutume.

Fête mobile : la Première Neige
Il est d’usage de célébrer par quelques rites, de menues offrandes à Taal et à Rhya et parfois une fête la première chute de neige de l’hiver. Plus qu’une cérémonie religieuse, il s’agit d’une tradition que chacun, particulièrement les prêtres et les gens pieux, observe chez soi. La date varie bien évidemment selon l’année et le lieu.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour 349px-Les_Tr%C3%A8s_Riches_Heures_du_duc_de_Berry_d%C3%A9cembre

26 du mois de Gilles : la Fête de la Jacquerie ou Fête du Saucisson
La fin de la révolte du Hachoir et des Ciseaux, en 854, qui vit le très-détesté baron Florimond céder face aux paysans, est commémorée aux quatre coins de la baronnie. La ville de Chambrège, qui obtint sa charte à cette occasion, en a fait sa fête attitrée. Selon le climat ambiant et les impôts récemment levés, le peuple se livre à quelques jours de beuverie et d’acclamation du baron de La Tour ou bien tente de lancer une nouvelle jacquerie (toujours réprimée avec célérité jusqu’à présent). Les festivités s’achèvent avec la crémation d’un pantin ridicule évoquant le baron Florimond. Il va sans dire que la noblesse se tient au plus loin de ces vulgarités. Ceux qui le peuvent restent à l’écart des villes, les plus riches en profitent pour passer quelques jours dans leur manoir ou leur relais de chasse perdu à l’orée de Sombrefeuille, les autres évitent de sortir de chez eux. Le nom de Fête du Saucisson est une allusion à la mort de messire Gauthier, seigneur de Chambrège qui fut exécuté sur ordre du charcutier Gombault, l’un des chefs de la révolte. Selon la légende, un impôt réclamait alors les deux tiers de chaque saucisson pour le bon usage du baron ; en signe de défi, les deux tiers du seigneur Gauthier furent séparés à la hache du troisième tiers et envoyés à Florimond.

Solstice d’hiver : le Sommeil du Roi
Le solstice marque pour la noblesse le début d’une période de fêtes et de ripaille qui ne cessera véritablement qu’avec le Nouvel An. Les salles sont ornées de gui, de guirlandes de lierre, de houx, de pin, et l’on décore de bougies des « arbres aux lumières », une antique tradition des Bretonni de La Tour rappelant le printemps au plus fort de l’hiver. Taal, Rhya, la Dame et Galdan président aux festins. Ulric est associé aux rites dans une certaine mesure. Il est fréquent d’organiser une chasse à courre alors même que la neige tombe ; le gibier pris de haute lutte a une grande valeur symbolique et illustre la victoire des hommes sur l’hiver. Rentrer bredouille d’une telle chasse est un signe que l’hiver sera rude -et qu’il faut renouveler l’essai sans trop tarder.

Les paysans partagent l’essentiel de ces coutumes et fabriquent des lanternes et luminions dont ils décorent les maisons, autant pour leur donner un air de fête que pour tenir à bonne distance les lutins et farfadets de l’hiver qui, comme chacun sait, commandent à la neige et au givre et attirent les enfants hors de leurs lits certaines nuits pour les entraîner à leur suite au plus profond des bois jusqu’à ce qu’ils meurent de froid et soient dévorés avec supplice et exorbitation des yeux.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour 387px-Les_Tr%C3%A8s_Riches_Heures_du_duc_de_Berry_Janvier

10 d’Avant-Sorcières : la Marche du Grand Lapin de Bois
À partir du troisième siècle et jusqu’au début du quatrième, la baronnie de La Tour fut en guerre avec une seigneurie voisine, le comté de La Fare. Ce n’est pas ici le lieu de raconter la longue et sanglante histoire des batailles et conquêtes de ces temps reculés. Disons seulement qu’en 272, après des années de traîtrises, de successions contestées et de trêves bafouées dès leur signature, le baron de La Tour lança un grand (et, espérait-il, décisif) assaut sur les terres de son éternel rival. Quand son armée arriva en vue des imprenables murailles du château de Chastanet, il eut une idée mirifique : il ferait mine de battre en retraite, découragé par les fortifications, et laisserait sur place un grand lapin de bois en guise de présent. Ce que le sire de Chastanet ignorait était que le subtil baron et ses plus valeureux chevaliers se cachaient dans les entrailles du lapin. La ruse réussit et Chastanet fut pris en quelques heures. Ce génial subterfuge fut souvent repris par la suite, notamment en remplaçant le lapin par une cargaison de tonneaux.

Bien sûr, Chastanet fut perdu l’an qui suivit, mais le coup de main n’en était pas moins beau. Quant à la guerre, elle ne cessa qu’en 336. Le comte de La Fare, assiégé, fut vaincu et La Tour s’arrogea ses terres sans plus de procès. L’ancien comté forme aujourd’hui tout le nord-ouest de la baronnie.

Le bon peuple de La Tour se souvient depuis du grand lapin de bois et en fabrique un chaque année ; il est traîné par les rues en un joyeux cortège. Parfois, il n’est pas même nécessaire d’en construire un tout exprès : quand un siège vient d’avoir lieu, il est fréquent que les gens d’armes aient donné à l’une de leur tour mobile ou autre machine terrifique l’aspect d’un lapin.


Si vous êtes arrivé au bout de ce chapitre, félicitations ! Vous avez gagné un voyage à La Tour. Les gens du baron vous l'enverront par la poste. En attendant, vous pouvez écrire ce qui vous passe par la tête en ce topic. Smile

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Baron Guilhem de La Tour
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MessageSujet: Re: Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour   Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour EmptyJeu 7 Oct 2010 - 1:07

Saint Guinefort et l’Hérésie Guinefortienne

Les dessous d’une affaire horrifique de théologie canine


La baronnie de La Tour connaît grand nombre de déités mineures, génies ou esprits familiers, lutins plus ou moins bienfaisants et saints patrons. Ils font l’objet de menues superstitions locales et parfois d’une adoration limitée dans les vieux rituels des paysans pour faire pleuvoir ou ne pas faire pleuvoir, voire dans certains cultes domestiques de la noblesse. On sait ainsi que saint Laudin a en sa garde les poètes, que les médailles de sainte Brunhilde protègent de la variole, celles de saint Évrard des bêtes sauvages, et qu’une prière à saint Bermond permet d’assécher un plein tonneau de vin de Sombrefeuille sont chanceler.

Parmi tous ces saints, saint Guinefort est à part. Selon la légende la plus communément retenue, Guinefort était le digne et très-fidèle lévrier de quelque chevalier (tantôt le baron de La Tour lui-même, tantôt le seigneur qui tient le fief où vous vous trouvez, selon à qui l’on s’adresse). Ledit chevalier avait un enfant au berceau. Un jour, il trouva le berceau vide et Guinefort non loin, la gueule maculée de sang. Le seigneur extermina par mort et tuda avec supplice le lévrier, mais connut sa méprise quand il découvrit son enfant hors du berceau, à côté d’un serpent tranché en deux par la mâchoire de Guinefort. La famille du chevalier fit de belles funérailles à l’infortuné et le pleura amèrement. On ne sait au juste où se trouve son tombeau, quoique plusieurs endroits de la baronnie soient donnés pour tel et fassent l’objet de maintes dévotions.

Malgré tout ce qu’en peuvent dire les paysans attachés à leur saint lévrier, l’histoire de Guinefort ne paraît pas venir de La Tour, mais de quelque terre très au-delà de ses marches. On en trouve en effet trace dans bien des régions, et même hors du duché de Gasconnie. La Très-Héroïque et Récréative Geste de Sire Beren, poème du Ve siècle dû à la plume du fameux Eugène Plaisir, rapporte par exemple qu’un habitant du village de Caillatus voulut confier au jeune croisé une statuette de bois à l’effigie de Guinefort. Certains savants en la matière croient deviner que le culte provient du duché de L’Anguille, et plus précisément de la baronnie de Havras, quoique sans aucune certitude.

On attribue à saint Guinefort le pouvoir de garder les nouveau-nés de la morsure funeste des serpents. Dans la naïve paysannerie, bien des mères souscrivent à cette croyance et alimentent un large trafic d’amulettes et de reliques douteuses (on sait que des charlatans essorillèrent jadis d’innocents lévriers pour ensuite vendre aux plus idiots de fausses reliques données pour les très-authentiques et extraordinaires oneilles miraculeuses de saint Guinefort). Dans plusieurs fiefs, les superstitions entourant le personnage durent être frappées d’interdit et d’amende horrifique après que des nourrissons eurent été estropiés ou grillés tout vifs par de sottes bonnes femmes perpétuant les rites guinefortiens. Il existe dans certaines vallées reculées un culte, aujourd’hui moribond, qui prête à Guinefort toute vertu et tout pouvoir, en faisant un héraut des dieux, voire leur égal. Cette tendance fut fermement dénoncée et déclarée hérétique par les doctes théologiens de La Tour au début du XIIe siècle, et ses sectateurs envoyés périr misérablement sur le bûcher (Concile de La Tour, 1127, six semaines de débats acharnés).


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour Sainct10
Sancte Guineforte, ora pro nobis !


Saint-Méliant-de-La-Tour



La petite chapelle Saint-Méliant-de-La-Tour est l’un des lieux les plus saints de la baronnie. On la trouve dans la très-ancienne Ville Haute de La Tour, la forteresse qui domine la vallée de la Salandre et la cité de La Tour proprement dite, fort logiquement appelée Ville Basse. Elle fut selon la tradition embellie par Méliant lui-même dans les tout premiers temps du royaume, et reçut par la suite son nom, mais l’édifice est encore plus ancien. Les murs en sont épais, les fenêtres rares et minces, les voûtes larges et sobres, dans le goût des plus antiques temples de Bretonnie. La chapelle fut pieusement préservée au fil des siècles, si bien qu’elle a gardé peu ou prou son aspect d’il y a mille ans : un bâtiment massif, d’une élégante simplicité, orné de peu de sculptures ou de statues. Une petite place pavée avec en son centre une fontaine à laquelle on attribue les plus mirifiques vertus lui sert de parvis. Le corps de saint Méliant y repose avec, dit-on, ses armes et son armure terrifiques bénies du toucher de la Dame -mais nul n’est allé soulever la dalle qui le recouvre pour s’en assurer.

La chapelle offre un grand contraste avec la flamboyante cathédrale de la Ville Basse : elle n’abrite pas de relique fameuse, son architecture est tout sauf tape-à-l’œil, et les pèlerins n’y sont pas les bienvenus. Saint Méliant, compagnon d’armes de Gilles le Breton et du duc Lambard, est le patron de La Tour en tant que baronnie, que cité et que famille ; les barons de La Tour considèrent la chapelle comme leur étant plus ou moins réservée, et un roturier y pénétrant sera bien inspiré d’avoir une bonne raison à donner s’il ne veut se faire rosser, voire pire. La maison de La Tour confie la garde du temple à un chevalier du Graal du meilleur renom, pour qui c’est un immense honneur. C’est en ces lieux que se déroulent les cérémonies les plus solennelles : les nouveaux barons de La Tour reçoivent leur titre à Saint-Méliant, et y sont acclamés par leurs plus proches vassaux ; ce n’est qu’après qu’ils se rendent en la cathédrale de la Ville Basse. Lorsque l’un d’eux part en guerre, il manque rarement de mettre pied à terre sur la petite place devant l’église pour tremper cérémonieusement la lame de son épée dans les eaux froides de la fontaine.

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MessageSujet: Re: Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour   Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour EmptyJeu 28 Oct 2010 - 3:10

Les Archers de Gresfol


La plus ancienne mention des archers de Gresfol figure dans le Parchemin de Bataille du vicomte de Sabran et remonte au mois des Labours de l’an 1027. La compagnie fut levée par le chevalier Adalbert de Gresfol, banneret, pour renforcer sa troupe en vue de prendre part à la guerre de succession du fief de Casteljau dans les rangs du vicomte. Une vingtaine d’hommes habiles à l’arc long furent enrôlés avec pour salaire vingt deniers par jour que durerait la campagne, et en sus une prime d’un sol à l’engagement.

On retrouve leur trace quelques mois plus tard, alors qu’ils envoient leur capitaine réclamer aux trésoriers de l’ost la solde que l’on avait négligé de leur verser depuis plusieurs semaines. Ils sont à nouveaux cités à l’occasion du pillage des vignobles de Saint-Guiral-le-Clos : on les blâme fort pour avoir dissimulé la découverte d’une quantité horrifique de fûts de vin vieux, qu’ils burent ou écoulèrent clandestinement, forfait qui leur valut une mise au pilori avec bastonnade et retenue de solde, cette fois justifiée.

La guerre de succession aboutit à une impasse, et le vicomte de Sabran dut trouver un terrain d’entente avec son rival, le marquis de Montlaur ; ils en appelèrent à l’arbitrage du baron de La Tour, leur suzerain, qui divisa le domaine de Casteljau en deux fiefs supposés égaux, un compromis qui laissa chaque partie si mécontente que les escarmouches se poursuivirent des années durant.

À l’issue de la campagne, les gens d’armes du banneret de Gresfol avaient essuyé de lourdes pertes. Plutôt que de démanteler la compagnie d’archers récemment levée, Adalbert décida donc d’en faire des soldats de sa maisonnée. La plupart des archers acceptèrent, les autres retournèrent à une vie faite de brigandages quelconques. Depuis lors, la compagnie porte le surcot argent et sinople des hommes du sire de Gresfol et fait office de garnison de son château.

La « Compagnie Verte », ainsi nommée d’après la couleur de ses cottes d’armes, accompagne le seigneur de Gresfol à la bataille depuis des siècles et a même pris part à quelques campagnes d’envergure sous le haut commandement du baron de La Tour. Fiers de cette longue tradition, les archers mettent un point d’honneur à maintenir la réputation de leur troupe et organisent une fois l’an, au dix-neuvième jour du mois des Labours, date de la fondation de la compagnie, un tournoi d’archerie lors duquel les anciens jugent et recrutent les aspirants.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour Ganelon
Les archers de Gresfol traitent toujours leurs prisonniers avec honneur.


(Il est loisible à chacun quel que soit son rang ou sa naissance de contempler la brave et mirifique Compagnie Verte dans le saint topic consacré à l'Ost de La Tour.)

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MessageSujet: Re: Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour   Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour EmptyJeu 10 Fév 2011 - 2:53

Albaron de Peyraube

Albaron de Peyraube est le seigneur d’un petit domaine perdu dans le nord de la forêt de Sombrefeuille. Il tient son fief du banneret de Gresfol, son cousin éloigné. Son blason est parti, au premier, d’argent aux deux croissants de sable, au second, de sinople, des armes proches de celles de la maison de Gresfol.

Comme maints hobereaux de la baronnie de La Tour, il ne possède que quelques arpents d’un pays sauvage, rocailleux et escarpé où de rares cultures s’accommodent bon an mal an d’une terre ingrate et trop boisée pour être sûre. Du haut de son castel, qui n’est guère plus qu’un gros donjon, il peut apercevoir les limites de son domaine, et même, quand le temps est beau, les tourelles du château voisin.

Albaron devint seigneur du fief familial à la mort de son frère aîné, changé en mulot par un très-infâme sorcier noir qui ravageait les terres de Gresfol à la tête d’une détestable coterie de mutants horrifiques. Il a depuis lors assumé sa charge avec honneur. Le sire de Peyraube compte avant tout sur le vieux moulin banal du fief pour s’assurer des revenus décents. Un ancien privilège reçu de son suzerain le seigneur de Gresfol interdit en effet aux chevaliers du voisinage de bâtir aucun moulin sur leurs terres, ce qui force les paysans des environs à rendre de fréquentes visites au meunier de Peyraube. Tout comme ses ancêtres avant lui, Albaron a pleine conscience de la valeur de son moulin, et s’assure qu’aucun de ses voisins ne bafoue ses droits. Ainsi, les moulins construits dans les environs ont jusque-là toujours fini par être la cible d’une chevauchée des gens d’armes de Peyraube, quand ils ne furent pas le théâtre d’accidents malheureux les réduisant en ruines fumantes.

La petite noblesse de La Tour est par tradition belliqueuse et téméraire, voyant rarement d’autre chemin pour s’élever que la voie des armes. Albaron, comme la plupart de ses pairs, se montra fidèle à ces saines dispositions.

Son heure de gloire vint au cours d’une guerre d’un printemps contre un seigneur voisin du fief de Gresfol, lors d’un événement appelé depuis la Journée des Anguilles. Ayant appris que l’ennemi acheminait en grand secret un fort convoi de charrettes emplies de poisson salé en guise de ravitaillement pour ses troupes, Albaron réunit quelques braves compains et prépara une audacieuse embuscade. Hélas, quand vint l’heure de combattre, les vues divergentes des quatorze capitaines qui chacun revendiquaient le commandement exclusif des gens d’armes de Gresfol eurent raison de l’infaillible plan de bataille qui devait leur permettre de remporter une victoire mémorable presque sans coup férir. Un bon tiers de la troupe fut taillée en pièces, un autre fut fait prisonnier, et le troisième s’escampa prestement. Seule une poignée de preux gaillard menés par Albaron (on les surnomma à dater de ce jour « le très-vaillant quatrième tiers ») parvinrent à profiter de la confusion pour s’enfuir en emportant avec eux la plupart des charrettes chargées de tonneaux d’anguilles salées.

Les pertes de la journée étaient sévères, bien sûr, et l’on en fit quelque peu reproche aux chefs de l’expédition. Cependant l’honneur était sauf, car ils avaient récupéré les anguilles. Ce haut fait d’armes valut au chevalier de Peyraube d’être distingué par son seigneur, qui le fit sénéchal de Gresfol.


Très-Saint Flouffe de la Baronnie de La Tour Enlumi10
Albaron de Peyraube s’apprête à terrasser un adversaire grâce à sa fameuse botte dite du « coup d’épée dans l’œil ».


(Si vous voulez vous pâmer d'aise à la vue du chevalier de Peyraube chaussé de ses fameuses bottes rouges, ruez-vous dans l'instant sur ce topic. Et si vous voulez me dire à quel point vous trouvez mon flouffe fabuleux, ruez-vous dans l'instant sur cet autre topic.)

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