Franchement, je rajouterais volontiers l'empereur Julien (resté dans les mémoires comme Julien l'apostat) à cette liste. Ca a été le dernier coller de grosses branlées aux ennemis de Rome, entre 356 et 363 (et je ne dis pas ça uniquement parce que j'ai dû écrire mon mémoire de deuxième année de master sur ses tactiques militaires
). Entre 355 et 360, alors qu'il était le César de son cousin Constance II (un empereur en second aux ordres de l'Auguste qui est l'empereur principal, si cette notion ne vous est pas familière), il aura réussi à rétablir la situation en Gaule alors que la région partait carrément en couille en livrant campagne après campagne contre les Germains, parfois même hors de la saison des batailles, jusque sur leurs propres domaines, de l'autre côté du Rhin. Il finit par être proclamé empereur par ses hommes en 360, sur l'île de la cité, à Paris (et même pas une plaque pour le dire, de nos jours
) et marcha contre son cousin qui était alors en train de se faire péter la tronche par les Perses (mais qu'est-ce qu'ils ont contre le jambons ?
). Comme Constance II revenait à l'Ouest pour se défendre contre l'usurpateur, Julien divisa ses troupes, faisant passer la cavalerie par les montagnes de Dacie alors qu'il allait avec ses légionnaires par le Nord de l'Italie en utilisant une vieille ruse qu'on attribuait à Pyrrhus, qui consistait à faire avancer ses troupes en ordre plus relâché pour étendre la colonne et paraître plus nombreux. Bon, je ne vais pas m'étendre sur ce qu'il se passa mais il s'avéra que Julien eut finalement beaucoup de chance et remporta la partie grâce à la mort inopinée et très suspecte de Constance avant qu'ils ne se rencontrent. Toujours est-il qu'ensuite, en 363, l'empereur Julien lança après un an de préparations la plus vaste expédition militaire jamais vue dans l'antiquité, afin d'aller faire aux Perses ce qu'il avait réussi à faire aux Germains.
En envoyant une petite partie de son armée au Nord, il arriva à faire croire au roi Sapor qu'il comptait entrer sur ses domaines par là. La ruse réussit à merveille et il s'enfonça durant les semaines qui suivit dans l'Empire Perse, jusqu'à arriver sans trop d'encombres jusque sous les murs de Ctésiphon, la capitale (à 30km de l'actuelle Bagdad). C'est là qu'il commit sa seule grave erreur puisqu'il estima qu'il ne pourrait finalement pas faire tomber la ville avant le retour de l'armée du roi qu'il avait leurrée. Les sources fragmentaires ne nous permettent pas de comprendre ce choix qui le poussa à faire mouvement vers le Nord pour rallier le reste de l'armée qu'il avait envoyée au début... pour finalement tomber sur l'armée de Sapor qui avait enfin compris qu'on s'était foutu de lui et mourir dans une embuscade tendue à ses légions.
Là où Julien est un personnage intéressant, c'est qu'il avait reçu une éducation de philosophe et qu'il était apparemment plus destiné à devenir un lettré qu'un combattant. Pourtant, lorsqu'il fut choisi pour aller remettre de l'ordre en Gaule, il s'attela à cette tâche avec une efficacité remarquable, mettant à profit ses grandes connaissances historiques pour mener ses campagnes, s'imposant un mode de vie très rude et ne demandant jamais plus à ses hommes que ce qu'il s'infligeait lui-même. Il est vraiment regrettable que ses opposants chrétiens aient tant trainé dans la boue l'image de cet empereur compétent, en particulier d'un point de vue militaire.
Sinon, je vois que ça parle beaucoup ici de rois et d'empereurs, mais si vous voulez connaître mon opinion sur la question, le premier nom de génie de la tactique et de la stratégie qui me vienne à l'esprit est celui de Davout.
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Non, on ne fait pas que charger à Havras, on a aussi des
sorciers !
Tremblez devant nos armées... et craignez
ma potestas, car je suis votre suzerain !
"Le monde est quand même plus simple quand on le regarde à travers la visière d'un heaume."
- Draw me like one of your french girls (par Toison d'or !):