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 Le Fabliau de l’homme au chapeau vert

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2 participants
AuteurMessage
ethgri wyrda
Paysan
ethgri wyrda


Nombre de messages : 39
Date d'inscription : 28/12/2015

Le Fabliau de l’homme au chapeau vert Empty
MessageSujet: Le Fabliau de l’homme au chapeau vert   Le Fabliau de l’homme au chapeau vert EmptyVen 5 Avr 2024 - 16:18

Hello !

Je passe en coup de vent dépoussiérer mon compte, afin de vous partager un petit chant qui, je l'espère, vous amusera ! Au départ je voulais faire un lai, mais ça a tourné au flabliau  Mr. Green
On s'éloigne un peu de Warhammer, mais je me dis que ça peut plaire par ici, terre de joutes et de chevalerie, surtout en cette période de charge tonitruante ! Bonne lecture !

Le Fabliau de l’homme au chapeau vert


Le Fabliau de l’homme au chapeau vert Image14

Mesdames, Messieurs, ce court écrit,
Est bien plus qu’un simple récit
Les trouvères nous l’ont conservée
Et très souvent l’ont partagée
Dans les veillées en nos châteaux.
Et pour que leur survivent leurs mots
Je les ai mis sur ce papier
Pour vos propres fins de soirées.

Cette très véridique histoire
Est celle du chevalier Ambard
Que le roi avait fait baron
Quelque part au sud de Clermont.
Il fut un très grand guerrier
Doué à la lance comme à l’épée
Et quand il partait à la chasse
Dame nature faisait grimace
Car il dépassait à la course
Les cerfs, et à la force les ours.
Il était très preux, ha ça oui !
En joute on ne voyait que lui :
Il émiettait sa lance entière
Dans des charges au bruit de tonnerre.
Jamais courage ne lui manquait
Et avec fougue il se lançait
Dans les plus ardues aventures
Pourvu qu’amour et gloire en furent.

Un jour on fit organiser
Un grand tournois où, sur le pré
On invitait tous les champions
À s’offrir de beaux horions.
Se réjouissant de la nouvelle
Ambard mit son cheval sous selle
Ses boisseaux de lances étaient prêts
Son écuyer les lui portait.
Il prit la route d’Orléans
Où se tenait l’événement.
Il y arriva sans encombre
Et, comme espéré, croisa nombre
D’amis comme lui fort vaillants.
Ils festoyèrent ensemble gaiement
En souvenir de leurs exploits
Qui étaient nombreux, croyez-moi.

Le lendemain, dans leurs armures,
Cette fière bande de belle allure
Se rendit bien sûr vers le pré
Montée sur d’immenses destriers.
Quand ils arrivèrent sur le pas
L’estrade était remplie déjà
D’une foule aux couleurs bigarrées
Conquise au premier coup d’épée.
Sur un signal de la comtesse
Le tournois s’ouvrit dans la liesse.
Pour Ambard la suite fut facile
Il chargea comme un imbécile
Toucha son premier adversaire
Qui s’en alla de par les airs
Et chuta vingt mètres plus loin
Avec rudesse sur l’arrière-train.
Au deuxième champion qu’il croisa
Sa lance vola en éclats.
Ambard saisit sa grosse épée
Et au ciel en brandit l’acier
Où le soleil se refléta.
Avec elle il désarçonna  
Un cavalier malchanceux
Qui en prit le plat sur les yeux.
Ainsi continuèrent ses exploits
Si bien qu’en tout on décompta
Pas moins de seize chutes infligées ;
Cette prouesse fut beaucoup louée.
On fit bombance le soir venu
Riant des coups pris et reçus
Ambard fut à la meilleure table
Entouré de seigneurs affables
Qui félicitaient ses exploits
Alors que défilaient les plats.

Le lendemain de cette fête
Malgré les rudes coups sur la tête
Que le vin de veille infligeait
On dut partir, avec regret.
L’écuyer réveilla Ambard
Qui se leva, encore hagard.
Ils s’habillèrent et déjeunèrent
Un sobre potage salutaire
Qui aida à se mettre en route
Quand tombèrent les premières gouttes.

Cette fine pluie se renforça
Quand la tierce quelque part sonna ;
Ambard et son jeune écuyer
Traversaient un bois mal famé
Et ils voulurent presser l’allure
Mais des brigands les aperçurent
Et tentèrent de les détrousser,
Ce qu’ils allaient vite regretter.
Deux lourds bandits les arrêtèrent
Et trois autres surgirent par derrière.
Un jet de fronde sur l’écuyer
Suffit à le désarçonner
La tête en sang, l’œil révulsé.
Les bandits croyaient triompher
En le voyant mordre la poussière,
Mais Ambard rugit de colère
Et d’une mandale brisa le cou
Du plus proche des tire-sous
Qui valdingua un peu plus loin
Et s’écrasa contre un sapin.
Un autre voulu armer son coup,
Mal lui en pris car le voyou
Fut fauché dans son mouvement
Par un poing fermé dans les dents.
Une fois ces deux hommes mis à terre
Ambard tira sa lame au clair
Et fit charger son destrier
Pour terminer l’échauffourée.
Il sabra son troisième brigand
Et aussitôt les deux restants
Lâchèrent leurs armes et détalèrent
Comme poursuivis par les enfers.
Ambard rattrapa le premier
Qui fut promptement découpé
Mais le dernier des malandrins
Échappa au même destin
En disparaissant dans les bois
Où les chevaux ne passaient pas.
Il n’y avait plus aucun bruit,
Le pouls d’Ambard se ralentit.
Il s’en retourna voir les corps
Mais il ne trouva que des morts
Hormis le troisième des bandits
Tout souffrant dans son agonie.
Celui-ci vit le chevalier
Et le supplia d’approcher :
« Seigneur, avant que mort m’emporte
Je dois tout vous avouez de sorte
Qu’un noble chevalier comme vous
Survive à d’autres mauvais coups.
Hier après la grande mêlée
Où le prix vous fut accordé
Moi et mes autres compagnons
Avions reçu comme mission
Par un homme de mauvais aloi
De vous embusquer dans ces bois.
Il vous en veut depuis les joutes
Où hier vous croisâtes sa route.
Hélas je sens mes forces faiblir
Retenez bien mes derniers dires :
Méfiez-vous plus que de l’enfer
De l’homme qui porte un chapeau vert »

Il s’écroula au dernier mot
Et son corps tomba sur le dos.
Ambard était plus que surpris
Par ce qu’avait dit le bandit.
Mais c’était un homme d’action
Qui vite retrouva sa raison
Et tout décidé à venger
La mort de son pauvre écuyer
Il mit son corps sur une monture
Dont il tint la bride d’une main dure
Tout le retour à Orléans
Où il étonna bien des gens :
« Seigneur, qui gît sur ce cheval
Et semble se porter bien mal ? »
« Il s’agit de mon écuyer
Traîtreusement assassiné
Que l’on m’emmène chez le comte
Car il faut que je lui raconte
Le complot contre nous ourdi ».
Or il était passé midi
Le comte était en déjeuner
Avec des membres du clergé.
On fit quand même entrer Ambard
Qui leur raconta son histoire :
« J’ai dû faire face ce matin
Sur vos terres à cinq malandrins
Qui ont tué mon écuyer
Avant d’être par moi tancés
Et l’un d’eux avant de mourir
A confessé dans un soupir
Que l’infâme commanditaire
Était vêtu d’un chapeau vert »
On s’observa dans l’assemblée :
Nul de sinople n’était paré
Des soupirs de soulagement
Échappèrent à ces bonnes gens.
Le comte, sombre, lui répondit :
« Je suis navré de vos soucis
Et lance sur-le-champ une enquête
Pour que toute la lumière soit faite.
Je vous tiendrai vite au courant
Dès que nous verrons plus avant »
Après l’avoir remercié
Ambard lui donna son congé.

Il laissa l’écuyer aux clercs
Pour qu’ils fassent sa mise en bière
Mais quand il quitta le château
Un jeune noble lui glissa ces mots :
« Le comte ne vous a pas tout dit,
Et je le soupçonne d’être aigri
Car lors des joutes la comtesse
Lorgnait sur vous avec tendresse.
Or le comte est un homme jaloux
Aussi prenez bien garde à vous »
L’esthète repartit tout de suite
Et disparut tout aussi vite
Laissant Ambard si intrigué
Qu’il sonda un palefrenier
« Un jeune homme vient de me parler
Connaissez-vous ce chevalier ? »
« Oui seigneur, il s’appelle Armand.
Il n’a pas son adoubement
Et beaucoup jasent sur son compte. »
« Dites-moi ce que l’on raconte »
« On dit qu’il courtise la comtesse
Mais qu’avec une croissante rudesse
Elle éconduit ce pauvre amant,
Enfin du moins publiquement. »
« Que sont ces insinuations ?
D’une dame tu médis, couillon ? »
Le gronda Ambard, courroucé.
Il chassa le palefrenier
Et échaudé par ces ragots
Il galopa hors du château.

À la ville, Ambard retrouva
Quelques camarades du tournois
À qui il conta son histoire
Quand ils s’étonnèrent de le voir.
« Ma foi, s’écria l’un d’entre eux,
Cela est bien mystérieux.
Mais n’avez-vous donc pas pensé
Que ce maraud de vert coiffé
Pourrait être un autre jouteur
Qui aurait été mauvais joueur ?»
« J’y ai pensé, évidemment,
Mais qui parmi les concurrents
Pourrait avoir la lâcheté
D’ainsi chercher à se venger ? »
Alors intervint sir Boson :
« Je dois avouer quelques soupçons
Que j’ai contre un des chevaliers
Qui aux joutes fut désarçonné,
Et contre qui depuis longtemps
Je nourris du ressentiment :
J’ai vu hier le sir Conan
S’éclipser subrepticement
Sitôt les joutes terminées
Et je l’ai suivi, intrigué,
Jusqu’à une auberge mal famée
Où le bougre a dû comploter. »
Boson avait l’oreille de tous.
« Les bandits lancés à vos trousses
Ont peut-être été embauchés
Par un homme portant chapeau vert
Recruté par Conan hier.
Je ne tiens pas cela pour faits
Mais si hier un homme était
À l’auberge de sinople coiffé
Nous aurons beaucoup confirmé. »
Aussitôt dit, aussitôt fait
Ces preux se rendent sans faire d’arrêt
À l’auberge qu’indiquait Boson
Pour interroger le patron.

Ils frappèrent trois coups à la porte
Qui restèrent d’abord lettre morte
Mais après quelques longs instants
Une dame entrouvrît le bâtant
« Nous ne servons que dans une heure.
Que voulez-vous, mes chers seigneurs ? »
« Rien de plus qu’un renseignement »
Dit Boson très affablement.
« Hier est-il venu dîner
Un homme d’un chapeau vert coiffé ? »
La dame leva un œil malin :
« Est-ce que ce savoir paye bien ? »
Passant par l’entrebâillement
Sa main réclamait quelques argents.
Mais Ambard, avare et sanguin
Souhaitait être informé pour rien.
Rageusement sa botte frappa
La porte qui, d’un coup, pivota
Heurtant au nez la tenancière
Qui s’étala cul contre terre.
« Messires ne me molestez pas
Je dirai tout ce qu’il faudra
Mais il n’y avait pas hier
De client portant chapeau vert »
Ambard la saisit au collet
Et la toisa d’un air mauvais :
« Nous ne partirons pas d’ici
Avant que tout ne nous soit dit »
« D’accord, j’avoue tout mon seigneur !
Je vous ai menti tout à l’heure !
Il y avait bien au dîner
Cet homme en vert que vous cherchez ! »
« A-t-il parlé avec quelqu’un ? »
Lança Boson d’un peu plus loin
« Oui-da » dit-elle en bégayant.
« Un grand homme roux, vêtu de blanc ? »
Compléta le vieux chevalier.
« Exactement, oui, tout à fait
Mais c’est là tout ce que je sais !
J’ignore tout de ce qu’ils ont dit
Et où ensuite ils sont partis ! »
« Bien, quittons les lieux, dit Boson
Nous avons ce que nous voulions »
Ambard acquiesça et sortit
Laissant la dame toute étourdie
Fermer son établissement
Sitôt qu’elle y fut seule dedans.

Le soir venu, Ambard, Boson,
Et tous les autres compagnons
Allèrent à l’auberge pour dîner
Et discuter de la journée.
À la planche de charcuterie,
Ils convinrent qu’ils avaient appris
Suffisamment pour la journée.
Quand le ragoût fut apporté
Ils admirent tous que cependant
Ils n’avaient pas contre Conan
De preuves suffisamment concrètes
Pour aller réclamer sa tête.
Et quand le dessert fût servi
Ils décidèrent qu’après la nuit
Au comte il leur faudra narrer
Le compte-rendu de leur journée.
Content des délibérations
Et du repas qui fut très bon
Ambard prit une chambre à l’étage
Et jugea qu’il serait plus sage
De la fermer à double tours
Pour s’assurer de voir le jour.

Quand le soleil fut bien levé
Ambard, debout et habillé,
Quitta sa chambre et se rendit
Chez le comte comme il l’avait dit.
Le château était agité
Et le comte les sourcils froncés
Semblait de bien méchante humeur.
« Ambard, revenez tout à l’heure.
J’ai une très vilaine affaire
En cours et souhaite battre le fer
Pendant qu’il est encore tout chaud »
« Puis-je au moins savoir ce qui vaut
Que je sois ainsi congédié ? »
Dit, contrarié, le chevalier.
« Puisque cela vous intéresse
On dit du mal de ma comtesse
Et j’ai fait jeter au cachot
L’insolente cause de mes maux »
Une intuition saisit Ambard
Qui insista pour aller voir
Par lui-même le prisonnier.
Alors le comte le fit guider
Par un valet à moitié sourd
Jusqu’aux cellules de la grande tour.
Comme Ambard le présupposait
Dans un coin des geôles croupissait
Le jeune Armand qui à Ambard
De ses soupçons avait fait part
Quant à la jalousie du comte.
Au travers des barreaux de fonte
Il appela le chevalier :
« Seigneur ! Il faut me libérer !
J’ai du nouveau sur votre affaire ! »
« Si on vous a fait mettre aux fers
C’est sans doute pour de bonnes raisons.
Pourquoi vous ouvrirais-je donc ? »
« Si le comte m’a fait enfermer
C’est pour m’empêcher de parler
Je sais sur son compte bien des choses
Qui pour beaucoup ne sont pas roses.
Et quand j’ai entendu hier
Votre affaire d’homme au chapeau vert
J’ai suspecté qu’il y trempait.
Sauvez-moi, je vous aiderai.
Et si vous doutez de mes mots
Surveillez les portes du château
Car avant que la nuit soit là
L’homme au vert chapeau y viendra. »

Ambard quitta alors la tour,
Traversa d’un bon pas la cour,
Passa les portes, et dans les bois
Discrètement il se cacha.
De là où il était posté
Le chevalier pouvait scruter
Tous ceux qui allaient au château
Même s’il ne voyait que leurs dos.
Il y avait foule sur la route,
Car nous étions le douze d’août
Et ce jour-là le comte tenait
Audience pour qui le demandait.
Aussi Ambard vit-il monter
Avant que la sexte n’ait passé
Des dizaines de paysans
Des troupes de clercs très bruyants
Des marchands forts bien habillés
Et quelques dames à l’air pincé.
Mais alors que midi sonna
Ambard dans la foule distingua
Un homme portant un chapeau vert
Fort bien vêtu et d’allure fier
Les épaules larges, les cheveux gris
Aller au château lui aussi.
Bien sûr, Ambard voulut charger
Mais l’homme était trop éloigné.
Le chevalier trouva plus sage
De quitter vite ces parages
Pour rechercher ses compagnons
Et décider d’un plan d’action.
Or, juste quand il repartait
Il vit sur un palefroi bai
Le seigneur Conan arriver
Doubler la foule et puis passer
À son tour les portes du château
Comme l’homme coiffé un peu plus tôt.

La nuit était presque tombée
Quand Ambard parvint à trouver
Dans une auberge près de l’église
Où bonne chair était de mise
Ses camarades de tournois
À qui en hâte il raconta
Les déroulé de sa visite
Chez le comte, et surtout sa suite.
Boson expliqua à son tour
Comment depuis le point du jour
Il avait fait suivre Conan
À chaque lieu, à chaque instant
Jusqu’à l’heure du déjeuner
Où Conan les avait semés.
Soudain dans l’auberge déboula
Un jeune page qui demanda :
« Sir Ambard est-il parmi vous ? »
« C’est moi mon garçon, dis-nous tout. »
« J’ai ouï-dire que vous recherchiez
Quelqu’un de sinople coiffé.
J’ai couru pour vous prévenir
Car j’ai croisé rue des martyrs
Un tel homme qui rentrait chez lui. »
« Prend cette pièce brave petit »
Le remercièrent les chevaliers.
Dès qu’ils eurent fini leur dîner
Ils se rendirent à la maison
Que leur indiqua le garçon.
Ambard proposa à ses paires
Une stratégie simple et claire.
« Nous devons prendre les devants
Sinon il s’enfuira avant.
Nous allons forcer cette porte
Et s’assurer qu’aucun ne sorte. »
Ses compagnons acquiescèrent
Et tirèrent leurs épées au clair.
Ambard lança sa lourde carrure
Avec élan sur la serrure
Qui, sous l’assaut, bruyamment geint
Mais à sa grande surprise elle tint.
Le chevalier recommença
Et le tapage qu’il provoqua
Alerta toute la maisonnée.
« Aidez-moi donc à l’enfoncer !»
Commanda-t-il à ses compères.
Tous ensemble à grand coups de fer
Ils mirent toute la porte en miette
Puis ils pénétrèrent bille en tête
Dans la maison, mais n’y trouvèrent
Personne car par la porte derrière
Tous avaient fuient l’habitation
Laissant ces nobles compagnons
Sans personne à essoriller,
À pourfendre ou même à frapper.
« Par Dieu, où s’est-il donc enfui ? »
Pesta Ambard plein de furie.
« À sa place, j’irais chez le comte.
Car si, comme tu nous le racontes
Ils sont complices dans cette affaire
Ce sera son plus sûr repaire. »
Supposa le calme Boson
Qu’approuvèrent tous les compagnons.
« Il nous faut donc agir ce soir
Car demain il sera trop tard
On nous aura fait arrêter
Et taire par quelques procédés.
Mais si avant qu’arrive l’aurore
Nous produisons les preuves des tords
De nos marauds acoquinés
Devant une noble assemblée
Nous serons saufs, et eux punis. »
Déclara Ambard, sûr de lui.
À nouveaux les autres acquiescèrent.
Boson proposa à ses paires :
« De nombreux preux sont repartis
Quand les joutes se sont finies
Mais il reste en ville bien assez
De bons, sûrs, et sages chevaliers
Pour convoquer notre jury.
Je me fais fort pendant la nuit
D’aux halles tous nous les rassembler. »
Sur ce, il courut les chercher.
« Quant à moi, répondit Ambard,
J’irai chasser et risque, et gloire
Et suis prêt à la partager
À qui voudra m’accompagner
Dans la gueule putride du loup
Où nous pourrons apprendre beaucoup
En libérant le pauvre Armand
Des mains du comte et de ses gens. »
Si bien harangués, tous en furent.
Chacun courut à son armure
À son cheval à son épée
Et quand ils furent fins préparés
Ils galopèrent droit vers le château,
Douze chevaliers et treize chevaux.

Le soleil derrière l’horizon
Passa juste quand les compagnons
Abordant le dernier tournant
Ayant le castel droit devant
Poussèrent leurs montures et des cris,
L’écu paré, l’épée sortie
Auréolés du crépuscule
Ayant au cœur la fougue qui brûle
Les voilà chargeant vers les grilles
Culbutant les gardes comme des quilles
D’un bond, le pont fut traversé
Dans l’élan les portes furent passées
Ils surgirent à douze dans la cour.
Tout le corps de gardes, pris de court,
En pagaille fuit vers l’intérieur
Tout saisi d’une sainte frayeur.
Sans trop tuer, les douze preux
S’étaient rendus maîtres des lieux.
Ambard mit alors pied à terre
Et commanda à ses compères :
« Que huit d’entre nous restent ici
Pour empêcher nos ennemis
De fermer la grille ou le pont.
Nous, les quatre autres, nous montons
Dans cette tour où est ferré
Celui qu’il nous faut libérer. »
Ils le suivirent rapidement
Et coururent à la geôle d’Armand.
Dans les couloirs et escaliers
Nul garde n’osait s’interposer
Sans être d’un coup de poing ganté
Douloureusement assommé.
Ils débouchèrent dans la prison
Tels quatre démons furibonds
Le geôlier terrorisé
Leur tendit en tremblant les clefs
Il y sauva sans doute sa vie
Mais tomba au sol évanoui.
Ambard bondit vers la cellule
D’où le jeune Armand, incrédule,
Fut tiré sans ménagement :
« Nous vous sauvons ! Sortez céans ! »
Comme il tardait à réagir
Deux chevaliers vinrent le saisir
Par les épaules et à eux deux
Ils le portèrent hors de ce lieu.
La troupe ressortit dans la cour
Où des combats étaient en cours.
La garnison s’était ralliée
Et tentait de reprendre pied
Sur les parvis que contrôlaient
Les huit preux qui s’y accrochaient.
Quand il vit Ambard, l’un d’eux dit :
« Dépêchez-vous, partons d’ici
Nous ne tiendrons plus très longtemps. »
Les douze chevaliers et Armand
Lâchèrent le combat et coururent
Si vite vers leurs treize montures
Que les gardes n’eurent pas l’occasion
D’empêcher cette fin d’évasion.
Mais quand ils atteignirent la crête
Le preux qui chevauchait en tête
Se retourna et aperçut
Un groupe de gens de fer vêtus
Qui s’élançait au grand galop
Depuis les portes du château.
« Nous sommes suivis ! » avertit-il.
« Sans doute le comte et ses goupils »
Ils retalonnèrent leurs montures
Et repartir à vive allure.

Ils arrivèrent avant l’aurore
À une heure où l’honnête homme dort.
Ils passèrent les murs d’Orleans
Et se rendirent directement
Aux halls où étaient rassemblés
Par Boson tous chevaliers.
On attendait impatiemment
Les informations d’Armand.
Mais quand les douze preux démontèrent
L’évadé s’enfuit ventre à terre
Sans une parole pour s’expliquer,
Et nul ne put le rattraper.
Face à cela, on resta coi
Car sans lui, à quoi bon tout ça ?
N’ayant plus la parole d’Armand
Ils étaient gros-jean comme devant.
À cet instant les poursuivants,
Le comte, son épouse, Sir Conan
Et une vingtaine de chevaliers
Arrivèrent par tous les côtés.
Le comte lança avec colère :
« Ambard, j’ai percé le mystère
De la sotte et tragique affaire
Soumise par toi avant hier !
Si tu me livres le fourbe Armand
Et qu’à la justice tu te rends
Cette histoire peut se terminer
Sans que le sang n’ait à couler. »
Mais Ambard n’obtempéra pas
Et sur son cheval il sauta.
Il balaya trois chevaliers
Qui espéraient s’interposer
Et, la voie libre, il s’échappa
Pour chercher refuge dans les bois.

Le jour enfin s’était levé
Et Ambard s’était égaré.
En suivant une étroite rivière
Il parvînt à un monastère
Où on lui offrit le repas
Qu’affamé il leur demanda.
« Il est rare que des voyageurs
S’arrêtent chez nous d’aussi bonne heure. »
Fit remarquer le cellérier
« Quelque chose est-il arrivé ? »
Ambard répondit l’air de rien :
« Non, à Orléans tout va bien.
Et vous même dans les derniers jours
Quelles nouvelles des alentours ? »
Eh bien, puisque vous demandez,
Avant-hier dans la journée
Deux frères ont trouvé dans les bois
Les restes d’un violent combat.
Ils ont porté au monastère
Le seul rescapé de l’affaire
Mais le pauvre hère était mourant,
Le ventre ouvert, les loques en sang.
Nous lui avons donné l’onction
Mais lui riait comme un démon !
Il nous racontait une histoire,
Une sorte de canular
Qu’il avait dû faire à quelqu’un.
Ça n’était, je crois, pas très fin
Une affaire d’homme au chapeau vert
Et de danger imaginaire,
C’était, j’ai trouvé, très confus.
Mais enfin cet hilare n’est plus
Il a rendu l’âme en riant
Ce qui change de bien des gens. »
Ambard était devenu blême
Et réalisa les problèmes
Qu’il avait causé en deux jours
Sur la base d’un mauvais tour
Que lui avait joué le bandit.
Son honneur était si terni
Qu’il se fit moine sur le champ
Quelque part très loin d’Orleans.

Que ceci serve de leçon :
Ne basez pas vos actions
Sur les paroles des médisants
Mis en prison très justement ;
Sur les aveux d’une torturée
Qui ne souhaite qu’être libérée ;
Sur les soupçons de vos amis
Biaisés contre leur ennemi ;
Et sur les paroles de celui
Qui s’en est pris à votre vie.

C’était là la geste d’Ambard
Merci d’avoir lu cette histoire.

Maxence de Longueville aime ce message

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Maxence de Longueville
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Date d'inscription : 12/01/2011

Le Fabliau de l’homme au chapeau vert Empty
MessageSujet: Re: Le Fabliau de l’homme au chapeau vert   Le Fabliau de l’homme au chapeau vert EmptyVen 5 Avr 2024 - 17:49

Très bon : du suspense batman , de l'action rambo , un héros beau et fort sunny , de l'amour I love you (vaguement) et surtout une révélation finale bien inattendue à la morale surprenante mais pleine de bon sens Mr.Red

Bref, fort sympathique, et excellente initiative d'être venu nous conter cela Cool
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