DIY - costumes médiévaux

Je suis actuellement en train de rechercher des patrons de couture pour essayer de me faire des galurins sympas, pour randonner "stylé", et je suis tombé sur un très chouette PDF, mis en ligne par les Archers du Dragon (un club de tir à l'arc de Draguignan, avec une section histo médiévale) :

"Proposition de tenues historiques pour le XIIIe siècle" Tuto costume méd

Il y a des dessins très bien faits et des patrons histos utilisables (cales, cottes, braies), avec des indications de couleurs, pour ceux que cela intéresserait.

Croyez-en mon oeil d'ancien de la reconstitution historique, vous pouvez y aller (presque) les yeux fermés si vous, vos compagnes et enfants avez envie de vous composer une garde-robe méd'fan de base !

Pour la petite histoire, je randonne cet été avec un chèche de coton bleu fait maison, que j'ai appris à nouer correctement, grâce à une amie kabyle. C'est une coiffure simple et très pratique, qui protège très bien des ardeurs du soleil en altitude et permet de se rafraîchir lorsque l'on croise une source ou un lac. Le bleu est quand même difficile à porter, car il prend la chaleur au bout d'un temps : je pense que je vais sacrifier un vieux drap blanc !

Merci pour le tuto, nouvelle lecture en perspective, pour cet hiver cette fois!!!!

Toujours un plaisir... d'autant plus qu'il n'y a pas grand chose à lire : je trouve les visuels simples et bien foutus.

Notamment pour ce qui concerne la "chaussure" type, dite "bog ou bag shoe" : ce type de chaussure, faite de peau retournée autour du pied et lacée "à la diable" est la même, à peu de choses près, depuis au moins 5000 ans, sans autres fioritures. Plus ou moins ouverte ou refermée sur le pied, parfois montante, partiellement cousue ou ajourée sur l'empeigne, elle a chaussé Ötzy, les Celtes, les paysans Macédoniens et Romains, dont les légionnaires de la République, les Daces, les Germains, les Normands et autres Varègues, les Rus' et Baltes, les paysans des Carpathes ou les Highlanders...

On les retrouve partout en Europe jusqu'aux années 30-50, sous des noms différents, mais ce sont les mêmes : pampooties, ghillies, abarkak, opanci et opanak, porshni, la base de construction étant la même que celle de la plupart des mocassins améridiens ou des "mukluks" de ceux du Nord.

Reconstitution de porshni russo-varègues (d'après des modèles retrouvés dans la région de Novgorod) :



Soldats irréguliers (des Bulgares je pense) de la guerre des Balkans vers 1912 :



... ou danseurs basques modernes :



Le patron est bon, et ce sont de superbes chaussons - charentaises à faire pour la maison, à l'occasion !

Ah, j'oubliais, pour ceux qui ne voudraient pas se chausser comme des gueux, mais plutôt porter ce genre de bottes, plus conformes au rang de chevalier bretonnien (ici une repro archéo de bottes du XIVe, retrouvées à Dordrecht)...



... je ne saurais que trop recommander de parcourir le site "Footwear of the Middle Ages" de Marc Carlson (FotMA - Carlson), qui contient tout plein de vrais patrons. Ou de faire une recherche générique, du genre "making medieval turnshoes" : il y a des vidéos hallucinantes.

C'est juste beaucoup plus chaud à réaliser, même à partir de cuir de vieux canapé de récup' !

Je note au passage que ce genre de bottes-bottines est également très ancien, et vient plutôt des peuples cavaliers : on trouve presque les mêmes chez les Perses et les Macédoniens, aux pieds des Etrusques puis des nobles et soldats-citoyens de Rome (sous le nom de pero-perones, avec parfois les doigts de pied dégagés et une fermeture avant plutôt que latérale) et, très naturellement chez les Parthes, les Turcs, les Mongols... ou encore, généralement plus basses, chez les Vikings (ici, un modèle dit Jorvik) :



Comme c'est l'archétype de la chaussure fermée du Moyen Âge, je mets le patron d'un modèle proche, pour comprendre comment ce genre de godasse est construite. Allez-voir du côté de Carlson.

Toujours aussi passionnant, ce genre de documentation, même si le projet de costume médiéval (XV ème) qui me trottait en tête ne sera sans doute réalisé qu'aux calendes grecques ...
Histoire de compléter un peu ce qui a été dit, j'ai retrouvé le blog de l'association Artemis qui avait fait le reconstitution d'un pèlerinage de Maromme au mont Saint Michel en costume médiéval en 2008. Vu ma maigre expérience en ce domaine, je ne saurais dire si le niveau d'exigence était bon, mais leur récit m'a paru très intéressant. C'est notamment là que j'ai découvert que la morphologie humaine a changé depuis le moyen âge : d'après leur expérience, il nous est très difficile de  marcher avec des chaussures strictement reconstituées. L'habitude de marcher systématiquement avec des talons depuis l'enfance transforme les longues marches en torture. Ils ont aussi constaté que, soit parce que le tannage du cuir n'était pas satisfaisant, soit parce que les routes en bitumes sont très agressives pour les semelles, ils étaient obligé de changer les semelles à un rythme assez ahurissant (résumé fait de mémoire, j'ai eu la flemme de tout relire).
Bref, un article qui complète bien, il me semble, cette éclairage sur la "grolle" médiévale du sieur niger.

Ce "petit" pèlerinage en costumes historiques médiévaux est une très chouette expérience... très à la mode dans le milieu de l'Histoire vivante, dès qu'on trouve que les prestas fixes sont gonflantes. On s'immerge dans des camps de plusieurs jours ou dans des activités un peu plus extrêmes avec les copains, hors public.

Notre projet, à Venatrix Pyrenaea, mon ancien groupe, était d'aller, à pieds, à la découverte des sites protohistoriques et romains dissimulés dans la montagne basco-béarnaise. Je peux citer des démarches similaires dans des groupes que nous avons croisés : les marches de la VIIIe légion Augusta (cf. leur site) ou les sessions aventures en montagne du Clan des Loups de la Nouvelle France (Abénakis pyrénéens, cf. leur site) :



J'invite aussi à aller visiter le forum de l'Ost du Dauphin (Bourguignons XVe), avec leurs virées médiévales dans les Alpes.

Le seul problème, avec la chaussure historique, est d'arrêter de râler et de se dire qu'on a mal aux pieds. On prend cher au début, puis on s'adapte et on apprend à s'occuper de ses pieds, à gérer la configuration du terrain et des chemins, comme tous les fantassins, marcheurs et pèlerins de l'Histoire !

... et près de 3 milliards (ou plus) d'êtres humains actuellement, en Afrique ou au Moyen Orient, dans les zones rurales asiatiques et en Amérique centrale et du Sud.

Les "runners" extrêmes adorent les "huaraches", de simples semelles cordées et fixées sur la cheville : une fois, nous avons réussi à en arrêter un groupe en montagne, et Dieu sait s'ils courent vite, les bougres, qui étaient étonnés de nous voir crapahuter en montagne avec des chaussures de corde à l'antique! Hors, tout comme les warajis des samouraïs ou les cactli des aztèques, les chaussures de corde sont utilisées dans les Pyrénées (il en reste l'espadrille et l'abarca) et en Ibérie depuis l'Antiquité, faites originellement à partir de spart(e), ou alfa, une graminée méditerranéenne. C'est plus solide et durable que le cuir en zone caillouteuse et surtout, très facile à réparer !



J'ai d'abord marché avec des caligae, le must de la chaussure militaire antique dit-on... Après chaque marche, je me voyais contraint de remplacer des clous perdus sur le chemin, de refaire partiellement une couture déchirée ou de refixer un morceau d'empeigne arrachée. En zone karstique humide ou sur sol "lisse" (marbre, ardoise, calcaire, grès), j'avais tendance à ripper grave. Je suis d'ailleurs convaincu que les Prétoriens, dans les palais de Rome, portaient des chaussures sans clous ! J'ai massacré ma première paire en moins de 10 marches tout-terrain, soit 250-300 km : le double sur sol facile ?

Quand j'ai adopté la chaussure de corde, j'ai énormément gagné en confort et solidité. Je pouvais même courir dans des zones dénivelées caillouteuses, ou plutôt bondir comme un chevreau. Mon frère, lui, n'hésitait jamais à se mettre pieds nus : sur l'estive ou sur les chemins de terre, aucun problème pour encaisser des kilomètres et des kilomètres, avec l'habitude. Il faut juste garder l'oeil ouvert pour bien choisir le chemin devant soi, et apprendre à marcher en levant un peu plus les genoux, alors que nos chaussures compensées nous portent naturellement à rester près du sol, à le frôler.

Il faut aussi prendre l'habitude d'une hygiène impeccable des petons : à chaque halte, c'est lavage et séchage, etc. On comprend mieux pourquoi dans l'Antiquité, au Moyen Âge dans les communautés religieuses et dans les pays arabo-musulmans, le premier geste envers le voyageur était de lui laver les pieds !

En colonne de marche, ce choix du chemin le plus facile est le rôle du premier homme, les autres se contentant de le suivre à la trace...  

On a oublié que toutes les formations de la Wehrmacht avaient des équipes de cordonniers et de maréchaux-ferrants en campagne, ou que l'intendance napoléonienne prévoyait officiellement qu'une paire de chaussures militaires devait durer 100 lieues de chemin (400-500 km) avant d'être ressemelée ou carrément changée.

A la pratique en extérieur, un marcheur "historique" rôdé choisira toujours de passer sur les zones herbeuses, sableuses ou dans la boue plutôt que sur un cailloutis ou sur le goudron. Les chaussures "légères", de type "bog shoes", suffisent très largement à tous les usages. Ce sont des chaussons protecteurs pour la plante des pieds (épines, cailloux), et on marche avec comme avec les pieds nus. C'est finalement assez agréable avec l'habitude, notamment lorsqu'elles sont assouplies par la rosée. On sent le chemin sans souffrir.

Les chaussures gréco-romaines de type "solae" (nu-pieds) conviennent aussi très bien à ce type de marche sur sol "doux" ou "ferme souple" (chemin de terre ou damé), à la condition que leur laçage, soigneux, prenne bien le talon (au contraire des tongs, mais comme les huaraches).

Toutes ces chaussures s'abiment certes très vite à l'usage (c'est pour cela que les Anciens n'hésitaient jamais à se déchausser en intérieur ou pour les travaux statiques : garder un troupeau, faire son jardin, etc.), mais elles sont réparables à l'envi et on peut les changer facilement, tout ou partie.

Je savais fabriquer un certain nombre de coiffures et bonnets masculins du Moyen Âge (cales, turbans, chapeaux et bonnets de feutre ou de tissu divers), mais je n'avais, jusqu'à aujourd'hui, jamais vraiment pigé comment l'on pouvait faire et arranger un chaperon médiéval, mis en turban comme au XVe siècle...

... et la lumière est venue, ce jour-même !



C'est formidable, d'autant plus que j'étais à mille lieues d'imaginer que c'était en fait un chaperon "normal" (ce que les Anglais appellent hood) et que toute l'astuce résidait dans le fait de l'arranger autrement qu'en simple cagoule.

Je viens d'apprendre quelque chose grâce à toi!!! J'ignorais totalement qu'il s'agissait des différentes façon de porter un seul et même couvre chef!!!

Comme quoi nos aïeux savaient porter les vêtements avec élégance!!!

Encore plus fort !

Pour d'autres façons de porter le chaperon, allez voir "10 ways to wear your Hood" sur YouTube, notamment à la fin, lorsqu'il en revêt son chien, une sorte de lévrier irlandais et qu'il le compare à une image médiévale de marginalia.

J'ai trouvé un ouvrage complet numérisé de 2001, de Sarah Thursfield, intitulé "The medieval Tailor's Assistant - Making common Garments 1200-1500", qui contient plus d'une centaine de patrons simples pour fabriquer des costumes médiévaux complets : braies, tuniques, hauts et bas de chausses, cottes, surcottes, cales, chaperons, voire même bourses et capes...

C'est sur Siam Costumes > Cutters Guide > MISC > The medieval tailor's assistant...

Beaucoup des tutos isolés que l'on trouve ici ou là sur la toile en proviennent. Nous avons la source primaire .