Aldebert de Chastel répondit à la convocation de son très estimé cousin par alliance : quand Louis de Hauteterres, conseiller du marquis de Longueville, demandait à te voir, il était de notoriété publique qu’il était une fort mauvaise idée de le faire attendre. Aldebert entra ainsi dans l’officine après avoir prudemment frappé, Louis y était présent en train de consulter quelques obscurs documents, à sa droite se tenait un maraud couvert de boue. Aldebert ne comprenait pas l’obsession de son cousin de s’entourer de gueux, on disait même que les rares fois où il combattait, il choisissait de le faire sans cheval au sein des levées bourgeoises et paysannes.
‘’Me voici, cousin,’’ s’enquit sieur de Chastel, ‘’tel que tu l’as mandé ! J’espère que ce n’est point que pour m’offrir la vue de ce crotteux,’’ fit-il en désignant d’un geste de la tête le manant.
‘’Dans cette pièce, vous m’appellerez baron de Hauteterres. Et ce crotteux, comme vous vous plaisez à l’appeler, vient de m’apporter des nouvelles bien inquiétantes mais qui confirment quelques miens de mes soupçons,’’ répondit calmement le conseiller. ‘’Mais il va nous exposer ça de lui-même.’’ Il se retourna vers le vilain : ‘’Parles maintenant et sans détour, redis-nous de ce que tu m’as entretenu tantôt et sans en omettre une parole.’’
Le paysan s’exécuta dans un fort accent de terroir qui écorcha les oreilles d’Aldebert: ‘’Messires, j’viens d’un coin du ch’nord de la ville où on était quéques compères à se farcir la boss’ pour faire du grain pour nourrir marmots et nobliaux…’’
‘’Si tes informations concernent les us des fermiers du marquisat, baron de Hauteterres,’’ s’enquit Aldebert, en appuyant l’emphase sur le titre de son cousin, ‘’je ne suis point sûr du bien fondé de ma présence en ce lieu.’’
‘’Je vous prierai de le laisser finir son récit.’’ Louis regarda à nouveau le bouseux, ‘’Cependant, il n’a point tort : viens-en aux faits !’’
‘’De suite, mè seigneur. Alors qu’ j’étais vaqué à quéques afféres au loin, quand j’suis revenu à mon chez moi, j’ai vu mon village ravagé et détruit.’’
Aldebert passa de l’indifférence la plus totale à un intérêt soudain, non pas qu’il s’émeuve du sort de quelques roturiers, mais le devoir d’un chevalier est de combattre toute menace potentielle, et attaquer un village bretonnien était dès lors perçu comme un défi pour tout noble de Bretonnie : ‘’Qui est l’auteur de cette infamie ?’’ S’enquit-il.
Le gueux répondit immédiatement : ‘’Est bien là leu souci ! Car quand j’suis arrivé, j’ai vu comm’ du mouv’ment, j’ai pris peur et je m’suis caché. Et j’ai vu des types –enfin je crois bien que c’était des types, mais suis par sûr- avec de grandes capuch’ poser des bouclièreu avec l’aigle impérialeu sur le dessus. Et là où j’ai comm’ un doute, c’est que j’suis sûr qu’y en avait un qui avait comme un sorte de long museau, du genre comm’ un rat, si vous voyez ce que j’veux dire…’’
Aldebert, dont le récit confus l’avait titillé, était sur le point de demander plus de détails au paysan quand Louis se leva de manière calme mais impérieuse pour prendre la parole : ‘’Ce sera tout, bonhomme, vous pouvez disposer maintenant, nous allons tout mettre en œuvre pour vous venger.’’
Le gueux fit une révérence maladroite en se retirant de la salle.
Aldebert qui avait vu le roturier partir s’adressa vivement à son cousin : ‘’Louis, je veux en savoir plus. Pourquoi les impériaux nous ont attaqué ?’’
‘’Je vous ai déjà dit qu’ici, vous devez m’appeler baron de Hauteterres,’’ répliqua sèchement le conseiller. ‘’Le fait que la fille de mon oncle éprouve à votre égard une affection qui m’est bien incompréhensible ne vous donne aucun privilège en ce lieu où vous n’êtes qu’un vassal obéissant comme un autre. En outre, si vous parlez pour donner des conclusions hâtives et erronées, je vous prierai de vous abstenir.’’
Aldebert ravala sa fierté et revint à un ton plus calme : ’’Erronées ? Veux-tu donc dire que ce n’est point une attaque impériale, ce ne serait pourtant point la première.’’
‘’Justement, ne trouves-tu point étrange que les impériaux nous attaquent sans motifs valables ? De même, j’ai eu quelques retours des baronnies frontalières de Montfort, Gisoreux et Parravon : toutes subissent des attaques épisodiques de prétendues forces impériales, mais nul ne trouve jamais trace de survivants qui puissent raconter la réalité de ces combats. Ce sont des objets, tel des boucliers et arquebuses, et cadavres parsemés ci et là sur les champs de bataille qui accusent nos voisins, mais bien des êtres malfaisants auraient pu les y convoyer.’’
‘’Tu parles de ces êtres au museau de rongeurs ? Billevesées de gueux superstitieux et apeurés : rien qui ne puisse être entendu sérieusement.’’
‘’En temps normal, je me serai rangé de ton avis, mais il n’est point seul à émettre ce genre de témoignage : à Parravon, dans la baronnie de Grisvaux, des guetteurs d’un village détruit parlent de créatures encapuchonnés aux traits bestiaux. A Montfort, un chevalier retrouvé au seuil de la mort évoqua dans son dernier soupir des rats qui marchaient. A Parravon, des créatures encapuchonnées s’apprêtaient à dérober un pégase avant d’être pris en chasse par des gardes, ces derniers ont alors parlé de couinement de rongeurs pour décrire le bruit que firent les bandits en fuite. Plus étrange encore, en consultant les archives du marquisat, je tombe, notamment à l’époque de la fièvre rouge, sur de nombreuses mentions d’une race intelligente de souris de taille humaine particulièrement malveillante. Et enfin, tu connais comme tout le monde l’histoire de saint Patibon.’’
‘’Oui, ce chat canonisé qui aurait sauvé le marquis Philippe d’un rat géant et démoniaque il y a quelques 700 ans de cela. J’ai toujours pensé qu’il y avait eu quelque exagération derrière cette histoire. J’avoue que j’ai bien du mal à prendre tout ça au sérieux. A ton avis, serait-ce une nouvelle espèce d’hommes-bêtes ?’’
‘’Peut-être, mais je n’ai rien de concluant, juste quelques faits et témoignages qui se recoupent. De plus, si les impériaux nous ont réellement attaqués, comment cela se fait-il que nul n’a jamais vu passer une de ces troupes de pillards, surtout dans notre marquisat, où ils doivent passer par les terres désolées, or je doute que les marienbourgeois voient d’un bon œil un quelconque déplacement de troupes de leurs anciens suzerains de par chez eux. Comme tu le sais déjà, le marquis est parti en expédition avec des impériaux pour chasser des ogres. J’ai profité de la présence des soldats étrangers pour m’entretenir avec leurs officiers, mais nul n’est au courant de quelconques manœuvres de leurs armées dans nos contrées, pire encore, ils m’ont reproché que les nôtres les attaquaient sporadiquement.’’
‘’Ils eussent pu te mentir.’’
‘’Certes, mais je ne le crois pas, trop de choses convergent vers une sombre machination visant à lever nos deux nations l’une contre l’autre.’’
Aldebert réfléchit : l’hypothèse de son cousin pouvait sembler farfelue, mais ses arguments étaient loin d’être ridicules, et il savait que c’étaient un homme de lettres et de savoir qui n’irait pas se fourvoyer dans une théorie absurde sans en avoir étayé les diverses facettes. Aldebert finit par demander : ‘’Et qu’attends-tu de moi, baron de Hauteterres ?’’
‘’Prenez avec vous quelques chevaliers et allez quérir quelque indice sur le lieu du pillage, et revenez au plus vite si vous trouvez quelque élément permettant de comprendre la finalité de cette histoire.’’
‘’Fort bien, je pars dans l’heure.’’
Louis eût comme un mauvais pressentiment quand le sieur de Chastel quitta la pièce, cette affaire l’inquiétait dans une large mesure et il eût préféré attendre que le marquis soit de retour pour l’entretenir de ce sujet, mais il lui fallait agir vite pour confirmer ses soupçons et pouvoir réagir au mieux à cette menace encore floue. Il avait fait appel à son impertinent cousin par alliance, car même s’il était à l’origine un vassal de son éternel rival Hautegueules, il savait que c’était un puissant guerrier respecté dans toute la marche qui n’aurait nul mal à trouver en un temps record une troupe de chevaliers. Mais en son for intérieur, il craignait que ce soit insuffisant.
Aldebert se montra à la hauteur des espérances du conseiller, il avait réuni une douzaine de chevaliers dont trois servaient dans la troupe des fils de l’orage, les chevaliers pégases du marquisat. En route, il croisa quelques chevaliers errants qui décidèrent de suivre ce beau monde en quête d’un combat qui leur apporterait à coup sûr gloire et honneur. Une damoiselle avait accompagné les jeunes chevaliers, c’est elle qui les avait menés jusqu’à la troupe prophétisant qu’elle allait leur porter aide. Elle resta, comme à l’habitude des servantes de la Dame, très énigmatique dans ses propos mais laissa entendre qu’une bataille allait avoir lieu. Comment le savait-elle, nul ne lui demanda, certainement qu’elle en eût la vision. Pour parfaire la troupe, Aldebert réquisitionna à la guilde des ébénistes charpentier quelques apprentis pour manipuler un lourd trébuchet que tiraient péniblement des chevaux de trait.
Arrivés à l’endroit du massacre, les chevaliers commencèrent leur inspection. Rien de probant ne fut trouvé : quelques pièces métalliques frappés de symboles impériaux, un pistolet, une épée sur le manche de laquelle il y avait deux lettre capitales dorées : K et F pour Karl Franz. Bref rien qui n’indiquait autre chose que la malveillance des sigmarites. Aldebert commença à douter fortement des conclusions du baron quand un pégase l’interpela : ‘’Sieur, sieur ! J’ai trouvé quelque chose !’’
‘’Quoi donc ? Parles !’’
‘’En survolant les alentours, j’ai vu une troupe de nains sortis d’une grotte dissimulée sous des fourrés non loin, une grotte que je n’eusse point remarqué s’ils en n’étaient sortis.’’
‘’Montres-nous le chemin, nous te suivons,’’ fit Aldebert intrigué.
Le maître des runes Frakgulf voyait finalement la lumière du jour. Après plusieurs semaines de marche sous terre à la poursuite de son ennemi, il avait parcouru tout ce qu’il y avait de tunnels entre ici et sa forteresse natale de Karak Nork. Il ne comprenait pas bien la volonté de ce skaven qui attaquait les hameaux isolés des hommes, et quelque part ils s’en désintéressaient : Frakgulf se focalisait sur son devoir, les skavens lui avaient dérobé un dangereux artefact ancien qu’il avait trouvé et juré de détruire, et le seul moyen d'empêcher un nain de respecter son serment, c’est de le tuer. Il avait amené avec lui une troupe que son père, chef d’un important clan, lui avait confiée. Il émergea à la suite d’une piste que ses rangers lui avaient indiquée, à la sortie d’une grotte habilement camouflée de l’extérieur. Alors que les nains finissaient d’émerger, des bruits de galop se firent entendre.
Comme le lui avait indiqué l’éclaireur, une troupe d’une bonne cinquantaine de nains se rassemblaient devant les yeux d’Aldebert. Le chevalier se dirigea vers un nain à la barbe plus blanche et étoffée que ses compatriotes, le peu que savait Aldebert des nains est que la longueur de leur barbe indique souvent leur importance sociale. Frakgukf vit arriver vers lui cette troupe aux surcots bariolés couvrant des cavaliers lourdement armés et comprit alors qu’il était en terre bretonnienne. Il fit signe à ses hommes de ne montrer aucun geste hostile, les bretonniens avaient la réputation d’être des querelleurs et une intrusion impromptue d’une troupe sur leur domaine était là une bonne raison de chercher querelle ; Frakwir avait plus important à faire que de remettre en place l’égo de quelques humains en manque de gloire.
Aldebert vit que les nains ne semblaient pas vouloir se montrer hostile, mais il fut heureux de savoir que ses chevaliers se tenaient à portée de charge si les choses dégénéraient. Il prit la parole et s’adressa au nain le plus poilu, à savoir Frakgulf :
‘’Holà, noble fils de Grungni, vous êtes là sur les terres du marquis de Longueville, dont je suis l’humble vassal, sieur de Chastel. J’aimerai connaître la raison d’une troupe si puissamment armée en ces lieux.’’
‘’Mon nom est Frakgulf, fils de Melkir du clan Vivepierre de Karak Nork, et saches que mes intentions envers ton peuple sont pacifique.’’
‘’Avec une telle troupe qui t’accompagne pour appuyer tes dires, je me permets de douter de ton pacifisme, surtout que j’ai les restes d’un village à une lieue de là qui fut récemment attaquer.’’
‘’Gamin, si on avait attaqué ton bled, crois-moi qu’on en aurait pas laissé une miette. Mais j’ai des doutes sur celui qui a commis cela, et c’est lui qui m’amène dans le coin : un skaven qui a pris possession d’un objet bien dangereux et dont j‘espère qu’il n’en a pas encore fait usage !’’
‘’Un ska…quoi ?’’
‘’Skaven, des sortes de rats géants à deux pattes toujours à la recherche d’une saloperie à faire.’’
‘’Des rats géants, vous dites ? J’ai alors quelques propos à vous soumettre.’’
Aldebert parla alors au nain des attaques dernières sur les frontières ainsi que de l’hypothèse du baron de Hauteterres. Frakgulf écouta attentivement et dit à la fin :
‘’Votre baron de Haute-quelque chose, il a du flair pour un humain, et il a bien compris ce qu’il se tramait de par chez vous.’’
‘’Et ces skavens, vous savez où ils sont ?’’
‘’Pas encore, mais ça ne saurait tarder : j‘ai là une bande de gars bien compétents dans la traque du raton et ils m’ont affirmé que l’on se rapprochait du bestiau, mais vous imaginez qu’il est pas seul à avoir fait ça et qu’y en a tripotée de ces saletés. Moi je dis que tant qu’à faire, puisque vous êtes là avec vos canassons, que nous on est là avec nos canons, et que l’autre ordure il est pas loin, autant en profiter pour aller corriger du rongeur.’’
Les ordres de Hauteterres de l’avertir dès que de nouveaux éléments apparaitraient furent bien vite oubliés devant l’idée d’annoncer, en plus de la solution du mystère, une éclatante victoire. Aldebert s’empressa d’accepter la proposition du nain.
Romanitus, chef skaven du clan Festus, regardait encore une fois le bâton gravé qu’il avait dérobé, il renfermait le pouvoir de déchirer le voile des réalités pour amener à lui des serviteurs démoniaques qui lui serait dévoué un temps. Il était encore tout fier de sa ruse qui lui avait permis de récupérer cet objet des mains des nains. Dès qu'il aura fini ce travail commandité par le conseil et consistant à attaquer les villages isolés humains pour attiser les tensions, il comptait bien utiliser l’artefact pour renverser Treshus, le seigneur du clan Festus et ainsi prendre sa place qu’il convoite depuis si longtemps. Nul doute qu’avec une armée de démons à ses ordres, même pour un court moment, il s’emparerait facilement de la tête de son clan.
‘’Chef-chef !’’ La voix suraigüe d’un de ses sbires le tira de sa rêverie, ‘’il y a danger-danger !’’
‘’Quoi-quoi ? Danger ? Dis-moi, vite-vite ! Que se passe-t-il ?’’
‘’ Les choses-naines nous ont retrouvés, pas bon, pas bon !’’
‘’Et alors, les choses-naines sont lentes-lentes ! Fuir-fuir et ils ne nous attraperont pas !’’
‘’Mais chef-chef, y a choses-hommes avec eux, et ils ont plein de choses-cheval avec eux-eux ! Même certains qui volent-volent ! Et ils sont beaucoup-beaucoup !’’
‘’Quoi ?’’ A cette catastrophique nouvelle, le chef avança jusqu’à un promontoire et contempla avec horreur les armées unies des nains et des hommes avancer droit sa position.
‘’Chef-chef, que faire-faire ?’’
‘’ Nous-nous retourner au village ! Maison gêneront les choses-cheval ! Vite-vite !’’
‘’Mais eux beaucoup-beaucoup ! Trop nombreux !’’
‘’Pas de souci-souci ! J’ai une surprise pour eux-eux !’’ Romanitus regarda le bâton rouge avec les runes démoniaques, et comme pour répondre aux intentions malveillantes du rongeur, l’objet se mit à luire. L’idée d’utiliser son atout maintenant l’empêcherait de pouvoir réclamer le sommet de son clan pour le moment, mais s’il ne le faisait pas, il risquait d’être tué, ce qui aurait la désobligeante conséquence de mettre une fin définitive à tous ses ambitieux projets.
Les armées :
Les gentils, cools, beaux qui aiment la bière et le bon vin !
Escouade de Longueville
Mené par Aldebert, chevalier de Chastel (seigneur au profil de pourfendeur)
Assisté de sieur de Manechet, porteur de la grande bannière (bouclier enchanté et vertu du devoir) et de Dame Eglantine (niveau 1 de la bête)
9 chevaliers du royaume avec état major complet et bannière de guerre
6 chevaliers errants avec musicien et champion
3 chevaliers pégases
1 trébuchet
Armée de vengeance de Frakgulf
Frakgulf (maître des runes bardé d’anti-magie)
25 rangers nains arme lourde
20 arbalétriers
1 canon runé (forge et feu je crois bien)
1 catapulte runée (pénétration et précision) c’est le socle vide
1 canon orgue
Et les méchants qui puent grave du bec et mangent le vomi des chiens
Clan Festus
Le chef Romanitus (bouclier, hallebarde)
Technomage (niveau 1 avec condensateur)
24 vermines de choc accompagné d’un mortier à globe
30 moines de la peste (le pavé tout blanc)
19 rats géants avec 1 chef de meute
3 rats-ogres avec 2 chefs de meute
1 canon à malefoudre
1 roue infernale
Démons de khorne
1 hérault exalté de Khorne
3x20 à 25 sanguinaires
5 gargouilles
D'ici peu la bataille...