Tandis qu’une pluie continue de flèches bretonniennes fauchait les fées et les arbres vivants, les traits elfiques répondaient tout aussi meurtriers bien que plus éparses.
Damoiselle Isabelle était consciente que les roturiers ne tiendraient plus longtemps malgré la présence rassurante du maréchal, elle devait impérativement contrer la sorcellerie qui contrôlait les bois pour libérer les chevaliers d’Espinal.
Protégé par de nombreux roturiers elle se concentra, tâchant d’ignorer les cris de la batailles et perçus les fils ensorcelés qui tissaient l’écheveau de la sorcellerie elfique, s’agrippant à l’un d’entre eux elle commença à s’attaquer à la toile qui emprisonnait le baron Abélard et les siens…
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« Sorcellerie ! » Cracha le Baron Abélard, tout s’était passé très vite, à peine avait il relevé la tête au terme de sa prière que trois chevaliers errants avaient été fauché par des traits sortis de nulle part qui avaient traversé les épaisse armures comme si il s’était agit de simple parchemin, puis la forêt s’était refermé sur eux les coupant du combat, les chevaliers pouvaient entendre la batailles comme si elle se déroulait à côté d’eux mais ne pouvait l’apercevoir, plus ils tentaient de rejoindre les sons, plus les branches et le lierre les retenait, s’agrippant aux armures, s’enroulant aux pattes de leurs destriers.
Pendant un instant, les branches semblèrent se desserrer et le baron pu apercevoir un grand groupe de roturiers mené par le maréchal Constantin se faire percuter par quelques arbres vivants de la taille d’un ogre.
« Chevaliers d’Espinal, en avant ! » Hurla t’il en pointant la direction de sa lance.
Mais avant que les chevaliers ne puissent traverser la brèche celle-ci se referma sur eux tel un mur infranchissable…
Un rire s'éleva dans les frondaisons, une fraction de seconde plus tard le baron Abélard entendit les cris de guerre de ses chevaliers retentir et quelque chose de lourd se laissa tomber sur la croupe de son destrier, il senti rapidement des doigts crochus tenté d’ôter les plaques d’armures qui le protégeait et un second ricanement résonna à son oreille…
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La maréchal Constantin se démenait comme un enragé, les hommes d’armes qu’il avait rejoint avaient failli céder lorsque les grand arbres les avaient percuté.
Si il n’avait fait éclater l’écorce de l’un d’entre eux à l’endroit ou il avait cru percevoir des yeux, se débarrassant par là même de l’un des monstres, nul doute que les fées auraient déjà brisé leur ligne...
Parmis les hommes autour de lui les cris de rages se mêlaient aux cris des nombreux mourants…
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Juste après que l’une des chaînes du trébuchet ait rompue Bartholomé s’était élancé aussi vite que sa jambe déformé le lui permis pour porter assistance à damoiselle Isabelle qui s’était écroulée.
Il l’aida à se relever, celle-ci l’écarta en le remerciant puis se redressant elle écarta les bras et une étrange lueur inonda le regard de la Demoiselle alors qu’elle en appelait à la Dame.
Reportant son attention sur les combats, Bartholomé pu constater que le maréchal Constantin et les hommes d’Armes du fort vigilant venaient à bout de la dernière monstruosité à branches.
Les fées étaient de moins en moins nombreuses et nombres de leur alliés achevaient de se consumer au sol et Bartholomé reprit espoir, peut être finalement pourrait il vivre un jour de plus malgré la disparition des chevaliers… C’est alors qu’il entendit ce drôle de cor qui avait retenti au début de la bataille, regardant dans la direction du son il failli hurler de terreur, mais se fut un cri de douleur qui lui échappa alors qu’un trait féerique lui traversait le bras.
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Damoiselle Isabelle se concentra à nouveau et n’entendit ni le cor résonné ni le cri du paysan qui s’était porté à son secours.
Se concentrant à nouveau sur la trame des ensorcellement qui parcourait la clairière elle pu repérer l’un des sorciers elfiques, si elle ne parvenait pas à dissiper cette sorcellerie peut être pourrait elle en neutraliser la source ?
En appelant au pouvoir de la Dame, elle tenta à son tour d’altérer les bois les entourant, y projetant sa conscience elle ordonna aux ronces de s’attaquer à son adversaire, qui, surpris, n’eut que le temps de hurler avant de finir écorché vif.
Elle senti l’emprise magique des elfes diminuer, et s’affaissa à nouveau totalement épuisé par cet ultime effort.
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Alors que les Hommes d’Armes venaient d’achever leur dernier ennemi et laissèrent éclater un cri de joie, le sinistre cor résonna.
Regardant dans la direction du son, le Maréchal Constantin laissa échapper un juron digne de l’éleveur de porcs qu’il était autrefois en apercevant cet arbre au moins deux fois plus gros que ceux qu’il venait d’abattre charger droit sur eux, terrorisés les roturiers firent un pas en arrière malgré ses injonctions de tenir, les blessés et les morts étaient nombreux et il doutait que les hommes d’armes aient le courage de repousser cette nouvelle menace… la bataille semblait perdue.
« Pour la Dame et pour l’Honneur » Hurla t’il en s’élançant, seul, face à l’homme arbre d’une voix moins assurée qu’il ne l’aurait voulu. Il abatit son Morgenstern à de nombreuse reprise faisant voler moult fragment d’écorce, avant que son adversaire ne le frappe de l’un de ses immenses poings.
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Se redressant tout en se tenant le bras, Bartholomé fut horrifié de voir voler le corps du maréchal Constantin comme si il n’avait été qu’une simple poupée de chiffon, l’homme arbre se dirigea nonchalamment vers le corps du maréchal et se pencha sur le chevalier qui semblait lutter pour se relever.
Déjà nombre d’hommes d’armes commençaient à fuir ou détournaient le regard pour ne pas assister à la fin du maréchal, tous avaient baissé leurs armes et les combats avaient cessé alors que nombre de fées armées d’arcs quittaient l’abris des ombres de la forêt…
Mais une autre note s’éleva soudain, bientôt reprise par d’autres cors.
« Les Chevaliers sont de retour ! » Entendit il Hugo s’exclamer derrière lui alors même que les chevaliers chargeaient dans la clairière enfin libérés de la forêt.
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Les chevaliers chargèrent, eux si longtemps retenu à l’écart du combat étaient à présent plein d’ardeur et d’énergie, la fourberie des fées se retournait contre elle-même et tandis que les chevaliers d’Espinal piétinaient les fées qui ne se débandaient pas, le baron Abélard d’Espinal fondit au secours du Maréchal Constantin, laissant ses conseillers aux prises avec des fées déguisées comme quelques saltimbanques sauvages, sous les vivats des hommes d’armes qui se ralliaient.
Sonnant du cor familial à plusieurs reprise, Abélard attira l’attention de l’homme arbre qui se retourna pour lui faire face, une fraction de seconde plus tard le choc fut violent et dans un fracas de lance brisée et d’esquille de bois, le baron dépassa la monstruosité d’écorce laissant choir sa lance de cavalerie dont la moitié avant était restée profondément plantée dans son adversaire.
Se retournant en tirant du fourreau son épée de naissance, il fit à nouveau face au monstre qui déjà le chargeait en poussant son cri semblable au son d’un cor infernal.
« Quand je chevauche à la rencontre de la mort, en vérité je ne crains aucun Mal car Vous êtes avec moi » Murmura le baron avant de donner des éperons.
Les deux adversaires se percutèrent à pleine vitesse, désarçonnant le baron Abélard pourtant renommé pour ses talents de jouteur et l’envoyant rouler au sol non loin du corps du Maréchal Constantin, alors même que l’homme arbre continuait sa course.
Dans la clairière les fées étaient soit en fuite soit morte, et c’est dans le silence que les Bretonniens tournèrent leur regard vers le baron et son monstrueux adversaire…
Enfin l’homme arbre ralenti sa course et se retourna, l’épée du baron profondément fiché dans l’orifice qui lui tenait lieu de bouche, avant de s’effondrer lourdement à l’instant où le baron se releva sous les hourras des combattants d’Espinal.
Nombre de roturiers avaient péri ou étaient blessés alors même que les chevaliers d’Espinal n’avaient vu que la fin des combats et étaient presque tous sain et sauf, après avoir aidé le maréchal Constantin à se relever, le baron s’approcha des roturiers, constatant que malgré les pertes la majorité d’entre eux restaient en vie, cette bataille qui s’était au départ présentée sous les pires augures avait été en fin de compte une retentissante victoire.
Le Baron ôta alors son heaume et fixa les hommes d’armes qui le fixaient à présent en silence.
« Vous avez accompli aujourd’hui des exploits dignes d’être comptés par les plus grand troubadours, soyez remerciés de votre courage. » Ponctua le baron en s’inclinant devant ses hommes.