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| | La Sainte Cave | |
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Baron Guilhem de La Tour Messie nazi brasseur de Mad Beer
Nombre de messages : 3270 Age : 35 Localisation : Quelque part entre Paris et Colombes, en train de creuser un tunnel pour atteindre la Sainte Cave. Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: La Sainte Cave Dim 30 Aoû 2009 - 20:22 | |
| COURTE PREFACE DE L'AUTEUR Nos plus vieux compagnons d'armes en ce foroume gardent sans doute intact en leur mémoire le souvenir de la bien nommée Affaire des Bouteilles. Pour ceux d'entre vous qui nous ont rejoints plus récemment, il suffit de préciser que jadis, lors d'une campagne oubliée, notre suzerain le bon baron de Havras fit publiquement une promesse que l'on peut se risquer à qualifier d'imprudente -promesse d'ivrogne, dirais-je, si l'inattaquable réputation dudit baron ne me l'interdisait. En un mot, il déclara que nos victoires seraient récompensées par force bouteilles de sa légendaire Sainte Cave. La campagne passée, nous vînmes, le cœur léger, lui rappeler sa généreuse promesse. Las ! ce fut en vain. Jamais il ne voulut tenir parole, et aucune de nos audacieuses entreprises ne put l'y résoudre. Cela du moins est connu de tous, ou peu s'en faut. Mais peut-être certains se demandent-ils en leur cœur pourquoi les dignes et preux chevaliers qui tentèrent tout pour recevoir leur vin sont aujourd'hui silencieux et semblent avoir perdu tout espoir. Telles furent mes pensées en un jour où, l'orage s'étant abattu sur mes terres, je demeurais pensif en mon château de La Tour. Je décidai alors qu'il était l'heure de révéler au Foroume incrédule les dessous de l'Affaire des Bouteilles. L'histoire en est belle et édifiante, et m'inspira une tragédie superbe, lointaine descendante des mystères médiévaux, en laquelle est sensible et manifeste la noble influence de François Rabelais, William Shakespeare et Alfred Jarry. J'ai fait le choix d'une langue aristocratique et chevaleresque, seule capable de conter ces hauts faits ; si vous peinez à la comprendre, vous êtes un manant. J'ai de même, vous le verrez, changé la forme habituelle des posts du Foroume, qui m'a paru un peu trop plébéienne. LA SAINCTE CAVE ou LA CLEMENCE DU BARON DE HAVRAS ou encor LE BON JUGEMENT DE MESSIRE SAINCT GUINEFORT
(pièce oniricque, humoristicque, éroticque et trèshorrificque)
DRAMATIS PERSONAE LE BARON LOUIS DE HAVRAS, Baron-pas-bis, Seigneur du Foroume et Roy du Frigo. LE COMTE DANGORN DE CASTAGNE. LE BARON ARTHAS DE CORGENON. LE BARON GUILHEM DE LA TOUR, Baron bis. LE DUC DES RAVIOLIS BORDELICQUES. PATSY, escuyer et larbin du Baron bis. UN LARBIN du Baron-pas-bis. UN POUILLEUX. De nombreux chevaliers, gens d'armes et raviolis. SAINCT GUINEFORT.
ACTE I
SCENE 1
LE BARON DE HAVRAS.
La Saincte Cave, antre terrificque du baron de Havras.
LE BARON DE HAVRAS, un verre à la main et à cheval sur un tonneau. Bordel de Bordeleaux, de par la barbe de Gilles, depuys trop longtemps je diffère l'heure fatale du châtiment horrificque. Car voicy : le Foroume, qu'en seigneur juste et débonnaire je gouverne et régente, frémit d'une infâme révolte. Le fier et indocile Guilhem, baron de La Tour, a réuni sous sa bannière ses vils alliés et confédérés, et leur premier coup, je le scays bien, se portera en ma Saincte Cave, si je n'y mets bon ordre. De par ceste fronde trèshorrificque contre ma sacrosaincte auctorité, ces vassaulx félons me veulent piller, despouiller et desrober : les impudents ladres font estat de quelque promesse que, disent-ils, je leur fis de mon vin. Bordel de Bordeleaux, de par la barbe de Gilles, ils mentent, les marauds, et je les vais faire misérablement périr. Or çà, merdre de merdre et bren de bren, j'ai résolu de tirer du Baron bis et de ses vilains drosles et lasches paillards de compains une terrificque vengeance qui ostera à tout jamays envie au peuple du Foroume de venir boyre en la Saincte Cave !
SCENE 2
LE COMTE DANGORN puys LE BARON ARTHAS.
Une route forestière dans les environs de La Tour.
LE COMTE DANGORN, chantant avecques entrain. Le curé de Camaret a les couylles qui pendent ! Le curé de Camaret a les couylles qui pendent ! Et quand il s'asseoyt dessus, Elles luy rentrent dans le cul...
Mortepine et couylleplate ! Qui donc chevaulche par icy ?
Entre Arthas.
LE COMTE DANGORN Holà, qui vive, de par les vingt-huyct couyllons des quatorzes Compaignons du Graal ? Qui vive ? Bren de bren, respondez, ou bien je vous vais casser les os !
LE BARON ARTHAS Ni ! De par le terrificque vit de Gilles, ni ! Çà, malepeste, sire comte Dangorn, ne me reconnoissez-vous poinct ?
LE COMTE DANGORN Bren ! Messire Arthas, les dieux vous veuillent garder de mal ! De par la saincte pine de Gilles, scavez-vous la nouvelle ?
LE BARON ARTHAS Or çà, vous voulez parler, j'en gagerais, des menteries de nostre indigne et traistre suzerain le baron de Havras, qui prétend par ladrerie nous priver de son vin !
LE COMTE DANGORN Ouy, certes. Le gueux coquin faict crier de par le Foroume que jamais ne nous l'a promis. Pour vous dire vray, sire baron, c'est la rayson qui m'amène en ceste route : car le bon Baron bis, nostre noble et preux compain, m'a convié en son chasteau pour y délibérer du moyen de reprendre nostre vin.
LE BARON ARTHAS Vit d'asne, de par mes couylles, c'est aussy pourquoy je m'y rends. Fassent les dieux que nous y apprenions quelque heureuse nouvelle.
LE COMTE DANGORN Ouy, et que soit confondu le tyran de Havras.
Ils s'éloignent.
SCENE 3
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR, PATSY, LE BARON ARTHAS, LE COMTE DANGORN et moult chevaliers du Foroume, leurs alliés et confédérés.
La grande salle du chasteau de La Tour.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Quoy, es-tu bien sûr de ce que tu avances ?
PATSY Certes ouy, sire seigneur baron, ne vous desplaise. Le baron de Havras ne veult poinct rien entendre, et il a juré que jamays ni vous ni l'un quelconque de vos compains ne gousterez son vin.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Çà, de par ma pine, mais luy as-tu bien dict que c'estoit offenser tant l'honneur que les dieux ? Qu'il estoit infâme à un gentilhomme de bafouer ainsy parole donnée ?
PATSY Messire, ouy. De par ma merdre, il m'a semblé enragé ou bien fol, et mes os en tremblent encor, et mon sang se glace en mes veines comme pissat de chèvre en hyver.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Allons, c'est bien, bon Patsy, mon brave et fydèle escuyer et larbin. Va, retourne à tes travaulx. Je te donnerai, pour tes peines, de la phynance.
Sort Patsy.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Vous avez entendu, mes bons et doulx amys, mes frères d'armes et de beuverie. Le tyran nous refuse une foys encor nostre dû.
LE BARON ARTHAS Le vilain et puant ladre, l'impudent coquin !
LE COMTE DANGORN Conspuez le baron de Havras !
TOUS Ni ! Ni ! Morre et déshonneur à luy !
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR De par soixante et sept vits d'hippogryphe, bren, il fault trouver moyen de luy arracher nostre vin, ou bien, s'il ne se peult, tirer de luy quelque horrificque vengeance.
TOUS Ouy, il le fault.
LE COMTE DANGORN De par les fesses velues de Gilles, nous ne pouvons l'abattre par les armes, car le lasche tyran a fortes et bonnes troupes : nous serions escrasés et nostre vaillance seroit vaine. A moins que Fortune nous veuille envoyer grand nombre d'alliés, je croys pour ma part qu'il fault chercher pour vaincre le baron de Havras quelque ruse terrificque.
TOUS Le sire comte de Castagne a bien parlé.
LE BARON ARTHAS De par la bren de Gilles, mortepine et chauldcouyllon, imaginons quelque stratagème subtyl, renouvelé du Cheval de Troie, et penestrons en la Saincte Cave sans estre vus, puys la pillons sans mercy.
TOUS C'est bien dict.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR L'ydée est bonne et me plaist fort. La chanson dict que le comte Guillaume prist jadys la bonne cité de Nîmes en y faisant entrer ses chevaliers et gens d'armes en des tonneaulx. Bren de bren, rien ne nous empesche de faire de mesme !
TOUS Pissemerdre ! c'est vray.
LE COMTE DANGORN Merdigues, merdaille, merdre de merdre, voylà qui est beau. Nous luy ferons porter force tonneaulx de quelque vin délectable, et nous y cacherons. Une foys entreposés en la Saincte Cave, nous y ferons une beuverie terrificque et le sire de Havras sera joué.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Alors, c'est dict. Allons mettre en œuvre nostre stratagème.
Il se lève.
Amys, à n'en poinct doubter, nous vaincrons pour ce que nous sommes tellement tro forre.
TOUS Ouy ! Vive le Baron bis ! Vive le vin !
ACTE II
SCENE 1
LE BARON DE HAVRAS puys UN LARBIN.
La Saincte Cave.
LE BARON DE HAVRAS, sortant d'un tonneau renversé. Eh, de par ma merdre, de par quarante-huyct vits d'asnes chastrés ! Je croys que j'ay encor trop bu. Les dieux confondent ces maudicts pilleurs de cave ! Bren ! les voicy. Arrière, comte Dangorn, tu n'auras poinct mes bouteilles. Tu peulx te brosser, maroufle, pendard de ma merdre. Oh ! et voylà cest aultre faquin. Va donc esplucher des vits d'asnes, Guilhem de La Tour, baron de mes bourses ! Je te vais arracher les yeulx. Bren ! encor un. Ne va poinct plus avant, impudent sire Arthas, ou bien je te vais couper les oneilles. Mais aussy ils sont trop nombreux.
Il rentre en son tonneau.
Ah ! de par ma pine, si vous vouliez bien estre moins nombreux, messeigneurs de ma merdre, je vous couperais les oneilles.
Entre un larbin.
LE LARBIN De par ma merdre, sire seigneur baron, il y a là à la porte des gens qui vous veulent parler.
LE BARON DE HAVRAS, du fond de son tonneau. Garçon de ma merdre, larbin merdicque, je te vais couper les oneilles. Fuys en toute haste si tu ne veulx périr misérablement.
LE LARBIN Sire seigneur baron, bren et chauldepisse, ils vous veulent, disent-ils, offrir du vin.
LE BARON DE HAVRAS, sortant à quatre pattes de son tonneau. En ce cas je consens à les recevoir. S'ils ont pour moy de bon vin, je les veulx bien traicter.
SCENE 2
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR, LE COMTE DANGORN, LE BARON ARTHAS, PATSY puys LE BARON DE HAVRAS.
Aux portes du chasteau de Havras, Patsy se tient devant force charettes chargées de tonneaulx de vin.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR, dans un tonneau. Pissemerdre ! Faictes silence, sans quoy nous sommes pris, de par le sainct string de Gilles.
LE COMTE DANGORN, dans un aultre tonneau. De par mes sainctes couylles, Baron bis, bren, vous faictes à vous seul la moitié du tapage.
LE BARON ARTHAS, dans un tiers tonneau. Merdaille et merdre terrificque, restez coys une foys pour toutes ! Voicy le baron de Havras.
LE COMTE DANGORN Vous estes tous de pauvres drosles, avecques vostre bruit horrificque. De par les chaulds couyllons de Gilles, ce sera bien vostre faulte si nostre ruse vient à misérablement foyrer.
Entre le baron de Havras.
LE BARON DE HAVRAS, contemplant les tonneaulx. Oh ! comme il y en a beaucoup. Je ne l'aurais poinct cru. Mais peut-estre voys-je double, encor.
A Patsy.
Or çà, garçon de mes oneilles, fouette tes chevaulx et m'emporte ce vin en mon chasteau. Cependant, je le veulx d'abord gouster.
LE COMTE DANGORN et LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Merdre ! cest yvrogne pisse-vin nous va descouvrir.
LE BARON ARTHAS De par la saincte prostate de nostre seigneur Gilles, si vous ne vous taisez, je vous vais couper les oneilles.
LE BARON DE HAVRAS, ouvrant le tonneau d'Arthas. Bren ! De par ma merdre, cestuy tonneau-là est un tonneau parlant. De par la barbe de Gilles, merdre !
Il tire Arthas de son tonneau.
Çà, messire, dictes-moy vray, estes-vous du vin ? Car vous estes en un tonneau, mais vous ne me paroissez poinct liquide.
LE BARON ARTHAS Mortepine, sire baron, ouy, je suis du vin, et m'en croyez, car je suis de bon vin, et bon vin ne scauroit mentir, ainsy ne mens-je poinct, et vous vous pouvez fier à moy.
LE BARON DE HAVRAS Oh, bren, cela est trop ardu pour moy. Je te vais couper les oneilles, et gare si tu cries ! car un vin n'ayant poinct d'oneilles, ainsy nécessairement il ne crie poinct quand on les luy veult couper.
Il sort du fourreau son espée terrificque.
LE BARON ARTHAS A moy ! A moy, mes bons compains ! Le traistre maroufle me veult couper les oneilles.
LE COMTE DANGORN et LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Merdre ! Accourons à la rescousse de nostre amy.
Ils sortent des tonneaulx en brandissant leurs espées trèshorrificques.
LE BARON DE HAVRAS Bren ! C'estoit quelque piège merdicque. Messeigneurs de ma merdre, vous allez passer tout à l'heure par ma marmite terrificque, où vous serez bouillys comme vyande de bœuf.
LES TROYS PILLEURS DE CAVE Merdigues ! Défendons-nous ! Il est en infériorité numéricque.
Surgissent moult gardes du chasteau de Havras.
LE BARON DE HAVRAS Messeigneurs mes vassaulx félons, ces messieurs vous vont couper les oneilles.
Aux gardes.
Sires larbins, coupez-leurs les oneilles. Je vous donnerai de la phynance.
LES GARDES Merdre, sire seigneur baron ! Il sera faict selon vostre bon plaisir.
LES PILLEURS DE CAVE Bren ! escampons-nous vivement.
Ils sortent, poursuivis par les gardes. Le baron de Havras retourne en la Saincte Cave. Et là, suce-panse. Que diantre va-t-il se passer ? Les Pilleurs de Cave, maintenant en complète déroute, sauront-ils se ressaisir ? Perdront-ils courage ? Verront-ils un jour la Sainte Cave ? L'infâme tyran de Havras sera-t-il mis à bas ainsi qu'il le mérite ? Tout cela, et bien plus, vous le saurez quand j'aurai fini de taper les deux derniers actes. _________________ - Spoiler:
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| | | Baron Guilhem de La Tour Messie nazi brasseur de Mad Beer
Nombre de messages : 3270 Age : 35 Localisation : Quelque part entre Paris et Colombes, en train de creuser un tunnel pour atteindre la Sainte Cave. Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: La Sainte Cave Jeu 3 Sep 2009 - 0:46 | |
| Fort du succès éclatant des deux premiers actes de La Saincte Cave, j'ai ce soir le plaisir et l'honneur de présenter au Foroume la fin de cette tragédie tant poignante que moralement édifiante. On y découvrira en particulier la raison profonde des deux titres que j'ai cru bon d'ajouter au premier. Que la noblesse y trouve un digne modèle de conduite chevaleresque comme de bon gouvernement, et le peuple de nouvelles raisons d'honorer avec ferveur les barons (et les comtes). ACTE III
SCENE 1
LE BARON ARTHAS, UN POUILLEUX, puys LE COMTE DANGORN et LE BARON GUILHEM DE LA TOUR.
Un sentier perdu du Frigo.
LE BARON ARTHAS De par la merdre horrificque de Gilles, quelle distance pour le Bac à Légumes, brave paysan ?
UN POUILLEUX De par ma merdre, messire vostre seigneurie, vous avez encor deux bonnes lieues devant vous avant que d'y arriver, merdaille.
LE BARON ARTHAS Et quel chemin prendrons-nous, bon manant ?
LE POUILLEUX Sire seigneur chevalier, de par mes hémorroïdes, merdre, prenez doncques à dextre après les Bouteilles de Bière, et puys après tout droict, puys enfin à senestre quand vous aurez passé le Pot de Moustarde.
LE BARON ARTHAS Mercy, sire pouilleux. Je te donnerai de la phynance.
A Dangorn et Guilhem, qui sont restés en arrière.
Holà, compains, venez çà prestement, car j'ay retrouvé nostre route.
Entrent le comte Dangorn et le baron Guilhem de La Tour.
LE COMTE DANGORN et LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Bren ! nous voicy.
Ils chevaulchent.
LE COMTE DANGORN De par les bourses de Gilles, nostre desroute est entière. Le tyran reste vainqueur et seul maistre de la Saincte Cave.
TOUS Merdigues ! Les dieux le confondent !
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Et avecques ça, l'on diroit qu'il se prépare quelque orage terrificque.
LE BARON ARTHAS Bren ! Pressons nos chevaulx et abritons-nous au plus vite en le Bac à Légumes.
Ils sortent.
SCENE 2
LE COMTE DANGORN, LE BARON GUILHEM DE LA TOUR et LE BARON ARTHAS.
Une clairière dans le Frigo. Un orage horrificque gronde. Les pilleurs de cave se serrent contre un pot de gelée de mûres pour tenter de s'abriter de la pluye.
LE COMTE DANGORN Bren ! Quel déluge. Avecques toute ceste eau, l'on pourroit sans peine noyer vingt foys tout ce qu'il est de vin en la Saincte Cave.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR De par ma merdre, cest orage nous égaré et nous ne scavons où nous sommes. Merdaille, orage de ma merdre, si tu ne cesses, je te vais couper les oneilles.
L'orage cesse peu à peu.
LE BARON ARTHAS De par les saincts couyllons de Gilles, bren, je scays maintenant où nous sommes. Nous voylà en le sinistre domaine des Raviolis Bordelicques, ainsy nommées pour ce qu'ils sont préparés avecques force bordeleaux 1537.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Merdigues ! L'on dict que ces féroces pastes alimentaires sont à cestuy jour demeurées invaincues.
LE COMTE DANGORN Ouy, et, qui pis est, elles sont vassales fydèles de Havras.
LE BARON ARTHAS A leur nom, l'on s'en seroit doubté.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Bren, mes bons amys, de par ma pine, sachons nous monstrer preux. Car au-delà des terres des Raviolis Bordelicques se trouve nostre bon Bac à Légumes. Si nous les pouvons traverser, nous serons en sûreté, et bien au sec.
LE COMTE DANGORN et LE BARON ARTHAS Merdre ! Allons-y, et chevaulchons avecques prudence.
Ils sortent.
SCENE 3
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR, LE COMTE DANGORN, LE BARON ARTHAS puys LE DUC DES RAVIOLIS BORDELICQUES et son ost terrificque.
Une lande lugubre dans le Frigo.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Haut la pine, compains ! J'aperçoys dans le lointain nostre trèssainct Bac à Légumes.
LE COMTE DANGORN De par le sainct string de Gilles, quelle est ceste clameur horrificque ?
LE BARON ARTHAS et LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Bren ! c'est l'ost des Raviolis Bordelicques !
Entrent le duc des Raviolis Bordelicques et moult raviolis terrificques, en grand harnoys de bataille.
LE DUC DES RAVIOLIS BORDELICQUES De par ma merdre, ce sont les vils rebelles dont nostre suzerain le bon baron de Havras nous a réclamé la teste. Empoignez-les rudement, compains ! Coupez-leurs les oneilles ! Nostre seigneur nous donnera de la phynance.
LES RAVIOLIS BORDELICQUES Merdaille ! Assaillons-les !
LES PILLEURS DE CAVE Ah, c'est ainsy ! Aux armes, à la bataille !
Ils tirent prestement leurs espées terrificques.
LE DUC Sires seigneurs chevaliers, je vous promets la vie saulve. Rendez-vous, sans quoy nous vous coupons les oneilles.
LES PILLEURS DE CAVE Bren pour vous ! Venez çà, raviolis de nostre merdre, nous vous allons couper en tranches.
Ils font un massacre horrificque de raviolis.
LES RAVIOLIS Malheur ! nous voylà perdus.
LE BARON ARTHAS Tiens, ravioli à la merdre ! Meurs doncques. Je te vais casser les os.
Il embroche troys raviolis d'un coup d'espée.
LES RAVIOLIS Bren ! nous sommes mourus.
LE COMTE DANGORN Prends doncques cela, ravioli de mes estrons ! Je te vais couper les oneilles.
Il décapite troys raviolis d'un coup d'espée.
LES RAVIOLIS Merdigues ! ils sont tro forre pour nous.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Voylà pour toy, ravioli merdicque ! Je te vais marcher sur les pieds.
Il étripe troys raviolis d'un coup d'espée.
LES RAVIOLIS Merdre de merdre ! fuyons.
L'ost des raviolis bat ignominieusement en retraite. Les pilleurs de cave retiennent le duc prisonnier.
LE COMTE DANGORN Ah, voylà qui est bien, nous sommes vainqueurs.
LE BARON ARTHAS, au duc. Quant à toy, ravioli pisse-vin, je te vais arracher les yeulx.
LE DUC Grâce, sires seigneurs chevaliers.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Çà ! pour prix de ta vie, dys-nous sans tarder davantage le moyen d'entrer en la Saincte Cave sans estre vu. Si tu parles, nous te laisserons aller et t'en retourner parmi les raviolis tes sujets. Si tu refuses, je te vais couper les oneilles.
LE COMTE DANGORN Et gare si tu mens ! car alors nous te reviendrons couper les oneilles.
LE DUC Grâce, sires seigneurs chevaliers ! Je vous donnerai de la phynance.
LES PILLEURS DE CAVE Bren ! Parleras-tu, sac à merdre ?
LE DUC Pitié, sires seigneurs chevaliers ! Voicy : au fin fond du Bac à Légumes il est un vieulx bouchon de liège. Sous ce bouchon se trouve une porte trèsancienne, secrète et arcanicque. Dictes seulement « bordel de Bordeleaux », et alors il vous sera loysible d'entrer en la Saincte Cave.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Merdigues ! voylà qui est beau. Maintenant escampe-toy doncques prestement, rejoins ton ost en desroute, sans quoy je te vais couper les oneilles.
LE DUC Grâce, mes trèsredoubtés seigneurs !
Il s'enfuit misérablement.
LE BARON ARTHAS De par ma pine, bren de bren, et de par celle de nostre seigneur Gilles, vite en route ! Car l'heure de nostre victoire approche.
LE COMTE DANGORN et LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Chevaulchons vivement !
Ils sortent.
ACTE IV
SCENE 1
LE COMTE DANGORN, LE BARON ARTHAS et LE BARON GUILHEM DE LA TOUR.
Un lieu oublié du Bac à Légumes. Les pilleurs de cave ont mis pied à terre.
LE COMTE DANGORN Bren ! je croys que nous y sommes.
LE BARON ARTHAS Ouy, voylà le bouchon de liège.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR De par le terrificque vit de Gilles, soulevons-le.
Ils soulèvent le bouchon. Un escalier de pierres usées et moussues apparaît.
LE BARON ARTHAS Merdigues ! Premiers parmi les chevaliers du Foroume, nous avons descouvert la secrète et arcanicque entrée de la Saincte Cave. Descendons sans peur.
Ils disparaissent dans l'escalier ténébreux.
SCENE 2
LE BARON DE HAVRAS puys LE BARON GUILHEM DE LA TOUR, LE COMTE DANGORN, LE BARON ARTHAS et enfin SAINCT GUINEFORT.
La Saincte Cave, remplie d'une infinité de tonneaulx.
LE BARON DE HAVRAS, sortant la teste d'un tonneau. De par ma bouteille, merdre et merdaille, ma victoire est complète et j'ay donné à ces rustres une leçon qu'ils n'oublyeront poinct. Mais, bren, je croys que j'ay encor trop bu. De par la barbe de Gilles, que sont ces bruits de pas et murmures dans l'obscurité ? Merdigues ! j'ay peur. Cachons-nous.
Il rentre la teste en le tonneau.
De par la merdre de Gilles, mortepine, sur ma vie ! ce sont des lutins et farfadets. Bren, ils me viennent couper les oneilles. Grâce, sire lutin, ne me coupez pas les oneilles ! Je vous donnerai de la phynance.
Entrent les pilleurs de cave.
LES PILLEURS DE CAVE Bren et bordel de Bordeleaux ! La Saincte Cave ! Icy est la fin de nostre queste.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Loués soient les dieux, de par les sainctes couilles de Gilles !
LE COMTE DANGORN Mettons les fûts en perce !
LE BARON ARTHAS Desbouchons les bouteilles !
LES PILLEURS DE CAVE Buvons !
LE BARON DE HAVRAS, jaillissant d'un tonneau. Arrière, lutin ! Poinct ne boiras mon vin ! Je te vais marcher sur les pieds.
LES PILLEURS DE CAVE Merdre ! le baron de Havras.
LE BARON DE HAVRAS Oh, bren, de par ma merdre, messeigneurs mes vassaulx, je suys bien ayse de vous voyr.
LES PILLEURS DE CAVE Bren ! c'est encor raté.
LE BARON DE HAVRAS Je m'en vais, pour commencer, vous couper les oneilles.
LE COMTE DANGORN Sire baron de Havras, nostre cause est juste.
LE BARON GUILHEM DE LA TOUR Vous nous promistes force bouteilles.
LE BARON ARTHAS Nous ne voulons rien aultre chose que nostre dû.
LE BARON DE HAVRAS Je n'ay rien promis, vous avez resvé. Je vous vais casser les os.
LES PILLEURS DE CAVE Traistre et gueux coquin !
LE BARON DE HAVRAS Bren, bren, bren. Avez-vous fini ? Je vous vais marcher sur les pieds.
Il sort du fourreau sa lame horrificque.
LES PILLEURS DE CAVE Merdaille ! nous voylà mal.
LE BARON DE HAVRAS Silence ! Pour vostre audace et folle impudence, messeigneurs mes vassaulx félons, je vous vais bannir du Frigo, puys noyer, pendre, écarteler, décapiter, empaler, brûler et puys enfin marcher sur les pieds. Mais avant toute aultre chose, je vous vais couper les oneilles.
LES PILLEURS DE CAVE Bren ! nos oneilles !
Un terrificque grondement de tonnerre fait soudain trembler la Saincte Cave. Au sommet d'une montagne de tonneaulx apparaît Sainct Guinefort, nimbé de lumière.
TOUS Merdigues ! c'est sainct Guinefort.
SAINCT GUINEFORT Halte là ! Sire baron de Havras, retenez le flot impétueux de vostre ire ardente ! Et vous tous, oyez et entendez la moulte sacrée parole et bon jugement de sainct Guinefort !
TOUS De par la pine de nostre seigneur Gilles, nous vous écoutons, sire sainct Guinefort.
SAINCT GUINEFORT Voicy : les dieux m'envoient desbrouiller pour vous l'Affaire des Bouteilles. Sire de Havras, je suys venu vous exhorter à la clémence. Vos bons vassaulx ne se sont poinct soulevés en une fronde horrificque par hayne de vous, mais bien plutost par amour de vostre vin, ce que bien pouvez saisir. Or doncques faictes-leur miséricorde, et verrez que vostre clémence n'aura poinct été offerte à des ingrats, car ils seront à dater de ce jour de vos plus fydèles compagnons d'armes. Ils n'assailleront plus la Saincte Cave, sinon pour de ryre.
LE BARON DE HAVRAS Sire sainct Guinefort, de par ma pine, bren, j'estois égaré et j'ay grande reconnoissance envers vostre droict et bon jugement.
Aux pilleurs de cave.
Messeigneurs mes bons vassaulx, vivons en paix. Je vous veulx honorer entre tous et ne vous poinct couper les oneilles. Recevez de ma main ces troys bouchons de trèssainct bordeleaux 1537. Ils vous seront talismans terrificques, marques honorificques et symboles de nostre bonne entente. Pour ce, portez-les avecques fierté.
TOUS Vive sainct Guinefort ! Vive le vin ! Vive nous !_________________ - Spoiler:
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