C'est la rentrée ! Alors que le BaronPaBis, tel un nouvel Indiana Jones, ramène de ses vacances la mythique saucisse de Mykonos*, je me suis contenté d'un séjour à la limite de la Corrèze et du Cantal. Oui, oui, cette région paumée du centre de la France où on se demande comment des gens peuvent survivre toute l'année**
Donc, en Corrèze, en un lieu dit "le Puy d'Arrel", à Saint-Julien-Aux-Bois, Pierre Gire, un illuminé à la fois érudit et bâtisseur a commencé aux alentours de 2004 à construire un village médiéval après quinze années de recherches historiques. Il a appelé ce site
"Les fermes du Moyen Age en Xantrie"Petit à petit lui et sa famille ont entrepris de construire un hameau un peu à la manière des bâtisseurs de Guédelon, mais dans un milieu bien plus modeste, celui de la paysannerie locale au XVème siècle. Le village comporte maintenant une petite dizaine de bâtiments : chaumières, remises, séchoir et une magnifique chapelle, avec le petit cimetière devant, l'ossuaire sur le coté et quelques fresques naïves à l’intérieur.
Comme à Guédelon, ce qui pourrait sembler austère et peu démonstratif devient passionnant par la sincérité, l'érudition et le désir de partage de quelques hommes.
Parce que ces fermes ont une histoire (fictive, mais convaincante, grâce aux solides recherches en amont), chaque bâtiment a ses habitants décrits en détail dans un film projeté au début de la visite ou dans les multiples panneaux explicatifs et très pédagogiques qui parsèment le site. Les plantes qui poussent ici sont celles utilisées à l'époque. Le petit jardin médiéval est sans doute le plus grand, le plus joli et le plus agréable que j'ai visité, avec ses ruches en osier permettant aux abeilles de profiter de ses fleurs.
Les animaux qui s'ébattent dans les prés ou les volailles qui vous passent entre les jambes sont des espèces proches de celles que vous verrez sur les miniatures des livres d'heures.
Mais ce qui fait le véritable intérêt du site est son coté vivant. On a l'impression que les habitants se sont juste absentés pour la journée, en laissant sur place les ustensiles de la vie courante, les berceaux, les écuelles et les lampes à huile. Et cette impression n'est pas forcément fausse : des gens vivent ici une partie de l'année et Pierre Gire, à l'initiative du projet , semble même y vivre toute l'année (ce qui est tout de même admirable parce que la région est rude en hiver !). Les animaux de la ferme sont entretenus, les champs sont semés, le miel est récolté, au rythme des saisons, comme autrefois.
Car c'est un des cotés les plus troublant de ce lieu : on ressent assez vite une impression de vie immuable et pas tellement éloignée de nous dans le temps. Un des visiteurs qui écumait le site en même temps que moi était visiblement d'origine rurale : un accent bien rocailleux, le chapeau de paille qui va bien et la canne de berger sur laquelle il se calait le dos pour se reposer. Il était intarissable sur chacune des pièces visitées, rappelant sans cesse des anecdotes de sa jeunesse pas si ancienne que ça, précisant l'usage de tel outil, de tel couchage ou de telle séparation dans l'étable.
De la même manière, j'ai découvert l'aspect du sarrasin qui constituait une des bases de l'alimentation du moyen-age ...comme de celle des paysans de Corrèze de l'après guerre.
Bref, un lieu hors du temps qui peut plaire à tout le monde et qu'il est recommandé de faire en famille : ma fille a bien aimé les animaux qui gambadent un peu partout, ma femme l'ambiance bucolique et le site sauvage des monts d’Auvergne, moi les précisions sur la rude vie de l'époque et le coté "jeu de rôle".
Aller, pour finir une petite précision : alors que le guide du "Routard" accorde 3 étoiles au site (le maximum possible), il n'y a pas de site internet officiel ...c'est pas un truc de dingue en 2015 ??
* private joke à l'usage exclusif des membres du conseil.
** Ça, c'est mon coté "Parigot, tête de veau". Je le fais bien, non ?