Et, hop, un gros coup de nécromancie pour signaler la bonne surprise de mon après midi. Vu le froid de loup qui s'est abattu sur la capitale, j'ai décidé d'aller faire un tour pour me réchauffer au musée de Moyen-âge. Je comptais juste me frayer un chemin jusqu'aux "Dames à la licorne", histoire de voir si j'avais pas changé d'avis. L'exposition temporaire est consacré au
"Verre, un moyen âge inventif" et, franchement, je comptais y passer en coup de vent. Bah, j'avais tort !
L'expo commence par un petit film qui traite de la fabrication du verre et des différence entre le sud (Italie et Moyen Orient) et le nord (France, Allemagne). C'est intéressant, bref et bien conçu. On attaque ensuite le vitrail, avec quelques très belles pièces. Certains des vitraux de la basilique de Saint Denis qui, selon Suger, ont englouti la moitié du prix total de l'édifice !
Il faut dire que le secret de la fabrication du verre a été perdu depuis l'antiquité et que le verre bleu (un bleu clair, superbe) doit être importé du moyen Orient. Je sais pas vous, mais moi, cette matière tellement fragile et précieuse fabriquée à des centaines de kilomètre d'ici qui voyage à travers les périls et aléas des transports de l'époque juste afin que des artisans puissent éclairer la basilique, ça me fait rêver.
Là, il s'agit d'un vitrail plus tardif de la sainte chapelle, mais on va pas chipoter ...
Ensuite on attaque le verre civil, avec les fenêtres (seuls quelques fenêtres du XVIème sont présentées : il semble qu'aucune croisée de moyen âge n'ait survécu), les premières incrustations de verre sur les monuments ou objets d’orfèvrerie et une grosse collection d'objets de formes et de destination très variées, tous en verre. On a droit aussi à de belles illustrations, aussi bien venant de gravures ou de manuscrits que de très beaux tableaux. C'est instructif et jamais rasoir.
Une corne à boire retrouvée dans un tombe mérovingienne.
Plusieurs vitrines sont consacrées aux émaux (visiblement, c'est un peu du "verre opaque" et la technique est très semblable : encore une découverte !) dont le musée possède une très belle collection, notamment de Limoge.
Dans une autre vitrine ont été rassemblés plusieurs outils retrouvés en fouille. Voir "en vrai" les outils décrits dans la vidéo d'introduction est assez émouvant. Mais la palme de l'émotion revient à ce moine qui a laissé entre les pages d'un manuscrit sa paire de bésicles (les mêmes que Sean Connery dans "le nom de la rose"). Les bésicles ont laissées une trace qui se voit encore distinctement aujourd'hui !
Bon, je suis sorti de là avec des étoiles dans les yeux et l'impression d'avoir appris plein de chose sur le verre, ce qui m'a fait m'intéresser de manière complètement différente aux vitraux présents ailleurs dans le musée. Musée où je me suis un peu perdu : les travaux avancent mais c'est loin d'être terminé et le parcours de visite est alambiqué et cahotique.
Si certains d'entre vous passent par la capitale et veulent y faire un saut, ça mérite vraiment ; surtout si le thème vous intéresse !
De mon coté, je pensais être complètement imperméable et suis sorti enchanté !