Il y a quelques temps, je vous ai raconté les débuts de cette belle tradition qu'est le tournoi. Toutefois, le XIIème siècle ne fut pas marqué par l'apparition d'une seul, mais de deux "nouveautés" dans le domaine de la guerre. D'abord, les tournois concernant une minorité chevaleresque et ensuite, le mercenariat.
les mercenaires :
Tandis que les chevaliers se livrent à cette belle pratique qu'est le tournoi, les princes (à noter que l'on appelle "princes" ou "barons" les hauts nobles pour ceux qui ne l'auraient pas compris ainsi...) font leurs vraies guerres avec des mercenaires qui se forment alors en en véritables compagnies (ou
Route). Ces guerriers sont appelés
routiers. Ils font la guerre à cheval et sont réputés pour leur spécialisation technique, notamment dans le maniement de l'arbalète (encore une arme interdite par l'Eglise, ça).
Fait intéressant, rien ne prouve que les premiers routiers aient été d'origine populaire. Il semblerait que beaucoup furent des cadets de familles nobles.
Il est à noter que cette pratique du mercenariat touche principlament les regions où il n'y avait pas de tournois (autrement dit, le Centre et le Sud de la France).
Un mercenaire n'a, contrairement à un chevalier, mais ça vous vous en doutiez certainement un peu, aucun lien de vassalité avec les princes qu'il sert.
Bon, allez, je vous met une petite définition pour le plaisir (même si c'est un peu HS).
-La soudée : Somme payée à un guerrier jusqu'à l'epoque de la première croisade. Les guerriers ainsi payés sont nommés
soudoyés (en gros, c'etait cela la pratique jusqu'à l'invention de mercenariat. Ces guerriers sont, à ce qu'il me semble, plus proche des simples hommes d'armes comme ceux que l'on trouve dans notre chère Bretonnie).
1165 : Le bon Roi Louis VII le Jeune blame le mercenariat. Le pape, lui, condamne cette pratique et menace d'excommunication (action fréquente à l'epoque. C'est d'ailleurs grâce à celà que les papes purent imposer leur domination théologique sur les seigneurs laics durant la reforme grégorienne, ces derniers ayant peur que leurs descendants ne puissent leur succéder à cause de l'excommunication. Merde, j'ai encore fait une digression. navré). En cette même année, Louis VII rencontre Frédéric Barbe Rousse (Saint Empire Germanique). Les deux seigneurs s'engagent alors à ne pas utiliser de troupes de mercenaires l'un contre l'autre en bons seigneurs chrétiens qu'ils etaient (histoire de se faire bien voir de l'Eglise qui a, là encore, comme pour les tournois, condamné cette nouvelle façon de faire la guerre.). Louis VII, souhaitant conserver le soutien de l'Eglise que son père avait obtenu avant lui, n'engagera d'ailleurs jamais de mercenaires, pas plus qu'il n'organisera de tournois.
Les mercenaires jouissent alors d'une terrible reputation Dans les années 1160, ils forment une véritable classe contrastant avec la chevalerie de tournoi qui fut, elle, idéalisée (opposition entre un monde sale et un monde noble et beau).
Dans de nombreuses regions, comme par exemple le massif central, de nombreuses troupes de mercenaires sevissent. En temps de paix, après leur licenciement, ils continuent de se battre en pillant et en se mettant au service de plus petits seigneurs... on peut dès lors dire qu'ils ne faisaient pas grand chose pour améliorer leur image, n'est-ce pas ?