Le Royaume de Bretonnie
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Le Royaume de Bretonnie
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 "L'ombre et l'acier"

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Tancrède Soufflardent
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Tancrède Soufflardent


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MessageSujet: "L'ombre et l'acier"   "L'ombre et l'acier" EmptyJeu 12 Avr 2007 - 12:35

CHAPITRE I


Jehan se réveilla en sursaut. Quelque chose n’allait pas dans la ferme, et un sentiment étrange l’avait tiré de son sommeil. Se redressant sur sa paillasse, il tendit l’oreille. Il lui fallu un instant pour comprendre. Il n’y avait plus aucun bruit, pas même le hululement du hibou qui habitait le vieux chêne derrière la maison. Le silence s’était emparé du hameau, un silence surnaturel et inquiétant.

Frissonnant sous l’effet de la fraîcheur de la nuit, le jeune homme quitta sa paillasse au coin du feu et enfila sa tunique. Un bruit le fit alors sursauter. Ce n’était qu’un faible bruissement, mais dans le silence ambiant, il résonnait comme un coup de tonnerre. Jetant un œil par les fentes du vieux volet de bois, Jehan aperçut des formes se glisser hors des bois.

« Des brigands », pensa t’il en s’emparant de sa hache de bûcheron. Un rayon de lune perça alors à travers les nuages, révélant les cornes des rôdeurs. Un long frisson parcouru son échine pendant qu’il pensait « Erreur, mon gars, ce sont des créatures des bois ».

Jehan vit les formes s’approcher de la ferme du père Jeannot. Tandis qu’il hésitait entre se faire tout petit pour ne pas se faire voir et réveiller les voisins, les premières bêtes enfoncèrent la porte de la ferme et des hurlements se firent entendre dans tous le village.

Terrifié, Jehan ouvrit la porte et s’enfuit dans la nuit, abandonnant le village à son triste sort. Complètement perdu, il couru pendant un long moment avant de s’arrêter, poursuivi par les cris des paysans. Il finit par s’effondrer, épuisé, et trouva refuge dans une grotte au bord d’un petit étang. Malgré sa peur, il finit par glisser dans un sommeil troublé.

Pour la deuxième fois de la nuit, il fut tiré de son sommeil par une prémonition. Ouvrant les yeux, il vit que la brume s’était infiltrée dans la grotte, mais que curieusement, elle n’était pas froide et humide. Au contraire, elle le réchauffait et l’apaisait, comme la main de sa mère autrefois, bien avant que la peste ne l’emporte. C’est alors qu’il La vit.

Debout devant l’entrée de son refuge, une femme d’une incroyable beauté le regardait. Jehan eut un mouvement de recul en constatant que la robe de la femme disparaissait dans la brume et qu’elle semblait flotter au-dessus de l’eau. Des larmes coulaient de ses yeux violets et un sourire triste flottait sur ses lèvres pâles. La lueur de la lune donnait un aspect argenté à sa peau et jouaient dans ses cheveux.

« Jehan », lui murmura t’elle d’une voie aussi pure qu’une source de montagne, « les sombres créatures des bois sont revenues souiller mon domaine. Les chevaliers sont partis à la guerre au-delà des montagnes, dans les terres froides de l’Empire. Personne ne reste pour défendre ma terre et mes gens.

« - Ma Dame, comment pourrions nous nous défendre, les seules armes que nous possédons sont nos mains. C’est le rôle des chevaliers de protéger les faibles, mais ils nous ont abandonnés. Que pourrions nous faire d’autre que fuir et nous cacher ?

« - Tu dois te lever et te battre pour protéger ma terre, jeune homme. Je t’ai choisi pour cette tâche.

« - Mais je ne puis partir en guerre, ma Dame. Je n’ai point de harnois, et n’ai jamais manié d’épée.

« - Ne t’inquiètes pas pour cela. Je t’ai amené ce qu’il te fallait »,
lui dit-elle en lui montrant la cuirasse argentée, le bouclier et la longue lame, luisant doucement sous la lumière de la lune. « Cette lame est enchantée et elle guidera ta main vers le cœur de tes ennemis. Elle appartenait à ton seigneur, avant qu’il ne s’en sépare en devenant mon champion. Elle est à toi désormais. »

Emerveillé, mais encore terrifié, Jehan vit alors la brume se refermer sur lui et il se rendormit.

La chaleur des rayons du soleil sur sa peau le réveilla. Il faisait déjà jour depuis longtemps. Ouvrant les yeux, Jehan se demanda s’il avait rêvé toute cette nuit. C’est en voulant se lever qu’il réalisa qu’il portait l’armure d’un chevalier, avec les éperons d’or et que l’épée argentée était suspendue à sa ceinture.

« Ainsi, ça n’était pas un rêve. Les Bêtes des Bois ont bien attaqué le village et moi, pauvre paysan, j’ai vu la Dame du Lac en personne. Et elle m’a donné des armes. C’est vrai que j’ai fière allure dans cette belle armure. Mais vais-je pouvoir me servir de cette épée… »

Mettant de côté ses doutes, Jehan revint au village. Les maisons achevaient de se consumer, mais aucune signe des habitants. S’il en croyait les traces, les habitants avaient été capturés et emmenés vers les bois.

« Et bien, je crois que je vais devoir y aller ». Redressant les épaules, Jehan marcha d’un pas résolu vers les sombres bois, bien résolu à retrouver les villageois.

Jehan marcha plusieurs heures à travers les taillis et les sous-bois. La piste était facile à suivre pour quelqu’un qui braconnait les lapins depuis qu’il était en âge de marcher. Le soir commençait à tomber quand il entendit les tambours battre au plus profond des bois. S’approchant prudemment, il vit les lueurs de grands feux brûlant dans une clairière. Les Bêtes étaient là, dansant et rugissant, tapant sur des tambours faits d’os et de peaux humaines. Des monticules d’ossements s’adossaient à une grande pierre gravée de symboles maléfiques. Les prisonniers étaient attachés près d’une grande table de pierre, apparemment pour y être sacrifiés.

Tandis qu’il observait, Jehan vit les deux plus grandes créatures s’affronter, sans doute pour s’assurer du contrôle de la harde, tandis que les autres les acclamaient. Une Bête vêtue de peaux et tenant à la main un bâton décoré de plumes et d’os observait la scène. Finalement, l’un des combattant s’effondra, mortellement blessé. Il fut dépecé vivant et toutes les Bêtes se partagèrent sa chair.

Ecoeuré, Jehan sortit son épée du fourreau, tandis que le chaman approchait un des captifs de la table sacrificielle. Il sentit la lame frémir dans sa main, impatiente de laver la souillure de ce lieu.

Hurlant un cri de guerre, Jehan bondit au milieu des Bêtes surprises. Il frappa de part et d’autres, utilisant l’épée comme une hache de bûcheron sur de jeunes arbres. Il sentait la poignée se tordre dans sa main tandis que l’épée pivotait d’elle même pour rendre mortels les coups du jeune homme. Profitant de l’effet de surprise, Jehan parvint rapidement au centre de la clairière et sauta sur la table de pierre. Balançant l’épée de la droite vers la gauche dans un mouvement de taille, il décapita le chaman au moment où celui-ci allait égorger un enfant. Puis, un coup gigantesque le projeta loin de la table. Sonné, il mit quelques instants à reprendre ses esprits tandis que le chef de ces monstres le relevait en l’empoignant par le cou.

La Bête raffermit sa prise et Jehan sentait sa vie le quitter. Tout ce qu’il pouvait percevoir était l’haleine fétide du monstre, l’odeur de moisi de sa fourrure, les yeux fous injectés de sang et les crocs jaunis en train de se rapprocher lentement de sa gorge. Utilisant ses dernières forces, Jehan réussit à frapper la créature une fois, puis une seconde, plus faiblement. Puis, il sombra dans l’inconscience.

Une horrible douleur le ramena à la réalité. Il essaya d’ouvrir les yeux, mais un voile rouge recouvrait tout autour de lui. Des voix étranges, mélodieuses lui parvenaient, et une sensation de fraîcheur effaça la douleur. Le voile rouge disparut avec le sang quand on lui lava le visage.

« Et bien, que voilà une belle bataille, mon garçon ! ». La voix provenait d’un vieil homme en armure d’or, assis sur une souche à quelques pas de lui. Il avait déjà vu son visage, mais ne pouvait se souvenir des circonstances. « Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas autant amusé. Rien de tel que quelques Hommes-Bêtes à massacrer quand on rentre de voyage. N’est-ce pas, Roxane ? »

« - en effet, Père ». La voix provenait de derrière lui. Tournant péniblement la tête, Jehan vit la plus merveilleuse femme de la terre. Habillée de vêtements de peau et de tuniques vertes et brunes, elle tenait à la main le linge humide qui avait servi à essuyer le visage de Jehan. Elle avait la peau pâle, de longs cheveux roux et des yeux en amande qui la faisaient ressembler à un renard. Son regard vert était empli de curiosité et d’amusement tandis qu’elle observait le jeune homme.

S’asseyant péniblement, il promena son regard sur la clairière. Les paysans n’étaient plus à, mais toutes les Bêtes étaient mortes. Celles qu’il n’avait pas tuées étaient percées de longues flèches empennées de blanc ou fendues comme des bûches sous l’effet de coups d’une force prodigieuse.

« Je crois bien reconnaître ma vieille épée, plantée dans le cou de ce Wargor pouilleux et malodorant. Content de voir qu’elle sert encore.

« - Je suis confus, seigneur. Je ne devrais pas porter cette armure, ni votre arme. Mais la Dame…

« - T’as ordonné de combattre pour défendre les faibles en l’absence des chevaliers. Je le sais, elle me l’a dit. Et je suis heureux que ma fille et moi-même soyons arrivés à temps pour achever la besogne, d’ailleurs bien entamée. Viens avec moi au château, je te formerais et tu deviendras un véritable chevalier.

« - Mais Seigneur Tancrède, je ne suis qu’un…

« - Non, je ne crois pas que tu n’es pas qu’un simple paysan. La Dame t’a choisi et elle a eu raison. Je ne contesterai pas son choix. Je l’ai déjà fait étant plus jeune et je ne referai pas cette erreur. Tu viendras au château. En attendant, agenouilles toi ! »


Levant lentement sa Sainte Lame, don de la Dame en personne, Tancrède fit mot à mot le serment du chevalier à Jehan :

« Je promets de servir et d’offrir ma loyauté, mon âme et mon corps à mon Seigneur.
Quand sonnera la clairon, je chevaucherai et combattrai au nom du suzerain et de la Dame.
Jusqu’à mon dernier souffle, je préserverai leurs terres de la souillure du mal.
Jusqu’à mon dernier souffle, je porterai assistance aux faibles et aux innocents.
Jusqu’à mon dernier souffle, je me dresserai contre l’injustice.
Aussi vrai que mon honneur est ma vie, j’en fais le serment solennel. »


Le dernier mot prononcé, Jehan embrassa la fleur de lys ornant la garde de l’épée de son seigneur. Celui-ci lui tendit alors la main pour l’aider à se relever en lui disant :

« Relève-toi, Sire Jehan de Sombrebois, chevalier de Bretonnie. Et n’oublie jamais les mots que tu viens de prononcer. Maintenant, rentrons. J’ai hâte de retrouver mes gens et ma demeure.»

Emu aux larmes, celui qui n’était dorénavant plus Jehan le bûcheron mais Sire Jehan emboîta le pas à son seigneur, marchant fièrement vers sa nouvelle vie.
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Tancrède Soufflardent
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MessageSujet: Re: "L'ombre et l'acier"   "L'ombre et l'acier" EmptyVen 13 Avr 2007 - 13:17

Chapitre 1 (suite)


A l’extrémité de la clairière se trouvait un couple de magnifiques pégases à la robe aussi blanche que la neige. Tous deux portaient un caparaçon recouvert d’armoiries que Jehan n’eut aucun mal à identifier, les armoiries du Seigneur de Boisvert. Il se rappela alors où il avait vu le visage du vieux chevalier : à la tête de l’armée de la baronnie, lors de son départ pour les terres du nord l’année précédente.

« Ainsi, je viens d’être adoubé par le seigneur Tancrède en personne… », pensa le jeune homme. Mais son attention ne pouvait s’empêcher d’être distraite et son regard revenait sans cesse à la belle Roxane. Elle semblait flotter au dessus plutôt que marcher, effleurant à peine les brins d’herbe. Les paysans racontaient d’étranges rumeurs sur le baron, sa famille et son manoir. On disait que le vieil homme dirigeait son domaine depuis plusieurs vies d’homme, qu’il avait fait alliance avec les Faëes de la forêt de Loren, et que son domaine était une extension du Monde Féerique… On racontait également d’étranges rumeurs sur des hommes à la peau sombre vivant sur ses terres, et des rumeurs plus inquiétantes encore faisant de son domaine un lieu maléfique, où ceux qui venaient n’en repartaient jamais. Mais à la vue de Damoiselle Roxane, Jehan ne savait plus que penser. Certaines rumeurs devaient être fondées, en particulier celles parlant des êtres fées, car la fille du baron ne pouvait être totalement humaine. Mais la bonté et l’étincelle de joie dans leurs yeux rendaient difficile à croire les rumeurs les plus noires colportées à leur sujet. Et à bien y réfléchir, personne de sa connaissance n’avait jamais rencontré quelqu’un ayant visité le domaine seigneurial.

« Mon garçon, tu dois être fatigué et je ne vais pas te forcer à marcher sur plusieurs lieues jusqu’à mon domaine. Malheureusement, nous n’avons que deux montures, et je doute que tu saches comment tenir sur leur dos. Tu voyageras donc avec ma fille. Son pégase est assez robuste pour vous porter tous les deux.
- Ce sera avec plaisir, père ».
Une étincelle de malice brillait dans les yeux de Roxane, tandis qu’elle regardait Jehan avec un petit sourire. « J’espère juste qu’il appréciera le voyage… »

Aidé, à sa grande honte, par le baron lui-même, Jehan s’installa tant bien que mal derrière la jeune femme. Puis Tancrède rejoignit sa propre monture et fit un petit signe à sa fille.

« Tenez vous fermement à ma taille, sire Jehan. Et rassurez-vous, le voyage sera bref. Détendez vous et appréciez le…
- Je… vous… mais… »


Dans un grand éclat de rire, Roxane talonna sa monture qui quitta le sol sans effort. Jehan ferma instinctivement les yeux et serra convulsivement ses bras autour de la fine taille. La douce voix de Roxane lui parvenait à travers le sifflement du vent, tandis que ses cheveux lui fouettaient le visage. Elle lui décrivait les lieux qui défilaient sous eux. Finalement, Jehan se décida à ouvrir les yeux et le spectacle lui coupa le souffle. Au dessous de ses pieds, il pouvait voir les champs, la rivière, la forêt, les quelques hameaux qui parsemaient la campagne. Des lieux qu’il connaissait bien, et qui prenaient du ciel un côté étonnant et magnifique. Toute peur l’avait abandonné et il relâcha légèrement son étreinte. A travers son armure, il lui semblait sentir la chaleur du corps de la jeune femme, et il priait pour que ce voyage ne finisse jamais.

Puis, le pégase obliqua vers l’est, en direction d’un petit massif rocheux en bordure de la Forêt de Loren. Un village était blotti contre les contreforts de la montagne, au milieu de champs où poussaient des plantes à l’apparence étrange. Il remonta un torrent montagneux enfoncé au fond d’une gorge, rasant les parois au point que Jehan sentit son inquiétude revenir. Mais le rire de Roxane le rassura. Soudain, le pégase reprit brutalement de la hauteur et le château de Boisvert lui apparu dans toute sa splendeur.

Situé au sommet d’un pic rocheux, surplombant le torrent, l’édifice semblait avoir jailli de la pierre de la montagne plutôt que d’avoir été construit. Ses tours élancées de pierre blanche, d’une facture inhabituelle et d’apparence presque fragile, avaient quelque chose de féerique. Les toitures des bâtiments étaient faits d’ardoise, et de nombreuses sculptures et cheminées décoraient les bâtiments. Le donjon lui-même était le plus haut bâtiment que Jehan eut jamais vu et son sommet s’enorgueillissait d’une petite tourelle surmontée d’une coupole de verre, ainsi que d’une aire dégagée sur laquelle les attendait Tancrède. Et, dans l’angle sud-ouest du manoir, juste à côté de la chapelle, se trouvait une fine tour d’architecture inconnue. Ils survolèrent la route menant au château, très encombrée par une foule d’hommes en armes portant la livrée de leur seigneur. D’immenses chariots étaient tirés par des attelages de bœufs, et des cavaliers étranges vêtus de noir ouvraient la voie aux chevaliers.

Le pégase se posa sur l’aire, au côté de son compagnon. Jehan se laissa glisser à terre et failli s’écrouler. La fatigue, ses blessures et l’émotion due à son premier vol l’avaient plus affaibli qu’il ne le pensait. Tancrède fit signe à quelques servantes d’approcher.

« Nous parlerons demain, Jehan. Pour l’instant, va te reposer. La journée a été dure, et riche en émotion. Conduisez-le dans une des chambres d’amis. »

Ivre de fatigue, Jehan se laissa conduire jusqu’à une chambre. Il fit à peine attention à ce qui l’entourait, et ne garda de son trajet dans les couloirs que l’impression confuse de couleurs chatoyantes et de tapis moelleux. Il s’effondra sur l’immense lit à baldaquin, et sentit à peine les servantes lui retirer son armure avant de plonger dans un sommeil profond.

***********


Dans la salle principale, Tancrède dînait tranquillement avec sa fille, après avoir prit le temps de se changer et de se rafraîchir. Quelques uns de ses cavaliers, des Arabéens qui lui étaient entièrement dévoués après moultes péripéties dans les sables brûlants du désert, et ses chevaliers étaient attablés avec eux. Enfin, ils pouvaient manger à leur convenance, après la rudesse des combats dans le nord et les privations de la guerre. Des rires fusaient tandis certains tentaient déjà, avec plus ou moins de succès, de mettre leurs exploits en chanson, accompagnés à la harpe bretonnienne ou au oud arabéen.

« Mes amis, mes compagnons ! Ce soir, nous sommes de retour sur nos terres. La guerre contre les tribus du nord et leurs démons nous a coûté plus que nous ne l’aurions imaginé. De valeureux guerriers sont morts sur les champs de bataille de Middenheim. Nous en avons vu et fait plus que bien des hommes. Et pourtant, nous sommes toujours là ! Nous avons repoussé l’invasion du mal ! Alors je dis : buvons ! Aux morts victorieux ! »

La salle trembla sous le cri de guerre des hommes. Tancrède se rassit, tandis que sa fille posait sa main sur son bras et se penchait vers son oreille :

« Oui, père. Nous sommes victorieux. Et pourtant, nous avons retrouvé le Chaos sur en rentrant chez nous. Sur nos propres terres…
- Je sais. Nous avons remporté une bataille. Mais remporterons nous la guerre ? Je ne sais…Beaucoup de chevaliers, parmi ceux qui ont accompagné le Roi, ont vu le vrai visage de l’ennemi. Et malgré leurs bravades et leur honneur, ils redoutent d’y faire face de nouveau. La victoire a un goût amer…
- Comme toujours, père.
- Oui, ma fille. Comme toujours… »


Tancrède but une longue gorgée de vin. Il eut une pensée pour sa femme, la belle elfe Oreel, morte des décennies auparavant contre l’Ennemi. Puis il secoua la tête. L’heure nétait pas au passé et aux regrets, mais à l’avenir.

« Et que penses-tu du jeune Jehan ? Comment s’est-il comporté, là-haut ?
- Plutôt bien, je dois dire. Il a du courage, beaucoup de courage. Il ne s’est pas défilé contre les hommes-bêtes et a chargé pour libérer les captifs, au mépris du danger, tout en sachant qu’il avait peu de chance de s’en sortir vivant. Il pourrait être celui dont nous avons besoin…
- En tout cas, la Dame semble l’avoir choisi. Nous verrons bien. Dès qu’il sera remis, nous pourrons commencer sa formation. »


Puis, changeant de sujet, père et fille se mirent à deviser de choses plus gaies.
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Tancrède Soufflardent
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MessageSujet: Re: "L'ombre et l'acier"   "L'ombre et l'acier" EmptyVen 13 Avr 2007 - 14:42

CHAPITRE II



Les rayons du soleil traversant la baie vitrée, ainsi que des chants étranges, réveillèrent Jehan. Il ne se souvenait que confusément de la journée des évènements de la veille, mais ses muscles le lançaient vivement. Une vive douleur aux côtes, ainsi que ses nombreuses cicatrices lui rappelèrent soudainement ce qui s’était passé et il ouvrit les yeux.

Il était allongé dans un immense lit à baldaquin, au bois noir tendu de velours bleu sombre. La chambre était immense, meublée avec goût et un exotisme certain. Mais, plus que les œuvres d’art ou les meubles rares (de Cathay, bien qu’il l’ignorât), ce qui attira son attention fut la fenêtre : immense, elle occupait presque tout un pan de mur et le paysage montagnard qui s’offrait à ses yeux était d’une beauté sauvage. Repoussant les couvertures, il constata qu’il était nu, et rougit en repensant aux servantes qui l’avaient amené ici. Aucun vêtements dans la pièce, mais son armure, dûment réparée et polie, était soigneusement disposée sur un mannequin. L’épée de la Dame reposait sur un présentoir, dans un fourreau neuf et élégant. Des armes étranges décoraient les murs entre les tapisseries précieuses.

S’enroulant dans le drap, Jehan se dirigea vers la fenêtre. Laissant sa main caresser le métal poli de sa cuirasse, il laissa son regard errer sur la montagne. Des troupeaux de paissaient dans les pâturages, laissés à la garde de quelques enfants. Les gens s’agitaient dans la cour du château, vaquant à leurs occupation : fermiers apportant leurs récoltes, chevaliers regagnant leurs châteaux, forgeron réparant armes et armures éprouvées par la guerre, enfants jouant et riant,…

Une vague de nostalgie failli le submerger en songeant à son village. Il ne savait même pas s’il y avait eu des survivants… Un coup frappé à la porte l’arracha à sa rêverie.

« Entrez », dit-il en s’enroulant du mieux possible dans son drap, conscient du côté ridicule de la situation. La porte s’ouvrit, et un vieil homme à la peau sombre et aux traits aquilins entra, suivi de deux servantes qui portaient l’une des vêtements et l’autre un plateau de victuailles. Le vieil homme s’approcha de Jehan.

« Bonjour, jeune homme. Mon nom est Hakim. Je suis le chirurgien du château, et le Seigneur Tancrède m’a envoyé jeter un œil à vos blessures. » Il parlait avec un fort accent, étrange aux oreilles de Jehan. Il ouvrit sa sacoche et commença à en sortir des instruments aux formes bizarres et des fioles diverses.
« Chirur…quoi ? »
Jehan trébucha sur le mot inconnu.
« Un…guérisseur, si vous voulez. Mon maître m’a dit que vous aviez été blessé au combat. Je viens donc m’enquérir de votre état. Posez ça là et préparez un bain », dit-il aux servantes. Celles-ci posèrent vêtements et nourritures et disparurent par une porte dérobée, cachée derrière une tenture. Bientôt, des bruits d’eau parvinrent de la pièce voisine.

Obéissant aux injonctions du…chirurgien…, Jehan se laissa examiner. Le vieil homme parut satisfait de son examen.

« Pas d’efforts physiques dans les jours qui viennent, jeune sire. Vous avez plusieurs cotes fêlées, et vos plaies doivent se refermer. Donc, doucement. Maintenant, allez prendre un bain chaud, puis je vous ferais les pansements nécessaires.

Rouge comme une pivoine, Jehan se laissa guider jusque dans la baignoire. Nu comme un ver, il fut bien obligé de se laisser frictionner par les servantes. Pour lui, c’était une grande première, tant pour le bain chaud que pour la compagnie féminine. Il essaya vainement de contrôler une réaction bien naturelle, et rougit de plus belle quand les filles commencèrent à rire et à le taquiner.

Dans la pièce voisine, Hakim observait la vallée. Après toutes ces années, tout ce vert lui semblait encore étrange, bien loin du désert qui l’avait vu naître. Il avait suivi le Prophète et ses compagnons, avec les autres membres de son clan. Et à la mort du Saint Homme, le grand Sélim, ils s’étaient trouvés désemparés, perdus loin de leur terre et de leur sultan maléfique. Le Seigneur Tancrède leur avait offert un nouveau foyer et une vie d’hommes libres. Aucun ne regrettait son choix, et la dévotion avec laquelle ils servaient leur seigneur avait parfois quelque chose d’effrayant. Ici, ils avaient fondé des familles. Il eut un sourire en entendant ses petites filles s’amuser aux dépends du jeune chevalier.

Un bruit derrière lui le fit se retourner. Propre, sec, penaud et rouge, Jehan se tenait devant lui, enroulé dans les serviettes. Avec un sourire paternel, il soigna ses blessures, les enduisant de baume odorant, et l’aida à enfiler ses vêtements propres.

« Mangez, jeune sire. Et après, je vous conduirais auprès du seigneur Tancrède ».


*********

Une fois repus, convenablement habillé et ayant ceint « son » épée, Jehan suivit Hakim. Parcourant couloirs et escaliers, aux sols recouverts de tapis précieux et aux murs tendus de tapisseries, ils finirent par arriver dans les jardins du château. Pour Jehan, chaque détail était source d’étonnement et d’émerveillement. Dans les jardins, des plantes inconnues du reste de la Bretonnie s’épanouissaient et fleurissaient : orchidées de Lustrie, lotus de Cathay, cerisiers de Nippon,…

Hakim le conduisit à travers le jardin jusqu’à un petit bassin, au milieu duquel trônait une statue de marbre blanc, représentant une femme magnifique. Au début, Jehan cru reconnaître la Dame qu’il avait vue en rêve et qui lui avait remis épée et armure. Mais certains détails, comme ses oreilles pointues ainsi qu’un indéniable air de ressemblance avec Roxane, lui apprirent qu’elle était sans doute la mère de la jeune femme. Assis dans une position étrange, les yeux clos, les jambes croisées de façon bizarre et son antique épée sur les genoux, le seigneur Tancrède était immobile. Hakim fit signe à Jehan de s’asseoir sur une pierre et s’éclipsa.

Au bout de quelques minutes, Tancrède soupira et se leva avec une facilité déconcertante pour un homme de son âge. Se retournant, il découvrit Jehan et lui sourit :

« Ah, Jehan ! Justement la personne que je voulais voir. Le vieil Hakim arrive toujours à devancer mes souhaits… Je viens de parler de toi avec la Dame du Lac. En accord avec ses désirs, je vais faire de toi un véritable chevalier. Crois moi, mon garçon, les prochains mois seront loin d’être de tout repos.
- Le travail ne me fait pas peur, seigneur. J’étais bûcheron, et je suis d’une grande force et d’une grande endurance.
- Nous aurons bientôt l’occasion de vérifier cette affirmation »,
sourit Tancrède.

Il fit signe à Jehan de le suivre et lui détailla le programme qui l’attendait dans les mois à venir : entraînement au maniement des armes, équitation, lecture et écriture, chasse, histoire, géographie,… Tous ces mots et toutes ces sciences, pour ma plupart inconnus du jeune chevalier lui firent tourner la tête. Il essaya vainement de protester, de dire qu’il n’en serait jamais capable, qu’il n’était après tout qu’un paysan sans cervelle. Mais tout ce qu’il pouvait dire ne faisait que faire rire son seigneur qui lui répétait : « Mon garçon, ces excuses je les ai toutes utilisées avant toi. »

Et ainsi fut-il fait. En deux années d’un labeur acharné, Tancrède, Hakim, Roxane et quelques autres réussirent à faire d’un jeune bûcheron mal dégrossi un chevalier compétent et cultivé.


Dernière édition par le Lun 12 Nov 2007 - 19:56, édité 1 fois
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Tancrède Soufflardent
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MessageSujet: Re: "L'ombre et l'acier"   "L'ombre et l'acier" EmptyLun 12 Nov 2007 - 19:50

Tandis que son regard vagabondait sur la plaine en contrebas, Jehan repensait aux deux années qui venaient de s’écouler. Elles avaient été exténuantes, tant physiquement que mentalement, mais ce qu’il avait appris à Boisvert le rendrait à jamais débiteur du baron et de sa fille. Ses pensées s’envolèrent vers la belle Roxane, aux airs de renard et au sourire enjôleur. Elle avait été chargée par son père de lui apprendre tout ce qu’elle savait sur les herbes, les animaux et les forces de la nature. Elle lui avait enseigné bien plus que cela peu avant son départ du manoir. Elle l’avait entraîné au bord de la rivière, dans le petit bois qu’il affectionnait, et elle lui avait fait découvrir les jeux de l’amour. Il repensa à la douceur de sa peau, au soleil filtrant à travers les branches et jouant avec les reflets de feu de ses cheveux, à son souffle dans son cou...

A ces souvenirs, il sentit ses joues le brûler et il caressa furtivement le médaillon d’or serti d’une émeraude, qui pendait à son cou. Elle lui avait donné avant qu’il ne parte rejoindre l’armée qui se dirigeait une fois de plus vers les terres de l’Empire. Chacun des mots qu’elle avait prononcé ce jour là était resté gravé dans sa mémoire.

« Jehan, mon amour, je veux que tu prennes ce médaillon. Il appartenait à ma mère, et mon père me l’a transmis quand je n’étais encore qu’une enfant. Porte le près de ton cœur, et il te protègera des maléfices ennemis. Je sais que tu en auras besoin, car je l’ai vu dans une vision. Je te le donne car je souhaite que tu me reviennes. De tous les hommes que j’ai pu connaître, tu es le seul à avoir su toucher mon cœur. Et après toi, je n’en connaîtrai plus d’autre. »

Jehan était resté muet, totalement incapable de prononcer un mot. Cette femme merveilleuse l’avait choisi lui, pauvre fils de bûcheron, plutôt qu’un riche et noble chevalier, duc ou comte. Il avait encore le souvenir de la douceur de soie de ses lèvres contre les siennes juste avant qu’il ne quitte Boisvert…

« Les voilà ! Préparez vous ! Mousquetaires, en ligne ! »

La voix rocailleuse du chef des Mousquetaires de Casteljaloux, le seigneur Aubec de Terrenoire, retentit sur toute la ligne de front, arrachant Jehan à sa rêverie pour le ramener à la triste réalité. Il secoua la tête et jeta un œil autour de lui. Sur sa droite, les mousquetaires finissaient de charger leurs armes et de se mettre en position de tir. Ces hommes n’avaient décidément de Bretonniens que le nom, et leur amour des armes à poudre noire, venues tout droit de l’Empire et des royaumes nains, était bien connu dans toute la Bretonnie, leur valant une bien mauvaise réputation. Et leur seigneur avait de quoi inspirer la crainte, avec ses cicatrices, son œil borgne et ses armes manifestement de provenance naine.

Derrière eux, les trébuchets de l’armée se mettaient en position de tir. De là où il se trouvait, Jehan pouvait voir les roturiers s’activer pour charger les gigantesques machine, faisant rouler des pierres grosses comme un homme et s’activant sur les treuils. Les hommes d’armes formaient les rangs, bien serrés derrière leurs pavois, tandis que les archers, bien à l’abri de rangées de pieux effilés, attisaient leurs braseros. Partout autour de lui, des chevaliers terminaient leurs prières à la Dame du Lac avant d’enfourcher leurs montures. Le jeune chevalier errant posa avec envie les yeux sur les magnifiques pégases qui piaffaient d’impatience. Un jour, il monterait le sien et accompagnerait son seigneur à la guerre…

Son regard fut attiré par un mouvement dans la plaine. Telle une immense marée noire recouvrant l’herbe verte, des hordes de créatures avançaient en vociférant et en hurlant des chants de guerre barbares. Jehan sentit un frisson lui parcourir l’échine en comprenant quel serait leur ennemi : les peaux-vertes… On les disait innombrables, insensibles à la douleur, presque impossibles à tuer…

« Ma Dame, fais qu’aujourd’hui, je fasse honneur à mon seigneur et à sa fille, la belle Roxane. Fais que nous soyons victorieux, et que nous massacrions ces ignobles créatures jusqu’au dernier. »

Les mots de son serment lui revinrent en mémoire, et il se mit à les déclamer d’une voix puissante, vite rejoint par les autres chevaliers errants de son régiment.

« Je promets de servir et d’offrir ma loyauté, mon âme et mon corps à mon Seigneur.
Quand sonnera la clairon, je chevaucherai et combattrai au nom du suzerain et de la Dame.
Jusqu’à mon dernier souffle, je préserverai leurs terres de la souillure du mal.
Jusqu’à mon dernier souffle, je porterai assistance aux faibles et aux innocents.
Jusqu’à mon dernier souffle, je me dresserai contre l’injustice.
Aussi vrai que mon honneur est ma vie, j’en fais le serment solennel. »


Une voix puissante s’était jointe à eux sur la dernière phrase, et Jehan eut un mouvement de recul involontaire en voyant le nouveau venu. Il montait une monture gigantesque dont le caparaçon sans armoiries était d’un blanc immaculé, son écu ne portait qu’un Graal doré à l’or fin qui luisait au soleil, et son antique armure de bronze abritait manifestement un corps puissant. Le chevalier du Graal releva le vantail de son heaume, révélant un visage sans âge, buriné et sillonné de rides. Ses yeux semblaient briller d’un feu intérieur, tandis qu’il souriait en regardant les chevaliers errants. Quand il prit la parole, sa voix était douce, bien que puissante.

« Jeune Jehan, si tu le permets, je vais me joindre à toi et aux autres chevaliers errants pour cette bataille. Un vieil ami m’a demandé de veiller sur toi, et je suis toujours ravi de combattre aux côtés de la fougue de la jeunesse.
- Cela sera un grand honneur de combattre à vos côtés, seigneur… ?
- Tu peux me nommer sire Jean-François.


Sur ces mots, les trébuchets envoyèrent leurs premiers projectiles par-dessus les rangs bretonniens, tandis que les rudimentaires machines de guerre des orques commençaient à tirer, avec une précision toute relative. Après un signe de tête à sire Aubec, le chevalier du Graal rabattit le vantail de son heaume et s’installa au premier rang des chevaliers errants, juste à côté de Jehan.

D’un même mouvement, la marée de peaux-vertes s’élança vers les humains, hurlant ses horribles cris de guerre, mais cette fois, ils furent sans effet sur le moral de Jehan et de ses hommes, leur courage renforcé par la présence de sire Jean-François au sein de leurs rangs. La bataille commençait, et la journée promettait d’être longue.
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